lundi, décembre 13, 2004

Le PS est-il social-traitre ?

J'ai un collègue et néanmoins ami communiste qui parle toujours de la social-démocratie avec mépris. Tony Blair et l'Antechrist sont pour lui une seule et même figure.

Quelle est le crime de la social-démocratie ? D'avoir réussi quelques réformes sociales, pas assez nombreuses il est vrai, sans avoir cherché à renverser le capitalisme.

Tandis que le communisme a pour lui des réussites formidables, comme par exemple ... euh ... comme par exemple ... j'ai un trou de mémoire d'un coup, ça doit être le manque de glucose ... comme par exemple ... Leonid Brejnev ? Fidel castro ? Pol Pot ?

Bien sûr, je connais aussi l'argument de l'aiguillon : "Le parti communiste n'a rien fait par lui-même mais, par la pression qu'il a mis, il a fait adopter de bonnes réformes sociales."
Je remarque tout d'abord que cet argument est contraire à la théorie communiste qui vise non pas à réformer le capitalisme mais à le renverser. Arlette Laguiller, cohérente avec la théorie, refuse en tant que parlementaire européenne toutes les lois sociales qui pourraient "permettre au capitalisme de survivre", comme par exemple la taxe Tobin. Elle vote seulement en faveur des lois qui font visiblement mal aux patrons.

Ensuite, cet argument me paraît douteux. Je n'ai pas cherché à approfondir ce point, si quelqu'un pouvait m'aider, ça me ferait plaisir. Un historien doit bien avoir une thèse sur l'argument de l'aiguillon.

Est-ce à dire que le PCF n'a servi à rien ? Non, il a servi à encadrer les ouvriers, à leur donner une voix et une dignité. Simplement, on peut constater qu'il s'est survécu trop longtemps, que la voix des ouvriers, il l'a bien souvent étouffée à son profit, et qu'il verse maintenant dans un achaïsme conceptuel qui n'est pas sans influencer fâcheusement le parti socialiste.

L'heure est au réformisme, le parti socialiste y vient petit à petit. Pas assez vite à mon goût.

J'entends dire qu'il n'y a plus d'utopie, qu'il manque aux militants une motivation. Je m'étonne.

A-t-on été si déformé par les idéologies totalitaires que, lorsqu'on ne peut plus expliquer le monde en deux ou trois slogans simplistes, du genre "lutte des classes", on en soit à considérer que le monde est fou, qu'aucune ambition, qu'aucun projet ne sont possibles ?

Et la justice alors ! N'est ce pas une assez belle ambition ? N'est elle pas suffisante pour guider une politique ?

Si toutes les décisions, si toutes les lois, étaient sincèrement passées à ce tamis : "Cela est-il juste ?", on verrait plus de changements en un an de petites décisons qu'en cent révolutions.

Vous me direz : "Chacun voit midi à sa porte" et une fois qu'on a dit "Justice !", on n'est pas très avancé, chacun ayant sa définition de la justice. En êtes vous si sûrs ? Si une majorité a cette idée en tête, n'améliorera-t-on pas le monde ?

Avec la justice, va la dignité, comme la liberté va avec l'égalité ; sans cela, ces valeurs deviennent oppressives, totalitaires.

Justice, dignité, c'est déjà un bien vaste programme ! Allez, au boulot, citoyens !

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