lundi, mars 23, 2020

Macron-Raoult : le KO n'est pas loin.

Allez, on attaque par l'entretien de Raoult dans le Parisien :

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Le Parisien

Didier Raoult : « Pour traiter le Covid-19, tout le monde utilisera la chloroquine ».

Joint dimanche, ce spécialiste des maladies infectieuses se dit convaincu d’avoir trouvé un remède contre le coronavirus. Le Pr Raoult juge « immoral » d’attendre pour l’administrer et affirme qu’il se « fiche » qu’un essai clinique soit lancé.

« J’estime ne pas avoir le droit en tant que médecin de ne pas utiliser le seul traitement qui ait jusqu’ici fait ses preuves », dit le Pr Didier Raoult. AFP/Gérard Julien Par Frédéric Mouchon

Le 22 mars 2020 à 16h20, modifié le 23 mars 2020 à 06h14

Didier Raoult en est persuadé : il a trouvé « le » remède le plus efficace pour traiter les patients atteints du Covid-19. Directeur de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection de Marseille (Bouches-du-Rhône), cet infectiologue, spécialiste des maladies infectieuses tropicales émergentes, affirme que la chloroquine, un antipaludéen utilisé depuis des décennies et bien connu des voyageurs sous le nom de Nivaquine, a des effets spectaculaires sur l'épidémie en cours.

Six jours après en avoir administré à des patients atteints de Covid-19, dit-il, seulement 25 % d'entre eux étaient encore porteurs du virus, quand 90 % de ceux qui n'avaient pas reçu ce traitement étaient toujours positifs. Si certains de ses confrères ne le prennent pas au sérieux, remettant en cause ses méthodes et les résultats de ses essais thérapeutiques, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé samedi 21 mars que ce traitement allait être expérimenté « à plus large échelle ».

« J'ai demandé à ce que l'étude du professeur Raoult puisse être reproduite […] dans d'autres centres hospitaliers, par d'autres équipes indépendantes, a fait savoir le ministre. Je suis cela d'extrêmement près. » Le gouvernement reste toutefois prudent, car les résultats du Pr Raoult ont été obtenus sur 24 malades uniquement, sans placebo. « Jamais aucun pays au monde n'a accordé une autorisation de traitement sur la base d'une étude comme celle-ci », souligne Olivier Véran.

Le gouvernement a autorisé un essai clinique de grande ampleur pour tester l'effet de la chloroquine sur le coronavirus. C'est important pour vous d'avoir obtenu cela ?

DIDIER RAOULT. Non, je m'en fiche. Je pense qu'il y a des gens qui vivent sur la Lune et qui comparent les essais thérapeutiques du sida avec une maladie infectieuse émergente. Moi, comme n'importe quel docteur, à partir du moment où l'on a montré qu'un traitement était efficace, je trouve immoral de ne pas l'administrer. C'est aussi simple que ça.

Que répondez-vous aux médecins qui appellent à la prudence et sont réservés sur vos essais et l'effet de la chloroquine, notamment en l'absence d'études plus poussées ?

Comprenez-moi bien : je suis un scientifique et je réfléchis comme un scientifique avec des éléments vérifiables. J'ai produit plus de données en maladies infectieuses que n'importe qui au monde. Je suis un docteur, je vois des malades. J'ai 75 patients hospitalisés, 600 consultations par jour. Donc, les opinions des uns et des autres, si vous saviez comme ça m'est égal. Dans mon équipe, nous sommes des gens pragmatiques, pas des oiseaux de plateau télé.

Comment en êtes-vous arrivé à travailler sur la chloroquine en vous disant que cela pouvait être efficace pour traiter le coronavirus ?

Le problème dans ce pays est que les gens qui parlent sont d'une ignorance crasse. J'ai fait une étude scientifique sur la chloroquine et les virus il y a treize ans qui a été publiée. Depuis, quatre autres études d'autres auteurs ont montré que le coronavirus était sensible à la chloroquine. Tout cela n'est pas une nouveauté. Que le cercle des décideurs ne soit même pas informé de l'état de la science, c'est suffocant. L'efficacité potentielle de la chloroquine sur les modèles de culture virale, on la connaissait. On savait que c'était un antiviral efficace. On a décidé dans nos expérimentations d'ajouter un traitement d'azithromicyne (un antibiotique contre la pneumonie bactérienne, NDLR) pour éviter les surinfections bactériennes. Les résultats se sont révélés spectaculaires sur les patients atteints du Covid-19 lorsqu'on a ajouté l'azithromycine à l'hydroxychloroquine.

Qu'attendez-vous des essais menés à plus grande échelle autour de la chloroquine ?

Rien du tout. Avec mon équipe, nous estimons avoir trouvé un traitement. Et sur le plan de l'éthique médicale, j'estime ne pas avoir le droit en tant que médecin de ne pas utiliser le seul traitement qui ait jusqu'ici fait ses preuves. Je suis convaincu qu'à la fin tout le monde utilisera ce traitement. C'est juste une question de temps avant que les gens acceptent de manger leur chapeau et de dire, c'est ça qu'il faut faire.

Sous quelle forme et pendant combien de temps administrez-vous la chloroquine à vos patients ?

On donne de l'hydroxychloroquine à raison de 600 mg par jour pendant dix jours (sous forme de Plaquenil, le nom du médicament, NDLR) sous la forme de comprimés administrés trois fois par jour. Et de l'azithromycine à 250 mg à raison de deux fois le premier jour puis une fois par jour pendant cinq jours.

Est-ce un traitement qui peut être pris en prévention de la maladie ?

Nous ne le savons pas.

Lorsque vous l'administrez, au bout de combien de temps un patient atteint du Covid-19 peut-il guérir ?

Ce qu'on sait pour l'instant, c'est que le virus disparaît au bout de six jours.

Comprenez-vous néanmoins que certains de vos confrères appellent à la prudence sur ce traitement ?

Les gens donnent leur opinion sur tout, mais, moi, je ne parle que de ce que je connais : je ne donne pas mon opinion sur la composition de l'équipe de France enfin ! Chacun son métier. La communication scientifique de ce pays s'apparente aujourd'hui à de la conversation de bistrot.

Mais n'y a-t-il pas des règles de prudence à respecter avant l'administration d'un nouveau traitement ?

A ceux qui disent qu'il faut trente études multicentriques et mille patients inclus, je réponds que si l'on devait appliquer les règles des méthodologistes actuels, il faudrait refaire une étude sur l'intérêt du parachute. Prendre 100 personnes, la moitié avec des parachutes et l'autre sans et compter les morts à la fin pour voir ce qui est plus efficace. Quand vous avez un traitement qui marche contre zéro autre traitement disponible, c'est ce traitement qui devrait devenir la référence. Et c'est ma liberté de prescription en tant que médecin. On n'a pas à obéir aux injonctions de l'Etat pour traiter les malades. Les recommandations de la Haute autorité de santé sont une indication, mais ça ne vous oblige pas. Depuis Hippocrate, le médecin fait pour le mieux, dans l'état de ses connaissances et dans l'état de la science.

Quid des risques d'effets indésirables graves liés à la prise de chloroquine, notamment à haute dose ?

Contrairement à ce que disent certains à la télévision, la Nivaquine (le nom d'un des médicaments conçus à base de chloroquine, NDLR) est plutôt moins toxique que le Doliprane ou l'aspirine prise à forte dose. En tout état de cause, un médicament ne doit pas être pris à la légère et toujours prescrit par un médecin généraliste.

Avez-vous conscience de susciter un immense espoir de guérison pour les patients atteints ?

Je vois surtout qu'il y a des médecins qui m'écrivent du monde entier tous les jours pour savoir comment on traite des maladies avec l'hydroxychloroquine. J'ai reçu des appels du Massachusetts General Hospital et de la Mayo Clinic de Londres. Les deux plus grands spécialistes mondiaux, l'un des maladies infectieuses, l'autre des traitements antibiotiques, m'ont contacté pour me demander des détails sur la manière de mettre en place ce traitement. Et même Donald Trump a tweeté sur les résultats de nos essais. Il n'y a que dans ce pays qu'on ne sait pas très bien qui je suis ! Ce n'est pas parce que l'on n'habite pas à l'intérieur du périphérique parisien qu'on ne fait pas de science. Ce pays est devenu Versailles au XVIIIe siècle !

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HYDROXYCHLOROQUINE & AZITHROMYCIN, taken together, have a real chance to be one of the biggest game changers in the history of medicine. The FDA has moved mountains - Thank You! Hopefully they will BOTH (H works better with A, International Journal of Antimicrobial Agents).....

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) March 21, 2020
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Qu'entendez-vous par là ?

On se pose des questions franco-françaises et même parisiano-parisiennes. Mais Paris est complètement décalé du reste du monde. Prenez l'exemple de la Corée du Sud et la Chine, où il n'y a plus de cas. Dans ces deux pays, ils ont décidé depuis longtemps de faire des tests à grande échelle pour pouvoir diagnostiquer plus tôt les patients infectés. C'est le principe de base de la gestion des maladies infectieuses. Mais on est arrivé à un degré de folie tel que des médecins sur les plateaux télé ne conseillent plus de faire le diagnostic de la maladie, mais disent aux gens de rester confinés chez eux. Ce n'est pas de la médecine ça.

Vous pensez que le confinement de la population ne sera pas efficace ?

Jamais on n'a pratiqué ainsi à l'époque moderne. On faisait ça au XIXe siècle pour le choléra à Marseille. L'idée du cantonnement des gens pour bloquer les maladies infectieuses n'a jamais fait ses preuves. On ne sait même pas si ça fonctionne. C'est de l'improvisation sociale et on n'en mesure pas du tout les effets collatéraux. Que se passera-t-il quand les gens vont rester enfermés chez eux, à huis clos, pendant 30 ou 40 jours ? En Chine, on a rapporté des cas de suicides par peur du coronavirus. Certains vont se battre entre eux.

Faut-il, comme le réclame l'Organisation mondiale de la Santé, généraliser les tests en France ?

Ayons le courage de le dire : la tambouille à la française, ça ne marche pas. La France n'en est qu'à 5000 tests par jour quand l'Allemagne en effectue 160 000 par semaine ! Il y a une espèce de discordance. Dans les maladies infectieuses, on effectue le diagnostic des gens et, une fois qu'on a obtenu le résultat, on les traite. D'autant que l'on commence à voir des personnes porteuses du virus, apparemment sans signes cliniques, mais qui, dans un nombre non négligeable de cas, ont des lésions pulmonaires visibles au scanner montrant qu'ils sont malades. Si ces gens ne sont pas traités à temps, il y a un risque raisonnable qu'on les retrouve en réanimation où on ne les rattrapera pas. Ne tester les gens que lorsqu'ils sont déjà gravement malades est donc une manière extrêmement artificielle d'augmenter la mortalité.

Et faut-il généraliser le port des masques ?

C'est difficile à évaluer. On sait qu'ils sont importants pour les personnels de soin, car ce sont les rares personnes qui ont vraiment des rapports très, très proches avec les malades lorsqu'ils les auscultent, parfois à 20 cm de leur visage. On ne sait pas très bien jusqu'où volent les virus. Mais certainement pas à plus d'un mètre. Donc, au-delà de cette distance, ça n'a peut-être pas beaucoup de sens de porter un masque. En tout cas, c'est vers les hôpitaux qu'il faut envoyer en priorité ces masques pour mettre les soignants à l'abri. En Italie et en Chine, une partie extrêmement importante de malades s'est révélée au final être des personnels de soins.
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Dans les multiples entretiens que donne Didier Raoult, il y a sans doute une part de mégalomanie, mais pas seulement.

Il y a, c'est évident, une politique délibérée de contournement des blocages de la bureaucratie sanitaire française par appel direct au public, et notamment au public des médecins.

Il faut être lucide. Un médecin vraiment bon ne fait pas une carrière politico-administrative. Il y a de fortes chances que les Lévy, Buzyn, Salomon et Véran ne soient pas des flèches en tant que médecins, et, à ce qu'on peut voir, pas des flèches tout court.

La priorité de ces petites gens n'est absolument d'obtenir un résultat sanitaire, les Français, ils s'en foutent, mais de préserver leurs prés carrés, leurs pouvoirs et leurs fromages (Comment le mari d’Agnès Buzyn a torpillé l’institut de Didier Raoult).

Cet article d'Eric Verhaeghe montre combien l'initiative de Raoult est salutaire ... et difficile :


Le ministère de la Santé debout sur le frein pour empêcher une gestion urgente de l’épidémie :

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Le ministère de la Santé est-il au service de la population et mobilisé pour gérer au mieux la crise du coronavirus ? ou s'englue-t-il dans ses raisonnements alambiqués et velléitaires propres aux aristocraties décadentes, plus obsédées par leurs étiquettes et leurs procédures que par la réussite de leurs projets ? Les propos du directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, sur l'usage de la chloroquine, posent ouvertement la question.

Le ministère de la Santé est-il capable de se projeter dans l’urgence ? Ou bien ses fonctionnaires sont-ils formatés par le système bureaucratique au point de ne plus être capables de penser le monde en dehors des procédures tatillonnes inventées en temps de paix pour occuper des ronds-de-cuir désoeuvrés ?

L’intervention de Jérôme Salomon, ce soir, devant les caméras, sur la stratégie de lutte contre l’épidémie de coronavirus, pose ouvertement la question.

Alors que la France comptait plus d’un milliard de masques en stock en 2010, celui-ci a fondu comme neige au soleil en une décennie. On sait désormais les lourdes responsabilités qu’un Xavier Bertrand puis une Marisol Touraine portent dans ce désastre. Mais une question reste entière : pourquoi Jérôme Salomon, qui avait alerté Emmanuel Macron dès 2016 sur les faiblesses françaises en matière de lutte contre les épidémies, n’a-t-il pas procédé à des commandes d’urgence dès le mois de janvier, lorsque l’épidémie de coronavirus est devenue publique en Chine ?

Ce défaut pose quand même un sérieux problème sur la capacité de réaction sur la diligence du ministère de la Santé.

On ne dira pas mieux sur le recours à la chloroquine pour soigner les malades. La chloroquine est le nom scientifique de la « nivaquine », médicament anti-paludéen bien connu des voyageurs, qui présente, il est vrai, des effets secondaires : il donne des cauchemars, et souvent la diarrhée.

Mais s’il évite aux victimes du coronavirus de mourir, comme l’a montré Didier Raoult, la bête noire de la nomenklatura parisienne, de quoi se plaint-on ?

Malgré l’urgence, le ministère de la Santé se remet debout sur le frein pour retarder la généralisation d’un traitement que les Américains ont d’ores et déjà décidé d’adopter. Selon les propos tenus par Jérôme Salomon aujourd’hui lors de sa conférence de presse, la chloroquine fait partie d’un test lancé en urgence parmi d’autres produits, pour vérifier son adéquation.

Une fois de plus, ce qui triomphe dans la décision publique, ce n’est ni l’efficacité, ni l’intérêt général, mais l’esprit courtisan et moutonnier des hauts fonctionnaires qui ont peur de prendre des risques et se préoccupent plus de leur appétit de pouvoir que du service aux Français. Car si la prudence préoccupait tant M. Salomon (ce qui pourrait justifier les obstacles qu’il multiplie au recours à la chloroquine), pourquoi n’a-t-il pas, dans cet esprit prudentiellement commandé des masques et des tests ?

En réalité, Salomon et le ministère de la Santé retardent le recours à la chloroquine parce que donner raison à Raoult leur déchire le coeur (pour rester poli). Et s’ils pouvaient prouver que Raoult se trompe, ils en jouiraient de façon incommensurable, tant la haute fonction publique française n’est plus portée aujourd’hui par le souci de trouver des solutions, mais par l’obsession de garder le contrôle de la société.

En ce sens, elle ne diffère guère de la noblesse obsédée par le ridicule sous Louis XVI. Ce ridicule est encore aujourd’hui l’arme favorite des courtisans médiocres qui sèment la terreur dans les couloirs du pouvoir. Et qui en provoqueront la chute brutale.
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Article sur le même thème dans Atlantico d'Yves Roucaute :

Coronavirus : comment la technocratie nous a méthodiquement mené dans le mur.

Verhaeghe et Roucaute sont d'accord sur deux points, dans cette crise sanitaire du coronavirus la France souffre :

1) de l'imprévoyance et de l'incompétence de l'administration sanitaire, et du gouvernement qui ne la bouscule pas.

2) de l'incapacité de cette administration à changer de braquet et à sortir de son train-train pour réagir à la crise.

Je n'ai vu le point télévisuel de Jérôme Salomon qu'une fois, ça m'a suffi pour juger le guignol qui nous explique que tout ce qu'on fait les pays qui ont réussi ne sert à rien. C'est bon, il est classé.

Vu comme ils sont nuls avec l'épidémie, ça promet pour le traitement de la crise économique qui va suivre. Tous aux abris !

Et nous, nous sommes coupables d'avoir porté au pouvoir des beaux parleurs parce que nous ne voulons plus affronter le tragique de l'histoire.


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