L'avion est un outil pour apprendre à se connaître et pour s'améliorer.
C'est une école de rigueur : un atterrissage un peu trop rapide, approximatif, mal centré, un vent retors, un sol glissant, et c'est la sortie de piste.
C'est une école de responsabilité : la décision du pilote doit minimiser les risques. Trop d'accidents, panne d'essence, collision avec le relief par mauvais temps, se sont produits parce que le pilote n'a pas su dire non à un passager qui voulait tant y aller quand même.
C'est une école de liberté : le pilote est commandant de bord. A mes débuts, j'avais un instructeur qui me reprenait lors des collationnements des ordres du contrôle : "Ne dis pas : 'On s'aligne et on décolle' mais 'JE m'aligne et JE décolle'"
Liberté : je n'emploie pas ce mot à la légère, pour me gargariser. Je sais qu'il est lourd d'histoire et de sang.
Nous sommes dans un monde où l'individu a de plus en plus de droits à condition d'avoir de moins en moins de personnalité. Le conformisme a remplacé la contrainte et la norme. Pour rependre un mot de Saint-Exupéry, un pilote aussi, on nous a coupé les bras et les jambes puis on nous a laissé libres de courir.
Le même raisonnement s'applique pour la corrida ou la chasse : activités que je n'apprécie pas pour ma part, mais pourquoi les restreindrait-on au-delà de ce qui est nécessaire à la protection de la nature ?
L'aviation légère est aujourd'hui très contestée par des riverains qui se plaignent des nuisances et des maires qui rêvent d'opérations immobilières sur les terrains.
Mais les riverains sont très souvent malhonnêtes : un terrain comme Toussus le Noble date de 1919, les lotissements qui l'entourent datent au plus tôt de la fin des années 70. N'y at-il pas une certaine mauvaise foi à se plaindre de nuisances qu'ils connaissaient parfaitement en s'installant et qui, à dire la vérité, ne sont pas si terribles ?
J'ai fait l'effort un samedi de beau temps, aux heures où les avions partent, de parcourir les quelques lotissements qui entourent Toussus. Franchement, il y a un désagrément, mais il n'est pas insurmontable avec quelques arrangements. Il est possible avec des riverains et des pilotes raisonnables de trouver des accords satisfaisants.
Mais, j'ai bien peur que ce qui gêne, au fond, beaucoup de ceux qui réclament la fermeture des terrains, ça soit la liberté des autres. Pour ma part, je vole souvent en semaine. Je serais curieux de connaître combien de gens je peux bien déranger.
Il n'y a pas que les riverains, il y a aussi l'administration de l'aviation civile qui semble mourir de trouille à l'idée que quelque chose puisse échapper à son contrôle. Le renforcement des règlements donne plus une impression de fébrilité que de maîtrise de la situation. Par exemple, les ZIT définitives (ZIT = Zones d'Interdiction Temporaires, mais le Temporaires est juste un trait d'humour administratif) de 5 km autour des centrales nucléaires sont juste une gesticulation médiatique : d'une part, un avion parcourt 5 km en moins de 2 minutes, d'autre part, un avion de tourisme est absolument incapable de faire un dégât sérieux à une centrale.
Le suicide par collision d'un immeuble de bureaux par un pilote aux commandes d'un Cessna 172 a suffi à permettre d'évaluer le peu d'effets de l'impact.
Enfin, un semi-remorque bourré d'explosifs ferait bien plus de dégâts et je n'ai pas entendu que les semi-remorques fussent interdits à moins de cinq kilomètres d'une centrale nucléaire.
On va me dire : "Ah ! La belle affaire , La grande nouveauté ! La liberté entravée par les jaloux et les puissants, du jamais vu ! Du sensationnel !"
Certes, mais ce qui n'est pas nouveau non plus c'est que la liberté, libérté chérie, exerce de puissants charmes sur ses adorateurs. Aviation générale pas morte !
Photo
lundi, décembre 13, 2004
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire