samedi, mai 31, 2008
1940-1945 Années érotiques, Tome 1 Vichy ou les infortunes de la vertu (Patrick Buisson)
Le sexe pendant l'occupation est, par sa complexité, un puissant levier pour dynamiter les simplismes de la bien-pensance et déjouer la surveillance des matons de Panurge.
Le coeur du problème : les mâles français ont été vaincus, humiliés (le premier chapitre s'intitule La débandade), ils sont prisonniers en Allemagne et remplacés aux pays par de musculeux guerriers blonds et vainqueurs. De plus, la vie est bouleversée (le rationnement, les alertes, la police, etc ...).
Buisson renvoie dos à dos Vichy et la Résistance qui sont égaux en férocité dans leur tentative de rétablir le contrôle des mâles français sur leurs femmes.
A ses yeux, les seuls qui ont eu une réussite dans ce domaine symbolique sont les prisonniers français en Allemagne (à ne pas confondre avec les déportés) qui ont déployé, avec succès, beaucoup plus d'énergie à séduire des Allemandes, vengeant ainsi la patrie, qu'à tenter de s'évader.
Il en profite aussi dans le chapitre sur les homosexuels pour montrerqu'il arrive qu'ils ne soient pas les pauvres victimes de l'homophobie mais qu'ils peuvent passer du coté des bourreaux, Vichy étant qualifié par des tracts de la Résistance de «gouvernement des tantes».
L'arrivée des beaux guerriers blonds fut pour eux aussi une divine surprise. Jean Genet écrit que l'occupation fut «une jouissance ininterrompue» et «qu'il se maudissait de ne pas avoir assez de bites pour les enfiler tous». On a connu des deuils patriotiques plus tristes !
Quant aux hétérosexuels, il règle leur compte aux tristes débauches de Beauvoir et de Sartre, par ailleurs, résistants comme moi je suis évêque.
Il prend aussi un malin plaisir à compter les socialistes et les gauchistes qui se sont ralliés à Vichy (Hé oui, jeunes endoctrinés de notre Education Nationales, la Résistance n'est pas de gauche et la Collaboration de droite, c'est un peu plus compliqué).
Mis à part la ligne provocatrice induite par le sujet même, cet ouvrage est fort intéressant et j'attends avec impatience le deuxième tome.
jeudi, mai 29, 2008
Comment reconnaitre un politicien libéral ?
Il existe une jauge de libéralisme très simple : le taux de dépenses publiques exprimé en pourcentage du PIB.
En effet, cela mesure la part de l'économie gérée par la bureaucratie, donc irrespectueuse de la liberté des hommes et, par soustraction, celle laissée aux choix individuels, donc respectueuse de la liberté des hommes.
Ce n'est que du premier ordre : tout n'est pas économique et l'on peut raffiner l'analyse. Cependant, c'est une approximation pertinente.
Certains libéraux estiment que ce taux est optimal à 15 %, en se référant aux budgets actuels et en privatisant fictivement tout ce qui leur parait illégitime dans le giron étatique, ou encore en étudiant les Pays-Bas du XVIIème siècle ou la Grande-Bretagne du XVIIIème.
Cela me semble excessif. En regardant les pays modernes qui prospèrent, on peut pifométrer qu'il ne faut pas dépasser 35 %. En France, nous sommes à 55 %.
Il est donc facile de reconnaitre un politicien libéral : il propose des mesures qui ont pour effet de réduire massivement le taux de dépenses publiques, et donc, au vu de la structure de celles-ci, le nombre de fonctionnaires et assimilés.
A cette aune, aucun politicien français de premier plan ne l'est. Ce diagnostic est bien corroboré par les discours.
CQFD
Quand on des conceptions justes, tout est simple (Lire les mémoires de Kelly Jonhson).
lundi, mai 26, 2008
Un blog qui fait du bien
Stratégie du désordre et prix du pétrole
JP Chevallier est tellement à contre-courant qu'on pourrait croire une provocation peu crédible, seulement voilà : tant dans son analyse d'EADS, que je connais bien, que dans son analyse des marchés financiers, il a, au cours des derniers mois, eu raison là où des cohortes d'économistes patentés et d'experts auto-proclamés se plantaient lamentablement.
Je ne sais pas si il a raison aujourd'hui, mais il ne peut être rejeté d'un revers de main.
samedi, mai 24, 2008
EADS a-t-il un avenir ?
Bien sûr, il serait provocateur de répondre aujourd'hui par la négative, mais la question mérite d'être posée.
EADS est dans l'actualité :
> l'A380 prend à nouveau du retard
> l'externalisation des usines est arrêtée, autant pour des raisons politiques qu'économiques
Il arrive à tous les avionneurs de souffrir un jour ou l'autre.
Mais ce qui est inquiétant dans le cas d'EADS, c'est qu'on a l'impression d'être confronté à une aboulie. Personne ne semble assez fort pour soulever la lourde pâte et faire bouger les hommes, les habitudes et les structures.
Le problème de fond d'EADS est parfaitement connu : en sus des difficultés habituelles d'une société complexe, la politique vient donner le coup de grâce et entraver toute remise en ordre (1).
A une société connaissant les problèmes d'EADS, qui sont aussi psychologiques et relationnels que financiers, il faudrait un électrochoc. Or, c'est précisément ce qu'empêche la politique.
Et l'on retombe sur le problème de l'actionnariat : il faut un actionnaire motivé pour dire «merde» (de manière plus diplomatique, peut-être) aux politiciens, et EADS n'en a pas.
EADS risque de mourir non pas de tel ou problème mais d'une maladie de langueur qui fait que les problèmes sont traités tardivement et partiellement, ce qui finit par avoir un impact sur les résultats financiers (2).
Et tout le monde sait qu'une société insuffisamment rentable est une proie susceptible de perdre son indépendance.
Au moment des premiers ennuis de l'A380 en 2006, j'avais écrit que la bonne solution pour EADS était un rachat par LBO, je plaisantais, mais à moitié.
Je le dis à nouveau aujourd'hui, mais je ne plaisante plus que pour un quart, je suis aux trois quarts sérieux.
En effet, EADS se trouve dans la situation typique qui rend un LBO alléchant : un gros potentiel, mais très insuffisamment exploité pour des raisons qui tiennent à son actionnariat, à son organisation et à son management actuels.
Un LBO dynamiterait l'actionnariat, bousculerait le management et dépoussiérerait l'organisation.
(1) : cette influence de la politique passe également par l'intermédiaire des syndicats. Les syndicalistes, tant français qu'allemands, ayant la conviction que, quoiqu'il arrive, les gouvernements finiront toujours par venir au secours d'EADS, se sentent en position de force pour refuser toute évolution.
(2) : je rappelle que le métier d'un avionneur n'est pas de faire de beaux avions, mais de gagner de l'argent en faisant de beaux avions, sans quoi il en vient assez vite à ne plus faire d'avions du tout (l'histoire de l'aéronautique est pleine d'avionneurs géniaux qui ne sont pas allés loin).
Les gens d'EADS ont le mépris facile pour Dassault, qu'ils traitent de PME. Pourtant, mieux vaut être une PME rentable qu'une grosse boite dans le rouge, endettée jusqu'au cou.
mercredi, mai 21, 2008
Allons nous manquer d'ingénieurs ?
Seulement voilà : le Japon manque d'ingénieurs, les USA en importent et la France connait une tension inusitée sur le marché des ingénieurs.
Continuons à enfourner des étudiants en psycho et en socio qui feront d'excellents chômeurs ou de bons sur-diplomés aigris.
Ce n'est pas grave, n'est-ce pas ? Le progrès, l'innovation, on s'en fout, disent les gens qui sont soit devant leur écran plat géant, soit pendus à leur portable, voire les deux à la fois. Et puis, les Chinois ont des ingénieurs, eux.
Décidément, nous souffrons de l'abandon de nos valeurs : où sont passés le goût de la nouveauté, l'attirance de l'inconnu, l'envie de maitriser les choses et de percer leurs secrets ?
La gauche française telle qu'en elle-même la défaite des partis frères la change
Naïf que vous êtes, vous vous dites qu'il s'agit d'un camouflet pour les idées de gauche.
Hé bien pas du tout, vous n'avez rien compris à la politique. Ecoutez les explications de nos socialistes, qui, eux, savent ce qu'est la politique.
Si les partis de gauche européens perdent les élections, c'est parce qu'ils sont trop à droite.
Quand la droite perd les élections, c'est parce qu'elle est à droite. Quand la gauche perd les élections, c'est aussi parce qu'elle est à droite.
Bref, la vraie gauche (c'est-à-dire française, les étrangers sont tous des traitres, sauf Chavez et Castro) ne perd jamais les élections !
Interdit de rire.mardi, mai 20, 2008
Les OGMs et les scientifiques
Je trouve déjà que le débat sur le réchauffisme ne vole pas bien haut, mais celui sur les OGMs, c'est le bouquet. Ca me rappelle les difficultés de M. Parmentier : quand il a essayé de promouvoir son célèbre tubercule, les paysans l'ont qualifié de «plante du diable».
Le vocabulaire a changé, pas l'attitude.
La position scientifiquement raisonnable vis-àvis des OGMs me semble pourtant tout à fait claire :
> il n'y a pas de danger générique des OGMs. Il faut étudier l'autorisation de cultiver au cas par cas.
> certains OGMs présentent des avantages, notamment écologiques.
> nous avons aujourd'hui une gamme d'OGMs cultivés depuis suffisamment longtemps pour conclure à l'absence de nocivité de ces types.
Je suis navré que les scientifiques aient déserté le débat, chassés par ce qu'il faut bien appeler l'obscurantisme.
Il est instructif d'observer le comportement des semenciers multinationaux, notamment américains. Ils semblent avoir renoncé à populariser les OGMs en Europe. Il y a à cela plusieurs raisons auxquelles feraient bien de réfléchir leurs adversaires :
> le jeu n'en vaut pas la chandelle : la surface d'OGMs cultivée dans le monde augmente tous les ans. L'Europe est un marché intéressant mais on peut s'en passer provisoirement.
> ils croient en leurs produits. Persuadés qu'il sont qu'un jour l'Europe sera forcée d'adopter les OGMs, dans la précipitation du fait de son retard volontaire, ils font le pari du lobbying auprès des instances dirigeantes en espérant contrôler les conditions hâtives de l'autorisation des OGMs mieux que lors d'une mise en place progressive.
> l'interdiction des OGMs en Europe a ce mérite insigne d'affaiblir les concurrents européens. Déjà la firme française Limagrain se pose des questions sur son avenir et investit pour délocaliser sa recherche hors d'Europe des sommes qui auraient eu meilleur usage en France (1).
En conclusion, je pense que les anti-OGMs sont les alliés objectifs (comme disait Karl), les idiots utiles (comme disait Vladimir), des semenciers américains.
Après tout, ça ne serait que justice : il faut bien payer le prix de sa bêtise.
Ajout du20/05 :
Les OGMs, querelle idéologique
Article du Monde qui reflète bien mon point de vue.
Il a déchainé l'ire des abonnés-commentateurs du Monde. Maintenant, je suis persuadé d'avoir identifié à coup sûr un effet nocif des OGMs : ils rendent idiots ! Hé hop, le prix Nobel pour Boizard.
(1) : j'attire votre attention sur ces phrases extraites d'un article du journal Le Monde sur Limagrain (c'est moi qui graisse) :
«Les difficultés de la recherche privée ne sont pas sans répercussions sur la recherche publique. "Quand il y a moins de partenaires privés, c'est toute la recherche qui souffre, note Alain Veil, conseiller au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). La France est en train de décrocher dans le domaine de l'innovation végétale."
Avec un risque supplémentaire : l'expertise française pourrait être prise en défaut quand il s'agira d'autoriser ou non les OGM américains qui s'impatientent aux frontières de l'Europe.»
lundi, mai 19, 2008
Meuh non, l'éducation nationale ne fait pas naufrage
A ceux qui trouveraient désuette cette préoccupation de l'orthographe, je peux répondre :
> le souci de l'orthographe a grandi à mesure que l'illettrisme reculait, ce n'est sans doute pas un hasard. Bien entendu, tout le monde écrirait-il comme un manche qu'on écrirait mieux dans les beaux quartiers. Encore une superbe victoire de l'école nationale, progressiste et sociale que de réserver l'orthographe correcte aux nantis.
> l'orthographe et la grammaire sont les premières formes apprises de pensée construite et rigoureuse, quelquefois les seules. J'ai tendance à estimer que qui écrit comme un pied pense comme un pied.
Les employeurs font le même raisonnement (et une palme de plus pour notre école nationale, progressiste et sociale qui aide les entreprises à bien choisir. Triple ban et vive l'égalité des chances !).
> écrire correctement, n'est-ce pas une politesse vis-à-vis du lecteur ? Il est vrai que la politesse, de nos jours ... Ce n'est pas une raison pour donner à l'impolitesse l'autorité de l'école.
Piqué sur le blog de JMA
Service minimum dans les écoles, baston maximum chez les socialistes 19/05
Par Jean-Michel Aphatie le 19 mai 2008, 10:07 - Lien permanent
Ce matin, Ségolène Royal, ancienne candidate à l’élection présidentielle, candidate à la fonction de premier secrétaire du parti socialiste, était l’invitée de RTL, à 7h50.
La première question a concerné l’accueil des enfants dans les écoles les jours de grève à l’éducation nationale. Peu de gens, semble-t-il, écoutent vraiment les réponses à ce genre de questions. Mais plusieurs dirigeants socialistes, par exemple Julien Dray, dimanche, au Grand Jury, ou bien Ségolène Royal, ce matin, au micro de RTL, se disent d’accord sur le principe. Oui, il faut trouver une solution pour les élèves. Oui, il faut éviter de pénaliser les parents.
Alors, comment faire ? Il ne faut pas « passer en force », comme souhaite le faire le président de la République, a expliqué Julien Dray, parce que proposer de faire une loi sur le sujet serait « passer en force ». Venant d’un parlementaire, l’expression est quand même étonnante. Il faut éviter qu’il y ait des grèves, a répondu en substance Ségolène Royal. Etrange approche de la vie sociale que ce souhait de la disparition de la grève, expression irréaliste d’un monde tellement parfait que le conflit disparaitrait. Les Soviets qui avait trop lu Marx y croyaient. On pouvait penser que depuis la pensée était désuète. Pas tout à fait, semble-t-il.
La seule faiblesse, pour faire court, de l’organisation d’un droit de garde des élèves tient à l’identité de celui qui s’en chargera. La commune, a indiqué le président de la République. La commune, a dit Ségolène Royal, qui déteste être d’accord avec Nicolas Sarkozy. Oui, mais quand la grève de la fonction publique est générale, qu’elle concerne la fonction publique nationale, donc les enseignants, et territoriale, c'est-à-dire le personnel communal, comment faire ? C’est ce qui s’est passé jeudi à saint Quentin, ville où Xavier Bertrand, ministre de la Santé, est premier adjoint. Pas de garde volontaire parce qu’il n’y avait pas de personnel.
La seule solution pour sortir de la difficulté, c’est la réquisition des personnels. Mais au gouvernement, on pousse des hauts cris. La réquisition ? Vous n’y pensez pas. Soit. Alors, oublions ce droit de garde des élèves, poudre aux yeux et communication. Que de temps perdus en faux débats.
François Hollande et quelques autres avaient rêvé d’un parti socialiste parfait. Les idées d’abord, ces fameuses idées que les socialistes traquent depuis tant d’années sans jamais parvenir à en saisir une seule par la queue. Durant sa campagne, Ségolène Royal avait eu deux idées : augmenter le SMIC et refaire des emplois jeunes. Deux vieilles idées. Là, il parait qu’il faut des idées neuves.
Au passage, on peut se marrer. La politique en France, c’est le concours Lépine de l’idée. La politique, en France, ce devrait être autre chose : une expertise sérieuse et réaliste des problèmes, des réponses réalistes et sérieuses, une anticipation des difficultés à venir, un fabuleux talent pédagogique pour faire partager tout cela. Trop simple, trop humble, pas assez français. Ce que nous cherchons nous, ce sont les idées, ou plutôt « l’Idée » qui mettrait à distance la mondialisation et éclairerait le chemin nouveau que personne ne voit et qui existe, c’est sûr, puisque nous en décidons ainsi.
Bref, le parti socialiste rêvé aurait dû se concentrer sur « les idées » et repousser à plus tard la question vulgaire de personnes, pouahhhh. En fait, ceux qui développent ces thèses organisent en sous main la répartition des postes. Hypocrisie de la politique, tellement prégnante chez nous que l’on s’étonne de voir autant d’intellectuels réfléchir aux causes du discrédit de l’action publique alors que tout est là, dans la seule hypocrisie des attitudes et des discours.
Vendredi, Ségolène Royal a rompu ce maléfice. Je suis candidate, a-t-elle dit. Elle l’a fait pour de mauvaises raisons : l’offensive encore un peu contournée, mais bien menée de Bertrand Delanoë, maire de Paris, prêt à franchir le pas, lui aussi, mais qui ne le dit pas encore. Au moins, le voile se déchire. Le monde pur des idées se mélangera donc un peu avec la souillure des ambitions. Que d’enfantillages dans ces postures !
Ce matin, au micro de RTL, Ségolène Royal qui ne dit du mal de personne, manquerait plus que ça, a méchamment taclé Bertrand Delanoë. A-t-elle lu le texte, un peu d’eau [froide] réchauffée, qu’a produit récemment le maire de Paris ? Oui, elle l’a lu, mais ce texte, précise-t-elle, Bertrand Delanoë l’a écrit avec Lionel Jospin, il faut le préciser, précise-t-elle. Nouvelle version d’une phrase célèbre, retournée pour le coup à l’envoyeur : « vieilli, usé et fatigué ». C’est méchant, ce sera peut-être efficace. Cela donne le ton de ce que sera le débat du parti socialiste dans les mois à venir.
Souhaitons qu’au milieu des vacheries, il y ait aussi ceci : des solutions pour équilibrer la sécurité sociale, d’autres pour préserver les régimes de retraites par répartition, formidable institution de solidarité [erreur d'analyse de JMA], une réflexion sur la compétitivité des entreprises françaises, des projets fédérateurs d’une Europe dont les Allemands pourraient bientôt avoir envie de se détacher, et aussi, pourquoi ne pas rêver, une analyse approfondie des travers et errements des acteurs de la politiques, si souvent cyniques et si rarement sincères.
samedi, mai 17, 2008
Obama ne sera pas le prochain président des Etats-Unis
Les sondages jouent leur rôle, mais c'est bien connu, on ne dit pas toujours aux sondages ce qu'on pense.
Cependant, quand on regarde, malgré un talent indéniable, Obama est affreusement inexpérimenté, il arrive à la fin de son premier mandat de sénateur. Nous serions en France, il ne serait même pas en course pour la candidature.
De plus, je vois mal, dans le contexte actuel, une majorité d'Américains voter pour quelqu'un avec un père musulman.
Maintenant, je peux me tromper.
Le pays du déni
Il est frappant, quand on lit les journaux étrangers, de constater à quel point le débat public français se déroule dans un cadre fantasmagorique n'ayant qu'un rapport lointain avec la réalité. Quelques exemples :
> la croissance : le gouvernement se félicite d'une croissance moins pire que prévue, alors que, prise sur vingt ans, ou même sur dix, la croissance française est à la traine d'une Europe elle-même à la traine de l'économie mondialisée.
> le service public : on nous bassine avec «service public à la française», mais on oublie que son inefficacité (on estime à 40 000 le nombre de salariés de la SNCF employés sur des lignes à moins de deux trains par jour) est une des principales causes du chômage de longue durée.
C'est pourtant assez facile à comprendre : si les dépenses publiques, qui représentent la moitié du PIB sont peu productives, le privé est obligé d'être excessivement productif pour maintenir le niveau de vie global et donc d'éliminer les «maillons faibles». C'est ainsi que les traits attribués au «libéralisme sauvage» résultent en fait de l'étatisme. Je suis frappé de voir aux USA des gens qui travaillent, vieux, noirs, femmes, peu qualifiés, qui seraient au chômage en France.
> les éoliennes. Chaque fois que je vole en avion, je vois de nouvelles éoliennes. C'est une hérésie. Non seulement, les éoliennes sont affreusement laides et économiquement absurdes, elles sont subventionnées aux trois quarts, mais elles sont aussi écologiquement idiotes : on estime que les éoliennes coûtent plus d'énergie à fabriquer et à entretenir qu'elles n'en produiront jamais.
> les OGMs : jamais n'intervient dans le débat français LE fait majeur concernant les OGMs, à savoir qu'il y a une centaine de millions d'ha d'OGMs cultivés dans le monde et un recul d'environ vingt ans. Nous avons donc des faits, des chiffres, des statistiques, des études. Or, je n'en entends pratiquement jamais parler.
Un méchant commentateur a dit que le débat sur les OGMs rappelait le débat sur la vaccination au XIXème siècle. Je suis moi aussi frappé par la nullité persistante du débat (j'entendais le restaurateur Marc Veyrat avoir peur que ses plantes de montagnes soient contaminées par du blé OGM. C'est aussi crédible que de voir s'accoupler un singe et une carpe.)
Ce ne sont que quelques exemples qui me viennent à l'esprit. Mais, en écoutant la radio, je me dis bien trop souvent : «Mais c'est complètement irréel !»
jeudi, mai 15, 2008
Reichman TV
C'est là qu'on se félicite d'avoir internet.
Reichman TV
L'humour à la française
C'est le même humour que d'appeler «journée d'action» une journée où l'on n'en branle pas une, ou alors on s'amuse en lançant des pavés sur les CRS ou autres jeux pour adultes.
Nous avons aussi les fameux «bénéfices de la SNCF» qui, rappelons le, reçoit 10 Md € de subventions pour un total de 22 Md € de chiffre d'affaire.
Ca me fait toujours rire.
Bien sûr, c'est scandaleux : se plaignent les hyper-privilégiés d'un système inique qui vivent de l'argent volé aux contribuables grâce à la force de coercition de l'Etat.
Et pourtant -inconscience de ma part ?- tant d'imbécilité auto-satisfaite provoque toujours chez moi une grande hilarité.
mercredi, mai 14, 2008
Quand l'irrationalité gouverne : les OGMs et le réchauffisme
C'est à demi-mot ce que consentent à avouer, voire à revendiquer, bien des écologistes militants.
Mais cela m'étonnerait que ce soit le cas de la majorité des Français.
Ils le manifestent par leur comportement : revenir à la nature, à la simplicité et tout le tintouin, c'est sympa pour certains quinze jours en vacances mais, dans leur vie habituelle, ils profitent à fond des produits sophistiqués de la société industrielle.
Il y a là une divergence entre les comportements et les opinions exprimées intéressante et qui devrait tracasser nos hommes politiques.
Les Français disent vouloir plus de lois écologiques contraignantes, mais ne seraient-ils pas malheureux si l'on faisait vraiment ce qu'ils déclarent désirer ?
On touche là une des limites de la démocratie d'opinion.
Jusqu'à maintenant, nos politiciens ont, avec une sagesse certaine, fait la sourde oreille et ont trainé les pieds.
Mais, hélas, nous pourrions arriver à un point critique :
> des démagogues de droite sans scrupules (NKM, Borloo et compagnie) ont compris qu'il y avait dans l'écologisme un filon électoral à exploiter. Or, la droite était jusqu'à maintenant le principal obstacle aux délires écologistes.
> de concessions en concessions, de quotas de CO2 en subventions aux éoliennes, d'interdiction des OGMs en obligation des transports en commun les écolos vont atteindre cette masse qui va leur permettre de changer nos vies.
(1) : c'est d'ailleurs la philosophie qui sous-tend le principe dit de précaution, c'est pourquoi il est fondamentalement néfaste et témoigne du rejet de ce qui a fait notre prospérité : le goût de la nouveauté, l'attirance pour l'inconnu.
Guy Sorman définit l'Occident (dont fait partie le Japon, comme quoi ce n'est pas une notion géographique) par trois caractéristiques qu'on ne retrouve nulle part ailleurs : le goût de l'innovation, la capacité à l'autocritique et l'égalité hommes-femmes.
On constate que le monde arabe, aux antipodes de l'Occident sur ses trois points, est arriéré.
En reniant le goût de l'innovation qui est notre spécificité, nous revenons sur cinq siècles d'histoire des sciences.
Bien sûr, on me dira : «Ce n'est pas si dramatique. Le "principe de précaution" est suffisamment flou pour que l'innovation n'en meure pas.» J'aimerais partager cet optimisme. Mais ce principe est désormais inscrit dans la constitution, ce qui n'est pas rien, et il y aura toujours de activistes pour s'en réclamer.
La fuite hors de France de la recherche en biotech n'a rien de réjouissant.
Deux motifs d'espoir :
> bientôt, les citoyens pourront arguer de l'insconstitutionnalité d'un texte. le principe de précaution sera donc invoqué, et je ne doute pas qu'on en découvrira à cette occasion l'absurdité. Mais, avant que d'en arriver à cette prise de conscience, que de temps perdu, que de larmes et de sang aussi (car les OGMs sont aussi une source potentielle de médicaments).
> la France, fidèle à son penchant des dernières décennies, est à l'avant-garde de la frilosité et du repli sur soi. Heureusement, les autres pays ne nous ont pas suivis, ils ne nous accompagneront pas dans l'obscurantisme. Il y a bien un moment où nous nous comparerons et nous dirons qu'il y a quelque chose qui cloche.
mardi, mai 13, 2008
Pot-pourri : en lisant la NRH, la victoire d'Hitler et la défaite de Casanova, le cabriolet Pontiac 1939
Cependant, ça change du brouet politiquement correct qu'on nous sert dans la presse.
Ce sont des gens avec qui j'aurais plaisir à débattre car il n'y a pas chez eux ce complexe de supériorité morale qui vide généralement de tout intérêt le débat avec des gauchistes (relire De l'art de conférer : «Il est impossible de traitter de bonne foy avec un sot. Mon jugement ne se corrompt pas seulement à la main d'un maistre si impetueux : mais aussi ma conscience»).
Suite au message précédent, renvoyant à un texte de Jacques Ellul affirmant que le développement des Etats actuels était une victoire politique d'Hitler, je me dis que c'est aussi une défaite de Casanova : les mémoires de Casanova, écrits en Français, sont un grand plaisir à lire. Ils témoignent d'une liberté (avec ses risques) aujourd'hui difficilement concevable.
La question angoissait Saint-Exupéry : nous sommes enchainés et nous n'en souffrons pas. Certains réclament même encore plus de chaines.
On ne m'ôtera pas de l'idée que la culture classique est une excellente préparation à la liberté.
C'est pourquoi les gauchistes qui dirigent de fait l'école publique sont parfaitement cohérents en faisant en sorte que les élèves ne sachent plus lire : ça empêche les mauvaises lectures et facilite l'endoctrinement et l'embrigadement.
Un ami nous a emmené faire un tour dans une Pontiac cabriolet de 1939. Comme il faisait grand soleil, c'était on ne peut plus plaisant.
lundi, mai 12, 2008
Hitler a gagné
Le propos de Jacques Ellul dans l'article en lien consiste à dire que le développement, excessif, intrusif, envahissant des Etats modernes, dont un des meilleurs exemples actuels est l'Etat français, constitue une victoire politique d'Hitler.
Il rejoint là la thèse de Hayek dans La route de la servitude.
On notera avec intérêt que tout ceci a été publié avant la fin de la guerre. De même, Bastiat et Tocqueville avaient prédit dès le XIXème siècle les effets néfastes de l'Etat-moloch.
Comme quoi avec des bases intellectuelles solides, on peut prédire l'avenir.
Enfin, il n'est pas sans intérêt de signaler qu'Ellul n'est pas tant un libéral qu'un chrétien.
Par rapport au message assez sombre d'Ellul en 1945, on peut être plus positif : ce que la politique a fait, la politique l'a en partie défait ... sauf en France.
jeudi, mai 08, 2008
Nicolas Sarkozy n'est pas motivé par le pouvoir d'achat
Et les commentateurs de déclarer que le pouvoir d'achat ne se décrète pas et le gouvernement de baisser les bras.
En réalité, la France est dans une situation telle qu'une augmentation du pouvoir d'achat peut y être décrétée par le gouvernement, et pas dans des proportions anodines, mais de 20 à 30 %, une paille !
Il suffirait pour cela de deux actions :
> baisser massivement les dépenses obligatoires grâce à une diminution des dépenses publiques
> rendre aux salariés l'usage des 30 % de prélèvements sociaux sur leurs salaires. Le simple fait de disposer librement de ces sommes pour choisir ses dépenses d'assurances sociales augmenterait le pouvoir d'achat en permettant une bien plus grande efficacité de ces dépenses.
Comme quoi, si il le voulait vraiment, Nicolas Sarkozy serait le président du pouvoir d'achat.
Mais il ne le veut pas à fond, pas au point de briser les tabous, il le désire comme on désire gagner au Loto.
Clipped wings : the rise and fall of the Women Airforce Service Pilots of the World War II (Molly Merriman)
Le service WASPs (Women Airforce Service Pilots) fut la seule unité d'auxiliaires féminines des armées américaines à ne pas recevoir un statut militaire, avec les avantages attenants, notamment en cas de décès.
De plus, elle fut dissoute avant la fin de la guerre, suite à une campagne de presse assez infâme, motivée en sous-main par des pilotes auxiliaires mâles qui avaient peur d'être envoyés à la guerre si ils étaient remplacés par des femmes.
Le statut militaire ne fut accordé rétroactivement aux WASPs qu'en 1977.
On comprend sans mal à quel point les représentations de l'époque ont joué pour que les accusations d'incompétence, et donc de gaspillage, portées contre les WASPs aient pris aussi facilement.
C'est d'autant plus révélateur que, depuis Amelia Earhart et ses copines, on avait toutes les raisons de savoir qu'une femme est un pilote comme les autres.
mercredi, mai 07, 2008
Bon, alors, où elle est, cette nouvelle crise de 29 ?
Tout cela, évidemment, de la faute de ces grands enfants d'Américains, jouisseurs, imprévoyants, endettés ; bref, tout le contraire des Français, sages, prévoyants, économes, comme chacun sait.
A ce fatras digne de Nostradamus, je préfère la réaction d'un économiste, visiblement expérimenté, voire chenu et peut-être désabusé : «Bah, depuis quarante ans que je suis l'économie, j'ai pu constater que, tous les ans, les USA s'écroulent l'année prochaine.»