Cette phrase de Turgot, reprise comme titre pour ses mémoires par Edgar Faure, "Avoir toujours raison est un grand tort" me fait penser à deux excellents ingénieurs que je connais.
Ils partagent certains traits de caractère : droits et francs au point d'en être adrupts, réfléchis, expérimentés, analytiques, voyant loin.
Par leurs qualités, je ne les ai jamais vu en matière technique, ni même organisationnelle, avoir tort, ils éclaircissent les problèmes complexes. Quand ils ne trouvent pas la solution, ils proposent une méthode pour y arriver.
Malheureusement, ils se détachent du lot des médiocres, des moyens, qui, par nécessité statistique, peuplent une grande entreprise.
Ils font tache. Pour peu que la société qui les emploie n'ait pas une culture du dissentiment, de la différence, le caractère entier qui est l'autre face de leur raisonnement droit les dessert.
Ils excitent les jalousies, les médisances. Comme on ne peut leur reprocher leur compétence, on fait mine d'avoir des difficultés avec leur caractère sur l'air de "Il est très bien, mais ..." Cependant, au fond, c'est pour leurs qualités qu'on leur en veut.
Trait qui ne trompe pas : on leur reproche volontiers d'être des "fouteurs de merde". Il suffit d'y regarder pour comprendre qu'on veut dire par là qu'ils ont révélé des problèmes qu'un consensus d'inertie s'accordait à laisser glisser sous le tapis.
Pour des esprits bas se soutenant l'un l'autre, des qualités trop éclatantes sont un miroir trop cruel, une insulte qui appelle réparation.
L'un n'a pas la carrière qu'à mon sens il mérite, l'autre a été prié d'aller voir ailleurs.
Il me semble qu'il y a une fable de La Fontaine sur le sujet, il faudra que je cherche.
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Je dois dire que j'adore ce billet.
RépondreSupprimerSentez vous à quel point vous décrivez une situation trés répandue en France ?
J'ai été viré (j'ai quand même négocié un gros chèque), il y a quelque mois.
Un de mes ex-collaborateurs ne va pas tardé à me suivre. Nous étions trop brillants. Nous adorions la phrase suivante : "etre pris pour un con par des imbéciles est un délice de fin gourmets" (Desproges).
Mais c'est la France entière qui est devenu un grand consensus d'innertie
pierre_robes_roule
oh les fautes .... de frappe !
RépondreSupprimer"Sordide humanité, vous ne méritiez pas Giscard !" disait également l'ami Pierre.
RépondreSupprimerDeux questions m'ont été posées :
RépondreSupprimer> ces deux ingénieurs existent-ils ? Oui, il est même possible à mes familiers de deviner l'un.
> Est-ce toi ? Non, je suis loin d'avoir toutes ces qualités.
Je change un peu de sujet (mais pas tellement) pour vous en faire remarquer une bien bonne.
RépondreSupprimerLa grève de certains dockers de Marseille a été combattue, ces derniers jours, par le patronat et le gouvernement, au moyen (entre autres) d'une menace imminente, disait-on, de pénurie de carburant dans les stations-service du sud de la France.
La CGT a, hier, dégonflé le bobard en disant, grâce à des renseignement venus de ses militants dans les raffineries, que ladite pénurie surviendrait au plus tôt dans quinze jours. C'est au point que les médias ont dû, non seulement renoncer à taper sur ce clou, mais donner l'information correctement, comme je viens de la donner.
Il me semble que l'anecdote, quel que soit le jugement qu'on porte sur le bien-fondé de cette grève-là, montre jusqu'où peut aller la mis en cause du droit de grève, reconnu par la constitution, au moyen de la désinformation patronale et gouvernementale, s'il n'y a pas de contrepoids syndical, ce qui pourrait inciter Franck à nuancer sa condamnation de principe de ce type d'organisation.
@delpla
RépondreSupprimerTout à fait d'accord.
La grève à Marseille a aussi un coté Angleterre période préThatcher trés interessant.
"sa condamnation de principe de ce type d'organisation" : ma condamnation des syndicats français n'est pas de principe, mais de pratique.
RépondreSupprimerSur le principe, je suis évidemment pour la libre association ; d'ailleurs c'est Bastiat, libéral s'il en est, qui a défendu la loi sur le droit de grève.
C'est une loi anti-libérale, qui, en fixant aribitrairement la "représentativité" des syndicats, a amené le syndicalisme français là où il en est : dogmatique et extrêmiste, groupusculaire et bureaucratique.
"un coté Angleterre période préThatcher trés interessant"
Certes, mais ce qui me fait peur, c'est que l'équipe Thatcher arrivant au pouvoir était très préparée (comme d'ailleurs l'équipe Blair). Je ne sens pas dans les équipes de campagne française un tel professionnalisme vis-à-vis de l'exercice du pouvoir après l'élection.
La CGT hyper minoritaire et revancharde ne représente plus qu'elle-même, et le sait, c'est à ce titre qu'elle joue ce pathétique baroud de déshonneur. 70 dockers irréductibles bloquent un des principaux ports d'Europe pour des raisons futiles (voir la presse) et nous ridiculisent aux yeux du monde entier. Qu'il y ait 15 ou 20 jours de stock d'essence est vraiment très secondaire. Je respecterai le droit de grève de la CGT, quand par un vote secret, elle respectera le droit de travailler de ceux qui souhaitent continuer à le faire. Tout le monde sait bien que les gros bras de la CGT intimident (gentil euphémisme) ces derniers, à l'intar de ce qui s'était passé lors de la grève des marins CGT de la SNCM. Ce que l'on a trouvé sous les tapis par la suite (trafics et ventes d'alcool pour le compte de la CGT), n'étaient d'ailleurs guère reluisants pour ce syndicat.
RépondreSupprimer@ Franck
RépondreSupprimerRelisez-vous, votre discours anti-syndical est souvent sans frontières et crasseusement patronal.
@ Yo
Mais ce qui m'a poussé à poster cette information, c'est justement un mensonge patronal et gouvernemental éhonté, prenant (pour employer un cliché anti-syndical courant) les automobilistes en otages, qui a dû être retiré prestement devant une information juste, de source syndicale. Alors de deux choses l'une : ou vous croyez ce que vous venez d'écrire, et avec moi vous protestez contre les abrutis qui redonnent une carte à cette maudite CGT; ou vous minimisez l'impair, c'est-à-dire que vous vous rangez systématiquement du côté du patron, quelque crime qu'il commette contre la chair ou l'esprit.