samedi, octobre 04, 2008

Le social-fascisme et le bel avenir des banques

Voici deux textes.

Un de Guy Sorman, avec qui je suis habituellement d'accord qui remet un peu de sang-froid dans l'hystérie actuelle :

Le bel avenir des banques

Un d'Alexandre Adler, avec qui je suis habituellement en désaccord mais qui me semble pour une fois taper juste.

Il explique que Besancenot et ses boys pourraient être à la crise présente ce que Hitler et ses sbires furent à la crise de 1929. De même que les conservateurs chrétiens ont favorisé Hitler en refusant d'en faire le mal absolu, nos socialistes montrent vis-à-vis des éradicateurs trotskystes une bienveillance coupable.

Le parallèle continue en ceci qu'on retrouve chez nos intellectuels la même indulgence, voire la même attirance, pour la violence d'extrême-gauche qu'on trouvait chez les intellectuels allemands pour la violence d'extrême-droite.

On peut filer cette comparaison assez loin puisque notre extrême-gauche cache de moins en moins son antisémitisme.

Bien sûr, on finit par atteindre une limite : il nous manque, heureusement, le traumatisme de la première guerre mondiale.

Cependant, A. Adler rejoint certains de mes soucis. J'observe avec un mélange de dégoût et d'inquiétude la faveur dont jouit le facteur rouge parmi notre prétendue élite.

J'ai vraiment l'impression de voir des lapins fascinés par le cobra qui va les manger.

Le social-fascisme

18 commentaires:

  1. Le changement de nom de la LCR est assez malin. En enlevant, les mots "communiste" et "révolutionnaire", on gagne des électeurs socialistes déçus par le PS, c'est inévitable.

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  2. Mitterrand avait semble t-il favorisé l'éclosion du FN pour diviser à droite. La stratégie inverse pourrait bien être appliquée par la droite. La LCR (ou NPA) peut récolter beaucoup de suffrages et faire du mal au PS, mais de là à passer les 50% ... Il faudrait une situation sociale vraiment dramatique.

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  3. "...mais de là à passer les 50% ... Il faudrait une situation sociale vraiment dramatique." Mais ne croyez-vous pas qu'elle le devienne... vu notre situation globale et notre dette colossale, je pense qu'on y est ou du moins qu'on y entre doucement mais sûrement... et si les USA se dirigent vers une forme d'isolationnisme dans les années à venir, le pire est à craindre, malheureusement...

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  4. Il faudrait une situation sociale vraiment dramatique»

    Au vu des erreurs d'analyse majeures que j'entends sur la crise actuelle, je ne peux m'empêcher de croire que nos politiciens sont tout à fait capables de nous mettre dans une situation vraiment dramatique.

    N'en déplaise à certains, le rôle de mesures étatiques malencontreuses dans la prolongation et l'aggravation de la crise de 1929, notamment la loi Hawley-Smoot, est clairement établie, fait l'objet d'un consensus, en quelque sorte :-)

    Comme l'expliquait très bien en son temps Bastiat, il y a ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas.

    Les politiciens ont une fâcheuse tendance à se concentrer sur ce qu'on voit.

    Nous pouvons déplorer ce mélange d'incompétence, de bêtise et de démagogie, mais nous sommes bien obligés de le subir.

    C'est pourquoi je ne suis pas du tout confiant.

    Dans la situation actuelle, nos politiciens sont capables, au prétexte de la crise, de mobiliser d'énormes moyens pour faire d'énormes conneries (voir le plan Paulson bis).

    Et cela fera le lit, pour un peuple qui n'est guère plus intelligent que ses politiciens, des extrêmistes au idées simples et brutales.

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  5. «Il faudrait une situation sociale vraiment dramatique»

    Au vu des erreurs d'analyse majeures que j'entends sur la crise actuelle, je ne peux m'empêcher de croire que nos politiciens sont tout à fait capables de nous mettre dans une situation vraiment dramatique.

    N'en déplaise à certains, le rôle de mesures étatiques malencontreuses dans la prolongation et l'aggravation de la crise de 1929, notamment la loi Hawley-Smoot, est clairement établie, fait l'objet d'un consensus, en quelque sorte :-)

    Comme l'expliquait très bien en son temps Bastiat, il y a ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas.

    Les politiciens ont une fâcheuse tendance à se concentrer sur ce qu'on voit.

    Nous pouvons déplorer ce mélange d'incompétence, de bêtise et de démagogie, mais nous sommes bien obligés de le subir.

    C'est pourquoi je ne suis pas du tout confiant.

    Dans la situation actuelle, nos politiciens sont capables, au prétexte de la crise, de mobiliser d'énormes moyens pour faire d'énormes conneries (voir le plan Paulson bis).

    Et cela fera le lit, pour un peuple qui n'est guère plus intelligent que ses politiciens, des extrémistes aux idées simples et brutales.

    J'ai peur que se rapprochent dangereusement du pouvoir ceux qui font d'intolérance vertu.

    Inutile de vous dire que, n'ayant aucune affinité avec Saint-Just et Robespierre, je n'apprécierais guère la vie sous la direction de ses sanguinaires.

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  6. "Mitterrand avait semble-t-il favorisé l'éclosion du FN pour diviser à droite. La stratégie inverse pourrait bien être appliquée par la droite."

    Nicolas Sarkozy l'a explicitement annoncé à François Hollande, dans un avion qui les ramenait de je ne sais où. "On va vous faire avec Besancenot ce que vous nous avez fait avec Le Pen", a-t-il prévenu.

    Quant à la possibilité que la crise fasse monter la cote de Besancenot, il ne faudrait pas oublier qu'elle peut aussi faire monter celle de Marine Le Pen.

    Concernant l'inopportunité du plan Paulson et de mesures apparentées, qui seraient contradictoires avec les beaux manuels libéraux de notre enfance, j'aimerais bien que toute personne avançant cette thèse donne en même temps son point de vue sur la possibilité, dont on nous rebat les oreilles tous les jours dans les médias, que de petits épargnants perdent les économies d'une vie de travail et finissent leur vie dans la misère, simplement parce que leur banque ferait faillite par orthodoxie libérale.

    Toute discussion de l'intervention des Etats dans la crise financière qui omettrait ce point ne serait pas honnête.

    Certains passent leur temps à nous répéter que "les actionnaires doivent être punis", mais ils oublient de dire que les actionnaires ne sont pas seuls à risquer leur épargne. Quelqu'un qui n'a pas approché une action de sa vie à moins de mille kilomètres est également en danger d'être ruiné, si l'on en croit les "experts".

    Ils oublient aussi de rappeler qu'ils n'ont pas cessé de nous casser les oreilles sur tous les tons, depuis des années, afin que nous achetions des actions, parce que la retraite privée c'est bien, tandis que la retraite publique c'est communiste.

    Un peu de cohérence, s'il vous plaît.

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  7. "European governments, meanwhile, have shown themselves able to rescue individual banks with impressive speed. Saturday’s summit notwithstanding, there is no sign of a comprehensive strategy to resolve the crisis either at the European level or in most nation states."

    "That must change. The money markets are closed to banks, and some retail depositors are so spooked as to turn to gold, not as an investment but as a store of value. What next? Baked beans?"

    "The most fundamental attribute of a banking system is to provide a safe way to store money and to make payments. A modern economy can no more exist without such services than without electricity, roads or telephones. They are now under real strain and they must be protected."

    "When the lights flicker and die, real leaders do what it takes to get them on again, rather than refusing to “bail out” the power companies, however much they may be to blame."

    http://tiny.cc/VkVBS

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  8. «Toute discussion de l'intervention des Etats dans la crise financière qui omettrait ce point ne serait pas honnête.»

    Etes vous de mauvaise foi ou simplement un peu dissipé ?

    Les déposants ne risquent absolument rien, des fonds de garantie existent à cet effet.

    «
    Ils oublient aussi de rappeler qu'ils n'ont pas cessé de nous casser les oreilles sur tous les tons, depuis des années, afin que nous achetions des actions, parce que la retraite privée c'est bien, tandis que la retraite publique c'est communiste.

    Un peu de cohérence, s'il vous plaît.»

    C'est vous qui inventez une incohérence qui n'existe pas : je n'ai entendu aucun libéral dire ces jours-ci qu'il fallait abandonner les retraites par capitalisation sous prétexte qu'il y avait une crise.

    Pour ma part, je mets de coté tous les mois une somme fixe investie dans une assurance-vie diversifiée (un peu l'équivalent français d'une retraite par capitalisation).

    De ce point de vue, la crise actuelle ne m'inquiète absolument pas, c'est même une bonne occasion : je suis bien persuadé que le fonds en question vaudra plus dans trente ans qu'il ne vaut actuellement.

    Vu dans cette perspective, plus la bourse baisse aujourd'hui, plus ça arrange mes affaires pour quand je serai vieux.

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  9. J'ai toujours été très étonné d'écouter des commentateurs nous annoncer que le FN ne signifiait plus rien à la suite de l'élection de Sarkozy. Je pense que c'est une belle erreur, et tout comme le pense R. Marchenoir, le FN peut remonter aussi vite qu'il est descendu.

    C'est come ça, un électeur mécontent a deux solutions : soit il s'abstient, soit il se dirige vers les extrêmes ou très rarement vers le parti opposé.

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  10. Franck:

    "Etes vous de mauvaise foi ou simplement un peu dissipé ? Les déposants ne risquent absolument rien, des fonds de garantie existent à cet effet."

    Je vous retourne votre aimable interrogation, Monsieur le professeur agrégé d'économie libérale. Ce que vous écrivez est parfaitement faux. Les fonds de garantie sont fortement plafonnés, et les provisions dont ils disposent sont bien faibles par rapport aux avoirs en dépôt dans les banques.

    Seul, à ma connaissance, un pays, l'Irlande, vient de décréter une garantie illimitée. Et cela lui est fortement reproché par les autres pays européens, qui y voient une concurrence déloyale, et un encouragement à la mauvaise gestion.

    Sarkozy a affirmé que les épargnants ne perdront pas un euro; mais c'est une promesse politique, orale, et en tant que telle fortement sujette à caution. S'il est tellement sûr de ce qu'il avance, pourquoi ne l'inscrit-il pas dans la loi?

    Jusqu'à cet instant, il n'a jamais été question, en France, d'augmenter le plafond de la garantie, comme cela a été envisagé (ou fait?) aux Etats-Unis.

    L'éditorial du Financial Times, dont j'ai publié un extrait, dit bien que les particuliers en sont à retirer leur argent des banques pour acheter de l'or, tellement ils craignent de ne pouvoir récupérer leurs fonds.

    Quant aux banques, elles en sont à essayer d'emprunter le matin de quoi tenir la journée. Mais le Financial Times est infiltré par le Parti communiste unifié européen, c'est bien connu.

    N'étant ni économiste ni financier, j'ignore s'il convient de garantir à 100% les dépôts des particuliers. Je sais en revanche qu'il s'agit d'un problème gravissime, qui ne peut être balayé d'un revers de main au motif que ce ne serait pas marqué comme ça dans le bouquin libéral.

    "C'est vous qui inventez une incohérence qui n'existe pas : je n'ai entendu aucun libéral dire ces jours-ci qu'il fallait abandonner les retraites par capitalisation sous prétexte qu'il y avait une crise."

    C'est justement là qu'est l'incohérence.

    D'un côté les libéraux nous disent que Madame Michu doit acheter des actions pour sa retraite, d'un autre côté ils nous disent que les actionnaires doivent perdre leur culotte dans la crise actuelle, car c'est la punition normale du risque excessif qu'ils ont pris.

    Cela se défend s'il s'agit des managers des banques et des opérateurs financiers qui ont un pouvoir de décision et des bonus faramineux, supérieurs à ceux des PDG de grandes entreprises.

    Mais qu'en est-il de Madame Michu, dont le pouvoir de décision est tout théorique, et qui, aurait-elle passé ses journées le nez sur un écran de trading, n'avait aucun moyen de mesurer le risque pris en son nom, étant donnée l'opacité soigneusement organisée dont nous connaissons maintenant l'ampleur?

    Je ne dis pas qu'il faut passer au socialisme sous prétexte que nous entrons dans la crise financière la plus grave depuis 1929 (ce n'est pas moi qui la qualifie ainsi).

    J'aimerais, d'un autre côté, que les libéraux français (et je pense qu'il s'agit d'une spécificité des Français), se gardent d'un certain simplisme, d'un certain dogmatisme, d'une certaine arrogance, qui leur fait un peu trop chanter la chanson du "pfff... tous des cons, c'est pourtant simple d'appliquer les recettes qui marchent, il suffit de faire ce qu'on dit".

    Essayez un peu de sortir de votre univers personnel, qui me semble limiter votre appréhension de la réalité.

    Vous me paraissez jeune, vous avez donc tout le temps, comme vous le dites, d'alimenter vos placements en vue de votre retraite, et d'encaisser des coups de tabac.

    Vous me semblez avoir un emploi de bon niveau, probablement bien payé, avec un CDI, dans une grande, voire une très grande entreprise, apparemment performante, qui risque peu de mettre la clé sous la porte.

    Vous me paraissez avoir fait de bonnes, voire de très bonnes études, et être doté d'une intelligence et d'une culture supérieures.

    Vous pourriez probablement, si les choses allaient de plus en plus mal en France, vous expatrier dans un pays plus performant, y trouver un bon emploi et y faire votre vie, au moins pendant un temps.

    Bref, vous faites partie des 5% (ou 1%, ou 0,5%...) de l'élite française qui peut se sentir relativement à l'abri, qui est raisonnablement sûre de pouvoir s'en tirer quoi qu'il arrive.

    N'étant pas socialiste, je ne songe pas à vous le reprocher. Pas plus que je ne reproche à pas mal de libéraux français de coller à ce profil.

    En revanche, s'ils veulent convaincre leurs compatriotes, ils feraient bien de se mettre un peu plus souvent dans la peau d'un petit retraité, d'un jeune qui a fait une université bidon et auquel on ne propose que des CDD avec foutage de gueule intégré, d'un cinquantenaire au chômage auquel on dit d'entrée de jeu qu'il n'a aucune chance de retrouver un emploi, etc.

    Sauf erreur de ma part, le montant garanti des dépôts en France est de 70 000 €. A supposer que cette garantie soit honorée en cas de faillite bancaire (ce qui n'est pas une certitude), calculez la retraite qu'un tel capital peut produire. Puis déduisez l'inflation.

    Vous vous apercevrez, alors, que Bastiat ne possède peut-être pas toutes les réponses pour l'économie du XXIème siècle.

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  11. J'en suis pas si sûr que cela. Au FN, je suis quasi-certain que la guerre éclatera quand le patriarche partira. Il y a dans ce parti une personne qui attend son heure depuis des années et qui n'acceptera jamais de se faire piquer la place qu'il pense lui revenir de droit parce qu'il a toujours été le fidèle bon soldat par une femme (qui plus est), quand bien même elle est la fille du grand chef.

    Il ne faut pas oublier que le FN n'est pas un parti monolithique : tout et son contraire y est représenté : catholiques traditionalistes, païens, néofascistes, etc. C'est grâce à son charisme que Le Pen a pu maintenir une fiction d'unité de son parti qui volera en éclats une fois parti.

    A mon avis la menace est beaucoup plus sérieuse à l'extrême gauche.

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  12. Pour ma part, je redoute comme la peste les interventions étatiques dans la crise actuelle.

    En effet, le fond du fond, ce qui mine le système, c'est que les banques n'osent plus se prêter entre elles parce qu'elles ne se font plus confiance. Le résultat est que même les banques saines souffrent et ne peuvent jouer leur rôle de charognards.

    En retardant ou en empêchant la chute des canards boiteux, les interventions étatiques repoussent aux calendes grecques le retour de la confiance, elles transforment une fièvre en maladie de langueur.

    Honnêtement, j'ai très peur : je trouve que, avec des couleurs et des mots différents, les Etats font les mêmes erreurs économiques que dans les années 30 : pour amortir à court terme les effets de la crise, ils la prolongent et l'aggravent à moyen terme.

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  13. @ Bob

    Je pense que vous avez tort de craindre un «bank run» : les fondamentaux de l'économie mondiale ne me semblent pas mauvais.

    Cependant, les événements vont si vite et sont soumis à une psychologie tellement volatile que je n'ose guère m'avancer.

    Mon pronostic actuel est que la crise financière est sur le point de s'achever, que la crise économique commence et qu'elle sera de courte durée.

    Mais j'entends bien les voix qui prédisent «vous n'avez encore rien vu» de la crise financière. Je pense qu'elles se trompent, mais sans assurances.

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  14. Il va falloir surveiller le Libor et l'Euribor, le jour ou ils se mettent sur une tendance descendante c'est que la crise financière sera passée.

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  15. Franck,
    Le pire n'est jamais sûr, bien qu'on puisse avoir l'impression qu'il se rapproche à grands pas.

    Je partage vos craintes, ainsi que celles exprimées par d'autres, sur les interventions étatiques.
    Comme le dit si bien Sauvy, nous avons collectivement renoncé après la Première Guerre au gouvernement des choses. Sauvy met en exemple le refus fait d'une diminution du salaire horaire anglais au profit d'un chômage qui demeure important, chose impossible avant 14.
    Il argumente en disant que le gouvernement des choses était brutal, dur, et laissait souvent une impression d'injustice.
    Il indique qu'il avait cependant comme vertu de retrouver rapidement un équilibre pour aller de l'avant.
    Comme je crois pas que Sauvy puisse être rangé aux côtés d'un Niskanen ou d'un Salin, je me dis que si un auteur aussi pondéré et socialiste que lui reconnaît cela, c'est qu'il faut regarder un peu de ce côté.

    En ce sens, la plupart - tous ? - des mécanismes étatiques reposent sur cette idée démiurgique de contrôle des choses.
    Or, le processus politique est tel qu'à chaque fois, cela ne peut que conduire à chercher à atténuer à court terme des conséquences qui du coup se prolonge dans le temps.

    En outre, cela est inévitable, n'en déplaise aux constructivistes de tous poils.
    Le propre du système politique, de la reconnaissance d'un problème comme devant être traité par le pouvoir politique et la manière dont ce dernier va construire la représentation du problème - ses causes, ses conséquences, ses responsables, ses victimes, etc. - induit MECANIQUEMENT et NECESSAIREMENT des simplifications souvent tellement importantes qu'elles en deviennent abusives. (pour ceux que cela intéresse, lire par exemple Deborah Stone Policy Paradox ou C. Lindblom the science of muddling through). Le propre de l'action politique est de ne retenir qu'un aspect du problème, et même un tout petit aspect. Cela pour le rendre intelligible et traitable.
    Aucune action publique ne saurait embrasser un problème sous toutes ses facettes, avec ses points de divergences et ses conséquences à long terme pour la simple raison que c'est impossible et qu'une des raisons de la construction des appareils étatiques est justement de faire cela.

    Dit autrement, en l'absence de contre pouvoirs forts, au travers notamment d'un parlement qui joue pleinement son rôle - au moins de contrôle de la dépense publique - et d'une société civile qui a les moyens moraux/financiers/légaux, il ne peut pas y avoir une gestion correcte de ce genre de chose par les pouvoirs publics.

    C'est sans doute en cela que je suis intrinsèquement pessimiste sur l'évolution du pays que j'aime, car je crains fort que le doux bercement de l'Etat nounou -pour reprendre le titre d'un ouvrage - ne conduise à penser que tout peut se régler par lui, alors qu'il est sans doute, depuis quelques années, la source du problème.

    @ Robert Marchenoir,
    Le problème est effectivement les conséquences de la responsabilité des actionnaires. CEpendant, c'est bien le propre d'un actionnaire de prendre ces risques qui peuvent aller jusqu'à la faillite.
    Certes, son pouvoir demeure théorique. C'est aussi pour conjurer ce risque et le pouvoir pratique faible qu'on investit souvent dans des paniers d'actions, dans des supports qui permettent de répartir le risque.
    Là où le problème existe, c'est dans le cas de plan d'épargne entreprise investi uniquement dans l'action de la boîte : on peut perdre à la fois sa retraite et son travail.
    Certes, la question des externalités très négatives d'une crise bancaire inclinent à se demander dans quelle mesure les pouvoirs publics peuvent pour le coup agir. Mais, cf supra, j'ai toujours le doute qu'ils le fassent avec le but d'assainir la situation.
    Certes, la banque de Mme Michu ne fera pas faillite, mais si l'activité économique demeure faible et si la défiance bancaire demeure, on peut s'interroger sur l'intérêt de l'action.

    Au final, avec les réserves mentionnées précédemment, la question fondamentale, surtout dans le cas de figure de la crise bancaire, est : les pouvoirs publics interviennent-ils pour calmer la crise, ou bien , quitte à juste accompagner la purge, préparent-ils correctement l'avenir et la prévention des crises, par exemple avec des règlements qui encouragent la responsabilisation des acteurs ?

    Comme je doute que le personnel politique notamment français soit capable du second, j'ai quelques soucis.

    Cordialement

    PS: je ne sais si je fais parti des 5, 1 ou 0,5 % mentionnés par Robert Marchenoir, mais ce dont je demeure persuadé, jusqu'à preuve du contraire, c'est que ce n'est justement pas dans le maternage étatique que les autres pourcents pourront épanouir leurs talents et avoir l'opportunité de bâtir une société prospère.

    PS2: si Sarkozy fait avec la LCR ce que Mitterand fit avec le FN, ça n'arrangera sans doute pas les choses. La peur bloque la pensée, et tant au PS aujourd'hui qu'au RPR d'alors, c'est de responsables qui pensent dont nous avons besoin, à mon avis tout au moins.

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  16. "c'est de responsables qui pensent dont nous avons besoin, à mon avis tout au moins."

    Mais envoyez-vous un seul de premier plan qui le fasse? Moi non...

    Je vous conseille à ce propos d'écouter sur Reichmann TV l'émission avec F. de Closets...

    Reichmannv

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  17. Hideux dans leur apothéose,
    Les rois de la mine et du rail
    Ont-ils jamais fait autre chose
    Que dévaliser le travail
    Dans les coffres-forts de la bande
    Ce qu'il a créé s'est fondu
    En décrétant qu'on le lui rende
    Le peuple ne veut que son dû.

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  18. Tiens, un classique...
    La valeur travail, quelle belle base pour tous les publicistes, mais quelle erreur pour le raisonnement.

    Cordialement

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