lundi, mai 31, 2010

La politique bloquée

J'entends souvent :«Nous avons les responsables politiques que nous méritons : nous les élisons… de quoi se plaint-on ?»

Je suis hanté en ce moment par la phrase d'Huntington : «Après avoir inventé la démocratie représentative, les Français ont inventé la démocratie non-représentative».

Mot cruel, mais juste : tous les symptômes et les signes montrent les Français se sentent peu ou pas représentés par leurs élus.

Et la cause en est relativement claire : la bien-pensance, au pouvoir médiatico-politique, censure tout un pan du spectre politique, le conservatisme.

Mis à part Jean-Marie Le Pen, qui est repoussé dans son coin, en partie à cause de ses propres obsessions, on ne nous propose toujours le choix qu'entre un progressiste de droite et un progressiste de gauche. Jamais un conservateur.

Nicolas Sarkozy n'est en rien le représentant d'une «droite décomplexée», cette assertion est un bobard. Au contraire, notre «droite» est plus que jamais soumise au magistère de la gauche, qui, elle, est sans complexes, voire carrément arrogante.

Pour caricaturer, on n'a le choix qu'entre «voulez vous le mariage homosexuel tout de suite ou la semaine prochaine ?» «Voulez vous plus d'immigration ou beaucoup plus d'immigration ?» (1) ...

Jamais on ne nous propose «voulez vous refuser le mariage homosexuel ?» ou «voulez vous arrêter l'immigration ?»

Les racines de ce phénomène sont connues : elle est dans la stratégie d'influence de groupes placés à des points stratégiques.

On voit bien que les politiciens ne recherchent pas l'approbation des Français mais l'approbation des journalistes et des curés de la bien-pensance. C'est pourquoi il est logique que les journalistes soient pris dans le même discrédit que les politiciens.

Or, cette censure du conservatisme, qui provoquerait un malaise en des temps normaux, devient extrêmement dangereuse dans des temps agités comme ceux vers lesquelles nous allons.

Tout d'abord parce que, j'en suis convaincu, le conservatisme est la solution de la plupart de nos maux. Se priver du conservatisme, c'est se priver de la possibilité de résoudre nos problèmes. Ca ne peut que mener à la catastrophe.

Ensuite, même si j'ai tort, même si le conservatisme n'est pas la solution de nos maux, le fait de censurer et de priver de représentants une tendance politique que je soupçonne importante ne peut qu'engendrer la rancœur, la colère ou l'indifférence à la vie politique. Tous sentiments qui augurent mal de l'avenir.

Tant qu'on bavarde, qu'on se bat sur des mots (ah, l'absurde débat sur le «rigueur» qui n'en est pas une), on repousse le moment où il faudrait montrer quelque courage et agir. Et comme nos politicards crèvent de trouille d'aller contre contre la bien-pensance socialiste, corporatiste et immigrationniste, et contre quelques agitateurs colériques, ils continuent à bavasser indéfiniment au lieu d'agir immédiatement. Procrastination, quand tu nous tiens ...

N'oubliez jamais que les pauvres n'ont qu'une chose qu'on ne peut pas leur prendre : leur patrie.

Nier la France, nier ses spécificités, ses coutumes, faire comme si la France était n'importe quel pays et que n'importe quel pays pouvait être la France (c'est ce que sous-entend le discours fallacieux qui réduit la France aux mystérieuses «valeurs républicaines». Si la France n'est qu'une question de valeurs, n'importe quel pays peut les adopter et devenir la France), c'est arracher aux pauvres leur ultime assurance en cas de crise grave. On a connu des politiques plus judicieuses !

La première chose que Clemenceau a dite en arrivant au pouvoir est : «Le pays saura qu'il est défendu». Les Français d'aujourd'hui peuvent à bon droit dire : «Nous savons que le pays n'est pas défendu».

Et pour être bien certaine que le pays ne puisse être défendu, notre intelligentsia a corseté toute velléité d'auto-défense dans des entraves non démocratiques, faites de traités, de normes, chartes, de déclarations solennelles des droits de ceci ou cela, de conseils tartempionnels, de commissions théodulesques, de cours internationales de machin, de supra-choses-bidules, qui ont tous pour point commun de correspondre aux préjugés de la bien-pensance.

Aujourd'hui, pour reprendre mes exemples, le respect des traités nous contraint à terme à accepter le mariage homosexuel et l'invasion migratoire.

A partir de là, on nous joue la comédie fétichiste de l'Etat de droit : «Nous, on voudrait bin, mais on peut point, c'est la faute à lacharte Bidule. Oui, c'est con mais que voulez vous, mon bon monsieur ? Faut respecter l'Etat de droit».

Que peut-on attendre d'autre d'élites dénationalisées, qui vivent dans leur bulle, détachées du peuple ? Nous allons vers le pire : le ressort longtemps comprimé de la frustration qui se détend en des violences sauvages.

Ivan Rioufol propose ce qui me semble une excellente solution (avec des défauts bien sûr) :

Le référendum pour débloquer la société

Mais en sommes nous capables ? Plus précisément : nos politiciens sont-ils capables de se dessaisir d'une partie de leur pouvoir maintenant pour éviter de se faire lyncher demain ? Je ne sais. Je ne compte pas sur leur intelligence, fort limitée (2), plutôt sur leur instinct de survie, qui quelquefois fait des miracles.

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(1) : je rappelle que, sous le gouvernement du «fasciste» Sarkozy, ils entrent en France plus de 200 000 immigrés par an.

(2) : les meilleurs Français, les vrais intelligents, ne font pas de politique, ils partent à l'étranger.

3 commentaires:

  1. Propos lapidaires mais au combien justes, d'ailleurs plus répandus qu'on ne le croit. Mais que pèsent ces prises de conscience face à l'autisme et la superbe de nos fermiers généraux plus préoccupés de pérenniser ou d'augmenter leurs privilèges (http://www.lalsace.fr/fr/region/alsace/article/3220418/PS-Le-cumul-des-mandats-necessaire.html. Le titre est pris au hasard mais est emblématique de ce problème)?
    Comme vous le dites si bien, "Nous allons vers le pire : le ressort longtemps comprimé de la frustration qui se détend en des violences sauvages.". Ça a déjà commencé et ça va s'accentuer (cf le pb des banlieues, l'échec de l'EN souligné par 3 rapports différents en moins d'un mois, l'impuissance des forces de l'ordre face à la délinquance organisée et violente alors que le citoyen lambda est persécuté sur les routes, etc...). L'avenir est bien sombre.

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  2. "On voit bien que les politiciens ne recherchent pas l'approbation des Français mais l'approbation des journalistes et des curés de la bien-pensance."

    Il me semble que c'est le contraire qui se produit, pour une raison que vous n'avez pas évoquée : les journalistes sont des putes à subventions.

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  3. Les politiciens se défaussent sur Bruxelles par lâcheté. Ah, heu, mais c'est pas nous, heu, c'est Bruxelles, heu, on est obligés, heu.

    En étant juste un peu moins cons, ils pourraient se défausser sur le référendum. Ah, heu, mais c'est pas nous, heu, c'est les Français, heu, ils sont cons, heu, mais on est bien obligés, heu.

    Un peu comme le gouvernement suisse, avec les minarets. Oui monsieur l'ambassadeur, ils sont un peu racistes sur les bords, mais ce sont nos coutumes, vous savez, la démocratie, toussa.

    Ou comme les musulmans modérés, avec les musulmans, heu, musulmans. Oui monsieur le ministre de l'Intérieur, nous réprouvons la violence, mais avec toutes ces provocations islamophobes, vous comprenez, la colère légitime, toussa, certains musulmans pourraient en venir à des extrémités...

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