Les Allemands étaient supérieurs en artillerie de campagne, mais le fusil Chassepot français était plutôt meilleur. Surtout, nos ennemis étaient mieux organisés et plus entreprenants.
La guerre a commencé par des batailles de rencontre (Reischoffen, Gravelotte, Saint Privat) qui ont surpris les deux adversaires. Les Allemands ont pris des risques, qui ont payé à cause de notre désorganisation et de notre mauvais commandement.
A chaque fois, des réserves qui auraient renversé radicalement le cours de la bataille, transformant des défaites mitigées en victoires nettes, sont restées inemployées, faute de compréhension de la situation et d'une communication claire.
Certes, dans l'ensemble, les Français étaient inférieurs en nombre, mais pas toujours localement. L'incapacité à équiper les réserves joue beaucoup dans le déficit français. Bref, le bordel.
Le grand n'importe quoi
Pour briser la spirale de la défaite, Napoléon III donna alors un ordre audacieux mais qui ne fut pas exécuté : le repli de l'armée sur Châlons. La retraite sous pression de l'ennemi est toujours un gros risque, mais ça permettait à l'armée de se réorganiser et d'étirer la logistique allemande.
Au lieu de cela, Bazaine, très surévalué (à sa nomination, ceux qui l'ont connu au Mexique ont dit « Nous sommes perdus », mais il était bien vu de la presse et de l'entourage de l'impératrice), s'enferma dans Metz et se défendit en dépit du bon sens. Avec le désastre que nous connaissons.
« Bazaine a capitulé ! » est le cri de désespoir d'un peuple trahi.
Pendant que Bazaine temporisait mortellement à Metz (alors qu'au début du siège, il avait tous les moyens de faire souffrir les Allemands, très aventurés), l'armée de Mac-Mahon, qui se trouvait à Châlons avec l'empereur, qui lui s'était replié, aurait du y rester pour couvrir Paris et recueillir les éléments fuyant depuis l'est. Hé bien, pas du tout ! Mac-Mahon reçut et exécuta l'ordre imbécile, venu du gouvernement maléfique de l'impératrice à Paris, de quitter Châlons et de remonter vers le nord à l'aveuglette, sans savoir où étaient les Allemands. L'empereur, malade, ne s'y opposa pas.
Cet ordre était tellement idiot que les Allemands furent surpris. Mais ils n'eurent aucun mal à coincer les Français à Sedan après quelques jours de poursuite, à la fois parce qu'ils étaient en nette supériorité numérique et parce que les Français étaient si mal renseignés qu'ils ont omis de couper les ponts sur la Meuse.
Avec leur tact habituel, les Allemands laissèrent les prisonniers français mourir de faim et de maladies.
Quand on manque de discernement ...
Voilà une guerre commencée sur une intoxication grossière (la dépêche d'Ems), dans un vide diplomatique abyssal (la France n'a aucun allié), que nous n'aurions jamais du déclarer (tout à perdre, rien à gagner), et qui s'enchaina sur des décisions inadaptées.
Ce n'est pas de la franche bêtise, mais un manque constant de jugement, de discernement : pas la bonne décision, pas au bon moment.
Quand on prend systématiquement de mauvaises décisions pour de mauvaises raisons (un peu comme nommer une femme parce que c'est une femme, si vous voyez ce que je veux dire), ça se termine rarement bien.
Alors que la guerre se déroulait sur le territoire national, donc au milieu de milliers d'informateurs de bonne volonté, le gouvernement et les militaires français étaient étonnamment mal renseignés, la plupart des décisions furent prises à l'aveugle, sur la foi de rumeurs non vérifiées, alors qu'il aurait parfois suffi de lire les journaux étrangers pour avoir une idée plus claire de la situation.
Les lignes télégraphiques étant faciles à couper, les renseignements circulaient mal et, de part et d'autres, des décisions furent prises à l'aveuglette. Mais, côté français, ce comportement revêtait un caractère systématique, sous le gouvernement républicain comme sous le gouvernement impérial, tout à fait étonnant.
Notre marine n'a joué aucun rôle, faute de préparation. Pourtant, elle était très supérieure à la marine allemande, puisque celle-ci était à l'époque quasiment inexistante.
Partout, les Français ont combattu avec un grand courage, donnant des scènes de chromo, comme Les dernières cartouches à Bazeilles.
Mais une défaite courageuse, ce n'est pas une victoire.
Pour le plus grand malheur de l'Europe, les Allemands ont joué un coup de maitre.
Une poursuite de la guerre pour la raie-publique
La suite, le siège de Paris, l'armée de la Loire, le gouvernement de Bordeaux, la Commune, sont des péripéties politiques, mais le sort des armes est scellé.
La guerre est poursuivie pour complaire à la clique de branquignols de Gambetta. Le seul résultat concret en est d'aggraver les souffrances des Français et d'alourdir la défaite de la France. Mais que ne ferait-on pas à la gloire de la raie-publique ? Un raie-publicain, c'est quelqu'un qui est toujours prêt à trahir les intérêts extérieurs de la France pour assoir sa position politique intérieure.
Les armées allemandes assiégeant Paris, étirées et loin de leurs bases, sont vulnérables. Mais, pour exploiter cette situation favorable, il eut fallu une énergie dans le gouvernement, une rigueur dans l'organisation et un talent militaire dont la France de l'époque est totalement dépourvue.
Ah ça, les déclarations ronflantes s'enchainent, le vieux Totor Hugo de retour d'exil, toujours aussi con (on peut être un écrivain de génie et un parfait crétin), en tête. Mais aussi, concrètement, les décisions malencontreuses : le gouvernement qui s'enferme dans Paris, la délégation de Tours mal choisie, les mobilisations brouillonnes, l'absence de travail diplomatique ...
Le peu de chances de rétablissement qui restaient à la France après les désastres d'août 1870 n'ont pas été saisies, même pas approchées.
Alors, certes, il y eut des épisodes admirables de courage et d'abnégation, mais rien qui fût bon pour le pays. La seule chose qui n'a pas manqué aux Français est la bonne volonté patriotique, mais, pour le reste, le jugement, le discernement, la méthode, la vision politique, le talent militaire ... aux abonnés absents.
Qu'est-ce qui différencie la résistance sublime d'un de Gaulle de l'obstination idiote d'un Gambetta ? La situation internationale.
Comme les Français ne sont pas les seuls à faire des conneries, Bismarck commit la faute majeure d'humilier la France et de faire peur à la Grande-Bretagne. L'Allemagne le payera très cher et c'est bien fait pour sa grande gueule.
En 1914, la mobilisation des réserves et le renseignement sont toujours aussi déficients, mais les autres problèmes ont été résolus. La France n'est pas isolée, les armes techniques (train, transmissions, génie) sont plutôt à la hauteur. Même si Joffre est une catastrophe, l'armée a su attirer et promouvoir des talents (je ne suis pas sûr qu'on puisse dire la même chose en 2025), le pays est beaucoup mieux dirigé. En 1914, la guerre commence aussi mal qu'en 1870 mais la suite est très différente.
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A noter que Napoléon III n'était pas du tout chaud pour entrer en guerre contre les Prussiens et que c'est l'extrême gauche de l'époque qui a chauffé à bloc l'opinion à grand coup de campagne de presse.
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