samedi, mai 17, 2008

Le pays du déni

La France est le pays du déni, voire du mensonge.

Il est frappant, quand on lit les journaux étrangers, de constater à quel point le débat public français se déroule dans un cadre fantasmagorique n'ayant qu'un rapport lointain avec la réalité. Quelques exemples :

> la croissance : le gouvernement se félicite d'une croissance moins pire que prévue, alors que, prise sur vingt ans, ou même sur dix, la croissance française est à la traine d'une Europe elle-même à la traine de l'économie mondialisée.

> le service public : on nous bassine avec «service public à la française», mais on oublie que son inefficacité (on estime à 40 000 le nombre de salariés de la SNCF employés sur des lignes à moins de deux trains par jour) est une des principales causes du chômage de longue durée.

C'est pourtant assez facile à comprendre : si les dépenses publiques, qui représentent la moitié du PIB sont peu productives, le privé est obligé d'être excessivement productif pour maintenir le niveau de vie global et donc d'éliminer les «maillons faibles». C'est ainsi que les traits attribués au «libéralisme sauvage» résultent en fait de l'étatisme. Je suis frappé de voir aux USA des gens qui travaillent, vieux, noirs, femmes, peu qualifiés, qui seraient au chômage en France.

> les éoliennes. Chaque fois que je vole en avion, je vois de nouvelles éoliennes. C'est une hérésie. Non seulement, les éoliennes sont affreusement laides et économiquement absurdes, elles sont subventionnées aux trois quarts, mais elles sont aussi écologiquement idiotes : on estime que les éoliennes coûtent plus d'énergie à fabriquer et à entretenir qu'elles n'en produiront jamais.

> les OGMs : jamais n'intervient dans le débat français LE fait majeur concernant les OGMs, à savoir qu'il y a une centaine de millions d'ha d'OGMs cultivés dans le monde et un recul d'environ vingt ans. Nous avons donc des faits, des chiffres, des statistiques, des études. Or, je n'en entends pratiquement jamais parler.

Un méchant commentateur a dit que le débat sur les OGMs rappelait le débat sur la vaccination au XIXème siècle. Je suis moi aussi frappé par la nullité persistante du débat (j'entendais le restaurateur Marc Veyrat avoir peur que ses plantes de montagnes soient contaminées par du blé OGM. C'est aussi crédible que de voir s'accoupler un singe et une carpe.)

Ce ne sont que quelques exemples qui me viennent à l'esprit. Mais, en écoutant la radio, je me dis bien trop souvent : «Mais c'est complètement irréel !»

5 commentaires:

  1. Quand on vient chez vous, c'est un peu comme au marché : il y a tant de stands de bêtises à rectifier qu'on ne sait par lequel commencer. Alors j'ai pris celui-ci au hasard :
    "la croissance française est à la traine d'une Europe elle-même à la traine de l'économie mondialisée."

    C'est en classe de troisième que l'on apprend aux élèves que l'UE est la première puissance commerciale du monde et la première exportatrice de services, que son PIB est largement supérieur à celui des Etats-Unis, etc.

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  2. Cher Anonyme,

    Je vous remercie de votre condescendance : c'est un plaisir de gourmet d'être pris pour un con par un imbécile.

    Je n'ai pas parlé de PIB, le passé ne m'intéresse pas, j'ai parlé de croissance.

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  3. Il faut donc améliorer votre expression écrite puisque nous lisons tous : "(...) une Europe elle-même à la traine de l'économie mondialisée."
    Vous parlez bien "d'économie mondialisée" et non de simple croissance.

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  4. Cher Monsieur,
    Je suis tout à fait d'accord lorsque vous dites
    "Il est frappant, quand on lit les journaux étrangers, de constater à quel point le débat public français se déroule dans un cadre fantasmagorique n'ayant qu'un rapport lointain avec la réalité".
    Afin d'abonder dans votre sens sur "La France pays du déni et du mensonge" je me permets de recommander deux lectures bien utiles.
    - La première est celle du "Rapport sur les aides publiques aux entreprises" de la très officielle "Commission d'audit de modernisation" (IGF, IGAS, IGA).
    "On peut estimer à près de 65 milliards d'euros l'ensemble des aides publiques aux entreprises, dont 90% sont financées par l'Etat (...). Ce total de 65 milliards d'E représente un peu plus que le total du budget de l'Education nationale (...). C'est aussi un chiffre supérieur au déficit public."
    - Un second rapport, celui du Conseil des prélèvements obligatoires, présenté par Philippe Seguin, évalue le montant des fraudes fiscales dans une fourchette comprise entre 29 milliards et 40 milliards, soit entre 1,7% et 2,3% du PIB. "Et encore, selon le premier président de la Cour des comptes, c'est là une estimation basse"...

    Dans ce contexte financier des cadeaux aux copains et aux coquins (100 milliards d'E, une paille!), la suppression de postes, l'allongement de la durée du travail et, de manière générale, les incantations de nos chers amis libéraux prennent une saveur toute particulière, une espèce de goût de fiel...
    Les dimensions du gigantesque foutage de gueule politique qui en découle sont à réévaluer à la lumière de ces rapports soigneusement cachés par le gouvernement des avocats d'affaires, l'opposition ( le ralliement du PS au libéralisme, un scoop !), la presse et les syndicats.

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  5. Et si la fraude fiscale et les subventions aux libéraux en peau de lapin avait une seule et même cause, une pression fiscale trop élevée ?

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