samedi, août 22, 2015

On me parle de Donald Trump

 Donald Trump est « jubilatoire » pour employer un des mots favoris de Telerama. Je tombe sur cet entrefilet :

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Heidi Klum ne manque pas vraiment d'humour. L'ancien top [on passe de l’anglicisme à l’anglicisme abrégé, la décadence continue. « Le mannequin », c’est pas possible ? Oh pardon : « La mannequin » ] de 42 ans s'est payé la tête de Donald Trump, qui mutliplie les sorties de routes [La sortie de route, c’est le dérapage en pire. Ach ! Grosse humour ! Kolossale finesse ! ] ces dernières semaines.

Après avoir été recadré [comme un  petit garçon ? Son confesseur lui a donné une pénitence ?] suite à ses propos racistes et avoir prononcé des propos sexistes après une interview avec Megyn Kelly, une journaliste de Fox News, le candidat à l'élection présidentielle de 2016 en a remis une couche dans le New York Times .

[...]

Et il faut dire que Donald Trump aurait peut-être besoin de lunettes car Heidi, mère de 4 enfants [de 36 000 pères différents], n'a jamais été plus sexy [encore un cliché] !
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Clichés, vocabulaire stéréotypé, c’est assez comique. Reprenons notre sérieux.

La fracture entre le haut, gardé par les petits curés des medias, et le bas, nous, les grouillots, n’a jamais été aussi béante, aux Etats-Unis comme en Europe.

Un politicien est coincé entre le marteau et l’enclume : il doit séduire les medias pour avoir la possibilité de parler aux masses et il doit convaincre une partie (environ 25%, vu les taux d’abstention – ce pourcentage varie suivant les modes de scrutin) de ces masses pour être élu. Or, ces deux impératifs sont de plus en plus contradictoires.

Il en découle plusieurs stratégies :

♘ : La stratégie de cette connasse de NKM : medias only. Séduire exclusivement les medias, en espérant que le poids ainsi acquis dans les jeux d’appareil permettront de se passer de l’approbation populaire ou de la violer (être désigné le candidat unique contre un sortant détesté). Ca me fait mal de le reconnaitre, mais cette stratégie est assez efficace.

♘ : La stratégie de cette harengère de Le Pen : la chèvre et le chou. On est politiquement correct sur un sujet et incorrect sur un autre. Un coup on parle pour les medias, un coup on parle pour le peuple. C’est la stratégie la plus commune : elle ne demande ni imagination ni audace, ça tombe bien, nos politiciens n’ont ni l’une ni l’autre. Elle est très adaptée à leurs qualités de petits arrangeurs et de grandes gueules.

♘ : La stratégie de Donald Trump : parler au peuple et s’en foutre des réactions des medias. Cette stratégie est risquée : elle peut tomber dans la provocation gratuite, Jean-Marie le Pen n’a pas su y résister. D’autre part, les medias sont très puissants, l’usure est le scénario le plus probable.

Il me semble que Trump a choisi une tactique intéressante : l’escalade. Plutôt que de s’excuser, il en rajoute à chaque fois une louche. Evidemment, pour que ça marche, il faut que ses provocations aient un sens politique. Le « Durafour crématoire » de Jean-Marie Le Pen était gratuit, sans signification politique (ou alors une signification politique en retard de quarante ans). Avec sa tactique, Trump évite la censure, les medias étant trop avides de sensationnel, et combat l’usure : c’est quand on commence à reculer, à concéder des points, que les gardes-chiourmes des medias trouvent la faille et sonnent l’hallali, mais tant qu’on en rajoute une couche, ils ne peuvent rien. Le danger, c’est le mot de trop, à la Jean-Marie Le Pen.

Pendant ce temps, la fille Le Pen rampe devant le politiquement correct pour quelques miettes de reconnaissance médiatique et, peut-être un jour, de pouvoir.

Mais il est vrai que les Etats-Unis ne sont pas l’Europe : beaucoup d'Américains ont encore envie de vivre alors que nous avons renoncé à vire comme Français. C’est pourquoi Trump a sa chance.

Je crois que Trump va perdre, que le Système est trop fort. Cependant, à l’inverse de la France, ce combat n’est pas perdu d’avance, il vaut le coup d’être tenté, une bonne surprise est possible.

En revanche, je ne crois pas à la thèse « Même s’il perd, il fait avancer le débat ». Cela fait trente ans que Le Pen « fait avancer le débat en France » (1) et pour quel résultat ? L’invasion migratoire n’a jamais été aussi massive. Quand on est contre le Système, une seule chose compte : prendre le pouvoir. Certes, le combat des idées y contribue, mais à quelle vitesse ? Comme aux Etats-Unis, le temps joue contre nous.




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(1) : c'est même le socialiste Fabius qui a dit qu'il posait les bonnes questions.


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