Après l'Allemagne, l'Italie et la Suisse, la Belgique décide de sortir du nucléaire.
Si mon analyse des techniques énergétiques est juste, le nucléaire est irremplaçable. Le nucléaire français a donc l'avenir devant lui : celui d'exportateur vers nos voisins plus cons.
Malheureusement, pour profiter pleinement de cet avenir radieux, il faudrait construire de nouvelles tranches nucléaires. Et là, ce n'est pas gagné : sur le nucléaire, nous sommes moins cons, mais de très peu.
lundi, octobre 31, 2011
800 millions
800 millions ? C'est le nombre de VChinnois ? Le nombre d'amis Facebook de Lady Gaga ? La fortune Bruni ?
Que nenni : 800 millions d€, c'est ce qu'économiserait annuellement Air France en charges sociales si son siège était ... sur la Lune ? Non, aux Pays-Bas.
Ca Fait réfléchir, non ? Enfin ... Ca fait réfléchir ceux qui ont cerveau, c'est-à-dire pas les PNC d'Air France.
Que nenni : 800 millions d€, c'est ce qu'économiserait annuellement Air France en charges sociales si son siège était ... sur la Lune ? Non, aux Pays-Bas.
Ca Fait réfléchir, non ? Enfin ... Ca fait réfléchir ceux qui ont cerveau, c'est-à-dire pas les PNC d'Air France.
dimanche, octobre 30, 2011
Le bordel libyen vu par Aymeric Chauprade
La France a dépensé 300 millions d’euros (au moins…) pour installer la Charia en Libye
Je suis d'accord avec Chauprade : la campagne de Libye fait partie de ces décisions désastreuses et contraires à leurs véritables intérêts prises par les Européens ces dernières années.
Que voulez vous ? C'est le genre de drames auxquels on s'expose quand on décide en fonction d'une conception du monde (en l'occurrence le mondialisme universaliste) totalement erronée.
Je suis d'accord avec Chauprade : la campagne de Libye fait partie de ces décisions désastreuses et contraires à leurs véritables intérêts prises par les Européens ces dernières années.
Que voulez vous ? C'est le genre de drames auxquels on s'expose quand on décide en fonction d'une conception du monde (en l'occurrence le mondialisme universaliste) totalement erronée.
samedi, octobre 29, 2011
vendredi, octobre 28, 2011
Sapir: « L’accord signé ne fait que prolonger l’agonie de l’euro »
Pour une fois, je suis d'accord avec Jacques Sapir.
Je livre à votre réflexion cette question : comme souvent en politique, ceux qui ont de leur coté le bon sens et le réalisme n'arrivent pas à imposer leurs vues. Comment faire pour que cela change ? C'est une question très difficile et très ouverte. N'hésitez pas à vous lancer.
Sapir: « L’accord signé ne fait que prolonger l’agonie de l’euro »
Je livre à votre réflexion cette question : comme souvent en politique, ceux qui ont de leur coté le bon sens et le réalisme n'arrivent pas à imposer leurs vues. Comment faire pour que cela change ? C'est une question très difficile et très ouverte. N'hésitez pas à vous lancer.
Sapir: « L’accord signé ne fait que prolonger l’agonie de l’euro »
jeudi, octobre 27, 2011
Le pont de la rivière Euro
La Chine sauve l’euro…
Qui était censé nous protéger de la Chine…
Publié le 27 octobre 2011 à 14:00 dans Causeur
David Desgouilles est attaché d'administration
Vous souvenez-vous du film Le Pont de la rivière Kwaï ? Il était une fois un colonel, Nicholson. Le Colonel Nicholson était le plus gradé d’un camp de prisonniers et, pour occuper ses hommes et leur permettre de rester dignes, il se laissa convaincre de construire un pont sur la rivière Kwaï. Il en était très fier, de son pont. Mais ce dernier était dangereux, d’un point de vue stratégique pour ses compatriotes anglais et lorsque qu’ils vinrent le détruire, Nicholson tenta de s’interposer. Le pont était devenu le but en soi (1).
En acceptant que la Chine vienne aider financièrement au sauvetage de l’euro, les dirigeants européens semblent donc bien atteints du syndrome du Colonel Nicholson. L’euro, notre pont de la rivière Kwaï moderne, était présenté comme l’instrument de puissance permettant de peser face aux autres géants, au premier rang desquels la Chine. Combien de fois nous a t-on asséné : « avec ses petits bras et ses petits francs, comment ferait la France ? ». Escroquerie désormais prouvée aux yeux de tous. La Chine est tellement heureuse de l’existence de l’euro, et notamment de la sous-évaluation du yuan par rapport à lui, qu’elle vient, sans hésiter, à son secours.
Nicolas Sarkozy, qui doit s’entretenir avec le président Hu-Jin-Tao aujourd’hui au téléphone, aura à répondre, avec tous ses « partenaires », de haute-trahison. Noëlle Lenoir, ancienne ministre des affaires européennes de Jacques Chirac, et qui ne passe pas pour une souverainiste échevelée, écrivait ce matin sur twitter : « Fonds chinois pour l’Europe. Le début de la colonisation de l’Europe par la Chine a-t-il commencé ? Et la fin de son indépendance politique. » Comment peser dans une négociation commerciale, désormais ? Comment protester du fait que la monnaie chinoise soit inconvertible et sous-évaluée ?
Envolées, les possibilités de protection aux frontières européennes, la démondialisation de Montebourg, le juste-échange du PS, et la fameuse taxe carbone aux frontières européennes, que le Président souhaitait lui-même mettre en place. Imaginer que le PC chinois apporte son aide sans contrepartie tient davantage de l’esprit de Oui-Oui chauffeur de taxi que de la haute géopolitique. Cette trahison est double : non seulement les dirigeants européens actuels se lient eux-mêmes les mains, mais ils lient par avance celles de leurs successeurs.
Eux n’ont pas l’excuse du Colonel Nicholson. Eux ne travaillent pas dans un camp de prisonniers. C’est en toute liberté qu’ils ont choisi de sacrifier la liberté de leurs peuples au sauvetage de leur pont de la rivière Kwaï.
***************
(1) Je dois cette image et cette formule à Philippe Séguin qui l’employa à propos de Pierre Bérégovoy et son obsession de l’accrochage du franc au mark, qui n’était d’ailleurs que la préfiguration de la monnaie unique.
Qui était censé nous protéger de la Chine…
Publié le 27 octobre 2011 à 14:00 dans Causeur
David Desgouilles est attaché d'administration
Vous souvenez-vous du film Le Pont de la rivière Kwaï ? Il était une fois un colonel, Nicholson. Le Colonel Nicholson était le plus gradé d’un camp de prisonniers et, pour occuper ses hommes et leur permettre de rester dignes, il se laissa convaincre de construire un pont sur la rivière Kwaï. Il en était très fier, de son pont. Mais ce dernier était dangereux, d’un point de vue stratégique pour ses compatriotes anglais et lorsque qu’ils vinrent le détruire, Nicholson tenta de s’interposer. Le pont était devenu le but en soi (1).
En acceptant que la Chine vienne aider financièrement au sauvetage de l’euro, les dirigeants européens semblent donc bien atteints du syndrome du Colonel Nicholson. L’euro, notre pont de la rivière Kwaï moderne, était présenté comme l’instrument de puissance permettant de peser face aux autres géants, au premier rang desquels la Chine. Combien de fois nous a t-on asséné : « avec ses petits bras et ses petits francs, comment ferait la France ? ». Escroquerie désormais prouvée aux yeux de tous. La Chine est tellement heureuse de l’existence de l’euro, et notamment de la sous-évaluation du yuan par rapport à lui, qu’elle vient, sans hésiter, à son secours.
Nicolas Sarkozy, qui doit s’entretenir avec le président Hu-Jin-Tao aujourd’hui au téléphone, aura à répondre, avec tous ses « partenaires », de haute-trahison. Noëlle Lenoir, ancienne ministre des affaires européennes de Jacques Chirac, et qui ne passe pas pour une souverainiste échevelée, écrivait ce matin sur twitter : « Fonds chinois pour l’Europe. Le début de la colonisation de l’Europe par la Chine a-t-il commencé ? Et la fin de son indépendance politique. » Comment peser dans une négociation commerciale, désormais ? Comment protester du fait que la monnaie chinoise soit inconvertible et sous-évaluée ?
Envolées, les possibilités de protection aux frontières européennes, la démondialisation de Montebourg, le juste-échange du PS, et la fameuse taxe carbone aux frontières européennes, que le Président souhaitait lui-même mettre en place. Imaginer que le PC chinois apporte son aide sans contrepartie tient davantage de l’esprit de Oui-Oui chauffeur de taxi que de la haute géopolitique. Cette trahison est double : non seulement les dirigeants européens actuels se lient eux-mêmes les mains, mais ils lient par avance celles de leurs successeurs.
Eux n’ont pas l’excuse du Colonel Nicholson. Eux ne travaillent pas dans un camp de prisonniers. C’est en toute liberté qu’ils ont choisi de sacrifier la liberté de leurs peuples au sauvetage de leur pont de la rivière Kwaï.
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(1) Je dois cette image et cette formule à Philippe Séguin qui l’employa à propos de Pierre Bérégovoy et son obsession de l’accrochage du franc au mark, qui n’était d’ailleurs que la préfiguration de la monnaie unique.
Crise de l'Euro : l'imbécilité serait-elle la qualité la mieux partagée ?
L'Europe vient d'acheter du temps. On peut trouver mauvaise (c'est mon cas) ou bonne cette décision, mais en aucun cas excellente ou salvatrice. Hier, nul pas pour sortir du chemin du défaut étatique n'a été fait. On a juste fait quelques zigzags pour se donner l'illusion que le précipice se rapprochait moins vite.
La seule explication que je trouve à l'euphorie des medias et de la bourse, c'est l'imbécilité.
La seule explication que je trouve à l'euphorie des medias et de la bourse, c'est l'imbécilité.
mercredi, octobre 26, 2011
Mais où est passée la virilité ?
Je me suis amusé à vous copier trois articles sur le maternalisme. L'idéal de notre société n'est plus la mère, c'est la maman (et le «papa», maman-bis). Je ricane chaque fois que je vois un «papa» porter son gnard sur le ventre, pour compenser le fait de n'avoir pu être enceinte. Evidemment, je trouve cela grotesque.
Les femmes ont les hommes qu'elles méritent, puisque ce sont elles, comme mères et comme femmes, qui les font. On en connaît les conséquences pour notre société : suicide démographique, naufrage éducatif, anarchie à l'intérieur, faiblesse à l'extérieur.
Bien sûr, tout cela a un rapport évident avec la société de consommation : vous ne convaincrez pas un homme qui pense que l'action consiste à parvenir le premier en haut de l'Everest ou à casser la gueule de tous ses petits copains dans la cour de récré que le shopping est un acte passionnant. Pour transformer votre homme en «consomm'acteur» (expression ridicule de pubeurs mais qui dit bien notre époque), il faut d'abord l'avoir escouillé.
On a organisé une réserve d'hommes virils, cette espèce en voie de disparition. On appelle cela l'armée de métier. Mais sa féminisation prouve qu'elle est aussi en danger. On n'imagine pas des femmes aux Thermopyles, ou chargeant bayonnette au canon au cri de «Vive l'Empereur !», ou au bois des Caures (9/10 de pertes en une matinée). La féminisation de l'armée française montre qu'elle n'est déjà plus faite pour la guerre. Ce n'est pas un hasard si les rares unités d'élite encore guerrières sont très peu féminisées.
On peut trouver une explication à cette maternalisation : en notre époque de bombe atomique, l'agressivité virile est devenue trop dangereuse.
Cependant, l'être humain étant ce qu'il est, il y aura toujours des hommes virils, africains, chinois ou européens retrouvant leurs racines, pour partir à la conquête de ceux qui ne le sont pas. C'est pourquoi notre société est condamnée.
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Mais où est passée la virilité ?
Par Patrice De Méritens pour le Figaro Magazine- le 15/10/2011
«Après le triomphe de la virilité au XIXe siècle, une crise s'est peu à peu manifestée, laquelle se prolonge de nos jours», observe l'historien Alain Corbin qui publie Les Héros de l'histoire de France expliqués à mon fils et dirige la publication de Histoire de la virilité . «Mais ce délitement n'est pas venu de soi-même, ce fut une volonté idéologique pour imposer une dévirilisation doublée de féminisation», lui répond Eric Zemmour , auteur du Premier Sexe .
Eric Zemmour est journaliste au Figaro, chroniqueur et écrivain.
Sans l'effacement, pour ne pas dire la mort de la virilité, auriez-vous eu l'idée d'en écrire l'histoire?
Alain Corbin - Il était temps effectivement de faire le point. Ce qui m'a intéressé, c'est la profondeur historique doublée de cette ambiguïté qui fait que la virilité est un accomplissement reconnu à travers les âges en même temps qu'un fardeau. Ceux qui ont laissé des journaux intimes, des agendas, de l'écriture de soi durant le XIXe siècle ont toujours eu des interrogations dans ce domaine. L'inquiétude est consubstantielle à la sexualité. Après le triomphe de la virilité au XIXe siècle, une crise s'est peu à peu manifestée, laquelle se prolonge de nos jours...
Eric Zemmour - Être à la hauteur du plaisir des femmes, se comparer aux autres, ne pas connaître de défaillance d'érection, tel est le fardeau existentiel de la virilité depuis toujours, qui explique l'angoisse des hommes. Mais il y a un deuxième fardeau: la mort, pour protéger la femme et les enfants. C'est là que le passage du XIXe au XXe siècle est passionnant: au corps dressé, splendidement vêtu, des batailles napoléoniennes et à la fierté de trouver la mort, s'oppose le corps couché de 1914, l'humiliation des hommes aplatis comme des rats dans la boue des tranchées. La crise de la virilité vient notamment de cet épisode historique. Le fardeau devient trop lourd. L'homme y renonce. Dès lors, tout s'enchaîne: les victoires féministes, l'idéologie de 1968 puis post-soixante-huitarde, avec les jeunes générations éduquées dans la persuasion que la virilité est le mal absolu - sans mauvais jeu de mots.
Alain Corbin - J'introduirai des éléments d'historicité dans vos propos, aussi bien en ce qui concerne l'angoisse de l'érection que l'attitude face à la mort. Dans l'écriture de soi autant que dans le roman, le fiasco - c'est-à-dire la panne sexuelle - est resté longtemps objet de moquerie et d'autodérision sans être considéré comme un véritable drame. Evidemment, au XVIIe siècle, en cas de carence permanente, cela pouvait amener l'individu à comparaître devant le tribunal de l'impuissance et à le faire condamner pour avoir attenté à l'institution du mariage et avoir dupé son épouse, s'il n'était pas capable de l'honorer. Mais ce sont là des cas extrêmes. Ce n'est qu'à partir du début du XIXe siècle, reportons-nous à Astolphe de Custine ou à Stendhal, qu'avec la montée d'un certain romantisme le fiasco répété est devenu un destin tragique: le destin de celui qui se persuadait d'être impuissant au point de ne plus même tenter d'«affronter» le coït.
Eric Zemmour - Le XVIIIe siècle prend en effet tout avec distance, ironie, et surtout avec cette langue magnifique qui fait que les pannes de Valmont lui-même ne peuvent avoir été que brillantes - au moins ont-elles été vécues avec esprit. Le XIXe siècle est plus grave, qui observe que de la passion surgit le fiasco. Dans De l'amour, Stendhal décrit cette contradiction chez l'homme entre l'amour et le désir, qui meurtrit tant les femmes. Lorsqu'il y a trop d'amour, le désir s'évanouit : «Plus on aime, moins on fout», observait plaisamment Alfred Delvau. C'est une constante masculine.
Alain Corbin - Deuxième point: la mort. Les cliniciens français du XIXe siècle sont persuadés qu'au moment de l'éjaculation, l'homme abrège sa vie. Il y a donc un rapport immédiat et fort entre Eros et Thanatos. Et la femme est dangereuse qui, par ses excès, peut tuer son partenaire, telle une mante religieuse. Reste l'angoisse suscitée par la capacité ou non de regarder la mort en face. Le défi, tel est le mot clef. La conscience d'un manque éventuel de virilité s'opère alors autour de cette double interrogation: suis-je à la hauteur dans le défi comme dans la guerre? L'expression comme la vocation de la virilité est d'assurer sa domination sur l'ennemi ou sur le colonisé: le bizutage du bleu appartient à la «technologie des endurcissements», pour reprendre une formule de Michel Foucault ; de même que les apprentissages du code de virilité comme, par exemple, la résistance au froid. Michelet s'est fort bien décrit dans sa jeunesse, écrasant ses engelures dans son pensionnat...`
Eric Zemmour - Dans cette même perspective, Stendhal affirme sans sourciller que ceux qui étaient morts durant la retraite de Russie n'étaient que des faibles qui avaient renoncé à vivre.
Alain Corbin - Plus s'approfondit le dimorphisme sexuel, plus l'homme est destiné à la mêlée sociale. C'est pourquoi, revenant à son foyer, il doit être accueilli, dorloté, d'où l'importance de la sphère privée, à laquelle répond en miroir l'extrême proli fération des lieux typiquement masculins de l'entre-soi au XIXe siècle: pensionnats, casernes, salles de garde, bordels, cercles. Jusque dans les salons des soirées mondaines où, à l'écart des femmes, on se retire au fumoir. L'alliance du tabac et de la politique n'est pas qu'une habitude, c'est une culture. Toutes choses qui se sont délitées depuis.
Eric Zemmour - Elles ne se sont pas délitées d'elles-mêmes. En vérité, on a détruit tous les entre-soi pour imposer aux hommes la mixité obligatoire, laquelle a détruit l'acquisition de la culture virile. Ce fut une volonté délibérée, idéologique, pour imposer une dévirilisation doublée d'une féminisation, un projet politique porté par les progressistes, les féministes, autant de personnes ou de groupes d'intérêts décidés à abattre ce qu'ils nommaient le «stupide XIXe siècle». L'entreprise a parfaitement réussi.
Alain Corbin - Vous portez ici un jugement de valeur dont je me garderai.
Eric Zemmour - Pour autant, ce sont vos ouvrages qui me nourrissent! Et vous ne niez pas la violence de l'antithèse entre le XIXe et le XXe siècle. Dans un ouvrage consacré à l'érotisme durant la Seconde Guerre mondiale, Patrick Buisson montre très bien comment l'humiliation des soldats vaincus se transfère immédiatement sur un abaissement civil et sexuel: les Françaises se mettent à coucher avec les Allemands. C'est la France horizontale...
Alain Corbin - Ce qui n'a nullement empêché les prisonniers français de prendre une revanche sexuelle dans les fermes allemandes !
Eric Zemmour - Parce que les Allemandes y étaient seules! Mais chez nous, même les prostituées se refusaient à nos soldats, parce qu'ils étaient sans le sou. Avec le Reichsmark, les Allemands avaient fait grimper les prix, créant de l'inflation dans le marché de la prostitution. L'humiliation virile, dans la suite logique de la guerre, s'est d'ailleurs propagée à l'Allemagne. Une Allemande anonyme raconte dans son Journal comment, lors de la chute de Berlin en 1945, les Soviétiques ont violé systématiquement les femmes de 15 à 60 ans, en rétorsion des exactions sexuelles commises par la Wehrmacht en 1942. Elle explique comment elles ont été abandonnées par ceux qui devaient les protéger et assure que, dès lors, plus rien ne sera comme avant. Avec ses guerres meurtrières, ses corps couchés et non plus dressés, ses défaites successives prolongées avec la lutte des anciennes colonies pour leur indépendance, le XXe siècle est globalement celui de l'humiliation du mâle occidental. Entre les deux guerres, il y eut bien un projet de réaction face à ce renoncement, mais ce ne fut qu'une viri lité purement démonstrative, quasi parodique: celle du fascisme et du communisme.
Alain Corbin - Les preuves de virilité ont alors existé: songeons à celle qu'ont manifesté les soldats alliés et allemands au cours de terrible combats. Vous minimisez...
Eric Zemmour - Non ! Je n'évoque pas ici les combats, mais les parades et postures de l'entre-deux guerres, repérant seulement que la crise a entraîné en réaction une virilité exacerbée. Au reste, les affrontements entre bandes de supporters auxquels on assiste dans notre société actuelle sont révélateurs de la pérennité de cette recherche. La compétition s'exprime par la violence - compétition ethnique, parfois, quand il s'agit d'enfants de l'immigration contre des «Blancs». Elle ressuscite en tout cas l'entre-soi qui existait à profusion au XIXe siècle.
Alain Corbin - Cet entre-soi, je l'ai observé comme professeur à la fin des années 60 : j'enseignais à cinquante-deux garçons en blouse grise en terminale dans un lycée et, parallèlement, devant une quarantaine de blouses roses dans un lycée de filles. Pour autant montait depuis déjà plusieurs années la crise de l'autorité. Durant la guerre d'Algérie, alors que j'étais homme de troupe, j'ai vu les troufions refuser d'obéir à la hiérarchie et se réjouir, après le putsch d'Alger, que de Gaulle ait cassé un certain nombre d'officiers généraux. C'était de la part de ces jeunes soldats un refus d'autorité bien plus dangereux que celui qui s'est manifesté sept ans plus tard sur le boulevard Saint-Michel. Ils ont alors marqué leur hostilité à l'encontre des engagés, des militaires de carrière, estimant leur monde obsolète.
Que vous inspire la théorie du genre, qui fait actuellement polémique en matière d'éducation?
Alain Corbin - J'adhère totalement aux travaux sur l'histoire des femmes telle qu'elle est pratiquée, notamment, par Michelle Perrot : en permanence s'opère l'inculcation d'un code qui a pour but de définir à chaque période des rôles à la fois masculin et féminin. C'est indéniable. Si l'on analyse la phrase: «On ne naît pas femme, on le devient», il est clair que Simone de Beauvoir se réfère à l'inculcation des rôles et des conduites, et du sentiment d'identité lié au sexe. Phénomène venu des Etats-Unis aux alentours des années 1970-1980, la théorie du genre veut appliquer au passé des concepts aboutissant à une dissociation du sexe et du genre. A ce propos, comme en bien d'autres domaines, je crains l'anachronisme psychologique. Pour prendre un autre exemple: le mot sexualité n'existait pas en France en 1830-1840, vouloir s'en servir en critique histo rique, avec tout ce que la psychologie et la psychanalyse y ont introduit, serait erroné.
Eric Zemmour - Qu'il y ait acquisition culturelle des rôles est une évidence; c'est ainsi que Pascal a dit qu'il craignait que la nature elle-même ne soit qu'une somme d'habitudes, et que l'habitude ne soit qu'une seconde nature. L'imbrication entre l'inné et l'acquis est d'une parfaite banalité, or la nouveauté avec le genre (si j'ai bien compris, car il paraît que sa papesse américaine conteste désormais sa propre théorie) est qu'il nie le biologique en vue d'éradiquer tout rapport entre masculin et virilité.
Alain Corbin - Attention, nuance entre virilité et masculinité! Car ce dernier mot, employé au XVIIIe siècle pour un usage essentiellement grammatical (le masculin et le féminin), n'apparaît largement répandu dans son acception actuelle qu'au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. La masculinité n'a jamais correspondu à la virilité, laquelle est vertu de grandeur, de maîtrise de soi, de force, d'honneur, de consentement au sacrifice. D'un combattant peu hardi à sortir de la tranchée, on n'aurait jamais dit durant la Grande Guerre qu'il manquait de masculinité, mais de virilité. Au reste, tout spectateur de télévision le sent. «Quelle virilité dans le contact!», entend-on souvent dans les commentaires de matchs de rugby. On n'imagine guère ledit contact qualifié de «masculin »...
Eric Zemmour - L'émergence du terme même de «masculinité » à l'issue du XIXe siècle et son développement au début du XXe est symptomatique de la crise. J'y reviens donc: on l'emploie désormais pour détacher le masculin de la virilité.
Alain Corbin - Je me garderai de tout jugement de valeur, pour me limiter aux éléments essentiels qui ont déterminé cette crise: l'effondrement de la culture de la victoire, la disparition de nombreux lieux de l'entre-soi masculin, ainsi que la psychologie et la psychanalyse qui ont fouaillé dans le domaine de la sexologie, remettant en cause des choses qui allaient précédemment de soi.
Eric Zemmour - Au «savoir mourir pour la patrie», devenu obsolète, au colonialisme conspué, au présentéisme qui a refoulé le grand récit national, à la psychologie et à la psychanalyse, j'ajouterai le travail qui s'accomplit désormais dans notre société avec moins de force et de plus en plus de machines. Enfin, cet élément : le capitalisme moderne veut des consommateurs, d'où la dévirilisation programmée des hommes qui ne consommaient pas assez. Aujourd'hui, le mâle féminisé et piloté par la publicité use de produits de beauté.
Alain Corbin - À propos de consommation, j'observerai une atteinte à l'ordre biologique. Les phtalates, bisphénols et autres produits n'ont pas abouti qu'à la diminution du nombre de sperma tozoïdes chez les poissons, mais aussi chez les hommes. C'est une atteinte sourde...
Quel peut être l'avenir de notre société par rapport aux valeurs viriles revendiquées, par exemple, par l'islam?
Eric Zemmour - Il est vrai que dans Mélancolie française, mon dernier chapitre était assez... mélancolique sur les possibilités de conflits. Si l'entre-soi des banlieues se fait en réaction d'une société féminisée, pour ce qui est de la famille, certains jeunes musulmans tyrannisent et terrorisent leurs sœurs, adoptant des comportements que n'avaient pas forcément leurs pères. Question d'identité, donc. Or, justement, il ne faut pas négliger le fait que l'islam soit aussi en crise à cause de cette modernité...
Alain Corbin - Quant à moi, j'estime que les historiens ne doivent jamais se mêler de prospective, pour la simple raison que les sociétés ont toujours le regard fixé sur les dernières menaces, ce qui les rend aveugles aux menaces qui ne se sont pas encore révélées.
Eric Zemmour - Reste que, dans ce domaine, Stendhal a exactement annoncé notre époque en constatant que nombre de ses contemporains prenaient l'affaissement de leur âme pour de l'humanisme et de la tolérance. Diagnostiquer cela il y a deux siècles, c'était admirable de lucidité.
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«Les mères font des fils, les femmes font des hommes»
Par Pascale Senk pour Le Figaro - le 09/10/2011
Maryse Vaillant, psychologue clinicienne, a publié Les Hommes, L'amour, la Fidélité et plus récemment, Être mère, mission impossible? (Ed. Albin Michel).
LE FIGARO. -Vous parlez dans vos écrits de la difficulté d'élever un garçon. Pensez-vous que les mères sont en partie responsables du syndrome du «bon garçon» relevé chez les hommes d'aujourd'hui?
MARYSE VAILLANT. - Oui, en grande partie. Le premier mouvement d'une mère est toujours plus facile vers la fille, sa semblable. Alors qu'avec le garçon, elle est freinée dans son élan par de nombreuses différences comportementales, émotionnelles. Mais cette mère peut aussi s'attacher énormément à la plus visible de ces différences, celle qui se voit physiquement, et de manière inconsciente, transformer son fils en homme de la maison. Or les hommes qui ont été mis en position de puissance phallique au foyer par leur mère deviennent soit falots, soit machos. Dans les deux cas, l'identité masculine est défaillante. Les machos sont des coqs de bruyère qui ne savent que dominer et agresser avec leur virilité ; les falots, ceux qu'on appelle les «gentils garçons» de nos jours, sont des chapons un peu dodus intérieurement. Très tendres, ils inhibent en réalité leurs pulsions et n'osent pas utiliser ni montrer leurs poussées de testostérone.
Qu'est-ce qui dans l'histoire des mères explique une telle évolution?
Jusqu'au début de notre siècle, les femmes ont vu en leurs garçons de beaux coqs de bruyère, à qui elles remettaient tous les pouvoirs, notamment sur leurs sœurs. Ces femmes vénéraient la virilité de leurs fils. Puis, à partir des années 1970, quand la contraception a libéré les jeunes filles de la fatalité de la maternité, les mères ont été fascinées par la féminité de leurs filles, et se sont moins intéressées à leurs fils. Résultat, ça a été le «grand vrac» du côté des garçons. Les mères ont pensé que les pères pourraient s'occuper des fils, or les pères étaient totalement pris par leur travail (aujourd'hui, avec la crise, ils le sont encore plus). Elles n'ont pas initié leurs garçons aux tâches domestiques, les ont élevés sans contraintes mais ne leur ont rien donné à se mettre sous la dent quand leur virilité venait les titiller.
Comment faudrait-il élever un garçon pour que sa masculinité s'épanouisse?
Déjà, il faut être deux pour élever un enfant: quelle que soit la situation, la mère doit laisser de la place au père et même elle doit lui demander de s'occuper de son fils. Aussi, elle évitera de faire de son fils le confident ou le complément affectif qui lui manque dans sa vie amoureuse. Heureusement, les garçons ont toujours une bande de copains. Ceux-ci sont leurs alliés les plus précieux pour le corps à corps avec d'autres hommes dont ils ont tant besoin: la pratique du rugby par exemple est selon moi hautement formatrice en matière de masculinité.
Et comment aimer ces «bons garçons» devenus hommes?
En ne se comportant pas en mère avec eux ! Les mères font des fils, les femmes font des hommes. Celles-ci peuvent ainsi encourager leurs conjoints à réaliser les rêves de leur adolescence par exemple: faire de l'escalade, se remettre au foot… Elles peuvent aussi construire une vraie démocratie avec ces hommes qu'elles doivent reconnaître comme responsables du bien commun qu'est leur couple. Elles éviteront, comme des mères intrusives, de leur demander sans cesse des comptes. Elles comprendront, enfin, que si la virilité est caricaturale, la masculinité est une dimension plus complexe et fragile qu'il n'y paraît trop souvent.
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Les hommes seraient-ils devenus de «bons garçons» ?
Par Pascale Senk pour Le Figaro- le 09/10/2011
Immatures, tendres, compagnons rêvés de femmes affirmées et débordantes d'énergie, les «mâles doux» seraient de plus en plus nombreux.
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«Charmant, tendre, à l'écoute, plein d'humour et de fantaisie…» Quand elle décrit son dernier partenaire amoureux, Sophie ne tarit pas d'éloges. «Cet homme était absolument délicieux.» La jeune femme profita presque une année entière de cet être idéal, jusqu'au jour où, à quelques semaines de leur mariage, il est tout simplement parti, sans prévenir, ni même laisser un mot d'explication. Et n'a jamais plus donné aucune nouvelle. Sophie, deux ans après, en est encore bouleversée. «Qu'il ait mis fin de manière aussi lâche à notre histoire m'a sidérée et atteinte au plus profond de moi, déplore-t-elle. Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ni laissé entrevoir ?»
Pour le Dr Jean-Paul Mialet, psychiatre et psychothérapeute, qui vient de publier un brillant essai sur les différences entre hommes et femmes, Sex Aequo (Éd. Albin Michel), ce scénario inimaginable n'a rien de surprenant. Lui reçoit chaque jour dans sa consultation un certain nombre de ces hommes qui, après avoir donné le meilleur d'eux-mêmes dans leur couple, s'en échappent dès que possible, et soudainement. Leur caractéristique principale? «Ils ont la fâcheuse tendance depuis toujours à se conformer aux exigences et normes féminines jusqu'au moment où ils lâchent ce personnage, et ce tout à coup.»
Les femmes veulent des compagnons attentifs
On les voit faire les boutiques avec leurs douces, pousser le landau pendant qu'elles essayent des chaussures, se montrer attentifs au moindre de leurs souhaits, car les femmes, c'est vrai, veulent aujourd'hui des compagnons très attentifs. «Mais dans l'intimité, ils n'osent guère exprimer leurs désirs - notamment sexuels - ni parler de leurs problèmes au bureau, poursuit le Dr Jean-Paul Mialet. Alors que la vie professionnelle est devenue effroyablement menaçante et concurrentielle pour eux, ils n'osent pas confier leurs soucis de cet ordre à leurs compagnes, car elles considèrent que c'est déjà une chance d'être un homme professionnellement, quand elles ont des salaires plus bas, etc. Résultat, elles ignorent souvent cet aspect de la vie masculine, continuant juste à vouloir être aidées pour la gestion domestique.»
Serviables, ils se plieraient en quatre pour que leurs compagnes soient satisfaites. Ils ont peur des conflits et veulent avant tout se faire aimer, rejouant là une forme de séduction qu'ils ont développée face à leurs mères. Mais soudain, parce qu'ils ont toujours refoulé leur agressivité, ils se retrouvent parfois à faire le pire: après avoir tout donné à sa compagne vénérée, le bon garçon quitte parfois le navire… pour une autre. «Mais attention, prévient le Dr Jean-Paul Mialet, dès que la nouvelle femme a repris la main, le gentil toutou réapparaît.» Autres échappatoires à leur profil si lissé pendant tant d'années: l'infidélité, l'addiction au jeu ou à l'alcool, le harcèlement envers leurs collègues de bureau…
Des hommes «préadultes»
Aux États-Unis, on les a baptisés les «Mr Nice Guys», suivant la définition qu'en a donnée au début des années 2000 Robert Glover, un psychothérapeute de Seattle, qui a su identifier et théoriser ce syndrome du gentil garçon qui a même inspiré un film avec Jim Carrey (voir son livre Trop gentil pour être heureux. Le syndrome du chic type, traduit de l'anglais par Clémence Ma et publié chez Payot).
Le syndrome du gentil garçon reste d'actualité puisqu'une chercheuse de l'institut Manhattan, Kay Hymowitz, a ouvert une polémique au printemps dernier en publiant Manning up: How the Rise of Women Has Turned Men into Boys («Comment l'élévation des femmes a transformé les hommes en petits garçons»). Pour cette décrypteuse de tendances, le postféminisme a donné naissance à cette nouvelle catégorie d'hommes «préadultes». À force de leur envoyer des messages contradictoires: «le rôle du père est fondamental» et, en même temps, «les pères sont une option»; ou «nous aimons les hommes qui ont confiance en eux» et «nous refusons toute marque d'autoritarisme», les femmes auraient accentué la crise identitaire d'un mâle incertain.
Pour le Dr Jean-Paul Mialet, il est bien question de répartition des pouvoirs entre les deux sexes: «un couple est un équilibre de pouvoirs tempéré par le respect de l'autre et par le besoin de préserver le lien. Mais certains, par défaut de construction, sont incapables de défendre leur territoire. Cela se rencontre aussi bien chez la femme que chez l'homme. La crainte de perdre son conjoint, quand il y a une fragilité abandonnique, place dans un état de dépendance qui justifie toutes les concessions. Trop de concessions rendent la situation irrespirable et dès qu'une ouverture (souvent illusoire) se présente, on lâche!» Autrefois, il n'y avait qu'à suivre le mode d'emploi pour fixer les rôles. Aujourd'hui, chacun doit oser porter haut ses désirs sans agresser l'autre. Les «bons garçons» sauront-ils muer?
Les femmes ont les hommes qu'elles méritent, puisque ce sont elles, comme mères et comme femmes, qui les font. On en connaît les conséquences pour notre société : suicide démographique, naufrage éducatif, anarchie à l'intérieur, faiblesse à l'extérieur.
Bien sûr, tout cela a un rapport évident avec la société de consommation : vous ne convaincrez pas un homme qui pense que l'action consiste à parvenir le premier en haut de l'Everest ou à casser la gueule de tous ses petits copains dans la cour de récré que le shopping est un acte passionnant. Pour transformer votre homme en «consomm'acteur» (expression ridicule de pubeurs mais qui dit bien notre époque), il faut d'abord l'avoir escouillé.
On a organisé une réserve d'hommes virils, cette espèce en voie de disparition. On appelle cela l'armée de métier. Mais sa féminisation prouve qu'elle est aussi en danger. On n'imagine pas des femmes aux Thermopyles, ou chargeant bayonnette au canon au cri de «Vive l'Empereur !», ou au bois des Caures (9/10 de pertes en une matinée). La féminisation de l'armée française montre qu'elle n'est déjà plus faite pour la guerre. Ce n'est pas un hasard si les rares unités d'élite encore guerrières sont très peu féminisées.
On peut trouver une explication à cette maternalisation : en notre époque de bombe atomique, l'agressivité virile est devenue trop dangereuse.
Cependant, l'être humain étant ce qu'il est, il y aura toujours des hommes virils, africains, chinois ou européens retrouvant leurs racines, pour partir à la conquête de ceux qui ne le sont pas. C'est pourquoi notre société est condamnée.
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Mais où est passée la virilité ?
Par Patrice De Méritens pour le Figaro Magazine- le 15/10/2011
«Après le triomphe de la virilité au XIXe siècle, une crise s'est peu à peu manifestée, laquelle se prolonge de nos jours», observe l'historien Alain Corbin qui publie Les Héros de l'histoire de France expliqués à mon fils et dirige la publication de Histoire de la virilité . «Mais ce délitement n'est pas venu de soi-même, ce fut une volonté idéologique pour imposer une dévirilisation doublée de féminisation», lui répond Eric Zemmour , auteur du Premier Sexe .
Eric Zemmour est journaliste au Figaro, chroniqueur et écrivain.
Sans l'effacement, pour ne pas dire la mort de la virilité, auriez-vous eu l'idée d'en écrire l'histoire?
Alain Corbin - Il était temps effectivement de faire le point. Ce qui m'a intéressé, c'est la profondeur historique doublée de cette ambiguïté qui fait que la virilité est un accomplissement reconnu à travers les âges en même temps qu'un fardeau. Ceux qui ont laissé des journaux intimes, des agendas, de l'écriture de soi durant le XIXe siècle ont toujours eu des interrogations dans ce domaine. L'inquiétude est consubstantielle à la sexualité. Après le triomphe de la virilité au XIXe siècle, une crise s'est peu à peu manifestée, laquelle se prolonge de nos jours...
Eric Zemmour - Être à la hauteur du plaisir des femmes, se comparer aux autres, ne pas connaître de défaillance d'érection, tel est le fardeau existentiel de la virilité depuis toujours, qui explique l'angoisse des hommes. Mais il y a un deuxième fardeau: la mort, pour protéger la femme et les enfants. C'est là que le passage du XIXe au XXe siècle est passionnant: au corps dressé, splendidement vêtu, des batailles napoléoniennes et à la fierté de trouver la mort, s'oppose le corps couché de 1914, l'humiliation des hommes aplatis comme des rats dans la boue des tranchées. La crise de la virilité vient notamment de cet épisode historique. Le fardeau devient trop lourd. L'homme y renonce. Dès lors, tout s'enchaîne: les victoires féministes, l'idéologie de 1968 puis post-soixante-huitarde, avec les jeunes générations éduquées dans la persuasion que la virilité est le mal absolu - sans mauvais jeu de mots.
Alain Corbin - J'introduirai des éléments d'historicité dans vos propos, aussi bien en ce qui concerne l'angoisse de l'érection que l'attitude face à la mort. Dans l'écriture de soi autant que dans le roman, le fiasco - c'est-à-dire la panne sexuelle - est resté longtemps objet de moquerie et d'autodérision sans être considéré comme un véritable drame. Evidemment, au XVIIe siècle, en cas de carence permanente, cela pouvait amener l'individu à comparaître devant le tribunal de l'impuissance et à le faire condamner pour avoir attenté à l'institution du mariage et avoir dupé son épouse, s'il n'était pas capable de l'honorer. Mais ce sont là des cas extrêmes. Ce n'est qu'à partir du début du XIXe siècle, reportons-nous à Astolphe de Custine ou à Stendhal, qu'avec la montée d'un certain romantisme le fiasco répété est devenu un destin tragique: le destin de celui qui se persuadait d'être impuissant au point de ne plus même tenter d'«affronter» le coït.
Eric Zemmour - Le XVIIIe siècle prend en effet tout avec distance, ironie, et surtout avec cette langue magnifique qui fait que les pannes de Valmont lui-même ne peuvent avoir été que brillantes - au moins ont-elles été vécues avec esprit. Le XIXe siècle est plus grave, qui observe que de la passion surgit le fiasco. Dans De l'amour, Stendhal décrit cette contradiction chez l'homme entre l'amour et le désir, qui meurtrit tant les femmes. Lorsqu'il y a trop d'amour, le désir s'évanouit : «Plus on aime, moins on fout», observait plaisamment Alfred Delvau. C'est une constante masculine.
Alain Corbin - Deuxième point: la mort. Les cliniciens français du XIXe siècle sont persuadés qu'au moment de l'éjaculation, l'homme abrège sa vie. Il y a donc un rapport immédiat et fort entre Eros et Thanatos. Et la femme est dangereuse qui, par ses excès, peut tuer son partenaire, telle une mante religieuse. Reste l'angoisse suscitée par la capacité ou non de regarder la mort en face. Le défi, tel est le mot clef. La conscience d'un manque éventuel de virilité s'opère alors autour de cette double interrogation: suis-je à la hauteur dans le défi comme dans la guerre? L'expression comme la vocation de la virilité est d'assurer sa domination sur l'ennemi ou sur le colonisé: le bizutage du bleu appartient à la «technologie des endurcissements», pour reprendre une formule de Michel Foucault ; de même que les apprentissages du code de virilité comme, par exemple, la résistance au froid. Michelet s'est fort bien décrit dans sa jeunesse, écrasant ses engelures dans son pensionnat...`
Eric Zemmour - Dans cette même perspective, Stendhal affirme sans sourciller que ceux qui étaient morts durant la retraite de Russie n'étaient que des faibles qui avaient renoncé à vivre.
Alain Corbin - Plus s'approfondit le dimorphisme sexuel, plus l'homme est destiné à la mêlée sociale. C'est pourquoi, revenant à son foyer, il doit être accueilli, dorloté, d'où l'importance de la sphère privée, à laquelle répond en miroir l'extrême proli fération des lieux typiquement masculins de l'entre-soi au XIXe siècle: pensionnats, casernes, salles de garde, bordels, cercles. Jusque dans les salons des soirées mondaines où, à l'écart des femmes, on se retire au fumoir. L'alliance du tabac et de la politique n'est pas qu'une habitude, c'est une culture. Toutes choses qui se sont délitées depuis.
Eric Zemmour - Elles ne se sont pas délitées d'elles-mêmes. En vérité, on a détruit tous les entre-soi pour imposer aux hommes la mixité obligatoire, laquelle a détruit l'acquisition de la culture virile. Ce fut une volonté délibérée, idéologique, pour imposer une dévirilisation doublée d'une féminisation, un projet politique porté par les progressistes, les féministes, autant de personnes ou de groupes d'intérêts décidés à abattre ce qu'ils nommaient le «stupide XIXe siècle». L'entreprise a parfaitement réussi.
Alain Corbin - Vous portez ici un jugement de valeur dont je me garderai.
Eric Zemmour - Pour autant, ce sont vos ouvrages qui me nourrissent! Et vous ne niez pas la violence de l'antithèse entre le XIXe et le XXe siècle. Dans un ouvrage consacré à l'érotisme durant la Seconde Guerre mondiale, Patrick Buisson montre très bien comment l'humiliation des soldats vaincus se transfère immédiatement sur un abaissement civil et sexuel: les Françaises se mettent à coucher avec les Allemands. C'est la France horizontale...
Alain Corbin - Ce qui n'a nullement empêché les prisonniers français de prendre une revanche sexuelle dans les fermes allemandes !
Eric Zemmour - Parce que les Allemandes y étaient seules! Mais chez nous, même les prostituées se refusaient à nos soldats, parce qu'ils étaient sans le sou. Avec le Reichsmark, les Allemands avaient fait grimper les prix, créant de l'inflation dans le marché de la prostitution. L'humiliation virile, dans la suite logique de la guerre, s'est d'ailleurs propagée à l'Allemagne. Une Allemande anonyme raconte dans son Journal comment, lors de la chute de Berlin en 1945, les Soviétiques ont violé systématiquement les femmes de 15 à 60 ans, en rétorsion des exactions sexuelles commises par la Wehrmacht en 1942. Elle explique comment elles ont été abandonnées par ceux qui devaient les protéger et assure que, dès lors, plus rien ne sera comme avant. Avec ses guerres meurtrières, ses corps couchés et non plus dressés, ses défaites successives prolongées avec la lutte des anciennes colonies pour leur indépendance, le XXe siècle est globalement celui de l'humiliation du mâle occidental. Entre les deux guerres, il y eut bien un projet de réaction face à ce renoncement, mais ce ne fut qu'une viri lité purement démonstrative, quasi parodique: celle du fascisme et du communisme.
Alain Corbin - Les preuves de virilité ont alors existé: songeons à celle qu'ont manifesté les soldats alliés et allemands au cours de terrible combats. Vous minimisez...
Eric Zemmour - Non ! Je n'évoque pas ici les combats, mais les parades et postures de l'entre-deux guerres, repérant seulement que la crise a entraîné en réaction une virilité exacerbée. Au reste, les affrontements entre bandes de supporters auxquels on assiste dans notre société actuelle sont révélateurs de la pérennité de cette recherche. La compétition s'exprime par la violence - compétition ethnique, parfois, quand il s'agit d'enfants de l'immigration contre des «Blancs». Elle ressuscite en tout cas l'entre-soi qui existait à profusion au XIXe siècle.
Alain Corbin - Cet entre-soi, je l'ai observé comme professeur à la fin des années 60 : j'enseignais à cinquante-deux garçons en blouse grise en terminale dans un lycée et, parallèlement, devant une quarantaine de blouses roses dans un lycée de filles. Pour autant montait depuis déjà plusieurs années la crise de l'autorité. Durant la guerre d'Algérie, alors que j'étais homme de troupe, j'ai vu les troufions refuser d'obéir à la hiérarchie et se réjouir, après le putsch d'Alger, que de Gaulle ait cassé un certain nombre d'officiers généraux. C'était de la part de ces jeunes soldats un refus d'autorité bien plus dangereux que celui qui s'est manifesté sept ans plus tard sur le boulevard Saint-Michel. Ils ont alors marqué leur hostilité à l'encontre des engagés, des militaires de carrière, estimant leur monde obsolète.
Que vous inspire la théorie du genre, qui fait actuellement polémique en matière d'éducation?
Alain Corbin - J'adhère totalement aux travaux sur l'histoire des femmes telle qu'elle est pratiquée, notamment, par Michelle Perrot : en permanence s'opère l'inculcation d'un code qui a pour but de définir à chaque période des rôles à la fois masculin et féminin. C'est indéniable. Si l'on analyse la phrase: «On ne naît pas femme, on le devient», il est clair que Simone de Beauvoir se réfère à l'inculcation des rôles et des conduites, et du sentiment d'identité lié au sexe. Phénomène venu des Etats-Unis aux alentours des années 1970-1980, la théorie du genre veut appliquer au passé des concepts aboutissant à une dissociation du sexe et du genre. A ce propos, comme en bien d'autres domaines, je crains l'anachronisme psychologique. Pour prendre un autre exemple: le mot sexualité n'existait pas en France en 1830-1840, vouloir s'en servir en critique histo rique, avec tout ce que la psychologie et la psychanalyse y ont introduit, serait erroné.
Eric Zemmour - Qu'il y ait acquisition culturelle des rôles est une évidence; c'est ainsi que Pascal a dit qu'il craignait que la nature elle-même ne soit qu'une somme d'habitudes, et que l'habitude ne soit qu'une seconde nature. L'imbrication entre l'inné et l'acquis est d'une parfaite banalité, or la nouveauté avec le genre (si j'ai bien compris, car il paraît que sa papesse américaine conteste désormais sa propre théorie) est qu'il nie le biologique en vue d'éradiquer tout rapport entre masculin et virilité.
Alain Corbin - Attention, nuance entre virilité et masculinité! Car ce dernier mot, employé au XVIIIe siècle pour un usage essentiellement grammatical (le masculin et le féminin), n'apparaît largement répandu dans son acception actuelle qu'au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. La masculinité n'a jamais correspondu à la virilité, laquelle est vertu de grandeur, de maîtrise de soi, de force, d'honneur, de consentement au sacrifice. D'un combattant peu hardi à sortir de la tranchée, on n'aurait jamais dit durant la Grande Guerre qu'il manquait de masculinité, mais de virilité. Au reste, tout spectateur de télévision le sent. «Quelle virilité dans le contact!», entend-on souvent dans les commentaires de matchs de rugby. On n'imagine guère ledit contact qualifié de «masculin »...
Eric Zemmour - L'émergence du terme même de «masculinité » à l'issue du XIXe siècle et son développement au début du XXe est symptomatique de la crise. J'y reviens donc: on l'emploie désormais pour détacher le masculin de la virilité.
Alain Corbin - Je me garderai de tout jugement de valeur, pour me limiter aux éléments essentiels qui ont déterminé cette crise: l'effondrement de la culture de la victoire, la disparition de nombreux lieux de l'entre-soi masculin, ainsi que la psychologie et la psychanalyse qui ont fouaillé dans le domaine de la sexologie, remettant en cause des choses qui allaient précédemment de soi.
Eric Zemmour - Au «savoir mourir pour la patrie», devenu obsolète, au colonialisme conspué, au présentéisme qui a refoulé le grand récit national, à la psychologie et à la psychanalyse, j'ajouterai le travail qui s'accomplit désormais dans notre société avec moins de force et de plus en plus de machines. Enfin, cet élément : le capitalisme moderne veut des consommateurs, d'où la dévirilisation programmée des hommes qui ne consommaient pas assez. Aujourd'hui, le mâle féminisé et piloté par la publicité use de produits de beauté.
Alain Corbin - À propos de consommation, j'observerai une atteinte à l'ordre biologique. Les phtalates, bisphénols et autres produits n'ont pas abouti qu'à la diminution du nombre de sperma tozoïdes chez les poissons, mais aussi chez les hommes. C'est une atteinte sourde...
Quel peut être l'avenir de notre société par rapport aux valeurs viriles revendiquées, par exemple, par l'islam?
Eric Zemmour - Il est vrai que dans Mélancolie française, mon dernier chapitre était assez... mélancolique sur les possibilités de conflits. Si l'entre-soi des banlieues se fait en réaction d'une société féminisée, pour ce qui est de la famille, certains jeunes musulmans tyrannisent et terrorisent leurs sœurs, adoptant des comportements que n'avaient pas forcément leurs pères. Question d'identité, donc. Or, justement, il ne faut pas négliger le fait que l'islam soit aussi en crise à cause de cette modernité...
Alain Corbin - Quant à moi, j'estime que les historiens ne doivent jamais se mêler de prospective, pour la simple raison que les sociétés ont toujours le regard fixé sur les dernières menaces, ce qui les rend aveugles aux menaces qui ne se sont pas encore révélées.
Eric Zemmour - Reste que, dans ce domaine, Stendhal a exactement annoncé notre époque en constatant que nombre de ses contemporains prenaient l'affaissement de leur âme pour de l'humanisme et de la tolérance. Diagnostiquer cela il y a deux siècles, c'était admirable de lucidité.
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«Les mères font des fils, les femmes font des hommes»
Par Pascale Senk pour Le Figaro - le 09/10/2011
Maryse Vaillant, psychologue clinicienne, a publié Les Hommes, L'amour, la Fidélité et plus récemment, Être mère, mission impossible? (Ed. Albin Michel).
LE FIGARO. -Vous parlez dans vos écrits de la difficulté d'élever un garçon. Pensez-vous que les mères sont en partie responsables du syndrome du «bon garçon» relevé chez les hommes d'aujourd'hui?
MARYSE VAILLANT. - Oui, en grande partie. Le premier mouvement d'une mère est toujours plus facile vers la fille, sa semblable. Alors qu'avec le garçon, elle est freinée dans son élan par de nombreuses différences comportementales, émotionnelles. Mais cette mère peut aussi s'attacher énormément à la plus visible de ces différences, celle qui se voit physiquement, et de manière inconsciente, transformer son fils en homme de la maison. Or les hommes qui ont été mis en position de puissance phallique au foyer par leur mère deviennent soit falots, soit machos. Dans les deux cas, l'identité masculine est défaillante. Les machos sont des coqs de bruyère qui ne savent que dominer et agresser avec leur virilité ; les falots, ceux qu'on appelle les «gentils garçons» de nos jours, sont des chapons un peu dodus intérieurement. Très tendres, ils inhibent en réalité leurs pulsions et n'osent pas utiliser ni montrer leurs poussées de testostérone.
Qu'est-ce qui dans l'histoire des mères explique une telle évolution?
Jusqu'au début de notre siècle, les femmes ont vu en leurs garçons de beaux coqs de bruyère, à qui elles remettaient tous les pouvoirs, notamment sur leurs sœurs. Ces femmes vénéraient la virilité de leurs fils. Puis, à partir des années 1970, quand la contraception a libéré les jeunes filles de la fatalité de la maternité, les mères ont été fascinées par la féminité de leurs filles, et se sont moins intéressées à leurs fils. Résultat, ça a été le «grand vrac» du côté des garçons. Les mères ont pensé que les pères pourraient s'occuper des fils, or les pères étaient totalement pris par leur travail (aujourd'hui, avec la crise, ils le sont encore plus). Elles n'ont pas initié leurs garçons aux tâches domestiques, les ont élevés sans contraintes mais ne leur ont rien donné à se mettre sous la dent quand leur virilité venait les titiller.
Comment faudrait-il élever un garçon pour que sa masculinité s'épanouisse?
Déjà, il faut être deux pour élever un enfant: quelle que soit la situation, la mère doit laisser de la place au père et même elle doit lui demander de s'occuper de son fils. Aussi, elle évitera de faire de son fils le confident ou le complément affectif qui lui manque dans sa vie amoureuse. Heureusement, les garçons ont toujours une bande de copains. Ceux-ci sont leurs alliés les plus précieux pour le corps à corps avec d'autres hommes dont ils ont tant besoin: la pratique du rugby par exemple est selon moi hautement formatrice en matière de masculinité.
Et comment aimer ces «bons garçons» devenus hommes?
En ne se comportant pas en mère avec eux ! Les mères font des fils, les femmes font des hommes. Celles-ci peuvent ainsi encourager leurs conjoints à réaliser les rêves de leur adolescence par exemple: faire de l'escalade, se remettre au foot… Elles peuvent aussi construire une vraie démocratie avec ces hommes qu'elles doivent reconnaître comme responsables du bien commun qu'est leur couple. Elles éviteront, comme des mères intrusives, de leur demander sans cesse des comptes. Elles comprendront, enfin, que si la virilité est caricaturale, la masculinité est une dimension plus complexe et fragile qu'il n'y paraît trop souvent.
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Les hommes seraient-ils devenus de «bons garçons» ?
Par Pascale Senk pour Le Figaro- le 09/10/2011
Immatures, tendres, compagnons rêvés de femmes affirmées et débordantes d'énergie, les «mâles doux» seraient de plus en plus nombreux.
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«Charmant, tendre, à l'écoute, plein d'humour et de fantaisie…» Quand elle décrit son dernier partenaire amoureux, Sophie ne tarit pas d'éloges. «Cet homme était absolument délicieux.» La jeune femme profita presque une année entière de cet être idéal, jusqu'au jour où, à quelques semaines de leur mariage, il est tout simplement parti, sans prévenir, ni même laisser un mot d'explication. Et n'a jamais plus donné aucune nouvelle. Sophie, deux ans après, en est encore bouleversée. «Qu'il ait mis fin de manière aussi lâche à notre histoire m'a sidérée et atteinte au plus profond de moi, déplore-t-elle. Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ni laissé entrevoir ?»
Pour le Dr Jean-Paul Mialet, psychiatre et psychothérapeute, qui vient de publier un brillant essai sur les différences entre hommes et femmes, Sex Aequo (Éd. Albin Michel), ce scénario inimaginable n'a rien de surprenant. Lui reçoit chaque jour dans sa consultation un certain nombre de ces hommes qui, après avoir donné le meilleur d'eux-mêmes dans leur couple, s'en échappent dès que possible, et soudainement. Leur caractéristique principale? «Ils ont la fâcheuse tendance depuis toujours à se conformer aux exigences et normes féminines jusqu'au moment où ils lâchent ce personnage, et ce tout à coup.»
Les femmes veulent des compagnons attentifs
On les voit faire les boutiques avec leurs douces, pousser le landau pendant qu'elles essayent des chaussures, se montrer attentifs au moindre de leurs souhaits, car les femmes, c'est vrai, veulent aujourd'hui des compagnons très attentifs. «Mais dans l'intimité, ils n'osent guère exprimer leurs désirs - notamment sexuels - ni parler de leurs problèmes au bureau, poursuit le Dr Jean-Paul Mialet. Alors que la vie professionnelle est devenue effroyablement menaçante et concurrentielle pour eux, ils n'osent pas confier leurs soucis de cet ordre à leurs compagnes, car elles considèrent que c'est déjà une chance d'être un homme professionnellement, quand elles ont des salaires plus bas, etc. Résultat, elles ignorent souvent cet aspect de la vie masculine, continuant juste à vouloir être aidées pour la gestion domestique.»
Serviables, ils se plieraient en quatre pour que leurs compagnes soient satisfaites. Ils ont peur des conflits et veulent avant tout se faire aimer, rejouant là une forme de séduction qu'ils ont développée face à leurs mères. Mais soudain, parce qu'ils ont toujours refoulé leur agressivité, ils se retrouvent parfois à faire le pire: après avoir tout donné à sa compagne vénérée, le bon garçon quitte parfois le navire… pour une autre. «Mais attention, prévient le Dr Jean-Paul Mialet, dès que la nouvelle femme a repris la main, le gentil toutou réapparaît.» Autres échappatoires à leur profil si lissé pendant tant d'années: l'infidélité, l'addiction au jeu ou à l'alcool, le harcèlement envers leurs collègues de bureau…
Des hommes «préadultes»
Aux États-Unis, on les a baptisés les «Mr Nice Guys», suivant la définition qu'en a donnée au début des années 2000 Robert Glover, un psychothérapeute de Seattle, qui a su identifier et théoriser ce syndrome du gentil garçon qui a même inspiré un film avec Jim Carrey (voir son livre Trop gentil pour être heureux. Le syndrome du chic type, traduit de l'anglais par Clémence Ma et publié chez Payot).
Le syndrome du gentil garçon reste d'actualité puisqu'une chercheuse de l'institut Manhattan, Kay Hymowitz, a ouvert une polémique au printemps dernier en publiant Manning up: How the Rise of Women Has Turned Men into Boys («Comment l'élévation des femmes a transformé les hommes en petits garçons»). Pour cette décrypteuse de tendances, le postféminisme a donné naissance à cette nouvelle catégorie d'hommes «préadultes». À force de leur envoyer des messages contradictoires: «le rôle du père est fondamental» et, en même temps, «les pères sont une option»; ou «nous aimons les hommes qui ont confiance en eux» et «nous refusons toute marque d'autoritarisme», les femmes auraient accentué la crise identitaire d'un mâle incertain.
Pour le Dr Jean-Paul Mialet, il est bien question de répartition des pouvoirs entre les deux sexes: «un couple est un équilibre de pouvoirs tempéré par le respect de l'autre et par le besoin de préserver le lien. Mais certains, par défaut de construction, sont incapables de défendre leur territoire. Cela se rencontre aussi bien chez la femme que chez l'homme. La crainte de perdre son conjoint, quand il y a une fragilité abandonnique, place dans un état de dépendance qui justifie toutes les concessions. Trop de concessions rendent la situation irrespirable et dès qu'une ouverture (souvent illusoire) se présente, on lâche!» Autrefois, il n'y avait qu'à suivre le mode d'emploi pour fixer les rôles. Aujourd'hui, chacun doit oser porter haut ses désirs sans agresser l'autre. Les «bons garçons» sauront-ils muer?
mardi, octobre 25, 2011
Naufrage de l'Euro : tout est nominal
Je ne suis pas des optimistes qui pensent que la fin de l'Euro sera rapide. Il ne faut pas sous-estimer la capacité des politiciens à biaiser avec la réalité et à biaiser leurs peuples (il y a un i de trop dans cette phrase). Je pense que l'agonie sera très longue et douloureuse.
Je prédis toujours la fin de l'Euro vers 2017-2020.
Le scénario se dessine assez nettement :
> on va continuer à faire de la cavalerie et des «avancées».
> quand la cavalerie ne sera plus possible faute de créanciers, les Allemands accepteront que la BCE monétise la dette, provoquant une inflation galopante.
> comme l'inflation est défavorable aux vieux, les Allemands et les Italiens seront mis à genoux et sortiront de l'Euro.
Ce processus destructeur prendra bien une décennie, durant lesquelles nous aurons des rémissions, aussi célébrées que temporaires. Nous aurons juste perdu dx ans de crises, d'angoisses et de misères. Merci l'«Europe».
Je prédis toujours la fin de l'Euro vers 2017-2020.
Le scénario se dessine assez nettement :
> on va continuer à faire de la cavalerie et des «avancées».
> quand la cavalerie ne sera plus possible faute de créanciers, les Allemands accepteront que la BCE monétise la dette, provoquant une inflation galopante.
> comme l'inflation est défavorable aux vieux, les Allemands et les Italiens seront mis à genoux et sortiront de l'Euro.
Ce processus destructeur prendra bien une décennie, durant lesquelles nous aurons des rémissions, aussi célébrées que temporaires. Nous aurons juste perdu dx ans de crises, d'angoisses et de misères. Merci l'«Europe».
Euro : l'Europe allemande (Zemmmour)
Analyse d'Eric Zemmour que je partage entièrement :
Europe über alles
Faites bien attention aux moments que nous vivons, amis lecteurs. Car, dans quelques années, de plus jeunes nous demanderons des comptes : «Vous aviez sous les yeux tous les éléments pour prendre de bonnes décisions et vous avez pris les plus mauvaises».
Nous répondrons que la crise de l'Euro n'était qu'un symptôme, qu'en réalité, nous avons vécu la mort de la démocratie.
Par manque d'intelligence et de patriotisme, nous avons laissé s'emparer du pouvoir des intrigants qui, tout entiers pris dans le rêve d'un empire européiste dont ils seraient les empereurs, ont sacrifié les intérêts de leurs pays et de leurs peuples à leurs fantasmes de puissance.
Europe über alles
Faites bien attention aux moments que nous vivons, amis lecteurs. Car, dans quelques années, de plus jeunes nous demanderons des comptes : «Vous aviez sous les yeux tous les éléments pour prendre de bonnes décisions et vous avez pris les plus mauvaises».
Nous répondrons que la crise de l'Euro n'était qu'un symptôme, qu'en réalité, nous avons vécu la mort de la démocratie.
Par manque d'intelligence et de patriotisme, nous avons laissé s'emparer du pouvoir des intrigants qui, tout entiers pris dans le rêve d'un empire européiste dont ils seraient les empereurs, ont sacrifié les intérêts de leurs pays et de leurs peuples à leurs fantasmes de puissance.
lundi, octobre 24, 2011
Knowledge Without Knowledge
Cet article illustre parfaitement ce que je pense des intellectuels et des demi-intellectuels français (de la plupart, en tout cas) : ils sont gonflés de savoirs mais ne comprennent rien.
by Theodore Dalrymple (November 2011)
Recently I reviewed a short book by David Horowitz, a man whose has changed his political and philosophical outlook somewhat down the years, to put it no stronger. He has mellowed with age, a process that seems perfectly normal, indeed almost biological, until one remembers than not everyone does mellow with age. Some remain mired in the swamp of their youthful convictions.
As it happens, I had in my library a book edited in 1971 by Mr Horowitz, in the days when he as still a leader of the American New Left. It was a collection of essays about the life and work of Isaac Deutscher, the British Marxist biographer of Stalin and, most famously, of Trotsky. Deutscher was also a prolific journalist and essayist.
Isaac Deutscher was born in Poland, a subject of the Tsar, in 1907, and died a British citizen in 1967. His move to England in 1939 saved his life; if he had either stayed in Poland or moved to Russia (where he was offered a post at a university) he would almost certainly not have survived the war.
Deutscher was an infant prodigy, brought up as a religious Jew but losing his faith at an early age. He transferred his religious longings at about the age of twenty to the secular faith of Marxism, and never lost that faith to the day he died. Happy the man who lives in his faith, but unhappy the man who lives in a country in which his faith has become an unassailable orthodoxy.
When one reads Deutscher aware of the fact that English was his sixth or seventh language, one is truly astonished, for his prose in his sixth or seventh language is lucid and even elegant, with absolutely no hint that he is not a native-speaker, and a highly-educated one at that. As a sheer linguistic feat this is, if not completely unexampled, very remarkable indeed. Although a Marxist, he modelled himself as a stylist on Gibbon and Macaulay, and if he does not quite reach their level – well, who does nowadays?
His language was clear, but his thought was not. He was what might be called a dialectical equivocator, made dishonest by his early religious vows to Marxism. This made him unable to see or judge things in a common-sense way. His unwavering attachment to his primordial philosophical standpoint, his irrational rationalism, turned him into that most curious (and sometimes dangerous, because intellectually charismatic) figure, the brilliant fool. He was the opposite of Dr Watson who saw but did not observe: he observed, but did not see. He was the archetype of the man, so common among intellectuals, who knows much but understands little.
A good example of this capacity to misunderstand despite a great deal of knowledge occurs in his posthumous short book, Lenin’s Childhood. When he died, Deutscher was working on a projected biography of Lenin, but only the chapter devoted to Lenin’s childhood existed in anything like publishable form; it was edited by his wife and collaborator, Tamara.
From the purely literary point of view, the fragment is characteristically excellent, the very model of its type, written in beautifully balanced prose and with a judicious amount of detail. Of course, an account of so factual a matter as Lenin’s childhood must be influenced deeply by the biographer’s overall assessment of Lenin’s character and achievements, for the child is father to the man and it is the final character and achievements of that man that the childhood in part is to explain or at least prefigure. In Lenin’s case, we are interested in the childhood because of what he became, not for its own sake; and it is inevitable that we shall look for different germs of the future in it if we consider Lenin the nearest man to the devil incarnate who has ever existed from those that we shall seek if we regard him (as Deutscher did, according to his wife) as ‘the most earthly of all who have lived on this earth of man’ – clearly a religious way of putting it, incidentally. What is to be explained differs completely in the two cases: the person who thinks of Lenin as the frozen-blooded murderer who could order executions by the thousand without so much as the flicker of an eyelid will look for different things in his childhood from the person who thinks that he was the brilliant saviour of the world.
Be that as it may, there is a single reference to Dostoyevsky in the fragment that illustrates perfectly Deutscher’s learned obtuseness. Writing of Lenin’s father, an inspector of schools who was loyal to the Tsar and the Orthodox church, Deutscher says:
In his young years memories of the suppression of the Decembrist rising were still fresh and forbidding. Then came the terror that crushed the Petrashevsky circle and broke a man of Dostoyevsky’s stature.
Admittedly I do not read Russian, unlike Deutscher, but still I do not think it would be possible to write a single sentence that could misunderstand Dostoyevsky more fundamentally, completey and deeply that the second which I have just quoted. Far from breaking Dostoyevsky, his imprisonment, death sentence, reprieve and exile were the making of him, in the sense that they were the experiences upon which his subsequent philosophy, for good or evil, was based.
The reason for Deutscher’s most elementary error is obvious. Lenin was the very embodiment of precisely the kind of ruthless, murderous revolutionary to whom Dostoyevsky was drawing attention: he was the very fulfilment of Dostoyevsky’s prophecy. Dostoyevsky foresaw not by ‘scientific’ deduction, a la Marx, of course, but rather by intuition and imaginative insight into the souls of men, and he was vastly more accurate as a guide to the future than Marx ever was. But to have admitted this would have been to blow apart Deutscher’s whole world-view, the world-view that made his very considerable literary labours meaningful for him, and for which he had, when in Poland, risked his life. So he preferred to see Dostoyevsky not as a man who, as a result of his experiences (in conjunction with native talent, of course) had penetrated to what others had not penetrated, but as a broken reed, a man successfully terrorised by the powers that were. For Deutscher, Dostoyevsky wrote what he did not because he believed it to be true, or had any insight into the nature of things, but because he had been rendered neurotic and cowardly by fear. Nicholas I therefore broke Dostoyevsky, though in truth it would be more true to say that (unintentionally no doubt) he made him.
One of Deutscher’s collections of essays, always intensely readable, was called Heretics and Renegades (published, of course, by a capitalist outfit – but then, as Lenin said, the capitalists will sell you the very rope with which you can hang them).
The title – from 1955 - is instructive. Four legs good, two legs bad: for Deutscher, the correct slogan was heretics good, renegades bad. It wasn’t difficult to see why he should have believed this.
He regarded himself as a heretic but not a renegade. He was a heretic because he adhered neither to the catholic church of Stalinism, nor to the protestant one of Trotskyism, but rather insisted that he was the one true Marxist, the only other communicant of his church, at least until he was taken up (rather to his surprise and delight) by the students at Berkeley and elsewhere in the United States, and also by the Bertrand Russell Peace Foundation, through his wife, Tamara.
A heretic for him was therefore a hero, he being one of course; but a renegade, the person who had once been a communist but had abjured the faith altogether, was, in Islamic terms, an apostate. The first essay in the book is an extended review of the famous book The God that Failed, a collection of six essays by ex-communist intellectuals who explain their renunciation of the faith altogether – for Deutscher renegades all. For them, it was not only that communism failed completely to live up to its ideals, but that its ideals were wrong and therefore intimately and inextricably related to the horrors that followed.
For Deutscher, by contrast, the ideal of a society in which people were completely undifferentiated by class, in which a spontaneous abundance arose in which people produced for use and not for profit, in which no one exercised more power than any other person, remained not what it always was, an adolescent and not terribly intelligent dream, but real, something directly to be aimed at; and never mind if people initially possessed of this vision (the product, usually, of profound and often unbalanced resentment) had so far killed millions of people. They had merely gone about it the wrong way. Deutscher, the most egocentric of men despite a pretended humility, would show them the right way:
He [the ex-communist renegade] no longer throws out the the dirty water of the Russian revolution to protect the baby; he discovers that the baby is a monster than must be strangled.
The death of tens of millions becomes mere dirty bath-water; the baby – presumably the core of the Soviet Union, its ideal, not its practice – is still beautiful.
Deutscher reproached the renegades of The God that Failed for their tendency to abstraction, of uninterest in concrete realities of the world around them, but you can’t get much more abstract than calling mass famines, purges, the gulag, mere dirty water. It is no surprise, perhaps, that a man who can do so has about as much sense of proportion as a young child from whose hand a toy is removed. In his essay, Post-Stalinist Ferment of Ideas, Deutscher has this to say:
Having for decades lived under its own (triumphant!) brand of McCarthyism with its loyalty tests, charges of un-Bolshevik activities, witch-hunts and purges, terroristic suspicion and suspicious terrorism, Soviet society is now driven by self-preservation to try and regain initiative and freedom of decision and action.
The suggestio falsi in this is that the Soviet Union was in some way imitating McCarthyism; the suppressio veri is that, even taken at its worst (thousands of people dismissed from their jobs, for example), McCarthyism is not to be compared with (say) the forced construction of the White Sea Canal, in which up to 100,000 people died, just one – of many - of the episodes of Soviet de facto mass murder. It is difficult not to conclude from the passage I have just quoted that Deutscher was not an unprincipled liar – in defence of his principles.
In his review of Orwell’s Nineteen Eighty-Four, titled The Mysticism of Cruelty, Deutscher says that it ‘is in effect not so much a warning as a piercing shriek.’ In the course of the essay, he says of the Great Purges in Stalin’s Russia:
To be sure, the events were highly ‘irrational;’ but he who because of this treats them irrationally is very much like the psychiatrist whose mind becomes unhinged by dwelling too closely with insanity.
To reduce the Great Purges to the status of events, a word that applies to all human happenings whatsoever, is to deny their exceptional or special historical significance, again with the motive of preserving the beautiful, rosy baby of Deutscher’s absurd and shallow ideals. Deutscher’s use of quotation marks suggests that he thinks the Great Purges were rational, which in a sense they were: that is to say they served the purpose of concentrating Stalin’s power, even if the accusations in the purges were themselves absurd and without empirical foundation (not, of course, that the accused men were therefore admirable men, very far from it).
Now in a sense all human desires, in the last resort, are irrational, or rather arational (what cannot by definition be rational cannot by definition be irrational). But to suggest that treating the purges as irrational is itself a sign almost of madness is to accept the purges’ ratio. Deutscher’s objection to murderous purges was really that the wrong people were purged, not to the murderousness.
Deutscher was a fine example of the scholar who knew a lot and understood little (including, or especially, himself). A man may smile and smile and be a villain. A man may read and read, and experience and experience, and understand nothing.
by Theodore Dalrymple (November 2011)
Recently I reviewed a short book by David Horowitz, a man whose has changed his political and philosophical outlook somewhat down the years, to put it no stronger. He has mellowed with age, a process that seems perfectly normal, indeed almost biological, until one remembers than not everyone does mellow with age. Some remain mired in the swamp of their youthful convictions.
As it happens, I had in my library a book edited in 1971 by Mr Horowitz, in the days when he as still a leader of the American New Left. It was a collection of essays about the life and work of Isaac Deutscher, the British Marxist biographer of Stalin and, most famously, of Trotsky. Deutscher was also a prolific journalist and essayist.
Isaac Deutscher was born in Poland, a subject of the Tsar, in 1907, and died a British citizen in 1967. His move to England in 1939 saved his life; if he had either stayed in Poland or moved to Russia (where he was offered a post at a university) he would almost certainly not have survived the war.
Deutscher was an infant prodigy, brought up as a religious Jew but losing his faith at an early age. He transferred his religious longings at about the age of twenty to the secular faith of Marxism, and never lost that faith to the day he died. Happy the man who lives in his faith, but unhappy the man who lives in a country in which his faith has become an unassailable orthodoxy.
When one reads Deutscher aware of the fact that English was his sixth or seventh language, one is truly astonished, for his prose in his sixth or seventh language is lucid and even elegant, with absolutely no hint that he is not a native-speaker, and a highly-educated one at that. As a sheer linguistic feat this is, if not completely unexampled, very remarkable indeed. Although a Marxist, he modelled himself as a stylist on Gibbon and Macaulay, and if he does not quite reach their level – well, who does nowadays?
His language was clear, but his thought was not. He was what might be called a dialectical equivocator, made dishonest by his early religious vows to Marxism. This made him unable to see or judge things in a common-sense way. His unwavering attachment to his primordial philosophical standpoint, his irrational rationalism, turned him into that most curious (and sometimes dangerous, because intellectually charismatic) figure, the brilliant fool. He was the opposite of Dr Watson who saw but did not observe: he observed, but did not see. He was the archetype of the man, so common among intellectuals, who knows much but understands little.
A good example of this capacity to misunderstand despite a great deal of knowledge occurs in his posthumous short book, Lenin’s Childhood. When he died, Deutscher was working on a projected biography of Lenin, but only the chapter devoted to Lenin’s childhood existed in anything like publishable form; it was edited by his wife and collaborator, Tamara.
From the purely literary point of view, the fragment is characteristically excellent, the very model of its type, written in beautifully balanced prose and with a judicious amount of detail. Of course, an account of so factual a matter as Lenin’s childhood must be influenced deeply by the biographer’s overall assessment of Lenin’s character and achievements, for the child is father to the man and it is the final character and achievements of that man that the childhood in part is to explain or at least prefigure. In Lenin’s case, we are interested in the childhood because of what he became, not for its own sake; and it is inevitable that we shall look for different germs of the future in it if we consider Lenin the nearest man to the devil incarnate who has ever existed from those that we shall seek if we regard him (as Deutscher did, according to his wife) as ‘the most earthly of all who have lived on this earth of man’ – clearly a religious way of putting it, incidentally. What is to be explained differs completely in the two cases: the person who thinks of Lenin as the frozen-blooded murderer who could order executions by the thousand without so much as the flicker of an eyelid will look for different things in his childhood from the person who thinks that he was the brilliant saviour of the world.
Be that as it may, there is a single reference to Dostoyevsky in the fragment that illustrates perfectly Deutscher’s learned obtuseness. Writing of Lenin’s father, an inspector of schools who was loyal to the Tsar and the Orthodox church, Deutscher says:
In his young years memories of the suppression of the Decembrist rising were still fresh and forbidding. Then came the terror that crushed the Petrashevsky circle and broke a man of Dostoyevsky’s stature.
Admittedly I do not read Russian, unlike Deutscher, but still I do not think it would be possible to write a single sentence that could misunderstand Dostoyevsky more fundamentally, completey and deeply that the second which I have just quoted. Far from breaking Dostoyevsky, his imprisonment, death sentence, reprieve and exile were the making of him, in the sense that they were the experiences upon which his subsequent philosophy, for good or evil, was based.
The reason for Deutscher’s most elementary error is obvious. Lenin was the very embodiment of precisely the kind of ruthless, murderous revolutionary to whom Dostoyevsky was drawing attention: he was the very fulfilment of Dostoyevsky’s prophecy. Dostoyevsky foresaw not by ‘scientific’ deduction, a la Marx, of course, but rather by intuition and imaginative insight into the souls of men, and he was vastly more accurate as a guide to the future than Marx ever was. But to have admitted this would have been to blow apart Deutscher’s whole world-view, the world-view that made his very considerable literary labours meaningful for him, and for which he had, when in Poland, risked his life. So he preferred to see Dostoyevsky not as a man who, as a result of his experiences (in conjunction with native talent, of course) had penetrated to what others had not penetrated, but as a broken reed, a man successfully terrorised by the powers that were. For Deutscher, Dostoyevsky wrote what he did not because he believed it to be true, or had any insight into the nature of things, but because he had been rendered neurotic and cowardly by fear. Nicholas I therefore broke Dostoyevsky, though in truth it would be more true to say that (unintentionally no doubt) he made him.
One of Deutscher’s collections of essays, always intensely readable, was called Heretics and Renegades (published, of course, by a capitalist outfit – but then, as Lenin said, the capitalists will sell you the very rope with which you can hang them).
The title – from 1955 - is instructive. Four legs good, two legs bad: for Deutscher, the correct slogan was heretics good, renegades bad. It wasn’t difficult to see why he should have believed this.
He regarded himself as a heretic but not a renegade. He was a heretic because he adhered neither to the catholic church of Stalinism, nor to the protestant one of Trotskyism, but rather insisted that he was the one true Marxist, the only other communicant of his church, at least until he was taken up (rather to his surprise and delight) by the students at Berkeley and elsewhere in the United States, and also by the Bertrand Russell Peace Foundation, through his wife, Tamara.
A heretic for him was therefore a hero, he being one of course; but a renegade, the person who had once been a communist but had abjured the faith altogether, was, in Islamic terms, an apostate. The first essay in the book is an extended review of the famous book The God that Failed, a collection of six essays by ex-communist intellectuals who explain their renunciation of the faith altogether – for Deutscher renegades all. For them, it was not only that communism failed completely to live up to its ideals, but that its ideals were wrong and therefore intimately and inextricably related to the horrors that followed.
For Deutscher, by contrast, the ideal of a society in which people were completely undifferentiated by class, in which a spontaneous abundance arose in which people produced for use and not for profit, in which no one exercised more power than any other person, remained not what it always was, an adolescent and not terribly intelligent dream, but real, something directly to be aimed at; and never mind if people initially possessed of this vision (the product, usually, of profound and often unbalanced resentment) had so far killed millions of people. They had merely gone about it the wrong way. Deutscher, the most egocentric of men despite a pretended humility, would show them the right way:
He [the ex-communist renegade] no longer throws out the the dirty water of the Russian revolution to protect the baby; he discovers that the baby is a monster than must be strangled.
The death of tens of millions becomes mere dirty bath-water; the baby – presumably the core of the Soviet Union, its ideal, not its practice – is still beautiful.
Deutscher reproached the renegades of The God that Failed for their tendency to abstraction, of uninterest in concrete realities of the world around them, but you can’t get much more abstract than calling mass famines, purges, the gulag, mere dirty water. It is no surprise, perhaps, that a man who can do so has about as much sense of proportion as a young child from whose hand a toy is removed. In his essay, Post-Stalinist Ferment of Ideas, Deutscher has this to say:
Having for decades lived under its own (triumphant!) brand of McCarthyism with its loyalty tests, charges of un-Bolshevik activities, witch-hunts and purges, terroristic suspicion and suspicious terrorism, Soviet society is now driven by self-preservation to try and regain initiative and freedom of decision and action.
The suggestio falsi in this is that the Soviet Union was in some way imitating McCarthyism; the suppressio veri is that, even taken at its worst (thousands of people dismissed from their jobs, for example), McCarthyism is not to be compared with (say) the forced construction of the White Sea Canal, in which up to 100,000 people died, just one – of many - of the episodes of Soviet de facto mass murder. It is difficult not to conclude from the passage I have just quoted that Deutscher was not an unprincipled liar – in defence of his principles.
In his review of Orwell’s Nineteen Eighty-Four, titled The Mysticism of Cruelty, Deutscher says that it ‘is in effect not so much a warning as a piercing shriek.’ In the course of the essay, he says of the Great Purges in Stalin’s Russia:
To be sure, the events were highly ‘irrational;’ but he who because of this treats them irrationally is very much like the psychiatrist whose mind becomes unhinged by dwelling too closely with insanity.
To reduce the Great Purges to the status of events, a word that applies to all human happenings whatsoever, is to deny their exceptional or special historical significance, again with the motive of preserving the beautiful, rosy baby of Deutscher’s absurd and shallow ideals. Deutscher’s use of quotation marks suggests that he thinks the Great Purges were rational, which in a sense they were: that is to say they served the purpose of concentrating Stalin’s power, even if the accusations in the purges were themselves absurd and without empirical foundation (not, of course, that the accused men were therefore admirable men, very far from it).
Now in a sense all human desires, in the last resort, are irrational, or rather arational (what cannot by definition be rational cannot by definition be irrational). But to suggest that treating the purges as irrational is itself a sign almost of madness is to accept the purges’ ratio. Deutscher’s objection to murderous purges was really that the wrong people were purged, not to the murderousness.
Deutscher was a fine example of the scholar who knew a lot and understood little (including, or especially, himself). A man may smile and smile and be a villain. A man may read and read, and experience and experience, and understand nothing.
La victoire des polygames « modérés »
En Libye, les masques sont vite tombés : dimanche 22 octobre, à Tripoli, devant une foule enthousiaste, le président du CNT, Mustapha Abdel Jalil, a ainsi déclaré que la charia serait désormais la base de la Constitution ainsi que du droit, que la polygamie, interdite sous Kadhafi, serait rétablie et que le divorce, autorisé sous l’ancien régime, était désormais illégal. Pour mémoire, Mustapha Abdel Jalil que le président Sarkozy a chaleureusement accueilli sur les marches de l’Elysée encore chaudes des pas du défunt colonel Khadafi, a un incontestable passé de « démocrate ». Dans les années 2000, ce sénoussiste proche des Frères musulmans présida la cour d’appel de Tripoli qui, par deux fois, confirma la condamnation à mort des infirmières bulgares. En 2007, pour le remercier de son zèle, le colonel Kadhafi le nomma ministre de la Justice, poste dont il démissionna en 2010 pour protester contre la politique anti islamiste du régime. Comme BHL ne cesse de l’affirmer, nous sommes donc bien en présence d’un islamiste « modéré »…
Depuis le premier jour, j’ai soutenu que l’intervention de l’OTAN en Libye était une erreur politique reposant sur une hypocrisie et qu’elle aurait des résultats contraires aux buts recherchés. Les faits ne m’ont hélas pas démenti.
Une politique se jugeant à ses résultats, faisons un bref rappel de cet engrenage libyen qui prépara le triomphe des islamistes aujourd’hui et qui annonce l’anarchie de demain :
1) Ce fut officiellement pour protéger les civils de Benghazi que la France arracha à l’ONU le droit d’imposer une zone d’exclusion aérienne.
2) Devant l’incapacité des rebelles à entamer les défenses du régime, la France fut peu à peu contrainte de s’immiscer dans une guerre civile qui lui était totalement étrangère.
3) La situation militaire étant bloquée, la France s’est alors engagée sur le terrain, notamment, mais pas exclusivement, à Misrata et dans le djebel Nefusa.
4) Enfin, outrepassant une fois encore le mandat de l’ONU, l’OTAN porta l’estocade finale en offrant ou en livrant le colonel Kadhafi aux insurgés avec le résultat que nous connaissons.
En Tunisie, c’est à une autre « grande avancée » démocratique que nous assistons avec les forts résultats obtenus par les islamistes du mouvement ennadha. Là encore, ce que j’écrivais au mois de décembre 2010, dès le début des évènements, s’est réalisé.
Ceux qui regardèrent la « révolution du jasmin » avec les yeux de Chimène sont donc aujourd’hui cocus. Mais ce sont des cocus contents puisque les médias leur disent qu’ennadha a rompu avec le fondamentalisme et qu’il est désormais « modéré » prônant un islam « à la turque »…
Vu de France, une grande leçon doit être retenue : les immigrés tunisiens qui y vivent ont majoritairement voté pour les islamistes, ce qui devrait naturellement encourager ceux qui veulent accorder le droit de vote aux étrangers à persévérer dans leur entreprise suicidaire.
L’aveuglement et la bêtise n’ont d’ailleurs pas de limites car, depuis plusieurs décennies, au nom des « droits de l’Homme », religion-vérité postulée universelle, les « Occidentaux » n’ont cessé de faire fausse route dans le monde arabo-musulman où ils ont préparé la voie à l’anarchie et à l’islamisme.
Bernard Lugan
24/10/2011
Depuis le premier jour, j’ai soutenu que l’intervention de l’OTAN en Libye était une erreur politique reposant sur une hypocrisie et qu’elle aurait des résultats contraires aux buts recherchés. Les faits ne m’ont hélas pas démenti.
Une politique se jugeant à ses résultats, faisons un bref rappel de cet engrenage libyen qui prépara le triomphe des islamistes aujourd’hui et qui annonce l’anarchie de demain :
1) Ce fut officiellement pour protéger les civils de Benghazi que la France arracha à l’ONU le droit d’imposer une zone d’exclusion aérienne.
2) Devant l’incapacité des rebelles à entamer les défenses du régime, la France fut peu à peu contrainte de s’immiscer dans une guerre civile qui lui était totalement étrangère.
3) La situation militaire étant bloquée, la France s’est alors engagée sur le terrain, notamment, mais pas exclusivement, à Misrata et dans le djebel Nefusa.
4) Enfin, outrepassant une fois encore le mandat de l’ONU, l’OTAN porta l’estocade finale en offrant ou en livrant le colonel Kadhafi aux insurgés avec le résultat que nous connaissons.
En Tunisie, c’est à une autre « grande avancée » démocratique que nous assistons avec les forts résultats obtenus par les islamistes du mouvement ennadha. Là encore, ce que j’écrivais au mois de décembre 2010, dès le début des évènements, s’est réalisé.
Ceux qui regardèrent la « révolution du jasmin » avec les yeux de Chimène sont donc aujourd’hui cocus. Mais ce sont des cocus contents puisque les médias leur disent qu’ennadha a rompu avec le fondamentalisme et qu’il est désormais « modéré » prônant un islam « à la turque »…
Vu de France, une grande leçon doit être retenue : les immigrés tunisiens qui y vivent ont majoritairement voté pour les islamistes, ce qui devrait naturellement encourager ceux qui veulent accorder le droit de vote aux étrangers à persévérer dans leur entreprise suicidaire.
L’aveuglement et la bêtise n’ont d’ailleurs pas de limites car, depuis plusieurs décennies, au nom des « droits de l’Homme », religion-vérité postulée universelle, les « Occidentaux » n’ont cessé de faire fausse route dans le monde arabo-musulman où ils ont préparé la voie à l’anarchie et à l’islamisme.
Bernard Lugan
24/10/2011
dimanche, octobre 23, 2011
The Artist
Je suis d'accord avec la critique du Figaro.
Si vous connaissez bien le cinéma américain des années 20-30, vous aurez le plaisir des réminiscences. Si vous le connaissez pas, cela vous donnera une bonne envie de le connaître.
Je vous ai dit ailleurs mon goût pour les films muets et les films en Noir et Blanc.
Si vous connaissez bien le cinéma américain des années 20-30, vous aurez le plaisir des réminiscences. Si vous le connaissez pas, cela vous donnera une bonne envie de le connaître.
Je vous ai dit ailleurs mon goût pour les films muets et les films en Noir et Blanc.
samedi, octobre 22, 2011
L'erreur de Khadafi
Khadafi a fait plusieurs erreurs, mais, à mon sens, son erreur fondamentale, celle qui lui a couté la vie, est de ne pas avoir donné assez de gages à la mondialisation.
Si au lieu de débarquer à Paris avec sa tente et de narguer Sarkozy, il était arrivé fringué comme un PDG de multinationale et avait acheté Rafales et TGVs, il serait toujours vivant. Plus quelques gros chèques supplémentaires aux familles victimes de l'attentat de Lockerbie.
Ce qui vient de se passer en Libye est une guerre tribale, pas une révolution populaire. Les deux camps se valent. Vis-à-vis de l'Occident, tout est une question d'apparence (comme BHL !). Si Khadafi s'était implanté dans la mondialisation à la manière des dirigeants chinois que personne n'emmerde, il aurait pu se présenter comme le progressiste à poigne en but à la révolte des tribus arriérées.
On peut même imaginer d'ici le discours : le dirigeant expérimenté, tenant d'un islamisme modéré, faisant rempart contre les tribus travaillées par un islamisme moyen-âgeux et terroriste. Nous aurions froncé les sourcils, protesté, puis détourné le regard.
Nul doute que les Algériens, dont c'est déjà la politique depuis vingt ans, n'observent les événements avec attention. Je ne serais pas étonné qu'une des conséquence des affaires de Libye soit un regain du commerce algérien avec l'Occcident.
Si au lieu de débarquer à Paris avec sa tente et de narguer Sarkozy, il était arrivé fringué comme un PDG de multinationale et avait acheté Rafales et TGVs, il serait toujours vivant. Plus quelques gros chèques supplémentaires aux familles victimes de l'attentat de Lockerbie.
Ce qui vient de se passer en Libye est une guerre tribale, pas une révolution populaire. Les deux camps se valent. Vis-à-vis de l'Occident, tout est une question d'apparence (comme BHL !). Si Khadafi s'était implanté dans la mondialisation à la manière des dirigeants chinois que personne n'emmerde, il aurait pu se présenter comme le progressiste à poigne en but à la révolte des tribus arriérées.
On peut même imaginer d'ici le discours : le dirigeant expérimenté, tenant d'un islamisme modéré, faisant rempart contre les tribus travaillées par un islamisme moyen-âgeux et terroriste. Nous aurions froncé les sourcils, protesté, puis détourné le regard.
Nul doute que les Algériens, dont c'est déjà la politique depuis vingt ans, n'observent les événements avec attention. Je ne serais pas étonné qu'une des conséquence des affaires de Libye soit un regain du commerce algérien avec l'Occcident.
Ne pas confondre politique familiale et politique sociale
Soumettre les prestations familiales à des conditions de revenus, c'es accentuer la tendance en faveur de la colonisation à rebours. Vous vous doutez bien que j'y suis farouchement opposé.
J'aggrave mon cas : je suis favorable à la politique de Singapour qui indexe les allocations familiales sur le diplôme de la mère.
Mais, bien entendu, je ne me fais aucune illusion : la France est gangrenée par la mentalité socialiste.
TRIBUNE - Michel Godet, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam)*, estime que la suppression ou le plafonnement du quotient familial serait contraire à l'esprit de la Constitution.
Ne pas confondre politique familiale et politique sociale
Les menaces sur la politique familiale et ses prestations universelles, considérées comme des niches fiscales à supprimer, fusent de toute part. En France, les campagnes électorales passent généralement sous silence les questions familiales, pourtant à la racine de la plupart des problèmes d'échec scolaire, de violence et d'insécurité qui font régulièrement la une des journaux.
Pour la gauche, la famille est un thème conservateur. Le centre n'en parle pas, de peur de paraître trop à droite. Quant à la droite, elle laisse ses extrêmes s'en accaparer. Il faut faire de la famille et des enfants une affaire publique, au cœur du débat des présidentielles de 2012.
La France n'a pas profité de sa présidence de l'Union européenne au second semestre 2008 pour mettre en avant la politique familiale, un des seuls domaines où son exemplarité pouvait l'être. Plus surprenant, c'est en Allemagne (qui perd il est vrai 300.000 habitants par an) que les initiatives se multiplient, elle consacre plus d'effort financier à la politique familiale que la France!
Les familles avec enfants investissent à un coût six fois moindre que ne peut le faire la société au travers des structures d'accueil pour l'éducation et le renouvellement du capital humain. Il n'empêche, elles ne sont pas assez aidées puisque le niveau de vie des familles en couple diminue avec le nombre d'enfants de moins de 18 ans (en moyenne de 13% avec le premier, de 2% encore avec le deuxième, puis de 5% à 10% par enfant à partir du 3e).
Politique sociale et politique familiale
Alfred Sauvy avait réussi à faire comprendre la différence entre politique sociale et politique familiale. La première corrige les inégalités de revenus, par l'impôt du même nom et par des transferts sociaux soumis à conditions de ressources. La seconde - dite de transfert «horizontal» par opposition à la première de nature «verticale» - a une vocation de redistribution entre ménages sans enfants vers les ménages avec enfants. Il s'agit de faire en sorte qu'au sein de chaque catégorie de revenu modeste, moyenne ou aisée, ceux qui ont des enfants ne soient pas pénalisés par rapport à ceux qui n'en ont pas.
Les transferts verticaux ne sont peut-être pas suffisants. Mais ils ne doivent pas se faire au détriment des transferts universels et horizontaux qui constituent un des fondements de la politique familiale de la France. Supprimer ou plafonner le quotient familial serait contraire à l'esprit de la Constitution, car la capacité contributive des familles avec enfants est moins élevée à revenu égal que celle des ménages qui n'ont pas d'enfant. Aussi, les contribuables riches sans enfants doivent, en toute équité, payer plus d'impôts que ceux qui ont des enfants.
Supprimer le quotient conjugal
La fiscalité et les transferts jouent un rôle déterminant dans les comportements. Les familles ne mettent pas au monde des enfants pour de l'argent, mais peuvent renoncer à un désir d'enfant pour des raisons économiques. Aussi nous souscrivons à la proposition socialiste de supprimer le quotient conjugal pour les couples sans enfant, surtout si cela permet de verser une allocation dès le premier enfant. En revanche, l'idée de supprimer le quotient familial sous prétexte qu'il profite plus aux contribuables aisés en le remplaçant par une réduction d'impôt forfaitaire par enfant nous paraît contraire à l'esprit de redistribution horizontale qui est au cœur de la politique familiale française. Il serait plus légitime de le conserver, quitte à rendre imposables les prestations familiales.
Un impôt juste et efficace doit être universel et proportionné aux revenus et aux capacités contributives des ménages suivant la taille des familles, voire modérément progressif. C'est presque le cas de la CSG qui représente 170% de l'impôt sur le revenu net (après versement de la prime pour l'emploi) mais est injuste puisqu'elle ne tient pas compte du quotient familial. C'est pour cela que le niveau de vie des ménages baisse de 5% à 10% à chaque enfant supplémentaire.
Les retraités, comme les actifs sans enfants, payent respectivement 1,5 et 1,7 fois plus de CSG que d'impôt sur le revenu. C'est beaucoup moins en proportion que pour les couples avec enfants (ratio de 2,4). Les couples avec 3 enfants payent au moins deux fois plus de CSG que d'impôt sur le revenu et les familles monoparentales avec un enfant; deux fois plus!
Dans notre rapport au Conseil d'analyse économique (CAE) sur «La famille, une affaire publique», écrit en 2005 avec Évelyne Sullerot, nous proposions de «familialiser» la CSG en attribuant 0,5 part par enfant.
Le ciblage social et la mise sous conditions de ressources des prestations familiales doivent rester limités, sinon la politique familiale ne sera plus qu'une politique sociale pour l'enfance, comme dans la plupart des autres pays européens en phase de quasi-suicide démographique.
J'aggrave mon cas : je suis favorable à la politique de Singapour qui indexe les allocations familiales sur le diplôme de la mère.
Mais, bien entendu, je ne me fais aucune illusion : la France est gangrenée par la mentalité socialiste.
TRIBUNE - Michel Godet, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam)*, estime que la suppression ou le plafonnement du quotient familial serait contraire à l'esprit de la Constitution.
Ne pas confondre politique familiale et politique sociale
Les menaces sur la politique familiale et ses prestations universelles, considérées comme des niches fiscales à supprimer, fusent de toute part. En France, les campagnes électorales passent généralement sous silence les questions familiales, pourtant à la racine de la plupart des problèmes d'échec scolaire, de violence et d'insécurité qui font régulièrement la une des journaux.
Pour la gauche, la famille est un thème conservateur. Le centre n'en parle pas, de peur de paraître trop à droite. Quant à la droite, elle laisse ses extrêmes s'en accaparer. Il faut faire de la famille et des enfants une affaire publique, au cœur du débat des présidentielles de 2012.
La France n'a pas profité de sa présidence de l'Union européenne au second semestre 2008 pour mettre en avant la politique familiale, un des seuls domaines où son exemplarité pouvait l'être. Plus surprenant, c'est en Allemagne (qui perd il est vrai 300.000 habitants par an) que les initiatives se multiplient, elle consacre plus d'effort financier à la politique familiale que la France!
Les familles avec enfants investissent à un coût six fois moindre que ne peut le faire la société au travers des structures d'accueil pour l'éducation et le renouvellement du capital humain. Il n'empêche, elles ne sont pas assez aidées puisque le niveau de vie des familles en couple diminue avec le nombre d'enfants de moins de 18 ans (en moyenne de 13% avec le premier, de 2% encore avec le deuxième, puis de 5% à 10% par enfant à partir du 3e).
Politique sociale et politique familiale
Alfred Sauvy avait réussi à faire comprendre la différence entre politique sociale et politique familiale. La première corrige les inégalités de revenus, par l'impôt du même nom et par des transferts sociaux soumis à conditions de ressources. La seconde - dite de transfert «horizontal» par opposition à la première de nature «verticale» - a une vocation de redistribution entre ménages sans enfants vers les ménages avec enfants. Il s'agit de faire en sorte qu'au sein de chaque catégorie de revenu modeste, moyenne ou aisée, ceux qui ont des enfants ne soient pas pénalisés par rapport à ceux qui n'en ont pas.
Les transferts verticaux ne sont peut-être pas suffisants. Mais ils ne doivent pas se faire au détriment des transferts universels et horizontaux qui constituent un des fondements de la politique familiale de la France. Supprimer ou plafonner le quotient familial serait contraire à l'esprit de la Constitution, car la capacité contributive des familles avec enfants est moins élevée à revenu égal que celle des ménages qui n'ont pas d'enfant. Aussi, les contribuables riches sans enfants doivent, en toute équité, payer plus d'impôts que ceux qui ont des enfants.
Supprimer le quotient conjugal
La fiscalité et les transferts jouent un rôle déterminant dans les comportements. Les familles ne mettent pas au monde des enfants pour de l'argent, mais peuvent renoncer à un désir d'enfant pour des raisons économiques. Aussi nous souscrivons à la proposition socialiste de supprimer le quotient conjugal pour les couples sans enfant, surtout si cela permet de verser une allocation dès le premier enfant. En revanche, l'idée de supprimer le quotient familial sous prétexte qu'il profite plus aux contribuables aisés en le remplaçant par une réduction d'impôt forfaitaire par enfant nous paraît contraire à l'esprit de redistribution horizontale qui est au cœur de la politique familiale française. Il serait plus légitime de le conserver, quitte à rendre imposables les prestations familiales.
Un impôt juste et efficace doit être universel et proportionné aux revenus et aux capacités contributives des ménages suivant la taille des familles, voire modérément progressif. C'est presque le cas de la CSG qui représente 170% de l'impôt sur le revenu net (après versement de la prime pour l'emploi) mais est injuste puisqu'elle ne tient pas compte du quotient familial. C'est pour cela que le niveau de vie des ménages baisse de 5% à 10% à chaque enfant supplémentaire.
Les retraités, comme les actifs sans enfants, payent respectivement 1,5 et 1,7 fois plus de CSG que d'impôt sur le revenu. C'est beaucoup moins en proportion que pour les couples avec enfants (ratio de 2,4). Les couples avec 3 enfants payent au moins deux fois plus de CSG que d'impôt sur le revenu et les familles monoparentales avec un enfant; deux fois plus!
Dans notre rapport au Conseil d'analyse économique (CAE) sur «La famille, une affaire publique», écrit en 2005 avec Évelyne Sullerot, nous proposions de «familialiser» la CSG en attribuant 0,5 part par enfant.
Le ciblage social et la mise sous conditions de ressources des prestations familiales doivent rester limités, sinon la politique familiale ne sera plus qu'une politique sociale pour l'enfance, comme dans la plupart des autres pays européens en phase de quasi-suicide démographique.
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vendredi, octobre 21, 2011
A propos de la mort de Khadafi
Je fais miennes ces conclusions d'un article de Causeur :
On ne le pleurera pas. Reste que le lyrisme droit-de-l’hommiste et l’enthousiasme démocratique manifestés en Occident semblent pour le moins décalés par rapport à la réalité. Le « printemps libyen » s’apparente beaucoup moins à ce que nous appelons « révolution » qu’à la conclusion – provisoire ?- d’une guerre tribale. La joie de Bernard-Henri Lévy pourrait bien, dans les mois qui viennent, se fracasser contre les faits.
Ayons le mauvaise esprit de remarquer, qu'une fois de plus, comme Saddam Hussein, c'est un anti-mondialiste, tribal, identitaire, pas du tout citoyen du monde, qui a été tué.
Si je ne puis regretter ni Saddam Hussein, ni Kahdafi, je ne puis non plus m'empêcher de poser cette simple question : ces morts sont-elles dans l'intérêt de la France ?
Bien sûr, si l'on fait de la France une entité abstraite, toute entière fondue dans l'Humanité (comme le voulait Victor Hugo), passionnée exclusivement des Droits de L'Homme, on peut éventuellement répondre positivement.
Mais si l'on considère la France pour ce qu'elle est, avec sa géographie, son histoire et ses habitants, d'ici et pas d'ailleurs, on est beaucoup plus dubitatif et, pour tout dire, inquiet.
Les Américains ont beau jeu de rigoler : ce ne sont pas eux qui auront les emmerdes outre-Méditerranée et devront accueillir des centaines de milliers d'inutiles sous prétexte d'asile politique.
On ne le pleurera pas. Reste que le lyrisme droit-de-l’hommiste et l’enthousiasme démocratique manifestés en Occident semblent pour le moins décalés par rapport à la réalité. Le « printemps libyen » s’apparente beaucoup moins à ce que nous appelons « révolution » qu’à la conclusion – provisoire ?- d’une guerre tribale. La joie de Bernard-Henri Lévy pourrait bien, dans les mois qui viennent, se fracasser contre les faits.
Ayons le mauvaise esprit de remarquer, qu'une fois de plus, comme Saddam Hussein, c'est un anti-mondialiste, tribal, identitaire, pas du tout citoyen du monde, qui a été tué.
Si je ne puis regretter ni Saddam Hussein, ni Kahdafi, je ne puis non plus m'empêcher de poser cette simple question : ces morts sont-elles dans l'intérêt de la France ?
Bien sûr, si l'on fait de la France une entité abstraite, toute entière fondue dans l'Humanité (comme le voulait Victor Hugo), passionnée exclusivement des Droits de L'Homme, on peut éventuellement répondre positivement.
Mais si l'on considère la France pour ce qu'elle est, avec sa géographie, son histoire et ses habitants, d'ici et pas d'ailleurs, on est beaucoup plus dubitatif et, pour tout dire, inquiet.
Les Américains ont beau jeu de rigoler : ce ne sont pas eux qui auront les emmerdes outre-Méditerranée et devront accueillir des centaines de milliers d'inutiles sous prétexte d'asile politique.
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mercredi, octobre 19, 2011
Pourquoi je ne crois pas à un score exceptionnel de Marine Le Pen aux présidentielles de 2012
Commençons par un préliminaire : à mes yeux, les sondages n'ont aucune espèce de pertinence. Donc ce n'est pas la peine de me bassiner avec tel ou tel sondage.
Voici comment, à six mois de l'élection (c'est-àdire dans le flou), je vois le vote Le Pen :
> les raisons traditionnelles du vote Le Pen sont plus fortes que jamais. Elle fera donc un gros score.
> cependant, pour chasser au-delà de ses terres traditionnelles, Marine Le Pen doit prouver sa crédibilité. Or, elle se positionne sur le créneau surpeuplé de l'Etat-nounou, elle fait dans la surenchère protectionniste. Comme c'est la crèmerie de l'UMPS depuis trente ans, ils y seront toujours meilleurs qu'elle. De plus, les Français sentent obscurément, même si ils n'osent se l'avouer, que c'est la salade qu'on leur vend depuis trente ans et qui échoue tant et plus.
Marine Le Pen avait une idée audacieuse, la sortie de l'Euro, elle aurait du pousser l'audace jusqu'à expliquer que le libéralisme économique est adapté à un pays maitre de sa monnaie (et elle aurait pu rassurer en insistant sur les fonctions régaliennes de l'Etat). Elle aurait eu un programme neuf, cohérent et audacieux.
Avec beaucoup de pédagogie et du temps, elle aurait pu faire passer ce programme. Ca tombait bien, elle a commencé sa campagne avant les autres.
Au lieu de quoi elle propose de faire la même chose que depuis trente ans avec en plus l'idée risquée de sortir de l'Euro. Elle s'arrête au milieu du gué. Elle est trop audacieuse pour ce que son programme a de convenu, elle est trop convenue pour ce que son programme a d'audacieux.
Bref, elle fera 18-19 %. Ca sera bien, mais insuffisant pour être au deuxième tour.
Voici comment, à six mois de l'élection (c'est-àdire dans le flou), je vois le vote Le Pen :
> les raisons traditionnelles du vote Le Pen sont plus fortes que jamais. Elle fera donc un gros score.
> cependant, pour chasser au-delà de ses terres traditionnelles, Marine Le Pen doit prouver sa crédibilité. Or, elle se positionne sur le créneau surpeuplé de l'Etat-nounou, elle fait dans la surenchère protectionniste. Comme c'est la crèmerie de l'UMPS depuis trente ans, ils y seront toujours meilleurs qu'elle. De plus, les Français sentent obscurément, même si ils n'osent se l'avouer, que c'est la salade qu'on leur vend depuis trente ans et qui échoue tant et plus.
Marine Le Pen avait une idée audacieuse, la sortie de l'Euro, elle aurait du pousser l'audace jusqu'à expliquer que le libéralisme économique est adapté à un pays maitre de sa monnaie (et elle aurait pu rassurer en insistant sur les fonctions régaliennes de l'Etat). Elle aurait eu un programme neuf, cohérent et audacieux.
Avec beaucoup de pédagogie et du temps, elle aurait pu faire passer ce programme. Ca tombait bien, elle a commencé sa campagne avant les autres.
Au lieu de quoi elle propose de faire la même chose que depuis trente ans avec en plus l'idée risquée de sortir de l'Euro. Elle s'arrête au milieu du gué. Elle est trop audacieuse pour ce que son programme a de convenu, elle est trop convenue pour ce que son programme a d'audacieux.
Bref, elle fera 18-19 %. Ca sera bien, mais insuffisant pour être au deuxième tour.
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2012 année chiatique,
Le Pen
En écoutant Zemmour sur RTL
J'écoute la chronique d'Eric Zemmour sur RTL car tous les matins, sa conclusion me procure un vrai moment de bonheur.
En effet, le journaliste qui présente Zemmour conclut systématiquement par une soumission au politiquement correct : «Eric, c'est votre opinion, on n'est pas obligé de la partager. Merci Eric».
Bien entendu, pour aucun autre chroniqueur, ce journaliste ne prend la précaution de préciser qu'on n'est pas obligé de partager son opinion.
Cette petite phrase est un délice : on y devine la trouille des emmerdes, le signal «moi, je suis quelqu'un de bien, dans le camp du Bien», le conformisme, la soumission au groupe. En quelques mots, elle détruit toute l'image qu'on nous répète jusqu'à plus soif du vaillant journaliste, fier de son indépendance, luttant pour la liberté et contre tous les pouvoirs au péril de sa vie.
Ca serait manquer de goût que de ne pas savourer ces petits moments de vérité que la vie nous offre parfois.
En effet, le journaliste qui présente Zemmour conclut systématiquement par une soumission au politiquement correct : «Eric, c'est votre opinion, on n'est pas obligé de la partager. Merci Eric».
Bien entendu, pour aucun autre chroniqueur, ce journaliste ne prend la précaution de préciser qu'on n'est pas obligé de partager son opinion.
Cette petite phrase est un délice : on y devine la trouille des emmerdes, le signal «moi, je suis quelqu'un de bien, dans le camp du Bien», le conformisme, la soumission au groupe. En quelques mots, elle détruit toute l'image qu'on nous répète jusqu'à plus soif du vaillant journaliste, fier de son indépendance, luttant pour la liberté et contre tous les pouvoirs au péril de sa vie.
Ca serait manquer de goût que de ne pas savourer ces petits moments de vérité que la vie nous offre parfois.
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Connerie journalistique,
dictature du Bien,
zemmour
mardi, octobre 18, 2011
Les quatre piliers de la réforme
En France, on dit souvent qu'on sait ce qu'il faut faire, mais pas comment. Je ne suis même pas sûr qu'on sache ce qu'il faut faire. Rappelons le :
> rétablissement de la souveraineté monétaire => sortie de l'Euro
> rétablissement de la souveraineté migratoire (1) => sortie de tous les accords qui nous contraignent en la matière, Schengen et cie
> abolition du statut de la fonction publique (c'est le point clé : tant qu'une fonction publique soviétique prendra en otage le pays, il ne sera pas libre de son destin)
> privatisation massive, en commençant par l'éducation, la sécu, les retraites, EDF et la SNCF, et fin de l'assistanat
Chacune de ces réformes est absolument nécessaire. Sans quoi la France ne serait plus un pays, mais une simple entité géographique sur laquelle vivraient des populations qui ne formeraient plus un peuple.
Maurice Thorez, ministre de la fonction publique en 1946, a admirablement réussi son coup, faisant de la France un ersatz d'URSS.
Ces indispensables réformes seront donc longues et difficiles. Ca va tanguer fort. Mais il ne faut pas négliger l'élan vital d'un vieux pays qui a survécu à tant de crises. Encore faut-il des politiciens qui sachent y faire appel, le convoquer à bon escient.
Je suis moins pessimiste qu'il y a quelques années : la situation me paraît plus difficile, mais le remède plus proche. La banquise du «politiquement correct» craque. Bientôt, patriotisme ne sera plus une insulte ou un mot ringard. Et à partir du moment où l'on pourra parler aux Français de leur pays et de son destin (et non pas d'entités abstraites comme l'Europe ou les drouâdlhoumme), de grandes espérances seront possibles.
**********
(1) : malgré les rodomontades sarkoziennes, la France a très peu de liberté en la matière tant elle s'est liée par des accords internationaux.
> rétablissement de la souveraineté monétaire => sortie de l'Euro
> rétablissement de la souveraineté migratoire (1) => sortie de tous les accords qui nous contraignent en la matière, Schengen et cie
> abolition du statut de la fonction publique (c'est le point clé : tant qu'une fonction publique soviétique prendra en otage le pays, il ne sera pas libre de son destin)
> privatisation massive, en commençant par l'éducation, la sécu, les retraites, EDF et la SNCF, et fin de l'assistanat
Chacune de ces réformes est absolument nécessaire. Sans quoi la France ne serait plus un pays, mais une simple entité géographique sur laquelle vivraient des populations qui ne formeraient plus un peuple.
Maurice Thorez, ministre de la fonction publique en 1946, a admirablement réussi son coup, faisant de la France un ersatz d'URSS.
Ces indispensables réformes seront donc longues et difficiles. Ca va tanguer fort. Mais il ne faut pas négliger l'élan vital d'un vieux pays qui a survécu à tant de crises. Encore faut-il des politiciens qui sachent y faire appel, le convoquer à bon escient.
Je suis moins pessimiste qu'il y a quelques années : la situation me paraît plus difficile, mais le remède plus proche. La banquise du «politiquement correct» craque. Bientôt, patriotisme ne sera plus une insulte ou un mot ringard. Et à partir du moment où l'on pourra parler aux Français de leur pays et de son destin (et non pas d'entités abstraites comme l'Europe ou les drouâdlhoumme), de grandes espérances seront possibles.
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(1) : malgré les rodomontades sarkoziennes, la France a très peu de liberté en la matière tant elle s'est liée par des accords internationaux.
dimanche, octobre 16, 2011
La mort de la culture me laisse en grand désarroi
La culture donne un sens au monde.
Bien sûr, je n'entends pas la culture comme ce fourre-tout «jacklanguien» qui irait du rap à Dalida. La culture est ce qui permet le dialogue avec les hommes du passé, comme dans cette lettre célèbre de Machiavel expliquant qu'après le labeur du jour, il retrouve les auteurs antiques sur le forum. Elle permet de se sentir à l'aise dans la continuité des temps et de faire que l'univers n'est pas uniquement peuplé de signes mystérieux et incompréhensibles.
Une simple balade dans Paris suffit : ici été assassiné Henri IV, Quasimodo est sans doute passé par là, cette tour a été édifiée par Catherine de Medicis pour ses astrologues, dans ce café le colonel Rémy donnait rendez-vous à ses courriers, sur cette place eut lieu un duel célèbre (et Marion de Lorme perdit son pucelage) . Je suis chez moi car ces souvenirs sont devenus personnels. Etant chez moi, je me sens en sécurité.
Mais rien n'est plus fragile que la culture : il suffit que sa transmission soit interrompue le temps d'une génération pour qu'elle cesse d'être vivante. Or, précisément, nous sommes la génération de la mort de la culture, cette génération à laquelle la culture n'a pas été transmise. D'avoir passé le latin comme deuxième langue au baccalauréat fait de moi un anachronisme.
Notre culture est morte. Comme l'araméen, elle est désormais le privilège de quelques érudits. Montaigne et Pascal, Homère et Virgile, ces noms disent encore vaguement quelque chose, mais pour combien de temps ? Et qui, même parmi les étudiants du supérieur, les a lus ?
Nous avons été sciemment, délibérément, criminellement, coupés de nos racines (la télévision, que je déteste de toutes mes fibres, a donné le coup de grâce). Je ne connais pas la suite des événements, mais j'ai peur : la plupart des plantes coupées de leurs racines meurent. Il a fallu cinq siècles à l'Occident pour se remettre de la mort de la culture romaine.
Nous en voyons déjà les premiers effets destructeurs : faute d'être capables (et pour cause) de prendre du recul sur ce que nous sommes et d'où nous venons, nous laissons nos sociétés devenir les proies d'idées folles, par exemple la liberté confondue avec la licence.
Bien sûr, je n'entends pas la culture comme ce fourre-tout «jacklanguien» qui irait du rap à Dalida. La culture est ce qui permet le dialogue avec les hommes du passé, comme dans cette lettre célèbre de Machiavel expliquant qu'après le labeur du jour, il retrouve les auteurs antiques sur le forum. Elle permet de se sentir à l'aise dans la continuité des temps et de faire que l'univers n'est pas uniquement peuplé de signes mystérieux et incompréhensibles.
Une simple balade dans Paris suffit : ici été assassiné Henri IV, Quasimodo est sans doute passé par là, cette tour a été édifiée par Catherine de Medicis pour ses astrologues, dans ce café le colonel Rémy donnait rendez-vous à ses courriers, sur cette place eut lieu un duel célèbre (et Marion de Lorme perdit son pucelage) . Je suis chez moi car ces souvenirs sont devenus personnels. Etant chez moi, je me sens en sécurité.
Mais rien n'est plus fragile que la culture : il suffit que sa transmission soit interrompue le temps d'une génération pour qu'elle cesse d'être vivante. Or, précisément, nous sommes la génération de la mort de la culture, cette génération à laquelle la culture n'a pas été transmise. D'avoir passé le latin comme deuxième langue au baccalauréat fait de moi un anachronisme.
Notre culture est morte. Comme l'araméen, elle est désormais le privilège de quelques érudits. Montaigne et Pascal, Homère et Virgile, ces noms disent encore vaguement quelque chose, mais pour combien de temps ? Et qui, même parmi les étudiants du supérieur, les a lus ?
Nous avons été sciemment, délibérément, criminellement, coupés de nos racines (la télévision, que je déteste de toutes mes fibres, a donné le coup de grâce). Je ne connais pas la suite des événements, mais j'ai peur : la plupart des plantes coupées de leurs racines meurent. Il a fallu cinq siècles à l'Occident pour se remettre de la mort de la culture romaine.
Nous en voyons déjà les premiers effets destructeurs : faute d'être capables (et pour cause) de prendre du recul sur ce que nous sommes et d'où nous venons, nous laissons nos sociétés devenir les proies d'idées folles, par exemple la liberté confondue avec la licence.
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Histoire
Nos politicards, tels qu'en eux-mêmes ...
Début septembre 1914, la situation est dramatique.
Les Français reculent depuis trois semaines. Les Allemands sont à quarante kilomètres de Paris. De sérieuses raisons (dont la pertinence apparaîtra lors des terribles années 1915 et 1916) font douter de la capacité du généralissime Joffre à se montrer à la hauteur des événements. Joffre est un troisième choix, pour des motifs (comme plus tard Gamelin) politicards et salonards.
Un général, un vieux colonial (cela n'était pas encore une insulte), Joseph Gallieni, se hisse à la mesure de la bataille en cours et met l'imagination au pouvoir. Il est gouverneur militaire de Paris. Alors que le gouvernement se replie courageusement vers Bordeaux, il galvanise les énergies et organise la défense, c'est pourquoi on lui attribuera à juste titre la paternité des fameux taxis de la Marne.
Sur ce, le gouvernement envoie deux ministres, Marcel Sembat et Aristide Briand, moins poltrons que leurs collègues, en mission d'inspection secrète à Paris. La raison du secret ? Ils ont peur de se faire étriper par les Parisiens. La raison de la mission ? Officiellement, des questions d'intendance. Officieusement, il s'agit de vérifier que la popularité de Gallieni ne lui donne pas d'envies de s'emparer du pouvoir.
Vous voyez comme déjà à l'époque les préoccupations de nos politicards étaient élevées, désintéressées, altruistes, patriotiques. On ne s'étonnera donc pas que, vingt-six ans plus tard, Edouard Herriot fût obsédé, au milieu du naufrage national, par le sauvetage de sa bonne ville de Lyon, qui lui fournissait ses électeurs, et son pouvoir.
Gallieni, pas dupe, traite l'affaire par l'humour en public et par un mépris cinglant dans ses carnets.
Pierre Servent raconte cette anecdote dans Le complexe de l'autruche.
Croyez que nos politiciens sont meilleurs que ceux de 1914 ? A voir la bulle d'irréalité dans laquelle a flotté la primaire socialiste et les basses querelles de la droite, je me demande s'ils ne sont pas pires.
Les Français reculent depuis trois semaines. Les Allemands sont à quarante kilomètres de Paris. De sérieuses raisons (dont la pertinence apparaîtra lors des terribles années 1915 et 1916) font douter de la capacité du généralissime Joffre à se montrer à la hauteur des événements. Joffre est un troisième choix, pour des motifs (comme plus tard Gamelin) politicards et salonards.
Un général, un vieux colonial (cela n'était pas encore une insulte), Joseph Gallieni, se hisse à la mesure de la bataille en cours et met l'imagination au pouvoir. Il est gouverneur militaire de Paris. Alors que le gouvernement se replie courageusement vers Bordeaux, il galvanise les énergies et organise la défense, c'est pourquoi on lui attribuera à juste titre la paternité des fameux taxis de la Marne.
Sur ce, le gouvernement envoie deux ministres, Marcel Sembat et Aristide Briand, moins poltrons que leurs collègues, en mission d'inspection secrète à Paris. La raison du secret ? Ils ont peur de se faire étriper par les Parisiens. La raison de la mission ? Officiellement, des questions d'intendance. Officieusement, il s'agit de vérifier que la popularité de Gallieni ne lui donne pas d'envies de s'emparer du pouvoir.
Vous voyez comme déjà à l'époque les préoccupations de nos politicards étaient élevées, désintéressées, altruistes, patriotiques. On ne s'étonnera donc pas que, vingt-six ans plus tard, Edouard Herriot fût obsédé, au milieu du naufrage national, par le sauvetage de sa bonne ville de Lyon, qui lui fournissait ses électeurs, et son pouvoir.
Gallieni, pas dupe, traite l'affaire par l'humour en public et par un mépris cinglant dans ses carnets.
Pierre Servent raconte cette anecdote dans Le complexe de l'autruche.
Croyez que nos politiciens sont meilleurs que ceux de 1914 ? A voir la bulle d'irréalité dans laquelle a flotté la primaire socialiste et les basses querelles de la droite, je me demande s'ils ne sont pas pires.
L'imposture de l'État-providence
TRIBUNE - La philosophe Chantal Delsol souligne la contradiction entre l'accoutumance des citoyens aux droits et l'incapacité de l'État à penser au long terme.
Pour «Le Figaro»
Au plan d'austérité, les Français réagissent déjà comme les Grecs. Pourtant, il est bien probable que nous devrons bientôt nous doter de plans d'austérité plus lourds que quelques économies sur les cigarettes et les boissons sucrées. On imagine la pétaudière que ce sera.
Les Grecs et les Français sont-ils de mauvais citoyens ? Il n'y a aucune raison de le penser. Mais ils s'imaginent que leurs droits acquis sont indispensables à leur dignité. Autrement dit, que celui qui voudrait les rogner est un sadique. La réalité est tout autre. Pourtant, ils ont quelques bonnes raisons de raisonner ainsi.
Serinez à un peuple à longueur de décennies qu'il a un droit naturel sur tout ce que la bonne fortune lui a acquis. Déclamez-lui des strophes morales sur son droit opposable au logement. Servez-lui la retraite à 60 ans en lui expliquant qu'il y va de sa dignité élémentaire (ce qui fait apparaître les partis adverses comme des barbares). Faites-le évoluer dans l'atmosphère de l'assurance généralisée. Laissez le citoyen se persuader qu'il vit avec les biens essentiels à un simple humain, et non avec les avantages d'un pays riche. Et ensuite allez lui parler d'austérité. Mais il fera la révolution ! Car il aura le sentiment (puisque vous le lui aurez mis dans la tête) qu'on lui confisque l'essentiel, qu'on porte donc atteinte à son humanité.
Un peuple nanti au fil du temps de droits importants s'y habitue comme à n'importe quel confort, et vite il les considère comme naturels et fondamentaux. Ce qui est très humain. Le rôle d'un gouvernement responsable serait cependant de ne pas le laisser croire.
On ne pense jamais que les droits sont relatifs à leur possible réalisation. Il serait aberrant de décréter le droit de tous à l'université dans un pays qui ne peut s'offrir aucune université. Et même si tous les hommes de la terre sont également dignes, leurs droits peuvent être revendiqués seulement au regard de chaque situation. C'est ainsi que dans des pays riches comme les nôtres, la réalisation des droits devrait être conditionnée par la capacité de l'État à garantir ces droits non seulement à court terme, mais à long terme.
Il y a une contradiction dramatique entre l'accoutumance des citoyens aux droits et l'incapacité congénitale d'un gouvernement démocratique à penser à long terme. Ainsi, les gouvernements démocratiques des pays riches sont criminels quand ils déversent la providence étatique à coups d'endettement ininterrompu. Non seulement parce qu'il est irresponsable de gérer un budget en ne comptant que sur l'emprunt, même si l'on est keynésien (la croissance n'est pas un pari que l'on peut faire si tranquillement). Mais surtout parce qu'il est criminel de déverser à longueur d'années des droits-créances payés par l'emprunt, sachant bien que lorsqu'il faudra rembourser, les citoyens jugeront absolument injuste de se voir privés de droits qu'on leur a servis comme immortels. Les gouvernements confèrent des droits dont ils connaissent le caractère temporaire, mais ils les donnent pour essentiels. C'est une supercherie honteuse. On donne un droit à la retraite à 60 ans au nom de la dignité humaine élémentaire, et on paye cela en ajoutant chaque matin un emprunt à l'autre. On multiplie les emplois aidés, toujours financés par la dette. Et cela en protestant que chacun a droit à un emploi, que c'est un droit inaliénable, etc. Alors que c'est un droit de pays riche, qui peut se permettre de prendre en compte la dignité de ses citoyens dans toutes ses dimensions. Naturellement, quand il faut rembourser la dette et par conséquent limiter ces droits, les citoyens estiment qu'on les traite comme des animaux en leur retirant l'essentiel - car c'est bien ce qu'on leur a répété depuis des décennies. Le ressentiment et la révolte deviennent donc les enfants légitimes de l'austérité. Alors que des gouvernements simplement honnêtes et prudents ne se seraient jamais avancés aussi loin, n'auraient pas suscité de vaines illusions.
On va prétendre qu'un gouvernement démocratique ne saurait faire autrement : on a tort. Les Suisses ont pu il y a quelques années supprimer une partie non négligeable du statut de la fonction publique sans déclencher aucune révolte. La France devant une telle réforme serait à feu et à sang, parce que ses gouvernements lui font croire que ces avantages sont nécessaires et immortels.
Ainsi a-t-on vu tout récemment, lors des primaires socialistes, une véritable surenchère de promesses de droits-créances : la retraite revue à 60 ans et même plus bas encore, les embauches de fonctionnaires et d'emplois aidés… Toutes annonces qui sonnent comme de vieilles litanies et qui rendent désormais leurs auteurs pathétiques, car tout le monde sait ce que cela vaut en termes d'austérité à venir, et par conséquent de révoltes à venir. Quelques naïfs pourtant vont encore y croire, laissant comprendre à quel populisme bas de gamme nous sommes désormais rendus.
Pour «Le Figaro»
Au plan d'austérité, les Français réagissent déjà comme les Grecs. Pourtant, il est bien probable que nous devrons bientôt nous doter de plans d'austérité plus lourds que quelques économies sur les cigarettes et les boissons sucrées. On imagine la pétaudière que ce sera.
Les Grecs et les Français sont-ils de mauvais citoyens ? Il n'y a aucune raison de le penser. Mais ils s'imaginent que leurs droits acquis sont indispensables à leur dignité. Autrement dit, que celui qui voudrait les rogner est un sadique. La réalité est tout autre. Pourtant, ils ont quelques bonnes raisons de raisonner ainsi.
Serinez à un peuple à longueur de décennies qu'il a un droit naturel sur tout ce que la bonne fortune lui a acquis. Déclamez-lui des strophes morales sur son droit opposable au logement. Servez-lui la retraite à 60 ans en lui expliquant qu'il y va de sa dignité élémentaire (ce qui fait apparaître les partis adverses comme des barbares). Faites-le évoluer dans l'atmosphère de l'assurance généralisée. Laissez le citoyen se persuader qu'il vit avec les biens essentiels à un simple humain, et non avec les avantages d'un pays riche. Et ensuite allez lui parler d'austérité. Mais il fera la révolution ! Car il aura le sentiment (puisque vous le lui aurez mis dans la tête) qu'on lui confisque l'essentiel, qu'on porte donc atteinte à son humanité.
Un peuple nanti au fil du temps de droits importants s'y habitue comme à n'importe quel confort, et vite il les considère comme naturels et fondamentaux. Ce qui est très humain. Le rôle d'un gouvernement responsable serait cependant de ne pas le laisser croire.
On ne pense jamais que les droits sont relatifs à leur possible réalisation. Il serait aberrant de décréter le droit de tous à l'université dans un pays qui ne peut s'offrir aucune université. Et même si tous les hommes de la terre sont également dignes, leurs droits peuvent être revendiqués seulement au regard de chaque situation. C'est ainsi que dans des pays riches comme les nôtres, la réalisation des droits devrait être conditionnée par la capacité de l'État à garantir ces droits non seulement à court terme, mais à long terme.
Il y a une contradiction dramatique entre l'accoutumance des citoyens aux droits et l'incapacité congénitale d'un gouvernement démocratique à penser à long terme. Ainsi, les gouvernements démocratiques des pays riches sont criminels quand ils déversent la providence étatique à coups d'endettement ininterrompu. Non seulement parce qu'il est irresponsable de gérer un budget en ne comptant que sur l'emprunt, même si l'on est keynésien (la croissance n'est pas un pari que l'on peut faire si tranquillement). Mais surtout parce qu'il est criminel de déverser à longueur d'années des droits-créances payés par l'emprunt, sachant bien que lorsqu'il faudra rembourser, les citoyens jugeront absolument injuste de se voir privés de droits qu'on leur a servis comme immortels. Les gouvernements confèrent des droits dont ils connaissent le caractère temporaire, mais ils les donnent pour essentiels. C'est une supercherie honteuse. On donne un droit à la retraite à 60 ans au nom de la dignité humaine élémentaire, et on paye cela en ajoutant chaque matin un emprunt à l'autre. On multiplie les emplois aidés, toujours financés par la dette. Et cela en protestant que chacun a droit à un emploi, que c'est un droit inaliénable, etc. Alors que c'est un droit de pays riche, qui peut se permettre de prendre en compte la dignité de ses citoyens dans toutes ses dimensions. Naturellement, quand il faut rembourser la dette et par conséquent limiter ces droits, les citoyens estiment qu'on les traite comme des animaux en leur retirant l'essentiel - car c'est bien ce qu'on leur a répété depuis des décennies. Le ressentiment et la révolte deviennent donc les enfants légitimes de l'austérité. Alors que des gouvernements simplement honnêtes et prudents ne se seraient jamais avancés aussi loin, n'auraient pas suscité de vaines illusions.
On va prétendre qu'un gouvernement démocratique ne saurait faire autrement : on a tort. Les Suisses ont pu il y a quelques années supprimer une partie non négligeable du statut de la fonction publique sans déclencher aucune révolte. La France devant une telle réforme serait à feu et à sang, parce que ses gouvernements lui font croire que ces avantages sont nécessaires et immortels.
Ainsi a-t-on vu tout récemment, lors des primaires socialistes, une véritable surenchère de promesses de droits-créances : la retraite revue à 60 ans et même plus bas encore, les embauches de fonctionnaires et d'emplois aidés… Toutes annonces qui sonnent comme de vieilles litanies et qui rendent désormais leurs auteurs pathétiques, car tout le monde sait ce que cela vaut en termes d'austérité à venir, et par conséquent de révoltes à venir. Quelques naïfs pourtant vont encore y croire, laissant comprendre à quel populisme bas de gamme nous sommes désormais rendus.
samedi, octobre 15, 2011
Quelle politique après notre naufrage éducatif ?
Nous vivons un naufrage éducatif.
Certains psychologues tiennent que le matriarcat intégral que nous subissons est une figure inédite dans l'histoire, aux conséquences imprévisibles.
Dans l'éducation traditionnelle qui remonte (au moins) à l'Antiquité, l'alternance de la protection maternelle et de l'exigence paternelle préparait les enfants à être des adultes affrontant la réalité du monde.
Aujourd'hui, les enfants, élevés dans le mensonge qui consiste à leur faire croire qu'ils sont le centre du monde, étouffés par la sollicitude des vraies mères et des mères-bis que sont devenus les pères biologiques, découvrent à l'entrée de l'âge adulte que leur vie était bâtie sur une tromperie. C'est la fameuse crise de l'adolescence.
Au lieu d'avoir eu toute l'enfance pour se préparer à affronter le monde, ils doivent en quelques années turbulentes se forger les armes et les outils qu'on a refusé de leur enseigner. Il est bien normal qu'ils n'y réussissent qu'imparfaitement.
Quelles conséquences ?
La première conséquence, nous l'avons déjà sous les yeux : une décadence évidente de la vie sociale, intellectuelle et spirituelle. On ne compte plus les comportements et les idées marqués par la frustration, la puérilité et le caprice.
Je redoute que l'ère des conséquences n'en soit qu'au commencement.
On a pu décrire le nazisme comme la politique des enfants sans père, Hitler faisant office de père de substitution.
Mais il est une autre politique des enfants sans père possible : le retour dans le giron maternel d'où la méchante réalité nous a arrachés.
Une figure castratrice comme Ségolène Royal pourrait parfaitement incarner cette dictature maternelle du conformisme, de la fusion communautaire. Je crois d'ailleurs que cette dimension n'est pas absente de l'enthousiasme qu'elle a suscitée en 2007 : je suis frappé par le registre émotionnel et affectif de ses partisans.
En politique, c'est sûr, les années qui viennent vont être passionnantes. Heureuses, c'est moins sûr.
Certains psychologues tiennent que le matriarcat intégral que nous subissons est une figure inédite dans l'histoire, aux conséquences imprévisibles.
Dans l'éducation traditionnelle qui remonte (au moins) à l'Antiquité, l'alternance de la protection maternelle et de l'exigence paternelle préparait les enfants à être des adultes affrontant la réalité du monde.
Aujourd'hui, les enfants, élevés dans le mensonge qui consiste à leur faire croire qu'ils sont le centre du monde, étouffés par la sollicitude des vraies mères et des mères-bis que sont devenus les pères biologiques, découvrent à l'entrée de l'âge adulte que leur vie était bâtie sur une tromperie. C'est la fameuse crise de l'adolescence.
Au lieu d'avoir eu toute l'enfance pour se préparer à affronter le monde, ils doivent en quelques années turbulentes se forger les armes et les outils qu'on a refusé de leur enseigner. Il est bien normal qu'ils n'y réussissent qu'imparfaitement.
Quelles conséquences ?
La première conséquence, nous l'avons déjà sous les yeux : une décadence évidente de la vie sociale, intellectuelle et spirituelle. On ne compte plus les comportements et les idées marqués par la frustration, la puérilité et le caprice.
Je redoute que l'ère des conséquences n'en soit qu'au commencement.
On a pu décrire le nazisme comme la politique des enfants sans père, Hitler faisant office de père de substitution.
Mais il est une autre politique des enfants sans père possible : le retour dans le giron maternel d'où la méchante réalité nous a arrachés.
Une figure castratrice comme Ségolène Royal pourrait parfaitement incarner cette dictature maternelle du conformisme, de la fusion communautaire. Je crois d'ailleurs que cette dimension n'est pas absente de l'enthousiasme qu'elle a suscitée en 2007 : je suis frappé par le registre émotionnel et affectif de ses partisans.
En politique, c'est sûr, les années qui viennent vont être passionnantes. Heureuses, c'est moins sûr.
2012-2017 : le quinquennat terrible
Parfois, j'ai du mal à comprendre la bousculade pour les élections présidentielles de 2012. Si les candidats étaient conscients de la tache écrasante et terrible qui les attend, ils se battraient pour ne pas être élus (quoique, regardant les socialistes, je me demande si ce n'est pas leur cas).
En effet, la catastrophe à venir ravale la crise dite des subprimes au rang de préliminaire gentillet. Jusqu'à maintenant, les comparaisons avec la crise de 1929 étaient fortement exagérées, elles sont en train de devenir pertinentes.
Nous sommes au début des années 20 et, comme à l'époque, nous mettons en place les faux remèdes qui transforment une crise passagère en dépression planétaire.
L'élu de 2012 sera débordé par l'ampleur du désastre : il devra faire face à une crise politique sans équivalent depuis les années 30. Non, vraiment, je ne vois pas pourquoi ils veulent tant la place.
Croient-ils qu'ils sauront bien se sortir le cul propre au dernier moment après avoir tant et si bien profité de la générosité forcée du moutontribuable en contrepartie d'un étalement d'incompétence et de chiasse verdâtre qui suscite l'étonnement ? Possible, mais très risqué : car l'enjeu ne sera plus un mignon procès à la Chirac mais «qui la foule va-t-elle lyncher ?».
En effet, la catastrophe à venir ravale la crise dite des subprimes au rang de préliminaire gentillet. Jusqu'à maintenant, les comparaisons avec la crise de 1929 étaient fortement exagérées, elles sont en train de devenir pertinentes.
Nous sommes au début des années 20 et, comme à l'époque, nous mettons en place les faux remèdes qui transforment une crise passagère en dépression planétaire.
L'élu de 2012 sera débordé par l'ampleur du désastre : il devra faire face à une crise politique sans équivalent depuis les années 30. Non, vraiment, je ne vois pas pourquoi ils veulent tant la place.
Croient-ils qu'ils sauront bien se sortir le cul propre au dernier moment après avoir tant et si bien profité de la générosité forcée du moutontribuable en contrepartie d'un étalement d'incompétence et de chiasse verdâtre qui suscite l'étonnement ? Possible, mais très risqué : car l'enjeu ne sera plus un mignon procès à la Chirac mais «qui la foule va-t-elle lyncher ?».
Primaire socialiste : beaucoup de bruit pour rien
J'estimais que la primaire socialiste était une mauvaise idée. Je me trompais. C'était une très mauvaise idée.
Elle radicalise les positions et morcelle les partis en micro-courants s'opposant sur des pacotilles. Elle génère une impuissance qui rappelle malheureusement la funeste IIIème république finissante. Et elle est inconstitutionnelle (ce qui, bizarrement, n'a l'air de choquer que quelques fous dans mon genre).
Face à ces lourds inconvénients, je ne peux mettre en balance aucun avantage : le pseudo-débat s'est orienté vers des idées néfastes et détachées de la réalité.
Rappelons que le concept fumeux de «démondialisation», qui a tant plu aux pisse-copies, est une aberration :
> les Français n'ont pas besoin de plus d'Etat mais de plus de liberté économique. La sortie de l'Euro et le retour à la souveraineté monétaire sont des conditions d'exercice de cette liberté économique (c'est pourquoi Marine Le Pen se trompe en prônant simultanément sortie de l'Euro et étatisme).
> les Français ont besoin d'un Etat qui abandonne la promesse intenable de l'Etat-Providence «l'Etat va vous protéger de la maladie, du chômage, de la vieillesse, de la mort, du mildiou, de la grêle, et des programmes télé à vomir» et qui leur serve à nouveau les protections essentielles mais circonscrites justifiant son existence, c'est-à-dire les fonctions régaliennes.
Les Français ont besoin d'être remis en possession de leur pays, de leur destin, de leur histoire, de leur culture. Cela veut dire concrètement moins de Bruxelles, plus du tout d'immigration, moins de lois, moins de fisc, moins de Halde, moins d'éducation nazionale, moins de «manifestations culturelles» soviétoïdes mais plus d'armée, plus de police dans les banlieues et plus de délinquants dans les prisons, et plus de liberté partout ailleurs.
Je ne crois pas que furent un seul instant abordées sérieusement ses questions au cours de la trop vantée primaire socialiste.
Cette primaire illustre une fois de plus notre aptitude aux faux débats (les rythmes scolaires en sont un autre).
Elle radicalise les positions et morcelle les partis en micro-courants s'opposant sur des pacotilles. Elle génère une impuissance qui rappelle malheureusement la funeste IIIème république finissante. Et elle est inconstitutionnelle (ce qui, bizarrement, n'a l'air de choquer que quelques fous dans mon genre).
Face à ces lourds inconvénients, je ne peux mettre en balance aucun avantage : le pseudo-débat s'est orienté vers des idées néfastes et détachées de la réalité.
Rappelons que le concept fumeux de «démondialisation», qui a tant plu aux pisse-copies, est une aberration :
> les Français n'ont pas besoin de plus d'Etat mais de plus de liberté économique. La sortie de l'Euro et le retour à la souveraineté monétaire sont des conditions d'exercice de cette liberté économique (c'est pourquoi Marine Le Pen se trompe en prônant simultanément sortie de l'Euro et étatisme).
> les Français ont besoin d'un Etat qui abandonne la promesse intenable de l'Etat-Providence «l'Etat va vous protéger de la maladie, du chômage, de la vieillesse, de la mort, du mildiou, de la grêle, et des programmes télé à vomir» et qui leur serve à nouveau les protections essentielles mais circonscrites justifiant son existence, c'est-à-dire les fonctions régaliennes.
Les Français ont besoin d'être remis en possession de leur pays, de leur destin, de leur histoire, de leur culture. Cela veut dire concrètement moins de Bruxelles, plus du tout d'immigration, moins de lois, moins de fisc, moins de Halde, moins d'éducation nazionale, moins de «manifestations culturelles» soviétoïdes mais plus d'armée, plus de police dans les banlieues et plus de délinquants dans les prisons, et plus de liberté partout ailleurs.
Je ne crois pas que furent un seul instant abordées sérieusement ses questions au cours de la trop vantée primaire socialiste.
Cette primaire illustre une fois de plus notre aptitude aux faux débats (les rythmes scolaires en sont un autre).
vendredi, octobre 14, 2011
mercredi, octobre 12, 2011
Le Non slovaque au FESF : une excellente nouvelle
Le Non slovaque au FESF est une excellente nouvelle.
J'étais étonné d'entendre ce matin sur BFM les commentateurs partager cet avis (1). Les raisons étaient opposées : l'un espérait que ce Non susciterait un mouvement vers moins de fédéralisme, l'autre un mouvement vers plus de fédéralisme.
Néanmoins, cette joie sera de courte durée : les européistes ont maintenant un long passé de combat contre la démocratie. Ils feront voter et revoter les Slovaques jusqu'à ce qu'ils votent bien.
Jean-Marc Vittorri s'inquiète à juste titre que, ces dernières années, les gouvernements européens prennent des décisions clairement en porte-à-faux avec leurs peuples. Il redoute un retour de baton. Je l'espère.
C'est la première fois que j'entends sur un media presque de masse une évocation claire par des analystes (d'habitude, ce genre d'opinion est porté par les politiciens, ce qui est plus polémique) des rapports problématiques entre l'européisme et la démocratie.
Dernière minute : cela a été encore plus vite que je ne le prévoyais. On a déjà tordu le bras des Slovaques (2).
**************
(1) : même si il y a eu une désinformation flagrante. BFM a expliqué que le Non était du purement à de la politique interne slovaque, ce qui est faux : les libéraux slovaques ont clairement justifié leur Non par une opposition de principe au FESF lui-même. Rappelons que les Slovaques ont un niveau de vie moitié de celui des Grecs.
(2) : ceux qui demandent que les décisions dans l'UE soient prises à la majorité des pays, et non à l'unanimité demandent, un fédéralisme de fait. Car la règle de la majorité suppose que les Etats minoritaires se laisseront imposer des décisions qu'ils ont refusées. Autrement dit, ils auront perdu leur souveraineté. C'est encore une manière d'essayer de contourner les peuples.
J'étais étonné d'entendre ce matin sur BFM les commentateurs partager cet avis (1). Les raisons étaient opposées : l'un espérait que ce Non susciterait un mouvement vers moins de fédéralisme, l'autre un mouvement vers plus de fédéralisme.
Néanmoins, cette joie sera de courte durée : les européistes ont maintenant un long passé de combat contre la démocratie. Ils feront voter et revoter les Slovaques jusqu'à ce qu'ils votent bien.
Jean-Marc Vittorri s'inquiète à juste titre que, ces dernières années, les gouvernements européens prennent des décisions clairement en porte-à-faux avec leurs peuples. Il redoute un retour de baton. Je l'espère.
C'est la première fois que j'entends sur un media presque de masse une évocation claire par des analystes (d'habitude, ce genre d'opinion est porté par les politiciens, ce qui est plus polémique) des rapports problématiques entre l'européisme et la démocratie.
Dernière minute : cela a été encore plus vite que je ne le prévoyais. On a déjà tordu le bras des Slovaques (2).
**************
(1) : même si il y a eu une désinformation flagrante. BFM a expliqué que le Non était du purement à de la politique interne slovaque, ce qui est faux : les libéraux slovaques ont clairement justifié leur Non par une opposition de principe au FESF lui-même. Rappelons que les Slovaques ont un niveau de vie moitié de celui des Grecs.
(2) : ceux qui demandent que les décisions dans l'UE soient prises à la majorité des pays, et non à l'unanimité demandent, un fédéralisme de fait. Car la règle de la majorité suppose que les Etats minoritaires se laisseront imposer des décisions qu'ils ont refusées. Autrement dit, ils auront perdu leur souveraineté. C'est encore une manière d'essayer de contourner les peuples.
Libellés :
démocratie,
éclatement de l'Euro,
idéologie européiste
mardi, octobre 11, 2011
Drive
Dommage qu'il y ait tant d'hémoglobine dans ce film alors qu'il a par ailleurs un style très sobre, proche du Samouraï, de Melville. C'est une faute de goût.
Ce bémol étant mis, j'ai beaucoup aimé.
Nota : une spectatrice a porté plainte pour tromperie. Elle prétend que la bande-annonce lui a fait croire faussement qu'il y aurait beaucoup de poursuites automobiles et que cela vaut un procès, auquel elle ajoute le fait qu'il y aurait dans ce film des insultes antisémites (en réalité, un gangster juif fait une allusion fugace).
On vit dans un monde formidable.
Ce bémol étant mis, j'ai beaucoup aimé.
Nota : une spectatrice a porté plainte pour tromperie. Elle prétend que la bande-annonce lui a fait croire faussement qu'il y aurait beaucoup de poursuites automobiles et que cela vaut un procès, auquel elle ajoute le fait qu'il y aurait dans ce film des insultes antisémites (en réalité, un gangster juif fait une allusion fugace).
On vit dans un monde formidable.
dimanche, octobre 09, 2011
A propos de la primaire socialiste
«La primaire révèle la faiblesse idéologique du PS»
A mes yeux, la primaire socialiste est un non-événement (n'oubliez pas que les medias ont une cervelle d'escargot trépané et l'enthousiasme aussi excessif que bref : dans un mois, on se souviendra à peine qu'il y a eu des primaires socialistes). Tout au plus, elle révèle une grande faiblesse (c'est pourquoi je suis opposé à une primaire à droite. Je refuse que la droite fasse cet aveu de faiblesse).
On me dit que c'est moderne et démocratique. Et alors ? Lady Gaga est moderne et démocratique : il n'y a vraiment pas de quoi se vanter.
J'espère une UMP qui refuse les primaires en 2017 et dise : «C'est notre responsabilité de désigner notre candidat et nous n'allons pas demander aux Français de prendre nos responsabilités à notre place».
Bien sûr, cela n'arrivera pas : comme d'habitude, la fausse droite se soumettra aux mauvaises idées de la vraie gauche, et avec enthousiasme, en plus. Pour trahir la droite et courir après la gauche, on peut toujours compter sur les soumis, les NKM, les Pécresse, les Juppé et compagnie.
La mode est à la négation du principe du chef, ce qui me fait peur : à force de nier certaines nécessités, elles risquent de nous revenir dans la gueule très fort. Au lieu d'avoir un chef gentillet issu des institutions, nous risquons de nous retrouver avec un chef un peu dictateur sur les bords (et peut-être un peu barbu).
En attendant, amusons nous un ou deux jours de ces ridicules primaires socialistes. Elles sont symboliques de notre époque.
Addendum : comme le note mon camarade h16, tous ces preux libertaires socialistes qui sortent leur manif «citoyenne» et leur vertueuse indignation dès que la police envisage un micro-fichier de délinquants sont allés se faire ficher de bon coeur, et en payant. Quand je vous dis que socialiste con est un pléonasme ...
En tout cas, c'est sûr : quand je serai dictateur, je ferai bon usage de ce fichier :-)
A mes yeux, la primaire socialiste est un non-événement (n'oubliez pas que les medias ont une cervelle d'escargot trépané et l'enthousiasme aussi excessif que bref : dans un mois, on se souviendra à peine qu'il y a eu des primaires socialistes). Tout au plus, elle révèle une grande faiblesse (c'est pourquoi je suis opposé à une primaire à droite. Je refuse que la droite fasse cet aveu de faiblesse).
On me dit que c'est moderne et démocratique. Et alors ? Lady Gaga est moderne et démocratique : il n'y a vraiment pas de quoi se vanter.
J'espère une UMP qui refuse les primaires en 2017 et dise : «C'est notre responsabilité de désigner notre candidat et nous n'allons pas demander aux Français de prendre nos responsabilités à notre place».
Bien sûr, cela n'arrivera pas : comme d'habitude, la fausse droite se soumettra aux mauvaises idées de la vraie gauche, et avec enthousiasme, en plus. Pour trahir la droite et courir après la gauche, on peut toujours compter sur les soumis, les NKM, les Pécresse, les Juppé et compagnie.
La mode est à la négation du principe du chef, ce qui me fait peur : à force de nier certaines nécessités, elles risquent de nous revenir dans la gueule très fort. Au lieu d'avoir un chef gentillet issu des institutions, nous risquons de nous retrouver avec un chef un peu dictateur sur les bords (et peut-être un peu barbu).
En attendant, amusons nous un ou deux jours de ces ridicules primaires socialistes. Elles sont symboliques de notre époque.
Addendum : comme le note mon camarade h16, tous ces preux libertaires socialistes qui sortent leur manif «citoyenne» et leur vertueuse indignation dès que la police envisage un micro-fichier de délinquants sont allés se faire ficher de bon coeur, et en payant. Quand je vous dis que socialiste con est un pléonasme ...
En tout cas, c'est sûr : quand je serai dictateur, je ferai bon usage de ce fichier :-)
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connerie socialiste,
le socialisme partout
Recapitalisation des banques : erreur historique
Comme l'explique très bien Charles Gave, l'exigence de recapitalisation des banques conjuguée aux normes de fonds propres plus sévères Bâle III est une erreur historique aux conséquences dramatiques :
> aucune recapitalisation ne peut sauver une banque mal gérée de la faillite suite à une cascade de défauts souverains.
> en conjuguant deux exigences qui vont dans le sens d'un assèchement du crédit, on risque de mettre l'économie en panne sèche.
Et comme nous sommes déjà en crise, rajouter à la crise ne peut qu'aboutir à un drame. Nous sommes dans la même configuration que les pays s'accrochant à l'étalon-or dans les années 20 : les remèdes proposés aggravent le mal au point de le rendre mortel. Nous connaissons la suite : les trop fameuses zeures les plus sombres ...
La solution est pourtant connue. Hélas, elle contrarie le lobby des banquiers qui tient dans sa main les gouvernements européens :
> faillite ordonnée des banques (conversion forcée des dettes en capital)
> éclatement des banques en question (pas de «too big tobe saved»)
> mon dada : banques en commandite obligatoire (dirigeants responsables sur leurs biens propres à vie).
Nous sommes dirigés par la lie de nos sociétés.
> aucune recapitalisation ne peut sauver une banque mal gérée de la faillite suite à une cascade de défauts souverains.
> en conjuguant deux exigences qui vont dans le sens d'un assèchement du crédit, on risque de mettre l'économie en panne sèche.
Et comme nous sommes déjà en crise, rajouter à la crise ne peut qu'aboutir à un drame. Nous sommes dans la même configuration que les pays s'accrochant à l'étalon-or dans les années 20 : les remèdes proposés aggravent le mal au point de le rendre mortel. Nous connaissons la suite : les trop fameuses zeures les plus sombres ...
La solution est pourtant connue. Hélas, elle contrarie le lobby des banquiers qui tient dans sa main les gouvernements européens :
> faillite ordonnée des banques (conversion forcée des dettes en capital)
> éclatement des banques en question (pas de «too big tobe saved»)
> mon dada : banques en commandite obligatoire (dirigeants responsables sur leurs biens propres à vie).
Nous sommes dirigés par la lie de nos sociétés.
samedi, octobre 08, 2011
De la censure au Figaro
Sur ce billet d'un blog du Figaro, j'ai fait ce commentaire concis, qui aurait du s'intercaler entre le quatrième et le cinquième commentaires :
L'hétérosexualité EST la norme.
Or, il a visiblement été censuré.
Pourtant, le seul reproche formel qu'on puisse faire à ce commentaire, c'est le EST, en majuscules, équivalent d'un cri, sans doute excessif.
Cependant, il n'y a ni insulte ni faute, le contenu n'en est pas absurde.
Tout cela n'empêche pas qu'il a été censuré, ce que je trouve fort révélateur. Ainsi, le simple fait d'évoquer une norme et une norme majoritaire, comme il se doit, en matière de sexualité, devient un crime de la pensée, passible de censure.
Notons qu'un commentaire disant que l'homosexualité est la norme n'aurait probablement pas été censuré. Il aurait été contesté, mais pas censuré. En effet, la censure porte sur des affirmations vraies ou très vraisemblables. C'est la réalité qui fait peur, pas le mensonge, comme l'affaire Zemmour l'a largement prouvé.
Il n'est pas indifférent de constater que la censure la plus féroce est celle de d'un journal de pseudo-opposition à la bien-pensance. Comme d'habitude, les nouveaux convertis et les compagnons de route sont plus saignants que les vrais croyants car ils ont plus à prouver.
L'hétérosexualité EST la norme.
Or, il a visiblement été censuré.
Pourtant, le seul reproche formel qu'on puisse faire à ce commentaire, c'est le EST, en majuscules, équivalent d'un cri, sans doute excessif.
Cependant, il n'y a ni insulte ni faute, le contenu n'en est pas absurde.
Tout cela n'empêche pas qu'il a été censuré, ce que je trouve fort révélateur. Ainsi, le simple fait d'évoquer une norme et une norme majoritaire, comme il se doit, en matière de sexualité, devient un crime de la pensée, passible de censure.
Notons qu'un commentaire disant que l'homosexualité est la norme n'aurait probablement pas été censuré. Il aurait été contesté, mais pas censuré. En effet, la censure porte sur des affirmations vraies ou très vraisemblables. C'est la réalité qui fait peur, pas le mensonge, comme l'affaire Zemmour l'a largement prouvé.
Il n'est pas indifférent de constater que la censure la plus féroce est celle de d'un journal de pseudo-opposition à la bien-pensance. Comme d'habitude, les nouveaux convertis et les compagnons de route sont plus saignants que les vrais croyants car ils ont plus à prouver.
Libellés :
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morale
jeudi, octobre 06, 2011
Steve Jobs
Steve Jobs me pose deux questions :
> Steve Jobs n'est pas exceptionnel dans le sens où Edison, Ford, Curtis, Boeing l'ont précédé. Mais ces hommes sont rares de nos jours. C'est ce qui rend Jobs exceptionnel. Pourquoi sont-ils rares ?
> Steve Jobs était un tyran, mais il se faisait pardonner sa tyrannie par son talent. Ce ne sont pas les démocrates qui font les plus grandes choses. Nous sommes dans un temps de démocratie. Cela signifie-t-il que nous sommes devenus stériles ?
[VOSTFR] Steve Jobs Stanford Commencement... par Cladouros
> Steve Jobs n'est pas exceptionnel dans le sens où Edison, Ford, Curtis, Boeing l'ont précédé. Mais ces hommes sont rares de nos jours. C'est ce qui rend Jobs exceptionnel. Pourquoi sont-ils rares ?
> Steve Jobs était un tyran, mais il se faisait pardonner sa tyrannie par son talent. Ce ne sont pas les démocrates qui font les plus grandes choses. Nous sommes dans un temps de démocratie. Cela signifie-t-il que nous sommes devenus stériles ?
[VOSTFR] Steve Jobs Stanford Commencement... par Cladouros
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mercredi, octobre 05, 2011
Dame Tartine : «On ne pourra pas battre une droite dure avec une gauche molle»
Il faudra que Dame Tartine nous explique où elle voit une droite «dure» en France (je veux dire, à part sur La Lime et ses copains).
Moi je vois une fausse droite, qui se soumet la queue entre les jambes au magistère moral de la vraie gauche, les fameuses (et fumeuses) «valeurs républicaines» auxquelles elle est sans cesse sommée de prouver son adhésion. Il y a même des larbins, genre NKM, qui ont tellement intégré leur soumission qu'ils en rajoutent dans le gauchisme pour ne pas déplaire à leurs maitres (évidemment toujours insatisfaits).
En revanche, personne ne demande jamais à la gauche Guérini-DSK de prouver son respect de quelconques valeurs morales. Pourtant, l'exercice serait passionnant.
Moi je vois une fausse droite, qui se soumet la queue entre les jambes au magistère moral de la vraie gauche, les fameuses (et fumeuses) «valeurs républicaines» auxquelles elle est sans cesse sommée de prouver son adhésion. Il y a même des larbins, genre NKM, qui ont tellement intégré leur soumission qu'ils en rajoutent dans le gauchisme pour ne pas déplaire à leurs maitres (évidemment toujours insatisfaits).
En revanche, personne ne demande jamais à la gauche Guérini-DSK de prouver son respect de quelconques valeurs morales. Pourtant, l'exercice serait passionnant.
Le vide contemporain en annonces
Je trouve que l'expression de Dalrymple «l'individualisme sans individualité» définit clairement le drame de notre monde. Ce que Saint-Exupéry avait écrit plus poétiquement : «On nous a coupé les jambes et laissé libres de courir».
Of Love, etc.
by Theodore Dalrymple (October 2011)
The government makes me angry, but my wife makes me much angrier (as well as much happier, of course). This is yet another illustration of the truth of Doctor Johnson’s dictum that public affairs vex no man, at least not very greatly and not within quite a wide range of government policy. The personal may or may not be political, but it is definitely what concerns us most. Let the heavens fall, so long as we are happy at home.
Paul Hollander’s new book, Extravagant Expectations (Ivan Dee), is not only about the personal, but about the personals, those small-ads in various publications in which people seek what used to be called a lover, paramour or consort, but must now be called a partner. With the eye of the true sociologist, he uses these brief messages to peer into the soul not only of the individuals concerned, but of western, and particularly American, society. What emerges is both funny and melancholy, and by no means reassuring: but perhaps society has always been one of those things that, like death and the sun, cannot be stared at for too long, for it is never reassuring.
The few words of the personal do not allow individuals easily to distinguish themselves from others of their type, so it is particularly suitable for examining the types that resort to them. Perhaps, indeed, these advertisements would be better designated as the impersonals. It was clever of Professor Hollander to spot this; like Autolycus the Rogue he is a snapper-up of unconsidered trifles, but he is also a master of extracting deep significance from apparently trivial phenomena. He sees a whole world in a grain of sand, while there are all too many of us who do not see a grain of sand even in a whole world.
In modern society, people are supposed to shift for themselves, to develop their own lives according to their own conceptions, and to experience what is known as ‘personal growth,’ a process incapable of definition that is supposed to last until five minutes before death. People are no longer born into a social role that they are assigned to fill until they die, simply by virtue of having been born in a certain place to certain parents. In theory, at least, every man in modern society is master of his own fate. Where he ends up is a matter of his own choice and merit.
In so far as modern society actually conforms to this ideal, it obviates the frustration of the man of talent who can get nowhere because of a rigid caste system that keeps him in his place, which is to say where he was born. Not only his, but every, career is open to all the talents. The problem with meritocracy, however, even in its purest imaginable form, is that few people are of exceptional merit. The realisation that the fault lies in us, not in our stars, that we are underlings, is a painful one; and in the nature of things, there are more underlings than what I am tempted to call overlings. A meritocracy is therefore fertile ground for mass resentment.
Moreover, in such a society everyone is supposed to find his or her own mate. The age-old system of arranged marriages comes to seem anachronistic and humiliating, a wound to the newly-liberated ego. In actual fact, that system, in which both prospective spouses exercise the right of veto, seems to me an eminently sensible one, somewhat better in practice and more realistic about human nature than the romantic individualism that, at least nominally, reigns supreme in our societies. For example, the parents of a close Indian friend of mine selected six women as possible wives for him; they selected them on the basis of their religion, caste, level of education, knowledge of English, and so forth. The wife he married was actually the fifth of the women whom he met; when he asked her at the formal meeting between her, him and both sets of parents what she was reading, she replied, Les liaisons dangereuses. He thought, ‘This is the woman for me,’ but he nevertheless went to see the sixth – a fact which his wife of more than thirty years, the fifth woman, reminds him of now and then. Few better marriages are known to me.
Our system is founded on our inalienable right to pursue our own happiness in our own way, a right that is supposed actually to result in happiness, or at least in more happiness than if we did not enjoy such a right. When it comes to choosing a mate, we have to consider only our inclinations, and not such things as obligations to society or parents. And when the marriage no longer suits, when the immortal beloved begins to bore us in a way incompatible with the chronic ecstasy we have come to expect as the only worthwhile state for a man (or woman) to be in, we dissolve the marriage and go off in search of another potential source of undiluted and everlasting bliss.
Unfortunately, the pool of candidates has in the meantime contracted. Gone are our student days, when the field seemed so ripe for the harvest. The field has thinned out like the hair on a man’s head. It is time to advertise.
Needless to say, the self-presentation of the advertisers depends on the type of publication in which they advertise (increasingly on the internet, of course), though they also select the kind of publication according to their own predilections. The funniest, but in some ways the saddest, of the chapters in this book is about the advertisements in the New York Review of Books and in the alumni magazines of great universities. Here, taken at random, is one:
Savvy, sassy, sweet and really good-looking, with lively intellect and mischievous sense of irony... Slender, willowy, with shoulder-length hair – resemble younger, funnier Susan Sarandon in looks, politics. Fun, empathic, adventurous. Can talk travel, movies, baseball as seamlessly as economics, literature, politics. Adore Clint Eastwood, Stegner, film noir, Picasso, Vermont tomatoes, swimming badly, exquisite discoveries.
The mixture of ordinariness on the one hand (baseball and Clint Eastwood), and preternatural sophistication on the other – no New Hampshire tomatoes for her, she would gag at the very thought of them – is absolutely typical. All the people advertising are Renaissance men and women, capable of appreciating all that the world has to offer; they are both as nature made them and highly cultivated. ‘Nature-lover but can do black tie at the drop of a hat.’ They throw in their liking for fine Bordeaux wine, or the Umbrian countryside, as markers of their class, but also their liking for the Moody Blues and roast chicken, to demonstrate that they are not snobs.
The question naturally arises as to why such gifted paragons need to resort to these methods to attract a mate. It seems that we have moved from arranged marriage to social isolation, to quote Professor Hollander’s succinct phrase. One is inclined to laugh, or at least to smile, at the self-presentation of the advertisers in the New York Review, but it surely takes little effort of the imagination to understand the sadness, the human longing, behind that presentation. A world in which elegant, intelligent, highly-educated and probably sensitive people (for surely downright ugly and uneducated people would or could not advertise in this way) are so obviously lonely has something deeply disconcerting about it, and raises awkward questions. Is the individual search for happiness enough of a philosophical foundation for the good life?
Because of the restricted number of words in which they must be couched, the personals are written in a kind of code; and yet, at the same time, one suspects that if the advertisers had an extended space in which to describe themselves, they would be at something of a loss to know what to say, and nothing much more individual would emerge about them. They are individuals without individuality.
In India, where advertising in newspapers for spouses had long been perfectly normal, a technical code has been elaborated, but it attaches to very definite or tangible qualities. The word ‘wheaten,’ for example, is used of the complexion, and represents a darker shade than the word might appear to imply to the western reader (in India, a dark complexion is no asset, and is even an impediment to marriage that can overcome any number of other advantages, such as a good income). There is a hard-headedness or ruthlessness to the Indian code that is mostly missing from the American personals, which partake of all the specificity of psychobabble.
What is one to make, for example, of the Alabama teacher who says of herself in her advertisement:
I love hanging out... I am typically up for whatever and have fun in most any situation...?
One could sit next to her on a bus and not realise that it was she; for how does what she says about herself distinguish her from anyone else? Clearly, she is less sophisticated than the advertisers in the New York Review, and I doubt that she could tell a Burgundy from a Bordeaux, but there are probably ten million young women who could say ‘I am up for whatever.’
Whenever I sit on buses or trains I like to listen to the conversations of the people around me. Mostly people talk of themselves, but rarely in such a fashion that you (or their interlocutors) can get any concrete idea of their lives. Their words lack any clear denotation. They are like a confession of having sinned in general, without any details as to the actual occasion when the sins were performed. It is self-exposure without self-revelation.
In addition to the personals, Professor Hollander analyses the books of advice on dating and mating that sell by the million and make their authors very rich. Presumably people do not buy them unless they feel that something is wrong or missing in their lives. Again one is tempted to laugh at the cold-blooded instrumentality of Dr Phil’s advice to women about how to catch a man:
Eye contact is an especially powerful presentation tool... You choose what type of presence you want to radiate in a room...Don’t just show up at a social situation. Show up with a plan...Create your sound bite. Explain who you are in twenty words or less. Define four or five things you can talk about at any time to anyone.
People who think of ‘eye contact’ as a ‘presentation tool’ are destined for superficial and unsatisfactory relations with other people, all the more frustrating because they are looking to those relations to fill their own inner emptiness, to perfect their highly imperfect and lonely lives. When the presentation tool has worked, the person upon whom it has worked is soon found to be unsatisfactory; it must soon be employed again. Mr or Miss Right never appears.
It is wrong to laugh because the suffering that these manuals of human relations reveal is very real. One has only to imagine someone poring over them with close attention to appreciate this. Who but someone genuinely unhappy and perplexed could believe in ‘Your defined product’ (Dr Phil) as a possible solution to loneliness?
At the root of the problem is our belief in the perfectibility of life, that it is possible in principle for all desiderata to be satisfied without remainder, and that anything less than perfection, including in relationships, not only is, but ought to be, rejected by us. We cannot accept that we might at some point have to forego the delirium of passion for the consolation of companionship, that Romeo and Juliet is fine as catharsis but not very realistic as a guide to married life at the age of 56. We cannot have it all.
We are in revolt against what Hollander calls ‘the limitations imposed by our mortality, genes, social and physical environment, and chance,’ as Satan was in revolt against God. Extravagant Expectations is an excellent illustration of how the examination of a seemingly minor social phenomenon can soon lead to the deepest questions of human existence.
Of Love, etc.
by Theodore Dalrymple (October 2011)
The government makes me angry, but my wife makes me much angrier (as well as much happier, of course). This is yet another illustration of the truth of Doctor Johnson’s dictum that public affairs vex no man, at least not very greatly and not within quite a wide range of government policy. The personal may or may not be political, but it is definitely what concerns us most. Let the heavens fall, so long as we are happy at home.
Paul Hollander’s new book, Extravagant Expectations (Ivan Dee), is not only about the personal, but about the personals, those small-ads in various publications in which people seek what used to be called a lover, paramour or consort, but must now be called a partner. With the eye of the true sociologist, he uses these brief messages to peer into the soul not only of the individuals concerned, but of western, and particularly American, society. What emerges is both funny and melancholy, and by no means reassuring: but perhaps society has always been one of those things that, like death and the sun, cannot be stared at for too long, for it is never reassuring.
The few words of the personal do not allow individuals easily to distinguish themselves from others of their type, so it is particularly suitable for examining the types that resort to them. Perhaps, indeed, these advertisements would be better designated as the impersonals. It was clever of Professor Hollander to spot this; like Autolycus the Rogue he is a snapper-up of unconsidered trifles, but he is also a master of extracting deep significance from apparently trivial phenomena. He sees a whole world in a grain of sand, while there are all too many of us who do not see a grain of sand even in a whole world.
In modern society, people are supposed to shift for themselves, to develop their own lives according to their own conceptions, and to experience what is known as ‘personal growth,’ a process incapable of definition that is supposed to last until five minutes before death. People are no longer born into a social role that they are assigned to fill until they die, simply by virtue of having been born in a certain place to certain parents. In theory, at least, every man in modern society is master of his own fate. Where he ends up is a matter of his own choice and merit.
In so far as modern society actually conforms to this ideal, it obviates the frustration of the man of talent who can get nowhere because of a rigid caste system that keeps him in his place, which is to say where he was born. Not only his, but every, career is open to all the talents. The problem with meritocracy, however, even in its purest imaginable form, is that few people are of exceptional merit. The realisation that the fault lies in us, not in our stars, that we are underlings, is a painful one; and in the nature of things, there are more underlings than what I am tempted to call overlings. A meritocracy is therefore fertile ground for mass resentment.
Moreover, in such a society everyone is supposed to find his or her own mate. The age-old system of arranged marriages comes to seem anachronistic and humiliating, a wound to the newly-liberated ego. In actual fact, that system, in which both prospective spouses exercise the right of veto, seems to me an eminently sensible one, somewhat better in practice and more realistic about human nature than the romantic individualism that, at least nominally, reigns supreme in our societies. For example, the parents of a close Indian friend of mine selected six women as possible wives for him; they selected them on the basis of their religion, caste, level of education, knowledge of English, and so forth. The wife he married was actually the fifth of the women whom he met; when he asked her at the formal meeting between her, him and both sets of parents what she was reading, she replied, Les liaisons dangereuses. He thought, ‘This is the woman for me,’ but he nevertheless went to see the sixth – a fact which his wife of more than thirty years, the fifth woman, reminds him of now and then. Few better marriages are known to me.
Our system is founded on our inalienable right to pursue our own happiness in our own way, a right that is supposed actually to result in happiness, or at least in more happiness than if we did not enjoy such a right. When it comes to choosing a mate, we have to consider only our inclinations, and not such things as obligations to society or parents. And when the marriage no longer suits, when the immortal beloved begins to bore us in a way incompatible with the chronic ecstasy we have come to expect as the only worthwhile state for a man (or woman) to be in, we dissolve the marriage and go off in search of another potential source of undiluted and everlasting bliss.
Unfortunately, the pool of candidates has in the meantime contracted. Gone are our student days, when the field seemed so ripe for the harvest. The field has thinned out like the hair on a man’s head. It is time to advertise.
Needless to say, the self-presentation of the advertisers depends on the type of publication in which they advertise (increasingly on the internet, of course), though they also select the kind of publication according to their own predilections. The funniest, but in some ways the saddest, of the chapters in this book is about the advertisements in the New York Review of Books and in the alumni magazines of great universities. Here, taken at random, is one:
Savvy, sassy, sweet and really good-looking, with lively intellect and mischievous sense of irony... Slender, willowy, with shoulder-length hair – resemble younger, funnier Susan Sarandon in looks, politics. Fun, empathic, adventurous. Can talk travel, movies, baseball as seamlessly as economics, literature, politics. Adore Clint Eastwood, Stegner, film noir, Picasso, Vermont tomatoes, swimming badly, exquisite discoveries.
The mixture of ordinariness on the one hand (baseball and Clint Eastwood), and preternatural sophistication on the other – no New Hampshire tomatoes for her, she would gag at the very thought of them – is absolutely typical. All the people advertising are Renaissance men and women, capable of appreciating all that the world has to offer; they are both as nature made them and highly cultivated. ‘Nature-lover but can do black tie at the drop of a hat.’ They throw in their liking for fine Bordeaux wine, or the Umbrian countryside, as markers of their class, but also their liking for the Moody Blues and roast chicken, to demonstrate that they are not snobs.
The question naturally arises as to why such gifted paragons need to resort to these methods to attract a mate. It seems that we have moved from arranged marriage to social isolation, to quote Professor Hollander’s succinct phrase. One is inclined to laugh, or at least to smile, at the self-presentation of the advertisers in the New York Review, but it surely takes little effort of the imagination to understand the sadness, the human longing, behind that presentation. A world in which elegant, intelligent, highly-educated and probably sensitive people (for surely downright ugly and uneducated people would or could not advertise in this way) are so obviously lonely has something deeply disconcerting about it, and raises awkward questions. Is the individual search for happiness enough of a philosophical foundation for the good life?
Because of the restricted number of words in which they must be couched, the personals are written in a kind of code; and yet, at the same time, one suspects that if the advertisers had an extended space in which to describe themselves, they would be at something of a loss to know what to say, and nothing much more individual would emerge about them. They are individuals without individuality.
In India, where advertising in newspapers for spouses had long been perfectly normal, a technical code has been elaborated, but it attaches to very definite or tangible qualities. The word ‘wheaten,’ for example, is used of the complexion, and represents a darker shade than the word might appear to imply to the western reader (in India, a dark complexion is no asset, and is even an impediment to marriage that can overcome any number of other advantages, such as a good income). There is a hard-headedness or ruthlessness to the Indian code that is mostly missing from the American personals, which partake of all the specificity of psychobabble.
What is one to make, for example, of the Alabama teacher who says of herself in her advertisement:
I love hanging out... I am typically up for whatever and have fun in most any situation...?
One could sit next to her on a bus and not realise that it was she; for how does what she says about herself distinguish her from anyone else? Clearly, she is less sophisticated than the advertisers in the New York Review, and I doubt that she could tell a Burgundy from a Bordeaux, but there are probably ten million young women who could say ‘I am up for whatever.’
Whenever I sit on buses or trains I like to listen to the conversations of the people around me. Mostly people talk of themselves, but rarely in such a fashion that you (or their interlocutors) can get any concrete idea of their lives. Their words lack any clear denotation. They are like a confession of having sinned in general, without any details as to the actual occasion when the sins were performed. It is self-exposure without self-revelation.
In addition to the personals, Professor Hollander analyses the books of advice on dating and mating that sell by the million and make their authors very rich. Presumably people do not buy them unless they feel that something is wrong or missing in their lives. Again one is tempted to laugh at the cold-blooded instrumentality of Dr Phil’s advice to women about how to catch a man:
Eye contact is an especially powerful presentation tool... You choose what type of presence you want to radiate in a room...Don’t just show up at a social situation. Show up with a plan...Create your sound bite. Explain who you are in twenty words or less. Define four or five things you can talk about at any time to anyone.
People who think of ‘eye contact’ as a ‘presentation tool’ are destined for superficial and unsatisfactory relations with other people, all the more frustrating because they are looking to those relations to fill their own inner emptiness, to perfect their highly imperfect and lonely lives. When the presentation tool has worked, the person upon whom it has worked is soon found to be unsatisfactory; it must soon be employed again. Mr or Miss Right never appears.
It is wrong to laugh because the suffering that these manuals of human relations reveal is very real. One has only to imagine someone poring over them with close attention to appreciate this. Who but someone genuinely unhappy and perplexed could believe in ‘Your defined product’ (Dr Phil) as a possible solution to loneliness?
At the root of the problem is our belief in the perfectibility of life, that it is possible in principle for all desiderata to be satisfied without remainder, and that anything less than perfection, including in relationships, not only is, but ought to be, rejected by us. We cannot accept that we might at some point have to forego the delirium of passion for the consolation of companionship, that Romeo and Juliet is fine as catharsis but not very realistic as a guide to married life at the age of 56. We cannot have it all.
We are in revolt against what Hollander calls ‘the limitations imposed by our mortality, genes, social and physical environment, and chance,’ as Satan was in revolt against God. Extravagant Expectations is an excellent illustration of how the examination of a seemingly minor social phenomenon can soon lead to the deepest questions of human existence.
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