Le gouvernement joue à la fusion Suez + GDF, après avoir joué à "Sauvons le soldat Danone", à tripatouiller Sanofi + Aventis ou à hurler "Mittal ne passera pas par nous".
Je crois que la raison profonde de cette agitation ridicule est politique : il s'agit de concvaincre les Français que l'Etat "fait quelque chose".
Nous sommes toujours dans le syndrome de l'Etat maternant.
On oublie un peu vite que 80 % des fusions, même amicales, échouent à créer de la valeur (1). La réussite de Sanofi-Aventis ou de Renault-Nissan sont les arbres cachant la forêt, allez donc en parler aux actionnaires et aux salariés de Daimler-Chrysler.
De plus, si les Etats se sont massivement désengagés des entreprises dans les années 80-90, c'est non seulement pour des raisons budgétaires, mais aussi en considération du fait que la technocratie étatique n'est pas la plus compétente ni la plus légitime pour diriger des entreprises multinationales.
Il est inquiétant qu'en France, on oublie aussi que Renault ou Paribas n'ont pas été privatisées simplement pour rapporter des sous, mais aussi parce que l'Etat échouait lamentablement à les gérer selon les nécessités de l'heure.
L'Etat a amplement démontré qu'il était mauvais gestionnaire, pourquoi serait-il bonne banque d'affaires ?
Nous sommes dans le cas bien connu des psychologues : "More of the same". Plutôt que de rectifier une erreur, on persiste dans la voie de l'échec en pensant que l'on n'est pas encore assez loin. L'intervention de l'Etat en économie se révèle néfaste ? C'est que l'Etat n'est pas encore intervenu avec assez de force et de moyens, qu'il a trop hésité, qu'il faut qu'il intervienne plus. Ce que l'historienne Barbara Tuchman baptise, dans "The march of folly", d'attitude "Married to failure", marié à l'échec.
Si l'on voulait absolument du patriotisme économique, il consisterait à tailler dans le gaspillage public, à élaguer les réglementations empilées qui déroutent même les juristes, à casser le mammouth Education Nationale en décentralisant, voire (on peut toujours rêver) en privatisant (je suis vert quand je compare les résultats d'un écolier singapourien et son coût par rapport à son homologue français), en un mot, à redonner liberté et responsabilité aux individus.
Nous en sommes loin. A moins que l'inflation de l'Etat maternant, qui nous protège, malgré nous, grâce à son implacable douceur, du tabagisme, de l'obésité, des accidents de la route, de la grippe avaire, de la canicule, de la mondialisation, de la vieillesse, des OPAs, des mauvais choix, des déceptions sentimentales etc., ne soit que le dernier sursaut, la surenchère désespérée, d'un système à bout de course.
L'Etat n'a jamais été si présent dans nos vies, les propos sur le déclin non plus ; en s'attaquant à l'un, on réduira l'autre.
Contre cette évidence que l'Etat mamma italienne est dans l'impasse, certains disent qu'il ne faut point chercher si haut dans la théorie et dans les principes, mais se contenter d'agir avec pragmatisme, au cas par cas. Est ce de la mauvaise foi ? Est ce de la bêtise ? En tous les cas, je les renvoie au chapitre "Il n'y a pas de principes" des Sophismes Economiques de Bastiat, cet ouvrage existant depuis seulement 150 ans, je comprends qu'ils n'aient pas eu le temps de s'en informer.
Je pense que l'Etat est trop important pour être laissé aux étatistes.
(1) : les patrons ne sont pas des surhommes, comme les autres, ils sont sensibles à la cupidité, aux effets de mode, prompts à la fuite en avant, susceptibles de préférer le discours sur un avenir qui ne vous démentira pas immédiatement à une action sur le présent qui peut vous sauter à la gueule.
jeudi, mars 02, 2006
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Bel article.
RépondreSupprimerJe lisais il y a quelques mois le livre noir du communisme, dans lequel sont retracées de nombreuses atrocités communistes de part le monde.
Ce livre est organisé régionalement, plusieurs auteurs participant à l'oeuvre finale.
La section traitant du Cambodge titre : "Le Cambodge, ou le pays du crime déconcertant". Dans cette section est expliqué le processus mis en place par Pol Pot pour conquérir et conserver le pouvoir.
Où veux-je en venir? Eh bien que cet ignoble individu, persuadé que les echecs des autres pays communistes, notamment de la Chine, étaient causés par trop de modération, conclut qu'il fallait directement atteindre le but final. Donc, en quelques jours, on fit sortir tous les habitants des villes (perversions capitalistes), des universistés et écoles, des musées, et autres points d'accès à la culture, on exécuta ou déporta tous les intecllectuels, journalistes, chercheurs, professeurs, et autres dangers, et on détruisit l'argent. Voilà. C'est tout. Après environ 2.5 millions de morts ne restaient plus que 5 millions d'habitants.
Voilà où mène la politique du toujours plus.