70 ans : c'est la durée qu'il faudra pour ramener les déficits publics à zéro si, toutes choses égales par ailleurs, les réductions d'effectifs fonctionnaires continuent au rythme actuel.
Un tel chiffre rend bien le ridicule de la politique sarkozyenne. Plus timoré, tu meurs.
Mais, bien entendu, les choses ne restent jamais égales par ailleurs. En réalité, dans 70 ans, soit notre Etat aura fait banqueroute depuis longtemps (probablement avant 2015), soit le pays se sera redressé suite à une réforme d'ampleur de l'Etat (comprendre : une coupe claire dans les effectifs de fonctionnaires).
dimanche, juillet 27, 2008
vendredi, juillet 25, 2008
The Hitler-Hess deception (Martin Allen)
Comme je ne vais pas toujours vous mâcher le boulot, je vous explique juste de quoi cause ce livre en vous conseillant de le lire.
Il s'agit de la manipulation («deception» est un faux-ami) pour aboutir à une paix séparée entre l'Allemagne et la Grande-Bretagne (ou faire croire à telle paix), qui conduisit Rudolf Hess à voler jusqu'en Ecosse pour prendre contact avec des éléments très hauts placés dans le gouvernement et l'aristocratie anglaise.
Et comment les Britanniques ont éliminé la plupart des preuves (mais heureusement pas toutes) qui mettaient en cause l'image du pays uni dans la guerre au nazisme (et aussi pour d'autres raisons, mais il faut lire le livre).
Il s'agit de la manipulation («deception» est un faux-ami) pour aboutir à une paix séparée entre l'Allemagne et la Grande-Bretagne (ou faire croire à telle paix), qui conduisit Rudolf Hess à voler jusqu'en Ecosse pour prendre contact avec des éléments très hauts placés dans le gouvernement et l'aristocratie anglaise.
Et comment les Britanniques ont éliminé la plupart des preuves (mais heureusement pas toutes) qui mettaient en cause l'image du pays uni dans la guerre au nazisme (et aussi pour d'autres raisons, mais il faut lire le livre).
Lindbergh, l'ange noir (B. Marck)
Bernard Mack avait déjà commis une biographie d'Hélène Boucher, maintenant Charles Lindbergh. Les personnalités sont symétriques, autant celle de la «fiancée de l'air» est lumineuse, le meilleur résumé de sa carrière est : un trait de lumière dans le ciel (1), autant celle de Lindbergh est sombre.
Le titre est très bien trouvée : Lindbergh est très pur, il est de ces pilotes comme Mermoz qui semblent en état de grâce aux commandes d'un avion, qui mènent machines et hommes au-delà de tout ce qu'on croyait possible.
Sa traversée de l'Atlantique est élégante de simplicité : un monomoteur, peu d'instruments, pas d'équipage.
Mais c'est un caractère noir dans sa pureté.
Son passage comme figure de proue du fascisme américain, sous couvert d'isolationnisme, est bien connu (2). La réalité est moins nette, mais c'est ce qu'a retenu le public.
La célébrité souvent insupportable (3), l'horrible meurtre de son bébé et le procès qui a suivi ont contribué à cette noirceur.
L'existence de ses deux (!!!) familles allemandes, qui vécurent en parallèle de sa famille américaine et ne fut rendue publique qu'après sa mort, accroit le malaise.
Et pourtant quelle personnalité : véritable héros de la guerre du Pacifique bien que son passé pro-nazi et sa célébrité lui aient interdit le combat, auteur de recherches en cardiologie que les spécialistes estiment de valeur, écologiste sur le tard (4).
L'histoire de l'aviation est riche de ses personnages cumulant courage physique et courage intellectuel.
Le film avec James Stewart se laisse voir, mais il fut un flop : la page Lindbergh était tournée pour le public et il traina sa réputation sulfureuse, même atténuée.
Dans ce cadre général, revenons sur quelques points :
> le «fascisme» de Lindbergh. Il a bien tenu quelques propos antisémites, extrêmement rares, et reçu des mains de Goering une décoration nazie. Mais cela ne suffit pas à faire de lui un fasciste.
En fait, il a commis la même erreur que nombre de pétainistes qui ont cru avoir à faire à un conflit classique où la «realpolitik» était de mise. Dans cette optique, la position isolationniste de Lindbergh se comprend : laisser les Européens se battrent entre eux sans s'en mêler était la meilleure option pour les USA afin de sortir encore plus forts de ce conflit qui les auraient épargnés.
Il faut cependant dire que, si ses convictions humanistes ne sont pas en cause, il se trouve que sa promotion de l'isolationnisme jouait très directement dans la main d'Hitler à cette époque.
Comme beaucoup de pétainistes, quand il a compris son erreur, Lindbergh s'est bien rattrapé.
> Alexis Carrel : le cas est intéressant et hélas pas vraiment en notre honneur. Carrel et Lindbergh étaient amis et ont mené leurs recherches en cardiologie ensemble. Carrel, prix Nobel de médecine, était un génie du calibre de Pasteur, il a notamment réussi à faire vivre un coeur de poulet 23 ans, nettement plus longtemps qu'un poulet, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives sur l'étude du vieillissement.
Carrel a promu l'eugénisme et a travaillé avec le gouvernement pétainiste dans le domaine médical, mais il était opposé au nazisme sans aucune ambiguité, ces écrits sont très clairs, et il a aidé des résistants.
Malgré cela, en dépit des protestations d'éminents médecins, toutes les rues et universités de France portant son nom ont été débaptisées. Il semble que notre époque, confite dans sa bonne conscience prétentieuse, soit inapte à la nuance et, pour tout dire, à l'intelligence.
> Lindbergh dans la guerre du Pacifique : cas probablement unique à cette époque, il était un civil participant à des missions aériennes de combat. En théorie, il menait une étude sur les performances des avions, qu'il a considérablement améliorées en changeant certaines procédures, mais il en profitait pour participer à des missions de combat. Bien que de vingt ans plus agé que ses compagnons d'armes, il s'est révélé plus endurant, plus habile et plus précis, bref meilleur. Sa réputation de pilote exceptionnel s'est à nouveau vérifiée.
> la vie familiale : Lindbergh était un despote maniaque, tout le temps en voyage et qui terrorisait la maisonnée par ses minutieuses exigences lors de ses retours impromptus. Il est clair que ce n'était pas un sentimental, c'est le moins qu'on puisse sire, la chaleur et l'affection n'étaient vraiment pas ses points forts et, ce faisant, il était très difficile à vivre. Ces immenses qualités intellectuelles n'avaient pas pour pendant des qualités sociales du même tonneau.
Considérons à sa décharge que le rapt et le meurtre de son premier enfant très médiatisés, alors même que son mariage était sa première aventure sentimentale, l'ont probablement meurtri à jamais et ont arrêté net son épanouissement affectif.
> la mort de Lindbergh. Atteint d'un cancer, Charles Lindbergh meurt en 1974. De l'avis unanime de ceux qui y ont assisté, Lindbergh a préparé son voyage dans l'au-delà avec autant de minutie qu'il a préparé sa traversée de l'Atlantique, le parallèle a frappé tous les observateurs. Il s'est réconcilié avec un de ses fils avec lequel il était fâché depuis des années. Rarement un homme est entré dans la mort avec autant de lucidité, allant jusqu'à demander à un ami «Est-ce que je meurs bien ?». Comme il n'y a jamais eu chez lui de forfanterie, ça ne peut être que l'ouvrier consciencieux qui demande si le travail est bien fait. Le récit est très impressionnant.
(1) : quand elle est morte, elle volait depuis trois ans, avait accumulé des prix, des records, des premières, et pourtant, elle avait à peine plus d'heures de vol que moi (c'est le genre de comparaison qui me remettrait à ma place si j'avais des velleités de grosse tête).
(2) : Philip Roth a écrit un excellent roman, Le complot contre l'Amérique, où, en décalant avant les élections un authentique discours de Lindbergh prononcé après celles-ci, il imagine que Lindbergh remporte les présidentielles face à Roosevelt, entrainant les USA dans un fascisme local teinté d'antisémitisme. C'est irréaliste dans la mesure où c'est justement son isolationnisme qui a fait perdre sa popularité à Lindbergh, mais c'est un roman.
(3) : l'incroyable popularité de Lindbergh est un peu oubliée aujourd'hui.
(4) : j'ai remarqué une nette tendance à l'écologie chez certains pilotes, peut-être parce que l'avion donne un point de vue plus élevé ! Mais il est vrai que l'écologisme est une misanthropie et que Lindbergh virait grognon.
Le titre est très bien trouvée : Lindbergh est très pur, il est de ces pilotes comme Mermoz qui semblent en état de grâce aux commandes d'un avion, qui mènent machines et hommes au-delà de tout ce qu'on croyait possible.
Sa traversée de l'Atlantique est élégante de simplicité : un monomoteur, peu d'instruments, pas d'équipage.
Mais c'est un caractère noir dans sa pureté.
Son passage comme figure de proue du fascisme américain, sous couvert d'isolationnisme, est bien connu (2). La réalité est moins nette, mais c'est ce qu'a retenu le public.
La célébrité souvent insupportable (3), l'horrible meurtre de son bébé et le procès qui a suivi ont contribué à cette noirceur.
L'existence de ses deux (!!!) familles allemandes, qui vécurent en parallèle de sa famille américaine et ne fut rendue publique qu'après sa mort, accroit le malaise.
Et pourtant quelle personnalité : véritable héros de la guerre du Pacifique bien que son passé pro-nazi et sa célébrité lui aient interdit le combat, auteur de recherches en cardiologie que les spécialistes estiment de valeur, écologiste sur le tard (4).
L'histoire de l'aviation est riche de ses personnages cumulant courage physique et courage intellectuel.
Le film avec James Stewart se laisse voir, mais il fut un flop : la page Lindbergh était tournée pour le public et il traina sa réputation sulfureuse, même atténuée.
Dans ce cadre général, revenons sur quelques points :
> le «fascisme» de Lindbergh. Il a bien tenu quelques propos antisémites, extrêmement rares, et reçu des mains de Goering une décoration nazie. Mais cela ne suffit pas à faire de lui un fasciste.
En fait, il a commis la même erreur que nombre de pétainistes qui ont cru avoir à faire à un conflit classique où la «realpolitik» était de mise. Dans cette optique, la position isolationniste de Lindbergh se comprend : laisser les Européens se battrent entre eux sans s'en mêler était la meilleure option pour les USA afin de sortir encore plus forts de ce conflit qui les auraient épargnés.
Il faut cependant dire que, si ses convictions humanistes ne sont pas en cause, il se trouve que sa promotion de l'isolationnisme jouait très directement dans la main d'Hitler à cette époque.
Comme beaucoup de pétainistes, quand il a compris son erreur, Lindbergh s'est bien rattrapé.
> Alexis Carrel : le cas est intéressant et hélas pas vraiment en notre honneur. Carrel et Lindbergh étaient amis et ont mené leurs recherches en cardiologie ensemble. Carrel, prix Nobel de médecine, était un génie du calibre de Pasteur, il a notamment réussi à faire vivre un coeur de poulet 23 ans, nettement plus longtemps qu'un poulet, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives sur l'étude du vieillissement.
Carrel a promu l'eugénisme et a travaillé avec le gouvernement pétainiste dans le domaine médical, mais il était opposé au nazisme sans aucune ambiguité, ces écrits sont très clairs, et il a aidé des résistants.
Malgré cela, en dépit des protestations d'éminents médecins, toutes les rues et universités de France portant son nom ont été débaptisées. Il semble que notre époque, confite dans sa bonne conscience prétentieuse, soit inapte à la nuance et, pour tout dire, à l'intelligence.
> Lindbergh dans la guerre du Pacifique : cas probablement unique à cette époque, il était un civil participant à des missions aériennes de combat. En théorie, il menait une étude sur les performances des avions, qu'il a considérablement améliorées en changeant certaines procédures, mais il en profitait pour participer à des missions de combat. Bien que de vingt ans plus agé que ses compagnons d'armes, il s'est révélé plus endurant, plus habile et plus précis, bref meilleur. Sa réputation de pilote exceptionnel s'est à nouveau vérifiée.
> la vie familiale : Lindbergh était un despote maniaque, tout le temps en voyage et qui terrorisait la maisonnée par ses minutieuses exigences lors de ses retours impromptus. Il est clair que ce n'était pas un sentimental, c'est le moins qu'on puisse sire, la chaleur et l'affection n'étaient vraiment pas ses points forts et, ce faisant, il était très difficile à vivre. Ces immenses qualités intellectuelles n'avaient pas pour pendant des qualités sociales du même tonneau.
Considérons à sa décharge que le rapt et le meurtre de son premier enfant très médiatisés, alors même que son mariage était sa première aventure sentimentale, l'ont probablement meurtri à jamais et ont arrêté net son épanouissement affectif.
> la mort de Lindbergh. Atteint d'un cancer, Charles Lindbergh meurt en 1974. De l'avis unanime de ceux qui y ont assisté, Lindbergh a préparé son voyage dans l'au-delà avec autant de minutie qu'il a préparé sa traversée de l'Atlantique, le parallèle a frappé tous les observateurs. Il s'est réconcilié avec un de ses fils avec lequel il était fâché depuis des années. Rarement un homme est entré dans la mort avec autant de lucidité, allant jusqu'à demander à un ami «Est-ce que je meurs bien ?». Comme il n'y a jamais eu chez lui de forfanterie, ça ne peut être que l'ouvrier consciencieux qui demande si le travail est bien fait. Le récit est très impressionnant.
(1) : quand elle est morte, elle volait depuis trois ans, avait accumulé des prix, des records, des premières, et pourtant, elle avait à peine plus d'heures de vol que moi (c'est le genre de comparaison qui me remettrait à ma place si j'avais des velleités de grosse tête).
(2) : Philip Roth a écrit un excellent roman, Le complot contre l'Amérique, où, en décalant avant les élections un authentique discours de Lindbergh prononcé après celles-ci, il imagine que Lindbergh remporte les présidentielles face à Roosevelt, entrainant les USA dans un fascisme local teinté d'antisémitisme. C'est irréaliste dans la mesure où c'est justement son isolationnisme qui a fait perdre sa popularité à Lindbergh, mais c'est un roman.
(3) : l'incroyable popularité de Lindbergh est un peu oubliée aujourd'hui.
(4) : j'ai remarqué une nette tendance à l'écologie chez certains pilotes, peut-être parce que l'avion donne un point de vue plus élevé ! Mais il est vrai que l'écologisme est une misanthropie et que Lindbergh virait grognon.
jeudi, juillet 24, 2008
Qu'est-ce que l'ultra-libéralisme ?
Le libéralisme, vous voyez à peu près ce que c'est. Mais vous entendez régulièrement parler d'ultralibéralisme et ça reste pour vous un mystère.
Vous êtes bien sûr de ne l'avoir jamais rencontré dans notre belle France où les dépenses publiques font 55 % du PIB.
Grâce à La Lime™, vous allez enfin apprendre ce qu'est l'ultralibéralisme.
L'ultralibéralisme est un être imaginaire destiné à faire peur aux enfants (1), à l'instar des ogres, des dragons et de Chantal Goya. Il est le descendant direct du déjà très horrible libéralisme.
Dès qu'il arrive malheur à des prébendiers de l'Etat, ou même qu'ils sont simplement menacés d'un éventuel malheur si lointain qu'eux seuls le devinent, c'est la faute au méchant ultralibéralisme, dont j'abrège le patronyme en UL pour la suite de ce message.
Comme un exemple vaut mieux qu'un long discours, je vais vous parler de l'école.
Les résultats de l'école primaire et secondaire se dégradent lamentablement depuis trente ans, il y a quasi-unanimité sur la question.
Comme cette école est étatisée à 99 %, soit directement (public) soit indirectement (privé sous contrat), vous croyez bien qu'UL n'y est rien. Détrompez-vous. Vous n'avez rien compris, vous êtes un naïf, un innocent, ou pire, un infâme suppôt d'UL.
L'école a été détruite par des syndicalistes de gauche imposant le pédagogisme, lui aussi venu de la gauche ? Peu importe : la gauche ne saurait être coupable tandis qu'UL ne saurait être innocent. C'est donc de la faute d'UL.
Comment cela ? Voyez le machiavélisme d'UL : il a encouragé les gauchistes sous hypnose à saper les fondements de l'école républicaine pour mieux pouvoir la privatiser.
Les ministres qui, terrifiés par les grèves à répétition, ont lâchement laissé la bride sur le cou des gauchistes pédagogistes ? Des alliés objectifs d'UL qui s'ignorent (ou peut-être même pas).
Les expérimentations débiles en ZEPs ? Encore un effet du complot d'UL, d'autant plus redoutable qu'il est dissimulé.
Les parents qui veulent, ô sacrilège, ô infamie, ô cabane sur le chien, avoir leur mot à dire sur l'école de leurs enfants ? De vils consuméristes, suppôts d'UL.
Les boites de cours privés pour compenser les dégâts des néfastes de l'éducation nationaze ? Arghh, d'affreux sectateurs d'UL.
Vous avez compris. Armés de ce principe cardinal «La gauche ne saurait être coupable, l'ultralibéralisme ne saurait être innocent», vous pourrez à titre d'exercice expliquer vous mêmes : le phyllloxera, la rage, le sida, la peste et le choléra, l'obésité ici et la faim ailleurs, la bourse qui descend, la température qui monte, le travail des Chinois, la paresse des Français, l'équipe de France de foot, le tour de France, la misère, les abeilles malades ...
Ensuite, une fois bien rôdé sur des cas généraux, vous pourrez passer à votre cas personnel et démontrer que l'ultralibéralisme est coupable de votre vie ennuyeuse, de votre salaire trop bas, de votre mariage raté et de votre divorce réussi, des enfants qui se barrent, de votre Renault qui tombe en panne, du chien du voisin qui pisse sur votre paillasson, des impots trop lourds, des raideurs qui se déplacent, de vos mauvais numéros au Loto, de la machine à laver qui fuit, du lave-vaisselle bouché ...
(1) : ou aux adultes qui pensent comme des enfants.
Vous êtes bien sûr de ne l'avoir jamais rencontré dans notre belle France où les dépenses publiques font 55 % du PIB.
Grâce à La Lime™, vous allez enfin apprendre ce qu'est l'ultralibéralisme.
L'ultralibéralisme est un être imaginaire destiné à faire peur aux enfants (1), à l'instar des ogres, des dragons et de Chantal Goya. Il est le descendant direct du déjà très horrible libéralisme.
Dès qu'il arrive malheur à des prébendiers de l'Etat, ou même qu'ils sont simplement menacés d'un éventuel malheur si lointain qu'eux seuls le devinent, c'est la faute au méchant ultralibéralisme, dont j'abrège le patronyme en UL pour la suite de ce message.
Comme un exemple vaut mieux qu'un long discours, je vais vous parler de l'école.
Les résultats de l'école primaire et secondaire se dégradent lamentablement depuis trente ans, il y a quasi-unanimité sur la question.
Comme cette école est étatisée à 99 %, soit directement (public) soit indirectement (privé sous contrat), vous croyez bien qu'UL n'y est rien. Détrompez-vous. Vous n'avez rien compris, vous êtes un naïf, un innocent, ou pire, un infâme suppôt d'UL.
L'école a été détruite par des syndicalistes de gauche imposant le pédagogisme, lui aussi venu de la gauche ? Peu importe : la gauche ne saurait être coupable tandis qu'UL ne saurait être innocent. C'est donc de la faute d'UL.
Comment cela ? Voyez le machiavélisme d'UL : il a encouragé les gauchistes sous hypnose à saper les fondements de l'école républicaine pour mieux pouvoir la privatiser.
Les ministres qui, terrifiés par les grèves à répétition, ont lâchement laissé la bride sur le cou des gauchistes pédagogistes ? Des alliés objectifs d'UL qui s'ignorent (ou peut-être même pas).
Les expérimentations débiles en ZEPs ? Encore un effet du complot d'UL, d'autant plus redoutable qu'il est dissimulé.
Les parents qui veulent, ô sacrilège, ô infamie, ô cabane sur le chien, avoir leur mot à dire sur l'école de leurs enfants ? De vils consuméristes, suppôts d'UL.
Les boites de cours privés pour compenser les dégâts des néfastes de l'éducation nationaze ? Arghh, d'affreux sectateurs d'UL.
Vous avez compris. Armés de ce principe cardinal «La gauche ne saurait être coupable, l'ultralibéralisme ne saurait être innocent», vous pourrez à titre d'exercice expliquer vous mêmes : le phyllloxera, la rage, le sida, la peste et le choléra, l'obésité ici et la faim ailleurs, la bourse qui descend, la température qui monte, le travail des Chinois, la paresse des Français, l'équipe de France de foot, le tour de France, la misère, les abeilles malades ...
Ensuite, une fois bien rôdé sur des cas généraux, vous pourrez passer à votre cas personnel et démontrer que l'ultralibéralisme est coupable de votre vie ennuyeuse, de votre salaire trop bas, de votre mariage raté et de votre divorce réussi, des enfants qui se barrent, de votre Renault qui tombe en panne, du chien du voisin qui pisse sur votre paillasson, des impots trop lourds, des raideurs qui se déplacent, de vos mauvais numéros au Loto, de la machine à laver qui fuit, du lave-vaisselle bouché ...
(1) : ou aux adultes qui pensent comme des enfants.
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libéralisme,
politique
mercredi, juillet 23, 2008
Les deux blogs
Le fait d'avoir été obligé de déserter le blog de JP Brighelli sous la pression des matons de Panurge m'a conduit à transformer ma réflexion qui couvait en action.
Comme il y a deux types de conversations (voir De l'art de conférer, de Montaigne, auquel je n'ai parait-il rien compris), il y a deux types de discussion sur les blogs :
> le mauvais : la discussion consiste en une querelle d'egos, avec une pincée d'étalage narcissique de ses connaissances. On ne cherche pas la vérité mais à avoir raison, il faut abattre son adversaire ou au moins l'impressionner, quitte, sans même quelquefois s'en rendre compte, à être de mauvaise foi.
Dans ces circonstances, il n'est pas incongru de l'insulter ou de le diaboliser. Un grand classique : «Ces idées réactionnaires qui rappellent les heures les plus sombres de notre histoire ...»
Généralement, ces blogs tournent en rond (Oui ! Non ! Mais oui ! Mais non ! Noir ! Blanc ! Vous en êtes un autre, monsieur etc ...), on y utilise mille mots quand cent suffisent, on s'écoute beaucoup parler mais on n'entend pas les autres, et si, dans ce fatras, il y a trois idées valables, c'est bien de la chance. Des montagne de tchatche et zéro idée neuve.
Ce sont, suivant le mot d'un commentateur, des blogs «de premiers de la classe qui se mesurent la quéquette intellectuelle».
> le bon : la discussion est une collaboration pour découvrir ensemble la vérité. C'est difficile car cela suppose qu'on laisse son ego sur le seuil du blog, qu'on «rende les armes à la vérité d'aussi loin qu'on la voit s'approcher». Et pour y accéder, il faut pratiquer l'humilité en public, attitude peu commune et qui nécessite d'y travailler. C'est d'autant plus ardu qu'il ne faut pas passer de l'humilité à la servilité : si vous ne voyez pas la vérité s'approcher, ne rendez pas les armes.
Pour que la discussion se passe bien, il y faut ce que j'appelle la présomption d'intelligence (un autre nom du respect ?) : commencez par envisager que votre contradicteur a raison, pour bien comprendre ses arguments et ses raisons.
L'agréable de ce genre de blogs est d'être concis, clair et direct, car on n'y parle que si l'on a quelque chose à dire et on y dit que ce qu'on a à dire. Et les discussions n'y tournent pas en rond : en trois ou quatre messages, les termes du débat sont en général posés ; libre ensuite à l'humeur vagabonde des intervenants de dériver sur autre chose.
Il y a effectivement comme le remarque Epicier Vénéneux un ratio longueur des messages/nombre de messages qui mesure approximativement la qualité des discussions (à condition que les messages ne soient pas trop longs, sinon, ça devient verbeux).
Or, de même qu'une pomme pourrie suffit à pourrir le panier entier, un malotru suffit à pourrir un fil de discussion. Le blog Secret Défense a perdu beaucoup de son intérêt depuis que JD Merchet modère a posteriori : trop de hors sujets et de commentaires creux. Il y a un effet d'éviction : les mauvais commentaires chassent les bons.
C'est le rôle du propriétaire des lieux de virer le malappris comme le bon jardinier vire les doryphores.
C'est pourquoi je n'ai aucun scrupule à demander une identification et si ça ne suffit pas, comme le laisse entendre Matthieu, je n'hésiterai pas à recourir à la modération a priori, sachant que je suis plus enclin à censurer le ton et le vocabulaire que les idées.
Qu'on se le dise.
Comme il y a deux types de conversations (voir De l'art de conférer, de Montaigne, auquel je n'ai parait-il rien compris), il y a deux types de discussion sur les blogs :
> le mauvais : la discussion consiste en une querelle d'egos, avec une pincée d'étalage narcissique de ses connaissances. On ne cherche pas la vérité mais à avoir raison, il faut abattre son adversaire ou au moins l'impressionner, quitte, sans même quelquefois s'en rendre compte, à être de mauvaise foi.
Dans ces circonstances, il n'est pas incongru de l'insulter ou de le diaboliser. Un grand classique : «Ces idées réactionnaires qui rappellent les heures les plus sombres de notre histoire ...»
Généralement, ces blogs tournent en rond (Oui ! Non ! Mais oui ! Mais non ! Noir ! Blanc ! Vous en êtes un autre, monsieur etc ...), on y utilise mille mots quand cent suffisent, on s'écoute beaucoup parler mais on n'entend pas les autres, et si, dans ce fatras, il y a trois idées valables, c'est bien de la chance. Des montagne de tchatche et zéro idée neuve.
Ce sont, suivant le mot d'un commentateur, des blogs «de premiers de la classe qui se mesurent la quéquette intellectuelle».
> le bon : la discussion est une collaboration pour découvrir ensemble la vérité. C'est difficile car cela suppose qu'on laisse son ego sur le seuil du blog, qu'on «rende les armes à la vérité d'aussi loin qu'on la voit s'approcher». Et pour y accéder, il faut pratiquer l'humilité en public, attitude peu commune et qui nécessite d'y travailler. C'est d'autant plus ardu qu'il ne faut pas passer de l'humilité à la servilité : si vous ne voyez pas la vérité s'approcher, ne rendez pas les armes.
Pour que la discussion se passe bien, il y faut ce que j'appelle la présomption d'intelligence (un autre nom du respect ?) : commencez par envisager que votre contradicteur a raison, pour bien comprendre ses arguments et ses raisons.
L'agréable de ce genre de blogs est d'être concis, clair et direct, car on n'y parle que si l'on a quelque chose à dire et on y dit que ce qu'on a à dire. Et les discussions n'y tournent pas en rond : en trois ou quatre messages, les termes du débat sont en général posés ; libre ensuite à l'humeur vagabonde des intervenants de dériver sur autre chose.
Il y a effectivement comme le remarque Epicier Vénéneux un ratio longueur des messages/nombre de messages qui mesure approximativement la qualité des discussions (à condition que les messages ne soient pas trop longs, sinon, ça devient verbeux).
Or, de même qu'une pomme pourrie suffit à pourrir le panier entier, un malotru suffit à pourrir un fil de discussion. Le blog Secret Défense a perdu beaucoup de son intérêt depuis que JD Merchet modère a posteriori : trop de hors sujets et de commentaires creux. Il y a un effet d'éviction : les mauvais commentaires chassent les bons.
C'est le rôle du propriétaire des lieux de virer le malappris comme le bon jardinier vire les doryphores.
C'est pourquoi je n'ai aucun scrupule à demander une identification et si ça ne suffit pas, comme le laisse entendre Matthieu, je n'hésiterai pas à recourir à la modération a priori, sachant que je suis plus enclin à censurer le ton et le vocabulaire que les idées.
Qu'on se le dise.
Le génie américain du siècle dernier
L'usine de Willow Run, près de Detroit, faisait 5 km de long, employait 14 000 personnes et était conçue pour sortir 1 B24 par heure. Elle en produisit finalement 8 685.
mardi, juillet 22, 2008
«Lutte contre les phobies» institutionalisée : pourquoi je suis contre
Plutôt qu'un long discours, une illustration. Qu'est-ce qui justifie que les sketchs ci-dessous ne soient plus possibles ?
Ou encore :
On avait le choix entre la Résistance et la collaboration
La collaboration, c'était la notabilité, un prie-Dieu à Saint-Honoré d'Eylau,les indulgences de Pie XII et des places de faveur aux concerts de Tino Rossi et Maurice Chevalier.
Oui mais ... La Résistance, c'était la vie au grand air : You kaï di you kaï da.
Oui, mais la collaboration, c'était la possibilité d'apprendre une jolie langue étrangère à peu de frais.
Oui, mais dans la Résistance, on ne se cultivait pas, mais on rigolait bien : "Et boum le train. Et boum le petit viaduc ..."
Oui, mais la collaboration, on faisait pas sauter les ponts, mais on pouvait sauter les connes !
Oui, mais la collaboration ... Pour bien gagner sa vie, fallait dénoncer les Juifs. C'est pas très joli comme méthode ... non, mais ... dans la Résistance, on dénonçait pas les juifs ... Mais fallait vivre avec !
Ou encore :
On avait le choix entre la Résistance et la collaboration
La collaboration, c'était la notabilité, un prie-Dieu à Saint-Honoré d'Eylau,les indulgences de Pie XII et des places de faveur aux concerts de Tino Rossi et Maurice Chevalier.
Oui mais ... La Résistance, c'était la vie au grand air : You kaï di you kaï da.
Oui, mais la collaboration, c'était la possibilité d'apprendre une jolie langue étrangère à peu de frais.
Oui, mais dans la Résistance, on ne se cultivait pas, mais on rigolait bien : "Et boum le train. Et boum le petit viaduc ..."
Oui, mais la collaboration, on faisait pas sauter les ponts, mais on pouvait sauter les connes !
Oui, mais la collaboration ... Pour bien gagner sa vie, fallait dénoncer les Juifs. C'est pas très joli comme méthode ... non, mais ... dans la Résistance, on dénonçait pas les juifs ... Mais fallait vivre avec !
lundi, juillet 21, 2008
De l'anonymat sur les blogs en général et sur celui-ci en particulier
J'ai remarqué que les messages les plus méprisants, les plus insultants, viennent d'utilisateurs anonymes (brillante découverte !).
Je ne vois pas pourquoi je tolérerais plus longtemps l'impolitesse qui consiste à venir critiquer sans même dévoiler son identité de la part de gens dont je soupçonne qu'ils n'auraient pas le courage de me répéter en face ce qu'ils écrivent sous couvert de l'anonymat (c'est plus facile de faire la grande gueule devant son clavier).
Désormais, pour poster des commentaires, il faudra un compte Google, ce qui suppose un adresse mail valide.
Et si ça ne convient pas à certains, je monterai les barreaux de l'escalade de la terreur : je modérerai les commentaires a priori. Les commentaires impolis, outranciers ou simplement cons, hop dehors.
Je ne vois pas pourquoi je tolérerais plus longtemps l'impolitesse qui consiste à venir critiquer sans même dévoiler son identité de la part de gens dont je soupçonne qu'ils n'auraient pas le courage de me répéter en face ce qu'ils écrivent sous couvert de l'anonymat (c'est plus facile de faire la grande gueule devant son clavier).
Désormais, pour poster des commentaires, il faudra un compte Google, ce qui suppose un adresse mail valide.
Et si ça ne convient pas à certains, je monterai les barreaux de l'escalade de la terreur : je modérerai les commentaires a priori. Les commentaires impolis, outranciers ou simplement cons, hop dehors.
dimanche, juillet 20, 2008
Irak et Afghanistan
Il se pourrait bien que l'intervention américaine en Irak, si unanimement décriée dans notre doulce France, puisse devenir un succès, tandis que L'intervention en Afghanistan, qui avait pour elle le droit international, soit en passe d'échouer complétement.
Je n'ai malheureusement pas le temps de faire un article complet sur la question avant le mois d'aout. C'est pourquoi j'encourage mes bien-aimés lecteurs à se renseigner par eux-mêmes en attendant que je trouve le temps de me consacrer à ce problème captivant.
Je n'ai malheureusement pas le temps de faire un article complet sur la question avant le mois d'aout. C'est pourquoi j'encourage mes bien-aimés lecteurs à se renseigner par eux-mêmes en attendant que je trouve le temps de me consacrer à ce problème captivant.
The bottomless well
Traduction du titre : le puits sans fond.
Un livre iconoclaste mais qui me semble autrement plus intelligent que le discours catastrophiste habituel en matière d'énergie.
Il repose sur des arguments qu'on entend peu et qui semblent contre-intuitifs au premier abord mais qui se portent très bien dès qu'on y réfléchit.
1) Plus on dépense d'énergie, plus on en a
Plus une société dépense d'énergie, plus elle est sophistiquée (car on ne dépense pas de l'énergie pour le plaisir de la dépenser mais pour faire des choses, et plus on dépense d'énergie, plus on peut faire de choses) et plus elle est capable d'extraire de l'énergie de son environnement
Deux raisons justifient cette affirmation :
> une raison historique : c'est une constante de l'histoire humaine et il n'y a aucune raison que ça change. La première application de la machine à vapeur au charbon a été une pompe pour assécher les mines et extraire encore plus de charbon.
> une raison technique : c'est tout simplement logique. Même si le rendement est moins bon, si on extrait plus, il reste plus (si extraire 100 coute 20, il reste 80. Si extraire 200 coute 100, il reste 100).
L'exemple du pétrole est flagrant : correction faite de l'inflation, ça coûte le même prix d'extraire le pétrole aujourd'hui à 5 km sous terre sous cinq cents mètres d'eau que ça coutait il y a un siècle d'extraire du pétrole au Texas à quelques mètres sous terre.
C'est évidemment un argument contre le faux bon sens de la décroissance. Ce n'est pas en dépensant moins d'énergie que les hommes seront plus à l'aise, mais en en dépensant plus.
Les auteurs renvoient d'ailleurs dos à dos les deux camps :
> les partisans de la décroissance : oui, ils ont raison, plus il y aura de progrès technique et de croissance économique, plus nous consommerons d'énergie. Mais ils ont tort de croire que c'est un problème et qu'il faut de la décroissance. Plus nous utiliserons d'énergie plus nous aurons les moyens d'en trouver.
> les partisans du progrès : oui, le progrès technique permettra de dépenser moins d'énergie pour faire la même chose, mais comme nous ferons beaucoup plus de choses, au total, nous dépenserons beaucoup plus d'énergie.
2) Ce qui compte c'est l'énergie ordonnée, la part de l'énergie brute diminue avec la sophistication
La notion d'énergie parait simple, mais en réalité, elle est incomprise par 99 % des gens : on ne perd jamais d'énergie, elle se conserve. Ce qui compte, c'est l'énergie ordonnée, utilisable.
Ainsi, l'énergie solaire existe à profusion mais on ne peut rien en faire.
Il y a une progression dans l'énergie ordonnée vers toujours plus de sophistication, toujours plus de densité : énergie animale, bois, charbon, pétrole, électricité, énergie ordonnée de très haut niveau (laser, ordinateur, moteurs perfectionnés, ...)
Or, plus on monte en gamme, plus la part de l'énergie brute dans la coût total de l'énergie diminue. Ainsi, la part du bois dans un chauffage au bois est bien plus importante que la part de l'uranium dans une centrale nucléaire. Quant à la part de l'électricité dans un laser, elle est négligeable.
Cette constatation est d'ailleurs également valable pour les voitures : les prix des voitures augmentent plus vite que leur consommation, la part du carburant dans le coût d'un gros 4x4 est plus faible que dans celui d'une Mini.
3) Le gaspillage est une bonne chose
On gaspille de l'énergie en faisant de l'électricité haute tension avec du charbon, en faisant de l'électricité basse tension avec l'électricité haute tension, en faisant de l'électricité stabilisée avec l'électricité basse tension, en faisant des bits d'information avec de l'électricité stabilisée. Bref, si de votre Pentium sort 1 % de l'énergie qui était au départ dans le charbon, vous aurez bien la chance.
Ce gaspillage est plus ample que tout ce qu'on peut nous raconter sur les voitures économes et les doubles vitrages. Il vient de la deuxième loi de la thermodynamique : on perd de l'énergie quand on essaie d'ordonner le chaos.
Et pourtant, c'est une excellente chose, car ce qui compte, ce n'est pas l'énergie brute, mais l'énergie ordonnée. La lumière diffuse du soleil fait sauter quelques électrons dans une cellule photovoltaïque alors que la lumière ordonnée du laser fait des trous à travers l'acier.
4) L'électricité, énergie de l'avenir, futur reine du transport routier
L'électricité a un défaut : elle n'est pas, ou très difficilement, stockable (sauf dans les barrages hydroélectriques réversibles et dans les lourdes batteries). Cependant, par toutes ses autres qualités (possibilités de contrôle et de modulation presque infinies, compacité), elle va envahir le transport routier : le mouvement vers le transport routier presque tout électrique est déjà en route : freinage électrique, direction électrique, motricité électrique.
Les prototypes existent déjà. Seule restera pétrolière l'énergie primaire, car le pétrole se stocke mieux que l'électricité. Mais un moteur thermique qui tourne a un régime constant pour alimenter un alternateur est beaucoup plus efficace que que nos ensembles tout mécaniques actuels. Et même ce moteur thermique aura beaucoup d'électricité : plus d'arbres à cames, les soupapes seront actionnées individuellement par des actuateurs électriques (ça a déjà été testé en F1).
Sans compter que les voitures urbaines, peu pénalisées par les contraintes d'autonomie, pourront être tout électriques avec recharge dans les parkings (on peut même imaginer des formules de microvoitures en libre service moins idiotes que Vélib).
Cette électrification du transport routier rencontre des obstacles techniques et financiers, c'est pourquoi elle prend du temps, mais aucune contrainte théorique fondamentale (à part le stockage) ne l'entrave.
5) Les politiques gouvernementales pour orienter la consommation d'énergie sont de dispendieuses nuisances
L'imagination des ingénieurs, des industriels et des clients est plus forte que les plans des technocrates.
Les auteurs citent le cas de la lumière. Dans les années 80-90, l'administration américaine a subventionné les néons, plus économes que les lampes à incandescence. Ca a couté cher pour un échec total : l'arrivée des LEDs, des halogènes, des ampoules basse tension et des lasers a changé radicalement le marché de l'éclairage.
Tous ceux qui lisent régulièrement ce blog n'en seront pas étonnés, c'est un cas typique de constructivisme qui, comme chacun de mes lecteurs sait, est voué à l'échec.
On m'objectera l'éternel exemple de l'électricité nucléaire française. Que voulez vous ? Une horloge en panne marque l'heure exacte deux fois par jour (et puis, rien ne dit que l'électricité à la française est optimale puisqu'il n'y a pas de concurrence).
Un point particulier, un cocorico de ma part : je me souviens d'une conversation avec quelques amis ingénieurs il y a une quinzaine d'années. Je soutenais qu'avec le recul, la révolution du laser et de la lumière serait vue comme aussi importante que la révolution du silicium et de l'informatique. Ils m'avaient pris pour un con, ce qui m'avait vexé, bien évidemment.
Or, les auteurs de ce livre sont pleinement d'accord avec ma vision des choses. Con peut-être, mais pas tout seul.
6) Les USA seront les dirigeants du monde qui vient
C'est pour moi une évidence.
Ceux qui décrivent les Américains comme de méchants pollueurs en retard sur l'écologie sont soit des malhonnêtes soit des imbéciles (ou les deux à la fois ?).
Je rappelle quelques faits :
> l'écologie moderne est née aux USA
> Quand on rapporte leur pollution à leur production (ce qu'«oublient» toujours de faire leurs détracteurs), les Américains sont parmi ceux qui polluent le moins.
> les USA refusent les usines à gaz dans le style du protocole de Kyoto tout simplement parce qu'elles coûtent cher pour pas grand'chose.
> par contre, les Américains profitent de leur richesse pour énormément investir dans les technologies «vertes», avec un goût particulier pour les améliorations assez facilement utilisables dans un futur proche.
Comment cela va-t-il se passer ?
C'est très simple à prévoir puisque cela s'est déjà produit pour l'histoire du trou dans la couche d'ozone et des substituts aux CFCs.
Quand les industriels américains seront prêts, ils enverront à leur gouvernement, à travers leurs lobbys, un signal qui dira à peu près ceci : «Ca y est, on est au point. Alors, toutes ces normes contraignantes que vous refusiez jusqu'à maintenant, vous pouvez y aller, et même en rajouter une louche, pour asphyxier nos concurrents.»
Et les Européens qui sautent comme des cabris en criant «Ecologie, écologie» depuis des années se retrouveront gros-jean comme devant. Pourquoi ? Comme d'habitude, c'est l'éternel problème, en Europe, et particulièrement en France, les Etats, avec leur myopie, s'imposent aux industriels, demandant suivant les cas ou trop ou pas assez, tandis qu'USA, sur les sujets stratégiques, les échanges se font mieux, les industriels sont plus libres et les gouvernants moins dogmatiques (évidemment, on voit mal des Borloo ou des NKM concevoir une stratégie intelligente et souple).
Les auteurs, fidèles à leur principe «Une société qui consomme plus d'énergie est plus sophistiquée», voit dans la moindre consommation des Européens un symptôme de retard (par exemple, en moyenne, on n'est pas loin de 2 PCs par foyer US contre un seul en Europe).
7) Le nucléaire et les hydrocarbures sont les énergies de l'avenir
Les énergies solaires et éoliennes sont intéressantes comme énergies d'appoint et vont se développer, mais elles ne peuvent constituer des sources d'énergie principales pour une raison simple : elles ne sont pas assez denses. Pour fournir 1 km² de ville, il faudrait 3 km² de cellules photovoltaïques (en plus en supposant des rendements supérieurs aux rendements actuels).
Par contre, l'énergie nucléaire est propre, sûre et très dense. La quantité de déchets et le nombre de victimes d'accidents par rapport aux autres sources d'énergie sont très bas (le nucléaire civil a fait moins de victimes dans toute son histoire qu'une année d'exploitation du charbon en Chine). L'énergie nucléaire fissile est inépuisable à l'horizon de plusieurs décennies et l'électricité a le vent en poupe. Le nucléaire est donc promis a un bel avenir.
Les hydrocarbures sont encore très abondants. Si on compte les sables et les schistes bitumeux dont les gisements sont connus, ainsi que le charbon, nous avons devant nous pour plusieurs siècles de consommation. Et le pétrole n'est toujours pas épuisé.
Enfin, on peut espérer qu'un jour la fusion nucléaire sera maitrisée et, pour le coup, ce sera des millénaires d'énergies que nous aurons devant nous.
8) Nous ne manquerons jamais d'énergie
Les points évoqués en 7) nous permettent de penser que quelques siècles sans problème énergétique majeur nous attendent. Mais, à encore plus long terme, tant que le soleil est chaud et l'univers froid, et que la terre, en tournant sur elle-même, passe de l'un à l'autre, nous pourrons appliquer la deuxième principe de la thermodynamique et nous ne manquerons pas d'énergie ordonnée.
Pour résumer, je tire deux conclusions :
1) La simplicité apparente des questions d'énergie est une illusion. Les gouvernements ne doivent pas s'en mêler, c'est trop compliqué pour eux.
En fait, les notions d'énergie, d'entropie, de chaleur et de travail sont incomprises, y compris par les décideurs politiques. Les ingénieurs et les scientifiques qui comprennent ces notions ne sont pas capables d'avoir une vue d'ensemble d'un tableau si complexe et d'élaborer une politique. Seule l'intelligence collective d'une économie libre à les capacités à traiter les questions d'énergie.
2) Plus on dépense d'énergie, plus on est capable d'en extraire de son environnement.
Bien que ça aille à l'inverse de l'intuition, il suffit de se poser cinq minutes pour se rendre compte que cet argument est imparable. Mêmes les moyens dit propres (éoliennes, cellules photovoltaïques, ...) demandent beaucoup d'énergie pour être fabriqués.
La grande élégance intellectuelle de cette assertion est qu'il n'est pas besoin de dire comment pourquoi, quand, par qui, avec quelles techniques, ceci suffit : plus on dépense d'énergie, plus on est capable d'en extraire de son environnement.
Je vous encourage à lire ce livre et j'espère qu'en tous les cas mon résumé vous aura été utile.
Je vais encore recevoir plein de messages d'écolos à la con (je distingue deux types d'écolos : les écolos intelligents et les écolos à la con).
Un livre iconoclaste mais qui me semble autrement plus intelligent que le discours catastrophiste habituel en matière d'énergie.
Il repose sur des arguments qu'on entend peu et qui semblent contre-intuitifs au premier abord mais qui se portent très bien dès qu'on y réfléchit.
1) Plus on dépense d'énergie, plus on en a
Plus une société dépense d'énergie, plus elle est sophistiquée (car on ne dépense pas de l'énergie pour le plaisir de la dépenser mais pour faire des choses, et plus on dépense d'énergie, plus on peut faire de choses) et plus elle est capable d'extraire de l'énergie de son environnement
Deux raisons justifient cette affirmation :
> une raison historique : c'est une constante de l'histoire humaine et il n'y a aucune raison que ça change. La première application de la machine à vapeur au charbon a été une pompe pour assécher les mines et extraire encore plus de charbon.
> une raison technique : c'est tout simplement logique. Même si le rendement est moins bon, si on extrait plus, il reste plus (si extraire 100 coute 20, il reste 80. Si extraire 200 coute 100, il reste 100).
L'exemple du pétrole est flagrant : correction faite de l'inflation, ça coûte le même prix d'extraire le pétrole aujourd'hui à 5 km sous terre sous cinq cents mètres d'eau que ça coutait il y a un siècle d'extraire du pétrole au Texas à quelques mètres sous terre.
C'est évidemment un argument contre le faux bon sens de la décroissance. Ce n'est pas en dépensant moins d'énergie que les hommes seront plus à l'aise, mais en en dépensant plus.
Les auteurs renvoient d'ailleurs dos à dos les deux camps :
> les partisans de la décroissance : oui, ils ont raison, plus il y aura de progrès technique et de croissance économique, plus nous consommerons d'énergie. Mais ils ont tort de croire que c'est un problème et qu'il faut de la décroissance. Plus nous utiliserons d'énergie plus nous aurons les moyens d'en trouver.
> les partisans du progrès : oui, le progrès technique permettra de dépenser moins d'énergie pour faire la même chose, mais comme nous ferons beaucoup plus de choses, au total, nous dépenserons beaucoup plus d'énergie.
2) Ce qui compte c'est l'énergie ordonnée, la part de l'énergie brute diminue avec la sophistication
La notion d'énergie parait simple, mais en réalité, elle est incomprise par 99 % des gens : on ne perd jamais d'énergie, elle se conserve. Ce qui compte, c'est l'énergie ordonnée, utilisable.
Ainsi, l'énergie solaire existe à profusion mais on ne peut rien en faire.
Il y a une progression dans l'énergie ordonnée vers toujours plus de sophistication, toujours plus de densité : énergie animale, bois, charbon, pétrole, électricité, énergie ordonnée de très haut niveau (laser, ordinateur, moteurs perfectionnés, ...)
Or, plus on monte en gamme, plus la part de l'énergie brute dans la coût total de l'énergie diminue. Ainsi, la part du bois dans un chauffage au bois est bien plus importante que la part de l'uranium dans une centrale nucléaire. Quant à la part de l'électricité dans un laser, elle est négligeable.
Cette constatation est d'ailleurs également valable pour les voitures : les prix des voitures augmentent plus vite que leur consommation, la part du carburant dans le coût d'un gros 4x4 est plus faible que dans celui d'une Mini.
3) Le gaspillage est une bonne chose
On gaspille de l'énergie en faisant de l'électricité haute tension avec du charbon, en faisant de l'électricité basse tension avec l'électricité haute tension, en faisant de l'électricité stabilisée avec l'électricité basse tension, en faisant des bits d'information avec de l'électricité stabilisée. Bref, si de votre Pentium sort 1 % de l'énergie qui était au départ dans le charbon, vous aurez bien la chance.
Ce gaspillage est plus ample que tout ce qu'on peut nous raconter sur les voitures économes et les doubles vitrages. Il vient de la deuxième loi de la thermodynamique : on perd de l'énergie quand on essaie d'ordonner le chaos.
Et pourtant, c'est une excellente chose, car ce qui compte, ce n'est pas l'énergie brute, mais l'énergie ordonnée. La lumière diffuse du soleil fait sauter quelques électrons dans une cellule photovoltaïque alors que la lumière ordonnée du laser fait des trous à travers l'acier.
4) L'électricité, énergie de l'avenir, futur reine du transport routier
L'électricité a un défaut : elle n'est pas, ou très difficilement, stockable (sauf dans les barrages hydroélectriques réversibles et dans les lourdes batteries). Cependant, par toutes ses autres qualités (possibilités de contrôle et de modulation presque infinies, compacité), elle va envahir le transport routier : le mouvement vers le transport routier presque tout électrique est déjà en route : freinage électrique, direction électrique, motricité électrique.
Les prototypes existent déjà. Seule restera pétrolière l'énergie primaire, car le pétrole se stocke mieux que l'électricité. Mais un moteur thermique qui tourne a un régime constant pour alimenter un alternateur est beaucoup plus efficace que que nos ensembles tout mécaniques actuels. Et même ce moteur thermique aura beaucoup d'électricité : plus d'arbres à cames, les soupapes seront actionnées individuellement par des actuateurs électriques (ça a déjà été testé en F1).
Sans compter que les voitures urbaines, peu pénalisées par les contraintes d'autonomie, pourront être tout électriques avec recharge dans les parkings (on peut même imaginer des formules de microvoitures en libre service moins idiotes que Vélib).
Cette électrification du transport routier rencontre des obstacles techniques et financiers, c'est pourquoi elle prend du temps, mais aucune contrainte théorique fondamentale (à part le stockage) ne l'entrave.
5) Les politiques gouvernementales pour orienter la consommation d'énergie sont de dispendieuses nuisances
L'imagination des ingénieurs, des industriels et des clients est plus forte que les plans des technocrates.
Les auteurs citent le cas de la lumière. Dans les années 80-90, l'administration américaine a subventionné les néons, plus économes que les lampes à incandescence. Ca a couté cher pour un échec total : l'arrivée des LEDs, des halogènes, des ampoules basse tension et des lasers a changé radicalement le marché de l'éclairage.
Tous ceux qui lisent régulièrement ce blog n'en seront pas étonnés, c'est un cas typique de constructivisme qui, comme chacun de mes lecteurs sait, est voué à l'échec.
On m'objectera l'éternel exemple de l'électricité nucléaire française. Que voulez vous ? Une horloge en panne marque l'heure exacte deux fois par jour (et puis, rien ne dit que l'électricité à la française est optimale puisqu'il n'y a pas de concurrence).
Un point particulier, un cocorico de ma part : je me souviens d'une conversation avec quelques amis ingénieurs il y a une quinzaine d'années. Je soutenais qu'avec le recul, la révolution du laser et de la lumière serait vue comme aussi importante que la révolution du silicium et de l'informatique. Ils m'avaient pris pour un con, ce qui m'avait vexé, bien évidemment.
Or, les auteurs de ce livre sont pleinement d'accord avec ma vision des choses. Con peut-être, mais pas tout seul.
6) Les USA seront les dirigeants du monde qui vient
C'est pour moi une évidence.
Ceux qui décrivent les Américains comme de méchants pollueurs en retard sur l'écologie sont soit des malhonnêtes soit des imbéciles (ou les deux à la fois ?).
Je rappelle quelques faits :
> l'écologie moderne est née aux USA
> Quand on rapporte leur pollution à leur production (ce qu'«oublient» toujours de faire leurs détracteurs), les Américains sont parmi ceux qui polluent le moins.
> les USA refusent les usines à gaz dans le style du protocole de Kyoto tout simplement parce qu'elles coûtent cher pour pas grand'chose.
> par contre, les Américains profitent de leur richesse pour énormément investir dans les technologies «vertes», avec un goût particulier pour les améliorations assez facilement utilisables dans un futur proche.
Comment cela va-t-il se passer ?
C'est très simple à prévoir puisque cela s'est déjà produit pour l'histoire du trou dans la couche d'ozone et des substituts aux CFCs.
Quand les industriels américains seront prêts, ils enverront à leur gouvernement, à travers leurs lobbys, un signal qui dira à peu près ceci : «Ca y est, on est au point. Alors, toutes ces normes contraignantes que vous refusiez jusqu'à maintenant, vous pouvez y aller, et même en rajouter une louche, pour asphyxier nos concurrents.»
Et les Européens qui sautent comme des cabris en criant «Ecologie, écologie» depuis des années se retrouveront gros-jean comme devant. Pourquoi ? Comme d'habitude, c'est l'éternel problème, en Europe, et particulièrement en France, les Etats, avec leur myopie, s'imposent aux industriels, demandant suivant les cas ou trop ou pas assez, tandis qu'USA, sur les sujets stratégiques, les échanges se font mieux, les industriels sont plus libres et les gouvernants moins dogmatiques (évidemment, on voit mal des Borloo ou des NKM concevoir une stratégie intelligente et souple).
Les auteurs, fidèles à leur principe «Une société qui consomme plus d'énergie est plus sophistiquée», voit dans la moindre consommation des Européens un symptôme de retard (par exemple, en moyenne, on n'est pas loin de 2 PCs par foyer US contre un seul en Europe).
7) Le nucléaire et les hydrocarbures sont les énergies de l'avenir
Les énergies solaires et éoliennes sont intéressantes comme énergies d'appoint et vont se développer, mais elles ne peuvent constituer des sources d'énergie principales pour une raison simple : elles ne sont pas assez denses. Pour fournir 1 km² de ville, il faudrait 3 km² de cellules photovoltaïques (en plus en supposant des rendements supérieurs aux rendements actuels).
Par contre, l'énergie nucléaire est propre, sûre et très dense. La quantité de déchets et le nombre de victimes d'accidents par rapport aux autres sources d'énergie sont très bas (le nucléaire civil a fait moins de victimes dans toute son histoire qu'une année d'exploitation du charbon en Chine). L'énergie nucléaire fissile est inépuisable à l'horizon de plusieurs décennies et l'électricité a le vent en poupe. Le nucléaire est donc promis a un bel avenir.
Les hydrocarbures sont encore très abondants. Si on compte les sables et les schistes bitumeux dont les gisements sont connus, ainsi que le charbon, nous avons devant nous pour plusieurs siècles de consommation. Et le pétrole n'est toujours pas épuisé.
Enfin, on peut espérer qu'un jour la fusion nucléaire sera maitrisée et, pour le coup, ce sera des millénaires d'énergies que nous aurons devant nous.
8) Nous ne manquerons jamais d'énergie
Les points évoqués en 7) nous permettent de penser que quelques siècles sans problème énergétique majeur nous attendent. Mais, à encore plus long terme, tant que le soleil est chaud et l'univers froid, et que la terre, en tournant sur elle-même, passe de l'un à l'autre, nous pourrons appliquer la deuxième principe de la thermodynamique et nous ne manquerons pas d'énergie ordonnée.
Pour résumer, je tire deux conclusions :
1) La simplicité apparente des questions d'énergie est une illusion. Les gouvernements ne doivent pas s'en mêler, c'est trop compliqué pour eux.
En fait, les notions d'énergie, d'entropie, de chaleur et de travail sont incomprises, y compris par les décideurs politiques. Les ingénieurs et les scientifiques qui comprennent ces notions ne sont pas capables d'avoir une vue d'ensemble d'un tableau si complexe et d'élaborer une politique. Seule l'intelligence collective d'une économie libre à les capacités à traiter les questions d'énergie.
2) Plus on dépense d'énergie, plus on est capable d'en extraire de son environnement.
Bien que ça aille à l'inverse de l'intuition, il suffit de se poser cinq minutes pour se rendre compte que cet argument est imparable. Mêmes les moyens dit propres (éoliennes, cellules photovoltaïques, ...) demandent beaucoup d'énergie pour être fabriqués.
La grande élégance intellectuelle de cette assertion est qu'il n'est pas besoin de dire comment pourquoi, quand, par qui, avec quelles techniques, ceci suffit : plus on dépense d'énergie, plus on est capable d'en extraire de son environnement.
Je vous encourage à lire ce livre et j'espère qu'en tous les cas mon résumé vous aura été utile.
Je vais encore recevoir plein de messages d'écolos à la con (je distingue deux types d'écolos : les écolos intelligents et les écolos à la con).
jeudi, juillet 17, 2008
Du progressisme en matière de moeurs
Je suis très dubitatif sur la possibilité d'un progrès en matière de moeurs dans leurs traits les plus fondamentaux : parenté, naissance, relations familiales, mort, sauf à ce que la science change radicalement la condition humaine (procréation sans grossesse, arrêt du vieillissement, etc ...)
Notre société a dissous le mariage (1) et escamoté la mort (2).
Vous trouverez à ce lien un point de vue politique : Libéralisme et famille.
J'aimerais m'attacher à des considérations plus humaines, plus psychologiques.
Il suffit de considérer le mariage car c'est autour de celui-ci que le système de moeurs familiales s'ordonne (3).
Dans le mariage traditionnel, un homme et une femme s'engagent irrévocablement et solennellement devant la société (4) (représentée par M. le maire et les témoins) à passer leur vie ensemble, avec l'espoir de fonder une famille en ayant des enfants.
Il n'y a pas de différence de ce point de vue entre le mariage civil et le mariage religieux : l'autorité qui valide le mariage et qu'on prend à témoin change, d'un coté Dieu, de l'autre la société, mais les fondements sont les mêmes.
Je rappelle que le mariage n'est pas une horrible invention imposée à une société innocente par la coercition d'affreux nuptialistes (ultra, forcément ultra). Le mariage n'a pas été inventé, il est aussi vieux, pour ce qu'on en sait, que l'homme lui-même.
L'ancienneté même du mariage, sa constance à travers le temps et l'espace, mettent en lumière la singularité de l'entreprise de ceux qui se sont donnés pour objectif de le détruire, de le vider de son sens, (ils touchent au but, l'autorisation du mariage homosexuel sera la cerise sur le gateau, leur apothéose) (5).
La pérennité du mariage est assez aisée à comprendre, il permet de canaliser le puissant désir sexuel et produit ainsi plusieurs effets :
a) garantir la filiation paternelle, ce qui serait impossible en cas de butinage sexuel généralisé (c'est pourquoi l'adultère féminin était plus mal vu que l'adultère masculin : maman surement, papa peut-être).
b) construire une cellule durable en vue de l'élevage et de l'éducation des enfants.
c) préserver un certain confort sentimental en installant une routine, ou au moins une familiarité, obligatoire.
d) unir deux familles.
Evidemment, le mariage a aussi des inconvénients. Mais si il a perduré, c'est tout de même qu'il avait plus d'avantages que d'inconvénients.
Détruit le mariage tout ce qui porte atteinte à ses caractéristiques :
> l'irrévocabilité. Plus le divorce est facile, plus cette caractéristique disparaît.
> la publicité et la solennité. Tout ce qui fait aussi du mariage un acte trop facile, trop privé, le mine.
> en vue de fonder une famille. Comme jamais les homosexuels ne pourront avoir d'enfants, le mariage homosexuel est l'anti-mariage par excellence. On me répond : et les couples stériles, ils ne peuvent pas se marier ? La loi est la même pour tous, les couples normaux ne sont pas a priori stériles, tandis que les couples homosexuels sont forcément stériles.
Il ne faut pas se livrer à un effort de réflexion intense pour constater que la destruction du mariage est pratiquement achevée dans la plupart des pays occidentaux.
Les conséquences en sont faciles à analyser en inversant les effets du mariage tels que je les ai décrits :
a) la filiation est moins bien assurée. Bien sûr, il y a les techniques modernes. Mais faire la démarche pour vérifier que son père est bien son père, vous imaginez le b..... dans la tête ? De plus, autant que la filiation réelle compte la filiation symboliqe.
b) la cellule familliale détruite. C'est le point le plus lourd et aussi le plus connu. Il y a encore quelques années, on considérait que mieux valait un bon divorce qu'un mauvais mariage.
Aujourd'hui, on doute que ce soit vrai pour les parents, et on en doute encore plus vis-à-vis des enfants. On a beaucoup tourné en dérision le «on reste ensemble à cause des gosses».
Maintenant, ça ne fait plus tant rire parce que çe ne parait plus si bête. Les fameuses familles recomposées sont avant tout des familles décomposées et j'ai toujours trouvé que «famille monoparentale» (6) était un oxymore.
Quant aux conséquences de tout cela sur les enfants, il est hélas inutile d'y insister.
c) La stabilité obligatoire disparue, le confort sentimental s'évanouit. Par la force des choses, je connais pas mal de divorcés (ils sont nombreux). Il ne me semble pas qu'ils soient plus heureux que ceux qui sont restés en couple malgré les difficultés.
d) L'union des familles, ce point est maintenant passé de mode, ça ne me chagrine pas.
En résumé, toute cette modernité des moeurs qu'on nous a présenté comme un progrès (c'est là qu'il y a progressisme : dans la confusion entre nouveauté et progrès, il y a des nouveautés qui ne sont pas des progrès), je suis loin d'être sûr qu'elle ait fait le bonheur des individus.
Je suis curieux qu'on me démontre qu'en famille nous sommes plus heureux que nos grands-parents et que nos enfants sont mieux élevés.
J'aurais pu faire le même type d'analyse sur l'escamotage de la mort.
Les anciennes moeurs ont reçu l'onction du temps, la culture et la psychologie y sont accordées. Comme on ne change pas de culture ou de psychologie par un puissant raisonnement de l'intellect, je ne vois pas pourquoi on y arriverait pour les moeurs.
Je pense que les nouvelles moeurs se jugeront à l'épreuve du temps et je doute qu'elles durent aussi longtemps que le mariage démodé sans que nous tombions dans l'anarchie (ce que souhaitent d'ailleurs certains de leurs partisans).
Enfin, je sais que mon discours n'est pas populaire mais je le fais sans provocation, je me place plutôt dans la perspective de Pascal : «Quand tous vont vers le débordement, nul n'y semble aller. Celui qui s'arrête fait remarquer l'emportement des autres, comme un point fixe.»
(1) : le mariage n'apporte pratiquement plus contrainte ni aucun engagement juridiques. Si certains individus se sentent engagés par le mariage, c'est uniquement en fonction de leurs valeurs et de leurs convictions personnelles.
La phrase de Bismarck (qui aurait pu être de Montaigne) à sa femme le jour de son mariage : «Je ne vous connais pas, j'ai toute la vie pour apprendre à vous aimer» est incompréhensible à un esprit moderne.
(2) : ces gens qui veulent rester éternellement jeunes et ignorer que leur mort est au bout de la route font pitié.
(3) : les homosexuels ne font pas erreur en s'attaquant au mariage, ils choisissent bien leur cible. Détruire le peu de sens qui reste au mariage en en accordant la possibilité aux homosexuels, c'est achever de détruire les fondements d'une société d'hommes libres et responsables.
(4) : je n'ai pas été surpris que certains se soient étonnés que je dise que le mariage n'est pas (pas seulement, pas prioritairement) une affaire personnelle : ça montre juste à quel point nous avons perdu des notions basiques.
(5) : tentative de destruction du mariage purement constructiviste : quelques prétentieux croient par la force de leur intellect pouvoir réduire à néant ce qui a été construit par les siècles.
(6) : sauf dans le cas de la mort d'un des parents, où cet avis peut être atténué, puisqu'il n'y a pas eu d'abandon volontaire et que l'image du parent disparu reste positive.
Notre société a dissous le mariage (1) et escamoté la mort (2).
Vous trouverez à ce lien un point de vue politique : Libéralisme et famille.
J'aimerais m'attacher à des considérations plus humaines, plus psychologiques.
Il suffit de considérer le mariage car c'est autour de celui-ci que le système de moeurs familiales s'ordonne (3).
Dans le mariage traditionnel, un homme et une femme s'engagent irrévocablement et solennellement devant la société (4) (représentée par M. le maire et les témoins) à passer leur vie ensemble, avec l'espoir de fonder une famille en ayant des enfants.
Il n'y a pas de différence de ce point de vue entre le mariage civil et le mariage religieux : l'autorité qui valide le mariage et qu'on prend à témoin change, d'un coté Dieu, de l'autre la société, mais les fondements sont les mêmes.
Je rappelle que le mariage n'est pas une horrible invention imposée à une société innocente par la coercition d'affreux nuptialistes (ultra, forcément ultra). Le mariage n'a pas été inventé, il est aussi vieux, pour ce qu'on en sait, que l'homme lui-même.
L'ancienneté même du mariage, sa constance à travers le temps et l'espace, mettent en lumière la singularité de l'entreprise de ceux qui se sont donnés pour objectif de le détruire, de le vider de son sens, (ils touchent au but, l'autorisation du mariage homosexuel sera la cerise sur le gateau, leur apothéose) (5).
La pérennité du mariage est assez aisée à comprendre, il permet de canaliser le puissant désir sexuel et produit ainsi plusieurs effets :
a) garantir la filiation paternelle, ce qui serait impossible en cas de butinage sexuel généralisé (c'est pourquoi l'adultère féminin était plus mal vu que l'adultère masculin : maman surement, papa peut-être).
b) construire une cellule durable en vue de l'élevage et de l'éducation des enfants.
c) préserver un certain confort sentimental en installant une routine, ou au moins une familiarité, obligatoire.
d) unir deux familles.
Evidemment, le mariage a aussi des inconvénients. Mais si il a perduré, c'est tout de même qu'il avait plus d'avantages que d'inconvénients.
Détruit le mariage tout ce qui porte atteinte à ses caractéristiques :
> l'irrévocabilité. Plus le divorce est facile, plus cette caractéristique disparaît.
> la publicité et la solennité. Tout ce qui fait aussi du mariage un acte trop facile, trop privé, le mine.
> en vue de fonder une famille. Comme jamais les homosexuels ne pourront avoir d'enfants, le mariage homosexuel est l'anti-mariage par excellence. On me répond : et les couples stériles, ils ne peuvent pas se marier ? La loi est la même pour tous, les couples normaux ne sont pas a priori stériles, tandis que les couples homosexuels sont forcément stériles.
Il ne faut pas se livrer à un effort de réflexion intense pour constater que la destruction du mariage est pratiquement achevée dans la plupart des pays occidentaux.
Les conséquences en sont faciles à analyser en inversant les effets du mariage tels que je les ai décrits :
a) la filiation est moins bien assurée. Bien sûr, il y a les techniques modernes. Mais faire la démarche pour vérifier que son père est bien son père, vous imaginez le b..... dans la tête ? De plus, autant que la filiation réelle compte la filiation symboliqe.
b) la cellule familliale détruite. C'est le point le plus lourd et aussi le plus connu. Il y a encore quelques années, on considérait que mieux valait un bon divorce qu'un mauvais mariage.
Aujourd'hui, on doute que ce soit vrai pour les parents, et on en doute encore plus vis-à-vis des enfants. On a beaucoup tourné en dérision le «on reste ensemble à cause des gosses».
Maintenant, ça ne fait plus tant rire parce que çe ne parait plus si bête. Les fameuses familles recomposées sont avant tout des familles décomposées et j'ai toujours trouvé que «famille monoparentale» (6) était un oxymore.
Quant aux conséquences de tout cela sur les enfants, il est hélas inutile d'y insister.
c) La stabilité obligatoire disparue, le confort sentimental s'évanouit. Par la force des choses, je connais pas mal de divorcés (ils sont nombreux). Il ne me semble pas qu'ils soient plus heureux que ceux qui sont restés en couple malgré les difficultés.
d) L'union des familles, ce point est maintenant passé de mode, ça ne me chagrine pas.
En résumé, toute cette modernité des moeurs qu'on nous a présenté comme un progrès (c'est là qu'il y a progressisme : dans la confusion entre nouveauté et progrès, il y a des nouveautés qui ne sont pas des progrès), je suis loin d'être sûr qu'elle ait fait le bonheur des individus.
Je suis curieux qu'on me démontre qu'en famille nous sommes plus heureux que nos grands-parents et que nos enfants sont mieux élevés.
J'aurais pu faire le même type d'analyse sur l'escamotage de la mort.
Les anciennes moeurs ont reçu l'onction du temps, la culture et la psychologie y sont accordées. Comme on ne change pas de culture ou de psychologie par un puissant raisonnement de l'intellect, je ne vois pas pourquoi on y arriverait pour les moeurs.
Je pense que les nouvelles moeurs se jugeront à l'épreuve du temps et je doute qu'elles durent aussi longtemps que le mariage démodé sans que nous tombions dans l'anarchie (ce que souhaitent d'ailleurs certains de leurs partisans).
Enfin, je sais que mon discours n'est pas populaire mais je le fais sans provocation, je me place plutôt dans la perspective de Pascal : «Quand tous vont vers le débordement, nul n'y semble aller. Celui qui s'arrête fait remarquer l'emportement des autres, comme un point fixe.»
(1) : le mariage n'apporte pratiquement plus contrainte ni aucun engagement juridiques. Si certains individus se sentent engagés par le mariage, c'est uniquement en fonction de leurs valeurs et de leurs convictions personnelles.
La phrase de Bismarck (qui aurait pu être de Montaigne) à sa femme le jour de son mariage : «Je ne vous connais pas, j'ai toute la vie pour apprendre à vous aimer» est incompréhensible à un esprit moderne.
(2) : ces gens qui veulent rester éternellement jeunes et ignorer que leur mort est au bout de la route font pitié.
(3) : les homosexuels ne font pas erreur en s'attaquant au mariage, ils choisissent bien leur cible. Détruire le peu de sens qui reste au mariage en en accordant la possibilité aux homosexuels, c'est achever de détruire les fondements d'une société d'hommes libres et responsables.
(4) : je n'ai pas été surpris que certains se soient étonnés que je dise que le mariage n'est pas (pas seulement, pas prioritairement) une affaire personnelle : ça montre juste à quel point nous avons perdu des notions basiques.
(5) : tentative de destruction du mariage purement constructiviste : quelques prétentieux croient par la force de leur intellect pouvoir réduire à néant ce qui a été construit par les siècles.
(6) : sauf dans le cas de la mort d'un des parents, où cet avis peut être atténué, puisqu'il n'y a pas eu d'abandon volontaire et que l'image du parent disparu reste positive.
lundi, juillet 14, 2008
Le «mariage» homosexuel
J'entends à nouveau parler de mariage homosexuel.
J'en veux à notre époque d'être si stupide qu'elle m'oblige à débattre de sujets ridicules.
Rappelons que le mariage n'est pas un évènement privé, mais une évènement public et social, et pour une bonne raison. La famille est la cellule de base de la société.
Se marier, ce n'est pas seulement un évènement personnel, c'est aussi s'inscrire dans une lignée, avec une ascendance et, surtout, une descendance, même seulement potentielle.
Or, de descendance homosexuelle, on peut torturer les mots dans tous les sens, point n'est possible. Même potentielle, même symbolique. Donc le mariage homosexuel ne peut être la base sur laquelle construire la société : le mariage homosexuel n'a aucun sens.
Bien sûr, on en parle parce que le lobby homosexuel a réussi un remarquable tour de passe-passe sémantique : il y aurait des orientations sexuelles (hétérosexuelles, homosexuelles), toutes équivalentes.
C'est simplement faux : il y a une orientation sexuelle normale, qui permet la perpétuation de l'espèce et de la société, et des déviances, certes non condamnables et au libre choix de chacun, mais qui sont stériles et sur lesquels on ne peut pas construire une société, bref, qui sont de la sphère privée et qui n'ont aucun rapport avec le mariage.
Mais comme nous vivons une époque formidable, je n'ai aucun doute que le «mariage» homosexuel finira par être légalisé. Ce sera une nouvelle preuve de la confusion des idées et des valeurs dans notre monde suicidaire.
Ce n'est pas une raison pour se laisser aller, se taire et faire semblant de croire qu'une stupidité est une preuve de progrès et d'ouverture.
Quand ceux qui sont censés maintenir et diriger la société abdiquent sous la pression de forces destructrices, il appartient aux individus de rappeler les principes et les valeurs qui font l'honneur et la simple survie d'une société.
Philippe Muray, décidément allègre :
Le mariage transformé par ses célibataires mêmes
Sur un ton plus sérieux :
Pourquoi je suis contre le mariage homosexuel
J'en veux à notre époque d'être si stupide qu'elle m'oblige à débattre de sujets ridicules.
Rappelons que le mariage n'est pas un évènement privé, mais une évènement public et social, et pour une bonne raison. La famille est la cellule de base de la société.
Se marier, ce n'est pas seulement un évènement personnel, c'est aussi s'inscrire dans une lignée, avec une ascendance et, surtout, une descendance, même seulement potentielle.
Or, de descendance homosexuelle, on peut torturer les mots dans tous les sens, point n'est possible. Même potentielle, même symbolique. Donc le mariage homosexuel ne peut être la base sur laquelle construire la société : le mariage homosexuel n'a aucun sens.
Bien sûr, on en parle parce que le lobby homosexuel a réussi un remarquable tour de passe-passe sémantique : il y aurait des orientations sexuelles (hétérosexuelles, homosexuelles), toutes équivalentes.
C'est simplement faux : il y a une orientation sexuelle normale, qui permet la perpétuation de l'espèce et de la société, et des déviances, certes non condamnables et au libre choix de chacun, mais qui sont stériles et sur lesquels on ne peut pas construire une société, bref, qui sont de la sphère privée et qui n'ont aucun rapport avec le mariage.
Mais comme nous vivons une époque formidable, je n'ai aucun doute que le «mariage» homosexuel finira par être légalisé. Ce sera une nouvelle preuve de la confusion des idées et des valeurs dans notre monde suicidaire.
Ce n'est pas une raison pour se laisser aller, se taire et faire semblant de croire qu'une stupidité est une preuve de progrès et d'ouverture.
Quand ceux qui sont censés maintenir et diriger la société abdiquent sous la pression de forces destructrices, il appartient aux individus de rappeler les principes et les valeurs qui font l'honneur et la simple survie d'une société.
Philippe Muray, décidément allègre :
Le mariage transformé par ses célibataires mêmes
Sur un ton plus sérieux :
Pourquoi je suis contre le mariage homosexuel
dimanche, juillet 13, 2008
EADS s'enfonce dans la crise
Thomas Enders, PDG d'Airbus a fait des déclarations tout en finesse :
Le patron de l'avionneur européen Airbus, Thomas Enders, a estimé que l'enquête sur les délits d'initiés présumés contre les dirigeants de EADS était un "procès joué à l'avance", lors d'un séminaire ce week-end, avant le Salon de Farnborough qui s'ouvre lundi.
"C'est un procès joué à l'avance. C'est du mauvais théâtre. Je pense que cela doit être dit très clairement. Point", a dit en anglais l'Allemand Thomas Enders, devant plus d'une centaine de journalistes.
C'est bien connu que d'aller expliquer à la presse que le procès est joué d'avance, c'est le meilleur moyen de se concilier les juges !
Hélas, trois fois hélas, mon diagnostic maintes fois répété se confirme : les problèmes graves d'EADS deviennent mortels à force de ne pas être réglés.
Comme je le répète aussi depuis des années, la conjoncture ascendante permet toutes les fautes, le moment de vérité se produit au retournement de cycle, qui finit toujours par arriver dans l'aéronautique : c'est là qu'on voit si la période de vaches grasses a été mise à profit pour se préparer la période de vaches maigres. Or, j'ai bien peur que dans le cas d'EADS, on ne voit pas grand'chose.
Et le retournement de cycle pointe à l'horizon.
Ce qui sauverait EADS, c'est un nettoyage des écuries d'Augias : le rachat par un actionnaire libre de tout lien avec des Etats européens (1). Et ça n'arrivera pas.
(1) : même si il est toujours bon de faire des efforts à la base, les comptes montrent qu'un ouvrier d'EADS n'est pas moins productif qu'un ouvrier de Boeing. Le problème est celui des choix stratégiques, le poisson pourrit par la tête. Or, les incompétents (et sur ce plan de l'incompétence, je ne fais pas de différences entre Français et Allemands) qui dirigent EADS sont protégés pour des raisons politiques.
Nous avons un admirable étalon de bonne gestion aéronautique en France : Dassault Aviation. Les liens avec l'Etat y sont forts, mais ni l'administration ni la politique ne s'immiscent dans la gestion et dans le choix des hommes.
Ce n'est pas un hasard si DAv ressemble plus à un Boeing en miniature qu'à un EADS en réduction.
Les gens de DAv peuvent avoir l'impression d'être devenus une bureaucratie et que l'esprit pionnier des années 50 a disparu, mais qu'ils se rassurent, ils ont la même impression chez Boeing et c'est pire ailleurs !
Le patron de l'avionneur européen Airbus, Thomas Enders, a estimé que l'enquête sur les délits d'initiés présumés contre les dirigeants de EADS était un "procès joué à l'avance", lors d'un séminaire ce week-end, avant le Salon de Farnborough qui s'ouvre lundi.
"C'est un procès joué à l'avance. C'est du mauvais théâtre. Je pense que cela doit être dit très clairement. Point", a dit en anglais l'Allemand Thomas Enders, devant plus d'une centaine de journalistes.
C'est bien connu que d'aller expliquer à la presse que le procès est joué d'avance, c'est le meilleur moyen de se concilier les juges !
Hélas, trois fois hélas, mon diagnostic maintes fois répété se confirme : les problèmes graves d'EADS deviennent mortels à force de ne pas être réglés.
Comme je le répète aussi depuis des années, la conjoncture ascendante permet toutes les fautes, le moment de vérité se produit au retournement de cycle, qui finit toujours par arriver dans l'aéronautique : c'est là qu'on voit si la période de vaches grasses a été mise à profit pour se préparer la période de vaches maigres. Or, j'ai bien peur que dans le cas d'EADS, on ne voit pas grand'chose.
Et le retournement de cycle pointe à l'horizon.
Ce qui sauverait EADS, c'est un nettoyage des écuries d'Augias : le rachat par un actionnaire libre de tout lien avec des Etats européens (1). Et ça n'arrivera pas.
(1) : même si il est toujours bon de faire des efforts à la base, les comptes montrent qu'un ouvrier d'EADS n'est pas moins productif qu'un ouvrier de Boeing. Le problème est celui des choix stratégiques, le poisson pourrit par la tête. Or, les incompétents (et sur ce plan de l'incompétence, je ne fais pas de différences entre Français et Allemands) qui dirigent EADS sont protégés pour des raisons politiques.
Nous avons un admirable étalon de bonne gestion aéronautique en France : Dassault Aviation. Les liens avec l'Etat y sont forts, mais ni l'administration ni la politique ne s'immiscent dans la gestion et dans le choix des hommes.
Ce n'est pas un hasard si DAv ressemble plus à un Boeing en miniature qu'à un EADS en réduction.
Les gens de DAv peuvent avoir l'impression d'être devenus une bureaucratie et que l'esprit pionnier des années 50 a disparu, mais qu'ils se rassurent, ils ont la même impression chez Boeing et c'est pire ailleurs !
Quelques videos de Finkielkraut pour mes amis bobos
Contre Nouvel Observateur :
Contre Jean-François Kahn (c'est saignant) :
Sur les violences scolaires :
Partie 1 :
Partie 2 (vous pourrez relier sans mal cette deuxième partie à l'article de la NRH où est évoqué l'effet néfaste de l'exclusivité des valeurs féminines dans l'éducation) :
Sur le bac comme épreuve de bien-pensance :
Et puisque j'en suis là, contre le mariage gay :
Contre Jean-François Kahn (c'est saignant) :
Sur les violences scolaires :
Partie 1 :
Partie 2 (vous pourrez relier sans mal cette deuxième partie à l'article de la NRH où est évoqué l'effet néfaste de l'exclusivité des valeurs féminines dans l'éducation) :
Sur le bac comme épreuve de bien-pensance :
Et puisque j'en suis là, contre le mariage gay :
Libellés :
actualités,
instruction,
politique
vendredi, juillet 11, 2008
Sarkozy en «off» sur France 3 : les «media people» sont ils tous des cons ?
J' ai entendu parler d'une video «off», c'est-à-dire piratée, où l'on était censé voir Nicolas Sarkozy tenir des propos scandaleux.
Comme un imbécile, je suis allé voir. Je m'attendais à trouver du Sarkozy d'anthologie. Pas du tout.
Le président y fait une réflexion digne d'une rombière du seizième mais rien de plus. Je ne vous ai pas mis le lien tellement c'est insignifiant.
Je prends généralement nos politiciens pour des pas grand'choses, mais en des occurrences comme celle-ci, j'ai plutôt envie de les plaindre. Voir le moindre mot, même pas vraiment de travers, ainsi décortiqué et monté en épingle, il y a de quoi devenir fou.
Faut-il que les journalistes l'aiment, cette monarchie républicaine qu'ils dénoncent, pour que parole du monarque fasse l'objet de tant d'attention.
Peu avant sa mort, Julien Freund avait des réticences vis-à-vis de la démocratie.
D'une part, le système de sélection des gouvernants amène au sommet les plus retors, les plus acharnés, pas les plus compétents. D'autre part, les sujets abordés ne sont pas ceux qui comptent vraiment, mais ceux qui sont compréhensibles par le public des électeurs.
Sans que je partage totalement ces préventions, ce genre de petit fait me fait descendre à un point bas d'optimisme démocratique.
Comme un imbécile, je suis allé voir. Je m'attendais à trouver du Sarkozy d'anthologie. Pas du tout.
Le président y fait une réflexion digne d'une rombière du seizième mais rien de plus. Je ne vous ai pas mis le lien tellement c'est insignifiant.
Je prends généralement nos politiciens pour des pas grand'choses, mais en des occurrences comme celle-ci, j'ai plutôt envie de les plaindre. Voir le moindre mot, même pas vraiment de travers, ainsi décortiqué et monté en épingle, il y a de quoi devenir fou.
Faut-il que les journalistes l'aiment, cette monarchie républicaine qu'ils dénoncent, pour que parole du monarque fasse l'objet de tant d'attention.
Peu avant sa mort, Julien Freund avait des réticences vis-à-vis de la démocratie.
D'une part, le système de sélection des gouvernants amène au sommet les plus retors, les plus acharnés, pas les plus compétents. D'autre part, les sujets abordés ne sont pas ceux qui comptent vraiment, mais ceux qui sont compréhensibles par le public des électeurs.
Sans que je partage totalement ces préventions, ce genre de petit fait me fait descendre à un point bas d'optimisme démocratique.
jeudi, juillet 10, 2008
NRH : ce qu'il nous faudrait, c'est une bonne guerre ...
Cet article de la NRH prolonge indirectement certaines de mes réflexions sur l'instruction et l'éducation :
Guerre et masculinité
La NRH est toujours aussi politiquement incorrecte, mais de temps en temps, ça fait du bien.
Guerre et masculinité
La NRH est toujours aussi politiquement incorrecte, mais de temps en temps, ça fait du bien.
Citation piquée sur un autre blog
Citation de Sir Peter Medawar piquée sur un autre blog :
«Just as compulsory primary education created a market catered for by cheap dailies and weeklies, so the spread of secondary and latterly tertiary education has created a large population of people, often with well-developed literary and scholarly tastes, who have been educated far beyond their capacity to undertake analytical thought.»
Traduction :
Tout comme l'éducation primaire obligatoire a créé un marché fourni par des quotidiens et des hebdomadaires à bas prix, la diffusion de l'instruction secondaire puis tertiaire a créé une grande population de gens au goût littéraire et savant développé qui ont été instruits bien au-delà de leur capacité à soutenir une pensée analytique.
Cette phrase explique assez bien pourquoi certains membres de populations instruites, je pense notamment à des enseignants et à des journalistes, montrent parfois des faiblesses d'analyse étonnantes.
Je ne vois guère de manière de prévenir ces faiblesses si ce n'est d'avoir la modestie de ne pas s'aventurer sur des terrains trop complexes (1).
Par exemple, pour comprendre le libéralisme, je sens bien que mes notions de thermodynamique statistique sont de puissantes aides, car l'idée comme quoi à partir de quelques objets simples, on peut obtenir des ensembles ordonnés très complexes n'est pas intuitive.
Or, si je fais le compte, il m'a bien fallu six ans d'école (à partir de la terminale) plus quelques années qui ont suivi pour me sentir à l'aise avec ces concepts. Il n'est donc pas étonnant que ceux dont les études n'avaient pour objet ces modes d'analyse ne les maitrisent pas.
(1) : pour ma part, j'avoue que les problèmes liés à l'immigration ou à la religion me laissent perplexes et que je m'y colle avec difficulté. J'ai quelquefois du mal à comprendre des stratégies politiques à 36 000 bandes.
«Just as compulsory primary education created a market catered for by cheap dailies and weeklies, so the spread of secondary and latterly tertiary education has created a large population of people, often with well-developed literary and scholarly tastes, who have been educated far beyond their capacity to undertake analytical thought.»
Traduction :
Tout comme l'éducation primaire obligatoire a créé un marché fourni par des quotidiens et des hebdomadaires à bas prix, la diffusion de l'instruction secondaire puis tertiaire a créé une grande population de gens au goût littéraire et savant développé qui ont été instruits bien au-delà de leur capacité à soutenir une pensée analytique.
Cette phrase explique assez bien pourquoi certains membres de populations instruites, je pense notamment à des enseignants et à des journalistes, montrent parfois des faiblesses d'analyse étonnantes.
Je ne vois guère de manière de prévenir ces faiblesses si ce n'est d'avoir la modestie de ne pas s'aventurer sur des terrains trop complexes (1).
Par exemple, pour comprendre le libéralisme, je sens bien que mes notions de thermodynamique statistique sont de puissantes aides, car l'idée comme quoi à partir de quelques objets simples, on peut obtenir des ensembles ordonnés très complexes n'est pas intuitive.
Or, si je fais le compte, il m'a bien fallu six ans d'école (à partir de la terminale) plus quelques années qui ont suivi pour me sentir à l'aise avec ces concepts. Il n'est donc pas étonnant que ceux dont les études n'avaient pour objet ces modes d'analyse ne les maitrisent pas.
(1) : pour ma part, j'avoue que les problèmes liés à l'immigration ou à la religion me laissent perplexes et que je m'y colle avec difficulté. J'ai quelquefois du mal à comprendre des stratégies politiques à 36 000 bandes.
Ségolène Royal : toujours plus bas
Ségolène Royal laisse entendre que le cambriolage de son appartement pourrait être une manœuvre d'intimidation d'une officine sarkozyste.
C'est évidemment stupide : quel intérêt ? Qu'en retirerait le gouvernement ?
Ségolène Royal accuse d'autre part Sarkozy de se comporter comme un roi à la tête d'un clan.
J'ai du rater quelque chose, mais je ne vois pas que Nicolas Sarkozy se comporte plus royalement ni plus comme un chef de clan que, disons, François Mitterrand. Cela ne semblait pas la gêner à l'époque. Nicolas Sakozy est un président démocratiquement élu qui exerce son mandat dans le cadre des institutions françaises, certes perfectibles.
On comprend bien à quoi riment ces outrances : s'attirer les sympathies des militants socialistes (qu'elle prend vraiment pour des cons) en vue du prochain congrès.
Mais je considère de telles tactiques comme basses et néfastes : transformer l'adversaire politique en ennemi social et personnel réveille le vieux culte français de la haine civile.
J'espère qu'elles sont dépassées et que le vote des militants socialistes le prouvera, mais je n'en suis pas sûr : les socialistes ne brillent pas par leur intelligence (c'est au moins un point d'accord de entre SR et moi !).
C'est évidemment stupide : quel intérêt ? Qu'en retirerait le gouvernement ?
Ségolène Royal accuse d'autre part Sarkozy de se comporter comme un roi à la tête d'un clan.
J'ai du rater quelque chose, mais je ne vois pas que Nicolas Sarkozy se comporte plus royalement ni plus comme un chef de clan que, disons, François Mitterrand. Cela ne semblait pas la gêner à l'époque. Nicolas Sakozy est un président démocratiquement élu qui exerce son mandat dans le cadre des institutions françaises, certes perfectibles.
On comprend bien à quoi riment ces outrances : s'attirer les sympathies des militants socialistes (qu'elle prend vraiment pour des cons) en vue du prochain congrès.
Mais je considère de telles tactiques comme basses et néfastes : transformer l'adversaire politique en ennemi social et personnel réveille le vieux culte français de la haine civile.
J'espère qu'elles sont dépassées et que le vote des militants socialistes le prouvera, mais je n'en suis pas sûr : les socialistes ne brillent pas par leur intelligence (c'est au moins un point d'accord de entre SR et moi !).
Laure Dissard, une reine de l'Occupation (G. Joseph)
Les gens ont quelquefois des talents peu ordinaires. Celui de Laure Dissard est l'escroquerie de haute volée. Le mensonge et la comédie lui étaient aussi naturelles que l'air qu'elle respirait.
Née en 1914, elle montra ses capacités pendant la seconde guerre mondiale.
Plus patriote qu'elle, pendant la drôle de guerre, il n'y avait pas. Avec le général Tulasne, oncle du héros de Normandie-Niemen (comme quoi la faisanderie n'est pas héréditaire), elle monta diverses combinaisons.
Une fois les Allemands à Paris, il n'y avait pas plus collaborationniste qu'elle, elle organisa des soirées somptueuses avec tout le gratin de la collaboration parisienne, les Benoist-Méchin, Déat et compagnie, et devint même la maitresse de Jean Bichelonne (1).
Pour illustrer les extraordinaires capacités de la dame dans son domaine, voici comment elle passa le mois d'aout 1944. Au début du mois, elle fut arrêtée sans violences par les SS qui voulaient avoir quelques explications sur le fait qu'elle se vantait dans tout Paris de connaitre personnellement Himmler. Ayant senti le vent tourner, elle cessa de s'alimenter.
Relâchée au bout de trois jours, elle s'alita pour le reste du mois et trouva un médecin complaisant pour constater son triste état de santé. A partir de ce bout de papier et en faisant jouer ses connaissances qui n'étaient pas toutes en Allemagne mais aussi à divers postes administratifs, les mauvais traitements devinrent des tortures. Grâce à de faux résistants et aussi à quelques vrais bernés par ses mensonges et ses charmes, elle obtint un certificat de résistance et même une carte de déportée ! Pour parachever la construction, elle fut pendant quelques mois la maitresse d'un officier supéreiur de l'OSS (qui finit par être renvoyé chez lui carrière ruinée, ses supérieurs n'étant pas trompés par les artifices de la dame).
Bien sûr, tout le monde n'était pas dupe, notamment les RG. Mais, d'une part, de nombreux témoins avaient disparu dans les turbulences du crépuscule des dieux blonds ; d'autre part, ceux qui restaient occupaient souvent des postes suffisamment importants pour paralyser les démarches.
Après guerre, elle se spécialisa dans l'escroquerie contre d'anciens collabos qu'elle connaissait et dont elle savait qu'ils préféreraient ne pas porter plainte.
Néanmoins, l'âge venant, ses charmes opéraient moins et il n'y avait plus ce petit plus qui fait que le gogo bascule dans le piège. Elle fit de la prison (mais jamais pour ses activités pendant la guerre alors que c'était la part la plus condamnable de son parcours).
Son ennemi le plus tenace se révéla être le fisc qui la poursuivit pendant quarante ans pour l'arriéré de la guerre.
***************
(1) : Jean Bichelonne est une caricature de Polytechnicien : major à l'entrée, major à la sortie, exceptionnellement brillant, carrière fulgurante et pourtant il se trompa de bout en bout. Bien qu'il l'ait ensuite reniée, il a signé en juillet 1944 une pétition reprochant au maréchal Pétain de lacher les Allemands. Un de ses professeurs, pour exprimer ses grandes faiblesses dans tant de force, a dit de lui : «Il sait tout et c'est tout.» On dirait qu'il a été mis au monde pour illustrer la boutade «La différence entre un train et un Polytechnicien, c'est que le train, quand il déraille, il s'arrête.» Il est mort lors d'une opération chirurgicale en Allemagne en 1945, ce qui sauva sans doute Laure Dissard, car un procès Bichelonne lui aurait été fatal.
Née en 1914, elle montra ses capacités pendant la seconde guerre mondiale.
Plus patriote qu'elle, pendant la drôle de guerre, il n'y avait pas. Avec le général Tulasne, oncle du héros de Normandie-Niemen (comme quoi la faisanderie n'est pas héréditaire), elle monta diverses combinaisons.
Une fois les Allemands à Paris, il n'y avait pas plus collaborationniste qu'elle, elle organisa des soirées somptueuses avec tout le gratin de la collaboration parisienne, les Benoist-Méchin, Déat et compagnie, et devint même la maitresse de Jean Bichelonne (1).
Pour illustrer les extraordinaires capacités de la dame dans son domaine, voici comment elle passa le mois d'aout 1944. Au début du mois, elle fut arrêtée sans violences par les SS qui voulaient avoir quelques explications sur le fait qu'elle se vantait dans tout Paris de connaitre personnellement Himmler. Ayant senti le vent tourner, elle cessa de s'alimenter.
Relâchée au bout de trois jours, elle s'alita pour le reste du mois et trouva un médecin complaisant pour constater son triste état de santé. A partir de ce bout de papier et en faisant jouer ses connaissances qui n'étaient pas toutes en Allemagne mais aussi à divers postes administratifs, les mauvais traitements devinrent des tortures. Grâce à de faux résistants et aussi à quelques vrais bernés par ses mensonges et ses charmes, elle obtint un certificat de résistance et même une carte de déportée ! Pour parachever la construction, elle fut pendant quelques mois la maitresse d'un officier supéreiur de l'OSS (qui finit par être renvoyé chez lui carrière ruinée, ses supérieurs n'étant pas trompés par les artifices de la dame).
Bien sûr, tout le monde n'était pas dupe, notamment les RG. Mais, d'une part, de nombreux témoins avaient disparu dans les turbulences du crépuscule des dieux blonds ; d'autre part, ceux qui restaient occupaient souvent des postes suffisamment importants pour paralyser les démarches.
Après guerre, elle se spécialisa dans l'escroquerie contre d'anciens collabos qu'elle connaissait et dont elle savait qu'ils préféreraient ne pas porter plainte.
Néanmoins, l'âge venant, ses charmes opéraient moins et il n'y avait plus ce petit plus qui fait que le gogo bascule dans le piège. Elle fit de la prison (mais jamais pour ses activités pendant la guerre alors que c'était la part la plus condamnable de son parcours).
Son ennemi le plus tenace se révéla être le fisc qui la poursuivit pendant quarante ans pour l'arriéré de la guerre.
***************
(1) : Jean Bichelonne est une caricature de Polytechnicien : major à l'entrée, major à la sortie, exceptionnellement brillant, carrière fulgurante et pourtant il se trompa de bout en bout. Bien qu'il l'ait ensuite reniée, il a signé en juillet 1944 une pétition reprochant au maréchal Pétain de lacher les Allemands. Un de ses professeurs, pour exprimer ses grandes faiblesses dans tant de force, a dit de lui : «Il sait tout et c'est tout.» On dirait qu'il a été mis au monde pour illustrer la boutade «La différence entre un train et un Polytechnicien, c'est que le train, quand il déraille, il s'arrête.» Il est mort lors d'une opération chirurgicale en Allemagne en 1945, ce qui sauva sans doute Laure Dissard, car un procès Bichelonne lui aurait été fatal.
mercredi, juillet 09, 2008
Instruction : deux blogs si différents
Parmi les nombreux blogs sur l'école, il y en a deux que je fréquente régulièrement et qui, bien que tous deux anti-constructivistes, sont diamétralement opposés :
Bonnet d'ane, le blog de JP Brighelli
Le site de M. Le Bris
Le premier s'intéresse à la politique scolaire, reste très général et souvent (stérilement ?) polémique.
Les commentaires semblent essentiellement provenir d'enseignants. 90 % sont d'une grande indigence, imprécis, verbeux (c'est pénible, ces gens qui disent en cent mots ce qui passe très bien en trois), hors sujet, nombrilistes, sectaires, réagissant par réflexe plus que par réflexion (dites «libéral» et vous vous faites insulter par des gens qui n'ont pas pris la peine de vous comprendre (1)), pas l'ombre d'une pensée un peu personnelle. Bref, des victimes de bourrage de crâne.
Néanmoins, les 10 % qui restent portent souvent des témoignages intéressants. Finalement, ça ressemble assez à une salle des profs telle que me la décrivent mes amis enseignants.
Je me fais un plaisir de ne pas retenir dans mes commentaires sur ce blog mes pensées les plus hérétiques. Il ne manque pas d'imbéciles pour me sauter dessus et tenter un passage à tabac bloguesque. C'est assez puéril mais ça m'amuse.
L'intérêt de ce blog est limité par son tabou fondamental : la critique de l'étatisation de l'école. Vous pouvez l'écrire, mais vous ne serez pas écouté, encore moins entendu.
Le blog de Marc Le Bris est très différent. Si lui arrive d'aborder la politique, c'est rarement et allusivement. Il s'attache à la pédagogie au sens le plus pratique du terme, sous forme de fiches. Par exemple, comment enseigner le calcul de l'aire du cercle en primaire ?
En un sens, Marc Le Bris est beaucoup plus ambitieux que JP Brighelli puisqu'il entreprend, avec l'aide de ses correspondants, notamment du SLECC, de combler les lacunes dans la formation des enseignants dues aux les IUFMs (2).
(1) : je n'ai toujours pas obtenu une réfutation claire et précise de ma préconisation de privatiser le système éducatif (en gardant collectif une bonne part du financement) ; peut-être parce que c'est tellement futé comme proposition qu'elle est imparable :-)
D'autre part, je suis toujours surpris de tomber sur de (prétendus ?) enseignants dont le degré de réflexion est proche de zéro.
(2) : la formation des enseignants vue par la IUFMs, c'est un gruyère où il y a plus de trou que de fromage.
Bonnet d'ane, le blog de JP Brighelli
Le site de M. Le Bris
Le premier s'intéresse à la politique scolaire, reste très général et souvent (stérilement ?) polémique.
Les commentaires semblent essentiellement provenir d'enseignants. 90 % sont d'une grande indigence, imprécis, verbeux (c'est pénible, ces gens qui disent en cent mots ce qui passe très bien en trois), hors sujet, nombrilistes, sectaires, réagissant par réflexe plus que par réflexion (dites «libéral» et vous vous faites insulter par des gens qui n'ont pas pris la peine de vous comprendre (1)), pas l'ombre d'une pensée un peu personnelle. Bref, des victimes de bourrage de crâne.
Néanmoins, les 10 % qui restent portent souvent des témoignages intéressants. Finalement, ça ressemble assez à une salle des profs telle que me la décrivent mes amis enseignants.
Je me fais un plaisir de ne pas retenir dans mes commentaires sur ce blog mes pensées les plus hérétiques. Il ne manque pas d'imbéciles pour me sauter dessus et tenter un passage à tabac bloguesque. C'est assez puéril mais ça m'amuse.
L'intérêt de ce blog est limité par son tabou fondamental : la critique de l'étatisation de l'école. Vous pouvez l'écrire, mais vous ne serez pas écouté, encore moins entendu.
Le blog de Marc Le Bris est très différent. Si lui arrive d'aborder la politique, c'est rarement et allusivement. Il s'attache à la pédagogie au sens le plus pratique du terme, sous forme de fiches. Par exemple, comment enseigner le calcul de l'aire du cercle en primaire ?
En un sens, Marc Le Bris est beaucoup plus ambitieux que JP Brighelli puisqu'il entreprend, avec l'aide de ses correspondants, notamment du SLECC, de combler les lacunes dans la formation des enseignants dues aux les IUFMs (2).
(1) : je n'ai toujours pas obtenu une réfutation claire et précise de ma préconisation de privatiser le système éducatif (en gardant collectif une bonne part du financement) ; peut-être parce que c'est tellement futé comme proposition qu'elle est imparable :-)
D'autre part, je suis toujours surpris de tomber sur de (prétendus ?) enseignants dont le degré de réflexion est proche de zéro.
(2) : la formation des enseignants vue par la IUFMs, c'est un gruyère où il y a plus de trou que de fromage.
mardi, juillet 08, 2008
Réchauffisme : superbe article de désinformation du journal Le Monde
Le Monde, encore plus que sur d'autres sujets, est en pointe de la désinformation concernant le réchauffisme.
Le bouquet est cet article :
Le scepticisme est-il un crime ?
Le propagandiste (on ne peut plus appeler cela un journaliste) commence par admettre qu'on puisse douter du réchauffisme (il est bien bon) mais pour aussitôt dire que tous ces doutes ont été réfutés.
La vérité est toute autre.
L'état actuel de la climatologie peut se résumer en une phrase : il est possible qu'il y ait un réchauffement global, si tel est le cas, les causes en sont inconnues, plusieurs hypothèses sont à l'étude.
Ces dernières années, les progrès de la climatologie ont été très faibles. Certains climatologues vont même jusqu'à dire que, du fait des perturbations politiques et médiatiques, ils ont été nuls.
Ce n'est pas bien sûr l'impression que rendent les medias, mais les medias ont-ils jamais rendu compte correctement d'un problème complexe, notamment scientifique ?
Si vous voulez une preuve que les doutes sont loin d'être levés sur le réchauffisme et qu'ils seraient plutôt en augmentation :
Rapport du NIPCC
Le bouquet est cet article :
Le scepticisme est-il un crime ?
Le propagandiste (on ne peut plus appeler cela un journaliste) commence par admettre qu'on puisse douter du réchauffisme (il est bien bon) mais pour aussitôt dire que tous ces doutes ont été réfutés.
La vérité est toute autre.
L'état actuel de la climatologie peut se résumer en une phrase : il est possible qu'il y ait un réchauffement global, si tel est le cas, les causes en sont inconnues, plusieurs hypothèses sont à l'étude.
Ces dernières années, les progrès de la climatologie ont été très faibles. Certains climatologues vont même jusqu'à dire que, du fait des perturbations politiques et médiatiques, ils ont été nuls.
Ce n'est pas bien sûr l'impression que rendent les medias, mais les medias ont-ils jamais rendu compte correctement d'un problème complexe, notamment scientifique ?
Si vous voulez une preuve que les doutes sont loin d'être levés sur le réchauffisme et qu'ils seraient plutôt en augmentation :
Rapport du NIPCC
lundi, juillet 07, 2008
Un article critique sur Vélib dans Le Monde
Que se passe-t-il au journal Le Monde ? Il y a quelques semaines, un article positif sur les OGMs, aujourd'hui un article critique sur Vélib ... Je suis perplexe, la pensée unique bobo serait-elle si mal en point ?
Mezs commentaires entre crochets.
Heurs et malheurs du Vélib' parisien
LE MONDE | 05.07.08 | 13h58 • Mis à jour le 05.07.08 | 13h58
Le succès médiatique n'a pas que des avantages. Deux morts en six mois sur un Vélib' ont fait plus de bruit que les cinq cyclistes (dont un seul Vélib') tués en 2007 sur le pavé parisien, selon les chiffres d'Annick Lepetit, nouvelle adjointe (PS) du maire de Paris, Bertrand Delanoë, chargée des transports et de la circulation.
Avec le retour des beaux jours, les Vélib', qui fêteront leur premier anniversaire le 15 juillet, fleurissent de nouveau. Ils ont fait ressortir des garages et descendre des balcons les vélos les plus divers, enfourchés par des cyclistes amateurs de balades ensoleillées, mais aux compétences variables. Conséquence, une augmentation des accidents, mortels ou non : le nombre de cyclistes accidentés a bondi de 21,4 % pour le seul premier trimestre 2008, selon les chiffres de la préfecture de police.
Si des automobilistes ou des chauffeurs de bus excédés passent parfois leurs nerfs sur de malheureux cyclistes qui n'ont rien fait de mal, il est clair aussi que les freins puissants des bus de la RATP et les réflexes de leurs conducteurs ont sauvé la vie à de nombreux cyclistes, qui montrent parfois une conduite ahurissante, comme si le sentiment de liberté que procure le vélo tournait à l'ivresse. Le pourcentage dérisoire de "vélibistes" casqués semble témoigner d'un état d'esprit - le rejet de toute contrainte - qui s'exprime aussi dans les refus de priorité, les feux rouges grillés par les vélos, toutes étiquettes confondues... Ainsi, dans une enquête réalisée par la Mairie de Paris en 2005, seuls 29 % des cyclistes interrogés déclaraient respecter les feux rouges [je soupçonne qu'il y a peu de partisans de l'ordre et de la discipline parmi les vélibiens. Vélib, moyen darwinien moderne d'élimination des cons ?].
La prolifération des deux-roues à moteur a contribué à complexifier encore le problème. A la fois victimes potentielles des voitures et dangers supplémentaires pour les cyclistes, ces usagers en nombre croissant sont le fruit d'une politique dont l'inventeur, Denis Baupin, tout occupé qu'il était à compliquer la vie des automobilistes, n'avait pas anticipé les effets pervers [Evidemment, le constructivisme, le type d'en haut qui sait ce qui est bien pour le bas peuple, ça ne marche pas car l'imagination des gens s'adaptant est plus forte que celle des liberticides, on croit imposer les vélos, on favorise les scooters. Ou alors il faut tout verrouiller, version Staline. Baupin est un abruti, ça ne lui ferait pas peur, mais heureusement, ce n'est pas lui le maire de Paris.] Dégoûtés de la voiture, mais refusant toujours de prendre les transports en commun, de nombreux usagers sont passés à ce mode de transport polluant, accidentogène, qu'il faut gérer : en 2007, 53 % des victimes d'accidents à Paris conduisaient des deux-roues motorisés, à comparer aux 7 % de cyclistes. La même année, 14 utilisateurs de deux-roues motorisés ont été tués, pour 17 piétons et un automobiliste.
Pour tout arranger, l'esprit du temps fait que chaque catégorie d'usagers a tendance à voir chez les autres non des adeptes d'un mode de transport différent qui doivent partager en bonne intelligence un même espace public, mais des gêneurs . Mme Lepetit voudrait d'ailleurs appeler à la vigilance, mais aussi expliquer aux uns et aux autres qu'ils se simplifieraient les choses en parvenant à concevoir qu'un autre comportement est possible que l'individualisme agressif [L'assistanat généralisé engendre la guerre de tous contre tous].
La multiplication des cyclistes impose de prendre au sérieux ce trafic, autrement dit d'adapter la voirie, mais aussi de le réguler, comme les autres. La préfecture de police doit intensifier ses efforts pour que les deux-roues, motorisés ou non, respectent le code de la route. La Mairie doit accélérer l'équipement de la capitale. Les couloirs mixtes bus-vélos représentent un compromis qui devient plus difficile à vivre au quotidien avec des vélos en nombre. Mais les élargir augmenterait encore la congestion automobile.
LA RATP N'A PAS JOUÉ LE JEU
Dans l'immédiat, l'urgence est à la constitution d'un maillage cohérent d'itinéraires continus avec un maximum de pistes ou voies cyclables, sur des itinéraires vraiment fréquentés par les vélos. Aujourd'hui, seuls 271 km de voirie (sur un total d'environ 1 700) sont ainsi équipés. Cela impose aussi de s'occuper des places de stationnement des automobiles, que M. Baupin avait réduites de façon drastique sans se préoccuper des conséquences en termes de coûts pour les usagers et de pollution supplémentaire.
Le vélo, de toute façon, ne deviendra jamais un moyen de transport de masse quotidien. Même avec une augmentation de 94 % entre 2001 et 2007, selon les chiffres de Mme Lepetit, les cyclistes ne représentent que 2 % à 3 % du trafic total de la capitale. Vélib' n'a donc pas changé grand-chose au problème fondamental de la circulation à Paris, où la place de la voiture a été réduite pendant le premier mandat de M. Delanoë, sans que l'offre de transports en commun de surface ait connu la mue, qualitative et quantitative, que l'usager était en droit d'attendre [Evidemment puisque la RATP n'a pas des clients, mais des usagers, et en plus des usagers captifs (sauf à prendre un autre moyen de transport, ce que font la plupart) puisqu'elle a le monopole des transports en commun].
Tous les acteurs du dossier le savent : le premier tronçon du tramway des Maréchaux, la multiplication des couloirs de bus protégés ne peuvent pas faire oublier que la RATP n'a pas joué le jeu. Il n'y a pas d'adéquation réelle entre l'offre de bus et les possibilités de la voirie aménagée par la Mairie. Les "couloirs de bus vides", qui exaspèrent les automobilistes scotchés dans les embouteillages, en témoignent [Et hop, encore un échec du constructivisme]. Une amélioration spectaculaire des fréquences de passage serait le point essentiel pour que les bus deviennent vraiment attractifs, puisque le maillage des lignes est, grosso modo, satisfaisant. Avec des intervalles souvent proches de 8 à 10 minutes, voire 15, 20 ou 30 mn les samedi et dimanche et après 20 heures, y compris sur les lignes "Mobiliens", les bus n'ont aucune chance de déclencher un transfert massif de clientèle. Couloirs ou pas. Même coincé dans un embouteillage, un automobiliste au volant de sa voiture confortable et suréquipée a peu de raisons d'envier les malheureux debout, comprimés, ballottés par de grands coups de frein, qu'il voit avancer, un peu plus vite que lui, certes, dans le couloir de bus.
Jusqu'en 2005, la RATP était contrôlée par l'Etat, via le Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF). Depuis, le STIF a été transféré aux élus, notamment ceux de Paris et de la région Ile-de-France. Or les désaccords entre M. Delanoë et Jean-Paul Huchon, président, PS lui aussi, de la région, sont publics. Les intérêts divergents des élus les empêchent de mettre vraiment la pression sur la RATP. Celle-ci s'emploie donc à mener sa barque comme elle l'entend, avec de plus en plus un comportement d'entreprise privée, soucieuse avant tout de bénéfices et de gains de productivité. D'autant que les élus, même s'ils ont parfois l'impression que la RATP déploie un rideau de fumée pour échapper à leurs interpellations précises, sont assez démunis. En théorie, le STIF procède par contrat avec la Régie. Mais le contrôle du respect des engagements pris est pour le moins "ténu", comme le résume avec humour un spécialiste du dossier, ne serait-ce que parce qu'il y a "200 personnes au STIF et 40 000 à la RATP".
Courriel : andreani@lemonde.fr
Editorialiste
Mezs commentaires entre crochets.
Heurs et malheurs du Vélib' parisien
LE MONDE | 05.07.08 | 13h58 • Mis à jour le 05.07.08 | 13h58
Le succès médiatique n'a pas que des avantages. Deux morts en six mois sur un Vélib' ont fait plus de bruit que les cinq cyclistes (dont un seul Vélib') tués en 2007 sur le pavé parisien, selon les chiffres d'Annick Lepetit, nouvelle adjointe (PS) du maire de Paris, Bertrand Delanoë, chargée des transports et de la circulation.
Avec le retour des beaux jours, les Vélib', qui fêteront leur premier anniversaire le 15 juillet, fleurissent de nouveau. Ils ont fait ressortir des garages et descendre des balcons les vélos les plus divers, enfourchés par des cyclistes amateurs de balades ensoleillées, mais aux compétences variables. Conséquence, une augmentation des accidents, mortels ou non : le nombre de cyclistes accidentés a bondi de 21,4 % pour le seul premier trimestre 2008, selon les chiffres de la préfecture de police.
Si des automobilistes ou des chauffeurs de bus excédés passent parfois leurs nerfs sur de malheureux cyclistes qui n'ont rien fait de mal, il est clair aussi que les freins puissants des bus de la RATP et les réflexes de leurs conducteurs ont sauvé la vie à de nombreux cyclistes, qui montrent parfois une conduite ahurissante, comme si le sentiment de liberté que procure le vélo tournait à l'ivresse. Le pourcentage dérisoire de "vélibistes" casqués semble témoigner d'un état d'esprit - le rejet de toute contrainte - qui s'exprime aussi dans les refus de priorité, les feux rouges grillés par les vélos, toutes étiquettes confondues... Ainsi, dans une enquête réalisée par la Mairie de Paris en 2005, seuls 29 % des cyclistes interrogés déclaraient respecter les feux rouges [je soupçonne qu'il y a peu de partisans de l'ordre et de la discipline parmi les vélibiens. Vélib, moyen darwinien moderne d'élimination des cons ?].
La prolifération des deux-roues à moteur a contribué à complexifier encore le problème. A la fois victimes potentielles des voitures et dangers supplémentaires pour les cyclistes, ces usagers en nombre croissant sont le fruit d'une politique dont l'inventeur, Denis Baupin, tout occupé qu'il était à compliquer la vie des automobilistes, n'avait pas anticipé les effets pervers [Evidemment, le constructivisme, le type d'en haut qui sait ce qui est bien pour le bas peuple, ça ne marche pas car l'imagination des gens s'adaptant est plus forte que celle des liberticides, on croit imposer les vélos, on favorise les scooters. Ou alors il faut tout verrouiller, version Staline. Baupin est un abruti, ça ne lui ferait pas peur, mais heureusement, ce n'est pas lui le maire de Paris.] Dégoûtés de la voiture, mais refusant toujours de prendre les transports en commun, de nombreux usagers sont passés à ce mode de transport polluant, accidentogène, qu'il faut gérer : en 2007, 53 % des victimes d'accidents à Paris conduisaient des deux-roues motorisés, à comparer aux 7 % de cyclistes. La même année, 14 utilisateurs de deux-roues motorisés ont été tués, pour 17 piétons et un automobiliste.
Pour tout arranger, l'esprit du temps fait que chaque catégorie d'usagers a tendance à voir chez les autres non des adeptes d'un mode de transport différent qui doivent partager en bonne intelligence un même espace public, mais des gêneurs . Mme Lepetit voudrait d'ailleurs appeler à la vigilance, mais aussi expliquer aux uns et aux autres qu'ils se simplifieraient les choses en parvenant à concevoir qu'un autre comportement est possible que l'individualisme agressif [L'assistanat généralisé engendre la guerre de tous contre tous].
La multiplication des cyclistes impose de prendre au sérieux ce trafic, autrement dit d'adapter la voirie, mais aussi de le réguler, comme les autres. La préfecture de police doit intensifier ses efforts pour que les deux-roues, motorisés ou non, respectent le code de la route. La Mairie doit accélérer l'équipement de la capitale. Les couloirs mixtes bus-vélos représentent un compromis qui devient plus difficile à vivre au quotidien avec des vélos en nombre. Mais les élargir augmenterait encore la congestion automobile.
LA RATP N'A PAS JOUÉ LE JEU
Dans l'immédiat, l'urgence est à la constitution d'un maillage cohérent d'itinéraires continus avec un maximum de pistes ou voies cyclables, sur des itinéraires vraiment fréquentés par les vélos. Aujourd'hui, seuls 271 km de voirie (sur un total d'environ 1 700) sont ainsi équipés. Cela impose aussi de s'occuper des places de stationnement des automobiles, que M. Baupin avait réduites de façon drastique sans se préoccuper des conséquences en termes de coûts pour les usagers et de pollution supplémentaire.
Le vélo, de toute façon, ne deviendra jamais un moyen de transport de masse quotidien. Même avec une augmentation de 94 % entre 2001 et 2007, selon les chiffres de Mme Lepetit, les cyclistes ne représentent que 2 % à 3 % du trafic total de la capitale. Vélib' n'a donc pas changé grand-chose au problème fondamental de la circulation à Paris, où la place de la voiture a été réduite pendant le premier mandat de M. Delanoë, sans que l'offre de transports en commun de surface ait connu la mue, qualitative et quantitative, que l'usager était en droit d'attendre [Evidemment puisque la RATP n'a pas des clients, mais des usagers, et en plus des usagers captifs (sauf à prendre un autre moyen de transport, ce que font la plupart) puisqu'elle a le monopole des transports en commun].
Tous les acteurs du dossier le savent : le premier tronçon du tramway des Maréchaux, la multiplication des couloirs de bus protégés ne peuvent pas faire oublier que la RATP n'a pas joué le jeu. Il n'y a pas d'adéquation réelle entre l'offre de bus et les possibilités de la voirie aménagée par la Mairie. Les "couloirs de bus vides", qui exaspèrent les automobilistes scotchés dans les embouteillages, en témoignent [Et hop, encore un échec du constructivisme]. Une amélioration spectaculaire des fréquences de passage serait le point essentiel pour que les bus deviennent vraiment attractifs, puisque le maillage des lignes est, grosso modo, satisfaisant. Avec des intervalles souvent proches de 8 à 10 minutes, voire 15, 20 ou 30 mn les samedi et dimanche et après 20 heures, y compris sur les lignes "Mobiliens", les bus n'ont aucune chance de déclencher un transfert massif de clientèle. Couloirs ou pas. Même coincé dans un embouteillage, un automobiliste au volant de sa voiture confortable et suréquipée a peu de raisons d'envier les malheureux debout, comprimés, ballottés par de grands coups de frein, qu'il voit avancer, un peu plus vite que lui, certes, dans le couloir de bus.
Jusqu'en 2005, la RATP était contrôlée par l'Etat, via le Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF). Depuis, le STIF a été transféré aux élus, notamment ceux de Paris et de la région Ile-de-France. Or les désaccords entre M. Delanoë et Jean-Paul Huchon, président, PS lui aussi, de la région, sont publics. Les intérêts divergents des élus les empêchent de mettre vraiment la pression sur la RATP. Celle-ci s'emploie donc à mener sa barque comme elle l'entend, avec de plus en plus un comportement d'entreprise privée, soucieuse avant tout de bénéfices et de gains de productivité. D'autant que les élus, même s'ils ont parfois l'impression que la RATP déploie un rideau de fumée pour échapper à leurs interpellations précises, sont assez démunis. En théorie, le STIF procède par contrat avec la Régie. Mais le contrôle du respect des engagements pris est pour le moins "ténu", comme le résume avec humour un spécialiste du dossier, ne serait-ce que parce qu'il y a "200 personnes au STIF et 40 000 à la RATP".
Courriel : andreani@lemonde.fr
Editorialiste
dimanche, juillet 06, 2008
Combattant du Vercors (G. Joseph)
Ce livre est sorti en 1973, c'est-à-dire dans les mêmes années que Le Franc-Tireur, excellent film avec Philippe Léotard sur le même thème (on ne le trouve pas en DVD, hélas, si quelqu'un l'a en VHS et peut me le convertir en DVD, une transaction est possible).
Que raconte Joseph, ancien du Vercors ?
> que l'esprit combatif du Vercors n'était pas terrible, les jeunes plutôt fuyant le STO qu'étant vraiment motivés par la résistance.
> que la valeur stratégique du Vercors était nulle et ses chefs profondément incompétents (à part Jean Prévost et Costa de Beauregard qui trouvent grâce à ses yeux). Il note avec justesse que Pierre Dalloz a eu l'idée de la «forteresse du Vercors» comme un pur fantasme, sans aucun sens ni militaire et ni pratique.
Beaucoup des chefs militaires du Vercors venaient de l'armée d'armistice et ne comprenaient rien à la résistance et à la guerilla.
Pour Joseph, l'idée d'une forteresse du Vercors est aussi appropriée et du même tonneau, par les mêmes incompétents criminels, que la ligne Maginot.
Les chefs militaires du Vercors ont essayé de reconstituer une armée traditionnelle, avec uniformes, défilés, discipline et positions à défendre jusqu'à la mort au lieu de profiter des possibilités de la guerilla.
Joseph note que pendant les trois semaines qu'a duré la «république du Vercors», il y a eu un camp de concentration (il portait vraiment ce nom) pour incarcérer les suspects et les étrangers du plateau. On a même envisagé d'y enfermer sous l'accusation de défaitisme les opposants qui criaient à l'incompétence, au massacre annoncé.
Les nombreuses proclamations de Huet, chef militaire du Vercors, se terminaient par «Vive l'armée !».
On ne peut guère être plus loin de l'esprit de la résistance.
L'efficacité militaire du Vercors fut plus que nulle, négative. On y gaspilla des ressources humaines et matérielles précieuses.
Les chefs du Vercors se justifièrent sur le dos des Alliés (comme c'est commode) mais le Vercors ne manqua pas d'armes légères et aurait été dans l'incapacité d'utiliser des armes lourdes.
Le commandement tout à ces rodomontades ne s'est pas consacré à l'humble tâche d'organiser des caches et des convois de mules, qui auraient permis de disperser et d'utiliser au mieux l'armement disponible, lequel fut trouvé en parfait état de marche par les Allemands dans de jolis entrepots singeant une armée régulière.
Le bilan humain de cette accumulation d'idioties est navrant : 640 maquisards et 200 civils tués contre environ 150 Allemands.
A contrario, et pour bien comprendre le potentiel qui a été gaspillé, la compagnie de Joseph, dirigée par Costa de Beauregard, tua, après la dispersion du Vercors, avec quelques fusils et une mitrailleuse plus de cent Allemands sans une seule perte au cours d'embuscades et d'escarmouches.
Le «truc» était simple : marcher, pour tendre des embuscades loin du camp afin de ne pas le compromettre, rester en pays connu, ménager des itinéraires de fuite, tendre une embuscade, ne jamais se battre plus d'une minute ou deux, fuir, recommencer ailleurs. C'est à dire que cette cinquantaine d'hommes bien utilisée a fait presque autant de morts ennemis que les 2000 hommes du Vercors mal utilisés, et sans perte.
Mais, hélas, la guerilla ne faisait pas fantasmer les officiers de 1944 qui étaient aussi ceux qui avaient perdu la guerre de 1940. Par contre, une belle bataille rangée avec plein de morts ...
Un passage comique est celui où Joseph expose les critiques des officiers français contre les Américains, qui parait-il, ne sauraient pas faire la guerre. Quelle guerre ? Celle que nous avons perdu et qu'ils gagnent ?
Seules éveillent le respect de Joseph les victimes.
Que raconte Joseph, ancien du Vercors ?
> que l'esprit combatif du Vercors n'était pas terrible, les jeunes plutôt fuyant le STO qu'étant vraiment motivés par la résistance.
> que la valeur stratégique du Vercors était nulle et ses chefs profondément incompétents (à part Jean Prévost et Costa de Beauregard qui trouvent grâce à ses yeux). Il note avec justesse que Pierre Dalloz a eu l'idée de la «forteresse du Vercors» comme un pur fantasme, sans aucun sens ni militaire et ni pratique.
Beaucoup des chefs militaires du Vercors venaient de l'armée d'armistice et ne comprenaient rien à la résistance et à la guerilla.
Pour Joseph, l'idée d'une forteresse du Vercors est aussi appropriée et du même tonneau, par les mêmes incompétents criminels, que la ligne Maginot.
Les chefs militaires du Vercors ont essayé de reconstituer une armée traditionnelle, avec uniformes, défilés, discipline et positions à défendre jusqu'à la mort au lieu de profiter des possibilités de la guerilla.
Joseph note que pendant les trois semaines qu'a duré la «république du Vercors», il y a eu un camp de concentration (il portait vraiment ce nom) pour incarcérer les suspects et les étrangers du plateau. On a même envisagé d'y enfermer sous l'accusation de défaitisme les opposants qui criaient à l'incompétence, au massacre annoncé.
Les nombreuses proclamations de Huet, chef militaire du Vercors, se terminaient par «Vive l'armée !».
On ne peut guère être plus loin de l'esprit de la résistance.
L'efficacité militaire du Vercors fut plus que nulle, négative. On y gaspilla des ressources humaines et matérielles précieuses.
Les chefs du Vercors se justifièrent sur le dos des Alliés (comme c'est commode) mais le Vercors ne manqua pas d'armes légères et aurait été dans l'incapacité d'utiliser des armes lourdes.
Le commandement tout à ces rodomontades ne s'est pas consacré à l'humble tâche d'organiser des caches et des convois de mules, qui auraient permis de disperser et d'utiliser au mieux l'armement disponible, lequel fut trouvé en parfait état de marche par les Allemands dans de jolis entrepots singeant une armée régulière.
Le bilan humain de cette accumulation d'idioties est navrant : 640 maquisards et 200 civils tués contre environ 150 Allemands.
A contrario, et pour bien comprendre le potentiel qui a été gaspillé, la compagnie de Joseph, dirigée par Costa de Beauregard, tua, après la dispersion du Vercors, avec quelques fusils et une mitrailleuse plus de cent Allemands sans une seule perte au cours d'embuscades et d'escarmouches.
Le «truc» était simple : marcher, pour tendre des embuscades loin du camp afin de ne pas le compromettre, rester en pays connu, ménager des itinéraires de fuite, tendre une embuscade, ne jamais se battre plus d'une minute ou deux, fuir, recommencer ailleurs. C'est à dire que cette cinquantaine d'hommes bien utilisée a fait presque autant de morts ennemis que les 2000 hommes du Vercors mal utilisés, et sans perte.
Mais, hélas, la guerilla ne faisait pas fantasmer les officiers de 1944 qui étaient aussi ceux qui avaient perdu la guerre de 1940. Par contre, une belle bataille rangée avec plein de morts ...
Un passage comique est celui où Joseph expose les critiques des officiers français contre les Américains, qui parait-il, ne sauraient pas faire la guerre. Quelle guerre ? Celle que nous avons perdu et qu'ils gagnent ?
Seules éveillent le respect de Joseph les victimes.
samedi, juillet 05, 2008
Non, le pétrole ne va pas manquer et il ne va pas continuer à augmenter
J'entends une émission de radio où on nous présente comme une évidence que la hausse du prix du pétrole va continuer jusqu'à épuisement.
Ca a beau être répété à tort et à travers, c'est absolument idiot, crétin, stupide, il n'y a pas d'autres mots.
Le proverbe boursier dit «Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel» avec raison.
Je m'en veux de rappeler un fondement de l'économie, mais il semble que les plus éminents spécialistes et les journalistes l'aient oublié (le pétrole rend il con ?) : le prix porte un signal, une information. Les acteurs s'y ajustent.
Quand les prix augmentent, la production aussi : on ne manque pas de pétrole. Il reste une foultitude de sources qui deviennent rentables avec un pétrole cher.
Quand les prix augmentent, la consommation baisse : les consommateurs s'ajustent.
Ces deux phénomènes entrainent une baisse des prix. Et, de toute façon, un jour, on aura trouvé des substituts au pétrole (il y en a de plus en plus dans les labos), il ne vaudra plus rien et il en restera plein (ce scénario est la terreur des pays pétroliers).
Simplement, ce qui brouille cette évidence et rend les gens cons, c'est que, dans le pétrole, les cycles sont très longs et que les ajustements prennent des années.
Les mouvements paraissent donc éternels, mais souvenez vous qu'il y a quelques années, le pétrole était à 20 dollars le baril et les «experts» le prédisaient à 10. Aujourd'hui, le baril est à 145 dollars et les mêmes nous le prédisent à 300 dollars.
C'est la même erreur : prolonger la courbe des prix alors que, justement, on sait qu'elle finira par changer de tendance.
Soyez plus intelligents que cela.
Je peux vous prédire sans risques qu'un jour nous aurons une baisse des prix du pétrole qui durera des années.
Je ne peux vous dire quand ni combien (sinon, je serais milliardaire !) -même si je tends à penser qu'à un chiffre rond genre 200 dollars, nous aurons une baisse «surprenante»-, mais c'est une certitude que nous aurons une baisse forte et prolongée.
Ca a beau être répété à tort et à travers, c'est absolument idiot, crétin, stupide, il n'y a pas d'autres mots.
Le proverbe boursier dit «Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel» avec raison.
Je m'en veux de rappeler un fondement de l'économie, mais il semble que les plus éminents spécialistes et les journalistes l'aient oublié (le pétrole rend il con ?) : le prix porte un signal, une information. Les acteurs s'y ajustent.
Quand les prix augmentent, la production aussi : on ne manque pas de pétrole. Il reste une foultitude de sources qui deviennent rentables avec un pétrole cher.
Quand les prix augmentent, la consommation baisse : les consommateurs s'ajustent.
Ces deux phénomènes entrainent une baisse des prix. Et, de toute façon, un jour, on aura trouvé des substituts au pétrole (il y en a de plus en plus dans les labos), il ne vaudra plus rien et il en restera plein (ce scénario est la terreur des pays pétroliers).
Simplement, ce qui brouille cette évidence et rend les gens cons, c'est que, dans le pétrole, les cycles sont très longs et que les ajustements prennent des années.
Les mouvements paraissent donc éternels, mais souvenez vous qu'il y a quelques années, le pétrole était à 20 dollars le baril et les «experts» le prédisaient à 10. Aujourd'hui, le baril est à 145 dollars et les mêmes nous le prédisent à 300 dollars.
C'est la même erreur : prolonger la courbe des prix alors que, justement, on sait qu'elle finira par changer de tendance.
Soyez plus intelligents que cela.
Je peux vous prédire sans risques qu'un jour nous aurons une baisse des prix du pétrole qui durera des années.
Je ne peux vous dire quand ni combien (sinon, je serais milliardaire !) -même si je tends à penser qu'à un chiffre rond genre 200 dollars, nous aurons une baisse «surprenante»-, mais c'est une certitude que nous aurons une baisse forte et prolongée.
Le coeur, l'autre nom de la démagogie
Que ça soit dans l'affaire Betancourt (1) comme dans d'autres, il me semble que le coeur est le déguisement de la démagogie.
Quand le sentiment devient trop envahissant, il dégrade la réflexion ou, pire, en tient lieu. Il semble qu'avec le couple Sarkozy-Royal nous ayions franchi une nouvelle étape du pourrissement de la démocratie.
On en arrive au point que l'idée que les politiciens devraient faire appel à l'intelligence des électeurs devient incongrue, étrange, déplacée. Certains je suis sûr seront même tentés de me traiter de sans coeur, alors que je dis juste que la place du coeur n'est pas en politique.
(1) : qu'est-ce que cette affaire a rapporté à la France ? Du ridicule : la France disait du mal d'Uribe et voulait négocier avec les FARCs. Uribe a gagné et sans négocier.
Quand le sentiment devient trop envahissant, il dégrade la réflexion ou, pire, en tient lieu. Il semble qu'avec le couple Sarkozy-Royal nous ayions franchi une nouvelle étape du pourrissement de la démocratie.
On en arrive au point que l'idée que les politiciens devraient faire appel à l'intelligence des électeurs devient incongrue, étrange, déplacée. Certains je suis sûr seront même tentés de me traiter de sans coeur, alors que je dis juste que la place du coeur n'est pas en politique.
(1) : qu'est-ce que cette affaire a rapporté à la France ? Du ridicule : la France disait du mal d'Uribe et voulait négocier avec les FARCs. Uribe a gagné et sans négocier.
vendredi, juillet 04, 2008
L'arbitraire, comportement des bureaucraties sans contrepoids
Il existe en France bien des bureaucraties. Celle de la DGAC, particulièrement gratinée vis-à-vis de l'aviation générale, est exemplaire de certains abus administratifs.
Diverses raisons conduisent à cette situation :
> les pilotes privés n'ont que peu de poids
> le sujet est technique, les bureaucrates peuvent donc noyer les décideurs qui leur résisteraient dans un brouillard d'arguments ou de pseudo-arguments incompréhensibles.
> ils ont l'argument sacro-saint de la sécurité. Bien sûr, cet argument est fallacieux : ceux qui assurent la sécurité aérienne sont aux commandes des avions, dans les tours de contrôle, dans les ateliers et dans les bureaux d'études, mais jamais au grand jamais dans les administrations. Dans le meilleur des cas, relativement rare, l'administration ne fait qu'entériner des améliorations de la sécurité pensées par d'autres. Dans le pire des cas, fréquent, elle règlemente à tort et à travers pour justifier son existence.
Cependant, abritée par ce prétexte, notre administration tue à coups de règlements de plus en plus contraignants l'aviation générale.
Et comment en vouloir vraiment à ces bureaucrates ? Ils sont payés par les impots et non par les pilotes privés. Leur intérêt bien compris est donc qu'il y ait de moins en moins d'avions et de pilotes puisque cela diminuera leur travail et leurs risques d'emmerdes sans diminuer leur salaire.
Nous sommes entrés dans un cercle vicieux où, bien qu'il y ait de plus en plus de réglements censés favoriser la sécurité, les statistiques d'accident stagnent, voire augmentent.
C'est humainement facile à comprendre (mais un fonctionnaire n'a pas à réfléchir humainement mais réglementairement) : l'excès de réglements déresponsabilise les pilotes et les décourage de piloter, alors que le plus efficace moyen d'avoir des pilotes sûrs est qu'ils volent souvent, et dans des conditions variées. Il n'est donc pas étonnant que la sécurité ne s'améliore pas.
Il convient de rappeler cette évidence qui semble avoir depuis longtemps échappé à nos ronds-de-cuir : aucun pilote n'a envie d'avoir un accident et le type aux commandes est généralement le mieux placé pour prendre une décision. Mais considérer les administrés comme des adultes est à éviter à tout prix pour une bureaucratie comme la DGAC : ça lui enlève sa raison d'être.
Le résultat de tout cela ? De plus en plus de pilotes fuient vers les ULMs, qui sont à peu près libres de réglementation.
Ainsi, nous arrivons à cette absurdité que l'administration tue l'activité qu'elle est censée encadrer tout en encourageant une activité qui lui échappe.
Nous sommes là dans la problématique bien connue des organisations : pour obtenir un bon résultat, il faut que les contraintes et les incitations soient correctement choisies.
Ce problème est plus aigu pour les administrations pour la simple raison que les payeurs (les contribuables) sont différents des décideurs (les politiciens, les fonctionnaires), ce qui fait que les administrations peuvent errer plus longtemps et plus profondément que les autres organisations (au pire, une organisation privée qui déconne trop longtemps fait faillite et ça met un terme à la déconnade).
On atteint des sommets d'absurdités avec les organisations, comme la DGAC vis-à-vis de l'aviation générale, où il n'y a aucun contre-pouvoir. A contrario, la DGAC prouve tous les jours dans le transport public que, confrontée à un vrai contre-pouvoir, celui des compagnies aériennes, elle sait se montrer souple, voire servile.
Je dois ajouter que ces considérations organisationnelles n'exonèrent pas de leurs responsabilités les ouvreurs de parapluie (pour lesquels j'ai un solide mépris) qui nous rapporteraient des médailles d'or à foison si l'ouverture de parapluie était sport olympique.
Car quelle que soit la médiocrité de l'organisation pour laquelle on travaille, jamais personne n'est obligé de se comporter médiocrement. Mais, là, un autre phénomène bien connu est à l'œuvre : qui se ressemble s'assemble. Les emmerdeurs irresponsables attirent les emmerdeurs irresponsables.
*********************
J'ajoute un mot d'explication pour le public non averti :
historiquement, la réglementation aérienne a contribué à l'amélioration de la sécurité en rendant obligatoires les meilleures pratiques d'une époque donnée.
Or, depuis trente ans, l'aviation générale n'a pas évolué sauf sur les points suivants :
> GPS et «glass cockpits»
> matériaux composites
> simulateurs de vol
D'ailleurs beaucoup de pilotes privés volent sur des avions conçus dans cette période.
En particulier, l'ergonomie et l'accidentologie n'ont pas fait de grands progrès.
Si, comme arguent les gens de la DGAC, leur préoccupation principale était la sécurité, la réglementation aurait du subir une évolution minime, sauf sur les points cités, par rapport aux années 70. Il n'y a pas de raison que ce qui était jugé alors suffisant ne le soit plus aujourd'hui.
Bien entendu, ce n'est pas le cas, ce qui prouve bien que le moteur de la DGAC n'est pas la sécurité, mais étendre son pouvoir et le justifier, règlementer pour justifier son existence. Il ne faut pas oublier qu'un nouveau règlement, c'est :
> des gens pour l'écrire et le valider
> des gens pour le faire appliquer
> des gens pour sanctionner
Bref, un réglement, même (surtout ?) quand il ne sert à rien, ça en justifie des planques de fonctionnaires. C'est une dérive habituelle des administrations sans contrôle (cf l'EN) que de s'attribuer comme mission prioritaire la justification et la perpétuation de leur propre existence.
Diverses raisons conduisent à cette situation :
> les pilotes privés n'ont que peu de poids
> le sujet est technique, les bureaucrates peuvent donc noyer les décideurs qui leur résisteraient dans un brouillard d'arguments ou de pseudo-arguments incompréhensibles.
> ils ont l'argument sacro-saint de la sécurité. Bien sûr, cet argument est fallacieux : ceux qui assurent la sécurité aérienne sont aux commandes des avions, dans les tours de contrôle, dans les ateliers et dans les bureaux d'études, mais jamais au grand jamais dans les administrations. Dans le meilleur des cas, relativement rare, l'administration ne fait qu'entériner des améliorations de la sécurité pensées par d'autres. Dans le pire des cas, fréquent, elle règlemente à tort et à travers pour justifier son existence.
Cependant, abritée par ce prétexte, notre administration tue à coups de règlements de plus en plus contraignants l'aviation générale.
Et comment en vouloir vraiment à ces bureaucrates ? Ils sont payés par les impots et non par les pilotes privés. Leur intérêt bien compris est donc qu'il y ait de moins en moins d'avions et de pilotes puisque cela diminuera leur travail et leurs risques d'emmerdes sans diminuer leur salaire.
Nous sommes entrés dans un cercle vicieux où, bien qu'il y ait de plus en plus de réglements censés favoriser la sécurité, les statistiques d'accident stagnent, voire augmentent.
C'est humainement facile à comprendre (mais un fonctionnaire n'a pas à réfléchir humainement mais réglementairement) : l'excès de réglements déresponsabilise les pilotes et les décourage de piloter, alors que le plus efficace moyen d'avoir des pilotes sûrs est qu'ils volent souvent, et dans des conditions variées. Il n'est donc pas étonnant que la sécurité ne s'améliore pas.
Il convient de rappeler cette évidence qui semble avoir depuis longtemps échappé à nos ronds-de-cuir : aucun pilote n'a envie d'avoir un accident et le type aux commandes est généralement le mieux placé pour prendre une décision. Mais considérer les administrés comme des adultes est à éviter à tout prix pour une bureaucratie comme la DGAC : ça lui enlève sa raison d'être.
Le résultat de tout cela ? De plus en plus de pilotes fuient vers les ULMs, qui sont à peu près libres de réglementation.
Ainsi, nous arrivons à cette absurdité que l'administration tue l'activité qu'elle est censée encadrer tout en encourageant une activité qui lui échappe.
Nous sommes là dans la problématique bien connue des organisations : pour obtenir un bon résultat, il faut que les contraintes et les incitations soient correctement choisies.
Ce problème est plus aigu pour les administrations pour la simple raison que les payeurs (les contribuables) sont différents des décideurs (les politiciens, les fonctionnaires), ce qui fait que les administrations peuvent errer plus longtemps et plus profondément que les autres organisations (au pire, une organisation privée qui déconne trop longtemps fait faillite et ça met un terme à la déconnade).
On atteint des sommets d'absurdités avec les organisations, comme la DGAC vis-à-vis de l'aviation générale, où il n'y a aucun contre-pouvoir. A contrario, la DGAC prouve tous les jours dans le transport public que, confrontée à un vrai contre-pouvoir, celui des compagnies aériennes, elle sait se montrer souple, voire servile.
Je dois ajouter que ces considérations organisationnelles n'exonèrent pas de leurs responsabilités les ouvreurs de parapluie (pour lesquels j'ai un solide mépris) qui nous rapporteraient des médailles d'or à foison si l'ouverture de parapluie était sport olympique.
Car quelle que soit la médiocrité de l'organisation pour laquelle on travaille, jamais personne n'est obligé de se comporter médiocrement. Mais, là, un autre phénomène bien connu est à l'œuvre : qui se ressemble s'assemble. Les emmerdeurs irresponsables attirent les emmerdeurs irresponsables.
*********************
J'ajoute un mot d'explication pour le public non averti :
historiquement, la réglementation aérienne a contribué à l'amélioration de la sécurité en rendant obligatoires les meilleures pratiques d'une époque donnée.
Or, depuis trente ans, l'aviation générale n'a pas évolué sauf sur les points suivants :
> GPS et «glass cockpits»
> matériaux composites
> simulateurs de vol
D'ailleurs beaucoup de pilotes privés volent sur des avions conçus dans cette période.
En particulier, l'ergonomie et l'accidentologie n'ont pas fait de grands progrès.
Si, comme arguent les gens de la DGAC, leur préoccupation principale était la sécurité, la réglementation aurait du subir une évolution minime, sauf sur les points cités, par rapport aux années 70. Il n'y a pas de raison que ce qui était jugé alors suffisant ne le soit plus aujourd'hui.
Bien entendu, ce n'est pas le cas, ce qui prouve bien que le moteur de la DGAC n'est pas la sécurité, mais étendre son pouvoir et le justifier, règlementer pour justifier son existence. Il ne faut pas oublier qu'un nouveau règlement, c'est :
> des gens pour l'écrire et le valider
> des gens pour le faire appliquer
> des gens pour sanctionner
Bref, un réglement, même (surtout ?) quand il ne sert à rien, ça en justifie des planques de fonctionnaires. C'est une dérive habituelle des administrations sans contrôle (cf l'EN) que de s'attribuer comme mission prioritaire la justification et la perpétuation de leur propre existence.
jeudi, juillet 03, 2008
Qui a libéré Ingrid Betancourt
Le point de vue de Guy Sorman :
Derrière la libération des otages colombiens , dont Ingrid Betancourt , se profilent les Etats-Unis . Pas Chavez , pas Sarkozy.
Car le gouvernement colombien est engagé dans une négociation difficile avec le Congrés américain pour la ratification d'un traité de libre échange. Les Républicains , donc McCain , sont pour. Les Démocrates, dont Obama sont contre. Les Démocrates utilisent deux arguments : les Colombiens vont nous voler nos emplois, le gouvernement colombien ne respecte pas les droits de l'homme. Le second argument et sans doute le premier, sont affaiblis par l'opération réussie de l'armée colombienne qui a libéré trois citoyens américains, kidnappés il y a cinq ans alors qu'ils menaient une opération anti drogue ; ceux-ci étaient devenus une cause célèbre aux Etats -Unis, à l'instar d'Ingrid Betancourt chez nous.
Celle-ci, peu connue aux Etats Unis , est en Colombie un personnage controversée ; elle est souvent soupçonnée de s'être jetée dans la gueule des Farc pour faire monter sa cote électorale lorsqu'elle était en campagne contre l'actuel Président Uribe. Uribe sortira glorieux de cette aventure et pourra briguer un troisiéme mandat. Autre veinard : McCain se trouve en Colombie. Hasard ? Pas certain.
J'ajoute que les manifestations médiatiques tapageuses, en faisant monter son «prix», ont probablement retardé la libération d'Ingrid Betancourt. Mais que ne ferait-on pas pour nos people puissent se sentir de «belles âmes» ?
Derrière la libération des otages colombiens , dont Ingrid Betancourt , se profilent les Etats-Unis . Pas Chavez , pas Sarkozy.
Car le gouvernement colombien est engagé dans une négociation difficile avec le Congrés américain pour la ratification d'un traité de libre échange. Les Républicains , donc McCain , sont pour. Les Démocrates, dont Obama sont contre. Les Démocrates utilisent deux arguments : les Colombiens vont nous voler nos emplois, le gouvernement colombien ne respecte pas les droits de l'homme. Le second argument et sans doute le premier, sont affaiblis par l'opération réussie de l'armée colombienne qui a libéré trois citoyens américains, kidnappés il y a cinq ans alors qu'ils menaient une opération anti drogue ; ceux-ci étaient devenus une cause célèbre aux Etats -Unis, à l'instar d'Ingrid Betancourt chez nous.
Celle-ci, peu connue aux Etats Unis , est en Colombie un personnage controversée ; elle est souvent soupçonnée de s'être jetée dans la gueule des Farc pour faire monter sa cote électorale lorsqu'elle était en campagne contre l'actuel Président Uribe. Uribe sortira glorieux de cette aventure et pourra briguer un troisiéme mandat. Autre veinard : McCain se trouve en Colombie. Hasard ? Pas certain.
J'ajoute que les manifestations médiatiques tapageuses, en faisant monter son «prix», ont probablement retardé la libération d'Ingrid Betancourt. Mais que ne ferait-on pas pour nos people puissent se sentir de «belles âmes» ?
mercredi, juillet 02, 2008
Une si douce occupation (Gilbert Joseph)
Je vous l'avoue franchement, Sartre et Beauvoir sont un délice à haïr.
Le livre de Gilbert Joseph (par ailleurs survivant très critique du Vercors) les montre tels qu'en eux-mêmes pendant la période 1940 - 1944 : lâches, veules, malhonnêtes, verbeux, nombrilistes, carriéristes, prêts à peu près à n'importe quoi pour voir leur nom sur une couverture ou sur une affiche.
Que ces petites gens aient pu être considérées à une époque comme des stars de la littérature ne remonte pas dans mon estime le troupeau intellectuel.
Après cette lecture assez guillerette, le style de Joseph est acerbe mais léger, vous pourrez toujours revenir à des auteurs plus dignes d'intérêt et d'admiration : René Char, Albert Camus, Jean Prévost, Romain Gary ...
Le livre de Gilbert Joseph (par ailleurs survivant très critique du Vercors) les montre tels qu'en eux-mêmes pendant la période 1940 - 1944 : lâches, veules, malhonnêtes, verbeux, nombrilistes, carriéristes, prêts à peu près à n'importe quoi pour voir leur nom sur une couverture ou sur une affiche.
Que ces petites gens aient pu être considérées à une époque comme des stars de la littérature ne remonte pas dans mon estime le troupeau intellectuel.
Après cette lecture assez guillerette, le style de Joseph est acerbe mais léger, vous pourrez toujours revenir à des auteurs plus dignes d'intérêt et d'admiration : René Char, Albert Camus, Jean Prévost, Romain Gary ...
Un anti-militarisme de droite ?
JD Merchet, chroniqueur militaire à Libération, soutient qu'il y a un anti-militarisme de droite, fait plus de négligence et d'indifférence que de franche hostilité. Le plus digne représentant en serait Nicolas Sarkozy lui-même.
Les derniers événements en donnent une confirmation angoissante :
> un résumé brutal du dernier livre blanc de la défense pourrait être : «L'armée est un auxiliaire de la police, comme les pompiers». En avalisant ce qui apparaitra probablement dans quelques années comme une irresponsabilité majeure proche du manquement au devoir (1), Nicolas Sarkozy ne fait que se soumettre au sentiment des Français qui n'arrivent plus à imaginer l'Autre que sous les traits du semblable et non de l'ennemi. Or, ce pacifisme irénique ne mène qu'à des catastrophes, car ce n'est pas nous qui choisissons nos ennemis, ce sont eux qui nous choississent. J'y vois l'un des symptômes les plus préoccupants de la volonté des Européens (car le problème n'est pas seulement français) de sortir des turbulences du monde, de la vie, qu'on leur foute la paix, qu'on les laisse mourir tranquillement.
> la réaction de Nicolas Sarkozy au malheureux accident de Carcassonne est d'une violence contre l'institution (2) qu'on ne lui a jamais entendu après, disons, une bavure policière. Elle témoigne au moins d'une incompréhension et plus probablement d'un mépris.
Une contre-offensive gouvernementale tend à présenter le présent malaise comme le symptôme du conservatisme militaire face au si moderne et si innovant président. Le journal Le Monde tombe dans le panneau. En réalité, aucun service de l'Etat ne s'est (n'a été) autant réformé que l'armée ces quinze dernières années, pour une raison simple : les militaires ne font pas grève, ils ont le sens du devoir (ce qui ne semble pas le cas par exemple des cheminots) et, de toute façon, les Français s'en foutent.
La meilleure image qu'on puisse donner du rôle de l'armée dans une démocratie est celle d'une assurance : elle est toujours trop chère quand tout va bien, mais on est bien content de l'avoir quand ça va mal. Et, évidemment, quand on est dans la merde, il est trop tard pour souscrire l'assurance qu'on a négligée quand tout allait bien sous prétexte d'économies.
La chose militaire fait partie, comme l'instruction, de ces politiques à cycles longs où l'incompétence et les mauvaises décisions ont peu d'impact immédiat et visible mais des effets destructeurs d'autant plus durables, profonds et difficiles à combattre.
Sur des sujets primordiaux, défense, instruction, innovation, dynamisme économique, assurances sociales, je vois la France dans un grand tunnel depuis le premier choc pétrolier et je ne vois toujours pas le bout de ce tunnel. Vous connaissez mon analyse : la France a depuis les années 80 raté le tournant des réformes libérales.
Concernant la défense, il est clair que l'Etat devrait la considérer comme prioritaire, et non pas comme accessoire par rapport au problème de la longueur de la publicité à la télévision ou au destin des plaques d'immatriculation automobile.
(1) : je n'ai pas de noms de dirigeants qui aient négligé la défense et dont on ait gardé un bon souvenir. Si vous avez des contre-exemples, ça m'intéresse.
(2) : je ne conteste absolument pas qu'il y ait eu de graves fautes, mais il y a la manière de le dire.
Les derniers événements en donnent une confirmation angoissante :
> un résumé brutal du dernier livre blanc de la défense pourrait être : «L'armée est un auxiliaire de la police, comme les pompiers». En avalisant ce qui apparaitra probablement dans quelques années comme une irresponsabilité majeure proche du manquement au devoir (1), Nicolas Sarkozy ne fait que se soumettre au sentiment des Français qui n'arrivent plus à imaginer l'Autre que sous les traits du semblable et non de l'ennemi. Or, ce pacifisme irénique ne mène qu'à des catastrophes, car ce n'est pas nous qui choisissons nos ennemis, ce sont eux qui nous choississent. J'y vois l'un des symptômes les plus préoccupants de la volonté des Européens (car le problème n'est pas seulement français) de sortir des turbulences du monde, de la vie, qu'on leur foute la paix, qu'on les laisse mourir tranquillement.
> la réaction de Nicolas Sarkozy au malheureux accident de Carcassonne est d'une violence contre l'institution (2) qu'on ne lui a jamais entendu après, disons, une bavure policière. Elle témoigne au moins d'une incompréhension et plus probablement d'un mépris.
Une contre-offensive gouvernementale tend à présenter le présent malaise comme le symptôme du conservatisme militaire face au si moderne et si innovant président. Le journal Le Monde tombe dans le panneau. En réalité, aucun service de l'Etat ne s'est (n'a été) autant réformé que l'armée ces quinze dernières années, pour une raison simple : les militaires ne font pas grève, ils ont le sens du devoir (ce qui ne semble pas le cas par exemple des cheminots) et, de toute façon, les Français s'en foutent.
La meilleure image qu'on puisse donner du rôle de l'armée dans une démocratie est celle d'une assurance : elle est toujours trop chère quand tout va bien, mais on est bien content de l'avoir quand ça va mal. Et, évidemment, quand on est dans la merde, il est trop tard pour souscrire l'assurance qu'on a négligée quand tout allait bien sous prétexte d'économies.
La chose militaire fait partie, comme l'instruction, de ces politiques à cycles longs où l'incompétence et les mauvaises décisions ont peu d'impact immédiat et visible mais des effets destructeurs d'autant plus durables, profonds et difficiles à combattre.
Sur des sujets primordiaux, défense, instruction, innovation, dynamisme économique, assurances sociales, je vois la France dans un grand tunnel depuis le premier choc pétrolier et je ne vois toujours pas le bout de ce tunnel. Vous connaissez mon analyse : la France a depuis les années 80 raté le tournant des réformes libérales.
Concernant la défense, il est clair que l'Etat devrait la considérer comme prioritaire, et non pas comme accessoire par rapport au problème de la longueur de la publicité à la télévision ou au destin des plaques d'immatriculation automobile.
(1) : je n'ai pas de noms de dirigeants qui aient négligé la défense et dont on ait gardé un bon souvenir. Si vous avez des contre-exemples, ça m'intéresse.
(2) : je ne conteste absolument pas qu'il y ait eu de graves fautes, mais il y a la manière de le dire.
France, le pays qui peine à sortir du XXème siècle : l'exemple de la télévision publique
Ce n'est pas tant le pays qui peine à sortir du XXème siècle que l'Etat. Mais quand les dépenses publiques représentent presque les deux tiers du PIB, la nuance est mince.
La liste des maux de l'Etat est vaste et bien connue : sureffectif, gaspillage, missions à la fois trop nombreuses et mal définies, organisation déficiente, irresponsabilité généralisée, etc ...
Ces maux ont un point commun : ils sont inhérents à toute structure étatique. On peut les réduire mais jamais les supprimer, c'est pourquoi il faut réduire la place de l'Etat lui-même dans la société.
Je suis un peu estomaqué par l'affaire qui occupe l'actualité : le devenir de la télévision publique.
Ma position est simple et, me semble-t-il, de bon sens. En tous les cas, je crois que c'est une opinion adaptée à ce début de XXIème siècle : il faut purement et simplement supprimer les chaines publiques. En effet, les chaines généralistes, publiques ou privées, sont appelées à faner sous la pression des dizaines, des centaines de chaines généralistes, de la télévision sur internet, de la télévision sur portable.
La seule chaine publique qui se justifie à mes yeux car elle entre dans ce contexte actuel de chaines thématiques est la chaine parlementaire (1).
Quant aux chaines régionales, libre aux régions de s'en charger.
Ne voilà-t-il pas que notre gouvernement, si moderne, si en rupture, rompt avec le passé non pas pour aller vers l'avenir, mais pour retourner encore plus loin dans le passé, et se propose de financer entièrement la télévision publique.
Certes, ça nous a donné le grand plaisir d'entendre ceux-là qui hurlaient naguère contre l'horrible esclavage au profit du grand capital que représentait la publicité maintenant pleurer crocodilement que la publicité (la même, celle du grand capitalesclavagiste) est la garantie essentielle de leur indépendance et que sa disparition est fort angoissante.
Nota : sur le blog de JB Brighelli, Bonnet d'âne, j'ai appris par un commentateur que mon blog était nul, que j'étais idiot et que, en gros et en détail, je ne comprenais rien à rien. Quand on voit le niveau des commentateurs du blog en question, qui doit donner des envies de se faire hara-kiri avec leur double décimètre à tous les profs normalement constitués, je me dis comme souvent que c'est un plaisir de gourmet d'être pris pour un con par des imbéciles.
Cependant, si vous partagez ce diagnostic, je vous prie de passer votre chemin : à quoi bon s'attarder sur un blog sans qualités ?
(1) : comme en France, on a plein d'argent public, aucun déficit, peu de dette et que les retraites sont financées, on en a une pour l'Assemblée Nationale et une pour le Sénat.
La liste des maux de l'Etat est vaste et bien connue : sureffectif, gaspillage, missions à la fois trop nombreuses et mal définies, organisation déficiente, irresponsabilité généralisée, etc ...
Ces maux ont un point commun : ils sont inhérents à toute structure étatique. On peut les réduire mais jamais les supprimer, c'est pourquoi il faut réduire la place de l'Etat lui-même dans la société.
Je suis un peu estomaqué par l'affaire qui occupe l'actualité : le devenir de la télévision publique.
Ma position est simple et, me semble-t-il, de bon sens. En tous les cas, je crois que c'est une opinion adaptée à ce début de XXIème siècle : il faut purement et simplement supprimer les chaines publiques. En effet, les chaines généralistes, publiques ou privées, sont appelées à faner sous la pression des dizaines, des centaines de chaines généralistes, de la télévision sur internet, de la télévision sur portable.
La seule chaine publique qui se justifie à mes yeux car elle entre dans ce contexte actuel de chaines thématiques est la chaine parlementaire (1).
Quant aux chaines régionales, libre aux régions de s'en charger.
Ne voilà-t-il pas que notre gouvernement, si moderne, si en rupture, rompt avec le passé non pas pour aller vers l'avenir, mais pour retourner encore plus loin dans le passé, et se propose de financer entièrement la télévision publique.
Certes, ça nous a donné le grand plaisir d'entendre ceux-là qui hurlaient naguère contre l'horrible esclavage au profit du grand capital que représentait la publicité maintenant pleurer crocodilement que la publicité (la même, celle du grand capitalesclavagiste) est la garantie essentielle de leur indépendance et que sa disparition est fort angoissante.
Nota : sur le blog de JB Brighelli, Bonnet d'âne, j'ai appris par un commentateur que mon blog était nul, que j'étais idiot et que, en gros et en détail, je ne comprenais rien à rien. Quand on voit le niveau des commentateurs du blog en question, qui doit donner des envies de se faire hara-kiri avec leur double décimètre à tous les profs normalement constitués, je me dis comme souvent que c'est un plaisir de gourmet d'être pris pour un con par des imbéciles.
Cependant, si vous partagez ce diagnostic, je vous prie de passer votre chemin : à quoi bon s'attarder sur un blog sans qualités ?
(1) : comme en France, on a plein d'argent public, aucun déficit, peu de dette et que les retraites sont financées, on en a une pour l'Assemblée Nationale et une pour le Sénat.
mardi, juillet 01, 2008
Histoire critique de la résistance (D. Venner)
Je lis la NRH avec plaisir, mais de temps en temps, le néo-pétainisme me barbe.
Ce n'est pas que ce livre qui remet sainement à sa place l'idée fausse comme quoi la Résistance serait de gauche (1) et le collaborationnisme de droite soit factuellement faux, autant que je peux en juger, mais l'interprétation des faits est tendancieuse.
Par exemple, dans la plus pure veine pétainiste, le retrait britannique de France de mai-juin 40 est présenté comme une trahison. C'est bien beau, mais qu'eussent-ils pu faire d'autre ?
La politique de la Résistance est assez glauque : entre les communistes qui la récupèrent honteusement et les pétainistes façon Mitterrand qui s'interrogent sur le meilleur moment de retourner leur veste, ce n'est pas très reluisant. On préferera ce souvenir des morts.
C'est probablement une des explications du relatif silence de De Gaulle sur la Résistance dans ses mémoires, à part la célèbre page sur Jean Moulin.
Le reproche fait à De Gaulle d'avoir divisé les Français est controuvé : de fait, les Français étaient divisés, l'unanimisme ne pouvait que jouer en faveur de la collaboration, faire le constat de cette division, c'était faire oeuvre de vérité et de courage.
Cependant, Venner insiste avec raison sur plusieurs points :
> le peu d'efficacité militaire de la résistance armée en France, notamment pour cause d'incompétence, la plus grosse bourde étant le Vercors. L'idée même de concentrer des maquisards dans des camps retranchés est contraire à la philosophie de la guerilla.
Venner a des mots cruels en comparant les maquisards du Vercors attendant tranquillement l'assaut allemand sans s'entrainer aux garnisons de la ligne Maginot de 1940. A contrario, les rares maquis qui ont été commandés avec une claire compréhension de ce qu'est une guerilla ont obtenu de bons résultats.
Les réseaux de renseignement, plus de discrets, ont certainement été plus efficaces.
> la volonté d'escalade sanglante (criminelle et irresponsable ?) des communistes. En contrepoint, Venner cite la résistance danoise qui s'est abstenue de tuer des Allemands pour ne pas entrainer de représailles sur les civils mais dont l'efficacité militaire soutient très bien la comparaison avec la résistance française.
> enfin, les «résistants de septembre» et l'épuration sauvage sont une tache sur l'histoire de la résistance. Venner va jusqu'à écrire que les communistes se sont servis de l'épuration pour éliminer ou réduire au silence les notables et les personnalités susceptibles de contrecarrer leurs politiques collectivistes.
Par ailleurs, c'est une remarque de bons sens que de constater que de septembre 1944 à mai 1945, là où se jouaient les places de pouvoir de l'après-guerre, la plupart des authentiques s'étaient engagés dans l'armée.
On peut lire Les vacances de la vie, d'Alphonse Boudard.
De véritables résistants, comme Frenay, furent très vite dégoutés par le résistantialisme. On me manquera pas de rappeler que Julien Freund s'éveilla à la politique et conçus ses premières idées de la politique comme violence en voyant des maquisards communistes exécuter sommairement des gens pour des raisons sans rapport avec la Vichy et les Allemands mais très en rapport avec les jalousies sociales et personnelles. Sommet de l'horreur : ce chef de maquis qui fait exécuter son ex-maitresse, après l'avoir laissée violer par ses hommes, sous prétexte qu'il se rappelle soudain qu'il l'a vue entrer à la Gestapo.
(1) : Venner cite un savoureux passage du journal du philosophe Alain, radical bon chic bon genre, expliquant qu'il ne faut pas que les types comme De Gaulle gagnent et, pour faire bonne mesure, que lui, Alain, est un admirateur de Mein Kampf !
La parenté entre socialisme et national-socialisme n'est pas qu'un hasard sémantique et tout le monde n'a pas la lucidité et la force d'âme d'un Léon Blum.
Jacques Ellul n'a pas tout à fait tort d'écrire à l'été 1945 que si Hitler a perdu militairement, il a gagné politiquement. Bien entendu, dans la France de 2008, patrie du socialisme réel, ce message est inaudible, il brise trop de tabous.
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