mercredi, juillet 12, 2006

Orwell visionnaire

Ca y est ! Plus besoin de lire 1984, c'est devenu une réalité. Ca tombe bien puisque, de toute façon, la proportion de ceux qui savent lire et, plus encore, la proportion de ceux qui lisent, diminue de jour en jour.

Bien sûr, Orwell n'avait pas tout imaginé avec les modalités présentes mais l'essentiel y est :

> La novlangue : la simplification outrancière du langage, au point de priver la pensée d'outils, est une réalité tellement évidente qu'il n'est pas besoin que je m'étende sur ce point "super grave qui craint".

Même la perversion orwellienne du langage est là : appeler anti-racisme le rejet de la majorité blanche, féminisme l'horreur du masculin, solidarité la distribution étatique, tolérance la condamnation de toute opinion hors bien-pensance, libéralisme la collusion Etat-grandes firmes, principe de précaution la paralysie de la recherche, prévention la normalisation des conduites, etc.

> la police de la pensée : nul besoin de revenir sur les lois "mémorielles" et "anti-phobies", elles ne s'attaquent qu'à l'expression de sentiments et de pensées, mais, ce faisant, elles s'attaquent aux sentiments et aux pensées.

Particulièrement significatif du fait qu'on veut contrôler la pensée et pas seulement l'expression : le cas de l'humour. Aujourd'hui, les certains sketchs de Coluche ou de Desproges déclencheraient à coup sûr des poursuites. Or l'humour est justement un mode d'expression "correct" des pensées "incorrectes", en ne laissant pas le champ libre à l'humour, on prouve bien que c'est à la pensée elle-même qu'on en veut. Qu'on ne s'étonne donc pas de manquer de comiques de qualité : le comique relève toujours plus ou moins de la transgression.

> le calibrage des comportements et la rééducation des récalcitrants : la liste est longue des sujets sur lequels l'Etat, et plus largement nos maîtres les "leaders d'opinion", essaie avec une douceur toute maternelle et pleine de sollicitude non sollicitée de nous protéger de nous-mêmes, c'est-à-dire de nous priver de liberté : tabac, alcool, automobile, saut à l'élastique, sexe. Avant hier, un ministre annonçait la création en coordination avec la Française des Jeux d'un organisme destiné à protéger les "accros" des jeux de hasard d'eux-mêmes.

On en vient, étape ultime, à intérioriser l'auto-censure. Savez vous que j'ai hésité à écrire dans un message que je trouvais le mariage homosexuel ridicule et l'adoption par des couples homosexuels néfaste ? Bien sûr, cette hésitation est navrante et je me suis repris : ce n'est qu'une opinion discutable et non une attaque ad hominem.

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