Partout en Occident s’est installé, dans la partie de la société la plus riche, celle qui a accès aux leviers du pouvoir, un universel déni de réalité : la Chine populaire n’est pas un Etat dangereux pour l’équilibre du monde ; l’industrie nucléaire n’est pas une industrie propre ; il existe un racisme systémique des sociétés blanches ; un enfant n’a pas besoin, pour grandir dans l’équilibre, d’un père et d’une mère ; la France est mieux gouvernée par des décisions prises à Francfort ou à Paris qu’au plus près du terrain, là où les gens habitent et travaillent ; une société ne doit pas chercher à assimiler les étrangers qui sont sur son sol ; une société n’a pas besoin de secteur industriel pour être prospère etc.
Partout s’est installé le déni de la complexité du réel et, avec lui, du débat qui nourrit la démocratie.
Le « en même temps » macronien est faussement inclusif puisque son objectif est toujours d’embrasser un point de vue adverse pour mieux l’étouffer. Le président centriste est ... en même temps celui d’une loi sur les « fake news ». Lui même a un déni de réalité qui l’emporte sur tous les autres : il ne cesse de répéter qu’il faut plus d’Union Européenne pour pallier les échecs de l’Union Européenne.
C’était la logique des dirigeants soviétiques : le communisme ne marchait pas parce qu’on ne l’avait pas suffisamment mis en oeuvre.
***********
Il faut bien comprendre le drame politique que nous vivons : l'exercice du pouvoir exige une certaine part de mensonge, de dissimulation, mais jamais depuis très très longtemps (à vrai dire, je n'ai pas souvenir d'une telle hypocrisie, à part les plus exaltés éradicateurs de notre glorieuse révolution), on n'a vu une classe dirigeante aussi menteuse.
Elle ment sur ses principes, ses valeurs, ses moyens, ses objectifs. Au fond, le mensonge principal est qu'elle prétend à l'altruisme alors qu'il n'y en a que pour sa gueule. Et les mensonges descendent très bas dans la hiérarchie : des sous-fifres de 72ème catégorie partagent le cynisme de leurs patrons.
Cet article n'est pas tout à fait hors sujet :
***********
S’il y a une leçon à tirer de cet épisode préfigurateur du Ségur de la Santé, il tient tout entier au poids écrasant que détient désormais la bureaucratie dans la conduite du pays. Dans un pays où les dépenses publiques dépasseront les 70% du PIB en fin d’année, la technostructure est toute puissante. Les mois qui viennent nous en donneront sans peine la démonstration.
Pour légitimer sa domination, le Ségur de la Santé a montré le mode d’emploi que suit la bureaucratie : inventer des conférences où des représentants syndicaux à temps plein viennent signer des accords scélérats au nom des petites gens qui ont mené les combats. On s’amusera par exemple de voir que l’accord de Ségur, préparé par Nicole Notat, ancienne dirigeante de la CFDT, a été approuvé par Laurent Escure, responsable de l’UNSA et professionnel du syndicalisme depuis toujours ou presque, et par Laurent Berger, autre professionnel du syndicalisme.
Susciter une bureaucratie ouvrière pour signer des accords qui protègent la bureaucratie au nom de la solidarité, on a compris la feuille de route de Jean Castex pour les deux ans à venir.
***********
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire