samedi, novembre 27, 2010

«L'épargne mondiale exige le démantèlement des Etats-providences et ça arrivera.»

«L'épargne mondiale exige le démantèlement des Etats-providences et ça arrivera.» Voilà ce que disait Marc de Scitivaux ce matin sur BFM.

Petit décryptage.

Que camoufle-t-on sous le terme vague et commode de «marchés», «les marchés ceci, les marchés cela ...» ? Tout simplement l'épargne mondiale, ses détenteurs, ses gérants, sous forme de fonds souverains, de fonds de pension, d'assurances-vies, etc... L'épargne des Français fait d'ailleurs partie de cette épargne mondiale.

Bien sûr, il est plus facile de diaboliser quelques intermédiaires un peu fous, comme les traders, ou peu scrupuleux, comme Maddoff. Mais fondamentalement, c'est de cela qu'il s'agit : l'épargne cherche des placements offrant un équilibre entre risque et rendement. Les «marchés», c'est l'argent de Mr Jones, de Mme Michu, de l'émir Khaled et de M. Wang.

Mais, me direz vous, en quoi Mr Jones, Mme Michu, l'émir Khaled et M. Wang exigent-ils le démantèlement des Etats-providence ?

Ils ne l'exigent pas directement, mais leur message, bien qu'indirect, est limpide : «Pays socialistes, vous avez accumulé trente ans de dettes parce que, pendant trente ans, vous avez trouvé en nous des créanciers complaisants. Aujourd'hui, nous avons peu que vous ne puissiez faire face. Rassurez nous.»

Et comment les rassurer autrement qu'en démantelant la cause de notre endettement (unique dans l'histoire dans une période de paix), c'est-à-dire l'Etat-providence. Je vous rappelle que si l'on réduisait seulement d'un tiers les «transferts sociaux», l'Etat français serait excédentaire.

Certains petits génies croient avoir trouvé la solution sans douleur : «Spolions ces salauds d'épargnants (qui ont quand même été bien gentils, ou naïfs, de nous faire confiance jusqu'à maintenant), relançons l'inflation.»

Cela suppose qu'il existerait quelque part à mécanisme pour augmenter ou réduire l'inflation à volonté, cela reste à démontrer.

Mais, surtout, c'est perpétuer nos abominables erreurs : favoriser la jouissance immédiate au détriment de la prudence et de la prévoyance. Après moi le déluge. Certes, l'inflation permet de rembourser les dettes sans trop de peine, mais aux dépens de l'investissement.

Non, la solution réside en deux phrases simples qui sont pourtant deux révolutions :

> ce n'est pas le rôle de l'Etat de protéger les individus contre les aleas de la vie.

> la consommation, la jouissance et l'endettement appauvrissent, l'épargne, la travail et l'investissement créent la prospérité.

5 commentaires:

  1. Obsédé Textuelnovembre 28, 2010

    Une fois de plus dans la presse on parle de ce qu'on ne connait pas: les traders.
    Ce sont des gens très utiles et sans eux aucune entreprise ne pourrait aller chercher de l'argent sur les marchés financiers, parce qu'il n'y aurait plus de marchés !

    Il n'y a pas de "trader fou". Allez voir comment fonctionne une salle des marchés (n'importe laquelle) vous y verrez un travail discipliné sous très, très étroite surveillance.
    Personne n'y fait n'importe quoi.

    Avez vous remarqué qu'il n' y a eu qu'un seul Kerviel ?
    Pourtant si les traders étaient si libres de leur actions, d'autres auraient pu être tentés, non ?

    Et les patrons de Kerviel ont toujours su ce qu'il faisait. C'est dans le système, tout est tracé. Lui a cru être couvert pour des opérations trop risquées....verbalement.
    Comme ses confrères il aurait du être plus méfiant.

    Quant à Madoff ce type a plus à voir avec les voyous, les escrocs que les employés des banques d'affaires.
    Savez vous qu'il a copié son système de cavalerie financière sur.... le système de retraite français par répartition !

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  2. C'est bien : comme ça, on sait exactement qui nous fusillerons quand nous arriverons au pouvoir. En fait non. Etre fusillé, c'est quand même trop doux.

    Des tortures longues et douloureuses précédant la mort seront indispensables. Et télévisées, si possibles. Educatives en quelque sorte. Car moi aussi je suis pour la peine de mort exemplaire.

    Pour conclure, je ne résiste pas à citer un grand moment d'humour.

    " Il n'y a pas de "trader fou". Allez voir comment fonctionne une salle des marchés (n'importe laquelle) vous y verrez un travail discipliné sous très, très étroite surveillance.
    Personne n'y fait n'importe quoi. "

    Hi hi hi hi hi !!!
    Presque aussi drôle que vos futures exécutions.

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  3. "Savez vous qu'il a copié son système de cavalerie financière sur.... le système de retraite français par répartition !"

    Non, je ne crois pas. C'est un parallèle qui a été fait après coup par ceux qui critiquent le système de retraite français. Mais Madoff n'avait nul besoin d'imiter quoi que ce soit.

    Ce qu'il a fait est dérisoirement simple, et s'est pratiqué depuis la nuit des temps.

    La seule difficulté est de convaincre les gens de vous confier leur argent, et de monter un dispositif pour masquer l'absence d'investissements réels. Il faut être un bon menteur, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

    D'ailleurs l'escroquerie Madoff ne ressemble pas vraiment à la retraite par répartition. Cette dernière peut fonctionner moyennant certaines conditions, et a d'ailleurs fonctionné pendant un certain temps, même si on peut discuter sa rentabilité pour les assurés.

    Ces conditions n'existent plus, donc le système est devenu non viable.

    Mais c'est un abus de langage que d'affirmer que c'est une escroquerie dans son principe. Ce qu'était le système Madoff.

    Des millions de retraités ont bel et bien été payés jusqu'à leur mort, pendant des décennies. On peut dire qu'ils auraient pu être payés plus avec un autre système. On peut dire que désormais le système est tellement déséquilibré qu'il est à peu près certain que les cotisants actuels ne s'y retrouveront pas, que les promesses ne seront pas tenues, et que donc les retraités seront lésés.

    Mais aucun voleur n'empoche le fric. C'est une escroquerie sans bénéficiaires.

    Madoff a directement volé ses clients. C'est différent.

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  4. L'argent dette de Paul Grignon:

    http://www.archive.org/search.php?query=l%27argent%20dette

    Ciao.

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  5. "même si on peut discuter sa rentabilité pour les assurés."

    Il y des gens qui n'y jamais cotisé et qui ont touché le jack pot et ceux qui ont cotisé pendant toute leur vie et qui n'auront rien.

    Il s'agit donc bien d'une escroquerie, mais jamais un escroc ne vous dira que c'en est une.

    "Des millions de retraités ont bel et bien été payés jusqu'à leur mort"

    Oui, mais ils ont été payés en grande partie avec de la dette. Pour payer ceux qui n'ont jamais cotisé, il a bien fallu emprunter. Résultat, les dettes sur les retraites, c'est une bombe thermonucléaire de l'ordre de 1000 milliards qui s'ajoute à celle de 1600 milliards de l'Etat.

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