samedi, juin 07, 2014

Crime et utopie (F. Rouvillois)

Le fait que le nazisme soit plus condamné que le communisme vient simplement du fait que le communisme s'est retrouvé dans le camp des vainqueurs en 1945.

Les enculés qui prétendent le contraire, ne pouvant montrer que les crimes du nazisme sont pires que les crimes du communisme, arguent souvent des «meilleures intentions» des communistes. C'est évidemment à pleurer : que pèsent les intentions d'une doctrine qui conduit au meurtre de dizaines de millions de personnes ?

Néanmoins, Frédéric Rouvillois veut tuer définitivement cet argument spécieux. Il montre que les nazis, eux aussi, avaient de «bonnes intentions».

En faisant cela, il compte démontrer qu'il y a équivalence entre utopie et crime de masse. L'utopie mène au crime de masse pour faire advenir un  homme qui n'existe pas. Réciproquement, le crime de masse ne peut être causé que par une utopie régénératrice, sinon les moyens ordinaires de la politique, pour violents qu'ils soient, suffisent.

Rappelons ce qu'est une utopie : c'est la tentative, toujours vouée à l'échec, de faire advenir sur terre un monde idéal qui ne peut exister que dans le ciel.

Bien sûr, Rouvillois réussit sa démonstration. Le nazisme est une «bonne» utopie : dans le monde idéal remis en ordre par les nazis, même les races inférieures sont heureuses (une fois éliminés les gêneurs), dans un système qui n'est pas sans rappeler les castes indiennes.

Pour parvenir à cette démonstration, il s'est plongé dans les textes nazis. Certains ont des échos actuels, souvent inquiétants, quelquefois risibles.

Par exemple, l'hygiénisme, les premières campagnes anti-tabac et les premières interdictions de fumer, sont nazies.

On sait que Hitler et Himmler étaient végétariens et anti-alcooliques. Je ne peux m'empêcher de penser à l'inénarrable Aymeric Caron en lisant cet extrait du journal de la SS expliquant que le végétarien est plus fanatique que le mangeur de viande et fait donc un meilleur SS. Pour bien mettre les points sur les i, il y a une Maison de l'Alimentation qui informe et, au besoin, rééduque les récalcitrants. Himmler a-t-il inventé les slogans «Manger-bouger» et «5 fruits et légumes par jour» ? Non. Mais il aurait pu.

On trouve aussi dans le nazisme un festivisme que ne renieraient pas Jack Lang, Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo.

Les arguments nazis en faveur de l'euthanasie semblent sortis mot pour mot de la bouche de ses partisans de 2014 (à part ceux ayant trait à la pureté de la race).

L'eugénisme et l'avortement sélectif ont des échos trop actuels pour ne pas mettre très mal à l'aise.

Enfin, il y a une lutte constante, farouche, contre l'Eglise catholique, qualifiée de repères de pédérastes, et contre l'enseignement catholique. Il y a notamment une déchristianisation de toutes les fêtes, à commencer par Noël. On notera avec satisfaction que cette lutte se solda par une défaite nazie. En effet, la campagne anti-chrétienne entraîna un discrédit du régime dans les régions catholiques.

Les parallèles entre le nazisme et notre époque sont trop nombreux pour être balayés d'un revers de main comme de simples coïncidences. C'est une question qui m'angoisse depuis longtemps : je pense qu'Hitler a perdu la guerre militaire mais que, sous certains aspects, il a gagné la guerre politique.

La victoire psychologique posthume du nazisme se lit aussi dans le destin français : comme le signale Jean-Pierre Robin, la France est en train de prendre exactement la place que lui assignait Hitler dans ses fantasmes, celle d'un pays décadent, ayant renoncé à toute grandeur et même à faire sa propre histoire, qui sert de parc touristique, Disneyland géant, pour le repos des guerriers et des conquérants qui, eux, continuent à faire l'histoire.

Finissant d'écrire ce billet, je tombe sur cet article, comme quoi l'idée qu'Hitler a gagné la guerre (psychologique ou politique ?), par l'intermédiaire même de ceux qui se disent anti-fascistes, est dans l'air.

C'est particulièrement flagrant avec notre gouvernement actuel. Les points communs avec le nazisme (ou avec le communisme) ne sont pas un hasard : une Taubira, un Peillon, une Vallaud , une Rossignol assument leurs idées utopiques mortifères. Les autres socialistes sont plus faux-jetons mais pas moins illuminés. La politique moderne est telle qu'elle finit par ne plus attirer que les psychopathes et les déséquilibrés. Les hommes normaux, équilibrés, ne trouvent aucun intérêt dans la boursouflure de l'ego que suppose  le métier de politicien.

Le judéocide signe l'utopie nazie. Conformément à son génie, l'Allemagne a choisi une méthode de mort industrielle. La mobilisation de moyens et la perte de main d'oeuvre qui en résulte sont des aberrations économiques, surtout en pleine guerre : une telle indifférence aux réalités les plus élémentaires est symptôme d'utopie.

Dans sa recherche de perfection terrestre, l'utopie est toujours obligée d'éliminer les sous-hommes, quelle que soit la définition qu'en donne l'idéologie qui gouverne l'utopie en question.

Sur un plan plus profond et en remontant plus loin dans le temps, on finit par comprendre que le nazisme, comme le communisme, trouve son origine dans l'idée de progrès humains. Si l'homme s'améliore, pourquoi ne pas précipiter cette amélioration en éliminant ceux qui la freinent ?

On comprend pourquoi le christianisme est considéré par les deux totalitarismes utopistes (pléonasme) comme un ennemi mortel.





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