Résumé de l'article :
Le Pentagone aurait créé une agence de renseignement secrète qui mène des opérations clandestines à l'étranger, sous le contrôle direct du ministre de la défense américain, Donald Rumsfeld, écrivait le Washington Post dans son édition du dimanche 23 janvier.
Cette unité, appelée Unité de soutien stratégique (Strategic Support Branch), opérerait déjà depuis deux ans notamment en Irak et en Afghanistan, selon le Post, qui cite des documents et des entretiens avec des membres de cette unité, sous le couvert de l'anonymat.
Cette organisation secrète doit également fournir des informations sur le côté "humain" du renseignement, comme les interrogatoires de prisonniers et le recrutement d'espions étrangers.
Parmi ces agents peuvent figurer des personnalités tristement célèbres dont l'association officielle avec le gouvernement américain serait embarrassante, toujours selon les documents cités par le Post.
S'appuyant sur des documents du Pentagone et des entretiens avec des officiels, le journal affirme que M. Rumsfeld a créé cette structure pour en finir avec sa "dépendance quasi totale" à l'égard de la CIA en matière de "renseignement humain" (par opposition au renseignement technologique basé sur les observations satellite ou les écoutes).
Le général William Boykin [connu pour son intégrisme et ses propos anti-musulmans], sous-secrétaire adjoint chargé du renseignement, a admis que M. Rumsfeld souhaitait assumer le commandement de certaines missions jusque-là conduites par la CIA, poursuit le Washington Post, dont les informations recoupent partiellement l'article publié la semaine passée dans le New Yorker et qui affirme lui aussi que "la CIA continuera d'être rétrogradée" et que "Rumsfeld deviendra encore plus important durant le second mandat" de George W. Bush.
"La guerre contre le terrorisme serait étendue et placée en réalité sous le contrôle du Pentagone", ajoutait Seymour Hersh dans le New Yorker.
Cette division secrète serait financée par un redéploiement interne du budget du Pentagone, échappant de fait à un contrôle parlementaire, et sa création n'a pas été explicitement approuvée par le Congrès, poursuit le Post.
Cette création donne à M. Rumsfeld un pouvoir que n'avait pas ses prédécesseurs sur les activités de renseignement, alors même que le Congrès cherche à regrouper toutes les agences travaillant dans ce domaine sous l'autorité d'un chef unique.
M. Rumsfeld est très opposé à cette idée, et a largement contribué à retarder la réforme des services de renseignement entreprise par le Congrès.
Cité dans le Post, Thomas O'Connell, secrétaire assistant à la défense chargé des opérations spéciales, déclare que Donald Rumsfeld s'est débarrassé du "mode de pensée obtus" et des "mentalités timorées" d'anciens responsables du Pentagone.
Analyse :
On ne peut exagérer l'importance de cette nouvelle.
Elle montre à quel point Washington est aujourd'hui dirigé par des idéléogues (idéologie : quand la réalité et le discours se contredisent, tout mettre en oeuvre pour nier la réalité). Cette attitude est grosse de décisions désastreuses.
De plus, c'est un contournement (un de plus) par le Pentagone de l'idéal américain de contrôle démocratique des institutions.
Norman Mailer a écrit peu après le 11 septembre 2001 pour dire qu'il trouvait que le gouverment Bush avait des initiatives fascisantes. On voit bien dans la phrase sur les "timorés" le culte de la force et de l'action pour l'action.
C'est outrancier d'aller plus loin que de parler de tendances ; mais il est vrai que l'idéal démocratique, pourtant mis en avant vers l'extérieur, ne semble pas au coeur des pensées de l'équipe Bush.
Lien :Des espions sous controle du Pentagone
lundi, janvier 24, 2005
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