jeudi, mars 02, 2006

Face à la guerre

Vous savez comme je suis préoccupé du peu d'importance que la France attache à la chose militaire (voir Armée de Chirac, armée de Napoléon le petit ?)

On joue de la métaphore guerrière en économie (le "patriotisme économique") ce qui est une erreur conceptuelle majeure et funeste : les mécanismes de l'économie n'ont aucun rapport avec les mécanismes guerriers.

Par contre, là où on devrait parler de guerre, on se tait ; quand on ne sombre pas pas dans un pacifisme irénique et lâche.

O bêtise !
------------------------------------------
Les Echos du 2 mars 2006 - Page 15 Idées

FACE À LA GUERRE

La violence et la guerre au XXIe siècle

L'auteur pressent que sa génération n'échappera pas à la guerre.

Cinq ans après les attentats du 11 septembre 2001, il est temps de repenser la guerre et surtout d'ouvrir un débat sur les moyens de faire face aux nouvelles menaces et conflits de ce XXIe siècle naissant. L'Amérique de George W. Bush a pris une avance avec sa théorie de la préemption et de la prévention des conflits. Mais, désormais, les Américains eux-mêmes s'interrogent sur le prix de l'invasion de l'Irak. Après avoir assuré une paix sur le continent européen, échappé à la guerre froide et à l'apocalypse nucléaire, l'Europe, elle, s'étonne d'avoir encore des adversaires. Et n'a pas réussi à s'affirmer comme une nouvelle puissance. Dans « Face à la guerre », Louis Gautier, ancien directeur adjoint du cabinet de Pierre Joxe à la Défense puis conseiller de Lionel Jospin à Matignon, part d'un constat sans concession. Un constat qui résonne comme un cri d'alarme de la part d'un socialiste, convaincu que le pacifisme à la Jean Jaurès, d'avant la Première guerre mondiale, n'est plus d'actualité.« Notre génération n'échappera pas à la guerre, elle le pressent confusément », écrit-il. Loin d'avoir été mise hors jeu ou hors la loi, « elle s'est métamorphosée, et ses multiples spectres dansent aux marches d'une Union européenne en expansion ». On avait espéré que la fin de la guerre froide puisse donner le signal du projet kantien de paix perpétuelle en Europe. On semble s'en éloigner. Louis Gautier parle même d'un « dur retour à la réalité » après les attentats de Madrid et de Londres. Même si, pour l'auteur, il faut se garder de sombrer dans le catastrophisme.

Entre ces deux écueils, l'auteur appelle à ouvrir un débat sur la défense et à commencer une véritable réflexion sur le mal et la violence. Paradoxalement, le dernier discours du chef de l'Etat sur la dissuasion nucléaire visant à l'adapter aux menaces terroristes et à l'émergence de puissances moyennes - on pense évidemment à l'Iran - n'a pas suscité en France une réflexion d'ampleur.

La nécessité du débat

La force de frappe nucléaire est-elle ou non adaptée aux menaces contemporaines ? Louis Gautier, qui avait déjà écrit un « Mitterrand et son armée », penche pour son maintien mais en l'adaptant au monde contemporain. D'autres débats manquent cruellement à l'appel. C'est le cas de la transformation de l'Otan et de la montée en puissance de la France dans cette organisation ou encore sur des missions militaires en Afrique, en Asie, dans lesquelles « on bascule, au simple nom de la juste cause ».

Ce livre aurait pu être un pamphlet sur la nécessité d'affirmer la puissance de l'Europe. Il est devenu une longue étude sur les problèmes du monde contemporain. Car la question ne porte pas seulement sur l'absence de moyens de la défense, nationale ou européenne, mais aussi sur la volonté de puissance. Alors que se profilent l'élection présidentielle de 2007, l'essai de Louis Gautier plaide pour que s'ouvre un véritable débat, à gauche comme à droite, sur la défense, la lutte contre le terrorisme. On peut malheureusement en douter...

JACQUES HUBERT-RODIER

Tous droits réservés - Les Echos 2006

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire