mardi, septembre 05, 2006

Un monde toujours plus dangereux

Nous avions déjà depuis quelques temps le scénario catastrophe d'une bombe atomique ou bactériologique introduite par des terroristes dans une métropole.

Depuis les événements au Liban, d'autres scénarios catastrophe s'ouvrent.

Déjà, les morts français en Cote d'Ivoire du fait de Su-25 pilotés par des Ukrainiens auraient du nous mettre la puce à l'oreille : si les Français n'avaient pas le matériel pour se défendre, c'est que la menace aérienne avait été jugée, à tort, nulle.

Nous avons depuis découvert qu'une organisation terroriste, le Hezbollah, était capable de tirer des roquettes en salves coordonnées, d'utiliser habilement des missiles anti-chars sophistiqués, de dézinguer le navire-amiral d'une flotte occidentale et même de faire usage de dispositifs de vision nocturne et de drones.

Certes, ce sont des équipements assez classiques pour une armée, mais, justement, ce n'est pas une armée qui les a utilisés, c'est-à-dire que la philosophie diffère : si le Hezbollah avait eu deux ou trois hélicoptères ou quelques chars, ce qui est très loin d'être impossible, quel usage suicidaire et spectaculaire aurait-il pu en faire ?

Au final, sur le strict plan militaire, le Hezbollah s'est pris une raclée, mais ce n'est pas du tout ce que les medias racontent, alors les tactiques du Hezbollah n'ont-elles pas atteints leur but politique ?

Imaginez qu'un groupe somalien à la corne de l'Afrique se mette à tirer comme à la foire les navires, pétroliers et autres, passant à portée de missiles anti-navires. Ne serait-ce pas un magnifique bordel ?
Autrement dit, l'idée classique opposant armée sophistiquée contre groupe terroriste rudimentaire apparaît dépassée.

La conséquence ? Il se pourrait bien qu'une des seules initiatives chiraquiennes finisse par être vue avec le recul comme à contretemps : la professionalisation des armées et l'abandon du service militaire.

En effet, pour contrer un groupe terroriste usant de matériels modernes, il faut de gros effectifs, des "boots on the ground", comme disent nos amis anglo-saxons, afin de pouvoir quadriller et occuper le terrain. Il faudrait donc envisager une armée à deux étages : les pros pour la frappe, les appelés pour l'occupation.

Finalement, on serait plus du coté de l'armée suisse ou de l'armée israelienne.

C'est aussi la fin de la doctrine "zéro mort" (de notre coté, s'entend). Même les Américains reviennent à petits pas sur cette doctrine qui fait que l'essentiel des forces est employé à protéger les forces.

Là encore, imaginez le Hezbollah avec un seul hélicoptère armé judicieusement utilisé, quitte à ce qu'il ne revienne jamais. Avec les plus grandes précautions, on ne pourrait l'empêcher de faire des ravages avant d'être abattu.

Tout ce que j'évoque devrait rappeler quelque chose aux amateurs d'histoire militaire : la reconqête du Pacifique par les Marines contre les Japonais : même dédain des pertes, même utilisation habile du terrain et du matériel, même acharnement.

Et vous savez quoi ? L'armée américaine est très attachée à l'histoire militaire (1) et la comparaison qui revient le plus souvent dans les blogs et dans les journaux de soldats ou d'officiers en Irak est justement la guerre du Pacifique.

Bienvenu dans un monde d'amour et de paix.

(1) : "La culture générale est l'école du commandement." (C. De Gaulle)

2 commentaires:

  1. Poussez donc le raisonnement jusqu'au bout : établissement ou rétablissement de la conscription en Europe, Amérique du Nord et Japon, tout en poussant la sophistication de l'armement et reconquête île par île... de quoi ?

    et cette loi du nombre ainsi redécouverte joue en faveur de qui ?

    et le but de cette guerre, à part elle-même, c'est quoi ?

    RépondreSupprimer
  2. Je ne décris par une guerre en particulier mais un mode opératoire qu'on retrouvera probablement ailleurs qu'au Liban (Philippines, Yemen, corne de l'Afrique, Amérique Latine, etc.)

    Les causes de chaque guerre seront à voir au cas par cas.

    Quant au rétablissemnt de la conscription, il est de plus en plus évoqué ; bien que pour l'instant on ait recours à un expédient : les mercenaires.

    Vous voulez faire fortune ? Votre service militaire ne vous a pas déplu et vous êtes encore sportif ? Faites mercenaire.

    RépondreSupprimer