samedi, octobre 13, 2012

EADS-BAE, et si l'Allemagne avait raison ?


Pour la classe jacassante française, tout ce qui se fait en arguant du rêve impérial européiste est bel et bon. Il était donc prévisible qu'elle criât haro sur le baudet merkelien pour avoir bloqué la fusion EADS-BAE.

En 2000, Jospin, DSK et Lagardère ont bradé Aérospatiale au nom de ce rêve impérial européen. L'Allemagne et la France n'auraient jamais du être à parité dans cette fusion : l'égalité des parts ne reflétait absolument pas le poids des entités constitutives. C'était un cadeau immérité aux Allemands. Depuis, ils utilisent sans retenue le levier que nous leur avons imprudemment donné.

Nous nous apprêtions à refaire cette erreur toujours au nom de deux pétitions de principe "Big is beautiful" et "L'Europe ! L'Europe ! L'Europe !".

Voici ce qu'on trouve sur le blog du Figaro Avions et Cies :

Berlin n'a reculé devant rien pour faire échouer un projet qui aurait contrarié ses plans de reconquête dans l'aérospatiale. Première puissance aéronautique jusqu'au déclenchement de la seconde guerre mondiale, l'Allemagne vaincue a été mise sous tutelle par les Américains, les Français et les Britanniques. Les alliés ne voulaient pas que l'Allemagne reconstruise une base technologique qui lui serve à menacer à nouveau ses voisins européens. Elle a perdu le droit de fabriquer des matériels militaires. Ces meilleurs ingénieurs se sont expatriés aux Etats-Unis et en France pour travailler dans les secteurs des moteurs à réaction et des missiles tactiques. C'est à un ingénieur allemand que la France doit l'aérodynamique des missiles air-air. 

Ce n'est qu'en 1954, que l'Allemagne est à nouveau autorisée, à la demande de la France, à disposer d'une armée et à acheter de l'armement. La France et l'Allemagne réconciliées lancent des programmes communs comme le Transall. Au fil du temps, sous l'impulsion de Franz Joseph Strauss, devenu ministre président de Bavière en 1978, l'industrie aéronautique allemande renait de ces cendres. Mais c'est avec EADS que l'Allemagne se voit offrir la plus belle possibilité de revenir pleinement dans le jeu. ´"La France a accepté un deal à 50-50 entre Aerospatiale-Matra et Dasa pour des raisons politiques. Dès lors les Allemands n'ont cessé de profiter des erreurs des Français pour grignoter du terrain et rapatrier de la charge de travail en Allemagne", développe un historien  des affaires aéronautiques européennes. 

EADS-BAE n'allait pas dans le bon sens aux yeux de Merkel puisque l'Allemagne aurait été marginalisée dans un ensemble plus vaste dominé par la France et la Grande-Bretagne, les deux grandes puissances militaires européennes, celles qui investissent le plus dans la défense et qui sont des puissances nucléaires. "La constitution d'EADS-BAE aurait fait réapparaître une réalité géostratégique qui leur déplaît. L'ombre de 1945 porte toujours", analyse un proche des deux groupes. 

Bref, la cause est entendue : du point de vue allemand, l'échec de la fusion EADS-BAE est une bonne chose.

Et du point de vue français ? C'est beaucoup plus mitigé. D'un coté, cette fusion aurait remis l'Allemagne aéronautique à sa vraie place. De l'autre, les atouts et le pouvoir français auraient encore plus été dilués et, comme avant-guerre, nous nous serions probablement soumis à la "gouvernante anglaise".

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