mercredi, mars 14, 2012

L'imprévu dans l'histoire, treize meurtres exemplaires (D. Venner)

C'est de l'histoire plaisante, qui raconte des histoires mais invite à la réflexion.

Deux histoires particulières, l'une plutôt comique (d'humour noir), l'autre plus sérieuse.

Le 24 juin 1934, Alexandre 1er de Serbie est tué par les Oustachis à Marseille (à propos des Oustachis, lire le désopilant Les comitadjis, d'Albert Londres). Le ministre des affaires étrangères Louis Barthou (surnommé Bartoutou, à cause de ses fantasmes canins assouvis dans les bordels de luxe parisiens-c'était le bon temps- comme le savent les lecteurs d'Alphonse Boudard) périt dans l'attentat.

Le marrant de l'affaire, c'est qu'un rapport d'expertise balistique, soigneusement oublié dans un tiroir et re-découvert dans les années 60-70, montre que le ministre a été tué par une balle provenant de la police française ! Certains flics marseillais ont un peu perdu leur sang-froid et tiraillé sec sans trop de discernement, réussissant, ces maladroits, à flanquer une bastos dans le bras du ministre.

Une blessure au bras (la même que Maurice Genevoix) n'est pas mortelle ? C'est que vous oubliez la remarquable administration française des années 30 : le ministre a été laissé deux heures sans soins (inimaginable de nos jours, nous sommes beaucoup plus monarchistes), s'est vidé de son sang, un garrot a été posé mais mal et, quand, enfin, on s'est sérieusement occupé de son cas, il était trop tard.

La deuxième histoire est l'assassinat de JFK. Domnique Venner fait l'exposé le plus clair et le plus vraisemblable que j'ai lu jusqu'à maintenant.

Une remarque technique : D. Venner, grand passionné d'armes à feu, signale les gardes du corps de JFK ont fait une erreur grossière. Le premier coup de feu n'était pas mortel. Or, au lieu d'accélérer, le chauffeur a temporisé, comme paralysé, continuant à la même vitesse (~15 km/h), laissant Oswald, très bon tireur chez les Marines, ajuster son deuxième coup. Aucun garde du corps n'a réagi au premier tir. A 80 m, avec un fusil à lunette, ça ne pardonne pas. Venner met cela sur le compte de l'âge des gardes du corps, tous ayant plus de 40 ans (avec l'âge, les raideurs se déplacent).

Bien qu'ayant vu le film de l'assassinat de Kennedy plusieurs fois, je n'avais jamais remarqué que les choses se sont passées relativement lentement (la mesure pertinente de la lenteur est : combien de temps faut-il à un tireur concentré pour réarmer et réajuster ? Oswald était posté en enfilade par l'arrière, c'est-à-dire la meilleure position pour tirer sur un mobile, et il était bien entrainé).

Le célèbre film amateur de Zapruder est trompeur : il est tourné en défilade,ce qui donne une impression de vitesse.

Quant à la question "complot or not complot ?", Venner a une réponse subtile. Il compare Oswald à Ravaillac. Tous les deux ont vraisemblablement agi seuls. Cela ne signifie pas qu'ils ont pensé seuls. C'est une certitude que Ravaillac a été endoctriné par les jésuites et le parti espagnol. Quant à Oswald, il a passé deux ans en URSS et était marié à la fille d'un fonctionnaire russe.

Pour l'instigateur, celui qui pousse le tueur, c'est le crime parfait : participation matérielle inexistante, pas de preuves, pas de traces. Des doutes, des présomptions, d'intimes convictions, on ne déclenche pas une guerre avec l'Espagne ou la Russie pour cela.

Oswald a été assassiné par Ruby, qui avait des liens avec le KGB. Fin de l'affaire.

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