Le portrait qu'en trace Christian Destremau est assez peu sympathique.
C'est un raté, alcoolique qui vécut au crochet de sa mère jusqu'à ce que ses romans d'espionnage lui apportent la fortune, peu avant sa mort, la cinquantaine venue.
Le type qui a réussi, dans la famille, c'est l'ainé, Peter (il a même réussi à coucher avec Ella Maillart !). Lui, il a toutes les qualités, il est même un peu trop parfait.
Ian n'est pas attachant parce qu'il ne s'attache pas, il papillonne. Comme beaucoup, il n'aime que lui-même. Et encore, pas tellement.
Pendant la guerre, il trouve une place d'espion de bureau qui l'occupe et en fait momentanément autre chose qu'un riche oisif. Mais, là encore, l'homme d'action et le vrai espion, c'est son frère Peter.
Au fond, Ian est un personnage en carton.
Mais n'est-ce pas le cas de son héros, Jean Bon (« Mon nom est Bon. Jean Bon », un peu ridicule, ne pensez vous pas ?).
La psychologie en est très sommaire. Il détruit sans jamais construire. Il n'est pas très subtil. Il collectionne les femmes mais elles lui échappent plus vite encore.
C'est quand même cette littérature de gare (après tout, James Bond est agréable à lire le temps d'un voyage en train) qui a sauvé Ian Fleming de la déchéance.
James est aujourd'hui attaqué parce qu'il a tous les défauts : mâle, blanc, viril, patriote.
Cette haine est une haine du monde actuel puisque le monde que nous connaissons a été entièrement construit par eux : les mâles (et leurs épouses) blancs, virils, patriotes. On serait bien en peine de trouver plus d'une poignée de découvertes et d'inventions qui ne viennent pas d'eux.
Reprenons.
En s'installant en Jamaïque, dans sa résidence nommée Goldeneye, Ian Fleming trouve une stabilité qui le rend moins antipathique.
C'est là qu'il écrit ses premiers James Bond.
Ce type peu attachant va accoucher d'un héros qui n'est pas vraiment sympathique.
Et le cinéma lui fait enfin gagner beaucoup d'argent, quelques années avant sa mort.
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