dimanche, juillet 29, 2007
Un entretien avec René Fournier dans Aviasoprt
On n'en fait plus des comme ça. Ou alors pas beaucoup.
Entretien René Fournier
L'aviation générale tuée par la bureaucratie, ce n'est pas seulement un fantasme.
Les Robin, Fournier, Delemontez sont tous octogénaires, Mudry est mort l'année dernière, et ils n'ont pas trouvé de successeurs ou les successeurs qu'ils ont trouvé survivent à peine.
Comme l'aviation générale ne se porte pas si mal en Allemagne ou aux USA, c'est bien qu'il y a un problème français.
Il y a déjà des raisons extérieures pour que la vie de l'aviation générale soit plus chère, plus difficile.
Alors, évidemment, c'est le coup de grâce d'ajouter par là-dessus des couches et des couches de contraintes administratives, irresponsables, au sens premier du mot : la DGAC ne répond de ses activités et de ses règlements devant personne, aucune autorité ne la contrôle vraiment. Si quelques emmerdeurs, usagers ou, miracle centennal, élus, s'inquiétent de son prurit réglementaire, elle part dans des argumentaires techniques, embrouillés à souhait, dans lequel surnage, clignotant en rouge, le mot « sécurité ». Et le tour est joué, la DGAC a toujours raison.
Cela ne semble pas déranger la DGAC que, le niveau de sécurité en aviation générale reste stable après des dizaines de réglements et de circulaires censés l'améliorer.
Il existe des instances consultatives pour donner le change. Mais on fait bien attention à ce qu'elles restent consultatives, qu'elles ne viennent jamais entamer le pouvoir de la DGAC. De temps en temps, la DGAC, dans un mouvement de bonté, lache une modification cosmétique de réglement pour ne pas humilier définitivement ces instances, mais, la plupart du temps, elle ne se donne même pas cette peine.
Ce n'est pas que la DGAC soit peuplée de diables. Simplement, toutes les bureaucraties, privées ou publiques, ont leur logique propre et, en l'absence de contre-pouvoirs, prennent toute la place qu'on leur laisse et deviennent folles.
En transport public, les compagnies aériennes et les plates-formes internationales sont un contre-poids. En aviation générale, rien de tel, ni poids médiatique, ni poids financier.
Quand on a la chance qu'il y ait quelques députés, sénateurs ou ministres pilotes privés (Michel Rocard était vélivole), des amendements peuvent passer limitant les dégâts de l'administration, mais c'est rare.
Reste une dernière solution : que les usagers de l'aviation générale s'organisent en groupe de pression. Les meetings aériens sont en France les plus grosses manifestations publiques après les matchs de football, cette visibilité n'est pas assez exploitée.
Mais c'est difficile : les pilotes sont individualistes et, souvent, pas toujours, bien élevés. Bref, foutre le feu en hurlant à des barils d'huile usagée devant les préfectures (ça serait l'équivalent du fumier pour les agriculteurs), ça n'est pas trop leur truc.
De là à en conclure que, en France, être individualiste et bien élevé est un gros handicap politique, il n'y a qu'un pas. Chez nous, tradition oblige, le poids politique serait plutôt du coté des troupeaux violents.
samedi, juillet 28, 2007
Les bobos n'ont pas peur du ridicule : il ne tue pas
Le Monde :
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Ariane Mnouchkine revient sur sa décision
La créatrice du Théâtre du Soleil a accepté, vendredi 27 juillet, sa nomination comme professeure [barbarisme] associée au Collège de France, bien que, la veille, elle refusait avec véhémence cet honneur (Le Monde du 27 juillet) après avoir lu le titre d'une information sur le site Internet liberation.fr qui la donnait "nommée par Nicolas Sarkozy". "L'information fait de moi une collaboratrice du régime de Nicolas Sarkozy [le régime de Nicolas Sarkozy ! On emploie ce vocabulaire pour une dictature, c'est ridicule], déclarait-elle alors au Monde. Je me sens piégée, instrumentalisée par la présidence de la République (...), et je ne l'accepte pas." Elle revient sur sa décision [on peut être une grande artiste et une imbécile qui change d'avis] : "Je ne vais pas faire de caprice auprès de gens que j'admire et que j'aime."
Depuis les années 1830, le chef de l'Etat a toujours entériné le choix de l'assemblée des professeurs du Collège de France, qui nomment librement leurs collègues. Le président de la République se contente d'entériner ce choix en signant le décret.
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Pour être plus sérieux : un sociologue (méfions nous tout de même) expliquait pendant la campagne électorale que l'anti-sarkozysme excessif, irrationel, de certains milieux, notamment artistiques et intellectuels (le cinéma, les profs), devait se comprendre non pas vers l'extérieur, vers la société, parce que l'outrances des propos leur enlevait toute crédibilité vis-à vis du grand public, que comme un signe de reconnaissance, d'appartenance, de milieux qui doutent, de leur avenir, de leur mission. Pour faire court, ce sont des arguments sectaires.
Or, ce sont ces arguments de nature sectaire qui dominent à gauche, tout simplement parce que la gauche s'est repliée sur elle-même, elle est devenue le camp des fonctionnaires et des assistés d'Etat. Cela représente une forte clientèle, mais l'empêche de représenter l'intérêt général.
Cette forte base clientéliste rend impossible à la fois le naufrage et le renouvellement. Ceci explique à mon sens l'état de grâce du de N. Sarkozy : face à une une opposition aussi médiocre, n'importe quel politicien prend des allures de César ou de Napoléon.
Pourtant, une critique raisonnable et forte du nouveau gouvernement me semble possible et même souhaitable. Mais il ne faut pas compter sur la gauche pour la faire, elle a décidé une fois pour toutes d'être bête plutôt que de prendre le risque de la réflexion.
mercredi, juillet 25, 2007
Henri Potier, la littérature jeunesse et l'école
Je sais qu'en écrivant cet article, je vais froisser des inconditionnels, qui ne vont pas manquer de me traiter de pisse-froid. Tant pis, c'est la vie.
Je ne connais rien des aventures d'Harry Potter, ni en livres ni en films. Je ne suis pas intéressé. Mais si d'autres le sont, tant mieux pour eux.
La où je commence à tiquer, c'est quand on me raconte que c'est formidable pour la lecture en France. J'aimerais partager cet enthousiasme, hélas je suis plus que sceptique.
Trop de littérature-jeunesse tue la littérature. Car la littérature-jeunesse, malgré ses qualités, présente deux énormes défauts :
> ces héros sont la plupart du temps des jeunes auxquels le lecteur peut s'identifier, cela empêche la prise de distance et peut se révéler traumatisant, ou au moins déstabilisant, pour de jeunes lecteurs. De plus, cela tue un des plaisirs de la lecture qui le dépaysement, le transport. On ne court pas ce risque avec l'Iliade, ce qui ne l'empêche pas, suivant les mots d'Homère, d'avoir ému des "générations nombreuses comme les feuilles d'automne".
> la littérature jeunesse infantilise le jeune lecteur, surtout quand le jeune n'est plus si jeune et ne s'en détache pas pour des oeuvres plus subtiles et plus complexes. A cet égard, je ne peux pas ne pas être dérangé par le nombre d'adultes qui lisent Harry Potter. Ce n'est qu'un symptôme parmi d'autres du brouillage des repères, de l'infantilisation des supposés adultes.
Enfin, un autre indice devrait éveiller l'attention, susciter la méfiance du lecteur prudent : l'éducation nationale est lancée depuis quelques temps dans une entreprise de décérébration des élèves, bien analysée par JP Brighelli dans son ouvrage La fabrique du crétin. Or, une des pièces maîtresses de ce programme d'anéantissement de l'intelligence, qui rencontre, hélas, un succès certain, est justement la littérature jeunesse.
On se grandit, on apprend et on prend confiance en soi en se confrontant à des oeuvres difficiles. J'ai eu plus de plaisir à lire Montaigne (à la troisième tentative) que n'importe lequel de mes bouquins de jeunesse.
D'ailleurs, un de mes premiers souvenirs de lecture marquante est d'avoir lu complètement L'archipel du Goulag à 13 ou 14 ans (quand je regarde les vieux tomes bien épais, je me dis que j'en tenais déjà une couche, mais c'est une autre histoire.) Ce fut une grande satisfaction, je n'ai pas eu la même en lisant la collection complète du Club des Cinq.
Je connais la réponse classique : je fais du snobisme d'intello en différenciant vraie littérature et littérature bas de gamme, dans laquelle je range la littérature-jeunesse. Mais, d'une part, c'est une faculté humaine d'exercer son jugement et je ne vois pas pourquoi je me retiendrai de dire que je trouve Homère supérieur à Oui-Oui et que j'ai des raisons pour cela ; d'autre part, il y a dans le reproche de discrimination un mépris injustifié.
En effet, derrière le reproche de discrimination, il y a le raisonnement suivant : si tu juges basse et haute littératures, il est entendu que la vraie littérature est bourgeoise et inaccessible aux pauvres, qui sont trop cons, donc il ne faut pas juger la littérature pour ne pas faire de peine aux pauvres.
Je fais le raisonnement inverse : il y a des oeuvres littéraires de plus ou moins grandes qualités. Mais les grandes oeuvres sont accessibles à tous à condition de le vouloir et de s'en donner la peine. Ce n'est pas l'oeuvre qui se baisse jusqu'au lecteur, c'est le lecteur qui se hisse jusqu'à l'oeuvre.
Evidemment, plus on part de loin, plus c'est difficile, c'est pourquoi il est si important que l'école donne des bases à tous afin que ceux désirent ou désireront poursuivre le puissent ; ça sera toujours le fait d'une élite, mais au moins ne sera-t-elle pas sélectionnée uniquement par le milieu social d'origine. Et je doute que les bases en question se trouvent, sauf comme un passage, une étape, dans la littérature-jeunesse.
Michel Ragon, aujourd'hui vénérable professeur au Collège de France, était jeune ouvrier quand un bouquiniste chenu l'a pris sous son aile. Il a commencé par lire les Classiques Larrousse par ordre alphabétique d'auteur, pas la bibliothèque rose. Autrement dit, c'était un lecteur débutant, mais il a commencé par lire de la littérature de ce qu'il était ou de ce qu'il aspirait à devenir, de la littérature d'adulte.
mardi, juillet 24, 2007
Le mariage transformé par ses célibataires mêmes
Je suis en accord avec le texte ci-dessous du regretté Philippe Muray.
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Le mariage transformé par ses célibataires mêmes
par Philippe Muray, écrivain*
Par-delà le néo-mariage, et quelques autres revendications divertissantes, c'est la réduction au silence du moindre propos hétérodoxe qui se profile, c'est l'écrasement légal des derniers vestiges de la liberté d'expression, c'est la mise en examen automatique pour délit de lucidité.
Le mariage est une invention qui remonte à la plus haute antiquité. Je parle du mariage à l'ancienne, cette institution conformiste, vermoulue et petite-bourgeoise qui véhicule depuis la nuit des temps « les valeurs hétéro-patriarcales et familialistes » pour m'exprimer comme Christophe Girard et Clémentine Autain.
Sauf erreur de ma part, cette mémorable conquête n'a pas été arrachée, l'arme à la main, de nuit, dans la précipitation et sous la menace des pires représailles, par une petite bande de fanatiques de la nuptialité bien décidés à se servir de la lâcheté des uns, de l'ambition des autres, de la démagogie tremblotante de tous, pour faire triompher leur cause. Nulle part ce type de mariage ne paraît avoir été imposé par la force. Ni en jetant à l'opinion publique un fatras précipité de raisonnements contradictoires afin d'extorquer d'elle, par sondage, une approbation apeurée. Il n'est pas davantage le fruit d'une volonté claironnée de mettre à genoux le pouvoir politique. Aucun gouvernement, à ma connaissance, n'a cédé aux partisans de la conjugalité dans la crainte de se voir accusé de gamophobie (du grec gamos, mariage).
Y a-t-il même eu « débat », à propos de cette importante « question de société », chez les Égyptiens pharaoniques, à Babylone, en Inde, à Lascaux, entre psychanalystes lacustres, sociologues troglodytes, militants de l'un ou l'autre bord ? En a-t-on discuté, dans le désert de Chaldée, à la lueur de la Grande Ourse ? A-t-on menacé de ringardisation les adversaires de cette nouveauté ? Les a-t-on accusés de ne rien comprendre à l'évolution des mœurs, de s'accrocher à des modèles désuets, d'alimenter la nostalgie d'un ordre soi-disant naturel qui ne relève que de la culture ? La Guerre des Games (de gamos, mariage, je ne le répéterai plus) a-t-elle eu lieu ?
Il semble bien que non. La chose, c'est horrible à dire, s'est faite toute seule, suivant la pente de l'espèce, laquelle sait si bien jouer sur les deux tableaux pour protéger ses intérêts, manier en même temps la carotte et le bâton, l'appât et l'hameçon, le désir de satisfaction sexuelle des individus et ses propres nécessités vitales de perpétuation, et emballer cela dans les mirages vaporeux de la pastorale romantique.
On a tout essayé, par la suite, avec le mariage. On l'a plié dans tous les sens. On a tâté de la polygamie, de la bigamie, de la monogamie, de l'adultère, du divorce à répétition, du mariage forcé, du mariage civil, du mariage religieux, du mariage d'argent, du mariage raté. On a même vu des mariages heureux. On a vu des mariages stériles et d'autres féconds, des unions dramatiques et des noces de sang. On en a fait des vaudevilles et des tragédies. Avec des placards pleins d'amants, des cocus en caleçon, des maîtresses acariâtres. Le mariage, en résumé, n'a été inventé que pour fournir des sujets de romans et pour assurer la chaîne sans fin des générations ainsi que le veut l'espèce.
Il n'en va pas exactement de même du futur mariage homosexuel, dont la genèse aura laissé tant de traces, à l'inverse de l'autre, qu'il sera aisé de la reconstituer. C'est que cette nouveauté ne va pas de soi, comme d'ailleurs la plupart des opérations expérimentales de notre temps.
L'époque moderne, dont l'essence même est le soupçon dans tous les domaines, explose en cette affaire dans une sorte d'opéra-bouffe stupéfiant où la mauvaise foi et le chantage se donnent la réplique inlassablement. C'est d'abord le code civil qui a été instrumenté. On a prétendu qu'il n'y était stipulé nulle part que le mariage était réservé aux personnes de sexe opposé. Les homosexuels militants se sont engouffrés dans cet « oubli » pour exiger, au nom de l'égalité des droits, « l'accès des gays et des lesbiennes au mariage et à l'adoption ».
L'exigence d'égalité est la grosse artillerie qui renverse toutes les murailles de Chine. La marche sans fin vers l'égalité absolue remplace, chez les minorités dominantes et furibondes, le défunt sens de l'Histoire. Pour ce qui est du code civil, d'abord paré de toutes les vertus, il n'a plus été qu'une sorte d'opuscule diffamatoire sitôt qu'on découvrit l'article 75, qui détermine que le mariage consiste à « se prendre pour mari et femme ». Peu soucieux de logique, les militants de la nouvelle union conclurent aussitôt à l'urgence d'une refonte de ce code que, l'instant d'avant, ils portaient aux nues. Et, en somme, puisque la loi est contre les homos, il faut dissoudre la loi.
Dans le même temps Noël Mamère, bonimenteur de Bègles, agitait son barnum ; et les notables socialistes se bousculaient au portillon de l'avenir qui a de l'avenir dans l'espoir de décrocher le titre de premier garçon d'honneur aux nouvelles épousailles. Le terrorisme et la démagogie se donnaient le bras sur le devant de la scène.
On « déconstruisait » en hâte le mariage à l'ancienne. On affirmait qu'il est aujourd'hui « en crise » quand la vérité est qu'il l'a toujours été, par définition, puisqu'il unit deux personnes de sexe opposé, ce qui est déjà source de crise, et que, par-dessus le marché, il les soumet à des postulations contradictoires, le mensonge romantique et la vérité procréatrice. On rappela, contre les réactionnaires qui lient mariage et reproduction, qu'il n'en allait plus ainsi depuis la révolution contraceptive (ce qui ne pouvait manquer, ajoutait-on, de rapprocher les comportements homos et hétéros), quand c'est en fait depuis toujours, et dans toutes les civilisations, que l'on a cherché, certes avec moins d'efficacité technique qu'aujourd'hui, à réguler la fécondité, c'est-à-dire à autonomiser la sexualité par rapport à la « reproduction biologique ».
En quelques jours apparurent les étonnantes notions de « mariage fermé » (antipathique, hétéro) et de « mariage ouvert » (sympathique) puis « universel » (supersympa). On publia des sondages dans lesquels la société française déclarait qu'elle était d'accord pour applaudir aux évolutions de la société française, mais de grâce, qu'on arrête de lui brailler dans les oreilles. Les partisans du néo-mariage expliquèrent à la fois qu'il ne fallait pas interpréter leur demande comme une volonté de normalisation ou comme un désir d'imitation mais qu'il y avait de ça quand même, et que d'ailleurs ils se moquaient des institutions dont ils étaient exclus, sauf que le seul fait d'en être exclus leur apparaissait comme un outrage.
Réclamant en même temps le droit à la différence et à la similitude, exigeant de pouvoir se marier par conformisme subversif et pour faire « un pied de nez à la conception traditionnelle du mariage » (comme l'écrivent encore les impayables Christophe Girard et Clémentine Autain), ils affirmaient aussi que ce même mariage, à la fois convoité et moqué, revendiqué pour être rejeté, et de toute façon transformé s'ils y accédaient jusqu'à en être méconnaissable, serait un remède souverain contre « l'alarmant taux de suicide » qui sévit chez les jeunes homosexuels, ce qui laisse supposer que ces derniers se suicident tous par désespoir de ne pouvoir convoler officiellement. On aurait pu imaginer d'autres motifs.
Mais ces réflexions tomberont très bientôt sous le coup des lois anti-homophobie qu'un gouvernement vassalisé par les associations se prépare en toute sottise à faire voter. Mieux vaut donc se taire. Par-delà le néo-mariage, en effet, et quelques autres revendications divertissantes (suppression de la mention relative au sexe sur les papiers d'identité afin d'en terminer avec les « problèmes kafkaïens rencontrés par les individus de sexe mixte, hermaphrodites, transsexuels, transgenres », ou encore « dépsychiatrisation des opérations de changement de sexe »), c'est la réduction au silence du moindre propos hétérodoxe qui se profile, c'est l'écrasement légal des derniers vestiges de la liberté d'expression, c'est la mise en examen automatique pour délit de lucidité.
Il est urgent que personne ne l'ouvre pendant que se dérouleront les grandes métamorphoses qui s'annoncent, dont ce petit débat sur l'effacement de la différence sexuelle est l'avant-propos. Le néo-mariage, dans cette affaire, n'est que l'arbre baroque qui cache la prison.
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Ce texte a été publié dans une version légèrement réduite sous le titre "La guerre du mariage a-t-elle eu lieu ?" dans Marianne (18/09/2004, page 79). Cette version intégrale est reproduite avec l'autorisation de l'auteur.
lundi, juillet 23, 2007
Politique de l'émotion, politique liberticide
Aussitôt, j'entends nos politiciens, la larme à l'oeil mais l'air martial et autoritaire, nous déclarer qu'ils vont « prendre des mesures » (1).
Espérons qu'ils s'en tiendront là et que les mesures promises seront enterrées.
En effet, cette côte de Laffrey est dangereuse, mais elle est signalée plutôt deux fois qu'une, je ne sais pas comment le chauffeur a pu faire pour ne pas réaliser (fatigue, autre ...).
« Prendre des mesures » supplémentaires serait traiter les conducteurs comme des enfants.
Je sais, il est de tradition en France que l'Etat traite les citoyens comme des enfants irresponsables qu'il a la lourde, très lourde, à en juger par les impots, tâche de protéger d'eux-mêmes.
Cependant, on peut trouver cela néfaste.
La politique de l'émotion fonctionne toujours sur le même mode : on se saisit d'un événement, d'une circonstance, provoquant l'émotion, pour faire passer une loi générale restreignant les libertés, avec, bien entendu, les meilleures intentions du monde.
Nul doute que si, par le plus grand des hasards, il y avait trois meurtres dans le même mois avec un économe (meurtres sadiques, parce que c'est long et douloureux de périr sous les coups d'un économe), on en viendrait à évoquer l'interdiction des économes dans les cuisines au profit d'éplucheurs de sureté (dix fois plus chers).
Le seul domaine, me semble-t-il, où les libertés ne sont pas restreintes est celui des moeurs. Un tribunal de Pennsylvanie vient de décréter qu'un enfant avait trois parents : un couple de lesbiennes et le donneur de sperme. N'est-ce pas ridicule ?
Je sens un lien entre le maternage étatique dans les activités publiques et la licence des moeurs mais je n'arrive pas à le formuler.
Un auteur plus ou moins antique doit déjà avoir écrit de fortes paroles, facilement transposables, sur le sujet du rapport entre la dictature et la décadence morale.
Un des érudits lecteurs de ce blog pourrait-il me conseiller ?
(1) : cette expression m'a toujours paru ridicule : c'est un tailleur qui prend des mesures. Passons.
Une armée à bout de souffle
Une transposition de l'armée britannique à l'armée française est très aisée.
En fait, on voit se matérialiser les craintes des opposants à la suppression du service militaire. Encore une mauvaise une mauvaise décision de J. Chirac ?
On a professionnalisé les armées sous prétexte que le métier de la guerre devenait de plus en plus technique, en vérité en espérant diminuer les effectifs et, à terme, les budgets (1).
Or, comme disent les anglophones, « size has a quality of its own ». La quantité est en soi une qualité. Et l'on en vient à manquer d'effectifs.
Je viens de finir le livre de mémoire, L'aurore vient du fond du ciel, de ce vieux con de Maurice Druon. En notre époque débile où l'idéal est plutôt le jeune branché, je donne sans ambiguïté au terme « vieux con » un sens affectueux.
Pour en revenir à nos moutons, Maurice Druon profite du récit de sa formation de cavalier à Saumur pour préciser que le service militaire (il insiste bien sur « militaire » et non « service civique », il a le courage des mots justes) est à son avis indispensable à la formation d'un homme accompli.
Savoir tirer, nettoyer une arme, tuer et ne pas tuer, bref se maîtriser dans les circonstances les plus tumultueuses avec la responsabilité la plus lourde qui soit, voilà un apprentissage qui manque à bien des Français.
(1) logique absurde résumée par un général anglais : « On nous a dit : avec les nouveaux matériels qui arrivent, des effectifs réduits suffisent. Et on a réduit les effectifs avant d'avoir le matériel promis. Maintenant, on nous dit : avec des effectifs si réduits, vous n'avez plus besoin de tout ce matériel. »
samedi, juillet 21, 2007
Quelques articles sur NS
Je ne crois pas qu'une telle critique était possible par ses opposants français : d'une part, encadrés par les tabous de leur propre camp, ils ne peuvent lui reprocher sa vraie faiblesse, qui est d'être petit bras ; d'autre part, à force de le caricaturer et de le diaboliser, ils perdent leur lucidité.
Sarkozy’s Ambitions Reach Wide, but Where’s the Depth ?
Et un de Darlrymple :
Delusions of honesty
Ce dernier article paraît être sur Tony Blair ? Certes, mais tant de remarques pourraient s'appliquer à Sarkozy ...
vendredi, juillet 20, 2007
Laissez-passer (B. Tavernier)
Ce film est assez mauvais : il raconte les histoires croisées de Jean Aurenche et de Jean Devaivre, un scénariste et un assistant, sous l'Occupation.
C'est l'accumulation des anecdotes, certes vraies, qui cassent le rythme de ce film. Pour cette raison même, il présente un intérêt de curiosité pour le cinéphile.
Encore plus plus intéressant : ce film a suscité une polémique dans le microcosme parisianiste sur la question de savoir si il ne souffrait d'une condamnable (Ah, ces professeurs de morale avec soixante ans de retard, ces Résistants à distance de décennies) nostalgie vichyste .
Question fort pertinente de la part de gens qui ont probablement voté Mitterrand, un à qui on ne la fait pas en matière de nostalgie vichyste. Mais je m'égare.
Il est vrai qu'on peut reprocher à ce film de ne pas évoquer l'aryanisation du cinéma, mais il n'avait pas vocation à raconter l'histoire du cinéma.
Ce qui me captive dans ce cas, ce n'est pas tant que Vichy soit "un passé qui ne passe pas", que la propension de certains à s'ériger en juges, en censeurs, bien pointilleux.
Je me demande si, pris dans la tourmente, ils auraient manifesté un tel souci du détail et autant de scrupules !
Combien le silence est moins ridicule.
Un mot de Nicolas Baverez
Voici un extrait d'un article de Nicolas Baverez.
C'est ce que je vous répète depuis des mois, voire des années, alors pourquoi vous le répéter une fois de plus ?C'est purement psychologique : ça me rassure.
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Rien ne justifie la dérive des comptes publics français. Le pays est en paix. Loin de traverser une crise, l'économie mondiale se trouve engagée dans le cycle de croissance le plus dynamique et le plus stable depuis un siècle. La quasi-totalité des pays développés se désendettent à marche forcée. Surtout, la dette découle de l'explosion de dépenses publiques qui ne résultent pas d'investissements, mais de l'expansion incontrôlée des effectifs du secteur public (5,2 millions de fonctionnaires contre 4 en 1990) et des transferts sociaux (32 % du PIB). Avec un impact direct sur le blocage de la croissance, la dégradation de la compétitivité (28 milliards d'euros de déficit commercial, contre 162 milliards d'excédents pour l'Allemagne), le gel du pouvoir d'achat (300 milliards d'euros de prélèvements sociaux pour 350 milliards de salaires versés), la rémanence du chômage de masse.
Le rétablissement des finances publiques n'est donc pas une variable d'ajustement de la politique économique, mais la clé de la rupture. Il n'est pas dicté par les critères de Maastricht mais par l'intérêt national. Il répond à une logique économique et financière mais plus encore politique, parce qu'il conditionne la restauration de la crédibilité et de l'indépendance du pays. D'où la nécessité de faire ce qui a été constamment écarté ou reporté par le passé, à savoir une réforme drastique du secteur public. Avec la réunion d'une « commission de la hache » dès l'été 2007 pour endiguer un déficit avoisinant les 50 milliards d'euros à fin mai, le non-remplacement d'un poste de fonctionnaire sur deux partant à la retraite dès le budget 2008, le lancement d'un réexamen systématique des politiques publiques d'ici à 2009. Dans la protection sociale, avec l'anticipation de la négociation sur les retraites et la suppression des régimes spéciaux d'une part, la responsabilisation des consommateurs et des producteurs de soins d'autre part. Dans les collectivités locales, où il faut cesser de faire de la décentralisation la mère de toutes les gabegies.
« Il faut trouver un moyen de préserver les générations à venir de la cupidité des générations présentes » , soulignait Napoléon. Dans le passé récent, l'Etat a non seulement encouragé la cupidité des baby-boomeurs, mais été le vecteur privilégié des principes malthusiens et protectionnistes, des pulsions xénophobes et antilibérales qui ont coupé la France du monde du XXIe siècle. Depuis trop longtemps, l'Etat fonctionne pour l'Etat et pour ses agents. Il doit être remis au service de la France et des citoyens.
mardi, juillet 17, 2007
Des films tendancieux
Par "tendancieux", je veux dire que la vérité n'a pas de parti, et que la licence artistique ne doit pas servir de masque à des mensonges.
L'affaire Dreyfus n'est pas le sujet du film, mais le contexte (graffitis, journaux, propos de table) laisse à penser que toute la France, ou, tout au moins, toute la province, des années 1890-1900 était anti-dreyfusarde et antisémite. Il aurait été judicieux de présenter par exemple un instituteur dreyfusard.
Que je sache, Dreyfus a fini par gagner, non ? C'est bien qu'il devait y avoir quelques dreyfusards ? Il est pour le moins contraire à la loi des probabilités qu'on n'en voit aucun dans le film.
Le carton final fait un parallèle entre les victimes d'un tueur en série et les enfants morts dans les mines.
Je sais bien que les patrons sont par essence des salauds altérés de sang. Mais, tout de même, ce carton n'est-il pas d'un ridicule affligeant ?
Dans Raisons d'Etat, de Robert de Niro, j'ai trouvé aussi un propos désarmant de gauchisme : l'armée rouge serait dès 1945 tombée en ruine et la menace soviétique n'aurait été qu'une invention paranoïaque américaine pour justifier son complexe militaro-industriel.
Cette thèse a été en vogue dans le microcosme germanopratin dans les années 90 chez les gens qui n'arrivaient pas à faire le deuil de leur ex-future place de conducteurs (éclairés, forcément éclairés) du peuple vers la terre promise du communisme.
Certes, ce propos vient dans la bouche d'un espion russe dans une situation ambigüe et peut être de la désinformation pure. Mais les spectateurs feront-ils cette analyse ?
Vous me direz que le cinéma français vivant pour moitié d'extorsion de fonds publics (on appelle ça des subventions), il est bien normal qu'il promeuve l'ouvriérisme, le misérabilisme et professe la vulgate gauchiste du Souverain Bien par la Gauche Rédemptrice et Saint Oseille Etatique, par opposition à l'effort et à la responsabilité individuels et aux Salauds de Patrons.
Si il n'est pas difficile de trouver dans le cinéma américain de genre "patriotique" une tendance orientée à droite, dans le cinéma français, on est de gauche à en être bête comme ses pieds (c'est-à-dire partisan, obtus, borné, et, bien entendu, toujours convaincu qu'on est le Bien et la droite le Mal).
Ca n'est pas sans me rappeler le milieu enseignant, sauf que, Dieu me tripote, je trouve les enseignants plus ouverts (ça y est, j'en vois deux ou trois qui viennent d'être foudroyés par une crise de fou rire incontrôlable).
Les fonctionnaires : moins y en a, plus y en a
Par exemple, le départ de militaires vers le privé est presque exactement compensé par les créations de postes à l'ANPE (vous savez, les gens dont le chomâge des autres est le gagne-pain).
Les refus de renouvellements de surveillants payés par l'Etat aboutissent à des créations de postes de surveillants payés par les collectivités locales.
Vous êtes surpris ? Moi pas. Les fonctionnaires sont embauchés dans une certaine organisation avec un certain statut pour certaines missions.
Puisqu'il n'y a de véritables changements ni dans l'organisation (quand supprime-t-on les départements ?), ni dans les statuts (quand supprime-t-on les corps ?), ni dans les missions (quand privatise-t-on l'instruction ?), bref, puisque rien ne bouge vraiment, il est tout à fait logique que les effectifs ne bougent pas non plus.
"Et la fameuse rupture sarkozyenne ?", me direz vous. Le Nicolas, il fait du bruit avec la bouche, pour le reste ...
lundi, juillet 16, 2007
Le triste destin de Mireille Balin
Elle était considérée comme l'une des plus belles actrices françaises : on disait qu'elle avait la plus belle chute de reins de Paris.
En 1944, son cas n'était pas très différent de celui d'Arletty par exemple, mais -manque de chance, d'appuis, de toupet ? - elle souffrit beaucoup plus.
Peut-être fut-elle aussi victime des rôles peu sympathiques de vamp qu'elle jouait habituellement ? La fiction aurait ainsi jeté une ombre sur la réalité.
Victime de l'épuration, violée et battue, puis emprisonnée, déjà de santé fragile, elle ne s'en remit jamais et sombra dans la misère.
On n'a peut-être pas assez conscience que l'épuration spontanée, plus qu'une oeuvre de justice, fut une oeuvre de vengeance, de règlements de compte et de reprise en mains par les hommes, humiliés par la défaite, de femmes libérées, par la même défaite, pendant les années folles, pour certaines, de l'occup'.
Le milieu du cinéma, habitué des bruyantes embrassades publiques et des grands déclarations d'affection, oublia Mireille Balin et elle échappa de peu à la fosse commune.
Seul Jean Delannoy assista à son enterrement.
Son fantôme plane, non pas comme un remords, car il faudrait ne pas l'avoir oubliée pour qu'elle suscite le remords, mais au moins comme un reproche, sur le cinéma français.
Le Liban par le colonel Monnerat
Deux poids, deux mesures
(1) : trop d'endogamie, de connivences, de bien-pensance, de barbichettes qui se tiennent ...
samedi, juillet 14, 2007
Au bonheur des DVDs
La combinaison de ces deux facteurs fait que je me gave de vieux films achetés entre 5 et 10 €. Je vous détaille quelques sujets de prédilection, l'aviation et la seconde guerre mondiale (je vous parlerai des documentaires une autre fois), par ordre de préférence :
> L'armée des ombres : un grand film de Melville avec de grands acteurs français (Meurisse, Signoret, Ventura, Cassel). Un des meilleurs des films, dans l'absolu, à mon sens.
> Casablanca : hors catégorie. Comme l'a très bien expliqué Umberto Eco, un film avec 20 clichés est un navet, un film avec un cliché par minute est un chef d'oeuvre. We'll always have Paris. FFFF
> Un homme de fer (Twelve o'clock high) : film avec Gregory Peck. Inspiré de l'histoire du général Savage : une escadrille de B17 est démoralisée par les pertes des premiers bombardements diurnes en Europe à tel point que c'est la stratégie qui risque d'être remise en cause.
Un jeune général reprend tout cela en main. C'est aussi un cours de management sur les dangers de la démagogie et les vertus de la rigueur, et aussi de la nécessité de payer d'exemple.
FFFF
> They're expendable. Un film de John Ford sur les PT boats, dont a fait partie JF Kennedy, sacrifiés dans les Philipinnes. FFFF
> In harm's way : un film d'Otto Preminger dans la tonalité des grands films sur Pearl Harbor : une Amérique insouciante et un rien immorale est surprise par la guerre, il y a ceux qui font face, et les autres, balayés par les événements. FFFF
> Ouragan sur le Caine : la guerre est largement un prétexte. Des officiers se montent le bourrichon contre leur capitaine. FFFF
> La bataille d'Angleterre : un film grandiose avec une symphonie composée exprès pour la bataille finale. FFFF
> Tant qu'il y aura des hommes (From here to eternity) : Burt Lancaster et Deborah Kerr se roulant dans les vagues. A la fin, l'attaque de Pearl Harbor balaye les futilités. FFFF
> Les sentiers de la gloire : K. Douglas et S. Kubrick. Film longtemps interdit en France. En 1916 (?), un général paranoïaque, sadique et ambitieux, exige des exécutions pour l'exemple, arguant que sa folle offensive a échoué du fait de la lâcheté des hommes. Un colonel résiste. FFFF
> La patrouille de l'aube : avec David Niven jeune ! De jeunes gens apprennent la responsabilité dans une escadrille de chasse en 1916. FFFF
> Un Taxi pour Tobrouk : un film amer, dialogues d'Audiard. Un commando français et leur prisonnier allemand sont perdus dans le désert lybien. "Une brute qui marche va plus loin que deux intellectuels assis". FFFF
> Tora Tora Tora : à sa sortie, on avait reproché à ce film sur Pearl Harbour son coté documentaire. Pour moi, c'est plutôt ce qui en fait le prix. FFF
> Vivre libre : un film de Renoir fait en Amérique pendant la guerre. Bien sûr, une vision de la Résistance un peu romantique, mais c'est tout de même du Renoir. FFF
> Air Force : film d'époque. Un équipage de B17 est pris dans la tourmente suivant Peal Harbor. FFF
> Band of brothers : exceptionnellement, une série TV. Mais elle est de haute qualité. Etant produite par Spielberg et Tom Hanks, elle tombe dans l'hyper-réalisme que je reproche à Saving Private Ryan, mais elle se rattrape par la rigueur du scénario et de la réalisation. FFF
> The war lover : Steve Mc Queen en pilote de B17 fou mais génial. Faut-il aimer la guerre ? FFF
> Wings of eagles : un film de John Ford sur Frank Wead, aviateur paralysé suite à un accident domestique devenu scénariste à Hollywood, notamment de They're expendable (voir plus haut). FFF
> Seuls les anges ont des ailes. J'ai une tendresse pour ce film des années 30. FFF
> Les diables de Guadalcanal : un bon film de Nichola Ray. FFF
> Un pont trop loin : encore une reconstitution de bataille célèbre. Celle d'Arnhem. Sean Connery très bien. FFF
> Patton : le célèbre général pendant le 2ème GM. FF
> Le patient anglais : de superbes images, mais une réalisation froide. FF
> Catch 22 : une escadrille folle. FF
> Les douze salopards : assez rigolo, sans prétention. FF
> Opération V1 : un film avec des tas d'images de Mosquitos. Sans prétention également, amis agréable, genre cinéma de quartier.
> Midway : film sur la bataille en question. FF
> Le jour le plus long : à grand spectacle FF
> La bataille des Ardennes : film avec John Fonda. Très farfelu historiquement mais prenant. FF
> Le père tranquille : une gentille bluette sur la Résistance. F
> La bataille du rail : un film à la gloire des cheminots. Bof. F
> Saving private Ryan : la Normandie vue par Spielberg, inutilement violent, dans le genre "néo-réaliste" hollywoodien. On essaie d'être hyper-réaliste quand on n'a rien dire. F
L'Euro : tactique ou problème plus profond ?
Le taux de change de 'l'Euro n'est donc pas le vrai problème économique de la France.
Le problème économique de la France à l'exportation est parfaitement connu, c'est un problème d'offre :
> Problème de compétitivité général des pays riches aggravé en France par le faible nombre d'heures travaillées (35 h + chomâge + pré-retraites + étudiants attardés)
> Problème de positionnement : globalement, à part Airbus et Areva, la France ne fabrique pas des produits à la pointe de la technologie, elle fait des produits de moyenne gamme (par exemple les voitures) qui font moins de marges et sont plus facilement concurrencés par les pays émergents.
Je pense que, dans ce contexte, l'absence de fonds de pension nationaux est quasi-criminel. Pourquoi ? Parce que des fonds de pension permettraient de nourrir la croissance des PMEs innovantes.
Or, ne voilà-t-il pas que Nicolas Sarkozy :
> promeut la prétendue surévaluation de l'euro comme un problème majeur.
> s'oriente vers une politique de la demande.
> repousse toute création de fonds de pensions (nos imbéciles gauchistes qui les ont diabolisés ont oublié qu'il y a mille et une modalités possibles et que le principe des fonds de pension -épargner pour sa retraite- est en soi moral.)
Alors, il y a une question évidente : est-ce de la part de Nicolas Sarkozy une tactique consistant à cacher ses véritables intentions (M. Thatcher n'avait pas hésité à dissimuler ses projets quand elle n'était pas en position de force) ou est-ce réellement une erreur fondamentale d'analyse de la situation ?
Je penche pour la deuxième hypothèse.
Il me semble qu'il manque au gouvernement Sarkozy un fondement libéral tout simplement parce qu'il manque d'hommes aux idées libérales. La présence comme proche conseiller d'Henri Guaino (ex-commissaire au plan !!! Titre qui me fait toujours rire pour ne pas pleurer), qui avait par ailleurs écrit un article dans les Echos expliquant que la dette publique n'était pas grave puisque l'épargne privée la compensait (amalgame qui laisse supposer que la propriété privée a pour vocation de servir l'Etat), n'est pas pour me rassurer.
vendredi, juillet 13, 2007
Pour prolonger notre discussion sur les homosexuels, le changement climatique et tout ce genre de choses ...
Au fond, je pense que le mariage homosexuel est grotesque et la légalisation de l'adoption par des couples homosexuels immorale (quand on a choisi de vivre une vie différente, il faut l'assumer et non pas exiger de la société que se soit elle qui s'adapte et les enfants qui trinquent.). Pourrais-je exprimer cette opinion publiquement, à la radio par exemple, sans me faire insulter ? Je ne pense pas.
Sur des sujets aussi creux que le prétendu "changement climatique d'origine humaine", il est déjà dangereux d'affirmer qu'on ne sait rien. Je me suis fait traiter de "révisonniste climatique", l'expression, délicieusement ridicule par ailleurs, laisse évidemment supposer que je ne suis pas loin d'avoir les valeurs et la probité intellectuelle de M. Faurisson.
Dans ces cas là, je me dis qu'il vaut que je rentre chez moi, que j'ouvre Montaigne et que je cesse de prendre le risque de rencontrer des ânes pareils.
En fouillant les articles de Dalrymple (objet du message précédent), je suis tombé sur celui-ci :
Freedom and his discontents
Tiraillé entre le remords de vous proposer un texte en Anglais et la paresse de vous le traduire, j'ai fait appel à l'outil de traduction Google et j'ai laissé le résultat intact, à quelques corrections mineures près afin d'améliorer la compréhension, pour que vous puissiez vous enorgueillir de la supériorité de l'homme sur la machine.
La traduction commence au moment où l'auteur explique pourquoi il a été bien content d'avoir une excuse pour ne pas aller à la BBC pour donner son avis sur l'opération d'un transexuel autrichien âgé de 12 ans.
Heureusement, j'ai eu une bonne excuse à ne pas apparaître sur le programme, bien que pourquoi je devrais avoir estimé que j'ai eu besoin une excuse soit elle-même peu une impaire. En tout cas, j'ai eu un enclenchement de dîner à l'heure de l'émission, qui m'a libéré de tout le sens d'engagement. J'ai senti un soulagement presque physique.
Immédiatement, de la façon d'un intellectuel professionnel, j'ai commencé à analyser les raisons de ceci. La réponse ni ne flattait à moi, ni rassurait au sujet de l'état de notre liberté. Si j'avais parlé mon esprit, sans laisse ou obstacle, je devrais avoir dit que ce que je suspecte une majorité de personnes très grande penser : ce là est quelque chose de grotesque, et répugnant égal, au sujet de l'idée même de sexe-change, encore moins de sexe-change pour douze années-vieux. Un sentiment de répugnance n'est pas un argument moral complet, naturellement ; quelque chose de plus profond est exigé. Néanmoins, une intuition qui une action ou une politique est profondément erronée est le commencement, sinon la fin, de la réflexion morale.
Cependant, le fait est (si je suis véridique) qu'une certaine crainte ou pusillanimité a présenté dans mon soulagement que je ne devais pas annoncer à ce sujet. Si j'avais fait l'émission, j'aurais dû m'asseoir vis-à-vis d'un avocat de transport-sexualisme dans le studio (ainsi le producteur m'avait dit), et être vrai à me et à mes avis que j'aurais dû dire elle/lui, devant une assistance de beaucoup de millions de milliers sinon, que j'ai pensé que quel il/elle avait fait était fondamentalement égotiste et antisocial. Sachant le format pour les programmes par radio, il était peu probable que j'aurais pu donner mes raisons de la pensée ainsi ; et je suis en général peu disposé donne l'offense gratuite à une personne particulière, en partie de poltronnerie morale et en partie d'une croyance que donner d'une telle offense est une mauvaise chose en soi.
Mais je me rendais également compte que transport-sexuels constituent maintenant un groupe considérable d'entrée, pas en raison de leur nombre, qui est inconsidérable, mais en raison de l'appui de cette partie de l'intelligentsia qui voit la dissolution des frontières (morales) sinon comme le travail de Dieu exactement, au moins comme le travail de l'élite morale. Ils avaient combattu des frontières (morales) pendant des années.
Bien, lequel de cela ? Nous certainement ne vivons pas dans une société dans laquelle on doit craindre les coups de minuit sur la porte parce qu'on a fait un pas hors de la ligne en exprimant des avis défectueux. Pourtant les groupes d'entrée (entrée = lobby) et leurs alliés néanmoins ont une manière d'exiger un prix de l'expression des vues très différentes de leurs propres. Ils peuvent dépeindre cette personne qui s'oppose à eux en tant que peu raisonnable et fanatique, en tant que certain genre de cerveau en petits pois antédiluvien. Et le fait est qu'ils sont probablement disposés à mettre plus d'effort dans faire ceci que la personne qui s'oppose à eux n'est disposée à mettre dans défendre son avis, parce qu'il une personne pas de monomane ou d'un-question, à la différence au moins de certains de ses adversaires. La vérité est que je ne m'inquiète pas infiniment de transport-sexualism, et ainsi je n'ai pas voulu risquer même un peu d'opprobre public des personnes de droit-pensée sur le sujet. Les cieux ne tomberont pas si un douze-année-vieux garçon autrichien obtient sexe-changent, après tous ; et il y a, pour adapter légèrement une énonciation d'Adam Smith, une affaire de ruine dans une civilisation.
Ainsi nous voyons comment le changement social, d'une sorte opposée à la majorité de la population, peut survenir : personne ne peuvent s'avérer pour s'opposer à lui fortement, parce que le changement individuel n'importe pas que beaucoup, à moins qu'aux bénéficiaires, et au prix de s'opposer à lui soit rendu trop haut. Des précédents sont placés, et placent une fois, suivi ; il n'y a aucun dos allant (going back = retour en arrière). Les omelettes jamais peuvent ne encore devenir des oeufs ; ou, pour changer la métaphore, le génie ne revient jamais à la bouteille.
Il était que les gouvernements étaient la plus grande menace à la liberté d'expression, mais maintenant c'est pression sociale de la sorte que j'ai décrite qui menace la discussion. J'ai réalisé la première fois ceci quand j'ai écrit un article concernant une condition connue sous le nom de syndrome chronique de fatigue (la dépression, en gros), remettant en cause - je dois admettre, en moins de des limites d'émollient - la vue ferme de ceux qui souffrent de elle, à savoir ce c'est un état viral plutôt que psychosocial (Dalrymple a écrit un article pour dire que la dépression était plus un auto-apitoiement approuvé par la société, remboursé par la sécu, qu'une vraie maladie).
Ce que je n'avais pas réalisé alors j'ai écrit étais que les victimes de la fatigue chronique étaient, en fait, inlassablement en activité à la défense de leur vue de leur état, et n'amuserais aucun autre. Était pas plus tôt l'article édité que j'ai commencé à recevoir des protestations par le téléphone et le poteau, souvent fonte dans la langue désagréable et abusive ; mon hôpital a reçu des appels pour mon renvoi ; même un ministre de gouvernement a été contacté.
J'ai découvert quand j'ai parlé à d'autres journalistes qui avaient écrit ou à émission dans le sujet à peu près identique de veine semblable qui le traitement que j'ai reçu aux mains du chroniquement fatiguées était comparativement doux, peut-être en raison de mon obscurité et faible importance. Des journalistes de télévision en particulier ont été incités pour souffrir, parce que la longue réception appelle au milieu de la nuit, un barrage des insultes et ainsi de suite, souvent pour mois après mois, de sorte que leur sommeil ait été chroniquement dérangé. Pas étonnamment, elles n'ont jamais résolu pour toucher le sujet encore (elles ont résolu de ne plus jamais aborder le sujet) : pour elles, après tout, c'était seulement un sujet parmi beaucoup, alors que pour les protestataires c'était le sujet des sujets. Même les chercheurs comparativement discrets, qui ont écrit en beaucoup plus de termes gardés, m'ont dit que s'ils déviaient par un prendre ou tittle de la ligne proposée par chroniquement fatigué, ils ont été inondés avec des protestations. Un, un professeur éminent, dit me qu'il s'était senti presque sous le siège.
Et l'argument est allé ainsi par défaut : et on a permis à seulement une vue d'écrire la conscience publique (on a permis à une seule opinion de s'imprimer dans la conscience du public). La question n'est pas si chroniquement fatigués sont exacts dans leurs vues , mais s'ils devraient essayer de raccourcir la discussion légitime de cette façon.
Soyons honnêtes : il y a peu de nous qui n'ont jamais senti la tentation d'amortir (de faire taire) ces imbéciles et les canailles qui ont des vues différentes de nos propres. Elles doivent, après tout, être stupides ou malveillantes (ou, naturellement, tous deux). Si les moyens de les amortir étaient actuels (disponibles), nous serions douloureusement tentés pour les employer.
Lesquels de nous écoutent sans impatience et même colère les arguments de nos adversaires ? Si vous croyez qu'il faut chauffer global comme résultat des activités de l'homme, pouvez-vous demeurer les arguments évidemment tordus des sceptiques, être dans dont le salaire, ou au moins dans le thrall mental à, les multinationales de pollution ? Ou si vous croyez qu'Al Gore veut seulement augmenter la puissance des gouvernements, de préférence avec lui responsable du plus grand de elles, pouvez vous écouter sans élévation de fréquence du pouls et tension artérielle les arguments des climatologists qui insistent sur le fait que c'est nous - je veux dire, nous les humains - qui causent une élévation dans la température globale ? Ce qui est Pilate de plaisanterie par vérité, et ne resterait pas pour une réponse (qu'est-ce que la vérité, demanda Pilate en plaisantant, et ne resta pour entendre la réponse).
La La Rochefoucauld a indiqué que l'amour de la justice chez la plupart des hommes est seulement crainte de l'injustice de souffrance (de souffrir de l'injustice). Par analogie, l'amour du discours libre chez la plupart des hommes est seulement crainte de l'fermeture vers le haut (shut up = se taire). S'ils étaient un peu plus fort qu'ils sont, ils auraient juste les monologues, le plus agréable de toutes les formes de la parole. Qui parmi nous n'a pas participé à une conversation dans excepté laquelle son souci principal était avec ce qu'il allait dire après, à peine prenant la peine en attendant d'écouter les autres, pour attendre une pause dans laquelle il peut exclamer ses mots merveilleux ?
La menace pour libérer la parole n'existe pas, donc, seulement dans les gouvernements, mais à nos coeurs. Et dans le monde moderne, une menace particulière vient des monomanes de droit-pensée qui s'associent pour constituer des groupes de pression. Avec le déclin dans l'idéologie grande du socialisme, nous n'avons pas vu le déclin de l'idéologie, mais l'élévation de micro-idéologies. L'idéologie a été divisée en fragments et privatisée, comme elle étaient, mais elle demeure juste comme idéologique. Et peu de plaisirs sont plus grands que ceux de l'exercice de la puissance, particulièrement au nom du bien le plus grand. Pour être puissant et vertueux, comment délicieux ! Svp ne pas répondre à toute partie de cet article. Je ne le lirai pas : Je sais que j'ai raison.
Pourquoi les intellectuels aiment le génocide
Je partage souvent ses points de vue, fort éloignés du politiquement correct et de la bien pensance, mêlant libéralisme et conservatisme assumés.
Par contre, j'ai bien du mal à adhérer à son noir pessimisme. Il rejoint cependant Marc Fumaroli sur un point qui a mon accord : la culture pour tous promue par nos gouvernements (britannique et français), c'est plus de culture du tout.
J'ai déjà évoqué l'hypothèse que l'hostilité des intellectuels au le libéralisme était du au fait que celui-ci ne se préoccupe pas de leur accorder une place éminente. Le prétendu génocide dont il est question est celui des aborigènes d'Australie :
Why intellectuals like genocide
Pendant que j'y suis :
The case for mistrusting Muslims
mercredi, juillet 11, 2007
Deux phrases de Maggie trouvées dans la NRH
Et si cette conception permettait des choix plus justes ? Car, il est fondamentalement injuste que l'Etat se donne pour mission de redistribuer les revenus.
« Les militants homosexuels n'exigent plus seulement le droit à une vie privée mais l'approbation de la société pour leur style de vie gay, l'égalité de statut avec la famille hétérosexuelle et même le droit d'exploiter l'incertitude sexuelle des adolescents. »
Brutal, mais est-ce faux ? Et si la brutalité, dans sa franchise, permettait de revenir à plus de mesure et de raison ? Je l'ai déjà écrit : je suis choqué par la légalisation de l'adoption par des couples homosexuels. On pourra me raconter ce qu'on voudra, du point de vue de l'enfant, un couple homosexuel n'est pas un couple « comme les autres ».
mardi, juillet 10, 2007
La simplicité ? La sobriété ? Quelles horreurs !
La fiscalité "à la française"
Et pourtant, nous allons faire tout le contraire de la simplicité prônée.
A croire que nos gouvernants cherchent à compliquer tout ce qu'ils touchent, pour justifier leur existence. Car, si les choses étaient simplifiées, nous finirions par nous apercevoir que nous pouvons nous passer d'eux sans grand dommage.
Je ne puis m'empêcher de faire des comparaisons entre notre classe politique actuelle et l'aristocratie d'ancien régime. Ca sera l'objet d'un prochain message.
lundi, juillet 09, 2007
Retour de vacances
Sotchi a les JO d'hiver : après Pékin, le CIO organise un concours de dictatures ? A quand les JO au Soudan ou au Venezuela ?
Vive l'ouverture ? Je crois que cette histoire d'ouverture du gouvernement Sarkozy est de la pure manoeuvre politicienne du plus bas étage, qui agite le microcosme politico-médiatique mais n'émeut pas les "vrais gens". La seule mesure de cet ordre claire et sans bavures a été de donner la présidence de la commission des finances à un socialiste. Le reste, c'est du battage pour épater la galerie et obscurcir la situation.
Vive le déficit ? Le gouvernement semble bien parti pour ne pas combattre les déficits publics, suivant l'absurde logique pseudo-keynésienne (1) qui sert de masque à la lâcheté de nos gouvernants de tous bords depuis des décennies et qui fait se tordre de rire nos voisins (au moins ceux qui ont de l'humour) (2). Le sarkosysme est un chiraquisme ! C'est bien ce que je craignais depui le début, quelle calamité d'avoir eu à choisir entre la peste et le colérique.
(1) : les déficits publics entretiennent des catastrophes économiques dont le remède serait plus de déficits publics qui entretiennent des catastrophes économiques dont le remède serait plus de déficits publics qui entretiennent des catastrophes économiques dont le remède serait plus de déficits publics qui etc etc etc ...
(2) : rappelons que le creusement des déficits publics n'est admissible que, passagèrement, pour financer de suite des baisses d'impôts dont la pérennité est garantie par une baisse des dépenses publiques à brève échéance (moins un tiers de fonctionnaires au Portugal sur deux ans par exemple). Ce qui n'est pas du tout la politique revendiquée par le gouvernement Sarkozy-Fillon, qui présente la baisse des effectifs de fonctionnaires de 0,5 %/an comme un exploit de portée mondiale. Il est vrai que le ridicule ne tuant pas, ils auraient tort de se priver.
Le poète et le roi (M. Fumaroli)
FFF
Comme d'habitude, c'est un bonheur de lire Fumaroli en notre époque vulgaire. L'auteur redonne à La Fontaine et à ses fables leur valeur politique qui n'échappait pas aux contemporains.
C'est l'éternelle lutte de la France des Valois (et des girondins, et de la IIIème République) contre la France des Bourbons (et des jacobins, et de la Vème République).
Ce n'est pas sans arrière-pensées politiques que Louis XIV a fini par autoriser son entrée (tardive) à l'Académie avec cette phrase : "Il a promis d'être sage."
Comme parallèlement, je lisais Les mouchoirs rouges de Cholet, de Michel Ragon, roman sur la renaissance d'un village vendéen après le passage des colonnes infernales, il y avait des échos.