mercredi, juillet 04, 2012

Faut-il dire la vérité aux Français ?


C'est une question qui me turlupine : aucun commentateur honnête ne consteste que la machine démocratique française est grippée, encore plus que chez nos voisins. Les Anglo-Saxons se moquent en disant : "Après avoir inventé la démocratie représentative, les Français ont inventé la démocratie non représentative."

Au passage, ce grippage rend croquignolesques les prétentions des européistes à propos du fédéralisme européen sur l'air de "Pas besoin de referendums, le parlement prendra ses responsabilités".

Certains, comme Philippe Nemo, attribue ce blocage aux institutions de la Vème République, qui verrouillent trop la vie politique. Je suis en grande partie d'accord. Néanmoins, le problème apparaît plus général, puisqu'il existe aussi chez nos voisins, avec une intensité moindre.

Il est assez simple : pour que la démocratie fonctionne, il faut qu'à chaque étage, les protagonistes abandonnent volontairement sur l'autel du bien commun une part de leurs intérêts. Sinon, on aboutit à la situation actuelle : la lutte de tous contre tous, les plus nuisibles s'arcboutant sur leurs privilèges. L'Etat est l'instrument et l'objectif de cette guerre intestine (c'est pourquoi une véritable démocratie élective (1) est nécessairement libérale). Et pour que ces concessions soient possibles, il faut du patriotisme : je me sacrifie pour le bien du pays. Bien sûr, ce n'est pas toujours exprimé si clairement, mais c'est tout de même le fond de l'histoire.

Donc un discours de vérité, c'est-à-dire non clientéliste, doit s'articuler autour du patriotisme.

Dans ces conditions, au moment où le patriotisme est traité par les medias comme une grave pathologie sociale, il y a peu d'espoir qu'un homme politique puisse construire un discours de vérité, puisque ce discours sera détruit par le filtre médiatique.

Autrement dit, c'est pas demain la veille que le redressement collectif commencera (le discours de politique générale d'hier confirme ce diagnostic).

La décadence continue plus fort que jamais.

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(1) : on peut arguer qu'il est d'autres formes de démocratie. Le nazisme, le communisme et le fascisme se décrivirent comme une manière de donner le pouvoir au peuple, et ils le furent peut-être fugacement.

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