Bertrand Renouvin est scandalisé, comme le sont tous les Français qui ne sont ni des salauds ni des ignorants, par les déclarations de Jacques Chirac, de François Hollande et d’Emmanuel Macron (le pire de tous, car chacun est allé plus loin dans l’ignominie que son prédécesseur) disant, en substance, une fois qu’on a déblayé les hypocrites précautions oratoires, que « Vichy, c’était la France » et que « les crimes de Vichy sont les crimes de la France ».
Dans cet opuscule de 60 pages, Renouvin rappelle toutes les raisons politiques et juridiques qui fondent l’illégitimité et l’illégalité du gouvernement de Vichy et, à l’inverse, la légitimité de la France Libre. Rien de nouveau, rien de contestable non plus : ces arguments sont connus et validés depuis longtemps. Bref, on ne peut dire que Vichy c’était la France et que les crimes de Vichy sont ceux de la France.
Il en profite pour étriller les historiens idéologues Rousso et Viewiorka ; et aussi le Conseil d’Etat. Et il rappelle que l’appel de Pétain du 17 juin à « cesser le combat » est une trahison pure et simple.
Ou, si ces arguments sont faux, comme disait Philippe Seguin, les Résistants sont des traitres, les Justes des rebelles, le général De Gaulle un félon. Il faut débaptiser immédiatement l’aéroport de Roissy et le rebaptiser Aéroport Philippe Pétain et de même avec la place de l’Etoile et un bon paquet de rues et d’avenues de France.
Le choix entre gaullisme et pétainisme est binaire (les pétaino-résistants faisaient une énorme erreur d’analyse politique, se méprenaient complètement sur le pétainisme) . Et l’histoire a donné raison à De Gaulle.
Renouvin s’arrête ici . Je continue.
Alors, pourquoi les déclarations des trois abrutis cités supra, qui auraient du paraître révoltantes ou grotesques, sont-elles passées comme une lettre à la poste dans la France d’en haut ?
C’est très simple : le pétainisme au sens large (c’est-à-dire la conviction que la France ne mérite pas d’être libre et indépendante et doit, pour son propre bien, se placer sous la protection d’un suzerain, qu’il soit à Berlin, à Londres, à Bruxelles ou à Moscou) est atavique dans la bourgeoisie française depuis Voltaire, qui trouvait que tout était mieux chez les Anglais. Aujourd’hui, les héritiers de Voltaire envoient leurs enfants faire leurs études en Australie ou à New-York.
Je comprends mal la genèse de cette bourgeoisie pétainiste (qui me semble une particularité française, même s’il y a les compradores en Amérique du Sud), mais je suis certain qu’elle existe et qu’elle a le pouvoir.
Macron est l’élu idéal de cette bourgeoisie pétainiste.
Pour paraphraser Alexandre Sanguinetti, le macronisme, c’est le pétainisme du temps de paix. Et qui nous mènera aussi au désastre.
Addendum : Renouvin précise, j'ai oublié de le dire, que ce pétainisme est aussi une réhabilitation de l'Allemagne, dans le cadre de la soumission européiste. Pour ma part, je tiens l'Allemagne pour collectivement coupable du nazisme (ceci fera l'objet d'un billet).
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