mercredi, août 09, 2006

En écoutant l'horoscope

Ce matin, je suis tombé à la radio sur un horoscope.

Je me suis dit que l'homme était merveilleux et inquiétant : merveilleux que des adultes puissent encore croire à des fadaises datant des Pharaons ; inquiétant de tant de crédulité.

Bien sûr, il est probable que la position de Neptune a moins d'influence sur mon destin que la couleur de la voiture garée devant mon bureau, et pourtant, personne ne s'est encore avisé de me prédire mon destin à partir de la couleur de la voiture stationnée devant mon nez.

Aujourd'hui, je suis sous le signe de la Clio grise, c'est grave, docteur ?

Un test assez marrant fut fait : on demanda à des élèves d'écrire leur date de naissance puis on leur présenta leur thème astral. 80 % répondirent que cela correspondait à leur personnalité.

On recommença avec une autre classe, mais, cette fois, sans leur demander d'écrire leur date de naissance, en leur expliquant qu'on partait des documents administratifs. Le résultat fut moins bon.

La blague est que, dans les deux cas, on distribua exactement le même thème astral à tous les élèves ! La différence entre les deux tests montre la part d'auto-suggestion, le simple fait d'écrire soi-même sa date de naissance étant plus suggestif.

Les enquêtes révèlent que les moins crédules aux horoscopes sont ceux qui ont fait des études scientifiques, on s'en serait douté ; mais aussi que les femmes sont nettement plus crédules que les hommes (y compris dans la population de ceux qui ont fait des études scientifiques).

Quelqu'un a une explication ? Et, s'il vous plaît, pas de "c'est normal : les femmes sont plus bêtes que les hommes", ça pourrait me valoir pour un procès pour discrimination.

Si je ne crois pas un mot de ce qu'ils racontent, j'admire les astrologues, au moins les meilleurs : ils ont une profonde et subtile connaissance de la nature humaine, comme les escrocs et les curés. Vous remarquerez d'ailleurs que ces trois professions, astrologues, escrocs, prêtres, ont souvent des affinités.

Enfin à titre anecdotique, entre la bourse de commerce et l'église St Eustache, à Paris, il y a une tour incongrue : elle a été construite sur ordre de Catherine de Médicis, à l'usage de son astrologue, dont elle faisant grand usage politique, de même que des filles de vertu modérée et, paraît-il, des poisons.

Au fait, pour ceux qui croient aux horoscopes, je m'en vais casser leur jouet : les constellations ont glissé depuis le Moyen-Age : les dates délimitant les signes astrologiques ne correspondent plus à la position des constellations !

3 commentaires:

  1. Lire certains chapitres de H. Broch et G. Charpak, grands amis de Gérard Majax et Jacques Poustis, magiciens professionnels et pourfendeurs d'Elizabeth Tessier et autres farfelus.

    Très drôle également : "l'analyse technique", ou comment prédire les variations d'une action non pas grâce au travail accompli dans la société correspondante et à ses résultats, mais grâce à la forme du graphique présentant les valeurs passées de ladite action.
    Analyse par ailleurs enseignée dans toutes les grandes écoles de commerce ("si vous n'augmentez pas vos résultats vous finirez à l'ANPE ou à HEC !"), où le taux de pénétration des horoscopes est maximal, juste après celui des facultés de sciences humaines.

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  2. > l'analyse technique repose sur une hypothèse séduisante : les opérateurs de marché agissent suivant des schémas répétitifs indépdemment des raisons qu'ils se donnent. Statistiquement ça peut tenir la route.

    > c'est un exemple de prédiction auto-réalisatrice : il suffit que tout le monde y croit pour que ça marche

    > n'étant pas un spécialiste, je ne sais pas si les prédictions faites sont assez précises pour pouvoir être invalidées. Si ça se trouve, c'est comme l'astrologie, tellement vague que ça n'est jamais ni vraiment faux ni vraiment vrai.

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  3. C'est à croire que certains oublient que l'économie est une science humaine, et que malgré toutes équations qu'on pourra pondre, l'économie demeure fondée sur la confiance !
    Quoi de plus variable ?

    Rappelez-vous, l'économie est la seule science où il vaut mieux avoir tort avec tout le monde que raison tout seul !

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