Où l'on reparle de la féminisation du langage.
Un aimable lecteur me signale le site suivant :
Egalité des sexes et développement
La dame tenant ce site (je n'ai pas dit la maquerelle) ne cache pas ses intentions : éradiquer à travers la révolution du langage l'oppression que subissent les femmes depuis des siècles. Elle n'envisage donc nullement de masculiniser certaines formes féminines exprimant le neutre (une sentinelle, une vigie, une personne, une victime, etc.)
Ce qu'elle veut, c'est une réforme langagière de combat (évidemment, le bon combat est féministe ; il ne s'agit pas du combat de Jacqueline de Romilly -tiens une femme- pour que le Français ne perde pas ses racines classiques).
Si il faut que cette réforme soit imposée, donc par la force, ce n'est pas grave puisque c'est pour le bien de l'humanité, notamment de sa partie féminine, victime forcément victime, du mâle libidineux et dominateur, voire poilu.
Allez voir ce site : comme beaucoup des propos des chatreuses féministes, des éradicatrices d'inégalités, des paritaristes fanatisées, c'est soit à s'en péter la rate de rire, soit à s'effondrer en pleurs, suivant l'humeur du moment.
Pour ma part, j'ai choisi d'en rire et j'ai quelques raisons pour cela : le langage ne se laisse point mener par le bout du nez et les essais de réforme du langage par décret comptent plus d'échecs que de réussites.
De plus, toute cette bien-pensance en action, armée en guerre, prête à l'assaut contre les phallus de toutes sortes, est assez fade et l'on revient vite aux classiques, qui ne se posaient pas tant de questions et qui versent délicieusement, en toute bonne conscience, dans le machisme honni.
La notion même suivant laquelle les femmes seraient les victimes millénaires d'un hypothétique patriarcat est hautement comique.
Il me semble, jusqu'à preuve du contraire et en attendant les avancées fabuleuses de la science, qu'il faut la conjonction d'un homme et d'une femme pour obtenir un enfant. Je ne vous fais pas un dessin, bien que certains couples homosexuels en mal d'enfant en auraient sans doute besoin.
Il est donc hautement douteux que, si oppression de l'homme sur la femme il y avait eu, l'espèce humaine serait arrivée jusqu'à nous.
Des centaines d'oeuvres théatrales et littéraires sont là pour nous montrer que dans les sociétés dites patriarcales, les femmes savent très bien y faire.
Revenons à nos matonnes du langage. La féminisation des noms de fonction participe d'une entreprise terroriste (au sens où celui qui s'y oppose est menacé d'insultes graves : misogyne, phallocrate, réactionnaire, etc ...) plus globale de brouillage des identités, sexuelles ou autres, tout en surdéterminant les individus.
On mélange les genres, on brouille vie privée vie publique, sentiments et raisonnements.
Confondre genre et sexe accentue cette confusion.
Le sexe du ministre ne dit rien sur sa compétence. Je me fous de savoir que LE ministre est une femme. Par contre, ceux qui disent LA ministre considèrent que le fait d'être une femme influe sur son exercice du ministère, si ce n'est pas du sexisme ...
Ce double mouvement (brouillage des identités, surdéterminisme) n'est contradictoire qu'en apparence, la cohérence est donnée par la lutte contre l'individualisme et par la promotion du panurgisme.
L'individu est par excellence quelqu'un qui, grâce à une identité claire, a une volonté, donc qui n'est jamais complètement déterminé (par son sexe, son origine, etc ...). Parce que je sais qui je suis, je sais d'où je viens et ce que je veux.
Si je n'ai pas une identité affirmée et surtout assumée, je suis (du verbe suivre) le groupe, je suis la foule.
Il n'est donc pas étonnant que la pression pour la féminisation des noms de fonction, entreprise confusioniste, vienne de la gauche, où l'on privilégie le groupe, sous ses divers noms (le peuple, les masses, les classes, le genre, la société) sur les individus.
Arrêtons là ces bêtises : il y a bien des femmes opprimées. Cependant, ce n'est pas par le Mâle en général, principe de tout Mal, mais par tel ou tel homme, par telle ou telle coutume, par telle ou telle misère.
La destruction très orwellienne de la langue traditionnelle par une féminisation de combat est donc inutile, car elle combat abstraitement ce qui est de l'ordre du concret, et néfaste, car le peu qui sera détruit ne pourra être reconstruit.
Déjà, l'ignoble "auteure" envahit les journaux de bien-pensance.
mercredi, juin 21, 2006
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