vendredi, août 12, 2022

Fossil future (Alex Epstein)

J'ai adoré l'intelligence du livre The bottomless well il y a quinze ans.

Je vous en rappelle la conclusion : les deux énergies de l'avenir sont le charbon et le nucléaire, sauf si les politiques s'en mêlent avec leurs gros doigts boudinés et prennent des décisions catastrophiques.

Ce livre-ci est moins subtil mais il fait la même analyse : nous ne manquerons jamais d'énergie et même jamais d'énergie dite fossile (1).  C'est dommage que le titre soit erroné (l'énergie n'est pas « fossile ». En tout cas, ce n'est pas si sûr qu'on le dit).

Malheureusement, l'auteur croit au réchauffisme carbophobe mais cela n'affecte pas trop son analyse.

Que dit-il (je note mes commentaires et ajouts entre crochets) ?

1) Les hydrocarbures sont une énergie si bon marché et si pratique qu'il est irrationnel de s'en passer volontairement.

Se passer des hydrocarbures est suicidaire, au sens littéral : si les politique Net Zero étaient appliquées, elles feraient des millions de morts, notamment parmi les pauvres, plus vulnérables [en réalité, c'est un des buts recherchés : l'écologisme, le veganisme et le réchauffisme sont des formes extrêmes de lutte des classes, justifiant la mise à mort de millions de pauvres].

Alex Epstein décrit la vie en Gambie, où les pénuries d'énergie font partie de la vie quotidienne. Notamment, une mortalité infantile catastrophique (il décrit un accouchement difficile dans une maternité sans électricité).

Je ne peux résister au plaisir de ce dessin sur Net Zero :



La limitation autoritaire de la consommation d'énergie hydrocarbure est juste une pulsion de mort, un suicide collectif. [La docilité avec laquelle les peuples occidentaux acceptent cette pulsion masochiste est révélatrice d'une faille psychologique majeure. Hypothèse : les humains ne sont peut-être pas faits pour vivre trop longtemps dans le confort, quand une société humaine a été trop prospère trop longtemps, elle s'auto-détruit.

Tous les récits malthusiens et déclinistes sont ancrés non dans la réalité mais dans un archétype très ancien : l'homme mauvais qui, par ses excès, suscite la colère de la Nature, bonne mais franchement soupe-au-lait].

2) La consommation d'hydrocarbures provoque un réchauffement climatique [c'est faux] mais elle offre aussi les moyens de combattre les effets de ce réchauffement. Cette énergie abondante, pratique et bon marché permet l'irrigation, la climatisation, la construction et toutes sortes de bienfaits.

Des experts en erreurs

L'auteur explique pourquoi lui, Alex Epstein simple particulier, est légitime à contester le (prétendu) consensus des experts. Son argumentaire est carré et rend encore plus terrifiante la lubie, qui traine dans l'air, du « gouvernement apolitique des experts » :

1) Dans l'histoire, le « consensus des experts » a toujours justifié toutes les saloperies du moment : esclavage, colonialisme, racisme, eugénisme, etc. Les nazis et les bolchéviques n'ont jamais manqué d'une majorité d'experts pour justifier scientifiquement leurs atrocités.

[2) Qu'est-ce qui fait un expert ? La validation de son expertise par d'autres experts.

Autrement dit, un expert est par nature conformiste, il doit plaire aux autres experts. Un anti-conformiste a beaucoup moins de chances d'être désigné par ses pairs.

Bien sûr, un expert estampillé peut virer à l'anti-conformiste au cours de sa carrière, c'est même ainsi que la science avance. Mais, comme les poissons-volants, ce n'est pas la majorité de l'espèce.

3) Un expert vit de son expertise. Pour lui, ce n'est donc pas une très bonne idée de froisser ses financeurs. « 97 % des chercheurs sont d'accord avec leurs financeurs » n'est pas seulement une plaisanterie, c'est une nécessité de la vie.

4) Un expert vit aussi, en nos temps télévisuels, indirectement mais de manière très substantielle, de sa popularité. Il a donc tout intérêt à dire les choses qui font passer à la télévision.

« Circulez, il n'y a rien à voir, tout se passe comme d'habitude, vous vous inquiétez pour rien » ne fait pas passer à la télévision.]

Alex Epstein, encore une fois timoré (même si je salue le courage de sa démarche), choisit de faire confiance aux experts et de commencer à ce qui est pour moi le point 5, d'où ma longue interpolation ci-dessus.

5) Quels que soient les avis des experts, honnêtes, biaisés, solides, fragiles, ils sont toujours multiples (en science, il n'y a jamais de consensus). Ceux-ci ne parviennent pas bruts au grand public (dans lequel il faut inclure les décideurs). Ils passent par des intermédiaires, des corps constitués (académies des sciences, CNRS, GIEC ...).

C'est un premier filtre : ces intermédiaires déforment. Encore plus quand ils sont politiquement contrôlés, ce qui est très souvent le cas, presque toujours en fait. Par exemple, le GIEC « oublie » toujours un chiffre très simple : en un siècle, le nombre de victimes d'événements météorologiques, les « victimes du climat » supposées, a diminué de 97 %.

6) Il y a un deuxième filtre : les médias.

Le très regretté Michael Crichton parle de l'effet Gell-Mann (du nom d'un de ses amis physiciens). Vous lisez un article sur un sujet que vous maitrisez : vous pestez, vous gueulez que c'est un tissu de conneries. Vous tournez la page du même journal et vous lisez un article sur la Palestine ou sur la bourse et là, vous croyez le journaliste sur parole.

7) En conclusion : l'état de la connaissance peut être à l'opposé total de l'image qu'en a le plus grand public à travers les différents filtres.

Alex Epstein pointe le fait que les experts sélectionnés par les medias ne sont pas contre les hydrocarbures mais contre toute forme d'énergie pratique et abondante, puisqu'ils sont aussi contre le nucléaire et contre les barrages hydro-électriques, ce qui signe qu'ils ont d'autres buts et d'autres motivations que ceux qu'ils affichent.

Le nécessaire filtre politique

L'avis des experts (réels ou supposés) ne doit en aucun cas s'imposer, parce que les sociétés humaines sont régies par des facteurs multiples qui ne sont pas tous techniques ou quantifiables ou réductibles à un seul angle d'analyse.

Les slogans « Croire la science » ou « Suivre la science » ou équivalents, sont, en plus d'être fondamentalement erronés (la vrai science n'est pas monolithique, elle ne délivre pas des avis définitifs telle un oracle), par essence totalitaires, car ils veulent réduire l'humain à un seul axe, à une seule perspective. Ils sont inhumains.

L'avis des experts doit être jugé en morale. Alex Epstein prend l'exemple facile (aujourd'hui) de l'eugénisme. Même si les experts avaient raison sur le fait que l'intelligence était héréditaire, la stérilisation forcée des bas QI était quand même immorale et devait être interdite.

Sur l'interdiction des hydrocarbures, la transposition est évidente : est-il moral de plonger des millions de gens dans une misère certaine et immédiate pour des avis d'experts portant sur un futur incertain ?

Anti-humains

Ce n'est pas la partie la plus longue mais celle où la formation philosophique d'Alex Epstein s'exprime le mieux.

Il prend l'exemple de l'expérimentation sur les animaux : ceux qui veulent interdire l'expérimentation sur les animaux à tout prix, y compris en se privant des bénéfices de cette expérimentation pour la santé humaine, sont anti-humains, ils font passer la santé des animaux avant celle des hommes, même s'ils dissimulent souvent cette hostilité derrière des arguments fallacieux.

De même, ceux qui nient les bénéfices des hydrocarbures (et, plus généralement, les bénéfices d'une énergie abondante) pour n'en voir que les inconvénients sont anti-humains, tant les bénéfices des hydrocarbures contribuent au bien-être des hommes.

Quel mythe profond activent-ils pour faire passer leur pulsion anti-humaine ?

Le mythe de « la nourricière fragile ».

La nature serait notre nourricière indispensable et dans un équilibre fragile, que la moindre activité humaine peut perturber.

Or, c'est un double mensonge. Ce n'est pas la nature qui nous nourrit mais l'activité et l'ingéniosité humaines. Et la nature est souvent notre ennemie et, en tout cas, elle est loin d'être fragile : c'est un système très complexe qui bénéficie de beaucoup de boucles d'adaptation.

La terre inhabitable à cause d'un réchauffement, ça n'existe pas, ça n'existera jamais, c'est un fantasme. Nous savons qu'il a déjà fait bien plus chaud par le passé et ça n'a pas empêché la vie.

Comme pour toutes les pulsions anti-humaines, le mensonge est consubstantiel à la carbophobie.

Les politiques décroissantes, carbophobes, véganes sont génocidaires par nature. On ne s'en aperçoit pas (ça se voit tout de même comme le nez au milieu de la figure, mais il ne faut pas trop demander à nos temps de bêtise universelle) tant qu'elles restent des lubies de bourgeois dépravés ridicules. Mais on a le précédent horrible du Grand Bond en Avant maoïste : entre 15 et 55 millions de morts en 4 ans.

Un long plaidoyer pour les hydrocarbures

S'en suit un long plaidoyer pour les hydrocarbures. C'est la partie la plus fouillée du livre, où j'ai appris le plus.

On fait souvent le raisonnement « La Terre est finie, la quantité d'hydrocarbures est finie ». Or, ce raisonnement n'a en réalité aucune utilité, puisqu'on ne sait pas si on a consommé 90 %, 50 % ou 1 % des hydrocarbures disponibles (même cette notion d'hydrocarbures disponibles est biaisée puisqu'elle évolue avec les progrès techniques). De plus, il y a toujours la solution de transformer le charbon, très abondant, en pétrole.

il est probable que nous ne manquerons jamais d'hydrocarbures, nous serons passés à d'autres formes d'énergie avant.

Les hydrocarbures, solution contre le réchauffement climatique

Chaleur, sècheresse, montée des eaux : une économie rendue rendue très efficace par les hydrocarbures peut faire face aux conséquences d'un éventuel réchauffement, pas une économie qui se prive volontairement des hydrocarbures.

Plus de gaz carbonique

Alex Epstein va jusqu'au bout de sa logique :

1) le gaz carbonique est bon pour les plantes

2) les hydrocarbures permettent de faire face aux conséquences d'un éventuel réchauffement

Il  faut donc produire plus de gaz carbonique.

[Dans quel but, la folie carbophobe ?

Mettre la rate des gens au court-bouillon pour un truc dans 100 ans est un moyen manipulatoire de les détourner des vrais problèmes d'aujourd'hui. C'est un truc de prestidigitateur qui détourne l'attention du public pendant qu'il fait son tour de magie.

Le tour de magie de la Caste, c'est « Vous n'aurez plus rien et vous serez heureux [et nous, les riches, continuerons à jouir sans entraves] ».

Se priver volontairement des hydrocarbures, c'est comme le Grand Bond en Avant maoïste : ça ne peut que semer la misère, la désolation et la mort pour des millions d'hommes. Sans hydrocarbures, nous sommes ramenés en 1800, avec certes bien des connaissances en plus mais qui ne changent pas grand'chose pour la vie quotidienne.

Et les connards écologistes sincères qui tombent dans ce panneau sont les petits soldats de gens qui n'en ont rien à foutre d'eux mais les utilisent pour notre plus grand malheur.]

Liberté et optimisme

Le point fondamental, c'est la liberté individuelle. Si vous laissez les gens faire ce qu'ils veulent, jamais ils ne se soumettront en masse aux délires carbophobes dans les décisions les concernant. Il n'y aura qu'une poignée de bourgeois-bolchéviques pour se faire chier à rouler en corbillards à batteries.

Les réchauffistes l'ont bien compris, qui tentent de mettre par tous les moyens la coercition étatique de leur côté.

Alex Epstein conseille aux climato-réalistes de ne pas se laisser embarquer dans des discussions techniques mais de préempter le terrain moral. La vie bonne pour le maximum de gens, c'est grâce aux hydrocarbures. De toute façon, le nucléaire offre une source d'énergie bon marché et infinie pour toutes les applications non-transport.

Il est optimiste parce qu'il pense que le bon sens prévaudra à mesure qu'on s'apercevra à quel point l'alarmisme climatique est dénué de fondement. Je pense exactement le contraire : chaque mensonge accepté sert de base au mensonge suivant.


Mon appréciation

Même si j'ai trouvé ce livre brouillon et mal écrit, je l'ai apprécié. Ca fait du bien quelqu'un qui remet de la rationalité et de l'intelligence dans ce délire collectif de plus en plus irrationnel et bête, mais bête ...

Cependant (Alex Epstein en a peu conscience, me semble-t-il), la carbophobie n'est qu'un des moyens que l'Occident a choisis pour son suicide.

Il serait bien que l'Occident se réveille de son hypnose avant qu'il soit trop tard.

Mais, le plus probable est que ce qui restera de l'Occident passera à autre chose après des millions de morts. Parce que c'est toujours ainsi que finissent les hallucinations collectives.





**************

(1) : l'origine fossile des hydrocarbures fait partie (comme le réchauffement climatique anthropique) de ces prétendues évidences qui sont en réalité très fragiles, voire carrément fausses. Or, cette origine fossile sert à justifier que le pétrole est en quantité limitée, rare et cher.

Dans le classement de Pareto (les affirmations vraies et utiles, les affirmations vraies et inutiles, les affirmations fausses et utiles, les affirmations fausses et inutiles), l'origine fossile des hydrocarbures pourrait bien appartenir à la troisième catégorie.

De plus en plus, l'Occident sécrète ces affirmations fausses mais utiles (utiles à ceux qui en tirent des fortunes colossales, mais catastrophiques pour les autres), signe évident de notre effondrement intellectuel collectif.

4 commentaires:

  1. Si l'origine des hydrocarbures n'est pas fossile, quelle est-zelle ?

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    1. ça ne répond pas à la question ahaha
      C'est quoi l'origine abiotique de cet hydrocarbure, que ce passe-t'il au niveau atomique pour former les molécule des hydrocarbures, sous quelles conditions, et à partir de quelles autres molécules.
      "rien ne se perds, rien ne se créer tout se transforme" est un axiome suffisament solide sur lequel commencer.

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    2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_p%C3%A9trole_abiotique

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