mardi, novembre 23, 2010

La crise irlandaise met la démocratie en question

Qu'est-ce que l'endettement généralisé ?

C'est le moyen qu'ont trouvé les politiciens occidentaux pour financer la démagogie qui leur permet d'être élus. Ils achètent leur élection en offrant aux électeurs des prestations, des services et des emplois qu'ils ne font pas payer à leur juste prix.

Des politiciens qui renoncent à cette mauvaise habitude peuvent-ils gagner les élections contre des politiciens qui n'y renoncent pas ?

Si la réponse est négative, alors la démocratie aura vécu.

13 commentaires:

  1. 1) Franck Boizard manque de subtilité. Il n'a pas saisi que l'endettement de l'Etat ou des collectivités publiques n'a absolument rien à voir avec l'endettement des ménages et des entreprises.D'ailleurs, comme l'enseigne Frédéric Lordon, économiste marxiste et spinoziste, "le cas japonais, en tout cas en matière d'endettement de l’Etat, offre l’exemple d’une configuration non seulement viable mais dotée d’assez bonnes propriétés". Il y a la mauvaise dette, celle des entités privées, et la bonne dette, celle des Etats.

    2) Les travaux de l'Ecole des choix publics ne sont que le fer de lance de l'ultra-libéralisme et de l'impérialisme américain. Ils visent à détourner les citoyens de la soumission confiante qu'ils doivent à leurs élites.

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  2. 1 - Le commentaire manque également de subtilité : la dette des états n'est pas forcément bonne et celle des entités privées mauvaise. C'est assez manichéen de l'affirmer.
    Un endettement est efficace ou ne l'est pas en fonction des circonstances économiques et de l'usage qui est fait des fonds empruntés.

    2 - S'agissant de l'endettement actuel de l'état français je ne peux que souscrire à l'affirmation de Franck Boizard : il est la conséquence, pour une bonne part, et depuis de trop nombreuses années de la velléité de nos gouvernants et de leur démagogie.

    Il a toujours été plus facile pour eux d'endetter l'état et de reporter le poids de l'effort sur les générations suivantes que de prendre immédiatement les décisions qui s'imposaient. Cette remarque vaut particulièrement pour réduire les dépenses de fonctionnement. En revanche les dépenses d'investissement me semblent pour la plupart justifiées.

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  3. A Hotelalpha : J'ai rédigé mon texte de telle façon qu'on n'en perçoive pas l'ironie jusqu'à ce qu'on arrive à la fin de la dernière phrase. Je suis en fait d'accord avec Franck Boizard. Et aussi avec vous.

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  4. Le problème irlandais est quand même un peu différent de la simple dette. Comme pour l'Islande, il faut savoir qui paie pour les trous créés directement par les banquiers et non par les politiques.

    La question gênante, du point de vue français est de prévoir comment gérer les explosions en vol simultanées des banques et de l'Etat.

    Comme disait quelqu'un : "Il y aura des pleurs et des grincements de dent."

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  5. "Comme pour l'Islande, il faut savoir qui paie pour les trous créés directement par les banquiers et non par les politiques".

    Opposer les banques et l'Etat me semble une vision extrêmement erronée, aussi factice que le serait, disons, le fait d'opposer l'Etat ou les collectivités territoriales, ou l'Etat et la "Sécurité Sociale".

    Les banques sont en effet des quasi-administrations, de simples démembrements de l'autorité publique. Bien que juridiquement elles soient censées relever du secteur privé, il suffit de regarder un peu en détail les dispositions légales qui leur sont applicables pour voir que les banques sont en fait de simples agences de l'Etat exécutant servilement les ordres de l'autorité centrale : le fait même d'exercer l'activité bancaire, la nomination des dirigeants des banques (l'on va jusqu'à contrôler "l'honorabilité" de ces derniers), la répartition de leur capital, la composition de leur bilan, le prix des services qu'elles proposent, la détermination des personnes à qui elles accordent des prêts, celle des personnes à qui elles cessent d'accorder des prêts, tout est réglementé ou, plus exactement, discrétionnairement contrôlé, par des hommes de l'Etat.

    Jérome.

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  6. A Curmudgeon :
    Merci pour la précision. Les justifications de la dette sont parfois si grossières qu'il en devient difficile de percevoir l'ironie dans les commentaires de ses détracteurs.

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  7. Frank, d'un point de vue logique, politique, votre argument est imparable. D'un point de vue "historique", on peut souhaiter que vous ayez un petit tort quand même.

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  8. On va donner du fric aux banques (avec le nôtre et la dette de l'Etat), M. Boizard nous explique que c'est de la faute de ces salauds d'assistés et des vilains gôôchisses. Ca sent vraiment la bérézina pour le thatchérisme si M. Boizard perd son sang froid, sa logique légendaire et ses arguments rigoureux face aux geignards comme moi.

    Ce qu'il y a de bien, c'est que l'Etat ne pouvant plus battre monnaie (depuis la loi Rotschild et Maastricht), c'est que le fric qu'on va donner aux financiers, on l'emprunte à ces mêmes financiers avec intérêts. Cherchez l'erreur.

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  9. 1) Anonyme : L'économiste Marc Bousseyrol a publié en 2009 un livre intitulé "Vive la dette !". J'ai failli l'acheter, et puis j'ai flanché.

    2) Phoebastria : Vos critiques sont parfaitement sensées dans l'observation des faits en bout de chaîne, si je peux dire. Mais être libéral au sens boizardien ne signifie pas, je pense, le n'importe-quoi. Quand, comme c'est le cas le plus répandu, on fait, à droite, à gauche, au centre, l'éloge d'un système où les politiques, les banquiers et les économistes vous expliquent que les banques doivent être adossées à la garantie en dernier ressort de l'Etat, lequel à son tour est adossé à l'UE, ou au FMI, vous créez une mécanique d'irresponsabilité qui engendre facilement des crimes. Pourquoi se gêner, puisque, quand on est un gestionnaire incompétent ou un margoulin, on va se faire renflouer par l'Etat, c'est-à-dire les contribuables (vous vous souvenez par exemple du Crédit Lyonnais). Les économistes libéraux, par exemple les "autrichiens", les économistes de l'Ecole des choix publics, expliquent ça en long et en large, et depuis très longtemps. Quand les analystes socialistes disent : "Profits privés, pertes publiques", ils ont raison. Je suis d'accord avec eux. Si je suis boulanger et que j'ai la garantie que je vais être renfloué en piquant dans la poche de mes compatriotes via une agence de spoliation ornée de toutes apparences de la respectabilité, je n'ai aucune raison de trop m'en faire, et je peux faire du pain en béton et ouvrir ma boulangerie quatre heures par jour. Les clients ne viendront pas, mais je m'en fous, je serai renfloué. Au passage : est-il si sain que cela que l'Etat (ou une instance dépendante de fait d'un ou de plusieurs états) batte seul monnaie ? C'est la voie ouverte aux pires manipulations. Et je suis toujours étonné de la placidité avec laquelle on accepte les discours cyniques (consciemment ou non ?)visant à justifier une stimulation de l'inflation venue d'en haut, avec la perspective d'"euthanasier le rentier" à la Keynes. C'est un peu comme si on recevait dans les meilleurs cercles un voleur qui vous indique à l'avance qu'il va aller faire vos poches.

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  10. S'agissant des banques, à mon avis, l'Etat doit intervenir de deux manières, et de ces deux là seulement à l'exclusion de toutes les autres :

    > limiter la taille des banques pour éviter le too big to fail.

    > imposer que les banques soient en commandite, ie que les dirigeants soient responsables sur leurs biens propres pour une durée illimitée.

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  11. c'est de la faute de ces salauds d'assistés et des vilains gôôchisses.

    650 milliards de dépenses sociales. Quand seulement 17 millions de personnes créent des richesses en France, comment les financez-vous ?

    "on l'emprunte à ces mêmes financiers avec intérêts."

    Ah bon ? Et le prêt de plusieurs centaines de milliards à 2% d'intérêts accordé par l'Etat aux banques cette année et remboursé rubis sur ongle ?

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  12. Bonjour,

    Quelques remarques en passant.

    @ Phoebastria : de mémoire, du temps de la IVème, l'Etat accumulait dettes et déficits, repoussant chaque fois un peu plus le plafond des avances de la Banque de France.
    Imprimer des billets pour payer un état en déficit n'a jamais été une politique de longue durée...
    Celui qui y mettra bon ordre sera le Général de Gaulle sur les conseils de Jacques Rueff - voir le discours célèbre du premier un soir de décembre 1958... -.

    Sur le sujet du post, relire l'ouvrage du même Jacques Rueff sur les fondements philosophiques des régimes politiques.
    A ses yeux, l'endettement des pouvoirs publics pour payer des prébendes témoignent effectivement d'une faillite de la démocratie, car les élus ne placent pas les électeurs devant la réalité des choix : des services collectifs obligatoires importants avec des impôts élevés...

    Sur les banques, feue Anna Schwarz résumait la situation dans un de ses derniers articles :
    - exiger un ratio fonds propres/dettes croissant au fur et à mesure que le bilan de la banque croit - cela limite largement la course à la taille -
    - rendre public et transparent TOUS les documents, pas uniquement auprès du régulateur. S'il y a un os quelque part, difficile de le cacher - il suffit de voir ce que JP Chevallier peut d'ores et déjà trouver...-

    Cordialement

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  13. "on l'emprunte à ces mêmes financiers avec intérêts."

    Non, à la BCE qui est à la remorque du pouvoir politique via la planche à billets.

    Franck :

    il faudrait également arrêter la confusion malsaine entre les banques d'affaires et celles de dépôts. Il est anormal que les banques de dépôts jouent avec l'argent des épargnants sans leur consentement.

    "discrétionnairement contrôlé, par des hommes de l'Etat."

    Ce n'est pas si discret que cela puisque la plupart des dirigeants des gros établissements français vient de la fonction publique.

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