mardi, avril 20, 2010

The new Vichy syndrome : why European intellectuals surrender to barbarism (T. Dalrymple)

Comme d'habitude, Dalrymple est stimulant. Il raisonne et s'exprime très clairement. Voici un résumé, qui ne doit pas vous décourager de lire ce livre.

L'Europe subit une invasion migratoire, du fait d'un effondrement de la natalité inconnu dans l'histoire (à part chez les Amérindiens à l'arrivée des Espagnols) et d'une immigration massive, de culture et religion très différentes.

Cependant, il ne faut s'exagérer le danger de cette substitution de population : Dalrymple prend exemple de la manière dont les jeunes musulmans se présentent sur des sites de rencontre pour montrer qu'ils se sécularisent très vite. Il ne sous-estime pas la violence de l'islamisme (ce n'est vraiment pas son genre), mais il pense que ce n'est pas le danger fondamental.

Rien n'est plus illusoire que de prolonger dans le futur les courbes du présent. La démographie peut changer.

Non, pour Dalrymple, le danger principal, celui qui donne naissance à tous les autres, c'est le relativisme culturel. En effet, il nous empêche croire en nous-mêmes et de donc de nous défendre, et, au fond, d'être nous-mêmes. De plus, ses effets sont irréversibles : une fois que la chaine de transmission d'une culture est rompue, il est impossible de la rétablir. Une génération ne peut transmettre à la suivante ce qu'elle n'a pas appris.

Il essaie d'en analyser les causes :

La montée du niveau d'instruction et l'envahissement par les demi-habiles


L'intelligence n'a pas suivi l'instruction. On peut savoir beaucoup et être incapable de réfléchir correctement et subtilement.

Ce qui fait ce qu'on se retrouve avec des masses de demi-intellectuels ayant appris des théories contestant l'existant (théories toujours valorisantes pour celui qui les professe : si le monde était différent, je serais empereur au lieu d'être grouillot) mais incapables de comprendre les limites du savoir humain et la nécessité de ne toucher à ce qui existe qu'avec des mains tremblantes. On retrouve la définition pascalienne des demi-habiles. Ils raisonnent beaucoup mais de travers. Comme disait Pascal, ils jugent mal de tout (voir Les gardiens de vaches diplomés). Ce sont typiquement les auditeurs de Radio Moscou France Inter, les profs, les journalistes, etc.

La mort de la religion


La religion mettait Dieu au-dessus de l'homme et l'aidait à assumer sa finitude. Maintenant qu'il n'y a plus rien au-dessus de l'homme, celui-ci est obsédé d'égoïsme et de narcissisme et torturé par sa finitude. Chacun devant alors être la mesure de toute chose, toutes les opinions, tous les comportements se valent du moment que quelqu'un soutient cette opinion et ce comportement. Comme on n'a qu'une vie, tous les moyens sont bons pour assouvir ses désirs.

Evidemment, dans ce contexte, les individus sont tout entiers dans le présent. La culture, nécessairement inscrite dans le temps, disparaît.

L'hyper-individualisme


Il aboutit à une dramatique uniformité : les individus n'étant plus structurés par la culture et l'éducation, ils retournent aux instincts les plus bas. Et l'instinct social le plus primitif, c'est de se regrouper en troupeaux. On doit penser et agir conforme. Quand les règles ne sont plus exprimées, cela ne signifie pas qu'il n'y a plus de règles, cela signifie que les règles sont implicites, et donc incontestables (on ne peut pas aisément contester des règles tacites). Elles sont d'autant plus oppressives.

Pour penser et agir différemment du troupeau, il faut une forte personnalité. La jouissance hédoniste et consumériste ayant enlevé toute force aux individus, ceux-ci se retrouvent incapables de manifester des pensées et des sentiments propres, on mime les pensées et les sentiments conformes.

Ce qui fait que les slogans à la con prétendument individualistes «parce que je le vaux bien» cachent une soumission au groupe comme jamais. On est libre de faire ce qu'on veut, à condition de vouloir faire comme tout le monde.

Le monde moderne a inventé l'individualisme sans l'individualité.

L'Europe

«L'Europe»,ce fantasme de bureaucrates, est une fausse identité. Elle se perpétue après que les raisons qui l'ont fondée ont disparu (peut-on sérieusement soutenir que, sans «l'Europe», les Européens s'entretueraient ?) car elle sert de maison de retraite aux politiciens au rencart. Elle permet à ces rejetés du suffrage universel de continuer à sucer la moelle des impots pour rouler avec chauffeur et vivre dans des palais somptueux avec des masses de personnel à leur service. Les politiciens étant des professionnels qui seraient bien incapables de faire autre chose, ils ont besoin, en cas d'accident de carrière, de ce point de chute à l'abri des turbulences démocratiques pour continuer à vivre leur vie de parasites, c'est pourquoi ils font ce qu'il faut pour prolonger ce moloch bureaucratique.

De plus, les eurocrates voient l'Europe comme un moyen d'étendre leur pouvoir et de se faire voir sur la scène mondiale. On ne sait pas si ce projet est partagé par les peuples, puisque le fonctionnement des instances européennes n'a que l'apparence de la démocratie.

Or, cette fausse identité européenne asphyxie les identités nationales des peuples européens. Ce n'est pas par hasard que les bureaucrates européens sont en pointe de l'immigrationnisme : un immigré, c'est l'Européen idéal, déjà dépouillé en partie de son identité d'origine, pas encore revêtu de sa nouvelle identité nationale, c'est un apatride, un vrai gibier de propagande européiste.

L'Union Européenne est un monstre politique qui finira par disparaitre (la chute est amorcée) mais cette disparition ne se fera pas sans catastrophe. C'est une chose de s'abstenir de créer un monstre, c'en est une autre de s'en débarrasser une fois qu'il existe.

Un récit historique misérabiliste.

A entendre ceux qui détiennent le pouvoir de la parole, médiatique ou pédagogique, l'histoire des pays européens ne serait qu'une succession de guerres, de génocides, de meurtres, de massacres et de persécutions. Bien sûr, il y en a eu, comme dans l'histoire de tout pays, mais réduire l'histoire européenne à sa face noire relève presque de la pathologie masochiste.

Peut-être a-t-on trop poussé le nationalisme par le passé. Les ravages psychologiques de la seconde guerre mondiale n'ont toujours pas cicatrisé. Il n'en reste pas moins qu'un patriotisme mesuré, sans tomber dans l'excès qu'est le chauvinisme, est une vertu. Se sentir participer à quelque chose de plus grand que soi donne un sens à sa vie. Les pauvres ne deviennent pas riches pour autant mais, au moins, ils ont une patrie dont ils peuvent s'enorgueillir.

Aujourd'hui, il y a des masses d'imbéciles qui qualifieraient de «nauséabond» (ah ! Ce vocabulaire moderne fabriqué pour les cuistres sans cervelle ...) le simple fait de se dire fier d'être français.

Dalrymple fait un détour par les USA pour signaler qu'ils sont atteints des mêmes maux que l'Europe sous une forme moins aigüe. En conclusion

L'Européen ne fait plus d'enfants, n'a plus de culture, ne transmet plus de culture, ne trouve plus de transcendance, ni dans la religion, ni dans le patriotisme, est sans personnalité, perdu dans le conformisme, infantilisé par l'Etat-providence, vit, tout entier dans le présent, une vie qui a perdu son sens à force d'égoïsme jouisseur. Réussir sa vie, pour un Européen, c'est aller plusieurs fois en vacances à Bali ?

Dalrymple ne conclut pas. Mais je peux le faire pour lui : l'Européen est digne de pitié. Et de mépris.

Je note que le titre et le sous-titre sont trompeurs : Dalrymple s'intéresse aux intellectuels mais le livre n'est pas centré dessus.


6 commentaires:

  1. Excellent.
    Le progressisme nous a entrainé dans l'illusion mortelle du présent éternel, s'il n'est pas la mort elle-même ou au moins son antichambre.

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  2. Ce bouquin devrait être traduit d'urgence !

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  3. Oh ? des musulmans détendus du slip et vachement sécularisés qui ont compris les dangers de l'islam ? Génial ça.

    Mais se rend-on compte que ce seront précisément eux qui vont faire accepter l'islam dans les contrées européennes ?

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  4. Frank,

    Merci pour cette bonne synthèse.

    Lolik,

    Je suis moi aussi en train de terminer ce petit bouquin (étant une fan de Dalrymple), et je vais essayer de savoir si une traduction est ou non prévue (j'aimerai beaucoup pouvoir faire lire ce genre d'ouvrage à mes proches!).

    Si ce n'est pas le cas... j'envisagerai bien de me coller à la traduction (avec l'autorisation de l'auteur). Cela interesserait-il d'autres bilingues de participer à la tâche?

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  5. Tom,

    Comprenez bien l'articulation logique de Dalrymple : ce qu'il dit, c'est que les musulmans ne s'imposent que parce que nous ne nous défendons pas, par relativisme culturel et ethno-masochisme.

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  6. Et merde, je vais bientôt en vacances à Bali...

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