mercredi, août 02, 2006

Derniers développements au Liban

Les évènements de ces dernières heures confirment ce qu'on pouvait deviner : le but de guerre d'Israel est d'ôter toute capacité militaire au Hezbollah, vassal de l'Iran, non pas en s'attaquant au matériel mais aux hommes : troupes d'élite, cadres, techniciens, conseillers militaires syriens ou iraniens ; de manière à ne plus vivre sous une menace iranienne par procuration à ses frontières.

Il semblerait que ça soit en bonne voie (par exemple, les tirs de roquettes diminuent et en plus sont nettement moins précis, ce qui laisse soupçonner une pénurie de personnel qualifié).

Cela enlève pour le futur un risque d'escalade entre Israel et l'Iran, ce qui est particulièrement important si l'Iran devient puissance nucléaire (1).

Ceci ferait du Liban un pays plus libre (car le Hezbollah poursuit des objectifs qui sont ceux de puissances étrangères et non du pays) et constituerait une défaite pour l'Iran et la Syrie. Ce résultat étant considéré comme souhaitable par la quasi-totalité des acteurs (sauf bien entendu l'Iran et la Syrie), y compris les politiciens libanais non inféodés au Hezbollah (2), l'absence de réaction concrète s'explique : on fait du bruit avec la bouche (3) mais on se garde bien de rien faire qui puisse vraiment gêner l'action israelienne.

En raisonnant par rapport à l'enjeu, les accusations de riposte israelienne "disproportionnée" sont pour le moins légères, voire de mauvaise foi (4). Quant à la prétendue cécité des bombardements, il ne faut pas oublier qu'un combattant du Hezbollah à qui on a retiré sa Kalachnikov est une pauvre victime civile des affreux sionistes.

J'ai pu lire des évaluations par des journalistes libanais de victimes véritablement civiles entre 300 et 700, c'est toujours trop, mais on est loin des 1500 annoncées hier par le Figaro.

Je vous signale au passage que Ludovic Monnerat se fait l'écho des doutes sur la réalité du "massacre de Cana" (Autopsie d'une mise en scène ? )

Je suis navré que ça ne soit pas du tout ainsi que la situation soit présentée au public français, mais je me suis fait une raison : notre presse est tellement habituée à servir la soupe à la gauche (pour qui Israel est le diable), à ne plus aller enquêter elle-même et à jouer de l'émotion qu'il est vain d'en attendre grand'chose.

Maintenant, tournons nous vers l'avenir. Autant je fais confiance à Israel pour gagner la guerre, autant j'ai un doute sur la paix.

Il est clair qu'un élément apaisant serait un Liban indépendant, plus à la recherche de prospérité que du conflit avec le bouc-émissaire sioniste. Ceci suppose l'accord de la Syrie, qui a toute capacité à pourrir le Liban ; c'est-à-dire qu'il faudrait que la Syrie aille contre l'Iran, qui, lui, a intérêt à l'anarchie au Liban.

Aujourd'hui, la Syrie est proche de l'Iran parce que ses réserves pétrolières s'épuisent et qu'il lui faut un allié pour la soutenir (et pour soutenir la dictature en place). Comment détacher la Syrie de l'Iran sans effrayer la caste au pouvoir, avec laquelle il faut bien composer ?

Je n'ai pas de réponse, mais c'est un problème crucial. Je suppose que la Russie, qui est proche de la Syrie et n'a pas un grand amour pour les islamistes, a un rôle essentiel à jouer.

Dans un mouvement audacieux, Israel pourrait rendre le plateau du Golan comme signe d'apaisement en échange d'autres garanties (par exemple, l'accord de la Syrie pour une force d'interposition au Liban). Je crois que le Golan ne serait pas cher payer pour Israel si cela pouvait être gage d'un Liban libre.

Je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait, mais il me semble que la situation se clarifie à grands pas.

J'espère que la France, revenant de ses lubies de "politique arabe", qui consiste à défendre le statu-quo, jouera un rôle constructif. Je n'en suis pas sûr.



(1) : leçon de la crise des missiles de Cuba : éviter au maximum les occasions de friction entre puissances nucléaires

(2) : il semble que beaucoup de politiciens libanais ont un double discours : scandalisés dans les médias, bien contents en privé qu'on les débarrasse de l'Etat dans l'Etat hezbollahi.

(3) : dont notre inénarrable ministre des affaires étrangères, que le monde ne nous envie pas, Douste-Blabla, dit "Condorcet", qui a prononcé une phrase qui méritera de figurer au top du bêtisier 2006 : "L'Iran est une puissance stabilisatrice de la région."

(4) : Beyrouth n'est pas détruit, on peut estimer que 95 % de la ville est intact, notamment les quartiers reconstruits du centre-ville, et les destructions sont très localisées. De même pour le reste du Liban. Seule l'économie est gravement touchée, mais ce n'est peut-être pas si irrémédiable : comme d'habitude, l'UE et l'Arabie Saoudite paieront.

5 commentaires:

  1. Douste-blabla, également appelé Mickey d'Orsay ou encore le ministre des Affaires qui lui sont Etrangères.

    Pourquoi n'ont-ils pas garder Barnier, à qui on ne pouvait reprocher que son piètre niveau d'anglais !!

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  2. Je pense que tu fais référence aussi à ça : http://www.break.com/movies/what_really_happens_pallywood.html

    Néanmoins, la presse de gauche qui sert la soupe, c'est un point de vue que je ne partage pas. Je trouvais, moi, que la presse, en particulier, télévisée, servait plutôt la soupe au gouvernement ( de droite me semble t-il, quoique ...)), en préparant volontairement ou involontairement, le "peuple" à recevoir de nouvelles mesures sans broncher. Mais, bien sûr, il s'agit d'un autre point de vue. Comment être bien informé sans se déplacer soi même sur place et encore serions nous mieux informés ? J'avoue ne pas savoir.

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  3. Se déplacer soi-même sur place, voilà un double pléonasme dont je suis fier !!

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  4. Je trouve ta photo particulièrement bien choisie (commme t'y es beau, mon fils)

    > "en particulier, télévisée, servait plutôt la soupe au gouvernement" : sans opinion, je n'ai pas la télé

    > Pallywood est bien connu. En entend-on parler dans la presse française ?

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  5. Tu n'as pas la télé : tu n'es pas représentatif de 50 millions de français (chiffre approximatif environ !!). Juste pour te dire que la presse écrite ne représente certainement pas la majorité du genre (pour plagier un "Président"), sauf erreur ! Pour ce qui est d'être beau : ba oui, je suis désolé, je n'avais ni le Monde, ni un casque sous la main ! Toujours OK pour un pique nique à Meudon ?

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