Affaire Halimi, la sortie d'Aymeric Caron censurée
Un con, ça ose tout, c'est bien connu depuis Audiard. Et tout le monde sait qu'Aymeric Caron est un con de première grandeur. Un vrai con, authentique, avec tous les diplômes et les tampons.
Un de ces sots, dont Montaigne dit qu'il est impossible de discuter avec eux de bonne foi (c'est d'ailleurs le problème fondamental des invités chez Ruquier : ils ont tort d'accepter l'invitation, puisqu'ils savent qu'aucune conversation sensée ne sera possible avec Caron).
Toujours est-il que, là, il fait très fort : venir à une émission sur Ilan Halimi avec des statistiques de meurtres d'enfants palestiniens par l'armée israélienne et tenter au passage de justifier Mohammed Merah, il fallait oser. Les horreurs d'un coté ne justifient pas celles de l'autre (d'autant plus que Merah a tué des enfants désarmés volontairement, ce qui n'est pas le cas de l'armée israélienne).
Mais bon, quand, dans un milieu endogame et autarcique comme celui des journalistes (ou des profs), une opinion débile est rendue quasi-obligatoire par la tribu, on ne comprend plus sa stupidité qu'au moment où on l'exprime devant des gens normaux, qui ne sont pas abrutis par la pression sociale de la tribu.
C'est ce qui est arrivé à Caron. Parce qu'il est plus con que la moyenne, il n'a pas eu l'intelligence de fermer sa grande gueule.
mercredi, avril 30, 2014
Pendant ce temps, en Grande-Bretagne ...
Une arrestation politique, évidemment en rapport avec un blasphème contre l'islam
(dites moi que ça ne pourrait pas arriver en France)
Un Guaino anglais, c'est-à-dire libéral
Un Guaino anglais, c'est-à-dire libéral
Libellés :
Armagnacs et Bourguignons,
Grande-Bretagne
lundi, avril 28, 2014
Le mécontemporain (A. Finkielkraut)
L'élection d'Alain Finkielkraut à l'Académie Française m'a donné envie de lire ce livre. Je me doutais qu'il allait m'intéresser.
De Péguy, on ne connaît plus qu'une image : le chantre de la patrie charnelle, tué à l'ennemi en septembre 1914 après des vers prémonitoires. Certains, plus cultivés, se souviennent aussi du fils de la rempailleuse de chaises, normalien et dreyfusard.
On comprend immédiatement pourquoi Finkielkraut a eu la bonne idée d'exhumer Péguy : il était tellement visionnaire qu'il tombe à pieds joints dans les débats actuels.
Finkielkraut commence par faire un sort à la colère de Péguy. En effet, Péguy s'exprime quasiment toujours sur le ton de la colère (ce qui est lassant). On a mis cela un peu aisément sur le compte de l'ambition frustrée. Finkielkraut fait remarquer qu'il y a des cas où l'homme en colère a raison et l'intellectuel détaché et serein tort.
Péguy détestait la modernité parce qu'elle créait un homme déraciné et «surplombant», ne faisant plus partie du monde mais le regardant de haut comme une chose infiniment malléable, y compris les autres hommes. L'homme moderne croit pouvoir se créer lui-même et ne rien devoir.
L'image du bois et du fer est explicite.
Le bois est un matériau à l'ancienne : il a ses veines, ses courbes, ses noeuds, son histoire. Il est une donnée. Tout l'art du menuisier ou du sculpteur est d'en tirer le meilleur. Un coup de ciseau de trop et c'est foutu. L'homme est sur le même plan que le bois.
Le fer est un matériau moderne. Il est putassier. Il n'est pas une donnée, il se donne. Une fois fondu, il n'a plus d'histoire. Il est ductile, soudable, on peut corriger les erreurs. Il se soumet sans rechigner aux calculs.
Pareil pour la science, on est passé de l'observation à l'expérimentation. L'observation, c'est la nature qui se donne à voir. Une expérience, cela consiste à mettre la nature dans une situation artificielle aux convenances de l'homme.
Vous voyez, Péguy n'aurait absolument pas été surpris par le «mariage pour tous». Péguy invente un mot pour qualifier le monde moderne : la «panmuflerie», la muflerie en toute chose. Incidemment, on comprend à quel point nous méritons François Hollande, le président mufle.
Où est le problème de la modernité ? C'est qu'elle ampute l'homme de sa dimension la plus importante, sa dimension spirituelle. Avec la dimension spirituelle, c'est la dimension historique qui disparaît car nous sommes des héritiers avant tout par l'esprit et par la culture. Péguy fait remarquer que nous avons le devoir de protéger les morts, il sont très vulnérables, ils ne peuvent plus se défendre : il suffit qu'une génération cesse de transmettre leur héritage et ils sombrent dans l'oubli.
Péguy a lui-même été victime de crime posthume, puisqu'il est désormais associé aux pétainistes et que certains voient en lui un précurseur du fascisme.
Qu'est-ce qui distingue Maurras et les pétainistes de Péguy ? Quand Maurras écrit la «la seule France», c'est encore un individualisme matérialiste. Certes, sur une base collective, mais ce n'est pas très différent de penser que seules les nations existent comme les individualistes pensent que seuls les individus existent.
Les individualistes pensent que seuls les individus existent et que la nation n'est qu'une idée. Les maurrassiens pensent que seules les nations existent et qu'elles sont matérielles.
Péguy les renvoient dos à dos en disant que la nation est, à la fois, matérielle et idéale. C'est ainsi qu'il combine son dreyfusisme, soutien à la France idéale, et son soutien à l'armée, soutien à la France charnelle.
Tout cela est bel et bon, mais il y a tout de même un truc qui me chiffonne : Finkielkraut réussit à écrire tout un livre sur la pensée de Péguy sans évoquer autrement qu'au détour d'une demi-phrase son spectaculaire retour au catholicisme. C'est une sorte d'exploit. Je ne suis pas bien sûr qu'il faille applaudir Finkielkraut.
De Péguy, on ne connaît plus qu'une image : le chantre de la patrie charnelle, tué à l'ennemi en septembre 1914 après des vers prémonitoires. Certains, plus cultivés, se souviennent aussi du fils de la rempailleuse de chaises, normalien et dreyfusard.
On comprend immédiatement pourquoi Finkielkraut a eu la bonne idée d'exhumer Péguy : il était tellement visionnaire qu'il tombe à pieds joints dans les débats actuels.
Finkielkraut commence par faire un sort à la colère de Péguy. En effet, Péguy s'exprime quasiment toujours sur le ton de la colère (ce qui est lassant). On a mis cela un peu aisément sur le compte de l'ambition frustrée. Finkielkraut fait remarquer qu'il y a des cas où l'homme en colère a raison et l'intellectuel détaché et serein tort.
Péguy détestait la modernité parce qu'elle créait un homme déraciné et «surplombant», ne faisant plus partie du monde mais le regardant de haut comme une chose infiniment malléable, y compris les autres hommes. L'homme moderne croit pouvoir se créer lui-même et ne rien devoir.
L'image du bois et du fer est explicite.
Le bois est un matériau à l'ancienne : il a ses veines, ses courbes, ses noeuds, son histoire. Il est une donnée. Tout l'art du menuisier ou du sculpteur est d'en tirer le meilleur. Un coup de ciseau de trop et c'est foutu. L'homme est sur le même plan que le bois.
Le fer est un matériau moderne. Il est putassier. Il n'est pas une donnée, il se donne. Une fois fondu, il n'a plus d'histoire. Il est ductile, soudable, on peut corriger les erreurs. Il se soumet sans rechigner aux calculs.
Pareil pour la science, on est passé de l'observation à l'expérimentation. L'observation, c'est la nature qui se donne à voir. Une expérience, cela consiste à mettre la nature dans une situation artificielle aux convenances de l'homme.
Vous voyez, Péguy n'aurait absolument pas été surpris par le «mariage pour tous». Péguy invente un mot pour qualifier le monde moderne : la «panmuflerie», la muflerie en toute chose. Incidemment, on comprend à quel point nous méritons François Hollande, le président mufle.
Où est le problème de la modernité ? C'est qu'elle ampute l'homme de sa dimension la plus importante, sa dimension spirituelle. Avec la dimension spirituelle, c'est la dimension historique qui disparaît car nous sommes des héritiers avant tout par l'esprit et par la culture. Péguy fait remarquer que nous avons le devoir de protéger les morts, il sont très vulnérables, ils ne peuvent plus se défendre : il suffit qu'une génération cesse de transmettre leur héritage et ils sombrent dans l'oubli.
Péguy a lui-même été victime de crime posthume, puisqu'il est désormais associé aux pétainistes et que certains voient en lui un précurseur du fascisme.
Qu'est-ce qui distingue Maurras et les pétainistes de Péguy ? Quand Maurras écrit la «la seule France», c'est encore un individualisme matérialiste. Certes, sur une base collective, mais ce n'est pas très différent de penser que seules les nations existent comme les individualistes pensent que seuls les individus existent.
Les individualistes pensent que seuls les individus existent et que la nation n'est qu'une idée. Les maurrassiens pensent que seules les nations existent et qu'elles sont matérielles.
Péguy les renvoient dos à dos en disant que la nation est, à la fois, matérielle et idéale. C'est ainsi qu'il combine son dreyfusisme, soutien à la France idéale, et son soutien à l'armée, soutien à la France charnelle.
Tout cela est bel et bon, mais il y a tout de même un truc qui me chiffonne : Finkielkraut réussit à écrire tout un livre sur la pensée de Péguy sans évoquer autrement qu'au détour d'une demi-phrase son spectaculaire retour au catholicisme. C'est une sorte d'exploit. Je ne suis pas bien sûr qu'il faille applaudir Finkielkraut.
samedi, avril 26, 2014
21 avril 2002, comme un coup de tonnerre : quand le passé éclaire le présent
2002 comme un coup de tonnerre (article)
2002 comme un coup de tonnerre (video)
C'est stupéfiant de voir à quel point ce sont les mêmes cons qui, en 2002 ont mené Jospin dans le mur, qui mènent la France dans le mur en 2014, avec les mêmes idées, les mêmes comportements, la même incompétence.
2002 comme un coup de tonnerre (video)
C'est stupéfiant de voir à quel point ce sont les mêmes cons qui, en 2002 ont mené Jospin dans le mur, qui mènent la France dans le mur en 2014, avec les mêmes idées, les mêmes comportements, la même incompétence.
Libellés :
Les conneries de Hollande
Les conneries de Piketty
Le démontage des conneries de Piketty (version courte)
Le démontage des conneries de Piketty (version longue)
Thomas Piketty m'insupporte doublement :
• il a une personnalité très socialiste. A ses yeux, je ne doute pas qu'il ait tous les talents et toutes les qualités : intelligent, généreux, fin, lucide, orateur-né etc. Son idée de lui-même est telle que l'adjectif «haute» paraît minable, étriqué. Il faudrait inventer un mot spécialement pour ces gens-là, marbruke, par exemple. On dirait «Thomas Piketty a une idée de lui-même marbruke», «Aquilino Morelle a un ego marbruke», «Anne Sinclair est complètement marbruke» et tout le monde comprendrait.
•il 'est fondamentalement un malhonnête. Comme tant d'autres avant lui, marxistes, réchauffistes, il prostitue la science pour donner un vernis scientiste à un parti-pris idéologique. C'est un salaud : les hommes n'ont que la confiance pour communiquer entre eux. Le mensonge brise cette confiance. Le mensonge volontaire, assumé, au nom d'un «la fin justifie les moyens», c'est le pire.
Le démontage des conneries de Piketty (version longue)
Thomas Piketty m'insupporte doublement :
• il a une personnalité très socialiste. A ses yeux, je ne doute pas qu'il ait tous les talents et toutes les qualités : intelligent, généreux, fin, lucide, orateur-né etc. Son idée de lui-même est telle que l'adjectif «haute» paraît minable, étriqué. Il faudrait inventer un mot spécialement pour ces gens-là, marbruke, par exemple. On dirait «Thomas Piketty a une idée de lui-même marbruke», «Aquilino Morelle a un ego marbruke», «Anne Sinclair est complètement marbruke» et tout le monde comprendrait.
•il 'est fondamentalement un malhonnête. Comme tant d'autres avant lui, marxistes, réchauffistes, il prostitue la science pour donner un vernis scientiste à un parti-pris idéologique. C'est un salaud : les hommes n'ont que la confiance pour communiquer entre eux. Le mensonge brise cette confiance. Le mensonge volontaire, assumé, au nom d'un «la fin justifie les moyens», c'est le pire.
Agression dans le métro lillois
Une mère de famille a été agressée pendant trente minutes dans le métro de Lille et les autres voyageurs ont prudemment changé de rame. Certains trouvent cela honteux. Cette histoire me fait penser à «Dieu rit de prières qu'on lui fait pour écarter des maux dont on chérit les causes» :
• il ne s'est pas trouvé un homme pour défendre cette femme. Mais qui a protesté contre la campagne de dévirilisation menée depuis quarante ans ? Les mêmes qui se plaignent sont-ils prêts à ne plus considérer «macho» comme une insulte ? On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre : des hommes doux, aimants, sentimentaux et attentionnés comme des femmes et des bagarreurs. On ne peut avoir à la fois des hommes qui prennent soin de leur peau (cliché publicitaire) et qui vont à la castagne sans moufter.
• à force de toujours compter sur l'Etat, on ne sait plus rien faire sans l'Etat. Cela fait plus de cent ans que les libéraux et les conservateurs avertissent que l'étatisme conduit à la dissolution des liens sociaux et des solidarités. On récolte ce qu'on a semé.
• la confiance en la justice est rompue : maintenant, quand on intervient contre un voyou, on a peur qu'il se venge car on sait qu'il n'ira pas en prison.
• enfin, l'immigration incontrôlée, cela signifie plus de populations criminogènes et, là encore, moins de solidarité.
Bien sûr, beaucoup de ces évolutions néfastes ont été imposées d'en haut aux Français. Mais quand se sont-ils révoltés ?
• il ne s'est pas trouvé un homme pour défendre cette femme. Mais qui a protesté contre la campagne de dévirilisation menée depuis quarante ans ? Les mêmes qui se plaignent sont-ils prêts à ne plus considérer «macho» comme une insulte ? On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre : des hommes doux, aimants, sentimentaux et attentionnés comme des femmes et des bagarreurs. On ne peut avoir à la fois des hommes qui prennent soin de leur peau (cliché publicitaire) et qui vont à la castagne sans moufter.
• à force de toujours compter sur l'Etat, on ne sait plus rien faire sans l'Etat. Cela fait plus de cent ans que les libéraux et les conservateurs avertissent que l'étatisme conduit à la dissolution des liens sociaux et des solidarités. On récolte ce qu'on a semé.
• la confiance en la justice est rompue : maintenant, quand on intervient contre un voyou, on a peur qu'il se venge car on sait qu'il n'ira pas en prison.
• enfin, l'immigration incontrôlée, cela signifie plus de populations criminogènes et, là encore, moins de solidarité.
Bien sûr, beaucoup de ces évolutions néfastes ont été imposées d'en haut aux Français. Mais quand se sont-ils révoltés ?
vendredi, avril 25, 2014
Jean-Pierre Petit exécute le plan Valls
Jean-Pierre Petit exécute le plan Valls
Et pour ceux que ça intéressent :
Les Experts 1/2
Les Experts 2/2
Mais je préfère l'intervention de JP Petit.
Et pour ceux que ça intéressent :
Les Experts 1/2
Les Experts 2/2
Mais je préfère l'intervention de JP Petit.
Un portrait terrifiant de la classe politique par Maxime Tandonnet
Un portrait terrifiant de la classe politique par Maxime Tandonnet
On comprend, à lire ce portrait au vitriol, le psychiatre qui soutient que les politiciens modernes partagent beaucoup de traits avec les tueurs en série.
Qui a envie de contredire Tandonnet ? On sent tous la vérité de ses propos. Hélas.
On comprend, à lire ce portrait au vitriol, le psychiatre qui soutient que les politiciens modernes partagent beaucoup de traits avec les tueurs en série.
Qui a envie de contredire Tandonnet ? On sent tous la vérité de ses propos. Hélas.
La composition du corps électoral vue par les Infos du Nain
La composition du corps électoral vue par les Infos du Nain
J'avoue avoir eu la flemme de refaire les calculs. Mais s'ils sont exacts, ils expliquent bien des choses.
D'ailleurs, même s'ils sont inexacts à quelques pour-cents près, on sent bien que l'on est dans l'ordre de grandeur.
J'avoue avoir eu la flemme de refaire les calculs. Mais s'ils sont exacts, ils expliquent bien des choses.
D'ailleurs, même s'ils sont inexacts à quelques pour-cents près, on sent bien que l'on est dans l'ordre de grandeur.
jeudi, avril 24, 2014
Les profs : témoignage de JP Brighelli
Les profs : témoignage de JP Brighelli
Quiconque a fréquenté des profs a pu remarquer les caractéristiques suivantes (bien sûr, il y a des exceptions, mais ces généralités tiennent assez bien la route) :
● ils ont un avis sur tout et un art consommé de monopoliser la conversation. C'est d'ailleurs ce qui finit par faire fuir les non-profs.
● leur expérience du monde reste très limitée, leur savoir est avant tout théorique et très peu empirique. L'exception notable vient quelquefois de ceux qui ont un conjoint non-prof ou non-fonctionnaire, c'est plutôt rare.
● ils restent avant tout des gens qui n'ont jamais été assez mûrs pour oser sortir du cocon de l'école, d'où leurs verdicts tranchants d'adolescents attardés, qui jugent de tout mais ne connaissent rien. Comme les adolescents, ils sont très vulnérables aux idéologies qui expliquent le monde avec une clé unique. Dit autrement, ce sont des demi-intellectuels : des manieurs de mots et de concepts pas assez fins pour les prendre avec un peu de distance. De nombreux signes montrent que le niveau de connaissance et de finesse, des profs diminue.
● ils vivent dans un autre monde que le Français ordinaire. Ils ne vivent pas au même rythme, ils n'ont pas les mêmes préoccupations, pas les mêmes problèmes.
Le phénomène de meute décervelée décrit par Brighelli est possible chez tout groupe humain, il est accentué chez les profs par les traits que je viens de vous décrire. J'ai eu des échos de salle des profs atterrants.
Le plus marrant est que mon portrait des profs convient aussi à Brighelli, qui montre un comique involontaire fort distrayant quand il explique que le problème du système éducatif le plus bureaucratisé du monde (à part la Corée du Nord ?) est victime du libéralisme.
Le fait qu'il y ait 130 profs dans l'Assemblée Nationale actuelle explique beaucoup de nos malheurs. Ayrault était prof. Christian Eckert, l'un des plus abrutis dans un groupe qui en compte beaucoup, était prof. Les profs ont des idées définitives sur tout et beaucoup de temps libre : le profil idéal du militant bas de plafond. Vous connaissez ma solution, à l'anglaise (Grande-Bretagne qui n'est pas connue pour être le berceau de la tyrannie) : tout fonctionnaire qui veut se présenter à une élection doit d'abord démissionner de la fonction publique.
A propos :
Kersaudy sur Hollande
Quiconque a fréquenté des profs a pu remarquer les caractéristiques suivantes (bien sûr, il y a des exceptions, mais ces généralités tiennent assez bien la route) :
● ils ont un avis sur tout et un art consommé de monopoliser la conversation. C'est d'ailleurs ce qui finit par faire fuir les non-profs.
● leur expérience du monde reste très limitée, leur savoir est avant tout théorique et très peu empirique. L'exception notable vient quelquefois de ceux qui ont un conjoint non-prof ou non-fonctionnaire, c'est plutôt rare.
● ils restent avant tout des gens qui n'ont jamais été assez mûrs pour oser sortir du cocon de l'école, d'où leurs verdicts tranchants d'adolescents attardés, qui jugent de tout mais ne connaissent rien. Comme les adolescents, ils sont très vulnérables aux idéologies qui expliquent le monde avec une clé unique. Dit autrement, ce sont des demi-intellectuels : des manieurs de mots et de concepts pas assez fins pour les prendre avec un peu de distance. De nombreux signes montrent que le niveau de connaissance et de finesse, des profs diminue.
● ils vivent dans un autre monde que le Français ordinaire. Ils ne vivent pas au même rythme, ils n'ont pas les mêmes préoccupations, pas les mêmes problèmes.
Le phénomène de meute décervelée décrit par Brighelli est possible chez tout groupe humain, il est accentué chez les profs par les traits que je viens de vous décrire. J'ai eu des échos de salle des profs atterrants.
Le plus marrant est que mon portrait des profs convient aussi à Brighelli, qui montre un comique involontaire fort distrayant quand il explique que le problème du système éducatif le plus bureaucratisé du monde (à part la Corée du Nord ?) est victime du libéralisme.
Le fait qu'il y ait 130 profs dans l'Assemblée Nationale actuelle explique beaucoup de nos malheurs. Ayrault était prof. Christian Eckert, l'un des plus abrutis dans un groupe qui en compte beaucoup, était prof. Les profs ont des idées définitives sur tout et beaucoup de temps libre : le profil idéal du militant bas de plafond. Vous connaissez ma solution, à l'anglaise (Grande-Bretagne qui n'est pas connue pour être le berceau de la tyrannie) : tout fonctionnaire qui veut se présenter à une élection doit d'abord démissionner de la fonction publique.
A propos :
Kersaudy sur Hollande
mercredi, avril 23, 2014
Christian Vanneste à propos des djihadistes français
Christian Vanneste à propos des djihadistes français
Vous connaissez mon opinion, très proche de Vanneste
Vous connaissez mon opinion, très proche de Vanneste
Libellés :
Armagnacs et Bourguignons,
Christian Vanneste
Les cathos dégénérés deviennent socialistes
Quel lien entre pratique religieuse et comportement électoral ?
Les cathos dégénérés deviennent socialistes. Rien de très étonnant : tous les observateurs du socialisme un peu futés savent depuis longtemps que c'est une religion de substitution.
Mais il y a pire : il y a des catholiques pratiquants qui sont de fervents socialistes, montrant ainsi qu'ils n'ont pas tout compris (et je le dis gentiment).
Les cathos dégénérés deviennent socialistes. Rien de très étonnant : tous les observateurs du socialisme un peu futés savent depuis longtemps que c'est une religion de substitution.
Mais il y a pire : il y a des catholiques pratiquants qui sont de fervents socialistes, montrant ainsi qu'ils n'ont pas tout compris (et je le dis gentiment).
Libellés :
Catholicisme,
cerné par les cons,
le socialisme partout
mardi, avril 22, 2014
«Tu m'abandonnes. Tu es vraiment un salaud.»
«Tu m'abandonnes. Tu es vraiment un salaud». C'est avec ces mots qu'Aquilino Morelle auraient quitté François Hollande, d'après le Canard Enchainé (on n'insistera pas sur le «vraiment», très éclairant).
Si ces mots sont authentiques, ils sont révélateurs :
• du peu de respect que la personne de François Hollande inspire à Aquilino Morelle.
• du peu de respect qu'inspire la fonction présidentielle à Aquilino Morelle. Chez les militaires, on apprend qu'on salue la fonction et non la personne. Indépendamment de ce que qu'on pense de la personne, tout président de la république mérite le vouvoiement. Visiblement, Aquilino Morelle n'a pas ce minimum d'éducation.
• de la haute estime qu'Aquilino Morelle a de lui-même. Un homme ayant une vague notion d'humilité ne s'adresserait pas ainsi à celui qui, malgré tout, est président de la république. Ce sale type est vraiment un gougnafier.
On ne connait pas la réponse de François Hollande. Mais on sait qu'il n'est pas à la hauteur de la fonction, même sur le simple plan du comportement (le scooter, les SMS aux journalistes, etc.).
En d'autres temps, cette insulte aurait valu à Morelle un exil bien mérité au fin fond du trou du cul de la France. Monsieur de Montespan avait le courage de traiter en face Louis XIV de canaille en sachant ce qu'il risquait. Aquilino Morelle insulte François Hollande en sachant qu'il ne risque rien, même pas une repartie cinglante.
Si ces mots sont authentiques, ils sont révélateurs :
• du peu de respect que la personne de François Hollande inspire à Aquilino Morelle.
• du peu de respect qu'inspire la fonction présidentielle à Aquilino Morelle. Chez les militaires, on apprend qu'on salue la fonction et non la personne. Indépendamment de ce que qu'on pense de la personne, tout président de la république mérite le vouvoiement. Visiblement, Aquilino Morelle n'a pas ce minimum d'éducation.
• de la haute estime qu'Aquilino Morelle a de lui-même. Un homme ayant une vague notion d'humilité ne s'adresserait pas ainsi à celui qui, malgré tout, est président de la république. Ce sale type est vraiment un gougnafier.
On ne connait pas la réponse de François Hollande. Mais on sait qu'il n'est pas à la hauteur de la fonction, même sur le simple plan du comportement (le scooter, les SMS aux journalistes, etc.).
En d'autres temps, cette insulte aurait valu à Morelle un exil bien mérité au fin fond du trou du cul de la France. Monsieur de Montespan avait le courage de traiter en face Louis XIV de canaille en sachant ce qu'il risquait. Aquilino Morelle insulte François Hollande en sachant qu'il ne risque rien, même pas une repartie cinglante.
lundi, avril 21, 2014
Marre du sentimentalisme
A l'évidence, Christian Vanneste n'apprécie pas les fleuves lacrymaux médiatiques. A propos de la libération des otages de Syrie (dans Indécente mise en scène) :
*********
Il y a d’abord l’ambiance générale. On étale la sentimentalité comme une vertu. On pleure, on s’épanche, on embrasse. Un grand pays devrait faire preuve de plus de dignité, d’une plus grande retenue dans l’émotion, d’une plus grande fermeté à l’encontre des preneurs d’otages. Exhiber ainsi sa faiblesse, c’est accroître la tentation pour tous les ravisseurs potentiels du monde, de commencer ou de recommencer tant l’opinion publique est sensible à ces enlèvements, notamment lorsqu’il s’agit de journalistes, dont les médias, par une solidarité compréhensible, vont sans cesse rappeler la situation. Il serait plus dissuasif de dire que celui qui s’en prend à un Français a peu de chances de demeurer impuni. La France a mis un certain temps pour récupérer Carlos, mais elle y est parvenue. Depuis que l’Etat n’est plus un père protecteur, mais une « Big Mother », les discours virils et les actions répressives sont plutôt mal venus. L’Etat n’est plus commandeur mais quémandeur.
*********
Un autre grand pourfendeur du sentimentalisme, Dalrymple :
Enfants gâtés pourris, les dégâts du sentimentalisme
Comme souvent dans les phénomènes sociaux, cause et conséquence se renforcent l'un l'autre. Je lie, bien évidemment, ce sentimentalisme puéril et ridicule au déclin collectif de l'intelligence.
A tout cela, on peut et on doit opposer l'orthocivisme, le civisme qui consiste à se tenir droit.
*********
Il y a d’abord l’ambiance générale. On étale la sentimentalité comme une vertu. On pleure, on s’épanche, on embrasse. Un grand pays devrait faire preuve de plus de dignité, d’une plus grande retenue dans l’émotion, d’une plus grande fermeté à l’encontre des preneurs d’otages. Exhiber ainsi sa faiblesse, c’est accroître la tentation pour tous les ravisseurs potentiels du monde, de commencer ou de recommencer tant l’opinion publique est sensible à ces enlèvements, notamment lorsqu’il s’agit de journalistes, dont les médias, par une solidarité compréhensible, vont sans cesse rappeler la situation. Il serait plus dissuasif de dire que celui qui s’en prend à un Français a peu de chances de demeurer impuni. La France a mis un certain temps pour récupérer Carlos, mais elle y est parvenue. Depuis que l’Etat n’est plus un père protecteur, mais une « Big Mother », les discours virils et les actions répressives sont plutôt mal venus. L’Etat n’est plus commandeur mais quémandeur.
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Un autre grand pourfendeur du sentimentalisme, Dalrymple :
Enfants gâtés pourris, les dégâts du sentimentalisme
Comme souvent dans les phénomènes sociaux, cause et conséquence se renforcent l'un l'autre. Je lie, bien évidemment, ce sentimentalisme puéril et ridicule au déclin collectif de l'intelligence.
A tout cela, on peut et on doit opposer l'orthocivisme, le civisme qui consiste à se tenir droit.
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Christian Vanneste,
dalrymple,
orthocivisme,
sentimentalisme
Marc de Scitivaux : toujours aussi fracassant
Marc de Scitivaux était hier sur BFM.
A propos du soutien des députés socialistes au gouvernement Valls, une réflexion très cynique mais probablement juste : «Les députés socialistes sont au 3/4 des petits fonctionnaires. En cas de dissolution, la plupart perdraient leur siège et verraient leurs revenus divisés par 4 ou 5. Cela incite à la sagesse».
Le seul problème de ce raisonnement est que la majorité socialiste est étroite, il suffit de quelques défections pour la faire basculer.
Autre réflexion: Marc de Scitivaux pense que l'UMPS est incapable de réformer sa politique, sur tous les plans (économique, européen, sociaux, sociétaux) et que nous continuerons à aller droit dans le mur, à l'insatisfaction croissante des Français, de plus en plus disposés à recourir à des solutions extrêmes pour se débarrasser de ceux qui ne cessent d'échouer, de s'accrocher aux postes et de faire les autistes et les méprisants.
Il n'aime visiblement pas Marine Le Pen mais pense que le Front National finira, à l'usure, par gagner une élection présidentielle. C'est sûrement trop tôt en 2017, mais en 2022 ...
Je n'y crois pas pas mais j'écoute : Marc de Scitivaux fait souvent des prédictions justes.
A propos du soutien des députés socialistes au gouvernement Valls, une réflexion très cynique mais probablement juste : «Les députés socialistes sont au 3/4 des petits fonctionnaires. En cas de dissolution, la plupart perdraient leur siège et verraient leurs revenus divisés par 4 ou 5. Cela incite à la sagesse».
Le seul problème de ce raisonnement est que la majorité socialiste est étroite, il suffit de quelques défections pour la faire basculer.
Autre réflexion: Marc de Scitivaux pense que l'UMPS est incapable de réformer sa politique, sur tous les plans (économique, européen, sociaux, sociétaux) et que nous continuerons à aller droit dans le mur, à l'insatisfaction croissante des Français, de plus en plus disposés à recourir à des solutions extrêmes pour se débarrasser de ceux qui ne cessent d'échouer, de s'accrocher aux postes et de faire les autistes et les méprisants.
Il n'aime visiblement pas Marine Le Pen mais pense que le Front National finira, à l'usure, par gagner une élection présidentielle. C'est sûrement trop tôt en 2017, mais en 2022 ...
Je n'y crois pas pas mais j'écoute : Marc de Scitivaux fait souvent des prédictions justes.
Racines chrétiennes : et pendant ce temps, sur une autre planète ...
Déclaration fracassante de David Cameron sur le christianisme en Grande-Bretagne ;
Racines chrétiennes
On n'est pas dans la France de ce connard de Chirac disant que nous avons autant de racines musulmanes que chrétiennes. J'ai même vu en devanture d'une libraire islamiste un livre intitulé Les racines musulmanes de la France !
La Manche ne sépare pas deux pays, mais deux planètes.
Bien sûr, cela a provoqué des réactions outragées attendues :
Réactions Telegraph
Vous connaissez ma conviction, l'homme a besoin de religion, et s'il n'en n'a pas, il s'en crée. Quand on ne croit plus en rien, on est prêt à croire à n'importe quoi.
Mais les déclarations de Cameron ne sont pas principalement religieuses mais politiques : si la culture du pays n'est pas considérée comme ayant une supériorité morale sur son territoire, il n'y a pas d'intégration des immigrés possible.
C'est bien ce qu'on voit en ce moment tant en France qu'en Grande-Bretagne : nous sommes tombés dans le relativisme, nous avons abandonné le sentiment de notre supériorité chez nous et la conséquence est que les immigrés ne veulent plus s'intégrer, opération douloureuse qui consiste à s'arracher à sa culture d'origine pour adopter celle de son pays d'accueil.
Oui, en France, c'est mieux de parler français et d'être chrétien. Oui, en Grande-Bretagne, c'est mieux de parler anglais et d'être chrétien. Sinon, la France et la Grande-Bretagne ne sont plus que des terrains vagues administratifs, des noms jetés plus ou moins par hasard sur une carte, ouverts à tous et à n'importe qui.
Racines chrétiennes
On n'est pas dans la France de ce connard de Chirac disant que nous avons autant de racines musulmanes que chrétiennes. J'ai même vu en devanture d'une libraire islamiste un livre intitulé Les racines musulmanes de la France !
La Manche ne sépare pas deux pays, mais deux planètes.
Bien sûr, cela a provoqué des réactions outragées attendues :
Réactions Telegraph
Vous connaissez ma conviction, l'homme a besoin de religion, et s'il n'en n'a pas, il s'en crée. Quand on ne croit plus en rien, on est prêt à croire à n'importe quoi.
Mais les déclarations de Cameron ne sont pas principalement religieuses mais politiques : si la culture du pays n'est pas considérée comme ayant une supériorité morale sur son territoire, il n'y a pas d'intégration des immigrés possible.
C'est bien ce qu'on voit en ce moment tant en France qu'en Grande-Bretagne : nous sommes tombés dans le relativisme, nous avons abandonné le sentiment de notre supériorité chez nous et la conséquence est que les immigrés ne veulent plus s'intégrer, opération douloureuse qui consiste à s'arracher à sa culture d'origine pour adopter celle de son pays d'accueil.
Oui, en France, c'est mieux de parler français et d'être chrétien. Oui, en Grande-Bretagne, c'est mieux de parler anglais et d'être chrétien. Sinon, la France et la Grande-Bretagne ne sont plus que des terrains vagues administratifs, des noms jetés plus ou moins par hasard sur une carte, ouverts à tous et à n'importe qui.
Libellés :
Armagnacs et Bourguignons,
Grand Remplacement,
Grande-Bretagne
dimanche, avril 20, 2014
La Pâques chrétienne est un scandale
Noël est assez facile à déchristianiser : il suffit de le faire passer pour la fête des enfants. C'est idiot, mais faisable. La meilleure preuve, c'est que ça se fait.
La Pâques chrétienne, c'est une autre paire de manches. Cette fête est un triple scandale :
• le Dieu des chrétiens s'est incarné dans une humble famille de charpentiers.
• il s'est laissé tuer dans un supplice d'esclaves.
• il a ressuscité le troisième jour en toute discrétion.
Ca va être dur de réduire cela à la fête des oeufs en chocolat (vous avez remarqué que les oeufs sont plus à la mode que les cloches ?). Certes, beaucoup s'y emploient très activement.
Mais le triple scandale chrétien va rester longtemps comme un caillou dans la chaussure de la profanation commerciale de tout. Cependant, la voie est toute tracée : réduire le scandale de Pâques en répandant l'ignorance.
Quand plus personne ne saura ce que signifie Pâques, Pâques ne fera plus scandale.
Mais il y a encore beaucoup de chemin à faire d'ici là, et je ne suis vraiment pas sûr qu'à la fin, les prosélytes de l'ignorance l'emportent. Car, tant qu'on n'aura pas brulé toutes les Bibles, Pâques continuera à faire scandale. Il y a du boulot, messieurs les censeurs.
Joyeuses Pâques à tous !
La Pâques chrétienne, c'est une autre paire de manches. Cette fête est un triple scandale :
• le Dieu des chrétiens s'est incarné dans une humble famille de charpentiers.
• il s'est laissé tuer dans un supplice d'esclaves.
• il a ressuscité le troisième jour en toute discrétion.
Ca va être dur de réduire cela à la fête des oeufs en chocolat (vous avez remarqué que les oeufs sont plus à la mode que les cloches ?). Certes, beaucoup s'y emploient très activement.
Mais le triple scandale chrétien va rester longtemps comme un caillou dans la chaussure de la profanation commerciale de tout. Cependant, la voie est toute tracée : réduire le scandale de Pâques en répandant l'ignorance.
Quand plus personne ne saura ce que signifie Pâques, Pâques ne fera plus scandale.
Mais il y a encore beaucoup de chemin à faire d'ici là, et je ne suis vraiment pas sûr qu'à la fin, les prosélytes de l'ignorance l'emportent. Car, tant qu'on n'aura pas brulé toutes les Bibles, Pâques continuera à faire scandale. Il y a du boulot, messieurs les censeurs.
Joyeuses Pâques à tous !
samedi, avril 19, 2014
Les somnambules (C. Clark)
Le déclenchement de la première guerre est l'un des des événements les plus complexes de l'histoire de l'humanité, par le nombre de pays impliqués et par le nombre de personnes impliquées dans chacun de ces pays.
Christopher Clark a cependant réussi à écrire un livre agréable à lire, car à chaque fois qu'il commence à lasser le lecteur par des détails, il a l'intelligence de passer à autre chose.
Son parti-pris que les choses auraient pu se passer autrement, sans tomber dans l'uchronie, aide à rendre son livre intéressant car il ouvre des portes, il allège ce sentiment de mécanique tragique impossible à arrêter.
Je résume l'analyse qu'il fait du déclenchement de la première guerre mondiale, mais je vous invite à le lire :
1) Les relations de pouvoir au sein des pays antagonistes sont ambigues. Qui commande ? Le Kaiser ou son premier ministre ? Le tsar ou son premier ministre ? Ce problème est ressenti par les autres pays, ce qui a deux conséquences : une tentative d'influence sur les affaires internes et, avec l'incertitude, des erreurs de calcul.
Notamment, les Allemands se sont totalement trompés dans leurs anticipations des réactions russes.
2) Les deux blocs, Triple Entente et Triple Alliance, sont récents et fragiles, parce qu'ils inversent des alliances traditionnelles. La conséquence est que chacun a tendance à en rajouter dans le bellicisme pour prouver à son nouvel allié qu'il ne le lâchera pas et que, réciproquement, il ne doit pas lâcher.
3) Les Serbes sont d'insupportables fouteurs de merde.
4) Les Allemands et les Russes, en ne calmant pas les ardeurs guerrières de leurs alliés, autrichiens d'un coté, serbes de l'autre, portent une très lourde responsabilité. Spécialement, les Russes, dont la mobilisation précoce est le facteur majeur de l'escalade du conflit de localisé à continental.
5) L'attentat de Sarajevo a tué le moins belliciste des dirigeants autrichiens, celui dont on peut supposer qu'il se serait opposé de toutes ses forces à la guerre.
6) Le Français Poincaré est un belliciste et il n'y a plus Caillaux, momentanément sur la touche suite à l'assassinat du directeur du Figaro par son épouse (c'était une époque où on savait traiter les journalistes comme ils le méritent !), pour l'arrêter.
7) Enfin, et c'est ce qui justifie le titre du livre, il y a un consentement (pour une fois, le mot est juste) à la guerre généralisé, dans tous les pays, mais sans savoir de quelle guerre il s'agit.
Il y a le sentiment répandu dans tous les pays européens que la guerre est inévitable et que, tant qu'à avoir une «bonne» guerre, mieux vaut maintenant que plus tard. Les militaires ont réussi à persuader les dirigeants que le temps jouait contre eux (ce qui est contradictoire : si le temps joue contre l'Allemagne, il ne joue pas contre la France, ou vice-versa).
Mais les dirigeants, les opinions publiques et même les militaires sont comme des somnambules, dans l'ignorance totale de la guerre à laquelle ils poussaient. Bien sûr, il y a eu des romans d'anticipation et des déclarations sur la «guerre d'extermination», qui plus tard serviraient d'avertissements rétrospectifs.
Mais, dans les représentations les plus répandues, il s'agit d'une guerre de 1870-bis. La leçon de guerres récentes n'a absolument pas été tirée.
Comparons : si la crise des missiles de Cuba n'a pas débouché sur une guerre mondiale, c'est parce que tous les acteurs avaient à l'esprit l'apocalypse que représentait une guerre nucléaire. Rien de tel en 1914.
Autrement dit, les acteurs font un calcul coût/bénéfices de l'option guerrière absolument, tragiquement, erroné.
Remarquons que ce calcul n'est pas si faux au premier abord. S'il n'y avait pas eu le sursaut de la Marne, la guerre de 14 aurait été la reproduction exacte de celle de 70. L'erreur de calcul, c'est que, précisément, l'industrie, le chemin de fer, l'avion et le téléphone ont rendu possible le sursaut de la Marne.
Tous les protagonistes ont eu l'impression d'être contraints par les autres, mais aucun ne tenait à la paix au point de faire de réelles concessions pour la sauver.
Addendum suite au commentaire d'un lecteur :
Clark est assez indulgent avec les Allemands.
Si on «super-synthétise», deux coupables :
1) les Autrichiens, par manque de rapidité à punir la Serbie, ce qui a laissé le temps à la mécanique infernale de se mettre en place et à la guerre de se généraliser.
2) les Russes par excès de précipitation à mobiliser.
Il est vrai que Clark n'insiste pas assez sur la fièvre obsidionale allemande.
Christopher Clark a cependant réussi à écrire un livre agréable à lire, car à chaque fois qu'il commence à lasser le lecteur par des détails, il a l'intelligence de passer à autre chose.
Son parti-pris que les choses auraient pu se passer autrement, sans tomber dans l'uchronie, aide à rendre son livre intéressant car il ouvre des portes, il allège ce sentiment de mécanique tragique impossible à arrêter.
Je résume l'analyse qu'il fait du déclenchement de la première guerre mondiale, mais je vous invite à le lire :
1) Les relations de pouvoir au sein des pays antagonistes sont ambigues. Qui commande ? Le Kaiser ou son premier ministre ? Le tsar ou son premier ministre ? Ce problème est ressenti par les autres pays, ce qui a deux conséquences : une tentative d'influence sur les affaires internes et, avec l'incertitude, des erreurs de calcul.
Notamment, les Allemands se sont totalement trompés dans leurs anticipations des réactions russes.
2) Les deux blocs, Triple Entente et Triple Alliance, sont récents et fragiles, parce qu'ils inversent des alliances traditionnelles. La conséquence est que chacun a tendance à en rajouter dans le bellicisme pour prouver à son nouvel allié qu'il ne le lâchera pas et que, réciproquement, il ne doit pas lâcher.
3) Les Serbes sont d'insupportables fouteurs de merde.
4) Les Allemands et les Russes, en ne calmant pas les ardeurs guerrières de leurs alliés, autrichiens d'un coté, serbes de l'autre, portent une très lourde responsabilité. Spécialement, les Russes, dont la mobilisation précoce est le facteur majeur de l'escalade du conflit de localisé à continental.
5) L'attentat de Sarajevo a tué le moins belliciste des dirigeants autrichiens, celui dont on peut supposer qu'il se serait opposé de toutes ses forces à la guerre.
6) Le Français Poincaré est un belliciste et il n'y a plus Caillaux, momentanément sur la touche suite à l'assassinat du directeur du Figaro par son épouse (c'était une époque où on savait traiter les journalistes comme ils le méritent !), pour l'arrêter.
7) Enfin, et c'est ce qui justifie le titre du livre, il y a un consentement (pour une fois, le mot est juste) à la guerre généralisé, dans tous les pays, mais sans savoir de quelle guerre il s'agit.
Il y a le sentiment répandu dans tous les pays européens que la guerre est inévitable et que, tant qu'à avoir une «bonne» guerre, mieux vaut maintenant que plus tard. Les militaires ont réussi à persuader les dirigeants que le temps jouait contre eux (ce qui est contradictoire : si le temps joue contre l'Allemagne, il ne joue pas contre la France, ou vice-versa).
Mais les dirigeants, les opinions publiques et même les militaires sont comme des somnambules, dans l'ignorance totale de la guerre à laquelle ils poussaient. Bien sûr, il y a eu des romans d'anticipation et des déclarations sur la «guerre d'extermination», qui plus tard serviraient d'avertissements rétrospectifs.
Mais, dans les représentations les plus répandues, il s'agit d'une guerre de 1870-bis. La leçon de guerres récentes n'a absolument pas été tirée.
Comparons : si la crise des missiles de Cuba n'a pas débouché sur une guerre mondiale, c'est parce que tous les acteurs avaient à l'esprit l'apocalypse que représentait une guerre nucléaire. Rien de tel en 1914.
Autrement dit, les acteurs font un calcul coût/bénéfices de l'option guerrière absolument, tragiquement, erroné.
Remarquons que ce calcul n'est pas si faux au premier abord. S'il n'y avait pas eu le sursaut de la Marne, la guerre de 14 aurait été la reproduction exacte de celle de 70. L'erreur de calcul, c'est que, précisément, l'industrie, le chemin de fer, l'avion et le téléphone ont rendu possible le sursaut de la Marne.
Tous les protagonistes ont eu l'impression d'être contraints par les autres, mais aucun ne tenait à la paix au point de faire de réelles concessions pour la sauver.
Addendum suite au commentaire d'un lecteur :
Clark est assez indulgent avec les Allemands.
Si on «super-synthétise», deux coupables :
1) les Autrichiens, par manque de rapidité à punir la Serbie, ce qui a laissé le temps à la mécanique infernale de se mettre en place et à la guerre de se généraliser.
2) les Russes par excès de précipitation à mobiliser.
Il est vrai que Clark n'insiste pas assez sur la fièvre obsidionale allemande.
Le cireur de pompes se faisait lustrer les souliers
Aquilino Morelle tombe pour conflit d'intérêt mais ce que le public retient, ce sont les trente paires de chaussures, le cireur (probablement payé avec nos sous) et la salle privatisée pour les pompes de son éminence.
Est-ce injuste ?
Après tout, le cireur n'était pas un esclave, il était payé. Il s'est même plaint de perdre la clientèle de l'Elysée suite à cette affaire.
Commençons par remarquer qu'en matière de cirage de pompes, Aquilino Morelle en connait un rayon, car, comme tous les politiciens actuels, il a une âme servile de courtisan. Ils sont tous prêts à ramper pour une place.
C'est le verrouillage du système : si l'on ne fait pas la preuve de sa soumission, on est broyé. Nos politiciens sont des grandes gueules, ils sont vaniteux à en crever. Avoir l'orgueil de sa liberté, c'est autre chose. N'est pas Montaigne ou Cyrano qui veut.
Ensuite, après avoir intégré la caste de manière chiennine, c'est-à-dire allongé sur le dos en agitant frénétiquement la queue tout en lançant des oeillades enamourés au mâle dominant du moment, on se sent le droit de mépriser tous les autres.
Les petits marquis traitent les valets avec d'autant plus de mépris qu'ils ont du s'humilier devant le maitre.
Rien de nouveau : il suffit de lire Saint-Simon.
Et je crois que les Français l'ont compris intuitivement. Ils ne sont pas injustes. Simplement, ils jugent Aquilino Morelle à sa vraie valeur, celle qui ne dépend pas des diplômes et des accointances mondaines.
Est-ce injuste ?
Après tout, le cireur n'était pas un esclave, il était payé. Il s'est même plaint de perdre la clientèle de l'Elysée suite à cette affaire.
Commençons par remarquer qu'en matière de cirage de pompes, Aquilino Morelle en connait un rayon, car, comme tous les politiciens actuels, il a une âme servile de courtisan. Ils sont tous prêts à ramper pour une place.
C'est le verrouillage du système : si l'on ne fait pas la preuve de sa soumission, on est broyé. Nos politiciens sont des grandes gueules, ils sont vaniteux à en crever. Avoir l'orgueil de sa liberté, c'est autre chose. N'est pas Montaigne ou Cyrano qui veut.
Ensuite, après avoir intégré la caste de manière chiennine, c'est-à-dire allongé sur le dos en agitant frénétiquement la queue tout en lançant des oeillades enamourés au mâle dominant du moment, on se sent le droit de mépriser tous les autres.
Les petits marquis traitent les valets avec d'autant plus de mépris qu'ils ont du s'humilier devant le maitre.
Rien de nouveau : il suffit de lire Saint-Simon.
Et je crois que les Français l'ont compris intuitivement. Ils ne sont pas injustes. Simplement, ils jugent Aquilino Morelle à sa vraie valeur, celle qui ne dépend pas des diplômes et des accointances mondaines.
La faillite morale de la gauche : à trop faire confiance au mensonge, on se prend les souliers cirés dans le tapis de soie
Aquilino Morelle : le double discours permanent de la gauche morale
Ca fait quand même un métèque de moins dans les allées du pouvoir, mais les Français de souche qui les fréquentent ne se sentent pas plus français, parfois moins. Pour ces gens, «français» est toujours entaché du soupçon de «franchouillard». C'est toujours mieux chez les autres.
Ca fait aussi un petit marquis de moins. Les petits marquis et les petites marquises, qui méprisent le peuple de toute leur morgue, sont une spécialité des gouvernements récents. On ne compte plus les ministres et les hauts fonctionnaires dont le comportement avec le personnel consiste à éclabousser les petits fonctionnaires de leur hauteur, de leur impolitesse et de leurs caprices.
Malheureux destin de notre peuple et de notre pays que d'être dirigés par des gens qui ne les connaissent pas et ne les aiment pas. Bien sûr, il y a parfois les mots d'amour, mais ils ne coutent pas cher. Dans les faits, où sont les preuves d'amour ? Depuis combien de temps, un gouvernement a-t-il pris en compte les intérêts de la France ? Pas ceux de l'Europe, pas ceux de telle ou telle faction, pas ceux de tel ou tel parti, de tel ou tel ambitieux, mais ceux de la France ?
François Hollande est tout ce qu'il y a français de souche, cela ne l'empêche pas d'être calamiteux. S'il disait (et agissait en conséquence), à la manière d'un Schroder, «Peu importe ma ré-elction, faisons ce qu'il faut pour la France», il aurait bientôt des rues à son nom dans les villes de France.
Ca fait quand même un métèque de moins dans les allées du pouvoir, mais les Français de souche qui les fréquentent ne se sentent pas plus français, parfois moins. Pour ces gens, «français» est toujours entaché du soupçon de «franchouillard». C'est toujours mieux chez les autres.
Ca fait aussi un petit marquis de moins. Les petits marquis et les petites marquises, qui méprisent le peuple de toute leur morgue, sont une spécialité des gouvernements récents. On ne compte plus les ministres et les hauts fonctionnaires dont le comportement avec le personnel consiste à éclabousser les petits fonctionnaires de leur hauteur, de leur impolitesse et de leurs caprices.
Malheureux destin de notre peuple et de notre pays que d'être dirigés par des gens qui ne les connaissent pas et ne les aiment pas. Bien sûr, il y a parfois les mots d'amour, mais ils ne coutent pas cher. Dans les faits, où sont les preuves d'amour ? Depuis combien de temps, un gouvernement a-t-il pris en compte les intérêts de la France ? Pas ceux de l'Europe, pas ceux de telle ou telle faction, pas ceux de tel ou tel parti, de tel ou tel ambitieux, mais ceux de la France ?
François Hollande est tout ce qu'il y a français de souche, cela ne l'empêche pas d'être calamiteux. S'il disait (et agissait en conséquence), à la manière d'un Schroder, «Peu importe ma ré-elction, faisons ce qu'il faut pour la France», il aurait bientôt des rues à son nom dans les villes de France.
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socialisme moral
vendredi, avril 18, 2014
Le naufrage de l'école : ses causes, ses remèdes et ses conséquences
Les 5 dérives pédagogiques qui ont miné l'Ecole
Huit propositions pour aider Benoit Hamon à sauver
Les conséquences (voir le point 1) :
Politique économique de François Hollande
Hé bien oui, l'école ne peut pas faire n'importe quoi depuis quarante ans sans que, un jour, cela ne finisse pas par se traduire concrètement par plus de bêtise et de pauvreté.
Huit propositions pour aider Benoit Hamon à sauver
Les conséquences (voir le point 1) :
Politique économique de François Hollande
Hé bien oui, l'école ne peut pas faire n'importe quoi depuis quarante ans sans que, un jour, cela ne finisse pas par se traduire concrètement par plus de bêtise et de pauvreté.
jeudi, avril 17, 2014
Je n'aime pas mon époque (et j'ai d'excellentes raisons)
L'autre jour, dans l'émission Ca se dispute, Nicolas Domenach imputait à crime à Eric Zemmour de ne pas aimer son époque, notre époque. Ce que Zemmour a assumé.
La liste de chefs d'oeuvre dus à des gens qui n'aimaient pas leur époque est fort longue. Il faut être un néophile décervelé comme Domenach pour ne pas concevoir qu'on puisse avoir d'excellentes raisons de ne pas aimer son époque.
Pour ma part, je trouve notre époque tout à fait détestable. Je n'en nie pas les progrès techniques mais j'en récuse les valeurs, les comportements, les idéaux.
Pour moi, notre époque est celle de la décadence : avortement, euthanasie, télévision, naufrage éducatif, publicité, égoïsme, décervelage, tongs et bermuda ...
Comme le dit très bien Finkielkraut, la figure type de notre époque est l'adolescent narquois :
Pour moi, une autre image de notre époque, c'est une fille dans le métro habillée comme une pute (ou voilée, cela revient au même : refus de respecter les autres en montrant un peu d'élégance) qui hurle dans un portable, sans souci de ses voisins, avec un vocabulaire de charretier limité à dix mots, une situation de misère sentimentale abyssale (1).
Il n'y a pas à dire : nous vivons une époque formidable. Mais, sans moi, merci.
**********
(1) : pour ceux qui n'auraient pas la chance de fréquenter les transports en commun, voici un échantillon de l'expression de ces fines fleurs de «l'école de la république» :
«- Putain ... Vas-y.
- [...]
- Ouais. Putain ... Vas-y ... J'l'ai dit à c' connard... I' peut y aller ... Putain ... Vas-y ...
- [...]
- Ouais. Putain ... Vas-y ... Il a kiffé c'te pute ... Vas-Y ...
- [...]
- Il est trop lourd c' connard. Putain ... Vas-y ...
- [...]
- Ouais, vas-y ... Putain ... I'peut aller se faire foutre ...
etc.
»
La liste de chefs d'oeuvre dus à des gens qui n'aimaient pas leur époque est fort longue. Il faut être un néophile décervelé comme Domenach pour ne pas concevoir qu'on puisse avoir d'excellentes raisons de ne pas aimer son époque.
Pour ma part, je trouve notre époque tout à fait détestable. Je n'en nie pas les progrès techniques mais j'en récuse les valeurs, les comportements, les idéaux.
Pour moi, notre époque est celle de la décadence : avortement, euthanasie, télévision, naufrage éducatif, publicité, égoïsme, décervelage, tongs et bermuda ...
Comme le dit très bien Finkielkraut, la figure type de notre époque est l'adolescent narquois :
Pour moi, une autre image de notre époque, c'est une fille dans le métro habillée comme une pute (ou voilée, cela revient au même : refus de respecter les autres en montrant un peu d'élégance) qui hurle dans un portable, sans souci de ses voisins, avec un vocabulaire de charretier limité à dix mots, une situation de misère sentimentale abyssale (1).
Il n'y a pas à dire : nous vivons une époque formidable. Mais, sans moi, merci.
**********
(1) : pour ceux qui n'auraient pas la chance de fréquenter les transports en commun, voici un échantillon de l'expression de ces fines fleurs de «l'école de la république» :
«- Putain ... Vas-y.
- [...]
- Ouais. Putain ... Vas-y ... J'l'ai dit à c' connard... I' peut y aller ... Putain ... Vas-y ...
- [...]
- Ouais. Putain ... Vas-y ... Il a kiffé c'te pute ... Vas-Y ...
- [...]
- Il est trop lourd c' connard. Putain ... Vas-y ...
- [...]
- Ouais, vas-y ... Putain ... I'peut aller se faire foutre ...
etc.
»
«Je suis heureuse qu'ils ne m'aient pas débranchée»
«Je suis heureuse qu'ils ne m'aient pas débranchée»
Témoignage intéressant mais qui ne bouleverse pas mon opposition à l'euthanasie. Même sans lui, je continuerais à être contre. Comme dit Luc Ferry, je ne veux pas que ma mère se sente un jour des raisons de se dire qu'elle est de trop.
Chez les nihilistes gauchistes, on remarque un paradoxe, qui n'est qu'apparent : ils sont contre la peine de mort car l'infime possibilité de tuer un seul innocent les glace d'effroi, en revanche l'assassinat de 200 000 bébés par an, et de dizaines de milliers de vieux et d'handicapés s'il y avait l'euthanasie légale, c'est à leurs yeux un immense progrès du genre humain (j'en profite : voir Extrêmisme).
Comment expliquer ce paradoxe apparent ?
J'ai réellement essayé de comprendre et de trouver des explications complexes, mais, avec les années, ma position s'est simplifiée et radicalisée. C'est le Mal. Les gauchistes préfèrent tout simplement les criminels aux innocents.
S'agissant de la peine de mort, le prétexte de l'erreur judiciaire a pour résultat concret que des dizaines de coupables échappent à la guillotine.
Mon explication est moins simple qu'il n'y paraît : l'attirance pour le Mal occupe théologiens et philosophes depuis quelques siècles déjà. L'explication par la bêtise est plus facile.
Témoignage intéressant mais qui ne bouleverse pas mon opposition à l'euthanasie. Même sans lui, je continuerais à être contre. Comme dit Luc Ferry, je ne veux pas que ma mère se sente un jour des raisons de se dire qu'elle est de trop.
Chez les nihilistes gauchistes, on remarque un paradoxe, qui n'est qu'apparent : ils sont contre la peine de mort car l'infime possibilité de tuer un seul innocent les glace d'effroi, en revanche l'assassinat de 200 000 bébés par an, et de dizaines de milliers de vieux et d'handicapés s'il y avait l'euthanasie légale, c'est à leurs yeux un immense progrès du genre humain (j'en profite : voir Extrêmisme).
Comment expliquer ce paradoxe apparent ?
J'ai réellement essayé de comprendre et de trouver des explications complexes, mais, avec les années, ma position s'est simplifiée et radicalisée. C'est le Mal. Les gauchistes préfèrent tout simplement les criminels aux innocents.
S'agissant de la peine de mort, le prétexte de l'erreur judiciaire a pour résultat concret que des dizaines de coupables échappent à la guillotine.
Mon explication est moins simple qu'il n'y paraît : l'attirance pour le Mal occupe théologiens et philosophes depuis quelques siècles déjà. L'explication par la bêtise est plus facile.
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mercredi, avril 16, 2014
Quel con, ce Gattaz !
Pierre Gattaz est aussi con que prévu. Il ne pouvait en être autrement d'un patron qui dépend autant des commandes de l'Etat. C'est un adepte du capitalisme de connivence ou de ce qu'Alain Madelin appelle le socialisme patronal.
Le patron est plongé dans la microéconomie. Il a de bonnes raisons d'être totalement nul en macroéconomie. C'est à l'évidence le cas de Pierre Gattaz.
Ce n'est pas par sentimentalisme que je suis contre sa proposition mais parce que c'est économiquement idiot de renforcer la trappe à bas salaires.
Trois choses font la prospérité : le talent, le capital et la liberté de les utiliser.
Autrement dit :
> taxation la plus proportionnelle possible ( par opposition à progressive) de manière à ne pas peser sur les choix.
> refuser les subventions en échange de baisses d'impôts.
> alléger les 10 500 lois et 127 000 décrets. Cela passe par la baisse du nombre de ministres, députés et fonctionnaires.
> demander des baisses d'impôts (sur le capital et le travail) uniformes et gagées sur des économies de dépenses publiques, pour en assurer la pérennité.
Le patron est plongé dans la microéconomie. Il a de bonnes raisons d'être totalement nul en macroéconomie. C'est à l'évidence le cas de Pierre Gattaz.
Ce n'est pas par sentimentalisme que je suis contre sa proposition mais parce que c'est économiquement idiot de renforcer la trappe à bas salaires.
Trois choses font la prospérité : le talent, le capital et la liberté de les utiliser.
Autrement dit :
> taxation la plus proportionnelle possible ( par opposition à progressive) de manière à ne pas peser sur les choix.
> refuser les subventions en échange de baisses d'impôts.
> alléger les 10 500 lois et 127 000 décrets. Cela passe par la baisse du nombre de ministres, députés et fonctionnaires.
> demander des baisses d'impôts (sur le capital et le travail) uniformes et gagées sur des économies de dépenses publiques, pour en assurer la pérennité.
mardi, avril 15, 2014
Pourvu que Poutine n'écoute pas du Wagner !
Je pense évidemment à Woody Allen : «Chaque fois que j'écoute du Wagner, cela me donne envie d'envahir la Pologne».
Pendant ce temps, le bourrage de crânes continue :
Ukraine : j’aimerais que l’on m’explique…
Quant à moi, je ne varie pas.
Pendant ce temps, le bourrage de crânes continue :
Ukraine : j’aimerais que l’on m’explique…
Quant à moi, je ne varie pas.
lundi, avril 14, 2014
En regardant le Guépard
Le Guépard Extrait 6 par toutlecine
Ce n'est pas mon passage préféré, mais il est tout de même charmant. Mon passage préféré est celui où le prince dit à Chevalley, qui ne le comprend pas : «Nous étions des guépards et des lions. Nos successeurs le diront aussi, mais ils mentiront».
Ce film est tout en finesse. Je pense à la phrase de Tancrède sur les fusillés, pendant le bal, qui suffit à faire sentir qu'il n'a pas, lui la génération montante, la noblesse de son oncle.
Je ne sais pas si un tel film est possible aujourd'hui. J'ai tendance à croire que non : peut-on imaginer qu'un chef d'oeuvre pareil, monstre de politiquement incorrect, non pas dans le détail, non pas dans telle ou telle phrase mais dans son esprit, trouverait un producteur ?
Libellés :
Alain Delon,
cinéma,
orthocivisme,
Visconti
dimanche, avril 13, 2014
Comment l'utopie mène au crime : une nouvelle enquête sur le nazisme
Comment l'utopie mène au crime : une nouvelle enquête sur le nazisme
Je renvoie systématiquement dos à dos nazisme et communisme. C'est absolument fondamental dans ma manière de raisonner.
Je sais que cela dérange certains lecteurs de bonne foi (les lecteurs de mauvaise foi, je leur ... passons). Mais, dans le texte en lien ci-dessus, il y a l'explication de ma commune aversion : ce sont toutes deux des utopies et toute utopie est potentiellement génocidaire.
Et qu'on ne n'essaie pas de me justifier le communisme par des intentions généreuses : tout homme se prévaut d'intentions généreuses, même pour faire le mal. Le nazisme aussi se prétendait généreux : il voulait faire advenir une humanité parfaite. C'est-y pas généreux, ça, mon bon monsieur ?
Un peu de cohérence et de suite dans les idées aident à comprendre tout cela. Chesterton dit que le monde est plein de valeurs chrétiennes devenues folles. Ok. Comment appelle-t-on une idée folle dans le vocabulaire chrétien ? Une hérésie, Hérétiques est d'ailleurs un titre de Chesterton.
Une bonne connaissance des hérésies permet souvent de comprendre le monde moderne.
En l'occurrence, l'hérésie communiste est directement inspirée du millénarisme : la croyance qu'en tuant tous les riches, on fera survenir le paradis terrestre pour mille ans. Pour ma part, en bon chrétien, je crois que le Royaume n'est pas de ce monde.
Je pense qu'on peut trouver une inspiration hérétique au nazisme. J'ai bien quelques idées, mais je vais faire travailler mesfeignasses de lecteurs. Je lance donc un concours. Que le meilleur gagne !
Je renvoie systématiquement dos à dos nazisme et communisme. C'est absolument fondamental dans ma manière de raisonner.
Je sais que cela dérange certains lecteurs de bonne foi (les lecteurs de mauvaise foi, je leur ... passons). Mais, dans le texte en lien ci-dessus, il y a l'explication de ma commune aversion : ce sont toutes deux des utopies et toute utopie est potentiellement génocidaire.
Et qu'on ne n'essaie pas de me justifier le communisme par des intentions généreuses : tout homme se prévaut d'intentions généreuses, même pour faire le mal. Le nazisme aussi se prétendait généreux : il voulait faire advenir une humanité parfaite. C'est-y pas généreux, ça, mon bon monsieur ?
Un peu de cohérence et de suite dans les idées aident à comprendre tout cela. Chesterton dit que le monde est plein de valeurs chrétiennes devenues folles. Ok. Comment appelle-t-on une idée folle dans le vocabulaire chrétien ? Une hérésie, Hérétiques est d'ailleurs un titre de Chesterton.
Une bonne connaissance des hérésies permet souvent de comprendre le monde moderne.
En l'occurrence, l'hérésie communiste est directement inspirée du millénarisme : la croyance qu'en tuant tous les riches, on fera survenir le paradis terrestre pour mille ans. Pour ma part, en bon chrétien, je crois que le Royaume n'est pas de ce monde.
Je pense qu'on peut trouver une inspiration hérétique au nazisme. J'ai bien quelques idées, mais je vais faire travailler mes
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samedi, avril 12, 2014
Les Français sont prêts aux réformes ? Laissez moi rire !
J'entends souvent «Les Français sont prêts aux réformes, ce sont les politiques qui ne le sont pas». Il m'est arrivé, dans des moments d'égarement, de tenir aussi ce discours.
Un intervenant de BFM a fort bien résumé la situation.
Les Français sont prêts aux réformes mais pas les mêmes : la moitié veut plus d'Etat et plus d'impôts (pour les autres), l'autre moitié veut moins d'Etat et moins d'impôts (et j'ai peur que ces deux moitiés ne soient pas égales). Tous sont unanimes pour penser que les réformes ne devraient pas tomber sur eux (certains avec plus de motifs que d'autres).
Etre prêt aux réformes, surtout chez les autres, ce n'est pas être prêt aux réformes. Etre prêt aux réformes, c'est l'être pour tout le monde, y compris soi.
Bien sûr, il ne faut pas être bête : tout en France n'a pas un égal besoin de réformes. Diluer les réformes, les étendre à tous sans discernement, c'est aussi un moyen de ne pas réformer.
La priorité des priorité, c'est l'Etat et tout ce qui tourne autour, le «social» et compagnie.
Je désespère des Français : je pense que nous ne sommes pas assez intelligents pour faire de nous-mêmes ce qu'il faut pour notre pays, il faudra des chocs extérieurs pour nous faire bouger (et il n'est même pas sûr que cela soit dans le bon sens). Chaque fois depuis trente ans que les Français ont eu le choix entre l'effort et le laisser-aller, ils ont choisi le laisser-aller.
Je dis souvent que la France est dans un déclin de long terme à l'espagnole, mais le contre-exemple argentin est peut-être meilleur : un pays qui a des atouts, qui fut grand, mais qui, à force de mal-gouvernance, de choix chaque fois démagogiques et désastreux, glisse vers le tiers-monde.
Un intervenant de BFM a fort bien résumé la situation.
Les Français sont prêts aux réformes mais pas les mêmes : la moitié veut plus d'Etat et plus d'impôts (pour les autres), l'autre moitié veut moins d'Etat et moins d'impôts (et j'ai peur que ces deux moitiés ne soient pas égales). Tous sont unanimes pour penser que les réformes ne devraient pas tomber sur eux (certains avec plus de motifs que d'autres).
Etre prêt aux réformes, surtout chez les autres, ce n'est pas être prêt aux réformes. Etre prêt aux réformes, c'est l'être pour tout le monde, y compris soi.
Bien sûr, il ne faut pas être bête : tout en France n'a pas un égal besoin de réformes. Diluer les réformes, les étendre à tous sans discernement, c'est aussi un moyen de ne pas réformer.
La priorité des priorité, c'est l'Etat et tout ce qui tourne autour, le «social» et compagnie.
Je désespère des Français : je pense que nous ne sommes pas assez intelligents pour faire de nous-mêmes ce qu'il faut pour notre pays, il faudra des chocs extérieurs pour nous faire bouger (et il n'est même pas sûr que cela soit dans le bon sens). Chaque fois depuis trente ans que les Français ont eu le choix entre l'effort et le laisser-aller, ils ont choisi le laisser-aller.
Je dis souvent que la France est dans un déclin de long terme à l'espagnole, mais le contre-exemple argentin est peut-être meilleur : un pays qui a des atouts, qui fut grand, mais qui, à force de mal-gouvernance, de choix chaque fois démagogiques et désastreux, glisse vers le tiers-monde.
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Présidentielles 2017 : comptons sur nos doigts
Faisons un petit compte rapide. Il y a trois candidats possibles au second tour des présidentielles en 2017 : Marine Le Pen (MLP), François Hollande (FH), le candidat mystérieux de la droite (abrégeons en NS, au hasard).
Trois candidats, trois possibilités :
FH-NS : vainqueur NS (on peut en discuter mais les méfaits d'aujourd'hui primeront, je pense)
FH-MLP : vainqueur FH
NS-MLP : vainqueur NS
La seule et unique chance de FH est donc de se retrouver contre MLP. Inversement, NS sort de l'incertitude s'il est opposé à MLP.
Autrement dit, FH et NS ont tous les deux intérêt à MLP au second tour ! FH plus que NS.
Cet article d'E. Zemmour prend tout son sel :
Viktor Orban, l'anti-Juppé
Le pari de FH sur un sursaut économique mécanique est risqué mais pas perdu d'avance. Sur un bilan très noir de cinq ans, il se peut que les six derniers mois apparaissent par chance meilleurs.
Mais pour que ce scénario se réalise favorablement pour FH, il faut absolument qu'il ait la droite molle en face de lui, je ne varie pas sur ce point. Ce à quoi s'emploient les medias en nous rebattant les oreilles de Bayrou et de Juppé.
Mais, évidemment, entre 2017 et nous, il y a les aleas de l'histoire ...
Trois candidats, trois possibilités :
FH-NS : vainqueur NS (on peut en discuter mais les méfaits d'aujourd'hui primeront, je pense)
FH-MLP : vainqueur FH
NS-MLP : vainqueur NS
La seule et unique chance de FH est donc de se retrouver contre MLP. Inversement, NS sort de l'incertitude s'il est opposé à MLP.
Autrement dit, FH et NS ont tous les deux intérêt à MLP au second tour ! FH plus que NS.
Cet article d'E. Zemmour prend tout son sel :
Viktor Orban, l'anti-Juppé
Le pari de FH sur un sursaut économique mécanique est risqué mais pas perdu d'avance. Sur un bilan très noir de cinq ans, il se peut que les six derniers mois apparaissent par chance meilleurs.
Mais pour que ce scénario se réalise favorablement pour FH, il faut absolument qu'il ait la droite molle en face de lui, je ne varie pas sur ce point. Ce à quoi s'emploient les medias en nous rebattant les oreilles de Bayrou et de Juppé.
Mais, évidemment, entre 2017 et nous, il y a les aleas de l'histoire ...
vendredi, avril 11, 2014
Le Front National, condamné au plafonnement ?
Je suis très sceptique sur l'avenir du Front National, je crois qu'il va plafonner (ce n'est pas un souhait, ni dans un sens, ni dans un autre, mais un pronostic) :
Marine Le Pen baisse dans les sondages : elle l'a bien cherché
Je tombe sur Atlantico sur un article qui n'est pas si loin du mien, même s'il s'attache plus à la forme qu'au fond :
"Des paroles et des actes" : Marine Le Pen, professionnelle des médias... et fossoyeur du FN ?
Je pense que les politiciens sont hypnotisés par les médias et leur accordent une importance excessive. Certes, il faut les maîtriser, mais comme un instrument, pas comme une fin en soi.
Or, Marine Le Pen me semble avoir vendu son âme pour quelques minutes d'antenne.
Pendant qu'on y est, un autre, qui est un peu trop fasciné par les medias :
Quels sont les vrais pouvoirs de Manuel Valls
Marine Le Pen baisse dans les sondages : elle l'a bien cherché
Je tombe sur Atlantico sur un article qui n'est pas si loin du mien, même s'il s'attache plus à la forme qu'au fond :
"Des paroles et des actes" : Marine Le Pen, professionnelle des médias... et fossoyeur du FN ?
Je pense que les politiciens sont hypnotisés par les médias et leur accordent une importance excessive. Certes, il faut les maîtriser, mais comme un instrument, pas comme une fin en soi.
Or, Marine Le Pen me semble avoir vendu son âme pour quelques minutes d'antenne.
Pendant qu'on y est, un autre, qui est un peu trop fasciné par les medias :
Quels sont les vrais pouvoirs de Manuel Valls
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1965 : dernière victoire de Ferrari au Mans
Puisque certains apprécient mes histoires de Ferrari ...
J'aime bien l'histoire de la course du Mans 1965 parce qu'elle est pleine de mal-aimés et d'outsiders.
Ford est de plus en plus menaçant mais Ferrari fait son complexe de supériorité habituel. Au lieu de concevoir un nouveau modèle, il engage des 275 LM et des 330 P de l'année précédente un peu améliorées.
La 250 LM est née de magouilles typiquement ferraristes : la Scuderia a tenté de refaire le coup de la 250 GTO, promettre aux autorités une production de série sans aucune intention de tenir, juste pour la faire homologuer dans la catégorie adéquate. Mais le coup ne passe pas deux fois : la 250 LM est classée proto. La 250 LM court donc contre des prototypes beaucoup plus puissants.
Rien ne se déroule comme prévu.
Les Ford GT40 tournent beaucoup plus vite que les Ferrari mais elles explosent leurs joints de culasse et leurs boites de vitesses les unes après les autres. A 22 heures, exit Ford.
Pendant ce temps, Rindt et Gregory, sur la «vieille» 250 LM privée du North American Racing Team, ne s'entendent pas et ont décidé de casser la voiture pour se débarrasser de la corvée au plus vite. Ils roulent à un train d'enfer.
Ford dehors, bref bonheur dans le camp des Ferrari officielles. Mais la préparation a été précipitée et improvisée, entre deux coups de théâtres à l'italienne. La Scuderia part en couille (si vous me permettez) les disques de frein, les embrayages, tout lâche. C'est la noire déroute.
Et Rindt et Gregory tournent encore. A tel point que le directeur de la Scuderia se déplace pour demander au NART de lever le pied, histoire que les «officielles» ne soient pas humiliées par les «privées». Vous imaginez l'accueil glacial réservé à cette demande.
Les Belges de l'écurie Francorchamps, aussi sur 250 LM privée, passent devant suite à un problème d'allumage chez les Ricains. Mais Rindt et Gregory, stupéfaits d'être à pareille fête, profite d'un déchapage de leader pour reprendre la tête et gagner.
Enfin, parlons de sous, une 250 LM a été vendue en 2013 à 14 M$. Maintenant, vous pouvez essayer de pronostiquer le prix de la n° 21 de Rindt et Gregory, qu'on peut voir aux Etats-Unis dans des expos automobiles (gloire à son propriétaire !).
Enfin, puisqu'on en est à parler de Ferrari d'endurance, voici la 330 P4, peut-être la plus belle Ferrari de tous les temps, route et course confondues :
J'aime bien l'histoire de la course du Mans 1965 parce qu'elle est pleine de mal-aimés et d'outsiders.
Ford est de plus en plus menaçant mais Ferrari fait son complexe de supériorité habituel. Au lieu de concevoir un nouveau modèle, il engage des 275 LM et des 330 P de l'année précédente un peu améliorées.
La 250 LM est née de magouilles typiquement ferraristes : la Scuderia a tenté de refaire le coup de la 250 GTO, promettre aux autorités une production de série sans aucune intention de tenir, juste pour la faire homologuer dans la catégorie adéquate. Mais le coup ne passe pas deux fois : la 250 LM est classée proto. La 250 LM court donc contre des prototypes beaucoup plus puissants.
Rien ne se déroule comme prévu.
Les Ford GT40 tournent beaucoup plus vite que les Ferrari mais elles explosent leurs joints de culasse et leurs boites de vitesses les unes après les autres. A 22 heures, exit Ford.
Pendant ce temps, Rindt et Gregory, sur la «vieille» 250 LM privée du North American Racing Team, ne s'entendent pas et ont décidé de casser la voiture pour se débarrasser de la corvée au plus vite. Ils roulent à un train d'enfer.
Ford dehors, bref bonheur dans le camp des Ferrari officielles. Mais la préparation a été précipitée et improvisée, entre deux coups de théâtres à l'italienne. La Scuderia part en couille (si vous me permettez) les disques de frein, les embrayages, tout lâche. C'est la noire déroute.
Et Rindt et Gregory tournent encore. A tel point que le directeur de la Scuderia se déplace pour demander au NART de lever le pied, histoire que les «officielles» ne soient pas humiliées par les «privées». Vous imaginez l'accueil glacial réservé à cette demande.
Les Belges de l'écurie Francorchamps, aussi sur 250 LM privée, passent devant suite à un problème d'allumage chez les Ricains. Mais Rindt et Gregory, stupéfaits d'être à pareille fête, profite d'un déchapage de leader pour reprendre la tête et gagner.
Enfin, parlons de sous, une 250 LM a été vendue en 2013 à 14 M$. Maintenant, vous pouvez essayer de pronostiquer le prix de la n° 21 de Rindt et Gregory, qu'on peut voir aux Etats-Unis dans des expos automobiles (gloire à son propriétaire !).
Enfin, puisqu'on en est à parler de Ferrari d'endurance, voici la 330 P4, peut-être la plus belle Ferrari de tous les temps, route et course confondues :
jeudi, avril 10, 2014
Je comprends pourquoi les politiciens adorent Twitter : tout cela vole très bas
Par hasard, je suis tombé sur le Tweet du député PS Anne-Yvonne Le Dain à propos de l'élection d'Alain Finkielkraut à l'Académie Française :
Anne-Yvonne Le Dain
Ca ne vole vraiment pas haut !
J'ai beau intituler ma rubrique concernant notre personnel politique La lie, je suis encore surpris !
On notera qu'Anne-Yvonne Le Dain n'est pas «mère de famille» mais «maman de 3 garçons». Tant de niaiserie devrait entrainer automatiquement l'inéligibilité.
Anne-Yvonne Le Dain
Ca ne vole vraiment pas haut !
J'ai beau intituler ma rubrique concernant notre personnel politique La lie, je suis encore surpris !
On notera qu'Anne-Yvonne Le Dain n'est pas «mère de famille» mais «maman de 3 garçons». Tant de niaiserie devrait entrainer automatiquement l'inéligibilité.
Valls veut démanteler la république, et alors ?
Valls veut démanteler la république
J'ai toujours été opposé à la suppression des départements et favorable à la suppression des régions, car l'inverse, supprimer les départements et agrandir les régions, me semble le prélude au démantèlement de la France, les grandes régions pouvant dialoguer directement avec la technocratie bruxelloise.
Bien sûr, tout à leur tropisme européiste et anti-national, c'est bien évidemment cette dernière solution que choisissent François Hollande et Manuel Valls (peu importent les mots ronflants qui font sonner le patriotisme du discours de politique générale, ils ne coutent pas cher).
Mais je me demande s'il ne faut pas faire contre mauvaise fortune bon coeur, si d'un mal ne peut pas sortir un bien :
• l'UERSS va être de fait renforcée, mais est-elle pérenne, de toute façon ?
• avec l'éclatement de la France, il va y avoir aussi, comme le titre Boulevard Voltaire, l'éclatement de la «raie publique», une dissolution du jacobinisme. Cela est sans conteste une excellente nouvelle.
• cela fait maintenant beau temps que je répète qu'avec l'information abondante et peu chère, l'avenir est aux petits pays, Suède, Suisse, etc.
Plus encore que la taille, l'essentiel est la gouvernance et celle des régions est désastreuse (clientélisme, gabegie, népotisme, corruption ...). Mais il ne faut pas désespérer : si les Français dépendent un peu plus de leur région, ils seront peut-être plus exigeants (on peut toujours rêver).
• pour la France, c'est l'ordalie. Autant l'UERSS est une construction artificielle, autant la France répond à des nécessités militaires et économiques. Les nécessités militaires sont estompées de nos jours, mais est-ce définitif ? Mon pari est que l'UERSS disparaîtra avant la France.
Le plus grand péril pour la France est le Grand Remplacement. Or, je me demande si des régions à forte identité et avec de l'autonomie ne sont pas en partie une solution. C'est une interrogation : la Bretagne a une forte identité et elle est quand même envahie.
Voilà aujourd'hui l'état de mes réflexions.
J'ai toujours été opposé à la suppression des départements et favorable à la suppression des régions, car l'inverse, supprimer les départements et agrandir les régions, me semble le prélude au démantèlement de la France, les grandes régions pouvant dialoguer directement avec la technocratie bruxelloise.
Bien sûr, tout à leur tropisme européiste et anti-national, c'est bien évidemment cette dernière solution que choisissent François Hollande et Manuel Valls (peu importent les mots ronflants qui font sonner le patriotisme du discours de politique générale, ils ne coutent pas cher).
Mais je me demande s'il ne faut pas faire contre mauvaise fortune bon coeur, si d'un mal ne peut pas sortir un bien :
• l'UERSS va être de fait renforcée, mais est-elle pérenne, de toute façon ?
• avec l'éclatement de la France, il va y avoir aussi, comme le titre Boulevard Voltaire, l'éclatement de la «raie publique», une dissolution du jacobinisme. Cela est sans conteste une excellente nouvelle.
• cela fait maintenant beau temps que je répète qu'avec l'information abondante et peu chère, l'avenir est aux petits pays, Suède, Suisse, etc.
Plus encore que la taille, l'essentiel est la gouvernance et celle des régions est désastreuse (clientélisme, gabegie, népotisme, corruption ...). Mais il ne faut pas désespérer : si les Français dépendent un peu plus de leur région, ils seront peut-être plus exigeants (on peut toujours rêver).
• pour la France, c'est l'ordalie. Autant l'UERSS est une construction artificielle, autant la France répond à des nécessités militaires et économiques. Les nécessités militaires sont estompées de nos jours, mais est-ce définitif ? Mon pari est que l'UERSS disparaîtra avant la France.
Le plus grand péril pour la France est le Grand Remplacement. Or, je me demande si des régions à forte identité et avec de l'autonomie ne sont pas en partie une solution. C'est une interrogation : la Bretagne a une forte identité et elle est quand même envahie.
Voilà aujourd'hui l'état de mes réflexions.
Comment s'opposer à Manuel Valls : le casse-tête de l'UMP
Comment s'opposer à Manuel Valls : le casse-tête de l'UMP
Cet article du Figaro m'a fait rire. La perplexité de l'UMP est franchement comique.
Il n'y a rien de plus facile que de s'opposer à Manuel Valls : il suffit d'être de droite, d'avoir des idées de droite et de les promouvoir.
Mais, à l'UMP de Copé, Juppé, Raffarin, Fillon, NKM, cela relève visiblement de l'exploit olympique. Il faut dire que des gens qui prennent «conservateur» pour une insulte et «progressiste» pour un compliment partent de très loin.
Il est plus facile de marcher sur la Lune sans casque que d'être de droite à l'UMP !
Cet article du Figaro m'a fait rire. La perplexité de l'UMP est franchement comique.
Il n'y a rien de plus facile que de s'opposer à Manuel Valls : il suffit d'être de droite, d'avoir des idées de droite et de les promouvoir.
Mais, à l'UMP de Copé, Juppé, Raffarin, Fillon, NKM, cela relève visiblement de l'exploit olympique. Il faut dire que des gens qui prennent «conservateur» pour une insulte et «progressiste» pour un compliment partent de très loin.
Il est plus facile de marcher sur la Lune sans casque que d'être de droite à l'UMP !
mercredi, avril 09, 2014
Zemmour : Juppé est le chef de la droite dont les medias rêvent
Je constate avec joie qu'Eric Zemmour est sur la même longueur d'onde que moi concernant Alain Juppé.
L'élection d'Alain Juppé en 2017 complèterait, comme pour parfaire une tragédie grecque, l'élection de François Hollande en 2012.
A vrai dire, je ne suis guère inquiet : au centre, il y a beaucoup de politiciens mais plus aucun électeur. On ne gagne pas une présidentielle avec Jean-Claude Casanova et Philippe Bilger !
Mais je me méfie : la droite la plus bête du monde est capable de tous les exploits, y compris de choisir comme candidat Juppé.
Juppé est le chef de la droite dont les médias... par rtl-fr
L'élection d'Alain Juppé en 2017 complèterait, comme pour parfaire une tragédie grecque, l'élection de François Hollande en 2012.
A vrai dire, je ne suis guère inquiet : au centre, il y a beaucoup de politiciens mais plus aucun électeur. On ne gagne pas une présidentielle avec Jean-Claude Casanova et Philippe Bilger !
Mais je me méfie : la droite la plus bête du monde est capable de tous les exploits, y compris de choisir comme candidat Juppé.
Juppé est le chef de la droite dont les médias... par rtl-fr
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Enzo Ferrari, l'anti-manager
Enzo Ferrari était l'anti-manager : pas un des modernes gourous du management ne le supporterait cinq minutes.
Il avait autant de génie pour amener sa société au bord du gouffre que pour la redresser ensuite.
Il régnait la plupart du temps au sein de la Scuderia une ambiance exécrable, digne des Borgia. Seules les victoires, quand il y en avait, allégeaient un peu l'atmosphère.
Parmi les mille anecdotes : l'épouse de M. Ferrari, fils d'ouvrier, était une aristocrate. Elle se mêlait un peu trop de la vie de la Scuderia. Des ingénieurs firent une pétition sur le thème «elle ou nous». Il les laissa partir et ... ils ne rencontrèrent pas autant de succès séparés qu'ils avaient eu chez Ferrari.
Enzo Ferrari avait coutume de dire : «Je trouve le ressort qui fait marcher un homme et j'appuie dessus à fond». Monter sciemment les hommes les uns contre les autres ne le gênait absolument pas.
Seule la victoire était belle.
On connaît l'histoire de l'accident de Lauda au Nurburgring : Lauda n'était même pas arrivé à l'hôpital, entre la vie et la mort, que Ferrari lui avait déjà trouvé un remplaçant. Ce que Lauda ne lui pardonna jamais.
Il prit quelques décisions bien désastreuses, qu'il eut ensuite le plus grand mal à rattraper.
On peut se demander si cet anti-management, peut-être adapté à l'artisanat, vaut pour une société moderne.
La réponse est aussi dans l'histoire de Ferrari : sans la reprise en main des «wonder boys» de FIAT, Luca di Montezemelo et Mauro Forghieri, la Scuderia des années 70 aurait sans doute coulé.
Il avait autant de génie pour amener sa société au bord du gouffre que pour la redresser ensuite.
Il régnait la plupart du temps au sein de la Scuderia une ambiance exécrable, digne des Borgia. Seules les victoires, quand il y en avait, allégeaient un peu l'atmosphère.
Parmi les mille anecdotes : l'épouse de M. Ferrari, fils d'ouvrier, était une aristocrate. Elle se mêlait un peu trop de la vie de la Scuderia. Des ingénieurs firent une pétition sur le thème «elle ou nous». Il les laissa partir et ... ils ne rencontrèrent pas autant de succès séparés qu'ils avaient eu chez Ferrari.
Enzo Ferrari avait coutume de dire : «Je trouve le ressort qui fait marcher un homme et j'appuie dessus à fond». Monter sciemment les hommes les uns contre les autres ne le gênait absolument pas.
Seule la victoire était belle.
On connaît l'histoire de l'accident de Lauda au Nurburgring : Lauda n'était même pas arrivé à l'hôpital, entre la vie et la mort, que Ferrari lui avait déjà trouvé un remplaçant. Ce que Lauda ne lui pardonna jamais.
Il prit quelques décisions bien désastreuses, qu'il eut ensuite le plus grand mal à rattraper.
On peut se demander si cet anti-management, peut-être adapté à l'artisanat, vaut pour une société moderne.
La réponse est aussi dans l'histoire de Ferrari : sans la reprise en main des «wonder boys» de FIAT, Luca di Montezemelo et Mauro Forghieri, la Scuderia des années 70 aurait sans doute coulé.
Le Mans (Steve Mac Queen)
Le Mans, comme film, est nullissime. Mais, comme documentaire, pardon.
Ce film est né de la passion de Steve Mac Queen. Il voulait tourner son film pendant les 24 heures du Mans, avec lui au volant.
Les assurances ont refusé.
Mais il y a quand même beaucoup d'images authentiques des 24 h et les images tournées pour le film l'ont été avec de vrais voitures de course. Oui, Oui, les Ferrari 512 sont tout ce qu'il y a de vrai, comme les Porsche. En revanche, les Ford GT40 sont des Lola maquillées.
C'est un film qui ne brille pas par ses dialogues !
Le tournage fut épique.
Les accidents filmés sont des vrais accidents, avec de vraies voitures, mais télécommandées. Les tête-à-queue étaient faits par un professionnel capable de s'arrêter au demi-tour près.
Un pilote a perdu une jambe dans un accident de tournage et Derek Bell a failli foutre en l'air la Ferrari à 300 Km/h dans les Hunaudières, déséquilibrée par le poids des caméras.
Bref, une époque où savait encore s'amuser.
Steve McQueen le mans 1970 par PAUL1902
Ce film est né de la passion de Steve Mac Queen. Il voulait tourner son film pendant les 24 heures du Mans, avec lui au volant.
Les assurances ont refusé.
Mais il y a quand même beaucoup d'images authentiques des 24 h et les images tournées pour le film l'ont été avec de vrais voitures de course. Oui, Oui, les Ferrari 512 sont tout ce qu'il y a de vrai, comme les Porsche. En revanche, les Ford GT40 sont des Lola maquillées.
C'est un film qui ne brille pas par ses dialogues !
Le tournage fut épique.
Les accidents filmés sont des vrais accidents, avec de vraies voitures, mais télécommandées. Les tête-à-queue étaient faits par un professionnel capable de s'arrêter au demi-tour près.
Un pilote a perdu une jambe dans un accident de tournage et Derek Bell a failli foutre en l'air la Ferrari à 300 Km/h dans les Hunaudières, déséquilibrée par le poids des caméras.
Bref, une époque où savait encore s'amuser.
Steve McQueen le mans 1970 par PAUL1902
Les moineaux de l'hémicycle
Les moineaux de l'hémicycle
Après, on va dire que j'exagère quand j'écris que nos politiciens ne sont pas des gens bien.
Après, on va dire que j'exagère quand j'écris que nos politiciens ne sont pas des gens bien.
Le gouvernement Valls est un gouvernement Hollande : la France échouera une fois de plus
Le seul reproche que je peux faire pour l'instant à Manuel Valls premier ministre, mais il est capital, c'est d'avoir accepté le poste.
Les institutions fournissaient à François Hollande trois possibilités de sortir de la finasserie pour, enfin, gouverner dans l'intérêt de la France et non des partis, des courants et des lobbys :
• la dissolution
• le référendum
• les ordonnances
Chacune de ces trois voies présentait des risques pour François Hollande mais ouvrait des possibilités à la France. Mais la France, ce n'est pas sa préoccupation, ce qui est tout de même grave pour un président de la république. Fidèle à lui-même, François Hollande n'a choisi aucune de ces trois voies.
François Hollande est ce salaud qui est dur là où il faudrait être mou et qui est mou là où il faudrait être dur.
Le terme «salaud» peut sembler excessif. En réalité, il est plutôt modéré : s'accrocher à son poste, dans la situation de notre pays, après un tel désaveu populaire, est d'une extrême gravité. Je ne peux m'empêcher de penser aux mots de Cromwell qui ont servi en 1940 contre Chamberlain : «Vous occupez cette place depuis trop longtemps pour le peu de bien que vous y faites. Débarrassez nous de vous. Au nom de Dieu, partez !».
J'entendais sur BFM un intervenant se plaindre de «la baisse de qualité sociologique des politiciens français depuis vingt ans».
Qu'en termes aimables ces choses-là sont dites ! J'ai en mémoire deux citations moins aimables :
• dans un éclair de franchise, Lionel Jospin : «Le Mouvement des Jeunes Socialistes est l'école du vice». Je pense qu'on peut étendre cette citation à tous les partis politiques français.
• Christian Vanneste : «Depuis trente ans, la politique est la carrière qu'ont choisie les diplômés du secondaire qui, n'étant pas assez intelligents pour rendre service à la société, ont décidé de vivre à son crochet». Ca décape !
Il me semble que le drame de la France est dans ces deux citations.
En attendant, les minables péripéties politiciennes sont écrites : la seule préoccupation de Manuel Valls est de trouver le bon prétexte pour claquer la porte et faire concurrence à François Hollande en 2017.
Les institutions fournissaient à François Hollande trois possibilités de sortir de la finasserie pour, enfin, gouverner dans l'intérêt de la France et non des partis, des courants et des lobbys :
• la dissolution
• le référendum
• les ordonnances
Chacune de ces trois voies présentait des risques pour François Hollande mais ouvrait des possibilités à la France. Mais la France, ce n'est pas sa préoccupation, ce qui est tout de même grave pour un président de la république. Fidèle à lui-même, François Hollande n'a choisi aucune de ces trois voies.
François Hollande est ce salaud qui est dur là où il faudrait être mou et qui est mou là où il faudrait être dur.
Le terme «salaud» peut sembler excessif. En réalité, il est plutôt modéré : s'accrocher à son poste, dans la situation de notre pays, après un tel désaveu populaire, est d'une extrême gravité. Je ne peux m'empêcher de penser aux mots de Cromwell qui ont servi en 1940 contre Chamberlain : «Vous occupez cette place depuis trop longtemps pour le peu de bien que vous y faites. Débarrassez nous de vous. Au nom de Dieu, partez !».
J'entendais sur BFM un intervenant se plaindre de «la baisse de qualité sociologique des politiciens français depuis vingt ans».
Qu'en termes aimables ces choses-là sont dites ! J'ai en mémoire deux citations moins aimables :
• dans un éclair de franchise, Lionel Jospin : «Le Mouvement des Jeunes Socialistes est l'école du vice». Je pense qu'on peut étendre cette citation à tous les partis politiques français.
• Christian Vanneste : «Depuis trente ans, la politique est la carrière qu'ont choisie les diplômés du secondaire qui, n'étant pas assez intelligents pour rendre service à la société, ont décidé de vivre à son crochet». Ca décape !
Il me semble que le drame de la France est dans ces deux citations.
En attendant, les minables péripéties politiciennes sont écrites : la seule préoccupation de Manuel Valls est de trouver le bon prétexte pour claquer la porte et faire concurrence à François Hollande en 2017.
Libellés :
France,
La lie,
Les conneries de Hollande,
Manuel Valls
mardi, avril 08, 2014
Commémorations de 1914 : Mère, voici vos fils qui se sont tant battus ...
Puisque je cite Péguy, voici ses vers les plus célèbres. A juste titre me semble-t-il, parce qu'ils étaient, écrits en décembre 1913, à ce point prémonitoires (1) qu'ils semblent inspirés.
°°°°°°°°°°°°°°
Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Parmi tout l'appareil des grandes funérailles.
Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.
Car elles sont le corps de la cité de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.
[...]
Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Vous les voyez couchés parmi les nations.
Que Dieu ménage un peu ces êtres débattus,
Ces coeurs pleins de tristesse et d'hésitations.
Et voici le gibier traqué dans les battues,
Les aigles abattus et les lièvres levés.
Que Dieu ménage un peu ces cœurs tant éprouvés,
Ces torses déviés, ces nuques rebattues.
Que Dieu ménage un peu ces êtres combattus,
Qu'il rappelle sa grâce et sa miséricorde.
Qu'il considère un peu ce sac et cette corde
Et ces poignets liés et ces reins courbatus.
Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Qu'ils ne soient pas pesés comme Dieu pèse un ange.
Que Dieu mette avec eux un peu de cette fange
Qu'ils étaient en principe et sont redevenus.
Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Qu'ils ne soient pas pesés comme on pèse un démon.
Que Dieu mette avec eux un peu de ce limon
Qu'ils étaient en principe et sont redevenus.
Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Qu'ils ne soient pas pesés comme on pèse un esprit.
Qu'ils soient plutôt jugés comme on juge un proscrit
Qui rentre en se cachant par des chemins perdus.
Mère voici vos fils et leur immense armée.
Qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.
Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre
Qui les a tant perdus et qu'ils ont tant aimée.
°°°°°°°°°°°°°°
Les commémorations officielles de la guerre de 14 m'inspirent les plus grandes craintes.
On va nous présenter ceux de 14 comme des victimes, victimes des industriels cupides, des politiciens idiots et des officiers sadiques. C'est une trahison. Qu'on se souvienne alors de Péguy :
Mère voici vos fils et leur immense armée.
Qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.
Qu'on ne verse pas dans le sentimentalisme de bas étage, qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère, qu'on respecte ces soldats qui furent des hommes.
Péguy, Genevoix, étaient Normaliens. Combien de Normaliens et d'Enarques seraient aujourd'hui capables de commander une section d'infanterie au feu ? Cela devrait inciter à la modestie ceux qui les traitent avec commisération.
*********************
(1) : le lieutenant Charles Péguy (officier de troupe, comme Maurice Genevoix, comme Alain-Fournier, comme Louis Pergaud), 41 ans, est mort à Villeroy, pendant la bataille de l'Ourcq, le 5 septembre 1914, d'une balle en plein front, parmi les blés.
°°°°°°°°°°°°°°
Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,Parmi tout l'appareil des grandes funérailles.
Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.
Car elles sont le corps de la cité de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.
[...]
Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Vous les voyez couchés parmi les nations.
Que Dieu ménage un peu ces êtres débattus,
Ces coeurs pleins de tristesse et d'hésitations.
Et voici le gibier traqué dans les battues,
Les aigles abattus et les lièvres levés.
Que Dieu ménage un peu ces cœurs tant éprouvés,
Ces torses déviés, ces nuques rebattues.
Que Dieu ménage un peu ces êtres combattus,
Qu'il rappelle sa grâce et sa miséricorde.
Qu'il considère un peu ce sac et cette corde
Et ces poignets liés et ces reins courbatus.
Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Qu'ils ne soient pas pesés comme Dieu pèse un ange.
Que Dieu mette avec eux un peu de cette fange
Qu'ils étaient en principe et sont redevenus.
Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Qu'ils ne soient pas pesés comme on pèse un démon.
Que Dieu mette avec eux un peu de ce limon
Qu'ils étaient en principe et sont redevenus.
Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Qu'ils ne soient pas pesés comme on pèse un esprit.
Qu'ils soient plutôt jugés comme on juge un proscrit
Qui rentre en se cachant par des chemins perdus.
Mère voici vos fils et leur immense armée.
Qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.
Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre
Qui les a tant perdus et qu'ils ont tant aimée.
°°°°°°°°°°°°°°
Les commémorations officielles de la guerre de 14 m'inspirent les plus grandes craintes.
On va nous présenter ceux de 14 comme des victimes, victimes des industriels cupides, des politiciens idiots et des officiers sadiques. C'est une trahison. Qu'on se souvienne alors de Péguy :
Mère voici vos fils et leur immense armée.
Qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.
Qu'on ne verse pas dans le sentimentalisme de bas étage, qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère, qu'on respecte ces soldats qui furent des hommes.
Péguy, Genevoix, étaient Normaliens. Combien de Normaliens et d'Enarques seraient aujourd'hui capables de commander une section d'infanterie au feu ? Cela devrait inciter à la modestie ceux qui les traitent avec commisération.
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(1) : le lieutenant Charles Péguy (officier de troupe, comme Maurice Genevoix, comme Alain-Fournier, comme Louis Pergaud), 41 ans, est mort à Villeroy, pendant la bataille de l'Ourcq, le 5 septembre 1914, d'une balle en plein front, parmi les blés.
Libellés :
Ceux de 14,
commémorations 14-18,
Péguy
Présentation de la Beauce à Notre Dame de Chartres
Présentation de la Beauce à Notre Dame de Chartres
Charles Péguy, 1913
Étoile de la mer voici la lourde nappe
Et la profonde houle et l’océan des blés
Et la mouvante écume et nos greniers comblés,
Voici votre regard sur cette immense chape.
Et voici votre voix sur cette lourde plaine
Et nos amis absents et nos cœurs dépeuplés,
Voici le long de nous nos poings désassemblés
Et notre lassitude et notre force pleine.
Étoile du matin, inaccessible reine,
Voici que nous marchons vers votre illustre cour,
Et voici le plateau de notre pauvre amour,
Et voici l’océan de notre immense peine.
Un sanglot rôde et court par-delà l’horizon.
À peine quelques toits font comme un archipel.
Du vieux clocher retombe une sorte d’appel.
L’épaisse église semble une basse maison.
Ainsi nous naviguons vers votre cathédrale.
De loin en loin surnage un chapelet de meules,
Rondes comme des tours, opulentes et seules
Comme un rang de châteaux sur la barque amirale.
Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre
Un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.
Mille ans de votre grâce on fait de ces travaux
Un reposoir sans fin pour l’âme solitaire.
Vous nous voyez marcher sur cette route droite,
Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents.
Sur ce large éventail ouvert à tous les vents
La route nationale est notre porte étroite.
Nous allons devant nous, les mains le long des poches,
Sans aucun appareil, sans fatras, sans discours,
D’un pas toujours égal, sans hâte ni recours,
Des champs les plus présents vers les champs les plus proches.
Vous nous voyez marcher, nous sommes la piétaille.
Nous n’avançons jamais que d’un pas à la fois.
Mais vingt siècles de peuple et vingt siècles de rois,
Et toute leur séquelle et toute leur volaille
Et leurs chapeaux à plume avec leur valetaille
Ont appris ce que c’est que d’être familiers,
Et comme on peut marcher, les pieds dans ses souliers,
Vers un dernier carré le soir d’une bataille.
Nous sommes nés pour vous au bord de ce plateau,
Dans le recourbement de notre blonde Loire,
Et ce fleuve de sable et ce fleuve de gloire
N’est là que pour baiser votre auguste manteau.
Nous sommes nés au bord de ce vaste plateau,
Dans l’antique Orléans sévère et sérieuse,
Et la Loire coulante et souvent limoneuse
N’est là que pour laver les pieds de ce coteau.
Nous sommes nés au bord de votre plate Beauce
Et nous avons connu dès nos plus jeunes ans
Le portail de la ferme et les durs paysans
Et l’enclos dans le bourg et la bêche et la fosse.
Nous sommes nés au bord de votre Beauce plate
Et nous avons connu dès nos premiers regrets
Ce que peut recéler de désespoirs secrets
Un soleil qui descend dans un ciel écarlate
Et qui se couche au ras d’un sol inévitable
Dur comme une justice, égal comme une barre,
Juste comme une loi, fermé comme une mare,
Ouvert comme un beau socle et plan comme une table.
Un homme de chez nous, de la glèbe féconde
A fait jaillir ici d’un seul enlèvement,
Et d’une seule source et d’un seul portement,
Vers votre assomption la flèche unique au monde.
Tour de David voici votre tour beauceronne.
C’est l’épi le plus dur qui soit jamais monté
Vers un ciel de clémence et de sérénité,
Et le plus beau fleuron dedans votre couronne.
Un homme de chez nous a fait ici jaillir,
Depuis le ras du sol jusqu’au pied de la croix,
Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,
La flèche irréprochable et qui ne peut faillir.
C’est la gerbe et le blé qui ne périra point,
Qui ne fanera point au soleil de septembre,
Qui ne gèlera point aux rigueurs de décembre,
C’est votre serviteur et c’est votre témoin.
C’est la tige et le blé qui ne pourrira pas,
Qui ne flétrira point aux ardeurs de l’été,
Qui ne moisira point dans un hiver gâté,
Qui ne transira point dans le commun trépas.
C’est la pierre sans tache et la pierre sans faute,
La plus haute oraison qu’on ait jamais portée,
La plus droite raison qu’on ait jamais jetée,
Et vers un ciel sans bord la ligne la plus haute.
Celle qui ne mourra le jour d’aucunes morts,
Le gage et le portrait de nos arrachements,
L’image et le tracé de nos redressements,
La laine et le fuseau des plus modestes sorts.
Nous arrivons vers vous du lointain Parisis.
Nous avons pour trois jours quitté notre boutique,
Et l’archéologie avec la sémantique,
Et la maigre Sorbonne et ses pauvres petits.
D’autres viendront vers vous du lointain Beauvaisis.
Nous avons pour trois jours laissé notre négoce,
Et la rumeur géante et la ville colosse,
D’autres viendront vers vous du lointain Cambrésis.
Nous arrivons vers vous de Paris capitale.
C’est là que nous avons notre gouvernement,
Et notre temps perdu dans le lanternement,
Et notre liberté décevante et totale.
Nous arrivons vers vous de l’autre Notre-Dame,
De celle qui s’élève au cœur de la cité,
Dans sa royale robe et dans sa majesté,
Dans sa magnificence et sa justesse d’âme.
Comme vous commandez un océan d’épis,
Là-bas vous commandez un océan de têtes,
Et la moisson des deuils et la moisson des fêtes
Se couche chaque soir devant votre parvis.
Nous arrivons vers vous du noble Hurepoix.
C’est un commencement de Beauce à notre usage,
Des fermes et des champs taillés à votre image,
Mais coupés plus souvent par des rideaux de bois,
Et coupés plus souvent par de creuses vallées
Pour l’Yvette et la Bièvre et leurs accroissements,
Et leurs savants détours et leurs dégagements,
Et par les beaux châteaux et les longues allées.
D’autres viendront vers vous du noble Vermandois,
Et des vallonnements de bouleaux et de saules.
D’autres viendront vers vous des palais et des geôles.
Et du pays picard et du vert Vendômois.
Mais c’est toujours la France, ou petite ou plus grande,
Le pays des beaux blés et des encadrements,
Le pays de la grappe et des ruissellements,
Le pays de genêts, de bruyère, de lande.
Nous arrivons vers vous du lointain Palaiseau
Et des faubourgs d’Orsay par Gometz-le-Châtel,
Autrement dit Saint-Clair ; ce n’est pas un castel ;
C’est un village au bord d’une route en biseau.
Nous avons débouché, montant de ce coteau,
Sur le ras de la plaine et sur Gometz-la-Ville
Au-dessus de Saint-Clair ; ce n’est pas une ville ;
C’est un village au bord d’une route en plateau.
Nous avons descendu la côte de Limours.
Nous avons rencontré trois ou quatre gendarmes.
Ils nous ont regardé, non sans quelques alarmes,
Consulter les poteaux aux coins des carrefours.
Nous avons pu coucher dans le calme Dourdan.
C’est un gros bourg très riche et qui sent sa province.
Fiers nous avons longé, regardés comme un prince,
Les fossés du château coupés comme un redan.
Dans la maison amie, hôtesse et fraternelle
On nous a fait coucher dans le lit du garçon.
Vingt ans de souvenirs étaient notre échanson.
Le pain nous fut coupé d’une main maternelle.
Toute notre jeunesse était là solennelle.
On prononça pour nous le Bénédicité.
Quatre siècles d’honneur et de fidélité
Faisaient des draps du lit une couche éternelle.
Nous avons fait semblant d’être un gai pèlerin
Et même un bon vivant et d’aimer les voyages,
Et d’avoir parcouru cent trente-et-un bailliages,
Et d’être accoutumés d’être sur le chemin.
La clarté de la lampe éblouissait la nappe.
On nous fit visiter le jardin potager.
Il donnait sur la treille et sur un beau verger.
Tel fut le premier gîte et la tête d’étape.
Le jardin était clos dans un coude de l’Orge.
Vers la droite il donnait sur un mur bocager
Surmonté de rameaux et d’un arceau léger.
En face un maréchal, et l’enclume, et la forge.
Nous nous sommes levés ce matin devant l’aube.
Nous nous sommes quittés après les beaux adieux.
Le temps s’annonçait bien. On nous a dit tant mieux.
On nous a fait goûter de quelque bœuf en daube,
Puisqu’il est entendu que le bon pèlerin
Est celui qui boit ferme et tient sa place à table,
Et qu’il n’a pas besoin de faire le comptable,
Et que c’est bien assez de se lever matin.
Le jour était en route et le soleil montait
Quand nous avons passé Sainte-Mesme et les autres.
Nous avancions déjà comme deux bons apôtres.
Et la gauche et la droite était ce qui comptait.
Nous sommes remontés par le Gué de Longroy.
C’en est fait désormais de nos atermoiements,
Et de l’iniquité des dénivellements :
Voici la juste plaine et le secret effroi
De nous trouver tout seuls et voici le charroi
Et la roue et les bœufs et le joug et la grange,
Et la poussière égale et l’équitable fange
Et la détresse égale et l’égal désarroi.
Nous voici parvenus sur la haute terrasse
Où rien ne cache plus l’homme de devant Dieu,
Où nul déguisement ni du temps ni du lieu
Ne pourra nous sauver, Seigneur, de votre chasse.
Voici la gerbe immense et l’immense liasse,
Et le grain sous la meule et nos écrasements,
Et la grêle javelle et nos renoncements,
Et l’immense horizon que le regard embrasse.
Et notre indignité cette immuable masse,
Et notre basse peur en un pareil moment,
Et la juste terreur et le secret tourment
De nous trouver tout seuls par devant votre face.
Mais voici que c’est vous, reine de majesté,
Comment avons-nous pu nous laisser décevoir,
Et marcher devant vous sans vous apercevoir.
Nous serons donc toujours ce peuple inconcerté.
Ce pays est plus ras que la plus rase table.
À peine un creux du sol, à peine un léger pli.
C’est la table du juge et le fait accompli,
Et l’arrêt sans appel et l’ordre inéluctable.
Et c’est le prononcé du texte insurmontable,
Et la mesure comble et c’est le sort empli,
Et c’est la vie étale et l’homme enseveli,
Et c’est le héraut d’arme et le sceau redoutable.
Mais vous apparaissez, reine mystérieuse.
Cette pointe là-bas dans le moutonnement
Des moissons et des bois et dans le flottement
De l’extrême horizon ce n’est point une yeuse,
Ni le profil connu d’un arbre interchangeable.
C’est déjà plus distante, et plus basse, et plus haute,
Ferme comme un espoir sur la dernière côte,
Sur le dernier coteau la flèche inimitable.
D’ici vers vous, ô reine, il n’est plus que la route.
Celle-ci nous regarde, on en a bien fait d’autres.
Vous avez votre gloire et nous avons les nôtres.
Nous l’avons entamée, on la mangera toute.
Nous savons ce que c’est qu’un tronçon qui s’ajoute
Au tronçon déjà fait et ce qu’un kilomètre
Demande de jarret et ce qu’il faut en mettre :
Nous passerons ce soir par le pont et la voûte
Et ce fossé profond qui cerne le rempart.
Nous marchons dans le vent coupés par les autos.
C’est ici la contrée imprenable en photos,
La route nue et grave allant de part en part.
Nous avons eu bon vent de partir dès le jour.
Nous coucherons ce soir à deux pas de chez vous,
Dans cette vieille auberge où pour quarante sous
Nous dormirons tout près de votre illustre tour.
Nous serons si fourbus que nous regarderons,
Assis sur une chaise auprès de la fenêtre,
Dans un écrasement du corps et de tout l’être,
Avec des yeux battus, presque avec des yeux ronds,
Et les sourcils haussés jusque dedans nos fronts,
L’angle une fois trouvé par un seul homme au monde,
Et l’unique montée ascendante et profonde,
Et nous serons recrus et nous contemplerons.
Voici l’axe et la ligne et la géante fleur.
Voici la dure pente et le contentement.
Voici l’exactitude et le consentement.
Et la sévère larme, ô reine de douleur.
Voici la nudité, le reste est vêtement.
Voici le vêtement, tout le reste est parure.
Voici la pureté, tout le reste est souillure.
Voici la pauvreté, le reste est ornement.
Voici la seule force et le reste est faiblesse.
Voici l’arête unique et le reste est bavure.
Et la seule noblesse et le reste est ordure.
Et la seule grandeur et le reste est bassesse.
Voici la seule foi qui ne soit point parjure.
Voici le seul élan qui sache un peu monter.
Voici le seul instant qui vaille de compter.
Voici le seul propos qui s’achève et qui dure.
Voici le monument, tout le reste est doublure.
Et voici notre amour et notre entendement.
Et notre port de tête et notre apaisement.
Et le rien de dentelle et l’exacte moulure.
Voici le beau serment, le reste est forfaiture.
Voici l’unique prix de nos arrachements,
Le salaire payé de nos retranchements.
Voici la vérité, le reste est imposture.
Voici le firmament, le reste est procédure.
Et vers le tribunal voici l’ajustement.
Et vers le paradis voici l’achèvement.
Et la feuille de pierre et l’exacte nervure.
Nous resterons cloués sur la chaise de paille.
Et nous n’entendrons pas et nous ne verrons pas
Le tumulte des voix, le tumulte des pas,
Et dans la salle en bas l’innocente ripaille.
Ni les rouliers venus pour le jour du marché.
Ni la feinte colère et l’éclat des jurons :
Car nous contemplerons et nous méditerons
D’un seul embrassement la flèche sans péché.
Nous ne sentirons pas ni nos faces raidies,
Ni la faim ni la soif ni nos renoncements,
Ni nos raides genoux ni nos raisonnements,
Ni dans nos pantalons nos jambes engourdies.
Perdus dans cette chambre et parmi tant d’hôtels,
Nous ne descendrons pas à l’heure du repas,
Et nous n’entendrons pas et nous ne verrons pas
La ville prosternée au pied de vos autels.
Et quand se lèvera le soleil de demain,
Nous nous réveillerons dans une aube lustrale,
À l’ombre des deux bras de votre cathédrale,
Heureux et malheureux et perclus du chemin.
Nous venons vous prier pour ce pauvre garçon
Qui mourut comme un sot au cours de cette année,
Presque dans la semaine et devers la journée
Où votre fils naquit dans la paille et le son.
Ô Vierge, il n’était pas le pire du troupeau.
Il n’avait qu’un défaut dans sa jeune cuirasse.
Mais la mort qui nous piste et nous suit à la trace
A passé par ce trou qu’il s’est fait dans la peau.
Il était né vers nous dans notre Gâtinais.
Il commençait la route où nous redescendons.
Il gagnait tous les jours tout ce que nous perdons.
Et pourtant c’était lui que tu te destinais,
Ô mort qui fus vaincue en un premier caveau.
Il avait mis ses pas dans nos mêmes empreintes.
Mais le seul manquement d’une seule des craintes
Laissa passer la mort par un chemin nouveau.
Le voici maintenant dedans votre régence.
Vous êtes reine et mère et saurez le montrer.
C’était un être pur. Vous le ferez rentrer
Dans votre patronage et dans votre indulgence.
Ô reine qui lisez dans le secret du cœur,
Vous savez ce que c’est que la vie ou la mort,
Et vous savez ainsi dans quel secret du sort
Se coud et se découd la ruse du traqueur.
Et vous savez ainsi sur quel accent du chœur
Se noue et se dénoue un accompagnement,
Et ce qu’il faut d’espace et de déboisement
Pour laisser débouler la meute du piqueur.
Et vous savez ainsi dans quel recreux du port
Se prépare et s’achève un noble enlèvement,
Et par quel jeu d’adresse et de gouvernement
Se dérobe ou se fixe un illustre support.
Et vous savez ainsi sur quel tranchant du glaive
Se joue et se déjoue un épouvantement,
Et par quel coup de pouce et quel balancement
L’un des plateaux descend pour que l’autre s’élève.
Et ce que peut coûter la lèvre du moqueur,
Et ce qu’il faut de force et de recroisement
Pour faire par le coup d’un seul retournement
D’un vaincu malheureux un malheureux vainqueur.
Mère le voici donc, il était notre race,
Et vingt ans après nous notre redoublement.
Reine recevez-le dans votre amendement.
Où la mort a passé, passera bien la grâce.
Nous, nous retournerons par ce même chemin.
Ce sera de nouveau la terre sans cachette,
Le château sans un coin et sans une oubliette,
Et ce sol mieux gravé qu’un parfait parchemin.
Et nunc et in hora, nous vous prions pour nous
Qui sommes plus grands sots que ce pauvre gamin,
Et sans doute moins purs et moins dans votre main,
Et moins acheminés vers vos sacrés genoux.
Quand nous aurons joué nos derniers personnages,
Quand nous aurons posé la cape et le manteau,
Quand nous aurons jeté le masque et le couteau,
Veuillez vous rappeler nos longs pèlerinages.
Quand nous retournerons en cette froide terre,
Ainsi qu’il fut prescrit pour le premier Adam,
Reine de Saint-Chéron, Saint-Arnould et Dourdan,
Veuillez vous rappeler ce chemin solitaire.
Quand on nous aura mis dans une étroite fosse,
Quand on aura sur nous dit l’absoute et la messe,
Veuillez vous rappeler, reine de la promesse,
Le long cheminement que nous faisons en Beauce.
Quand nous aurons quitté ce sac et cette corde,
Quand nous aurons tremblé nos derniers tremblements,
Quand nous aurons raclé nos derniers raclements,
Veuillez vous rappelez votre miséricorde.
Nous ne demandons rien, refuge du pécheur,
Que la dernière place en votre Purgatoire,
Pour pleurer longuement notre tragique histoire,
Et contempler de loin votre jeune splendeur.
Charles Péguy, 1913
Étoile de la mer voici la lourde nappe
Et la profonde houle et l’océan des blés
Et la mouvante écume et nos greniers comblés,
Voici votre regard sur cette immense chape.
Et voici votre voix sur cette lourde plaine
Et nos amis absents et nos cœurs dépeuplés,
Voici le long de nous nos poings désassemblés
Et notre lassitude et notre force pleine.
Étoile du matin, inaccessible reine,
Voici que nous marchons vers votre illustre cour,
Et voici le plateau de notre pauvre amour,
Et voici l’océan de notre immense peine.
Un sanglot rôde et court par-delà l’horizon.
À peine quelques toits font comme un archipel.
Du vieux clocher retombe une sorte d’appel.
L’épaisse église semble une basse maison.
Ainsi nous naviguons vers votre cathédrale.
De loin en loin surnage un chapelet de meules,
Rondes comme des tours, opulentes et seules
Comme un rang de châteaux sur la barque amirale.
Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre
Un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.
Mille ans de votre grâce on fait de ces travaux
Un reposoir sans fin pour l’âme solitaire.
Vous nous voyez marcher sur cette route droite,
Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents.
Sur ce large éventail ouvert à tous les vents
La route nationale est notre porte étroite.
Nous allons devant nous, les mains le long des poches,
Sans aucun appareil, sans fatras, sans discours,
D’un pas toujours égal, sans hâte ni recours,
Des champs les plus présents vers les champs les plus proches.
Vous nous voyez marcher, nous sommes la piétaille.
Nous n’avançons jamais que d’un pas à la fois.
Mais vingt siècles de peuple et vingt siècles de rois,
Et toute leur séquelle et toute leur volaille
Et leurs chapeaux à plume avec leur valetaille
Ont appris ce que c’est que d’être familiers,
Et comme on peut marcher, les pieds dans ses souliers,
Vers un dernier carré le soir d’une bataille.
Nous sommes nés pour vous au bord de ce plateau,
Dans le recourbement de notre blonde Loire,
Et ce fleuve de sable et ce fleuve de gloire
N’est là que pour baiser votre auguste manteau.
Nous sommes nés au bord de ce vaste plateau,
Dans l’antique Orléans sévère et sérieuse,
Et la Loire coulante et souvent limoneuse
N’est là que pour laver les pieds de ce coteau.
Nous sommes nés au bord de votre plate Beauce
Et nous avons connu dès nos plus jeunes ans
Le portail de la ferme et les durs paysans
Et l’enclos dans le bourg et la bêche et la fosse.
Nous sommes nés au bord de votre Beauce plate
Et nous avons connu dès nos premiers regrets
Ce que peut recéler de désespoirs secrets
Un soleil qui descend dans un ciel écarlate
Et qui se couche au ras d’un sol inévitable
Dur comme une justice, égal comme une barre,
Juste comme une loi, fermé comme une mare,
Ouvert comme un beau socle et plan comme une table.
Un homme de chez nous, de la glèbe féconde
A fait jaillir ici d’un seul enlèvement,
Et d’une seule source et d’un seul portement,
Vers votre assomption la flèche unique au monde.
Tour de David voici votre tour beauceronne.
C’est l’épi le plus dur qui soit jamais monté
Vers un ciel de clémence et de sérénité,
Et le plus beau fleuron dedans votre couronne.
Un homme de chez nous a fait ici jaillir,
Depuis le ras du sol jusqu’au pied de la croix,
Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,
La flèche irréprochable et qui ne peut faillir.
C’est la gerbe et le blé qui ne périra point,
Qui ne fanera point au soleil de septembre,
Qui ne gèlera point aux rigueurs de décembre,
C’est votre serviteur et c’est votre témoin.
C’est la tige et le blé qui ne pourrira pas,
Qui ne flétrira point aux ardeurs de l’été,
Qui ne moisira point dans un hiver gâté,
Qui ne transira point dans le commun trépas.
C’est la pierre sans tache et la pierre sans faute,
La plus haute oraison qu’on ait jamais portée,
La plus droite raison qu’on ait jamais jetée,
Et vers un ciel sans bord la ligne la plus haute.
Celle qui ne mourra le jour d’aucunes morts,
Le gage et le portrait de nos arrachements,
L’image et le tracé de nos redressements,
La laine et le fuseau des plus modestes sorts.
Nous arrivons vers vous du lointain Parisis.
Nous avons pour trois jours quitté notre boutique,
Et l’archéologie avec la sémantique,
Et la maigre Sorbonne et ses pauvres petits.
D’autres viendront vers vous du lointain Beauvaisis.
Nous avons pour trois jours laissé notre négoce,
Et la rumeur géante et la ville colosse,
D’autres viendront vers vous du lointain Cambrésis.
Nous arrivons vers vous de Paris capitale.
C’est là que nous avons notre gouvernement,
Et notre temps perdu dans le lanternement,
Et notre liberté décevante et totale.
Nous arrivons vers vous de l’autre Notre-Dame,
De celle qui s’élève au cœur de la cité,
Dans sa royale robe et dans sa majesté,
Dans sa magnificence et sa justesse d’âme.
Comme vous commandez un océan d’épis,
Là-bas vous commandez un océan de têtes,
Et la moisson des deuils et la moisson des fêtes
Se couche chaque soir devant votre parvis.
Nous arrivons vers vous du noble Hurepoix.
C’est un commencement de Beauce à notre usage,
Des fermes et des champs taillés à votre image,
Mais coupés plus souvent par des rideaux de bois,
Et coupés plus souvent par de creuses vallées
Pour l’Yvette et la Bièvre et leurs accroissements,
Et leurs savants détours et leurs dégagements,
Et par les beaux châteaux et les longues allées.
D’autres viendront vers vous du noble Vermandois,
Et des vallonnements de bouleaux et de saules.
D’autres viendront vers vous des palais et des geôles.
Et du pays picard et du vert Vendômois.
Mais c’est toujours la France, ou petite ou plus grande,
Le pays des beaux blés et des encadrements,
Le pays de la grappe et des ruissellements,
Le pays de genêts, de bruyère, de lande.
Nous arrivons vers vous du lointain Palaiseau
Et des faubourgs d’Orsay par Gometz-le-Châtel,
Autrement dit Saint-Clair ; ce n’est pas un castel ;
C’est un village au bord d’une route en biseau.
Nous avons débouché, montant de ce coteau,
Sur le ras de la plaine et sur Gometz-la-Ville
Au-dessus de Saint-Clair ; ce n’est pas une ville ;
C’est un village au bord d’une route en plateau.
Nous avons descendu la côte de Limours.
Nous avons rencontré trois ou quatre gendarmes.
Ils nous ont regardé, non sans quelques alarmes,
Consulter les poteaux aux coins des carrefours.
Nous avons pu coucher dans le calme Dourdan.
C’est un gros bourg très riche et qui sent sa province.
Fiers nous avons longé, regardés comme un prince,
Les fossés du château coupés comme un redan.
Dans la maison amie, hôtesse et fraternelle
On nous a fait coucher dans le lit du garçon.
Vingt ans de souvenirs étaient notre échanson.
Le pain nous fut coupé d’une main maternelle.
Toute notre jeunesse était là solennelle.
On prononça pour nous le Bénédicité.
Quatre siècles d’honneur et de fidélité
Faisaient des draps du lit une couche éternelle.
Nous avons fait semblant d’être un gai pèlerin
Et même un bon vivant et d’aimer les voyages,
Et d’avoir parcouru cent trente-et-un bailliages,
Et d’être accoutumés d’être sur le chemin.
La clarté de la lampe éblouissait la nappe.
On nous fit visiter le jardin potager.
Il donnait sur la treille et sur un beau verger.
Tel fut le premier gîte et la tête d’étape.
Le jardin était clos dans un coude de l’Orge.
Vers la droite il donnait sur un mur bocager
Surmonté de rameaux et d’un arceau léger.
En face un maréchal, et l’enclume, et la forge.
Nous nous sommes levés ce matin devant l’aube.
Nous nous sommes quittés après les beaux adieux.
Le temps s’annonçait bien. On nous a dit tant mieux.
On nous a fait goûter de quelque bœuf en daube,
Puisqu’il est entendu que le bon pèlerin
Est celui qui boit ferme et tient sa place à table,
Et qu’il n’a pas besoin de faire le comptable,
Et que c’est bien assez de se lever matin.
Le jour était en route et le soleil montait
Quand nous avons passé Sainte-Mesme et les autres.
Nous avancions déjà comme deux bons apôtres.
Et la gauche et la droite était ce qui comptait.
Nous sommes remontés par le Gué de Longroy.
C’en est fait désormais de nos atermoiements,
Et de l’iniquité des dénivellements :
Voici la juste plaine et le secret effroi
De nous trouver tout seuls et voici le charroi
Et la roue et les bœufs et le joug et la grange,
Et la poussière égale et l’équitable fange
Et la détresse égale et l’égal désarroi.
Nous voici parvenus sur la haute terrasse
Où rien ne cache plus l’homme de devant Dieu,
Où nul déguisement ni du temps ni du lieu
Ne pourra nous sauver, Seigneur, de votre chasse.
Voici la gerbe immense et l’immense liasse,
Et le grain sous la meule et nos écrasements,
Et la grêle javelle et nos renoncements,
Et l’immense horizon que le regard embrasse.
Et notre indignité cette immuable masse,
Et notre basse peur en un pareil moment,
Et la juste terreur et le secret tourment
De nous trouver tout seuls par devant votre face.
Mais voici que c’est vous, reine de majesté,
Comment avons-nous pu nous laisser décevoir,
Et marcher devant vous sans vous apercevoir.
Nous serons donc toujours ce peuple inconcerté.
Ce pays est plus ras que la plus rase table.
À peine un creux du sol, à peine un léger pli.
C’est la table du juge et le fait accompli,
Et l’arrêt sans appel et l’ordre inéluctable.
Et c’est le prononcé du texte insurmontable,
Et la mesure comble et c’est le sort empli,
Et c’est la vie étale et l’homme enseveli,
Et c’est le héraut d’arme et le sceau redoutable.
Mais vous apparaissez, reine mystérieuse.
Cette pointe là-bas dans le moutonnement
Des moissons et des bois et dans le flottement
De l’extrême horizon ce n’est point une yeuse,
Ni le profil connu d’un arbre interchangeable.
C’est déjà plus distante, et plus basse, et plus haute,
Ferme comme un espoir sur la dernière côte,
Sur le dernier coteau la flèche inimitable.
D’ici vers vous, ô reine, il n’est plus que la route.
Celle-ci nous regarde, on en a bien fait d’autres.
Vous avez votre gloire et nous avons les nôtres.
Nous l’avons entamée, on la mangera toute.
Nous savons ce que c’est qu’un tronçon qui s’ajoute
Au tronçon déjà fait et ce qu’un kilomètre
Demande de jarret et ce qu’il faut en mettre :
Nous passerons ce soir par le pont et la voûte
Et ce fossé profond qui cerne le rempart.
Nous marchons dans le vent coupés par les autos.
C’est ici la contrée imprenable en photos,
La route nue et grave allant de part en part.
Nous avons eu bon vent de partir dès le jour.
Nous coucherons ce soir à deux pas de chez vous,
Dans cette vieille auberge où pour quarante sous
Nous dormirons tout près de votre illustre tour.
Nous serons si fourbus que nous regarderons,
Assis sur une chaise auprès de la fenêtre,
Dans un écrasement du corps et de tout l’être,
Avec des yeux battus, presque avec des yeux ronds,
Et les sourcils haussés jusque dedans nos fronts,
L’angle une fois trouvé par un seul homme au monde,
Et l’unique montée ascendante et profonde,
Et nous serons recrus et nous contemplerons.
Voici l’axe et la ligne et la géante fleur.
Voici la dure pente et le contentement.
Voici l’exactitude et le consentement.
Et la sévère larme, ô reine de douleur.
Voici la nudité, le reste est vêtement.
Voici le vêtement, tout le reste est parure.
Voici la pureté, tout le reste est souillure.
Voici la pauvreté, le reste est ornement.
Voici la seule force et le reste est faiblesse.
Voici l’arête unique et le reste est bavure.
Et la seule noblesse et le reste est ordure.
Et la seule grandeur et le reste est bassesse.
Voici la seule foi qui ne soit point parjure.
Voici le seul élan qui sache un peu monter.
Voici le seul instant qui vaille de compter.
Voici le seul propos qui s’achève et qui dure.
Voici le monument, tout le reste est doublure.
Et voici notre amour et notre entendement.
Et notre port de tête et notre apaisement.
Et le rien de dentelle et l’exacte moulure.
Voici le beau serment, le reste est forfaiture.
Voici l’unique prix de nos arrachements,
Le salaire payé de nos retranchements.
Voici la vérité, le reste est imposture.
Voici le firmament, le reste est procédure.
Et vers le tribunal voici l’ajustement.
Et vers le paradis voici l’achèvement.
Et la feuille de pierre et l’exacte nervure.
Nous resterons cloués sur la chaise de paille.
Et nous n’entendrons pas et nous ne verrons pas
Le tumulte des voix, le tumulte des pas,
Et dans la salle en bas l’innocente ripaille.
Ni les rouliers venus pour le jour du marché.
Ni la feinte colère et l’éclat des jurons :
Car nous contemplerons et nous méditerons
D’un seul embrassement la flèche sans péché.
Nous ne sentirons pas ni nos faces raidies,
Ni la faim ni la soif ni nos renoncements,
Ni nos raides genoux ni nos raisonnements,
Ni dans nos pantalons nos jambes engourdies.
Perdus dans cette chambre et parmi tant d’hôtels,
Nous ne descendrons pas à l’heure du repas,
Et nous n’entendrons pas et nous ne verrons pas
La ville prosternée au pied de vos autels.
Et quand se lèvera le soleil de demain,
Nous nous réveillerons dans une aube lustrale,
À l’ombre des deux bras de votre cathédrale,
Heureux et malheureux et perclus du chemin.
Nous venons vous prier pour ce pauvre garçon
Qui mourut comme un sot au cours de cette année,
Presque dans la semaine et devers la journée
Où votre fils naquit dans la paille et le son.
Ô Vierge, il n’était pas le pire du troupeau.
Il n’avait qu’un défaut dans sa jeune cuirasse.
Mais la mort qui nous piste et nous suit à la trace
A passé par ce trou qu’il s’est fait dans la peau.
Il était né vers nous dans notre Gâtinais.
Il commençait la route où nous redescendons.
Il gagnait tous les jours tout ce que nous perdons.
Et pourtant c’était lui que tu te destinais,
Ô mort qui fus vaincue en un premier caveau.
Il avait mis ses pas dans nos mêmes empreintes.
Mais le seul manquement d’une seule des craintes
Laissa passer la mort par un chemin nouveau.
Le voici maintenant dedans votre régence.
Vous êtes reine et mère et saurez le montrer.
C’était un être pur. Vous le ferez rentrer
Dans votre patronage et dans votre indulgence.
Ô reine qui lisez dans le secret du cœur,
Vous savez ce que c’est que la vie ou la mort,
Et vous savez ainsi dans quel secret du sort
Se coud et se découd la ruse du traqueur.
Et vous savez ainsi sur quel accent du chœur
Se noue et se dénoue un accompagnement,
Et ce qu’il faut d’espace et de déboisement
Pour laisser débouler la meute du piqueur.
Et vous savez ainsi dans quel recreux du port
Se prépare et s’achève un noble enlèvement,
Et par quel jeu d’adresse et de gouvernement
Se dérobe ou se fixe un illustre support.
Et vous savez ainsi sur quel tranchant du glaive
Se joue et se déjoue un épouvantement,
Et par quel coup de pouce et quel balancement
L’un des plateaux descend pour que l’autre s’élève.
Et ce que peut coûter la lèvre du moqueur,
Et ce qu’il faut de force et de recroisement
Pour faire par le coup d’un seul retournement
D’un vaincu malheureux un malheureux vainqueur.
Mère le voici donc, il était notre race,
Et vingt ans après nous notre redoublement.
Reine recevez-le dans votre amendement.
Où la mort a passé, passera bien la grâce.
Nous, nous retournerons par ce même chemin.
Ce sera de nouveau la terre sans cachette,
Le château sans un coin et sans une oubliette,
Et ce sol mieux gravé qu’un parfait parchemin.
Et nunc et in hora, nous vous prions pour nous
Qui sommes plus grands sots que ce pauvre gamin,
Et sans doute moins purs et moins dans votre main,
Et moins acheminés vers vos sacrés genoux.
Quand nous aurons joué nos derniers personnages,
Quand nous aurons posé la cape et le manteau,
Quand nous aurons jeté le masque et le couteau,
Veuillez vous rappeler nos longs pèlerinages.
Quand nous retournerons en cette froide terre,
Ainsi qu’il fut prescrit pour le premier Adam,
Reine de Saint-Chéron, Saint-Arnould et Dourdan,
Veuillez vous rappeler ce chemin solitaire.
Quand on nous aura mis dans une étroite fosse,
Quand on aura sur nous dit l’absoute et la messe,
Veuillez vous rappeler, reine de la promesse,
Le long cheminement que nous faisons en Beauce.
Quand nous aurons quitté ce sac et cette corde,
Quand nous aurons tremblé nos derniers tremblements,
Quand nous aurons raclé nos derniers raclements,
Veuillez vous rappelez votre miséricorde.
Nous ne demandons rien, refuge du pécheur,
Que la dernière place en votre Purgatoire,
Pour pleurer longuement notre tragique histoire,
Et contempler de loin votre jeune splendeur.
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