samedi, octobre 20, 2007

La connaissance inutile : une plaie toujours suintante du débat démocratique

JF Revel expliquait que l'idéologie était le déni de la réalité, gouverné par le précepte : «Si les faits contredisent vos idées, niez, maquillez, ignorez les faits.»

Revel avait écrit à ce propos un ouvrage qui mérite encore lecture : La connaissance inutile. On sait, mais on fait comme si on ne savait pas, par idéologie.

La grande idéologie des années Revel était de prétendre que le modèle soviétique n'était pas inférieur au modèle libéral.

Aujourd'hui, on nous explique que les idéologies sont mortes.

Je suis sûr du contraire, sinon, comment pourrait-on avoir traité pendant la campagne électorale Nicolas Sarkozy de «fasciste» ?

On peut reprocher tout ce qu'on veut à Nicolas Sarkozy, le qualificatif de «fasciste» ne correspond pas à ce qu'on sait de lui.

L'actualité récente m'a fourni par deux fois l'occasion de me heurter au mur de la connaissance inutile :

> à propos du prix Nobel d'Al Gore. Voici quelqu'un que j'estime, pas méchant. Je parle de réchauffement climatique, ce en quoi j'ai tort : je sais par expérience que, dans neuf cas sur dix, je vais me heurter à un mur.

Vous connaissez mes opinions sur le sujet. Hé bien, ça n'a pas raté : ce monsieur ne voulait pas savoir, et ce qu'il savait déjà, il préférait l'ignorer. Dans ce cas là, mieux vaut couper court à la conversation : ça se terminerait en fâcherie ou en humiliation, ou les deux.

> deuxième sujet, les retraites. Pour certaines personnes, le vieillissement de la population n'existe pas, ou c'est tout comme. En tout cas, il n'a aucun rapport avec les systèmes de retraite.

J'ai trouvé une parade très amusante : vous convenez avec ces gens qu'il est effectivement scandaleux d'élever l'âge de départ à la retraite. Puis vous envisagez qu'il serait mieux que tout le monde parte à la retraite à 55 ans. Puis, au fil de la conversation, vous abaissez le seuil. Il est ainsi possible avec un peu d'entrainement de tomber d'accord que 45 ans comme âge de départ à la retraite, il faudrait sérieusement y penser.

1 commentaire:

  1. ça fait plaisir...
    de "renconter" quelqu'un qui apprécie JF Revel autant que moi (ou même qui le connaisse ce serait déjà pas mal). Je me sens moins seule, merci !

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