vendredi, janvier 25, 2008

Ce que les Anglais de la City pensent de la fraude à Société Générale

Je trouve Le Monde de plus en plus nul, mais cet article a un intérêt, même si il est caricatural.

J'ai beaucoup ri de la réaction des abonnés du Monde qui trouvent «scandaleux que quelqu'un soit payé pour jouer avec l'argent des autres.»

Comme c'est ce que font les banquiers depuis sept siècles que la banque a pris naissance, je me demande qu'elles sont les relations de ces gens avec leur banquier.

On peut contester les risques que prennent certaines banques, mais le métier de banquier, c'est bien d'emprunter l'argent du dépositaire pour en faire un autre usage que de le laisser dormir sur un compte.

Quand on dit que les Français sont nuls en économie, ce n'est pas exagéré !


Pour les experts de la City, les dirigeants de la Société générale ont commis des erreurs grossières


LE MONDE | 25.01.08 | 15h12 • Mis à jour le 25.01.08 | 15h12
LONDRES CORRESPONDANT

Une histoire incroyable, qui a conduit à la déconfiture de l'une des plus prestigieuses institutions financières européennes. Une histoire dans l'air du temps, celle d'un trader supposé escroc, Jérôme Kerviel, et d'une direction que les événements ont dépassée. A la City de Londres, l'évocation de la mésaventure de la Société générale fait revivre le spectre de la faillite de la Barings, en 1995, causée par le trader fou, Nick Leeson.

"Les bras m'en tombent : en dépit du précédent Barings, un simple informaticien devenu courtier junior a été autorisé à faire du négoce sur des produits complexes et très risqués, comme les indices des actions européennes. A Londres ou à Wall Street, ce serait impensable. La carrière d'un trader est progressive et étroitement surveillée. Avec son niveau de rémunération faible pour le secteur, il aurait dû être cantonné aux transactions dites "vanille", faciles, au risque minimal, et impossibles à cacher." Venu de la Banque d'Angleterre, notre interlocuteur a été pendant plusieurs années déontologue au sein de la filiale londonienne d'une grande banque française, avant de jeter l'éponge devant le refus du siège parisien à prendre en compte ses recommandations en matière de contrôle des risques. Il s'exprime sous couvert d'anonymat, exigé par les conditions de son départ.

A l'écouter, la séparation établie à la Société générale entre les activités de trading, essentiellement basées à Londres, et l'administration chargée de contrôler ces opérations de marché, installée à Paris, a accentué les risques de fraude.

Aujourd'hui dans le collimateur des analystes, le directeur général de la banque d'affaires SG-CIB, Jean-Pierre Mustier, et le responsable des marchés, Christophe Mianné, partageaient leur temps entre Paris, la City et les autres grandes places financières. Ils étaient trop occupés pour suivre le détail des opérations dont ils ont la supervision. Le magazine britannique Financial News a beau jeu, aujourd'hui, de rappeler le grand projet prêté à M. Mustier de créer en 2008... une classe de méditation dans sa salle de marché de Londres !

"Les supérieurs de l'individu en question lui ont-ils demandé un compte rendu quotidien de ses positions ? Même si c'était le cas, les ont-ils lus ? J'en doute, dit notre interlocuteur. Aimant jouer solo, les traders ne font jamais allégeance aux banquiers, encore moins aux services administratifs chargés de les contrôler. Entre Paris et Londres, il y a un fossé culturel. La première n'aime pas les procédures écrites ou s'en moque. Par ailleurs, la formation des traders, utiles pour qu'ils se coulent dans l'esprit d'équipe afin de servir l'intérêt de l'employeur, ne semble pas être la priorité des établissements français."

Autre problème : la marge de manoeuvre des déontologues est limitée aux conflits d'intérêt et aux abus de marché, et leur compétence ne s'étend pas au contrôle des opérations de marché, laissé au "back office" (activités d'administration de la banque). "Dire que le trader (qui a mis en danger la Société générale) était très subtil et savait jouer avec le système pour dissimuler les positions est une explication lamentable. A l'évidence, la direction ne comprend rien à ce que font ses traders", ajoute notre interlocuteur.

Ancien responsable des activités d'investissement de CityCorp, Peter Hahn, professeur à l'école de commerce londonienne Cass Business School, a été stagiaire à la Société générale, en 1980 : "Si cela peut arriver à une banque innovatrice et bien gérée comme cette institution, il est clair que les banques sont amenées aujourd'hui à prendre trop de risques. L'augmentation de capital pour se prémunir contre les mauvaises surprises de ce type est plus que jamais à l'ordre du jour."

Les déboires de la Société générale jettent en tout cas le discrédit sur l'ensemble des banques françaises dans la City, déjà échaudée par les mésaventures passées de Calyon ou de l'ex-Crédit lyonnais. BNP Paribas, qui a fait le choix de décentraliser toutes ses opérations européennes dans la capitale britannique, semble pour l'instant échapper à cet opprobre.

En 2002, lors d'un entretien au Monde, Nick Leeson avait déploré qu'"aucune leçon n'ait été tirée" de son cas. Devenu directeur général de Galway United, club irlandais de football de première division, l'ancien trader soutient aujourd'hui Jérôme Kerviel, "victime comme (lui) d'un système centré sur la création de revenus au détriment des contrôles. L'âpreté au gain, c'est eux, pas lui".

Marc Roche
Article paru dans l'édition du 26.01.08

4 commentaires:

  1. J'ai une question idiote à propos de cette histoire, mais j'y pense tout le temps, alors peut être avez vous la réponse : Lorsque la fraude de Kerviel a été découverte, pourquoi les dirigeants de la SG ont-ils tout vendu, en plus à ce moment là, où toutes les bourses étaient au plus bas : auraient ils attendus six mois, ils perdaient peut être seulement la moitié de cette somme astronomique, non? Qui a paniqué?
    Au fait dans la rubrique "économie" du monde, il y a un autre article où Kerviel explique lui-même ce qui c'est passé "je ne peux croire que ma hiérarchie n'avait pas conscience des montants que j'engageais" qui explique bien l'ambiance.

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  2. réponse à la question :

    La direction de la SG a tout vendu assez vite (3 jours) parce que la réglementation bancaire les y obligait.

    Ils auraient pu attendre....oui en cas de hausse tant mieux mais en cas de baisse....faillite définitive.

    Un bon trader est d'abord celui qui accepte d'assumer ces pertes avant que celles cies ne deviennent fatales à la banque.

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  3. Que je sache, ce n'est pas une réglementation, mais un usage commun dans les banques, et ce pour une bonne raison : Quand on tient une position difficile de cet ordre de grandeur, si l'information filtre, les concurrents peuvent tenter d'en profiter, jouer sur les cours, et démultiplier la perte de la banque en question pour la ruiner et se débarrasser à bon compte d'un concurent.

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  4. Justement l'article est pitoyable, le soi-disant expert qui pense que les futurs sont des produits hyper compliqués, alors qu'on ne peut pas faire plus vanille...
    Ensuite, il me semble que les desks de dérivés de la SG sont bien à Paris.

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