mercredi, janvier 07, 2009

Instruction : meuh non, le niveau ne baisse pas, l'exemple de la physique

En parcourant mes dossiers, je suis tombé sur ces deux textes :

> celui-ci, je l'avais déjà publié :

Le niveau en physique au bac


> et celui-là :

Témoignage d'un enseignant-chercheur

De ce dernier texte, j'extrais le passage suivant :

Pour finir, un incident mérite d’être évoqué. Parmi les étudiants n’ayant pas remis leur
rapport dans le temps imparti, l’un d’entre eux a fait une véritable crise de nerfs quand le
secrétariat l’a informé que sa copie ne serait plus acceptée car la date limite était dépassée. La
secrétaire lui fit savoir que j’avais pris la résolution de ne plus accepter de copies remises
après cette échéance (vu le laxisme des étudiants). Il faut noter qu’au cours du mois précédent
j’avais envoyé plusieurs rappels aux étudiants retardataires et que je leur avais laissé le
maximum de temps possible pour rédiger leur rapport. L’étudiant a fait une terrible crise de
nerfs, hurlant dans les couloirs, se jetant par terre, déchirant sa copie, m’insultant et me
menaçant de mort. Il a dû être maîtrisé par plusieurs personnes. J’ai été informée de cet
incident seulement trois mois après par la secrétaire qui s’était enfin décidée à m’en parler
car l’étudiant persistait à dire qu’il voulait « me buter ». Elle m’a téléphoné pour me prévenir
mais elle a refusé de me donner son nom, ce qui m’aurait permis de savoir qui éviter… Je n’ai
même pas essayé d’en parler à quelqu’un à l’université car je savais que cela ne servirait à
rien.

Il ne s'agit plus là d'instruction mais d'éducation. Ce comportement est symptomatique d'un enfant-tyran qui a vieilli, d'un enfant dont le sentiment de toute-puissance n'a jamais rencontré l'obstacle de limites posées par ses parents.

On est donc en présence d'un cas patent où la mauvaise éducation fait obstacle à l'instruction. Vous en trouverez d'autres, à peine moins clairs, dans ce texte désespérant mais nullement surprenant.

Cela délimite les responsabilités dans l'éternel débat entre les parents et l'école, entre l'éducation et l'instruction : les parents sont les premiers responsables de l'éducation.

On ne peut reprocher à l'école de ne pas arriver à instruire des enfants mal élevés.

Allant jusqu'au bout de cette logique, je suis fort enclin à considérer que l'école est légitime à sanctionner, jusqu'à l'exclusion, les élèves au comportement déplacé bien plus sévèrement qu'il est d'usage de nos jours (et ce n'est pas une question de «moyens»).

Il y a une alternative à l'exclusion expéditive des fauteurs de troubles : c'est le rétablissement des internats. La seule manière pour le système d'enseignement d'assurer une éducation que les parents refusent, c'est d'isoler les enfants des parents. Mais ce système suppose le problème à moitié résolu, puisqu'il faudrait que les parents reconnaissent qu'il y a un problème, début de la sagesse, pour accepter de placer leurs enfants en internat.

Comme l'école n'ose faire ce tri en virant ou en séparant les fauteurs de trouble, les parents font le tri par la fuite vers le privé.

Réciproquement, l'école est première responsable de l'instruction, on peut donc à bon droit lui reprocher de mal instruire des élèves qui se comportent correctement.

Bien entendu, les parents ne sont pas dégagés de leur responsabilités dans l'instruction de leurs enfants pas plus que l'école ne doit abandonner toute ambition éducative. Les choses sont mêlées. Il convient pourtant de ne pas perdre de vue comment se répartissent les responsabilités.

13 commentaires:

  1. Il y a quelques années, des inscrits à un concours (CAPES Histoire-Géo) étaient arrivés en retard à une épreuve. Refus des surveillants de les laisser entrer vu que les enveloppes étaient déjà ouvertes et que les candidats planchaient déjà. Ils mettent alors un bordel monstre dans le centre d'examen. L'épreuve est donc annulée et les candidats sont convoqués plusieurs semaines après à venir la repasser. Un tel comportement est inadmissible, en plus de la part d'éventuels futurs profs. J'ignore si parmi ces gens certains ont eu des ennuis ensuite avec l'administration mais une interdiction à passer des concours pendant X années serait amplement méritée, ayant sapé le travail de préparation de plus de 6 mois de milliers de candidats à des concours devenus très difficiles car plus sélectifs que dans le passé.

    On pourrait multiplier les exemples notamment aux examens de permis de conduire où des inspecteurs se faisaient régulièrement dérouiller pour avoir refusé le précieux papier rose à des candidats.

    Quant au niveau du bac, une des perles revient à l'inénarrable Jack Lang qui avait affirmé que le bac avait un super niveau parce que beaucoup d'élèves étrangers venaient le passer en France. Pas une seule seconde, il a supposé que l'explication possible était que le bac français était mille fois plus facile à obtenir que dans les pays respectifs de ces élèves.

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  2. Et vous (Franck et Théo), on ne vous a jamais appris à ne pas généraliser des fait isolés ? et à ne pas tirer de leçons sur une évolution sans des statistiques fiables ?


    Personnellement j'ai le souvenir d'un étudiant voulant buter un prof de fac pour refus d'examen dans les années 60. Son éducation remontait aux années 40. Bonjour le laxisme sous Pétain !

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  3. Bonjour à tous et bonne année 2009.

    S'il faut se garder de toute généralisation, comme le fait remarquer M. Delpha, la question qui peut être posée serait : est-ce bien un cas isolé ou bien un élément d'un tableau d'ensemble.

    Mes derniers échanges avec un ancien professeur de classe prépa - que j'ai sans doute tué une bonne centaine de fois dans mes pensées - ou bien ceux de différents amis membres de cette belle institution qu'est l'éducation nationale tendrait à me faire croire qu'une généralisation de moyenne portée est possible.

    Les lacunes d'instruction, au sens du respect de la règle -ce qui ne signifie pas qu'on ne va pas jouer avec, chercher à la contourner ou l'interpréter , mais d'une manière incrémentale plutôt que de la casser -, le respect de l'autorité - avec les mêmes remarques que précédemment -, la reconnaissance que celui qui enseigne dispose d'un savoir, d'une connaissance que je n'ai pas - sinon je serai à sa place et cela nonobstant ses lacunes pédagogiques - paraissent des éléments qui ont disparu chez une part de la population enseignée - je ne me risquerais pas au jeu des quantités, je pense au pifomètre qu'elle est minoritaire, mais bien moins que par le passé -.

    Cela indépendamment de l'origine sociale ou géographique des personnes, plusieurs des personnes mentionnées auparavant m'ayant indiqué que leurs plus grandes joies d'enseignants furent vécues dans des ZEP, où, mis à part 0, 1 ou 2 élèves particulièrement pénibles, les autres voyaient encore dans le maître le dépositaire d'une connaissance à acquérir.

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  4. François, votre argument est un peu facile et, je pense, d'une certaine mauvaise foi.

    > l'extrait en question vient d'un témoignage où le professeur parle avec un recul de plusieurs années et de plusieurs centaines d'étudiants. C'est encore un cas particulier, mais tout de même étendu.

    > ce témoignage est corroboré par des professeurs de physique avec qui j'ai pu discuter et aussi par les jeunes gens que je fréquente.

    > il est exact que Théo et moi citons des cas particuliers. Mais les lois de la statistiques permettent d'inférer certaines généralités d'un nombre élevé de cas particuliers (1).

    Je formule la généralisation que j'en tire ainsi : en matière d'enseignement scientifique, le niveau baisse partout. Mais plus on est dans le haut du panier, moins cette baisse est prononcée, elle est quasi-inexistantes au niveau des "très" grandes écoles. Inversement, les formations " de second rang" sont devenues d'indignes dépotoirs.

    Bref, vae victis.

    (1) : à moins que vous soyez sociologue (la sociologie moderne à la française consistant à expliquer aux gens qu'ils n'entendent pas ce qu'ils entendent et qu'ils ne voient pas ce qu'ils voient, par exemple, à traiter comme des émeutes sociales des émeutes ethniques).

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  5. @ François : je pourrais invoquer, sur le niveau qui baisse, les huit années que j'ai passées à l'EN comme surveillant et contractuel. Et oui, il baisse, du moins dans la maîtrise de la langue. Si j'avais eu à noter (en histoire-géographie) à leur juste valeur les copies que j'ai vu défiler sous mes yeux, aucun élève n'aurait jamais eu la moyenne tellement c'était mauvais, tant sur le fond que sur la forme. Il faut être d'une mauvaise foi sans limite pour oser affirmer le contraire. Comment expliquer que la meilleure cuvée du bac tous siècles confondus est l'année 2006 avec plus de deux mois de manifestations lycéennes autrement que par la démagogie et l'achat de la paix sociale à l'école ?

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  6. "Et vous (Franck et Théo), on ne vous a jamais appris à ne pas généraliser des fait isolés ? et à ne pas tirer de leçons sur une évolution sans des statistiques fiables ?" (François Delpla)

    Ce sont les gauchistes qui tentent en effet, sans cesse, de prétendre qu'il "ne faut pas généraliser". Permettez-moi, pour ma part, de choisir d'autres maîtres d'apprentissage que ceux-là.

    Ce poncif du "il ne faut pas généraliser" est l'une des plus belles saloperies intellectuelles qui traîne sur Internet.

    Bien sûr qu'il faut généraliser. Penser, c'est généraliser. On comprend pourquoi cette activité répugne aux gauchistes. La pensée n'est pas leur fort. Ils sont plus à l'aise dans la propagande.

    D'après les gauchistes, il ne faut jamais généraliser les faits qui vont à l'encontre de leurs théories.

    Il ne faut pas généraliser les innombrables faits qui dénotent une baisse du niveau de l'école. Il ne faut pas généraliser les innombrables faits qui dénotent l'aggravation de la délinquance. Il ne faut pas généraliser les innombrables faits qui dénotent le lien entre immigration, baisse du niveau à l'école et délinquance.

    En revanche, on peut -- et même on doit -- généraliser quand un seul immigré est expulsé: c'est la preuve que le gouvernement mène une politique fasciste. On peut -- et on doit -- généraliser quand une seule entreprise licencie: c'est la preuve que l'ultra-libéralisme exploite les travailleurs. On peut -- et on doit -- généraliser quand des Français rechignent à envoyer leurs enfants dans des écoles noyées sous les immigrés: c'est la preuve qu'ils sont racistes.

    Curieusement, dans ces cas-là, aucun gauchiste ne réclame de "statistiques fiables".

    Heureusement pour eux. Car, sinon, on risquerait de s'apercevoir, premièrement que les gauchistes ont tout fait pour qu'il n'existe pas de "statistiques fiables" (interdiction des statistiques ethniques), deuxièmement que les chiffres que l'on peut, malgré tout, retrouver tant bien que mal réduisent leurs thèses à néant.

    Pour ne citer que cet exemple, le chiffre de 23 à 25 000 expulsions d'immigrés illégaux par an est la preuve du laxisme de la politique gouvernementale en la matière, et non l'inverse comme les gauchistes tentent de nous en convaincre.

    Ce chiffre est en effet dérisoire par rapport aux aux quelque 400 000 clandestins estimés, et l'est encore plus quand on tient compte du fait qu'une part tout à fait disproportionnée de ces expulsions a lieu dans les DOM-TOM, où -- comme c'est bizarre! -- le "racisme" des autochtones est beaucoup mieux toléré qu'en métropole (serait-ce parce qu'ils sont noirs?).

    Il y a aussi une autre raison pour laquelle le gauchiste refuse qu'on "généralise" à partir de prétendus "faits isolés". Ces fameux faits isolés, c'est la réalité. C'est ce que le peuple voit tous les jours. Et ce qu'il voit tous les jours, cela a tendance à réfuter les belles théories des gauchistes, qui, quand la réalité ne coïncide pas avec leurs théories, prétendent tout simplement que la réalité n'existe pas, que les gens ne voient pas ce qu'ils voient.

    Exactement comme l'islam, d'ailleurs, ainsi que le déplorait Claude Lévi-Strauss dès 1955, dans Tristes tropiques.

    D'où l'alliance politique et (il faut le dire vite) intellectuelle entre les deux.

    Et, bien entendu, quand on excipe une "statistique" pour corroborer et "généraliser" un fait prétendument isolé, le gauchiste, pas impressionné par si peu, s'empressera d'affirmer que votre statistique ne vaut rien, qu'on peut tout faire dire aux chiffres, etc.

    Tout ça de la part de gens qui se vantent de ne rien connaître à l'économie (donc aux chiffres), voire de mépriser ces derniers. Ce qui est évident: il suffit de voir le nombre de gens incapables de calculer un pourcentage, ou de comprendre ce qu'il signifie.

    En ce qui concerne le niveau à l'école, aucune personne le moindrement cultivée ne peut désormais prétendre que seuls des "faits isolés" accréditent la baisse du niveau. Franck Boizard cite ici deux textes, mais des "faits isolés" comme ceux-là, il y en a des centaines, des milliers. Et il y a, bien sûr, aussi, des statistiques. Des études. Qui vont toutes dans le même sens. Et cela, dans le monde entier. La France n'est pas seule touchée. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, la Suisse le sont aussi.

    En être encore au "faut pas généraliser" sur ce sujet, c'est un peu comme si, sous un bombardement aérien, réfugié dans un abri, vous disiez: oh! ce sont des bombes isolées, faut pas généraliser, montrez-moi des statistiques fiables qui prouvent que nous sommes en guerre.

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  7. En 1995 ou 1996, l'OCDE avait mené une grande enquête sur l'illettrisme dans ses pays membres. La France était parmi les derniers Etats. Devinez ce qu'a fait le pro-communiste Chirac. Il a en fait interdire la publication de ce rapport. Beau déni de réalité n'est-ce pas ?

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  8. Je pensais avoir dit ce que j'avais à dire mais je me résigne à reprendre brièvement la plume après le long sermon de Robert Marchenoir.

    Il y avait bien dans le post initial de Franck une généralisation acrobatique. Je l'ai amené à préciser qu'il connaissait de nombreux faits similaires. Dont acte. Il s'exprimera mieux la prochaine fois, du moins je nous le souhaite.

    Bien entendu, je ne suis pas contre les généralisations, j'en fais même toute la journée, en essayant d'être rigoureux.

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  9. "premièrement que les gauchistes ont tout fait pour qu'il n'existe pas de "statistiques fiables" (interdiction des statistiques ethniques)"

    Le coup des statistiques ethniques est assez marrant. Les gauchistes disent ne pas en vouloir. Soit. Mais pour affirmer que l'on ne voit pas assez de tel ou tel groupe dans les media, il faut se fonder sur des statistiques, non ?

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  10. « la sociologie moderne à la française consistant à expliquer aux gens qu'ils n'entendent pas ce qu'ils entendent et qu'ils ne voient pas ce qu'ils voient… »

    Un économiste sérieux peut expliquer, entre autre et par exemple, que les destructions d’emplois (facilement massives et spectaculaires) cachent les créations d’emplois, importantes mais diluées et non médiatisées (chaque jour il y a en gros 10 000 emplois crées et 10 000 emplois détruits). Hors c’est cette balance qui compte. Bastiat, par exemple, expliquait bien l’importance de ce qui ne se voit pas en économie.

    Alors, moi qui ne suis pas sociologue, si l’un d’eux me dit que l’important ce n’est pas ce que je vois (ou crois voir) mais bien autre chose, que faut-il en penser ?

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  11. C'est bien d'utiliser Bastiat pour défendre nos sociologues modernes.

    Mon propos était ironique. Je vais le dire plus brutalement : le travail du courant majoritaire de la sociologie française est le maquillage de la réalité, l'écran de fumée, la falsification.

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  12. Mouais, quand je pense à Bourdieu, je pense plutôt à éthique de conviction marxiste. Ce n'est pas du maquillage de la réalité, c'est de l'endoctrinement.

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  13. François Delpla: "Je me résigne à reprendre brièvement la plume après le long sermon de Robert Marchenoir."

    François Delpla (peu auparavant): "Et vous (Franck et Théo), on ne vous a jamais appris à ne pas généraliser des fait isolés ? et à ne pas tirer de leçons sur une évolution sans des statistiques fiables ?"

    Quand les curés accusent les diacres de venir à l'église, il y a du foutage de gueule dans l'air.

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