vendredi, novembre 03, 2006

Est-ce si grave ?

Je vous copie le bloc-notes d'Ivan Rioufol de ce jour.

Bien qu'étant d'accord avec lui sur le fond, j'ai du mal à me convaincre que ça soit si grave. Peut-être le ton alarmiste de Rioufol me contrarie-t-il. Comme l'humour de JF Revel me manque ...

Le bloc-notes d'Ivan Rioufol : La barbarie, ses soutiens

LE BLOC-NOTES d'Ivan Rioufol irioufol@lefigaro.fr.
Publié le 03 novembre 2006



Une barbarie s'installe en France : vite, parlons d'autre chose ! Samedi, à Marseille, Mamou Galledou, brillante étudiante d'origine sénégalaise, a été grièvement brûlée dans l'incendie d'un bus dont elle était passagère : un acte de terreur, perpétré par cinq mineurs d'une cité voisine. L'attaque, si elle avait été commise par des « petits Blancs », aurait fait descendre dans les rues les citoyens horrifiés. Cette haine ethnique serait-elle excusable ?

Dominique Sopo, président de SOS-Racisme, estime que le drame « est le résultat d'une frustration, d'une humiliation liée à la ghettoïsation » : des propos qui conduisent à valoriser ces guérillas contre la République et tout ce qui la symbolise. Le chômage et les discriminations entretiennent bien sûr le ressentiment des cités. Mais ces sauvageries mimétiques font aussi le jeu de ceux qui poussent à imposer la peur.

La gauche conforte les alibis victimaires, quand elle accuse Nicolas Sarkozy d'être responsable des tensions ou exige ses « excuses » aux familles de Zyed et Bouna, morts à Clichy il y a un an en fuyant la police. Il n'est jamais venu à l'idée du PS de demander des excuses à ceux qui ont lapidé Godfran Hadaoui à Marseille, brûlé Chahrazad Belayni à Neuilly-sur-Marne, lynché Jean-Claude Irvoas à Épinay, tué Jean-Jacques Le Chenadec à Stains, martyrisé Ilian Halimi à Bagneux.

Derrière les réprobations de circonstance, demeure une mansuétude pour les encapuchonnés. Ces fauves, enfantés par une démission collective et un obscurantisme qui a eu raison de l'École, sont présentés comme les symboles du mal-être des banlieues, alors qu'ils devraient être leur repoussoir. Qu'attend Marseille pour manifester pour Mamou Galledou et se désolidariser de ces nazillons, qui déshonorent la ville et l'islam ?

Plus généralement, les revendications sociales des banlieues s'accommodent de comportements qui portent le spectre de la guerre civile. Or, personne n'ose désigner le rôle de l'islamisme révolutionnaire dans son désir d'affronter l'État. Cette idéologie est certes portée par une minorité, mais c'est elle qui fait basculer l'histoire. Aussi revient-il aux musulmans modérés, majoritaires, de mettre en garde les plus vulnérables contre le fanatisme. À eux de défendre le modèle français qui les a accueillis. L'heure est venue.

Autopsie d'une subversion

L'apathie devant l'emprise de l'islamisme sur nombre de jeunes - dénoncée par le préfet de Seine-Saint-Denis (« Bloc-notes du 29-9 ») - est le meilleur allié de cette idéologie conquérante et de son entreprise de subversion. Dans les années 1970, l'universitaire Roger Muchielli avait analysé les conditions de réussite d'une telle stratégie (La Subversion, Éditions CLC). Il en voyait trois : « Démoraliser la nation visée et désintégrer les groupes qui la composent ; discréditer son autorité et ses défenseurs ; neutraliser les masses pour empêcher toute intervention spontanée en faveur de l'ordre établi ». « Ces buts, ajoutait-il, sont accessibles seulement par l'utilisation des mass media ; sans presse, sans radio, sans télévision, la subversion est impuissante. »

Ces buts sont atteints. En témoignent ces médias pour qui l'islamisation des cités est un fantasme. En témoignent ces repentances d'une République honteuse de son passé, de sa culture et n'osant plus affirmer son autorité sinon auprès des automobilistes, délinquants dociles. « Convaincre l'homme que, sinon lui-même, du moins ceux qui sont de son côté commettent des actes immoraux, injustes, c'est amener la désintégration du groupe auquel il appartient », disait Jacques Ellul. Oui, nous y sommes.

C'est ainsi que le mouvement des Indigènes de la République a pu faire croire à des « nouveaux Français » qu'ils étaient victimes, à leur tour, de la France coloniale : une oppression justifiant les actuelles intifadas. Trop rares sont les compatriotes musulmans qui, comme Messaoud Bouras (1), dénoncent ceux qui visent « à faire d'un Français vivant sur le sol de ses ancêtres un colon, un occupant illégitime, une personne à combattre et, si possible, à chasser ».

Sexe des anges

Constantinople assiégée, ses élites discutaient encore du sexe des anges. Ce que fait Dominique Strauss-Kahn, quand il explique que « la crise que nous vivons en France est fondamentalement économique et sociale », enfourchant le conformisme de ceux qui ne veulent voir dans l'islamisme qu'une humeur liée au chômage. Mais comment expliquer sa percée dans l'entreprise, notamment dans la grande distribution et la construction automobile ? « L'islam est en train de remplacer la CGT comme soutien des salariés musulmans dans leurs revendications contre la hiérarchie », écrivait Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, dans un rapport de septembre 2005. Encore un fantasme ?

Nulle part n'affleure, chez les candidats, la prise en compte du séparatisme qui menace la nation (« Bloc-notes » de la semaine dernière). Ségolène Royal feint de croire en l'efficacité de ses fumeux « adultes référents uniques », tandis que la droite ne sait répondre qu'en durcissant des lois qui ne sont que partiellement appliquées par une justice en opposition avec la police. « J'appelle Français ceux qui ne veulent pas que la France meurt », disait Malraux. Ne pourrait-on débattre des conditions de sa survie ?

Victimes du devoir

Un lecteur (Dr Antoine Denis, Albi) s'indigne qu'aucun hommage n'ait été rendu aux docteurs Pierre-Olivier Denué et Benjamin Ramus, tués le 19 octobre dans un accident d'avion alors qu'ils assuraient le transport d'urgence d'un transplant hépatique destiné à une greffe. Ces victimes du devoir auraient bien droit, elles aussi, à leur stèle.


(1) Blog de Messaoud Bourras

2 commentaires:

  1. "La gauche conforte les alibis victimaires, quand elle accuse Nicolas Sarkozy d'être responsable des tensions"

    Ou bien plutôt ceux qui accusent Nicolas Sarkozy d'être responsable des tensions lui reprochent-ils simplement de ne pas réussir ce qu'il avait promis, à grand fracas de passages télé, à savoir rétablir la sécurité. Depuis qu'il est au gouvernement, c'est pire.

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  2. Je suis d'accord avec que Sarkozy a plus promis que tenu.

    Mais c'est hypocrisie que de le lui reprocher bruyamment : le problème des banlieues et de la sécurité dépasse de très loin les compétences de ministre de l'intérieur, c'est notre société entière qui est en cause - et le laxisme éducatif et la complainte victimaire de la gôche ont aussi leur part(Baverez écrit que le problème des banlieues est à la France ce que la réunification est à l'Allemagne.)

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