samedi, juillet 29, 2006
Les Français et leurs animaux (JP Digard)
FFF
Livre très intéressant mais pas du tout "animalitairement" (1) correct.
Les thèses de l'auteur, fort bien étayées, peuvent se résumer ainsi :
1) Jamais la séparation animaux de rente (élevage) / animaux familiers n'a été si forte. On peut penser qu'on sur-investit les uns jusqu'au ridicule pour mieux oublier les traitements infligés aux autres.
2) Les animaux nous sont d'autant plus familiers qu'ils n'ont pas d'autre utilité que celle de nous être dévoués. Exemple : le chat est devenu un animal familier, a été autorisé à pénétrer dans les maisons, que du jour où il n'était plus nécessaire pour chasser les rats.
3) La connaissance des animaux diminuent. Exemple : les accidents de travail chez les paysans élevant des bovins augmentent.
4) La conséquence directe du 3) est que nous ne nous représentons plus les animaux comme des animaux.
Soit ils sont ignorés et considérés comme une source de matière (cuir, viande, etc ...), c'est une barbarie, un ensauvagement ; soit ils sont traités comme des hommes ("Mon petit chéri aime le foie gras", ça parle d'un petit garçon ou d'un chat ?).
Digard est sans ambiguité sur ce point : traiter les animaux comme des hommes est une forme de maltraitance, certes plus douce que les traitements brutaux et négligents. Pour lui, pas de chien dans le lit ou sur le canapé, ce n'est pas sa place. Digard cite des chiens qui ressemblent à des bébés (même poids, peau lisse, grands yeux).
Exemple de maltraitance par anthropomorphisme : le chiot dalmatien traité comme une gentille peluche. Sauf qu'un dalmatien adulte, ça a besoin de courir plusieurs kilomètres par jour et que ça dévore le canapé quand ça s'ennuie ; d'où de nombreux abandons.
Autre exemple mi-risible mi-navrant : les fauves du zoo de Vincennes ont été retirés sous la pression du public qui considérait leur condition comme barbare. Maintenant ils dépriment par ennui, mais loin des yeux du public.
5) Logiquement, suite à cette confusion, l'homme en vient à ignorer sa position vis-à-vis des animaux au point de leur donner des droits, alors que, êtres sensibles mais non pensants, les animaux ne peuvent avoir ni droits ni devoirs. Exemple extrême mais authentique de cette déformation : certains considèrent qu'il faudrait empêcher les lions de manger les gazelles au nom du droit à la vie des gazelles. Problème : et le droit des lions de ne pas mourir de faim ?
Par contre, l'homme néglige certains de ses devoirs élémentaires, comme celui de réguler les populations animales.
6) L'homme, par sa seule présence, modèle la nature. Ceux qui luttent pour une nature "vierge" ou "sauvage" sont condamnés à échouer, sauf à éradiquer l'homme. Exemple : les ours en Espagne : de manière à empêcher les activités agricoles d'empiéter sur le territoire des ours, on en a fait des plantigrades une source de revenus touristiques. Seulement, les touristes font fuir les ours. Faut-il supprimer agriculteurs et touristes pour que les ours vivent en paix ?
7) On peut facilement rattacher la passion animalitaire, les animaux comme substituts affectifs, à la violence symbolique ou réelle d'une société. Cela devrait nous interroger que la France soit le pays d'Europe où il y a le plus d'animaux familiers.
C'est brutal à dire, mais quelqu'un qui aime trop les animaux ou les enfants révèle souvent une incapacité à aimer les hommes dans leur diversité et dans leur complexité. L'amour des animaux d'Hitler et le fait que la législation nazie était la plus favorable aux animaux devraient nous interpeller.
En conclusion : Digard nous appelle à traiter les animaux comme des animaux et les hommes comme des hommes alors que nous sommes embarqués dans le schéma inverse.
(1) : "animalitaire" se rattache au militantisme
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Exemple interressant et très actuel : il a fait ces dernières semaines plus de 50° dans les rames du métro londonien !
RépondreSupprimerla vétusté des installations et la densité du trafic y jouent pour beaucoup !
il n'empêche ! Ces mêmes anglais interdisent le trnasport des betiaux par plus de 27° d'après un ami bien renseigné...
Protéger des animaux de conditions inhumaines est une belle idée, encore faut-il la relativiser !
Le clivage observé par Digard entre animaux dits "de rente" et animaux familiers est un phénomène qui mérite l'attention. Malheureusement l'auteur semble plus sensible aux dérives (innocentes) de l'anthropomorphisme gnan-gnan qu'au sort fait aux bêtes dans les élevages concentrationnaires. Quant à dire que les animaux sont des êtres "sensibles" mais non "pensants", c'est aller vite en besogne (puisque ce blog s'ouvre sur une citation de Montaigne, vous feriez bien d'aller lire ceux des essais qui reconnaissent une forme de pensée à l'animal). La reconnaissance de droits (et a fortiori de devoirs) n'est de toute façon pas conditionnée par la philosophie morale à l'exercice de la raison (cf. Bentham : "L'important n'est pas de savoir : "peuvent-ils penser ?" mais "peuvent-ils souffrir".
RépondreSupprimerLes positions de Digard (qui sont tout de même plus nuancées que le résumé) sont beaucoup moins intéressantes (sauf sur le plan de l'enquête sociologique qui est son point fort) et argumentées que celles de Georges Chapouthier (biologiste et philosophe des sciences), Elisabeth de Fonthenay ("Le silence des bêtes") ou Florence Burgat ("Liberté et inquiétude de la vie animale", Kime, ou "L'animal dans les pratiques de consommation", PUF), pour ne citer que des auteurs aux positions assez diverses.
Quant au sophisme de forme : X est un monstre (ou un inadapté), or X aime les animaux donc ceux qui aiment les animaux sont des monstres (ou des inadaptés), je ne pensais qu'on osât encore y recourir.
Le clivage observé par Digard entre animaux dits "de rente" et animaux familiers est un phénomène qui mérite l'attention. Malheureusement l'auteur semble plus sensible aux dérives (innocentes) de l'anthropomorphisme gnan-gnan qu'au sort fait aux bêtes dans les élevages concentrationnaires. Quant à dire que les animaux sont des êtres "sensibles" mais non "pensants", c'est aller vite en besogne (puisque ce blog s'ouvre sur une citation de Montaigne, vous feriez bien d'aller lire ceux des essais qui reconnaissent une forme de pensée à l'animal). La reconnaissance de droits (et a fortiori de devoirs) n'est de toute façon pas conditionnée par la philosophie morale à l'exercice de la raison (cf. Bentham : "L'important n'est pas de savoir : "peuvent-ils penser ?" mais "peuvent-ils souffrir").
RépondreSupprimerLes positions de Digard (qui sont tout de même plus nuancées que le résumé) sont beaucoup moins intéressantes (sauf sur le plan de l'enquête sociologique qui est son point fort) et argumentées que celles de Georges Chapouthier (biologiste et philosophe des sciences), Elisabeth de Fonthenay ("Le silence des bêtes") ou Florence Burgat ("Liberté et inquiétude de la vie animale", Kime, ou "L'animal dans les pratiques de consommation", PUF), pour ne citer que des auteurs aux positions assez diverses.
Quant au sophisme de forme : X est un monstre (ou un inadapté), or X aime les animaux donc ceux qui aiment les animaux sont des monstres (ou des inadaptés), je ne croyais pas qu'on osait encore y recourir.
"Les positions de Digard (qui sont tout de même plus nuancées que le résumé)" : c'est tout le problème du résumé.
RépondreSupprimer"Quant au sophisme de forme : X est un monstre (ou un inadapté), or X aime les animaux donc ceux qui aiment les animaux sont des monstres (ou des inadaptés), je ne pensais qu'on osât encore y recourir." : j'ai quand même remarqué que beaucoup des amis des bêtes (pas tous, bien évidemment) étaient aussi d'une manière plus ou moins affirmée des ennemis des hommes.
Digard oeuvre pour la sainte science et la production à, tout prix, à une époque le fait d'abolir l 'esclavage était concidéré comme un coup porté à l'économie. Les animaux en on rien à foutre des humains ils veulent simplement vivre et qu on les laisse vivre, l 'animale de compagnie est une abération mentale si vous vous emmerdez dans la vie allez promener la grand mère du coin jouer aux cartes avec les anciens, et faite du vélo plutot que de l'équitation quand à la faune sauvage certains lieux doivent etre clots et interdit à l'homme, pour le reste mangez des pates et des tomates il est abérent de voir des gens mourire de faim alors que nous nourrisson 50 milions d'animaux domestiques la vérité est qu il faut tout changer et que les scientistes sont morts de trouille à l'idée de perdre leurs belles certitudes....
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