lundi, décembre 31, 2018

L'arch-européiste Jean Quatremer lui aussi en pleine forme







Comme dit Bruno Bertez :

**************
Et c’est important pour vous de savoir ce que les élites pensent et ce qu’elles cachent : elles vous ont déclaré la guerre, vous n’êtes plus leurs adversaires car pour être adversaires il faut être reconnu comme égal, comme pair.

Vous êtes des ennemis c’est à dire des gens qui ont tort, qui sont dans l’erreur, qui pensent faux ; des gens qui ont à peine accédé à la dignité humaine, et surtout pas à l’intelligence, bref des gens avec qui on ne peut être démocrate. on ne peut vous donne la parole.

Voila tout ce que la faille du discours de ce salopard de Quatremer laisse filtrer.

Ce n’est pas la première fois qu’il laisse échapper une vilenie anti démocratique, une vilenie méprisante ; c’est au contraire son habitude.

Il est porte parole et il sait qu’il est protégé en haut lieu , je ne dirai pas par qui pour ne pas être poursuivi.

Si vous voulez vraiment être au clair avec ce qui passe, il faut prêter la plus grande attention à tout ce qui leur échappe, ne faites aucune attention aux propos tordus par l’hypocrisie ou la politesse, ce qui est important c’est le réel qui leur échappe, pas les simagrées. Et le réel, c’est qu'ils vous haïssent, ils vous méprisent et ils vous dénient le statut de citoyen digne de participer au débat politique.

Eux les égalitaristes de la pseudo élite médiacrate, eux les ouverts, eux, les inclusifs, ils ne vous incluent pas dans leur monde, ils vous rejettent.

Mais je le répète, comme l’a magistralement démontré et explique l’anthropologue Maurice Godelier, il n’y a pas de domination sans son symétrique la soumission et c’est la soumission qui permet la reproduction de la domination.

Ils ne survivent que de votre soumission.
**************

Notons que, comme Mouchard alias Joffrin, Thomas alias Quatremer n'écrit pas sous son vrai nom. La franchise de ces gens est toujours pour moi un sujet d'émerveillement.

Résumons : amis gilets jaunes, ne vous faites aucune illusion. La France d'en-haut est notre ennemi, absolu, sans concession, comme dans toutes les guerres civiles. Toutes les concessions affichées,  tous les prétendus dialogues, ne sont que des reculs provisoires dus à la peur, des manoeuvres pour nous endormir. Il n'y a aucune évolution de fond : ils cherchent toujours à nous baiser. Et plus que jamais, maintenant qu'on leur a foutu la trouille.

Lugan en pleine forme




A propos de la libération des Africains de l'esclavage arabe, par les Européens : « Avec la féminisation des esprits, l'émotionnel l'emporte sur la raison et il y a des sujets dont on peut plus discuter » et « Pour trouver la vérité, tournez le dos à la multitude ».

Gilets jaunes : ne pas perdre de vue la révolte anti-fiscale

La révolte anti-fiscale des gilets jaunes (n'oubliez pas la video initiale « Qu'est-ce que vous faites de notre fric ? ») est révolutionnaire (la plupart des révolutions ont commencé comme ça).

Avec l'aide de l'extrême-gauche, comme d'habitude meilleure alliée de la bourgeoisie ploutocrate (n'est-ce pas, Ruffin ?), le gouvernement a transformé ça en demande de plus de subventions et en fixette sur l'ISF (donc de plus d'impôts, un comble !). Evidemment, c'est une situation tout à fait classique depuis quarante ans et dont le potentiel révolutionnaire est inexistant. Et au passage, oubliée, l'immigration. Bravo les artistes ! Beau désamorçage.

Deux articles :

1) « Gilets jaunes : c'est l'État-providence, non le libéralisme, qui est en cause » (encore cette peste du mot « libéralisme » vidé de son sens, à force d'être tordu dans tous les sens. Les gilets jaunes sont à la fois pour plus de liberté -« arrêtez d'emmerder les Français »- et moins d'atomisation individualiste - la sociabilité retrouvée des ronds-points).

2) Fascisme, dérive, anti-républicanisme etc… : ce que révèlent les mots choisis pour parler des Gilets jaunes de l’état réel de la démocratie française.

Cons comme ils sont, les macroniens ne l'ont sans doute pas entièrement fait exprès, mais c'est tout de même bien joué. Ils ont réussi à évacuer le seul truc vraiment gênant, inhabituel et potentiellement révolutionnaire des Gilets jaunes.

C'est pourquoi (même si le Référendum d'Initiative Populaire est important, stratégique, l'objectif final) il faut marteler toujours le même clou : moins d'impôts, moins d'impôts, moins d'impôts ...  et : qu'est-ce que vous faites de nos impôts ? Qu'est-ce que vous faites de nos impôts ? Qu'est-ce que vous faites de nos impôts ? ...

Ces trois dernières semaines, les Gilets jaunes se sont fait baiser en beauté. Mais tout espoir n'est pas perdu : on peut compter sur le gouvernement pour continuer à nous finasser avec les impôts. Ils ne savent faire que ça, ils ne peuvent pas s'en empêcher. C'est compulsif, ils sont tellement abrutis qu'ils sont incapables de penser autrement.

Et le Gilets jaunes (ou autre chose, ou une autre forme) se réveilleront.





dimanche, décembre 30, 2018

Scientifiques et charlatans : la science et son double (contre le scientisme)

Notre époque (que je prends pour parfaitement idiote, nous vivons sous le règne de l'idiocratie) oscille entre le scientisme (tout ce que disent les scientifiques est parole d'évangile) et la superstition (tout ce que disent les scientifiques est faux, la vérité est ailleurs).

La science n'est pas un catalogue de vérités et de certitudes mais une démarche.

Cette incertitude radicale étant difficile à supporter, chaque science a engendré son double charlatanesque :

Astronomie                                    Astrologie
Algèbre                                          Numérologie
Chimie                                           Alchimie (Newton s'y intéressait)
Electricité                                      Spriritisme
Génétique                                      Eugénisme
Pharmacopée moderne                  Homéopathie
Conquête spatiale                          Ufologie
Climatologie                                  Réchauffisme

Bien entendu, j'en oublie.

Tout ça pour dire qu'il faut savoir utiliser les scientifiques pour ce qu'ils sont, ni plus ni moins.




Un dicton romain sur les évêques français

Comme vous le savez, Rome soumet la nominations des évêques français au gouvernement (je ne sais pas comment ça se passe dans les autres pays). Cette consultation informelle n'en a pas moins force de loi.

Un dicton romain résume la chose : « Rome voudrait des saints. Le gouvernement voudrait des filous. On se met d'accord sur des imbéciles ».

C'est savoureux et, me semble-t-il, assez vrai (en tout cas, le moins que je puisse dire, c'est que je ne suis pas ébloui par la qualité intellectuelle de nos évêques. Bossuet est loin).


Macron : après l'imposture, l'impasse

Dans ce blog, Emmanuel Macron apparaît sous le libellé « L'imposture Macron ». Tout simplement parce que je soutiens, depuis le début, qu'Emmanuel Macron est un candidat, puis un président, en carton-pâte, artificiel, fabriqué.

Discussion de table avec des gens qui ont voté Macron au second tour : « On pouvait pas savoir [que Macron était un costume vide] ». Je me suis retenu de répondre  « Mais si, vous pouviez savoir : il suffisait de lire mon blog ou l'un des milliers qui disaient la même chose ».

Au fond, je pense, comme Christophe Guilluy, que tout cela est une question de patrimoine : ont voté Macron ceux qui ont peur, à tort ou à raison, d'un changement qu'il leur ferait perdre leur patrimoine. Ceux-là ont intérêt à ne pas trop réfléchir et à ne pas trop se poser de questions (du genre « Est-ce que je vote pour moi ou pour mon pays ? »). C'est pourquoi Macron a ses chances en 2022 (si les patrimoines ne sont pas mis en danger par autre chose d'ici là).

Cependant, cette configuration électorale n'enlève rien à l'essentiel : Emmanuel Macron est passé de l'imposture à l'impasse.

La politique est l'art de l'irréversible, du fait accompli.

E. Macron a accumulé, malgré (d'après ce qu'on entend) les avertissements des plus expérimentés de son entourage, les déclarations et les décisions stupidement provocatrices à l'égard du peuple français. Quand le point de rupture a été atteint, les gilets jaunes ont présenté l'addition.

Maintenant, c'est fini, C'est trop tard. Il est catalogué « ennemi du peuple français » et aucune « stratégie » de communication ne pourra lui enlever cette étiquette infamante.

La seule voie positive de sortie serait de faire une politique favorable au peuple français : éclatement de l'Euro, aménagement du territoire, arrêt de l'immigration ... Plus que tout, punition de la condescendance des technocrates qui ne cessent d'emmerder les Français. Nous savons bien qu'il ne fera rien de tout cela (Emmanuel Todd insiste sur le fait que l'autre Emmanuel n'est pas très intelligent. Ca se confirme).

Alors, la seule autre voie qui lui reste ouverte, négative celle-là, est l'épreuve de force, la répression. Essayer de jeter le discrédit sur ses opposants et les plus actifs en prison. Et, bien entendu, malgré tous les efforts des « communicants », cela ne fera que renforcer son étiquette « ennemi du peuple français » et, de ce fait, son impuissance. La croyance dans les pouvoirs magiques de la « com » aura fait une nouvelle victime.

C'est pourquoi Emmanuel Macron est dans une impasse. Et la France avec lui. Impasse qui va durer trois ans, peut-être huit.

Ceux qui réclament sa démission ont plus de bon sens que les analystes estampillés qui les trouvent déraisonnables.

Internet est tout de même peuplé d'abrutis

Par trois fois en deux jours, je me suis heurté à des propriétaires de blogs qui publient des billets intéressants mais qui ne supportent pas d'être critiqués. Ne pas supporter d'être critiqué signifie qu'ils ne publient mes commentaires, pourtant tout à fait corrects, et y répondent en privé de manière à peine polie, quand ce n'est pas franchement impolie.

Cela m'inquiète : nous sommes très loin de l'extraordinaire De l'art de conférer de Montaigne :

*************
Quand on me contrarie, on esveille mon attention, non pas ma cholere : je m'avance vers celuy qui me contredit, qui m'instruit. La cause de la verité, devroit estre la cause commune à l'un et à l'autre : Que respondra-il ? la passion du courroux luy a desja frappé le jugement : le trouble s'en est saisi, avant la raison. Il seroit utile, qu'on passast par gageure, la decision de nos disputes : qu'il y eust une marque materielle de nos pertes : affin que nous en tinssions estat, et que mon valet me peust dire : Il vous cousta l'annee passee cent escus, à vingt fois, d'avoir esté ignorant et opiniastre.

Je festoye et caresse la verité en quelque main que je la trouve, et m'y rends alaigrement, et luy tends mes armes vaincues, de loing que je la vois approcher. Et pourveu qu'on n'y procede d'une troigne trop imperieusement magistrale, je prens plaisir à estre reprins. Et m'accommode aux accusateurs, souvent plus, par raison de civilité, que par raison d'amendement : aymant à gratifier et à nourrir la liberté de m'advertir, par la facilité de ceder. Toutesfois il est malaisé d'y attirer les hommes de mon temps. Ils n'ont pas le courage de corriger, par ce qu'ils n'ont pas le courage de souffrir à l'estre : Et parlent tousjours avec dissimulation, en presence les uns des autres. Je prens si grand plaisir d'estre jugé et cogneu, qu'il m'est comme indifferent, en quelle des deux formes je le soys. Mon imagination se contredit elle mesme si souvent, et condamne, que ce m'est tout un, qu'un autre le face : veu principalement que je ne donne à sa reprehension, que l'authorité que je veux. Mais je romps paille avec celuy, qui se tient si haut à la main : comme j'en cognoy quelqu'un, qui plaint son advertissement, s'il n'en est creu : et prend à injure, si on estrive à le suivre. Ce que Socrates recueilloit tousjours riant, les contradictions, qu'on opposoit à son discours, on pourroit dire, que sa force en estoit cause : et que l'avantage ayant à tomber certainement de son costé, il les acceptoit, comme matiere de nouvelle victoire. Toutesfois nous voyons au rebours, qu'il n'est rien, qui nous y rende le sentiment si delicat, que l'opinion de la préeminence, et desdaing de l'adversaire. Et que par raison, c'est au foible plustost, d'accepter de bon gré les oppositions qui le redressent et rabillent. Je cherche à la verité plus la frequentation de ceux qui me gourment, que de ceux qui me craignent. C'est un plaisir fade et nuisible, d'avoir affaire à gens qui nous admirent et facent place. Anthistenes commanda à ses enfans, de ne sçavoir jamais gré ny grace, à homme qui les louast. Je me sens bien plus fier, de la victoire que je gaigne sur moy, quand en l'ardeur mesme du combat, je me faits plier soubs la force de la raison de mon adversaire : que je ne me sens gré, de la victoire que je gaigne sur luy, par sa foiblesse.

En fin, je reçois et advoue toute sorte d'atteinctes qui sont de droict fil, pour foibles qu'elles soient : mais je suis par trop impatient, de celles qui se donnent sans forme. Il me chaut peu de la matiere, et me sont les opinions unes, et la victoire du subject à peu pres indiffente. Tout un jour je contesteray paisiblement, si la conduicte du debat se suit avec ordre. Ce n'est pas tant la force et la subtilité, que je demande, comme l'ordre. L'ordre qui se voit tous les jours, aux altercations des bergers et des enfants de boutique : jamais entre nous. S'ils se detraquent, c'est en incivilité : si faisons nous bien. Mais leur tumulte et impatience, ne les devoye pas de leur theme. Leur propos suit son cours. S'ils previennent l'un l'autre, s'ils ne s'attendent pas, aumoins ils s'entendent. On respond tousjours trop bien pour moy, si on respond à ce que je dits. Mais quand la dispute est trouble et des-reglee, je quitte la chose, et m'attache à la forme, avec despit et indiscretion : et me jette à une façon de debattre, testue, malicieuse, et imperieuse, dequoy j'ay à rougir apres.

Il est impossible de traitter de bonne foy avec un sot. Mon jugement ne se corrompt pas seulement à la main d'un maistre si impetueux : mais aussi ma conscience.
*************

Quel mot revient le plus souvent dans ce passage de Montaigne ? «  Vérité ».

C'est bien le fond du problème : ce qui unit Montaigne et son contradicteur, quelle que soit la violence de leurs désaccords, c'est qu'ils ont en commun la recherche de la Vérité. Ils croient qu'il existe une Vérité qu'ils cherchent tous deux.

Si on ne croit plus que la Vérité existe mais que tout est relatif et que toutes les opinions se valent, attaquer mon opinion, c'est non pas débattre avec, comme étalon, la Vérité, mais attaquer ma personne.

Certains me reprochent de commenter sur le blog de Philippe Bilger, qui, c'est vrai, est un bourgeois centriste, néo-pétainiste (voir ailleurs sur ce blog le sens que je donne à mot), mais il a cette grande qualité de tolérer tous les commentaires (je dois admettre qu'il lui arrive de tellement m'énerver que je suis à la limite de l'insulte. Il est bien patient avec moi !).




Gilets jaunes : lutte des classes, lutte de pouvoir et comique involontaire

Cette histoire de gilets jaunes a une conséquence bénéfique : dans mon entourage de bourgeois parisiens qui se croient supérieurement intelligents, la grande peur des bien-pensants suscite des réactions et des commentaires très primaires, très égoïstes, très violents (le vernis mondain craque, signe de la trouille - la plupart oublient qu'une ou deux, maximum trois, générations avant, leur famille était bouseuse comme les GJ) et du plus haut comique.

Je pense que celui qui remporte la palme (mais la compétition a été rude) est : « Les gilets jaunes font des fautes d'orthographe » (ce à quoi j'ai répondu : « Oui, et qui a massacré l'école ? » - silence gêné).  C'est plutôt gentillet et le snobisme de dame patronesse marrant.

Et vous ? Vous avez un commentaire préféré ?

Que faire de la police ?

Par « police », j'entends les forces de l'ordre, police et gendarmerie réunies, la différence entre les deux étant artificielle au niveau qui nous occupe.

L'attitude vis-à-vis de la police est une traduction pratique du conflit entre légitimité et légalité.

Tant qu'intérêts du gouvernement, de l'Etat et du pays sont alignés, la légalité et la légitimité se confondent et il n'y a pas de questions sur la police.

Mais, quand intérêts du gouvernement et de l'Etat, d'un coté, et intérêts du pays de l'autre sont disjoints, voire opposés, comme c'est le cas aujourd'hui ?

Hé bien, la police reste loyale au gouvernement et devient l'ennemie du pays.

Sans compter que la proportion de plus en plus importante de policiers d'origine africaine et nord-africaine qui n'ont pas renié leurs racines rend la confiance dans la police encore plus difficile (1). Et la présence massive de francs-maçons ne va pas dans le bon sens non plus.

C'est comique que ceux style BHL qui nous tympanisent depuis des décennies avec la rafle du Vel d'Hiv « crime de la France (et donc de la police française) » (sous-entendu, c'est un scandale que la police n'ait pas désobéi aux ordres du gouvernement), nous commandent aujourd'hui une loyauté absolue perinde ac cadaver vis-à-vis du gouvernement et de sa police (2). Tout ça parce que les gilets jaunes leur foutent une grande trouille sociale. Ah, les bourgeois !

Alors, où en sommes nous ? C'est simple : puisque la police est au service d'un gouvernement qui est ennemi de la France, la police est ennemie de la France.

C'est peut-être gênant à entendre pour certains, mais c'est ainsi, c'est la logique des choses. Il est difficile au policier de base qui désapprouve (et je ne suis pas sûr qu'ils soient très nombreux) de faire autre chose que de l'inertie.

Alors, faut-il s'attaquer à la police ?

Aujourd'hui, les violences anti-policières font l'affaire du gouvernement, car elles provoquent un désir de retour à l'ordre dont il est le vecteur naturel. Elles re-légitiment un gouvernement dans il faut saper la légitimité. Comme d'habitude, les casseurs gauchistes (car c'est d'eux qu'il s'agit) sont les alliés objectifs de l'ordre établi. Normal : ce sont des petits-bourgeois pour qui font joujou à la révolution.

Donc : non, il ne faut pas s'attaquer à la police. Car elle n'est qu'un instrument et que les Français conservent encore bien des naïvetés (3) à son égard, qu'il serait contreproductif de heurter. Il faut choisir ses combats.

La police fera ce qu'elle a toujours fait : elle retournera sa veste quand le gouvernement changera. L'essentiel, c'est de mettre à genoux le gouvernement et, pour cela, la revendication anti-fiscale me semble l'outil le plus efficace.

***********
(1) : Zemmour dit « la France n'est ni une race ni une religion ». C'est faux, très faux : la France n'est ni une race ni une religion à condition qu'une race et qu'une religion soient si dominantes qu'elles s'imposent sans discussion, naturellement. Or, cette condition décisive a été perdue. C'est le sens de la fameuse phrase Colombey-les deux-mosquées de De Gaulle.

Alors, il peut y avoir des policiers musulmans loyaux à la France, je n'en doute pas un instant. Mais, là comme ailleurs, c'est la masse, le passage de l'individu à la statistique qui pose problème. Qu'un policier d'origine marocaine puisse être aussi loyal à la France qu'un policier auvergnat, pas le moindre doute. Que dix mille policiers d'origine maghrébine soient aussi loyaux à la France que dix mille policiers auvergnats, je n'ai pas le moindre doute non plus, mais dans l'autre sens : c'est non.

C'est humain. L'homme nouveau, sans attaches, sans histoire, sans passé, n'existe pas. On nous serine que, ça y est, cet homme nouveau est advenu. Permettez moi de ne pas y croire. Celui qui en est le plus proche, c'est le Français français. Ce n'est pas vraiment la tendance souhaitable !

(2) : si l'on admet qu'il y a des circonstances où il est légitime de désobéir à la police ou que la police désobéisse au gouvernement, il faut être logique, il faut accepter de discuter avec ceux qui estiment que nous sommes dans ces circonstances. Mais, bon, la seule logique de BHL et compagnie, ce sont leurs intérêts.

(3) : même si les gilets jaunes qui remarquent que la police emploie contre eux une violence qu'elle n'emploie pas contre la racaille allogène sont sur la bonne voie.

jeudi, décembre 27, 2018

Lire La Fontaine

Cet article de Bérénice Levet :

« Pour Boutang, Les Fables de La Fontaine proposent une sagesse de la limite »

m'incite à vous parler de La Fontaine (ce qui ne nous éloigne pas tant que ça des gilets jaunes).

Ceci me rappelle un livre de Marc Fumaroli sur le même sujet. J'ai été obligé de le jeter, il avait trainé trop longtemps dans le coffre de ma voiture : humidité, saleté, maltraitances diverses. Mais je l'avais lu. C'est la même thèse : les Fables sont éminemment politiques. Ceux qui n'y voient que sagesse tiédasse n'ont pas bien lu ou n'ont pas les clés. La Fontaine reste subtilement fidèle à Fouquet.

Ce n'est pas un hasard si La Fontaine fut très à la mode à l'école, puis a été évacué. On est passé d'une école formant des citoyens (et donc des hommes) à une école produisant des crétins.

La Fontaine fait partie des mes lectures régulières, comme la Bible, Montaigne, Homère ...

Allez, une fable apolitique (juste par goût du paradoxe) :






L'inconnu, notre ami

Excellement formé par mes lectures de NN Taleb, j'ai pour philosophie qu'il ne faut pas trop s'épuiser à prévoir le futur, ce qui va arriver et quand, mais s'exposer à profiter des occasions qui passent et qu'on n'a pas prévues.

Cela n'empêche pas de faire des prévisions, mais elles doivent rester vagues et générales. Il faut rester au niveau systémique, comme la citation de Napoléon (apocryphe ?) sur l'avenir américain ou russe.

Je suis bien content (permettez ce moment de vanité) d'avoir prévu depuis longtemps que le changement de la politique française viendrait de là où on ne l'attend pas, d'une manière qu'on n'attend pas (ce qui exclut par exemple la famille Le Pen ou un coup d'Etat militaire), car tout ce qu'on anticipe est verrouillé par le pouvoir.

Et nous avons eu les gilets jaunes, qui sont une surprise pour moi dans la forme (je ne vais par faire semblant de l'avoir prévue) mais pas sur le fond (puisque justement ils sont une surprise. Je ne suis pas surpris d'être surpris : je m'attendais à être surpris !).

Pour la suite, nous pouvons prolonger ce raisonnement. Edouard Husson de même :

En marche vers la guerre civile ? les fantasmes d’une France épurée de tous ces autres qui pensent mal flambe dans tous les milieux.

***********
En la présente occurrence, la rue a eu l’initiative et nos élites sont largement prisonnières de l’idéologie néo-libérale. Ce sera donc sans aucun doute un processus lent et douloureux. Et il y a fort à parier que si l’actuel président manque l’occasion que lui présente l’Histoire de changer de politique, cette tâche reviendra à une personnalité complètement nouvelle, surgie hors des réseaux politiques habituels.
***********

Tant que le pouvoir (j'entends « pouvoir » au sens large, celui de la caste mondialiste) peut verrouiller la situation, le changement ne peut venir que de là où on n'a pas pensé à verrouiller. C'est pourquoi le vrai changement viendra d'un non-politicien : c'est le destin d'un Beppe Grillo en Italie, ça a failli être celui d'un Coluche en France (comme, par hasard, au début du verrouillage techno-européo-mondialiste). C'est aussi, évidemment, le destin d'un Trump.

Cela exclut du monde, entre autres la petite Maréchal (elle l'a dit elle-même, d'ailleurs) en qui beaucoup placent leur espoir.

Mon problème est que je ne vois pas en France de réservoir d'élites de rechange. L'armée et l'université, qui remplissaient traditionnellement ce rôle, sont dans un état intellectuel et moral à pleurer. Inutile de compter dessus (à moins qu'aux niveaux inférieurs ...).

Qui vivra verra. Nous vivons des temps intéressants.

Pêle-mêle : Syrie, mépris de classe, triangle d'incompatibilité français

Du bon moment de lâcher un allié

Gilets jaunes : sociaux-démocrates, assumez votre mépris de classe ! Quand le mouvement semble en décrue, les masques tombent.

Les Gilets jaunes et la crise de l’euro-libéralisme social

Le triangle incompatibilité français. On ne peut à la fois :

1) Etre dans l'Euro.

2) Avoir un système social lourd (notamment du fait d'une immigration folle).

3) Etre prospère.






2019, l'année d'après les gilets jaunes

Je pense que le mouvement des gilets jaunes est fini sous sa forme primitive et j'ignore la suite (c'est en soi une bonne nouvelle. Cela signifie que l'histoire a été remise en marche et qu'il y a une autre perspective que le déclin inexorable promis par les technocrates qui nous gouvernent depuis quarante ans).

Nous sommes, puisque l'élite faillie, contrairement à l'aristocratie de l'ancienne France, à Charles X et à Louis-Philippe, ne veut pas lâcher le manche pour éviter l'effusion de sang mais au contraire s'accroche par tous les moyens, dans le pur rapport de force.

Je vois trois pistes de réflexions :

1) la finance. Comme je l'ai écrit souvent, nous vivons depuis quarante ans sous le règne du mensonge et le dévoilement de ce mensonge sera la banqueroute. C'est pourquoi toutes les mesures dépensières réclamées par les gilets jaunes sont bonnes à long terme puisqu'elles rapprochent l'effondrement de ce système mauvais, notamment de l'Euro. Même si, à court terme, cela sera une catastrophe avec des vrais morts. Mais on ne solde pas quarante ans de folie technocratique sans casse, alors le plus tôt sera le mieux. Inutile de parler de la fin de l'Euro, qui effraie les peuples. Il suffit de faire ce qu'il faut pour qu'elle advienne, sans en parler (il y a dans l'insistance à la Philippot ou à la Asselineau sur la sortie de l'Euro une vanité d'intellectuel : les gens ne veulent pas en entendre parler, hé bien, on n'en parle pas). Je pense que c'est la démarche de Salvini en Italie .

2) la répression. Il est clair que le pouvoir mondialiste a choisi pour la France la répression sous toutes ses formes : policière (1), médiatique et politique. Je pense que les armes les plus utilisées contre les gilets jaunes vont être : la justice, le fisc et le flicage d'internet. Le fisc et la justice vont décapiter le mouvement, le pourrissement d'internet va tenter de les empêcher de se coordonner (nul doute que les GAFA prêtent leur concours au gouvernement). Remarque personnelle : la censure du Figaro à mon égard est devenue plus subtile : mes commentaires ne sont plus refusés, ce dont je pourrais me plaindre, ils ne sont plus traités (ni publiés, ni modérés).

3) Que faire ? Là, je suis sec. Pour l'instant.

*************
(1) : là encore, les gilets jaunes vont à l'essentiel, puisque ce qui circule sur internet, c'est qu'on emploie contre eux les moyens qu'on n'ose pas employer contre les racailles musulmanes.

Honte de rien, prêts à tout

Article de Luc Ferry. Titre : Pour l'élitisme, contre le RIC. Tout un programme !

Qui serait bel et bon si l'élite en question n'échouait pas depuis quarante ans et ne refusait pas, en s'accrochant par tous les moyens, qu'on essaie une autre élite.

Un lecteur du Figaro le dit parfaitement (fautes d'orthographe corrigées, merci « l'école de la république ») :

Il est vrai que l'élitisme français a fait des miracle. Un chômage de masse, l'insécurité, trafic de drogue dans les cites et devant les écoles, zones de non droit, désindustrialisation rapide, échanges commerciaux en déficit, champion du monde des prélèvements qui sont en augmentation année après année etc.... Un beau bilan des nos élites que voila.

J'ajoute : naufrage scolaire, invasion migratoire, fracture de la société ...

C'est bien le coeur du problème : je n'ai rien contre l'élitisme en principe, encore faut-il qu'il se révèle efficace en pratique, ce qui n'est pas le cas. C'est pourquoi le RIC est un excellent instrument pour se débarrasser d'une élite faillie qui ne veut pas laisser la place.

M. Luc Ferry (qui n'a jamais connu un problème de fin de mois), plutôt que de nous faire comme depuis quarante ans la leçon, ferait bien de rentrer en lui-même et de méditer les échecs de sa caste et sur leurs conséquences sur la France et les Français.

Mais ils ne changent pas, clamant toujours leur irresponsabilité tout en s'accrochant au pouvoir  : c'est pas ma faute ... les circonstances ... pas si mal, personne n'aurait fait mieux ...  pas de raison que je lâche le pouvoir. Honte de rien, prêts à tout. Bref, indécents comme jamais.

Je ne suis pas un révolutionnaire, je n'aime pas les foules. Mais, quand même, devant tant de morgue et de surdité, on (je ne suis à l'évidence pas le seul) se dit que quelques têtes au bout d'une pique seraient une leçon salutaire.




lundi, décembre 24, 2018

Joyeux Noël en jaune

Joyeux Noël à la nation des ronds-points ! Les Gilets jaunes sont majoritaires par Henri Temple - 24 décembre 2018


Des policiers attaqués par les Gilets Jaunes ? Euh, c'est qui qu'a commencé ?

Des policiers lâchement attaqués par des Gilets Jaunes ? C'est ainsi que la presse officielle nous a présenté la chose. Quand on voit la séquence un peu plus longuement, il y a de quoi s'interroger :



Ca ressemble vachement à des policiers à moto cons comme des bites (rappel : les flics ne sont pas nos amis. Pas forcément, nos ennemis, mais pas nos amis, puisque amis du pouvoir. Et ce ne sont pas forcément des lumières) qui ont voulu gazer tranquillos des gens qui ne leur demandaient rien et ils se sont faits prendre.

Encore une fois, qu'est-ce que les médias officiels auraient dit si ça venait de chez Poutine !

Bon, Ok, il manque peut-être encore quelques secondes avant pour bien comprendre le contexte, le film est peut-être coupé au bon endroit.

Mais c'est tout de même la merveille d'internet : la fabrique à bobards trouve soudain une opposition, par d'autres bobards quelquefois. On comprend que ça soit la panique chez ceux qui font profession de dispenser une vérité officielle, mais il fallait qu'ils y réfléchissent avant de passer des décennies à manipuler les images à leur profit : une fois qu'on a détruit la confiance pour des petits (et des grands) profits immédiats, on a l'air con de pleurer sur le lait renversé.

Tenez encore une video édifiante sur la police :






La police fera comme d'habitude : elle changera de bord et se proclamera du coté du peuple quand le pouvoir sera tombé, pas avant. La grève de la police parisienne en 1944 ? Rappelez moi la date, j'ai un trou de mémoire. Un an avant la Libération ? Un mois ? Ah, une semaine ...






dimanche, décembre 23, 2018

Mon oncle de l'ombre (S. Trouillard)

C'est le livre d'une Bretonne. Il faut l'entêtement breton pour écrire un tel livre.

Le grand-oncle de Stéphanie Trouillard, André Gondet, est assassiné le 12 juillet 1944, à 23 ans, à Kérihuel, par des traitres français au service des Allemands, en même temps que le capitaine Marienne, une légende des parachutistes.

La famille de l'auteur est muette sur ce drame, ce sont des choses dont on ne parle pas devant les enfants, et dont on ne parle pas, en général.

A la mort de son grand-père, frère du héros martyr, elle se pose toutes les questions qu'elle regrette de ne pas lui avoir posées. Et décide d'y répondre.

A partir d'un état-civil et d'une photo, après des milliers de lettres et d'emails, des centaines d'heures de visites d'archives et d'entretiens, elle parvient à reconstituer le parcours de ce Résistant à la fois ordinaire et singulier.

C'est un livre très émouvant, comme lorsqu'une des dernières survivantes de la rafle lui dit qu'elle a le même visage rond que son grand-oncle.

Elle est souvent accompagnée de ses parents, qui n'en savent pas plus qu'elle.

Elle reconstitue à peu près tout le parcours : le départ en Allemagne pour le STO (ce que toute la génération suivante ignorait), puis l'engagement dans le maquis à la faveur d'une permission, puis les combats finaux du maquis de Saint-Marcel.

A l'issue de ce travail de Romain, Stéphanie Trouillard comprend bien des silences et des non-dits.

Question en suspens : il est admis que le drame de Kérihuel résulte d'une dénonciation ou d'un aveu sous la torture. Stéphanie Trouillard n'en est pas si sûre : depuis plus d'un mois, parachutistes et FFI se battent sans discontinuer, dans un environnement étrange, à la fois amical et dangereux, la vigilance baisse, des négligences apparaissent, ceci suffit peut-être à expliquer cela.

Mention anecdotique : nous célébrons les héroïnes de la Résistance, mais, à l'époque, certains les voyaient comme des « filles à soldats », pas un compliment.

Par réaction au « résistantialisme » de nos pères (ah, ce que le meurtre du père aura fait faire de conneries ...) et par le fait de grands dégueulasses style BHL ou Chirac, on nous  présente désormais la France comme une nation de pétainistes.

Des Français comme André Gondet, ou comme Marie-Julienne Gautier,  ou comme Jeanne Bohec, remettent les choses à l'endroit.

Gilets Jaunes : Guignol et Gnafron

Christian Vanneste :

***********
La stratégie des Gilets jaunes qu’on présente parfois comme des provinciaux illettrés, ceux dont Macron disait qu’ils n’étaient « rien », témoigne d’une intelligence collective qui déroute les spécialistes de l’ordre public. Aller en douce dans les rues étroites de Montmartre plutôt que sur les larges avenues de Versailles, comme annoncé, relève d’un génie tactique inattendu. Avec son excès coutumier, le pouvoir crie au putsch, alors qu’il s’agit d’un chahut malin, où l’on retrouve cette identité française, appréciée ou non, qui voit Guignol se rire du gendarme.
***********

Emmanuel Macron réclame de l'ordre. Mais le plus gros facteur de désordre, c'est lui !

Pour deux raisons :

1) une raison circonstancielle : le gouvernement n'a cessé de jouer la tactique de la tension, insultant, réprimant et délégitimant les Gilets Jaunes, tentant par tous les moyens de les couillonner et de les discréditer, au lieu de les prendre en considération. Il joue avec le feu, probablement sans le savoir : on ne finasse pas avec un vieux peuple régicide sans risquer sa tête.

2) une raison profonde : la politique oligarchique menée depuis trente ans, dont Emmanuel Macron est le dernier mandataire en date, est profondément illégitime puisqu'elle trahit les intérêts de notre pays et laisse plus de la moitié de la population sur le bord de la route (l'illégitimité même de l'élection d'Emmanuel Macron n'est qu'un symptôme de cette illégitimité plus globale). Or n'existe pas plus grand facteur de désordre qu'un gouvernant illégitime.

Comment en sortir ?

J'ai des hésitations sur les décisions à prendre (dissolution ? Référendum), mais sur l'esprit qui doit les animer, je n'en ai absolument aucune : en démocratie, et en France autant, sinon plus, qu'ailleurs, tout doute sur la légitimité est levé par un retour au peuple.

Or, c'est précisément ce que cherche à éviter Emmanuel Macron. C''est pourquoi il restera jusqu'à la fin de son mandat le facteur de désordre principal en France. A moins qu'il s'élève à la hauteur de l'histoire de France, ce qui est hélas peu probable : rien dans son parcours et dans son comportement n'indique une telle capacité.

Nous allons vers de jours tragiques.


A propos des deux touristes nordiques assassinées au Maroc

Trekking mortel au Maroc

On ne dirait pas que cela a été écrit il y a vingt ans :



C'est malheureux pour ces jeunes femmes mais sain pour l'espèce humaine que la sélection naturelle ne soit pas trop entravée et que la connerie se révèle parfois mortelle.




La masculinité a quelques avantages

Peter Hitchens, à propos des drones qui ont bloqué Gatwick pendant deux jours :

***************
One of the things I most enjoyed about living in Russia was the absence of prissy health and safety. The doors on the Moscow metro slammed shut with a vicious crash, after a single warning, and if you were caught in them, too bad. No pathetic reopening of the doors. So nobody ever was caught in them, and trains ran fast and frequently.

On ferociously freezing days when any Western airline would have given up, Russian internal flights took off without hesitation, and arrived on time.

This is nothing to do with communism or tyranny. Israel is much the same. Russia (how can I put this?) is still a rather masculine society, in which the influence of lawyers and social workers is minimal. And I rather think that if anyone was fool enough to fly a drone over one of Moscow’s major airports today, two things would happen within about half an hour. The drone would be shot out of the sky, and the person involved would be in the slammer, contemplating a lengthy spell in Siberia. If the airport ever had closed (which I doubt), it would soon be opened again.

When I lived there, in the 1990s, this aspect of it reminded me of the equally masculine post-war society in which I grew up.
***************

Nous vivons dans des sociétés féminisées jusqu'au grotesque (d'où l'attrait du viril islam sur certains occidentaux). Or, le féminin est fondamentalement un principe de désordre (je publierai un de ces jours une recension de 12 rules for life, de Jordan Peterson, où il l'explique très bien).

Une société qui croit, comme la nôtre, que le Bien est uniquement du coté féminin et le Mal du coté masculin, se suicide. Tout simplement.

Vous me direz que les gens sont plus fins que cela. D'abord, ce n'est pas entièrement vrai : pas tous.

De plus, ce n'est pas ce qui compte. Ce qui compte, c'est la parole publique et celle-ci est monopolisée par un discours tellement féministe que je me demande si ce mot est encore adapté, si on ne devrait pas en inventer un nouveau.

Certains pensent connaître l'aboutissement de ce suicide par le féminisme : l'islamisation et la reprise en main par les hommes qui s'en suivra. Peut-être. En tout cas, je ne le souhaite pas, mais alors, pas du tout : je partage le jugement de Houellebecq sur l'islam.




samedi, décembre 22, 2018

RIP : une diversion ?

Au hasard de mon butinage (désolé, je n'ai pas mis de liens de coté), je lis que le débat sur le Référendum d'Initiative Populaire serait une diversion.

L'argument est le suivant : Macron a été mis en difficulté par une révolte anti-fiscale, il faut continuer à pousser dans ce sens. Dériver l'élan vers de nébuleuses questions institutionnelles, aussi intéressantes soient-elles, est une perte de concentration, bref une diversion qui joue dans la main de Macron.

Je suis entièrement d'accord avec cet argument : j'ai toujours écrit, d'aussi loin que je m'en souvienne, que le révélateur des mensonges du système mauvais dans lequel nous vivons sera la banqueroute de l'Etat français. Le point névralgique, c'est donc l'impôt, comment il est prélevé et pour quoi faire.

Les gilets jaunes ne souhaitent pas la banqueroute, pour autant que je sache, mais ils y contribuent. Et c'est bien ... à long terme. Entre maintenant et le long terme, ça va turbuler très fort, dramatiquement.

Pour en revenir au RIP diversion, je crains que la chose ne soit déjà trop engagée.

Et puis, je suis confiant. Je connais ce gouvernement d'azimuthés et les abrutis de Bercy. On peut compter sur eux pour faire resurgir la question fiscale. Ecrire qu'ils sont cons comme des bites serait insultant pour les organes virils.


Crise de défiance généralisée : petits rappels à ces démocrates ayant perdu le sens de la démocratie

Crise de défiance généralisée : petits rappels à ces démocrates ayant perdu le sens de la démocratie

**************
On ne peut qu’être étonné de constater combien notre République est tentée par le retour en arrière : de Gaulle avait craint le retour du régime des partis et on a eu, en fait, la confiscation de la démocratie par une république des hauts fonctionnaires, dont le rêve est saint-simonien, abolir la politique. Les Gilets jaunes représentent le choc brutal entre la République des énarques et des grands corps et la démocratie de la France périphérique.
**************









Douze hommes en colère

Je viens de revoir ce film.

C'est un excellent film que je déteste, justement parce qu'il est excellent.

Comme Le dernier jour d'un condamné à mort de Victor Hugo, c'est une bonne oeuvre au service d'une très mauvaise cause. C'est que qu'on peut faire de pire.

Dans ce film, Henry Fonda retourne un à un les jurés et transforme un coupable (c'est, suivant la formule des cours d'assise françaises, mon intime conviction) en acquitté.

Sidney Lumet montre, comme Péguy le dit d'Hugo, qu'il aime les assassins.

Car le mécanisme en jeu est très pervers : Fonda arrive à faire douter tout le monde et, comme le doute doit profiter à l'accusé, celui-ci est acquitté Mais il faut que le doute reste raisonnable. Avec un acharné comme Fonda, il est possible de vous faire douter que Napoléon ait existé. D'ailleurs, il y a bien des gens qui croient que l'attentat du 11 septembre est un coup du Mossad ou de la CIA. C'est un doute déraisonnable.

Au fond, ce que ce film nous dit c'est qu'aucune certitude n'est absolue, qu'il y a toujours un doute et qu'en conséquence les assassins présumés doivent tous être acquittés.

Cet excellent film est donc une belle saloperie. Mais il illustre parfaitement les réflexions de Serge Galam et de NN Taleb sur la capacité des minorités fanatiques à l'emporter sur la majorité, même si je ne crois pas que ce message était dans l'intention du réalisateur.




RIP : « Oui, le peuple ! Mais il ne faudrait jamais voir sa gueule »

Dans ces 8 minutes entre Eric Zemmour et Nicolas Domenach, tout est dit de l'enjeu :




Les gilets jaunes savent désormais comment on va tenter de les couillonner : on va faire un grand battage médiatique autour de ce formidable outil que sera le RIP (Référendum d'Initiative Populaire) et on se félicitera bruyamment à quel point on est démocrate, mais on le plombera par des petites lignes compliquées et illisibles, pas du tout démocratiques, comme dans les contrats d'assurance.

« Oui, le peuple ! Mais il ne faudrait jamais voir sa gueule »

*************
Nul mieux que Jules Renard, par ce jugement dans son Journal le 8 juin 1904 alors qu'il contemple le peuple de Paris se promenant aux Buttes-Chaumont, n'a exprimé l'ambivalence du regard porté sur les catégories populaires en France. Tout ce qui compte dans le pays prétend leur montrer une sollicitude sans exemple. Mais si les vœux des «bons pauvres» ne correspondent pas à l'idée qu'on s'en fait de loin, les voilà dépeints comme des croquants qu'il faut tenir en respect. Serait-il impossible de résister au réflexe soit d'idéaliser le « populo » en lui prêtant toutes les vertus, soit de le traîner plus bas que terre en l'accusant de tous les vices ?

[…]

Parmi nos contemporains, un professeur de droit à Harvard iconoclaste, Roberto Unger […] reproche à ses pairs leur « inconfort vis-à-vis de la démocratie », leur apologie des « restrictions imposées à la règle majoritaire, plutôt qu'au pouvoir des minorités dominantes»  et « l'opposition à toutes les réformes institutionnelles, particulièrement à celles visant à accroître le niveau d'engagement politique populaire, en tant qu'elles menaceraient un régime de droits ».

En somme, conclut Roberto Unger, volontiers caustique, les professeurs de droit partagent « un idéal de démocratie délibérative d'autant plus acceptable que son style se rapproche d'une conversation polie entre gentlemen dans un salon du XVIIIe siècle ». Mais voilà que les « gilets jaunes » ont fait irruption dans le salon.
*************

La suite est écrite.

Macron va proposer un RIP aux modalités subtilement inacceptables, en présentant ça comme une avancée démocratique extraordinaire et espérant qu'une partie des Français n'y verra que du feu. L'extrême-gauche sera, comme d'habitude, un allié objectif de la bourgeoisie, grâce à ses excès sur le référendum révocatoire.

Deux voies possibles de révision :

1) le congrès. C'est le mieux à long terme pour la lutte contre l'oligarchie car on peut alors continuer à jouer « eux contre nous ».

2) le référendum. C'est plus rusé, ça donne l'onction démocratique. Macron pourra alors compter sur des imbéciles (je sais, j'en ai autour de moi) qui préféreront un RIP inutile ou inutilisable à pas de RIP du tout. On retrouvera derrière Macron le bloc oligarchique de 2005 : politique, médias, notables, notoires, sachants ... En 2005, ça n'avait pas marché. Nous verrons.



Quelques lectures pour vous occuper avant Noël

J’ai surligné des passages au lieu de vous collez des extraits.

L’article de Lévine vaut pour ses dernières phrases (surlignées !). Vladimir Volkoff avait émis la même hypothèse il y a vingt ans à l’occasion de la guerre du Kosovo : à partir du moment où l’on accepte que l’OTAN intervienne dans les affaires intérieures d’un pays européen, la Serbie, qu’est-ce qui empêche que demain l’OTAN intervienne, au nom des mêmes principes, en France pour empêcher notre gouvernement d’arrêter la sécession de la Seine Saint-Denis ? Ce n’est pas notre bombe atomique qui arrêtera les cyber-attaques.

Mais celui de Brighelli est le plus inquiétant.

Todd m’énerve parce qu’il est vaniteux au possible, mais il n’est pas bête.

Immigration : le débat promis ne viendra pas

Pourquoi les jeunes ne baisent plus


Emmanuel Todd : ”L'Etat ne peut pas être incarné par un enfant… or Emmanuel Macron est désormais perçu comme un gamin par les Français”

L'opposition Macron / Bercy est un leurre

Vive la nation !

Yoram Hazony : « Les nouveaux universalistes vouent auxgémonies l'indépendance nationale »

Article intéressant.

Il y a trois formes politiques et trois seulement : l’empire, la tribu et la nation.

La nation, mis à part les petites nations comme Israël (la Bible est profondément nationaliste, c’est pourquoi on est fondé à se demander si les immigrationnistes sont vraiment chrétiens, même quand ils sont pape), est récente et, comme telle, fragile (ce qui vient de plus loin dans le passé a le plus de chances de durer dans l’avenir).

On comprend bien pourquoi les candidats tyrans-technos plébiscitent l’UE : comme tout projet impérial (faire tenir plusieurs peuples sous une même entité politique est la définition même de l’empire, donc aucun doute que l’UE est impériale. On connaît même son inspiration : le saint empire romain germanique), elle est par essence anti-démocratique (l'empire est toujours anti-démocratique).

C’est encore une fois l’enjeu du Brexit, de la Liga, d’Orban, des gilets jaunes : qui sont les souverains ? Les peuples des nations ou les technos de l’empire ?

Philippe Seguin avait remarquablement senti tout cela dans son discours contre l’Euro et contre le traité de Maastricht (discours de 2h20 que je vous invite à écouter en intégralité –il est sur Youtube, c’est la meilleure analyse politique du dernier demi-siècle). Par exemple : « La dénonciation des traités deviendra si complexe et si couteuse qu’elle ne sera plus qu’une solution illusoire », 26 ans avant le Brexit ! Et il ajoutait « Une fois le traité de Maastricht et l’Euro adoptés, aucune majorité parlementaire n’osera les défaire. Craignons alors que pour finir que les sentiments nationaux trop longtemps étouffés ne s’exacerbent. On ne joue pas impunément avec les peuples et leur histoire. Toutes les chimères politiques sont appelées un jour ou l’autre à se briser sur les réalités. Et les réalités en Europe, ce sont les nationalités qui la composent ». Il a résumé tout cela en une phrase : « Maastricht, c’est la revanche de 1789 ».



jeudi, décembre 20, 2018

Pour tout comprendre des gilets jaunes

Immigration : ce pape est diabolique

« Certains utilisent des passages de la Parole de Dieu pour cautionner les migrations »


**************
À l'heure où tous les peuples européens, les uns après les autres, entrent en rébellion contre des élites qui ont voulu les emmener de force là où ils ne voulaient pas aller, il est tragique de constater que le Vatican, comme le montre son soutien au pacte mondial pour les migrations, a choisi de se solidariser avec ces élites hors-sol plutôt que d'écouter les souffrances des peuples, au risque de creuser encore un peu plus le fossé béant qui la sépare désormais des Européens. À cette voie suicidaire, on nous permettra d'opposer les fortes paroles du cardinal Robert Sarah, prononcées lors d'une conférence donnée à Varsovie en octobre 2017: « e le redis avec conviction: il s'agit de coopérer ardemment au développement intégral des peuples touchés par la guerre, la corruption et les injustices de la mondialisation. Et non pas d'encourager le déracinement des individus et l'appauvrissement des peuples.

Certains se plaisent à utiliser des passages de la Parole de Dieu pour apporter une caution à la promotion de la mobilité universelle et du multiculturalisme. On utilise ainsi allégrement le devoir d'hospitalité envers l'étranger en déplacement pour légitimer l'accueil définitif de l'immigré. L'Église respecte les médiations naturelles voulues par le Créateur dans sa sagesse. Le génie du christianisme est l'Incarnation de Dieu dans le monde humain, non pas pour le détruire, mais pour l'assumer et l'élever à sa destination divine. »

Rétablir l'équilibre miraculeux, bimillénaire, entre le respect de l'identité des nations et l'appel à la fraternité universelle, convaincre à nouveau les Européens que le catholicisme est l'avenir des peuples et non leur destruction, telle est la seule voie pour que l'Europe et l'Église aient encore un avenir commun.
**************

Je connais le poids des mots. Ecrire que le pape François est diabolique n'est pas anodin. Et pourtant, c'est bien ainsi que je vois les choses : le pape François ne pratique pas le christianisme mais une nouvelle religion qui, sur l'essentiel, est à l'opposé, le droit-de-l'hommisme.

Il n'enseigne pas le Salut, mais la perdition.

L'agressivité urbaine, une dérive mentale dont l'accélération stupéfie les campagnards



Vivre en ville rend fou. Vivre dans une grande ville rend fou à lier. Vivre à Paris ...

La pensée systémique : les gilets jaunes, la vie, la mort, tout ça

J’ai eu de la chance (et de bonnes manœuvres scolaires de mes parents) : grâce à d’excellents professeurs de français et d’histoire, la pensée systémique m’est familière. Je discuterai une autre fois, si le cœur m’en dit, pourquoi j’attribue plus mon goût de la pensée systémique à l’histoire et au français qu’aux matières scientifiques.

Mes discussions autour des gilets jaunes m’ont rappelé une fois de plus combien, de nos jours (je ne suis pas sûr que ce fût le cas par le passé), il y a peu de gens, y compris chez les très diplômés, qui pensent systémique. Pour la plupart, la macro, c’est de la micro sur un plus grand nombre. Les effets d ‘échelle, les biais statistiques, tout ça n’existe pas. Autrement dit, la macro n’a pas d’existence propre.

Un économiste (Schumpeter ? Von Mises ?) disait qu’il ne faut surtout pas interroger les entrepreneurs sur la politique économique, car ils projettent leurs raisonnements micro sur la macro et ne peuvent que se tromper (de ce point de vue, Charles Gave est un pédagogue très rusé : il généralise souvent un comportement micro pour en déduire une conséquence macro. En réalité, quand on y réfléchit, on s’aperçoit qu’il a au départ l’effet macro en tête et qu’il choisit son exemple micro pour s’y adapter).

Prenons une phrase que j’ai beaucoup entendu sur les gilets jaunes : « I’ zont qu’à plus travailler ».

Cette réflexion est chargée d’égoïsme, elle signifie « Ce n’est pas mon problème, je m’en lave les mains ». Passons.

Et reprenons. Le raisonnement micro peut se tenir : si un gilet jaune travaille plus, il est probable qu’il gagnera effectivement plus (encore faut-il qu’il trouve ou qu’il garde du travail : le salarié le plus motivé du monde, si son usine ferme, se retrouvera quand même sans travail).

Mais comment fait-on pour que vingt millions de personnes travaillent plus ? Cela ne dépend plus uniquement, ni même principalement, de décisions individuelles, mais de la macro. Le niveau d’emploi , de formation, la structure de l’économie …

Un ingénieur des années 50, à quantité de travail égale, avait une position sociale plus élevée qu’aujourd’hui. Idem pour un ouvrier des années 70 par rapport à un ouvrier d’aujourd’hui. Un coiffeur de Dakar fait approximativement le même travail qu’un coiffeur de Paris et, pourtant, il gagne beaucoup moins. Tout cela ne peut être réduit à de la micro.

Prenons mon dada, l’Euro. Mettons à part les imbéciles qui croient que les Allemands et les Français sont interchangeables. Ceux qui savent que les Français et les Allemands ne sont pas interchangeables et insistent pourtant que nous devrions faire les réformes allemandes pour nous adapter à l’Euro font inconsciemment un raisonnement micro. Oui, on peut transformer un Français en Allemand en lui mettant beaucoup de pression, mais transformer 60 millions de Français en Allemands n’est pas 60 millions de fois plus difficile, c’est impossible : il y a ces obstacles macro qu’on appelle l’histoire, la culture, la tradition …

Bref, retour au gilet jaune « qui z’a qu’à plus travailler ». Il est soumis à des décisions macros qui bornent ses possibilités : l’Euro, le mondialisme, la politique monétaire, l’aménagement (le désaménagement) du territoire, l’invasion migratoire. Donc « I’ zont qu’à plus travailler » est le problème de tout le monde.

Qu’est-ce que cela signifie ? Que la politique, la décision collective, ça existe encore. C’est cela que nient ceux qui ne voient que la « micro », tout simplement parce que cela ne les arrange pas de voir plus loin que le bout de leur nez, quand ils ne sont pas, tout simplement, bêtes.

Sarkozy-Macron : décidément, les Gilets jaunes continuent leur rôle de révélateur

Nicolas Sarkozy s’affiche de plus en plus ouvertement comme un soutien d’Emmanuel Macron

J’espère que ce n’est pas une révélation pour tout le monde.

Qu'est-ce que je m'amuse !




lundi, décembre 17, 2018

Grégor Puppinck : « Quand la justice fait passer les sentiments avant le bien commun »

Grégor Puppinck : « Quand la justice fait passer les sentiments avant le bien commun »

*************
Contrairement à ce que l'on entend beaucoup, ce désordre universaliste n'est pas chrétien. Au contraire. Certes, l'Église catholique enseigne avec raison que les exigences de la charité dépassent celles de la justice, mais elle précise aussitôt que la charité ne doit pas s'exercer contre la justice. La charité doit être ordonnée au bien commun, du plus proche au plus éloigné, si bien que l'on ne saurait, sans commettre d'injustice, aider son voisin aux dépens de ses enfants, ou des étrangers aux dépens de ses concitoyens, fut-ce au nom de la fraternité. En un mot: «charité bien ordonnée commence par soi-même».

[…]

Il est vrai que dans la Lettre aux Galates, Saint Paul a proclamé qu'« il n'y a plus ni juif ni grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme », mais il ne parlait pas de l'humanité dans son ensemble, mais exclusivement des personnes ayant reçu le baptême et qui ne font alors « plus qu'un dans le Christ Jésus ». Il parlait de l'Église, et peut-être aussi de la fin des temps.

Or, on a le sentiment que la République voudrait faire mieux que l'Église et établir dès maintenant une fraternité universelle sans autre baptême que le fait d'être humain. Catholique veut dire universel en Grec, mais l'universalisme relève d'une tout autre religion: celle de l'Humanité. Le salut qu'elle attend est immanent et consiste en l'unification pacifique de l'humanité. Peut-être voit-elle dans ce sacrifice de l'identité nationale à l'accueil de l'étranger un geste héroïque par lequel la société pourrait renaître, purifiée et transfigurée, élevée à l'universalité. Cette idée de renaissance à travers le sacrifice est profondément chrétienne, mais il faut croire en l'Humanité plus qu'en soi-même pour estimer que ce sacrifice en vaille la peine, pour donner l'exemple d'une nation qui se dissout dans la globalisation.

[…]

Cette fraternité universelle est bien une vertu chrétienne devenue folle. Ce sont d'ailleurs les nations dont le catholicisme est resté le plus orthodoxe qui, en Europe, résistent le plus à cette dissolution: Slovaquie, Pologne, Hongrie et maintenant Italie. Celles-là mêmes qui ferment leurs frontières sont aussi celles qui encouragent la natalité, qui veulent encore croire en leur avenir en tant que peuple et culture. Ce sont aussi celles qui ont refusé de signer le Pacte de Marrakech.

[…]

Aujourd'hui, nous sommes dans la situation paradoxale où les autorités publiques tendent à tolérer l'aide illégale portée aux « migrants irréguliers » et à sanctionner durement l'opposition de certains « identitaires » à l'entrée irrégulière sur le territoire, alors même que leurs méthodes ne violent pas la loi.

[…]

La résistance et les ‘préjugés' des peuples qui veulent défendre leur bien commun, notamment culturel, apparaissent alors comme autant d'obstacles à la réalisation du rêve d'unification de l'humanité par les migrations.
*************


Gilets jaunes : panne de la fabrique du consentement ?

Comme mes fidèles lecteurs le savent, je considère que l'ensemble des techniques d'ingénierie sociale connu sous le nom de « fabrique du consentement » rend presque impossible la démocratie. Pour Arnaud Benedetti, la révolte des gilets jeunes est le premier soulèvement contre cette fabrique du consentement.

« Les gilets jaunes contre les technocrates, c'est David contre Goliath »

*************
Par-delà tous les commentaires de circonstance, c'est bel et bien à une rupture que nous assistons. Les contrastes rhétoriques de nos dirigeants en disent plus long sur leur propre situation d'anomie que toutes les colères qu'ils ont déclenchées. Monsieur Castaner peut bien se balader face caméra, sa parole est déconnectée. L'ordre ne règne pas. Partout, le sentiment d'un branle-bas s'installe. Le mois jaune que nous venons de traverser a non seulement ébranlé l'image d'un président qui se prétendait inflexible face au déchaînement des flots ; il a redonné surtout confiance à de larges fractions populaires en leur démontrant que les fatalités qu'on voulait leur imposer étaient susceptibles d'être repoussées, à condition de ne plus consentir au discours technocrate.

Les « gilets jaunes » constituent ainsi la première crise post-moderne de « la fabrique du consentement » dont l'éditorialiste Walter Lippman souffla le concept au père fondateur de la com' des oligarchies, Edward Bernays. Cette alliance du journaliste et du spin-doctor est à la base de la grande illusion démocratique que les oligarques aiment à vendre au peuple. « À l'insu de leur plein gré », les opinions adhèrent à l'offre unilatérale de leurs dirigeants. Cet angle mort des démocraties de l'après-guerre froide a ramené les vieilles sociétés européennes à ne concevoir qu'une seule vision du monde. C'est à partir de cette « cornerisation » des peuples, sur le mode « de toutes les façons vous n'avez pas le choix », que les techniciens, néo-légistes d'une chose publique dégradée, ont pris et assis leur pouvoir. La com' a servi d'adjuvant à l'inoculation d'un sérum anesthésiant, par le biais d'une classe éditoriale pour l'essentiel ralliée à la vision exclusive du parti des technocrates. Cette désensibilisation du politique a acté la victoire des quatre cavaliers d'une apocalypse post-républicaine : le techno, le communicant, l'éditorialiste mondain et le financier...

Sur les ailes des réseaux sociaux, au grand dam de quelques intellectuels qui avaient fait de l'espace public leur terrain de jeu, les «gilets jaunes», David d'un genre nouveau, ont bousculé l'optimisme des Goliaths... Le gilet fut leur fronde, et les réseaux sociaux leurs montures légères qui prirent à revers les appareils communicants lourdauds de l'ancien monde .
*************




Allez, pour vous faire rire, un qui sait marier à merveille pertinence, tact et humilité :







dimanche, décembre 16, 2018

Les manants du roi (J. de La Varende)

Ca faisait longtemps que j'avais envie de lire un de ces auteurs prisés dans les milieux royalistes, La Varende, Barbey d'Aurevilly et compagnie.

La Varende est plus connu pour Nez de cuir, qui fut aussi un film.



Les manants sont ceux qui restent attachés à la terre, ceux qui demeurent, ceux qui maintiennent,  nobles et roturiers.

Les manants du roi sont un assemblage de nouvelles qui suit une famille noble du pays d'Auge, de 1793 à 1950, extinction de cette branche (notons que ce fut écrit en 1936).

Un des personnages les plus captivants est un vieux propriétaire lié à la famille, qui ne se résout pas en 1906 à  suivre les ordres des « violets » (les évêques, bien entendu) sur les accommodements raisonnables avec la république.

Cela fait une impression très étrange comme discuté avec notre serial-commentateur Curmudgeon :



Mais cette fidélité, qu'on retrouve dans les romans de Raspail comme Sire, est réconfortante, car les personnages de roman font écho à de vrais hommes : ainsi, il y a des gens fidèles jusqu'au ridicule (ce qui, au fond, les empêche d'être vraiment ridicules). On songe aux vieux-croyants russes.

Ces dernières semaines, avec les Gilets jaunes, j'ai particulièrement souffert : je suis entouré de petits-bourgeois parisiens qui ne se sont pas montrés sous leur meilleur jour, c'est le moins que je puisse dire. Je suis tenté, par esprit de conciliation, de déclarer qu'ils ne sont pas méchants, mais ce n'est même pas vrai. Ils ont la méchanceté des trouillards, la cruauté de la chiasse (1).

Alors, retrouver un univers où on a d'autres valeurs que l'argent et son petit moi, ça fait un bien fou.

Jusqu'à maintenant, je croyais à l'existence de classes sociales avec un brin d'ironie. J'ai été détrompé par mon entourage. La Varende respire à d'autres altitudes que la bourgeoisie de l'ouest parisien. Evasion.

********
(1) : un commentateur faisait remarquer que la noblesse du XVIIIème avait eu la générosité de renoncer volontairement et avec enthousiasme à ses privilèges. La bourgeoisie du XXIème siècle, qui sait compter (c'est même la seule chose qu'elle sait), est bien plus raisonnable, elle n'a pas de ces emportements fous. Elle doit prendre la noblesse, qui vole quelques kilomètres au dessus d'elle, pour un ramassis de naïfs.


Gilets jaunes, quelle suite ?

La révolte des Gilets jaunes se calme pour ce coup-ci, mais rien n'est réglé, puisque, comme le résume un éditorialiste à propos du gouvernement, « Ils ont cédé mais ils n'ont pas compris ».

La question « Qui est le souverain ? Le peuple français ou l'hyper-classe mondialiste ? » a été posée et il ne fait aucun doute que l'équipe Macron n'est toujours pas disposée à répondre « Le peuple français ». On le voit à ses finasseries. La révolte des Gilets jaunes resurgira donc et la question sera à nouveau posée.

La revendication qui doit rester, parce qu'elle est essentielle, elle fait basculer le pouvoir, c'est le Référendum d'Initiative Populaire (je préfère « populaire » à « citoyenne », trop connoté branlotage gauchiste).

Ce n'est pas une revendication facile, car il n'est pas aisée de mobiliser sur les questions institutionnelles et il y a toujours moyen de perdre dans les modalités juridiques ce qu'on nous aurait accordé en principe.

Ou, peut-être, suis-je trop cartésien, peut-être est-ce trop direct ?

Après tout, les Français disent ne pas vouloir sortir de l'Euro mais chacune de leurs revendications sociales nous rapproche de l'éclatement de la monnaie inique.

Peut-être est-ce viser trop loin que de demander le RIP (acronyme qui a de l'humour noir). Mieux vaut peut-être délégitimer les institutions. Plus exactement, révéler le manque de légitimité d'institutions qui se sont délégitimées depuis longtemps par leurs actions. Et comment ?

La clé des cieux, récits édifiants tirés de l'histoire sainte (L. Kolakowski)

Vu le titre, je m'attendais à un livre un peu chiant, style philosophe barbant, comme il en sort vingt à chaque fois qu'on fout un coup de pied dans une poubelle universitaire.

Pas du tout. Ce sont de courtes considérations, trois ou quatre pages maximum, sur des épisodes bibliques. C'est à la fois profond et plein d'humour. On y apprend que Noé était un « fayot » et Abraham un « lâche ».

Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est bidonnant, mais vraiment pas loin.

Ca me confirme dans une de mes rares certitudes (à part celle de la mort) : les Polonais sont fous.

samedi, décembre 15, 2018

Légalité et légitimité : pourquoi la police ne suffit pas

Je suis en train de lire Choses vues, de Victor Hugo. Inutile de vous dire que les journées de 1848 m'évoquent des événements récents.

Mais l'essentiel est dans l'extraordinaire Discours de la servitude volontaire, écrit à 16 ans. La Boétie explique que le tyran (à entendre au sens large, le pouvoir) ne peut se maintenir que parce toute une machinerie administrative lui obéit. Que les fonctionnaires, chacun, individuellement, cessent d'appliquer les ordres, et le tyran devient aussi désarmé et impuissant qu'une bonne soeur dans une soirée des Strauss-Kahn.

C'est toute la question de la légitimité par rapport à la légalité : on obéit aux lois par habitude, comme dit Montaigne, mais aussi parce qu'on croit que le législateur essaie d'agir pour le bien commun (même si on désapprouve sa politique). C'est la légitimité. On obéit aussi parce qu'on croit qu'il peut faire mal sans échappatoire.

A partir du moment où on doute que le gouvernement ait à coeur le bien commun, on ne reste plus obéissant que par la peur. Et si les gens qui doutent s'aperçoivent qu'ils sont nombreux, la peur s'atténue. Le pouvoir a perdu sa légitimité. La police est composée d'hommes, qui eux aussi, sous l'influence de leurs concitoyens, peuvent cesser d'y croire et donc d'obéir. C'est pourquoi la police ne suffit pas.

Cette question de la légitimité (qui est le souverain ? Le peuple français ou les mandataires de Bruxelles ?) traine depuis des années et est devenue explosive depuis le « revote » du référendum de 2005.

C'est tout l'enjeu des manifestations de Gilets jaunes.

Ceux qui n'ont pas vu et pas entendu, ou pas voulu voir et pas voulu entendre, les Marseillaise et les drapeaux tricolores (et beaucoup de drapeaux régionaux aussi) des Gilets jaunes ne peuvent pas comprendre grand'chose à ce qui se passe.

Les Gilets jaunes font passer un message très clair : « La France, c'est nous, nous sommes le peuple et nous estimons, Macron, que tu n'es plus légitime ». Ont-ils raison ? (Pour ma part, je n'ai aucun doute qu'ils ont raison, mais mon avis ne suffit pas. Hélas !).

Dans toute démocratie en état de marche, il y a une seule manière de le savoir : aller au peuple. Les institutions françaises offrent deux possibilités d'aller au peuple : la dissolution de l'assemblée nationale ou le référendum. De Gaulle a fait les deux.

Emmanuel Macron refuse l'un et l'autre. Probablement parce qu'il n'a pas compris qu'il avait un problème de légitimité et parce qu'il n'est pas démocrate.

Il fait donc ce que font tous les tyrans bousculés : il oppose la légalité à l'exigence de légitimité.

Mais cela ne fait qu'aggraver le problème : si la force de la loi est ressentie comme injuste, les rebelles tournent enragés, et plus nombreux. Quand la question de la légitimité est posée non plus par des groupuscules mais par des masses, la répression (ordre de taper sur les GJ et de laisser faire les casseurs, loi sur les fake-news, loi "anti-casseurs" ...) devient contre-productive. La légalité est de peu de poids moral : tous les goulags étaient légaux. On ne gouverne pas la France contre son peuple, ce n'est pas un pays d'Orient habitué depuis des millénaires aux satrapes.

L'élection d'Emmanuel Macron était légale (à peu près : célérité suspecte de la justice dans l'affaire Fillon, financement opaque de la campagne) mais, du fait des circonstances, ne lui a pas permis de construire une légitimité.

Et ce couillon, fou comme un lapin de six semaines, n'a cessé de saper le peu de légitimité qu'il avait : insultes aux Français en France et depuis l'étranger, lois pour les happy few, préférence multi-culturaliste, rappeurs en filet à gigot, bras d'honneur antillais etc. Il a fait tout ce qu'il pouvait pour apparaître non comme le mandataire de la France et des Français mais comme le délégué en France du parti de l'étranger.

Charles Gave répète que l'Etat et les fonctionnaires se comportent vis-à-vis de la France comme des colonisateurs en territoires soumis. Emmanuel Macron a endossé le rôle de colonisateur en chef avec un enthousiasme juvénile.

Bon. Et maintenant ?

Simple : dans le combat entre la légalité et la exigence de légitimité, c'est toujours cette dernière qui gagne. Le problème est de ne pas d'amasser trop animosité, pour permettre une sortie de crise pacifique, avant d'en arriver à la victoire inéluctable de la légitimité.

Ce n'est pas la voie choisie par Emmanuel Macron, qui ne change pas de politique (par exemple, signature du pacte de Marrakech) mais se contente de quelques reculs tactiques et pense diluer le problème dans une concertation à la con (au moins, Macron a compris que les demandes des Gilets jaunes n'étaient pas toutes matérielles). C'est lui qui est con, le fameux « brillant » ne brille pas par son intelligence de la situation.

Patrick Buisson est sur la même longueur d'onde :

“ La France des ronds-points réclame une restauration de la souveraineté du peuple ”

Puisque Macron ne met pas sa légitimité en jeu face au suffrage populaire,  le conflit entre légalité et légitimité va continuer, avec des hauts et des bas. Les Gilets jaunes vont rentrer chez eux pour Noël. Et après ? Va-t-on encore se traîner trois ans et demi de paralysie pour cause de légitimité en charpie et d'hostilité latente ou patente ?

L'idéal serait que la révolte des Gilets jaunes ait une traduction institutionnelle, comme M5S en Italie, mais comment ? Avec qui ?

On est vraiment dans la merde. On y était déjà avant, mais ça se voyait moins. Les Gilets sont juste un révélateur. Et la prochain coup pourrait venir de là où tout le monde l'attend :

DRAGHI A CRÉE UNE PYRAMIDE DE MENSONGES. PIRE QUE MADOFF, ALORS QUE LES FORCES DE DÉFLATION RÉAPPARAISSENT.

Enfin, ne boudons pas notre plaisir, il pourrait ne pas durer : ce réveil du peuple français m'est une joie. Et voir qui ça dérange ne m'est pas un déplaisir.




vendredi, décembre 14, 2018

Ils ont bon dos, les casseurs

«Gilets jaunes» : le discret plan du gouvernement pour museler les casseurs

Trump, Brexit, Gilets jaunes : comment les observateurs traditionnels sont devenus incapables de prédire les étapes suivantes

Gilets jaunes : comment les observateurs traditionnels sont devenus incapables de prédire les étapes suivantes

**************
L’histoire occidentale obéit à un mouvement de balancier : il est des moments où l’individu est au centre; et d’autres où c’est la société. Si l’on va plus avant dans l’analyse, en fait il s’agit de deux attitudes philosophiques fondamentales : l’individualisme est fils du nominalisme, né au XIVè siècle, pour qui les mots ne sont que des mots, les concepts ne sont que des constructions humaines, ils ne renvoient pas à la réalité; tandis pour les réalistes, au contraire, les concepts renvoient à une réalité qui existe en-dehors de l’esprit humain.

Pour de Gaulle en 1947, lancer le “rassemblement du peuple français” impliquait qu’il existe un peuple français indépendamment des choix politiques que nous pouvons formuler. Au fond, tout le débat sur l’immigration se comprend par rapport à cet affrontement philosophique: si pour vous le peuple français n’est pas simplement une invention du discours politique mais une réalité, ancrée dans le présent et dans l’histoire, alors il ne vous est pas indifférent de savoir combien de personnes entrent dans le pays et qui elles sont : de Gaulle ne croyait pas que l’on devînt français simplement par convention ou par contrat; c’est pourquoi, même si on ne le dit jamais, il était très méfiant concernant l’immigration de main d’oeuvre telle que l’imaginait le patronat. Au contraire, si vous êtes Angela Merkel, vous ne parlez jamais “des Allemands” mais “des gens de ce pays”: vous ne voyez pas d’inconvénient ni de risque à laisser venir des personnes dont la culture et l’histoire sont solubles dans l’individualisme. Le libéralisme, au fond, c’est le triomphe de l’individualisme dans tous les domaines. Il exalte la différence individuelle et donc considère le lien social comme subordonné, comme une convention, comme un artefact.

A force de ne plus envisager que lui-même, l’individu émancipé en oublie la réalité sociale. Il ne comprend pas quand surgit un philosophe ou un politique qui lui réaffirme la réalité du lien social; le caractère organique d’une solidarité nationale.

C’est là que nous en sommes.

[…]

Ne perdons pas trop de temps à parler de Laurent Wauquiez sinon pour souligner son individualisme forcené, sa fascination pour l’écrasement de tous ses camarades de parti, qui le rendent incapable d’être un chef politique, d’emmener un groupe à la bataille. En fait, quand vous regardez bien, Wauquiez est, comme Macron, à l’extrême individualiste du spectre. Mais la classe politique française est au fond profondément partagée depuis une quinzaine d’années, en fait depuis que Jean-Marie Le Pen s’est qualifié pour le second tour de la présidentielle en 2002. Prenez les trois candidats qui arrivent en tête à la présidentielle suivante, en 2007: chacun d’eux s’est demandé comment rétablir le lien social. Ségolène Royal parlait « d’ordre juste » ; François Bayrou a cherché un rassemblement au centre mais plus concret, mieux enraciné dans la société française que celui d’Emmanuel Macron en 2017; quant à Nicolas Sarkozy, il a gagné la présidentielle en réhabilitant la nation.

Ce qui est très curieux, c’est la manière dont, depuis lors, le débat politique français a régressé. Alors que la crise financière et monétaire aurait dû confirmer la validité des options proposées en 2007, la mise en place réussie de mécanismes supranationaux pour éviter que la crise dégénère comme dans les années 1930, a fait perdre de vue que le meilleur moyen de combattre ce type de crises à long terme était de de redécouvrir la nation, la protection, la solidarité entre les élites et le peuple, l’isocratie (c’est-à-dire le souci de faire de la démocratie un gouvernement s’appuyant sur une forte classe moyenne d’individus égaux par le revenu). 2012 a été une régression: même si Nicolas Sarkozy reste fidèle au thème de la « France forte », il n’a pas tenu les promesses de 2007; quant à François Hollande, il est élu sans ligne claire. 2017 pousse encore plus loin la régression puisque la droite modérée se désintègre, tout comme le PS, et Emmanuel Macron réaffirme de façon anachronique le libéralisme déjà mis en cause depuis plusieurs années.

[…]

Emmanuel Macron arrivera-t-il à stabiliser son navire bien secoué par la tempête? Il a compris qu’il fallait lâcher du lest en annonçant un certain nombre de dépenses budgétaires en faveur des couches les plus fragiles et les plus pauvres. Il a lui-même senti qu’on ne pouvait pas interdir aux Gilets Jaunes qui le souhaitent de poser la question du contrôle de l’immigration. Mais il va falloir aller beaucoup plus loin. Il va bien falloir qu’il se produise, d’une manière ou d’une autre, un électrochoc au sein des milieux dirigeants pour qu’ils assument les intérêts de la nation. Une façon superficielle de le présenter insiste sur le potentiel d’un rassemblement à droite. Il vaut sans doute mieux dire qu’il s’agit de rassembler tous les « réalistes » au sens de la philosophie médiévale, c’est-à-dire tous ceux qui savent que la nation est une réalité héritée, qu’on ne doit ni manipuler ni brusquer mais au contraire protéger, et mettre en situation de libérer ses forces entrepreneuriales et, plus important encore, son aspiration à une forte démocratie locale. La difficulté, c’est qu’il va falloir le faire comme on mène une bataille et non selon des schémas de communiquant. Sans doute, le modèle le moins éloigné de ce qui nous attend, c’est le travail effectué par Nicolas Sarkozy entre 2004 et 2007. Une préparation qui a porté quelques fruits une fois au pouvoir même si le goût de la com a en partie annulé l’effet de la volonté politique une fois au gouvernement.
**************

Jacques de Saint Victor : « Ce que furent vraiment les cahiers de doléances de 1789 »

**************
Même les cahiers des ordres privilégiés, en particulier ceux de la noblesse, acceptent majoritairement de sacrifier leurs privilèges fiscaux (de ce point de vue, les élites honnies de l'Ancien Régime se montrèrent plus généreuses, comme l'a rappelé Tocqueville, que les notables du XIXe siècle, pour ne pas parler des défenseurs actuels de toutes les acrobaties en matière « d'optimisation fiscale »).

[…]

Au total, toutes ces doléances évoquaient le profond désir d'une réforme de la monarchie absolue en une «monarchie limitée», avec un droit national de consentir l'impôt, mais en aucun cas une révolution. Toutefois,et la remarque présente son intérêt aujourd'hui, certains historiens soulignent que c'est au moment même de la rédaction de ces cahiers, durant l'hiver 1788-1789, que la prise de parole va jouer le rôle d'une «prise de conscience»: la bourgeoisie «nationale» sent monter en elle un fort sentiment de frustration sociale qui la pousse vers la radicalité. Il aurait fallu toute l'habileté d'un Richelieu ou d'un Mazarin pour gérer cette poudrière qui échappe complètement à la compréhension d'un banquier comme Necker ; or le roi a eu la maladresse de le choisir durant l'été 1788 comme «premier ministre». Louis XVI va alors accumuler les erreurs avant même la réunion des états généraux le 5 mai 1789. Il finira par proposer une réforme de la monarchie dans son discours du 23 juin, mais il était trop tard. La question était passée d'un désir de réforme (résoudre la question financière) à un débat politico-philosophique: mettre fin à la société d'ordres et assurer le passage de la souveraineté royale à la souveraineté nationale. En cela, les députés élus en 1789 sont allés sciemment bien au-delà de leurs cahiers de doléances. C'est ce qui s'appelle une révolution juridique qui aura été en partie le fruit des atermoiements du pouvoir.

**************

Voilà pourquoi le débat sur l'immigration n'aura pas lieu

**************
Le débat proposé par Emmanuel Macron mais déjà rogné aux entournures par Édouard Philippe donne le sentiment de reproduire la même cacophonie. Pour une raison simple: la majorité de la population française est hostile à l'immigration. La majorité des gouvernements - et l'actuel y compris - est favorable à l'immigration. Il est à craindre que toute tentative de ces derniers de faire changer d'avis les Français n'aboutira qu'à plus de colère et de frustration.
**************

Voilà le fond du problème : eux, la classe dirigeante, de droite et gauche, ils SAVENT. Et si le peuple souverain (en théorie) n'est pas de leur avis, c'est qu'il se trompe et il ne faut surtout pas le consulter. Mieux, il faut le bâillonner par tous les moyens. C'est vrai sur l'immigration, mais aussi sur l'Europe, sur la justice, sur l'école, en fait sur à peu près tout.













jeudi, décembre 13, 2018

Post-vérité : quand les progressistes cèdent à leur tour au complotisme

Les bien-pensants m'ont particulièrement énervé ces derniers temps en répandant l'idée que les complotistes et les semeurs de nouvelles fallacieuses étaient exclusivement du coté de leurs ennemis.

Or, nous n'en finirions de recenser leurs mensonges, en général plus graves de conséquences que les théories du complot des « populistes » : « L'Euro nous protège », « L'immigration n'est pas massive » puis « L'immigration est massive mais ce n'est pas grave » puis « De toute façon, c'est trop tard » ou encore « Trump a été élu grâce aux Russes » ou « Les gilets jaunes ont exclusivement des revendications sociales », « Le niveau scolaire monte » ... Je continue ?

Cet article remet les choses en place :








Post-vérité : quand les progressistes cèdent à leur tour au complotisme


«La post-vérité est une réappropriation de la théorie du complot par la bourgeoisie bien-pensante mondialisée», estime Yves Mamou.


FIGAROVOX/TRIBUNE - Yves Mamou dénonce une gauche qui, mise en difficulté, préfère selon lui céder aux théories conspirationnistes plutôt que se remettre en question. Il l'observe en particulier au sujet de l'islam et de l'immigration.



Yves Mamou est un ancien journaliste du Monde. Il a également collaboré au Canard Enchaîné, à Libération et à La Tribune. Collaborateur régulier du site américain The Gatestone Institute, il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Hezbollah, dernier acte (éd. Plein jour, 2013) et Le Grand abandonLes élites françaises et l'islamisme (éd. L'Artilleur), paru le 25 septembre 2018.



La «post-vérité» est le terme savant que les médias emploient pour désigner le «populisme», c'est-à-dire le comportement électoral erratique des classes populaires. Sidérées que leurs peuples ne savourent pas les beautés du multiculturalisme, les élites européennes expliquent le ressurgissement d'une extrême droite que l'on croyait quasi exterminée depuis la seconde guerre mondiale (Le Pen en France, l'AfD en Allemagne ou Salvini en Italie) d'une seule manière: dans le monde surmédiatisé qui est le nôtre, les faibles d'esprit, les sous-éduqués, les pauvres en diplômes sont forcément manipulés par des forces agissant de l'extérieur.
En 2015, on a pu lire dans The Guardian que les Britanniques avaient voté le Brexit parce qu'ils avaient été trompés par des fake news sur l'immigration. Aux États Unis, le procureur Mueller enquête depuis deux ans à Washington sur un «complot» russe qui aurait favorisé l'élection de Donald Trump.
Conscient des risques qui pèsent sur son éventuelle réélection, le président Emmanuel Macron s'est protégé en faisant voter une loi contre les fake news en mai 2018. Comme l'expliquait Françoise Nyssen, ministre de la Culture, qui portait le projet de loi, «renvoyer les citoyens à leur seule capacité de discernement serait céder à la démagogie».
Les tenants de la post-vérité jugent qu'un monde surmédiatisé rend le peuple peu fiable et sa cervelle - quand on lui en reconnaît une - apparaît menacée par toutes sortes d'humeurs conspirationnistes, forcément manipulées de l'extérieur.

« Renvoyer les citoyens à leur seule capacité de discernement serait céder à la démagogie », déclarait Françoise Nyssen.


L'idée que le monde soit piloté par des marionnettistes tirant les ficelles en sous-main a longtemps été une caractéristique de la pensée politique d'extrême droite. La post-vérité est une réappropriation de la théorie du complot par la bourgeoisie bien-pensante et mondialisée.
L'essayiste américain John Gray, dans un article récent de la revue The Spectator a narré sa stupéfaction au spectacle offert par l'intelligentsia de New York au lendemain de l'élection de Donald Trump. «La ville était possédée par des visions de conspiration. Personne ne s'intéressait aux raisons qui avaient poussé les partisans de Trump à voter comme ils l'avaient fait. Nombreux étaient ceux qui invoquaient la petite intelligence, la mauvaise éducation et les valeurs rétrogrades des 63 millions Américains électeurs de Trump. Le plus frappant était le nombre, parmi mes interlocuteurs, de ceux rejetaient le résultat. L'élection, ils en étaient convaincus, était le résultat d'une manipulation. Les défaillances de la société n'étaient pas en cause, seule une influence maligne avait pu bouleverser ainsi l'ordre politique américain».
Si la post-vérité est un complot pour dévier le bon sens des individus et des peuples, il n'est pas interdit de se demander si la bourgeoisie qui nous gouverne ne serait pas en réalité elle-même victime de la post-vérité qu'elle dénonce.
Sinon, comment comprendre les propos tenus par Angela Merkel, le 23 novembre dernier, au colloque de la Fondation Konrad Adenauer? S'exprimant à ce colloque consacré au rôle des parlements nationaux dans la mondialisation, Angela Merkel a estimé qu'ils ne devraient en avoir aucun. «Entre globalisation et souveraineté nationale, les États-nations devraient renoncer à plus de souveraineté encore…» a-t-elle déclaré. Ainsi, les mauvais coucheurs qui ne supportent pas l'insécurité physique et culturelle engendrée par une immigration incontrôlée n'auront donc plus de possibilités de l'exprimer démocratiquement par leur bulletin de vote. Les défaites électorales subies par son parti, la CDU, la quasi-rupture idéologique avec son clone, la CSU, la montée en puissance des Verts mais aussi l'entrée au Bundestag d'une droite dure incarnée par Alternative pour l'Allemagne deviennent ainsi autant de migraines que les nouveaux dirigeants supranationaux s'épargneront.

Les politiques libérales faites de bulles financières et d'immigration sans frontières sont la cause du «populisme».


Supprimons la démocratie et le bulletin de vote, faisons le bien des peuples malgré eux, ils nous remercieront plus tard.
Au même colloque de la Fondation Konrad Adenauer, Merkel a défini le nationalisme comme le fait de «penser que vous pouvez tout résoudre tout seul et ne penser qu'à vous-même». Si la chancelière allemande est animée par des dispositions aussi généreuses, pourquoi refuse-t-elle obstinément que les formidables excédents commerciaux de l'Allemagne soient utilisés à redresser la croissance des pays de l'Europe du sud, cela afin de rendre moins douloureux leurs nécessaires ajustements budgétaires? Si «le patriotisme inclut l'intérêt de l'autre» comme l'a encore ajouté Mme Merkel, quel peut bien être l'intérêt de paupériser la population de l'ensemble de l'Europe du sud?
Le traitement politique qu'Emmanuel Macron a réservé à l'affaire des «gilets jaunes» montre que, comme Angela Merkel ou les bobos de la côte Est des États Unis, face à une réalité inattendue, notre président se montre incapable de réévaluer ses propres présupposés. Dans le monde magique du locataire de l'Élysée, il est impensable que des centaines de milliers de Français, surgis de nulle part, entreprennent de bloquer routes et ronds-points contre une si évidente et nécessaire taxation des produits pétroliers. Cette insurrection populaire n'étant ni rationnelle ni acceptable, notre président a d'abord tenté de discréditer l'ampleur du mouvement en diffusant des chiffres fantaisistes sur le taux de participation aux blocages et manifestations. Comprenant que les «gilets jaunes» représentaient finalement un risque politique majeur, il a tenté de les criminaliser en imputant les décès des «gilets jaunes» aux «gilets jaunes» eux-mêmes. Il a aggravé cette tentative de criminalisation en laissant des bandes de voyous (banlieues, extrême gauche, extrême droite) parasiter la manifestation «gilets jaunes» de leurs scandaleuses violences. De pseudo cyber-études ont fini également par surgir pour étayer une manipulation des Gilets Jaunes par de fantomatiques et poutiniens comptes Twitter. Toutes ces tentatives de déréaliser une dure réalité n'ont cependant pas réussi à faire chuter la popularité du mouvement Gilet Jaune dans l'opinion publique. C'est alors que notre président Marie-Antoinette s'est résolu a jeter des morceaux de brioches Smic et CSG par la fenêtre télévisée de son palais de l'Élysée.

Nos bourgeoisies libérales seront-elles assez raisonnables pour éviter d'imposer par la force leurs chimères ?


Est-il si difficile de penser que les politiques libérales faites de bulles financières et d'immigration sans frontières menées depuis trente ans en Europe sont la cause de l'avènement du «populisme» ou de «leaders illibéraux»? Faut-il recourir à de ridicules conspirations russes ou chinoises pour s'éviter le déplaisir de réévaluer ses présupposés? Emmanuel Macron ne voit-il pas la contradiction qui peut exister entre une distribution de pouvoir d'achat aux «gilets jaunes» et la signature le même jour d'un Pacte de Marrakech qui ouvre les frontières de la France à une main-d'œuvre africaine et nord-africaine qu'il faudra loger, financer et soigner aux frais du contribuable?
Les réformes douloureuses qu'Emmanuel Macron inflige aux Français pour complaire aux mythes anti-inflationnistes allemands sont-ils raisonnables en l'absence d'inflation?
Le traitement du terrorisme par le gouvernement n'est pas moins irréel que le traitement réservé aux «gilets jaunes». Sur France Inter, Laurent Nunez, co-ministre de l'Intérieur a estimé que l'attentat de Strasbourg par un musulman, fiché S, connu pour des actes de délinquance - soit toutes les caractéristiques du djihadiste classique - ne pouvait être qualifié «d'attentat, parce que le tireur n'a jamais essayé de se rendre en Syrie». La question n'est pas de savoir si nos ministres croient ce qu'ils racontent, mais s'ils continuent de penser que les Français croient encore en leurs messages.
Se pourrait-il, après la chute du mur de Berlin, qu'une bourgeoisie tout aussi dogmatique que celle qui prévalait à Moscou sous Brejnev, se soit installée aux commandes des économies occidentales? La bourgeoisie soviétique fut somme toute assez raisonnable pour jeter l'éponge en 1989 estimant que le divorce entre la réalité et les chimères du communisme avait assez duré. Nos bourgeoisies libérales seront-elles assez raisonnables pour éviter d'imposer par la force leurs chimères à des populations qui, en nombre croissant, ne les gobent plus?