lundi, mai 21, 2007

Devenez boucher

Chez mon trafiquant de queues de boeuf et de quasis de veau habituel, c'est-à-dire chez mon boucher;, j'ai vu une petite affiche.

Jean-Robert Pitte, président de la Sorbonne et auteur de Jeunes, on vous ment ! parle de cette affiche chez son boucher de la rue Monge.

Le texte en est d'une simplicité biblique : "Devenez boucher, études payées, pas de chômage".

Je ne dis pas que tous les jeunes Français doivent devenir bouchers, mais, enfin, on vit dans un paradoxe infernal : la France a un taux relativement bas d'étudiants supérieurs qui achèvent correctement leurs études et les métiers manuels et artisanaux sont délaissés.

Autrement dit, il y a des palanqués d'étudiants ratés qui se retrouvent sur le carreau, certains pouvaient devenir fonctionnaires surqualifiés dans des emplois subalternes, mais la porte se ferme.

Si quelques uns de ceux qui glandouillent à la Sorbonne, à Assas, à Nanterre ou ailleurs pour profiter des avantages sociaux du statut d'étudiant se lançaient dans la boucherie, ils y trouveraient le moyen de remplir une tâche utile et en plus de libérer de la place et des moyens pour ceux qui ont vraiment une vocation et des capacités aux études supérieures.

J'entends certains proclamer "bac + X" comme un titre de gloire, et alors ? Mieux vaut avoir "bac-X" dans un métier qui marche avec l'espoir réaliste d'être un jour son propre patron que "bac + X" au chômage dans une filière sans avenir.

Je m'exprime peut-être durement, mais comme JR Pitte, je trouve qu'on a trop menti, et qu'il convient de rappeler certaines vérités.

6 commentaires:

  1. Du bon sens et du pragmatisme ...

    On nous a menti : les artisans sont des métiers bien payés pour les gens capables , le bac+ X n'est pas une fin en soi surtout par temps de tension budgetaire sur les salarié !

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  2. Je pense, dans une optique toute tocquevilienne, que plus ça change plus c'est la même chose.

    La France est restée une société à statuts. Au lieu de X quartiers de noblesse, on tire gloriole de ses X années d'études après le bac. C'est au fond la même vanité sociale, la même passion de la distinction.

    Mais c'est un progrès : il faut mériter les diplomes (quoique que certains diplomes bac+X se trouvent quasiment dans des pochettes surprises) et ils ne sont pas héréditaires.

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  3. ***plus ça change plus c'est la même chose***

    Je ne vous le fais pas dire !
    toujours les mêmes obsessions, les mêmes généralisations, les mêmes sévérités orientées et le même manque de nuances.

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  4. J'aime vos compliments !

    Tandis que vous êtes toujours fin et nuancé, jamais orienté, jamais obsédé ...

    Sur le fond du propos, vous m'avez démasqué, j'avoue : c'est moi qui ai inventé les milliers d'étudiants qui sortent du système sans qualification, moi qui ai imaginé des universités sans sélection où une bonne part des étudiants arrivent par défaut, moi qui ai inventé ces jeunes qui ne rêvent que d'être fonctionnaires pour pouvoir continuer à glander.

    Comme j'ai tout inventé, je vous conseille donc la lecture d'un autre blog :

    Bonnet d'âne

    L'auteur, lui, contrairement à moi, ne peut pas généraliser abusivement ni être orienté : il vient de l'extrême gauche, gage d'honnêteté, n'est-ce pas ?

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  5. F. Delpla, vous êtes un révolutionnaire du statu quo. Si le simple fait de peindre une situation boîteuse, absurde mais bien réelle vous apparait comme "obsessionnel", fermer les yeux et les oreilles, continuez à danser sur le pont du Titanic.
    Le programme socialiste se résume en 2 phrases prononcées hier:
    François Hollande: " M. Sarkozy, arrêtez de faire du footing, ça y est on vous a vu ".(puissant!)
    Ségolène Royal: " Si la droite va chercher des personnalités de gauche pour les mettre au gouvernement, c'est pour être sûr que des réformes de progrès vont être faites ". (On dirait un sketch !)

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  6. C'est un peu ce que vit mon frère: plutôt que de chercher à tout prix des diplômes en plus, il a monté sa boîte - et le fonctionnaire que je suis lui en est très reconnaissant puisque ce travail me permet de vivre... - qui aujourd'hui, 10 ans après, compte près de 7 salariés.
    Il râle quelques fois, car il se dit qu'il pourrait gagner plus s'il était dans un grosse boîte ou une administration. Mais quand il voit la "gentille et prévenante" hiérarchie qui pèse sur les épaules de son fonctionnaire de frère, il se régale de sa liberté.

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