mardi, novembre 03, 2020

La science est un sport de combat (D. Raoult)

Décollage

J'ai toujours les deux mêmes problèmes avec les livres de Raoult :

1) je trouve son expression brouillonne, son style peu agréable. Ce manque de clarté se retrouve dans ses videos. De ce point de vue, j'ai peut-être des références trop élevées : j'ai eu des professeurs qui étaient un don du ciel : clairs et rigoureux.

2) c'est un anti-catholique, ce qui lui fait dire pas mal de bêtises. Là encore, sous prétexte d'empirisme, il se montre brouillon. Je partage très peu son admiration de Nietzsche et des sectateurs de la French Theory. Je pense que ce sont des destructeurs, des maitres de mort.

Vous pouvez me trouver sévère, mais je lis en parallèle Claude Tresmontant, qui est tout le contraire : catholique, carré, limpide.

A l'évidence, Tresmontant me convient mieux que Raoult.

Ceci étant dit, je vous conseille de lire Raoult. C'est instructif. C'est un type avec qui on a plaisir à s'engueuler.

Comme il a un tour d'esprit rationnel, ce qu'il dit est contestable, nous ne sommes pas le religieux scientiste, il n'est pas du genre « la science a dit ». Une fois qu'il a quitté ses considérations philosophiques que je trouve vaseuses et entre dans son domaine, il est passionnant.

Faux bon sens

Il commence par mettre en garde contre le faux bon sens. L'homme déteste ne pas comprendre, alors dans son esprit simpliste, il s'invente des explications aux choses qu'il ne comprend pas et il appelle cela le bon sens.

Il y a ce qui est prouvé et ce qui ne l'est pas. Tout le reste est rationalisation de l'inconnu pour se rassurer. Le COVID a été la foire au faux bon sens, spécialement (hélas) de la part des gouvernants :

> Masque, confinement, gestes "barrières", interdiction de rassemblement : pensée magique, aucune preuve d'efficacité.

> Détecter-isoler-soigner, lavage des mains : efficacité prouvée.

Qu'est-ce que j'ai entendu d'élucubrations sur les gouttelettes (pour justifier les masques) ou le R0 (pour justifier le confinement) qui se réclamaient du bon sens !

Je n'ai rien contre le vrai bon sens, bien au contraire. Mais il faut aussi savoir dire « je ne sais pas ».

Le vrai bon sens doit inspirer une question : pourquoi le premier mouvement des gouvernants occidentaux à l'apparition du COVID a été de jeter à la poubelle les plans sanitaires et d'improviser le grand n'importe quoi, irrationnel, sans preuves, moyenâgeux, alors que le COVID tombait précisément dans les hypothèses de ces plans ?

La question est d'autant plus pertinente en France que s'y rajoute une autre encore plus terrible : pourquoi l'administration a-t-elle bloqué toute initiative (pas de chloroquine, pas de médecine de ville, pas d'hôpitaux privés), provoquant des milliers de morts évitables, alors que, face à l'inconnu, il faut au contraire libérer les initiatives pour multiplier les chances de réussite ?

Parmi les exemples de faux bon sens admis sans discuter, il y a les protections chirurgicales individuelles. En fait, on s'est aperçu que ces protections (à part les gants si le chirurgien touche l'opéré) ne servent à rien. Nos grands anciens qui opéraient en costume et noeud papillon ne faisaient pas prendre de risque aux malades.

En parlant de faux bon sens : Raoult nous fait son délire habituel, l'afflux massif d'étudiants étrangers, c'est fantastique. Il nous fait plusieurs fois une ode au métissage. Comme Einstein, Raoult a les idées politiques d'un enfant de dix ans. Passons.

Les trois tueurs

Les trois tueurs du passé : la peste, le choléra, le typhus. Les trois tueurs d'aujourd'hui : le paludisme, le SIDA, la tuberculose. (Bizarrement, il n'y a pas le COVID ! Bien sûr, je plaisante : le COVID ne se verra même pas dans les statistiques annuelles).

Le SIDA est maîtrisé.

Raoult n'hésite pas à dire que, s'il était forcé de faire un choix, il préférerait avoir le SIDA que du diabète. En revanche, le paludisme l'inquiète.

A sauts et à gambades

Les microbes et, plus largement, les espèces vivantes n'évoluent pas graduellement, mais par sauts, de catastrophes en catastrophes.

La science aussi.

Il est d'ailleurs curieux que Raoult soit très à l'aise dans cette vision chaotique dans son domaine, mais qu'il lui échappe totalement qu'en politique (j'y reviens un peu), c'est la même chose, il y a des points de non-retour, des effets non-linéaires, des catastrophes. Pour lui, le terrorisme n'est pas grave parce qu'il fait moins de morts que les accidents de la route. L'immigration, pareil. On reste un peu confondu. Raoult a la lucidité de dire que la politique n'est pas son domaine.

Parlant de politique, je lui en veux de ne pas être plus saignant sur la politique sanitaire macroniste. Quand il dit qu'il n'a pas d'opinion, il ment, ne serait-ce que parce qu'il est très au courant de ce qui se fait ailleurs et qu'il ne peut ignorer qu'ailleurs, on fait beaucoup mieux, sans masque et sans confinement. Bref, il est lâche pour préserver son IHU (regardez ce qui arrive à Perronne).

La part de l'inconnu

Il y a énormément de choses que nous ignorons. Par exemple, on a trouvé des gènes de résistance aux antibiotiques dans des bactéries de mammouth congelé.

C'est pourquoi il ne faut pas rester figé dans des conceptions a-priori qui ont toutes les chances d'être fausses (façon gros bourrins abrutis de technocrates français Macron Delfraissy Philippe Castex), mais essayer, tenter, recommencer. Tout le contraire de ce que nous avons fait avec le COVID.

L'eugénisme

Raoult en parle avec sa franchise habituelle : le débat autour de l'eugénisme en France est vain, creux, car nous sommes déjà, en pratique, eugénistes. Le diagnostic pré-natal et l'élimination des foetus mal formés sont de l'eugénisme pur et dur et, en proportion, nous sommes plus eugénistes que les nazis, même si nous n'osons pas nous l'avouer.

Comme Raoult n'est pas darwinien, ça le gratte mais il n'y peut rien.

COVID-19

Pour Raoult, la plus grosse faillite de l'Etat concernant la crise du COVID-19 est son incapacité à combattre (et même, l'absence de tentative de combattre) la loupe médiatique.

L'Etat a toutes les statistiques au niveau national pour mettre les choses en perspective et empêcher la psychose de grossir, il n'a même pas essayé.

Au contraire, le croque-mort Salomon, égrenant tous les soirs ses chiffres sans relativiser, a alimenté la psychose.

L'avenir inconnaissable

L'avenir est inconnaissable.

Mais, comme la plupart des hommes sont incapables d'assumer cette incertitude, ils s'inventent de fausses capacités de prévisions.

Les modèles mathématiques, épidémiologiques ou climatiques, sont révérés comme des dieux mais sont encore plus ridicules que la lecture des entrailles de pigeon.

Le cauchemar sécuritaire

Notre société arrête de vivre par peur de la mort.

10 mois après le début de la psychose suicidaire du COVID, inutile que j'insiste : ceux qui pouvaient comprendre ont compris depuis longtemps, ceux qui n'ont pas compris ne comprendront jamais.

Plus original, Raoult, au rebours des discours dominants, trouve qu'on en fait trop contre la douleur, ça masque des symptômes. On a moins mal mais on risque plus de mourir. Il parle de méningites et de de péritonites mal diagnostiquées et mal soignées du fait de douleurs masquées par des antalgiques.

Il ne croit pas à la guerre  virologique/bactériologique : la virulence des virus ou des bactéries créés par l'homme décline très vite, le génome n'est pas aussi stable qu'un génome sélectionné par la nature (le Pr Montagnier a dit la même chose sur le COVID, on l'a pris pour un con).

Dans nos délires, il y a le féminisme : plus la science progresse, plus nous avons la preuve que beaucoup de différences hommes-femmes sont d'origine biologique (étonnant, non ?) et pas culturelle. Mais, comme nous sommes de plus en plus irrationnels, ça n'est pas bien grave.

Conclusion

Raoult revient sur la philosophie qui fait mon désaccord (voir le début du billet).

Comme d'habitude, Raoult est intéressant à lire. Ceux qui le traitent de charlatan et d'escroc sont à des années-lumières en dessous. Même si (vous l'avez bien compris) je ne suis suis pas toujours d'accord avec lui, j'apprécie qu'il sache dire quand il ne sait pas (ce qui revient assez souvent) et témoigner son admiration à des collègues vivants.

Ca prouve une disposition d'esprit de plus en plus rare.

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