lundi, janvier 07, 2019

Ca y est, le grand débat de Macron est déjà fini

Ca y est, le grand débat de Macron est déjà fini :


Un article du 4 décembre, plus que jamais d'actualité :

L'incroyable faillite du maintien de l'ordre macronien

Pour résumer, cet article explique que la politique d'escalade sécuritaire du gouvernement, tout dans la confrontation violente, enseigne aux Gilets jaunes à devenir violents.

En effet, la violence suppose certaines techniques. C'est pourquoi les casseurs arrêtés n'avaient aucun casier judiciaire : les casseurs entrainés sont bien plus difficiles à attraper. Aujourd'hui, je suis sûr que les Gilets jaunes les plus hargneux ont appris et qu'ils ne se feraient plus prendre aussi facilement qu'il y a un mois.

Arnaud de Benedetti constate que la bêtise du gouvernement est en train de transformer une révolte en révolution :

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Le processus que nous vivons depuis quelques semaines est quasi révolutionnaire.

Révolutionnaire pour au moins deux raisons : parce qu'il exprime un recul spectaculaire et inquiétant de l'adhésion au cadre « légal rationnel », pour reprendre la formule de Max Weber, à l'intérieur duquel nous interagissons ; parce qu'il entraîne en retour une réaction, ou plutôt une sorte de néo-réaction qui coagule dans un irrépressible mouvement d'autodéfense les forces politiques, intellectuelles, administratives, économiques les plus intéressées, accrochées à la sauvegarde et protection de leurs positions.

De part et d'autre, la trajectoire est une montée aux extrêmes. Au regard des bienséances civiques, l'écart que s'autorisent les parties prenantes de cette confrontation, constitue le signal d'une évidente dégradation du socle institutionnel fondateur du régime. Certains manifestants, pas tous loin de là, n'hésitent pas à recourir à l'affrontement violent avec les forces de l'ordre ; l'exécutif de son côté active une sémantique, des postures explicitement clivantes, voire autoritaires peu susceptibles d'apaiser un climat inquiétant.

[…]

Parce qu'ils relèvent aussi d'une blessure démocratique, celle toujours non-cicatrisée du référendum déchiré de 2005, les gilets jaunes sont la première entreprise populaire de délégitimation de la doxa technocratique dont Maastricht demeure l'expression la plus achevée. Il aura fallu une taxe de trop, une incompréhension gouvernementale de ce qui se levait, une pincée de mépris communicant pour que s'ouvre sous nos yeux une époque dont nous percevons la genèse mais n'entrevoyons pas l'issue, nonobstant un débat national qui en laissant hors champ les questions européenne et migratoire montre que l'exécutif n'entend rien concéder de ce qui fait l'essentiel de sa vision du monde. 

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Les révolutions arrivent toujours de la même façon, on l'a vu cent fois depuis la guerre d'indépendance américaine : c'est une révolte qui est traitée trop durement avec des concessions trop tardives et insuffisantes. Puis, les révoltés prennent conscience de leur force face à un gouvernement qui finit quand même par céder tout en réprimant et ils exigent non plus des concessions mais un changement de régime.

Comme éviter qu'une révolte ne se transforme en révolution ? En cédant tout de suite plus que ce qui est demandé, quitte à reprendre la main quelques mois après.

Comment distinguer une révolte qui a un potentiel révolutionnaire d'une autre qui ne l'a pas ? C'est tout l'art du gouvernement, qui ne s'apprend pas, à ce qu'on dirait, à l'ENA.

Dans le cas des Gilets jaunes, il y avait dès le début des signes qui auraient du mettre la puce à l'oreille d'un gouvernement non-autiste :

1) la sociologie : les Gilets jaunes, ce sont les oubliés de l'histoire depuis trente ans, cette France qui n'est ni des grandes métropoles ni de leurs banlieues. Cette France représente 50 % à 60 % de la population, donc le réservoir de Gilets jaunes potentiels est immense, ce ne sont pas les 140 000 cheminots de la SNCF. J'aurais été gouvernant, rien que cet aspect quantitatif m'aurait foutu les jetons (il semble bien que les vieux de la vieille, style Bayrou et Le Drian, aient tenté d'alerter Jupiter, mais quand on est con ...).

2) la présence inhabituelle dans les manifestations des ronds-points de femmes et de personnes âgées. Il est impossible que cette présence féminine sur les ronds-points n'ait pas été remontée par les préfets. Quand les femmes participent à la révolte, danger : la révolution n'est pas loin (là encore, un minimum de culture historique ...). C'est d'ailleurs en lisant un article sur les femmes des ronds-points que j'ai envoyé un message à une amie parisienne « Va voir une manif de Gilets jaunes, il se peut que tu assistes à un événement historique que tu raconteras à tes petits-enfants ».

3) La persistance. Les petits rigolos qui argent que quelques dizaines de milliers de Gilets jaunes, ce n'est pas grand'chose et donc qu'il faut leur rentrer dans le lard, oublient la sociologie exposée en 1) mais aussi qu'on n'a jamais vu une telle obstination, ça fait deux mois que ça dure.

Que des bons bourgeois, bien incultes, bien stupides, ne sachent qu'afficher mépris social (« Ils font des fautes d'orthographe »), craindre pour leurs biens et leur position sociale et appeler le gouvernement à la répression la plus dure (j'ai entendu ce matin : « Il faut faire charger les chevaux et tant pis s'il y a des morts »), sans aucun sens historique (au passage, s'il y a une analogie, c'est avec 1848, pas avec 1934) ni politique, ma foi, c'est navrant mais pas très surprenant. Voltaire les appelait les boeufs-tigres : « Bêtes comme des boeufs, féroces comme des tigres ».

En revanche, que des gouvernants ne soient pas plus évolués que ces imbéciles, c'est plus que navrant, c'est dangereux.

Le gouvernement a choisi l'escalade répressive, espérant faire de la peur du désordre son alliée en s'appuyant sur sa majorité parlementaire et médiatique, pour instaurer une tyrannie de fait qu'il lui permettrait de ne pas remettre en cause sa politique. C'est pure folie : on ne gouverne pas en réprimant les angoisses existentielles de la moitié du peuple.

Si j'étais Macron, je réglerais le problème autrement :

« Mes chers compatriotes.

J'ai pris mes résolutions. Je demande aujourd'hui au gouvernement de présenter une loi introduisant une dose de proportionnelle dans les modalités des élections législatives, afin que tous les partis soient représentés de manière plus juste. Il n'est pas démocratique d'exclure des partis, même s'ils sont extrêmes. Je demande à tous les partis politiques, en tenant compte de l'urgence nationale, de travailler pour que cette loi soit adoptée au plus vite, tous les retardataires assumeront leurs responsabilités devant les Français.

Une fois cette loi adoptée et promulguée, avant la fin de ce mois, je dissoudrai l'assemblée nationale et la parole sera au peuple. Vive la république ! Vive la France ! ».

Je crains que, même pour cette mesure radicale, il commence à être trop tard. Bientôt, il ne restera plus à Emmanuel Macron que la démission (un suicide à la romaine, ça serait encore plus classieux, mais je doute que son goût du théâtre le pousse jusqu'à ce point).

Pour vous faire rire :






Et le sieur Combaz :










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