jeudi, mars 01, 2018

Bataclan - L'enquête vérité (G. Fenech)

Très intéressant livre de Georges Fenech, président de la commission d’enquête parlementaire sur l’attentat du Bataclan.

Nous féliciterons très chaleureusement le commissaire de la BAC et son chauffeur (ils ont voulu rester anonymes) qui, en se jetant dans la gueule du loup avec les moyens du bord, contre les procédures, ont limité les dégâts et sauvé des dizaines de vies. Ils ont droit à notre reconnaissance. Rappelons qu’il y avait à l’extérieur 8 militaires de Sentinelle qui ont reçu l’ordre de ne pas intervenir et de ne pas prêter leurs armes.

Nous ne féliciterons pas les services de renseignement et la justice. Ils n’ont pas su exploiter, à cause du bordel administratif, des indications sérieuses de l’attentat à venir.

Nous blâmerons très lourdement le ministre de l’intérieur Cazeneuve et le préfet de police, qui, par leurs tergiversations et leur manque d’à-propos, ont préféré l’intervention très tardive (2h après les premiers coups de feu) d’une brigade non-spécialisée, la BRI, alors que les brigades spécialisées, GIGN et le RAID, étaient prêtes en une demi-heure et sont restés l’arme au pied ou en simple appui. Le gouverneur militaire de Paris a déclaré, à propos des militaires de Sentinelle, qu’il n’engageait pas ses hommes dans une situation incertaine, même quand, à l’évidence, des civils étaient en train de se faire tuer. Déclaration qui a stupéfié et irrité (à juste titre !) la commission d’enquête. Ces trois-là, ministre, préfet, gouverneur, se sont montrés très hauts fonctionnaires : procéduriers, tatillons, arrogants, cassants, n’assumant rien et se dérobant sans cesse à leurs responsabilités. Ils ont du sang innocent sur les mains. Dans une démocratie fonctionnant correctement, ils auraient été limogés sans état d’âme. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé dans une situation similaire en Belgique (qui n’est pourtant pas un exemple extraordinaire de démocratie fonctionnelle). De ce point de vue (assumer ses responsabilités), ce n’est pas fini puisque les familles de victimes ont porté plainte pour non-assistance à personnes en danger.

Bref, nous sommes loin du tableau présenté par la propagande médiatique « On a fait ce qu’on a pu, et plutôt bien, dans une situation difficile ». Non, il y a eu des défaillances lourdes de conséquences et qu’on ne peut imputer à la fatalité et à la malchance, des fautes graves d’organisation, de préparation et surtout de commandement.

Le fin mot de l’histoire est éminemment politique : l’attentat de Charlie Hebdo a été traité comme un événement exceptionnel qui ne se reproduirait pas et aucune leçon concrète n’en a été tirée. Ceci fait que dix mois plus tard se sont produites des fautes très évitables. Je ne peux m’empêcher de voir là l’effet de la réticence des politiciens français à considérer l’islamisme comme un véritable ennemi intérieur (ils préfèrent la psychiatrisation).

On s’interrogera sur le fait que ce rapport parlementaire ravageur ait été reçu dans l’apathie la plus complète alors qu’il aurait du scandaliser.


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