La France n'est plus un exemple. Il suffit de voir comment nos partenaires européens font semblant d'être durs d'oreilles quand on leur parle de "service public à la française". Les pays scandinaves font aujourd'hui figures d'exemples.
Mon souhait est que la France redevienne un exemple, non pas seulement dans les discours mais dans les faits.
En politique, je considère quatre priorités, dans l'ordre :
1) réformes des institutions : décentralisation des responsabilités, des moyens et des concertations, non cumul et renouvellement limité des mandats, élimination de couches (premier ministre, départements, certaines communes)
2) réforme de l'Etat : où sont les injustices à combattre ? Quelles missions on élimine, on garde, on crée, on délègue ? Mesure de l'efficacité ? Mieux fait par le privé ou par le public ? Local ou national ? Si on se posait vraiment toutes ces questions, on arriverait sans problèmes et sans de trop grandes douleurs, mais avec quelques remises en cause, à une amélioration du service public, tout en diminuant les effectifs (indispensable pour financer le chomage et les retraites). La Suède, le Danemark, la Norvège y sont bien arrivés. Sommes nous plus cons ou plus égoïstes que des chasseurs de rennes ?
Je ne donne pas de d'objectifs chiffrés, les chiffres n'étant que le symptôme, l'essentiel est la démarche.
Je reconnais que l'Etat français bouge, mais par la bande, par petites touches. Or, la réforme de l'Etat est à mes yeux un problème politique plus qu'économique : l'Etat en France, par tradition, par culture, donne l'exemple. Si il n'est pas un exemple de justice et d'efficacité, la France restera injuste et inégalitaire ("Des inégalités à l'américaine avec une fiscalité à la suédoise" : inégalités scolaires, inégalités sociales, inégalités professionnelles- les "in" et les "out").
D'où un besoin d'affichage, d'annoncer la couleur, au nom de la justice.
Mais dès qu'on parle de justice, dans un système injuste, on prend un risque (exemple parmi mille : comment expliquer la différence public-privé sur les retraites par un argument de justice ?), on ouvre la boite de Pandore. Donc il faut des gouvernants dotés d'une forte légitimité et d'un caractère bien trempé, et on revient au 1).
Le fond du problème est le suivant : sachant que les qualités qui permettent l'accession au pouvoir ne sont pas celles qui permettent d'exercer le pouvoir efficacement, paradoxe superbement expliqué par De Gaulle dans Le fil de l'épée (exemple : Mitterrand, Chirac, bons pour être élus, nuls pour gouverner), la transparence et l'exemplarité me semblent de bons moyens de réduire les dégâts. Après tout, quel mal y aurait-il à ce que les notes de frais des ministres soient publiés au journal officiel (bon, d'accord, tout est en nature) ?
3) mère de toutes les réformes (à part celle des institutions politiques) : l'éducation nationale (je n'ose même plus mettre de majuscules). Le symptôme est clair : le budget par élève ayant augmenté sans que les résultats ne s'améliorent, pour autant qu'on n'évite pas de les mesurer -cassons le themomètre, ça guérira la fièvre-, c'est le système qui est défaillant, non les moyens.
4) réforme du marché du travail et de la lutte contre le chomage : je complèterai ultérieurement ce point (protéger les individus non les emplois, impot négatif, contrat de recherche d'emploi, etc ..)
Maintenant que j'ai décrit ce qu'il faut faire, la question est comment le faire ? Beaucoup croient à une démarche rationnelle, transparente et consensuelle de type suédois. C'est possible mais je n'y crois pas. En France, je n'ai pas en tête de réformes fondamentales (si contre-exemples, informez moi, ça m'intéresse) qui n'aient été imposées par un pouvoir fort, souvent personnifié par un homme providentiel (Henri IV, Richelieu, Colbert, Robespierre, Napoléon, De Gaulle, Franck Boizard). C'est le fameux déficit de culture démocratique français. Je vois ça ainsi :
a) Trouver un homme (ou une femme ou un transexuel ou un présentateur de télé) providentiel. Je n'ai pas d'idée -Sarkozy pas vraiment à la hauteur, même si il est le seul à avoir compris que les Français attendent de l'action pas du blabla. Si pas d'homme providentiel, c'est plus dur. Il est possible qu'une évolution se fasse sans homme providentiel, c'est même souhaitable mais il faut à ce moment-là que la situation soit suffisamment dégradée pour qu'une forte majorité ait conscience de la nécessité de changer de raisonnement.
b) Foncer dans le tas : mettre en pratique des réformes exposées clairement et aux motifs transparents, guidées par des idées simples : la justice et l'efficacité, dès la prise du pouvoir sans tergiverser, sans discuter -expliquer mais pas discuter (ça exige de s'être préparé avant). Voir La disgrâce de Turgot (Edgar Faure) pour une explication de la nécessité de profiter du désarroi initial des conservatismes et corporatismes.
c) A toutes les oppositions répondre : "J'ai été élu pour 5 ans, si vous n'êtes pas contents, vous me foutrez un coup de pied au cul dans cinq ans." C'est démocratique, c'est propre, c'est net. Rien à perdre : depuis 20 ans, aucun pouvoir, qu'il ait fait quelque chose ou rien, n'a été reconduit. De plus, 5 ans, c'est à peu près le temps qu'il faut à une réforme pour faire sentir pleinement ses effets, bons ou mauvais.
Enfin, un commentaire esthétique : comme en mathématiques on dit qu'il y a des démonstrations élégantes, je suis convaincu qu'il y a en politique des réformes élégantes, concentrant l'énergie sur l'essentiel et non ailleurs, qui entraînent avec elles, comme par enchantement, tout un tas d'évolutions bénéfiques. Exemple extrême, on peut dire sans extrapolation que la décision des Etats généraux de réunir les trois ordres et de se constituer en Assemblée Nationale de juin 1789 suscite en écho tous les évènement et tous les changements, ô combien importants, jusqu'à la fête de la fédération de 1790, voire après. De même, moins fondamentalement, la création de la sécurité sociale après guerre change l'ensemble des rapports sociaux. La réforme élégante du XXIème siècle est, à mon avis, la décentralisation, la vraie, la pure, la dure, celle où un parigot abandonne vraiment du pouvoir et des moyens au profit d'un bouseux.
Bien qu'ayant parfaitement conscience que les étrangers sont des cons et que nous sommes supérieurement intelligents, je préconise de regarder ce qui se fait ailleurs, notamment en Suède, au Danemark, en Finlande voire en Irlande, en Suisse et en Grande-Bretagne.
samedi, décembre 11, 2004
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Je vote Franck Boizard pour qu'il foute un coup de pied au cul de tous ces morpions accrochés au sein de la nourrice Marianne.
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