lundi, juillet 16, 2007

Le triste destin de Mireille Balin

Mireille Balin est bien oubliée de nos jours. Elle fut pourtant connue dans les annes 30, jouant dans Pépé le moko et Macao, l'enfer du jeu.

Elle était considérée comme l'une des plus belles actrices françaises : on disait qu'elle avait la plus belle chute de reins de Paris.

En 1944, son cas n'était pas très différent de celui d'Arletty par exemple, mais -manque de chance, d'appuis, de toupet ? - elle souffrit beaucoup plus.

Peut-être fut-elle aussi victime des rôles peu sympathiques de vamp qu'elle jouait habituellement ? La fiction aurait ainsi jeté une ombre sur la réalité.

Victime de l'épuration, violée et battue, puis emprisonnée, déjà de santé fragile, elle ne s'en remit jamais et sombra dans la misère.

On n'a peut-être pas assez conscience que l'épuration spontanée, plus qu'une oeuvre de justice, fut une oeuvre de vengeance, de règlements de compte et de reprise en mains par les hommes, humiliés par la défaite, de femmes libérées, par la même défaite, pendant les années folles, pour certaines, de l'occup'.

Le milieu du cinéma, habitué des bruyantes embrassades publiques et des grands déclarations d'affection, oublia Mireille Balin et elle échappa de peu à la fosse commune.

Seul Jean Delannoy assista à son enterrement.

Son fantôme plane, non pas comme un remords, car il faudrait ne pas l'avoir oubliée pour qu'elle suscite le remords, mais au moins comme un reproche, sur le cinéma français.

5 commentaires:

  1. Il faut avoir lu "L'histoire de l'épuration sauvage" de Philippe Bourdrel, pour se rendre compte de l'horreur de ce qui s'est passé en France en 44-45.
    Plus lâche que nos joyeux coiffeurs, chevaliers de la tondeuse, ça n'existe pas!
    Il me semble voir leurs dignes héritiers en ces militants syndicalistes qui préfèreraient la guerre civile à la perte de leurs avantages.
    La repentance n'a aucune chance de s'arrêter sur cette période.
    Merci d'en avoir parlé, en particulier parce que vous allez vous faire des ennemis.

    RépondreSupprimer
  2. "Il me semble voir leurs dignes héritiers en ces militants syndicalistes qui préfèreraient la guerre civile à la perte de leurs avantages."

    Je ne comprends pas le parallèle.

    RépondreSupprimer
  3. Malheuresement
    Mireille BALIN n a jamais ete rehabilité malgre ce qu elle a subit.
    Elle aimait.
    Seulement c etait un amour interdit".
    Apres ils lui a fait payé tres cher, certainement par jalousie , et rancune, et peut etre meme par ce que l occasion etait trop belle pour des "liberateurs" d assouvir enfin leurs desirs bestials, sur une des plus belles figure du cinema.

    RépondreSupprimer
  4. La souffrance endurée par Mireille Balin souillera longtemps encore la conscience des bien-pensants. Ses "bons amis", à l'instar d'un Jean Gabin, qui avait pourtant rallié le bon camp, ne levèrent pas le petit doigt pour lui venir en aide. Aussi ne méritent-ils que notre mépris.

    Où sont donc les bons sentiments qui animent toutes ces personnes devant la caméra ? La lâcheté des vainqueurs n'a d'égale ici que leur indifférence. Aujourd'hui encore, j'ai honte d'être français.

    RépondreSupprimer