samedi, décembre 21, 2019

« Satan a reparu visiblement dans le monde » (Bernanos)

Pour un chrétien solide (sur le plan dogmatique, je n'ai pas cette prétention sur le plan du comportement), c'est très simple : le refus conscient de Dieu est satanique (1). Ca n'épuise pas le sujet, bien sûr, ça permet au moins de le cadrer et de ne pas verser dans les explications à la con.

Mais nous méritons ce qui nous arrive : quand quelqu'un se plaint de l'islamisation ou du saccage des églises et autres marques d'anti-christianisme, je finis toujours par lui dire : « Mon gars tu as une solution simple : il y a une église près de chez toi, va à la messe tous les dimanches et je t'assure que si tous ceux qui ont les mêmes plaintes que toi le faisaient, ces problèmes disparaitraient vite. Non ? Tu as piscine ?

Ah oui, tu aimerais bien que la France reste chrétienne mais sans que tu aies à sortir de ton lit le dimanche. Un peu comme le type qui aimerait une armée pour le défendre, mais sans faire de service militaire ».

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Mathieu Bock-Côté: « Réflexions sur l’antichristianisme primaire »

CHRONIQUE - Le moindre commentaire critique à l’endroit de l’islam est transformé en scandale médiatique alors que le procès systématique du catholicisme est banalisé.

Par Mathieu Bock-Côté

«Le vandalisme contre les églises ne semble pas émouvoir exagérément les médias, qui n’y voient généralement qu’une série de faits divers sans signification politique », estime Mathieu Bock-Côté.

L’agression contre une crèche vivante à Toulouse le 14 décembre dernier avait quelque chose de sidérant. On a compris qu’elle était le fait de militants radicaux déambulant à la fin d’une manifestation qui n’ont pu cacher leur hostilité devant cette expression de la religion populaire. Le catholicisme suscite apparemment chez eux une aversion irrépressible. « Stop aux fachos ! ». Le slogan lancé par ces manifestants apparemment anticapitalistes, aussi stupide soit-il, est révélateur de l’empoisonnement idéologique du vocabulaire politique par des termes n’ayant plus aucun rapport avec la réalité. L’homme de notre temps, lorsqu’il veut maudire quelque chose, est-il capable de ne pas la réduire au fascisme ?

Que l’attaque ait été préméditée ou non ne change rien à l’hostilité affichée à l’endroit de ceux qui témoignaient paisiblement leur foi, même si plusieurs médias ont voulu relativiser l’agression, en expliquant qu’elle n’avait pas vraiment eu lieu ou qu’elle ne serait finalement qu’un fâcheux incident. Comme d’habitude. Soyons toutefois sans crainte : s’il fallait un jour que des hooligans troublent les prières de rue musulmanes, on décréterait assurément la République en danger et les cortèges citoyens défileraient à Paris en disant « plus jamais ça », avec la classe politique au premier rang. Nous aurions alors droit aux discours les plus emportés sur le vivre-ensemble à sauver.

De même, le vandalisme contre les églises régulièrement rapporté ne semble pas émouvoir exagérément les médias, qui n’y voient généralement qu’une série de faits divers sans signification politique. On l’explique rarement, sinon jamais, par la haine, un sentiment apparemment réservé aux populations majoritaires, dans leurs rapports avec les minorités, toujours victimes de la société où elles se sont installées. Il est difficile de ne pas voir là une forme singulière d’asymétrie symbolique. Le moindre commentaire critique à l’endroit de l’islam est théâtralisé et transformé en scandale médiatique, alors que le procès systématique du catholicisme est banalisé.

Si l’antichristianisme ne prend pas toujours une forme aussi brutale, il semble toutefois bien imprégné dans le discours public dominant. On l’a encore vu dans une étrange publicité de Monoprix qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux cette semaine. À l’approche des fêtes de fin d’année, formule qui se substitue de plus en plus aux fêtes de Noël, l’entreprise invitait ses clients à réveillonner en s’affranchissant de la « tradition », qui ne tiendrait pas suffisamment compte de la diversité des situations familiales et qui nous enfermerait dans un calendrier usé, déphasé et désuet.

Étrange formulation, qui présente la tradition à la manière d’une contrainte symbolique dont les hommes de notre temps devraient s’affranchir pour vivre enfin libres. Le pragmatisme commercial masque ici une forme de relativisme déconstructeur. Que des publicitaires aient pu imaginer une telle manière de vendre leurs produits en dit beaucoup sur l’image qu’ils se font de la société française. Un jour, on en trouvera pour vouloir effacer toutes les références chrétiennes du calendrier, pour éviter qu’il ne soit discriminatoire envers ceux qui ne s’y reconnaissent pas. Pourquoi s’entêter à fêter Noël le 25 décembre ? Et pourquoi continuer de confondre l’an zéro avec la naissance du Christ ?

Ces manifestations d’antichristianisme primaire ont bien moins à voir avec la poursuite de la laïcité, dont nul ne contestera la nécessité pour reconstituer un monde commun dans une société fragmentée, qu’avec une forme d’aversion décomplexée à l’endroit de tout ce qui ressemble d’une manière ou d’une autre aux symboles historiques distinctifs de la civilisation occidentale. On prétend construire une société inclusive ouverte à toutes les croyances : en fait, on prépare un monde vide, hostile à son héritage, devenu étranger à lui-même.

Faut-il vraiment rappeler que le catholicisme, en France, n’est pas qu’une religion mais la matrice d’une civilisation ? Et si l’État doit sans le moindre doute être neutre devant les convictions de chacun, il ne saurait l’être par rapport à l’identité historique qui le fonde, à moins de consentir à sa désincarnation. On pourrait consacrer un long développement pour rappeler cette évidence mais il suffit de rappeler la portée symbolique de l’incendie de Notre-Dame de Paris en avril dernier pour s’en convaincre. Qu’il soit devenu audacieux de mentionner les racines chrétiennes de la France a quelque chose d’absurde.

L’antichristianisme primaire si complaisamment ignoré par les médias n’est peut-être rien d’autre qu’un autre symptôme de cette passion morbide bien singulière qu’est la haine de soi. Comme si une société progressait en s’effaçant. Comme si elle s’humanisait en se dénoyautant. Comme si elle grandissait en se déracinant.
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(1) : aujourd'hui, le refus de Dieu passe souvent par le chemin hypocrite du refus de la tradition (rien n'existe avant moi, je n'hérite de rien, je me suis fait tout seul), jusqu'à la Maitrise de Notre Dame  (l'Eglise est très malade puisqu'elle a porté à sa tête un idolâtre, hérétique et schismatique, excusez du peu. Pas étonnant que cette maladie se manifeste un peu partout) :

Entendra-t-on encore le chant grégorien àNotre-Dame de Paris ? Les amoureux du chant grégorien craignent que derrière le licenciement du professeur de musique sacrée médiévale de Notre-Dame de Paris, justifié par des motifs économiques, se cache une volonté de moderniser le répertoire de la Maîtrise.




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