dimanche, avril 21, 2019

Resurrexit Dominus !



En ce temps de Pâques, revient le texte de Péguy sur l'Espérance (vu chez Tandonnet et d'autres).

« La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance. La Foi ça ne m’étonne pas. Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas. Ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres. Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. L’Espérance est une toute petite fille de rien du tout. Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière. C’est cette petite fille de rien du tout. Elle seule, portant les autres, qui traversa les mondes révolus. La Foi va de soi. La Charité va malheureusement de soi. Mais l’Espérance ne va pas de soi. L’Espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bienheureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. La Foi voit ce qui est. La Charité aime ce qui est. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé. Sur la route montante. Traînée, pendue aux bras de des grandes sœurs, qui la tiennent par la main, la petite espérance s’avance. Et au milieu de ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher. Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde. Et qui le traîne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite ». 

Je ne partage pas le ton pathétique de ceux qui reprennent Péguy aujourd'hui : certes, tout comme les plus grands dangers pour Notre Dame sont désormais Macron, Philippe et Hidalgo, les plus grands dangers pour l'Eglise sont le pape et les cardinaux, mais l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique, en a vu d'autres.

L'Eglise a toujours été l'Eglise des Saints : chaque fois qu'elle fut menée au bord du gouffre par la faute de la lâcheté, du conformisme, de l'esprit du temps (1), de l'erreur, de la mollesse et de la mondanité, bref du malin, de siècle en siècle, des saints ont surgi pour la rebâtir.

Peut-être suis-je idiot.

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(1) : l'un de vous m'a laissé une citation (peut-être d'un cardinal ! Comme quoi tout espoir n'est pas perdu ! Correction : c'est d'un évêque, celui de Côme. Faut pas rêver) : « De même qu'il n'y a aucun droit à l'invasion, il n'y a aucun devoir de se laisser envahir ».

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