Je vois deux types de questions «philosophiques» dans la crise actuelle :
> une série de questions qui renvoient à la faillite de l'étatisme et de la régulation (1). Quelle régulation pour les banques ? Quelle politique immobilière ? Quel financement pour les Etats (j'ai bien peur que les plans de sauvetage s'avèrent à terme des plans de banqueroute) ?
> une série de questions qui se posent aux libéraux, ayant trait aux comportements humains : comment éviter le panurgisme ? Pourquoi les informations qui n'entrent pas dans l'idée à la mode sont-elles ignorées ?
J'ai un scénario favori, dont j'espère qu'il va se réaliser : les Etats ont créé un choc psychologique en promettant des milliards. Ils n'auront pas à les débloquer, ou qu'une petite partie : la reprise ira plus vite que les Etats.
Ceci étant, j'ai entendu pendant cette crise des choses d'une stupidité ... Totalement à coté de la plaque: les paradis fiscaux (2), les parachutes dorés, la fin du capitalisme, le développement durable, le retour de l'Etat (3) etc.
(1) : pour ceux qui n'auraient pas lu mes messages précédents, je pense avoir montré, avec d'autres, que la crise est à mettre en grande partie sur le dos d'une régulation déresponsabilisante et de la manipulation par les Etats des marchés immobiliers.
L'idée comme quoi la crise serait le signe d'une faillite du laissez-faire ne tient pas la route une seconde : il n'y a guère de profession plus réglementée que les banques.
Au contraire, la crise illustre un phénomène bien connu ailleurs, par exemple en aviation : sauf à priver totalement les hommes de liberté, les enserrer dans un carcan réglementaire a deux effets néfastes.
Cela les déresponsabilise et cela les incite à utiliser le peu de libertés qu'on leur laisse pour passer dans les failles réglementaires, en perdant quelquefois de vue les principes fondamentaux de l'activité en question.
L'aviation s'en sort assez bien avec une idée simple : tenter de ne pas diluer les responsabilités.
(2) : rappelons que si il y a des paradis fiscaux, c'est tout simplement parce qu'il y a des enfers ficaux.
(3) : pourquoi je considère ce thème très à la mode du «retour de l'Etat» comme idiot ? L'Etat-mamma, ou Etat-providence, a une origine historique précise : le New Deal rooseveltien, à l'efficacité économique douteuse, et le rapport Beveridge, écrit dans les années les plus noires de la guerre pour promettre aux Britanniques que l'après-guerre serait radieux.
Ce contexte guerrier de l'Etat-providence a pu faire écrire à J. Ellul en août 1945 que Hitler avait perdu physiquement la guerre mais l'avait gagnée politiquement, ce qui, tout de même, n'est pas une affirmation anodine, surtout à ce moment et venant d'un tel homme.
Or, à moins qu'on tienne l'hypothèse de la «guerre contre le terrorisme» pour l'équivalent psychologique de la deuxième guerre mondiale, il est douteux que nous soyons dans des conditions telles qu'une augmentation de la place de l'Etat, déjà fort envahissant et très présent, dans l'économie soit tolérée par les populations.
D'ailleurs,quand on essaie de comprendre ce qui se cache derrière cette idée fumeuse de «retour de l'Etat», on comprend qu'il s'agit d'une remise à plat de la réglementation bancaire et de quelques nationalisations provisoires. Vraiment pas de quoi voir une révolution ou un triomphe du collectivisme.
Que les gouvernants savourent les appels au secours qui montent vers eux, cela risque bien d'être la dernière occasion avant longtemps où ils ne seront pas méprisés.
Finalement, la seule chose qui me fait peur dans cette histoire de «retour de l'Etat», c'est l'appétit de servitude dont certains ont témoigné à l'occasion de cette crise. C'est la seule vraie raison qui pourrait faire que l'Etat «revienne» : que les individus se démettent de leurs responsabilités.
lundi, octobre 13, 2008
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Vous me permettrez de ne pas être d'accord avec vos "conclusions" -et c'est un euphémisme.
RépondreSupprimerPas un économiste sérieux -en-dehors des idéologues libéraux ("une régulation déresponsabilisante et la manipulation par les Etats des marchés immobiliers": très drôle!)- n'a songé à mettre en cause autre chose que l'irresponsabilité du capitalisme financier. Celui qui comme le dit élégamment notre hôte "perd quelquefois de vue les principes fondamentaux de l'activité en question".
Le moindre emprunteur peut réduire à néant "l'argument" de F. Boizard prétendant "il n'y a guère de profession plus réglementée que les banques". Je n'aurais pas la cruauté d'insister sur les récentes affaires du Crédit Lyonnais et la "surveillance" dont faisait l'objet l'ami Kerviel, pour n'évoquer que la France...
Il est donc maintenant clairement établi après les plongeons de 1987 et la "crise asiatique" que le capitalisme financier est incapable de s'auto-réguler. Si les Etats n'étaient pas intervenus, cette crise aurait été la dernière.
Par contre je suis totalement d'accord lorsque vos dites "cette idée fumeuse de «retour de l'Etat», on comprend qu'il s'agit d'une remise à plat de la réglementation bancaire et de quelques nationalisations provisoires. Vraiment pas de quoi voir une révolution ou un triomphe du collectivisme.". L'opinion, anesthésiée par la propagande des médias, acceptera sans doute sans broncher de s'être fait dépouiller par ces Robins-des-bois à l'envers qui attaquent les pauvres pour donner aux riches.
Ainsi va "le meilleur des mondes" libéral...
Canut vous apportez vous méme les arguments qui vous contredisent.
RépondreSupprimerOui des affaires comme le crédit Lyonnais arrivent malgré que le secteur des banques soient utra réglementé.
Dés lors a quoi sert cette réglementation si elle ne remplit pas son objet ?
En fait vous critiquez beaucoup mais c'est quoi la bonne solution pour vous ?
Interdire les banques ou les nationalisez toutes ?
A lire toutes les interventions de Mister canut, vous perdez votre temps a lui repondre. Il ne fait que dans l'injective et ne sais pas de quoi il parle.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer@Canut :
RépondreSupprimerVous n'imaginez pas à quel point l'affaire Kerviel aura été plus efficace que toutes les régulations bancaires. A la suite de cette affaire, toutes les banques (et pas seulement françaises) ont revu leurs procédures sur les marchés à terme. Elles avaient fait de même après l'affaire Barings et puis le temps avait passé (on avait fait des régulations....) et les banques (c'est à dire des salariés comme vous et moi) s'étaient laissées prendre dans la routine administrative ou l'on remplit des rapports pour la Banque de France qui ne les lit pas.
Je travaillais à une époque pour une grande d'investissement : l'année de l'incendie du Crédit Lyonnais, nous n'avons eu aucun mal à obtenir un gros budget pour construire un site de back-up....
C'est dans la nature humaine, rien à voir avec les marchés, la finance, le libéralisme, .....
IL faut seulement arrêter de croire à l'idée d'un système stable sans crises. Tout système vivant a des crises car il a des contradictions. C'est un principe cinétique. L'Union soviétique n'a connu qu'une seule crise grave : la première qui était la dernière. Le capitalisme, qui n'est pas un système à proprement parlé pour moi, en a connu et en connaitra encore....ce qui ne veut pas dire qu'il soit parfait ni qu'il faille ne pas cherché à l'améliorer.
Ni fatalisme, ni renoncement mais conscience de la complexité.
Je dirais seulement que les motivations d'un trader à gagner de l'argent en spéculant, me paraît plus "franche" que les motivations de beaucoup de responsables politiques...