samedi, octobre 25, 2008
Dans quelle édition lire Montaigne ?
Question lancinante pour qui veut lire ce bon Michel : dans quelle édition lire Montaigne ?
Première option, radicale : l'édition dite municipale, en fac-similé. Vous n'en trouverez pas d'exemplaire à moins de 1000 € et c'est très difficilement lisible. Bref, réservé, aux aventuriers ou aux montagnistes chevronnés, et riches.
Deuxième option, la douceur : l'édition Arlea, légèrement transposée en Français moderne. C'est le point le plus extrême que je vous conseille en matière de transposition moderne. Il existe des éditions encore plus audacieuses mais elles sont une trahison.
Finalement, c'est pas mal pour un débutant.
Troisième option : l'édition de la Pleïade. Malheureusement, la dernière édition est cauteleuse. En effet, pour faire un coup éditoriale, Gallimard n'a pas pris comme référence l'édition de 1588 augmentée des annotations de Montaigne, la dernière du vivant de Montaigne, donc revue et corrigée par lui, mais la suivante, qui remaniée par sa «fille d'alliance» est sujette à caution.
Quatrième option : l'édition immédiatement antérieure de la Pléïade (de 1997 il me semble), celle qui se basait sur l'édition de 1588, mais elle est alourdie de notes spécieuses et, surtout, renvoyées en fin d'ouvrage, ce qui est plaie de la lecture.
Cinquième option : la première édition de la Pléïade, de 1958. Gallimard n'avait pas encore entrepris de gagner le championnat du monde d'érudition et de snobisme, elle est légère, les notes sont en bas de page, donc pratiques et on en trouve des exemplaires en très bon état chez les bouquinistes pour une somme modeste.
Il y en a même à vendre sur internet.
De loin, ma préférence.
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Je vous très dur. La traduction de Piganaud (édition Arléa) est pour moi très bonne. Quelques petits exercices de comparaison avec des extraits de l'édition municipale m'ont convaincu. Plus accessible sans trahir ni le fond ni surtout les nuances de Montaigne.
RépondreSupprimerJe la conseille pour diffuser plus facilement la sagesse et la mesure au quotidien de notre Bordelais national.
D'ailleurs ne serait-ce pas notre Montaigne qui aurait pu dire que "transmettre un savoir c'est être capable de le vulgariser un peu sans le trahir".....
J'ai essayé l'édition d'Arléa. C'est illisible. Je ne comprends pas pourquoi on ne traduit pas Montaigne en français moderne pour une édition de référence.
RépondreSupprimerParler de trahison est absurde. Une traduction de l'ancien français au français moderne, sans aucun doute, s'écarte beaucoup moins du sens original qu'une traduction d'une langue étrangère.
Ou alors, pourquoi ne pas s'indigner que l'on traduise les oeuvres latines? Cela relève du snobisme pur et simple.
Que des éditions de référence en français ancien ou légèrement adapté existent pour ceux qui aiment ça ou en ont besoin, très bien.
Qu'un éditeur comme Arléa sorte une édition qui ne respecte pas le français contemporain, voilà qui relève de l'élitisme pur et simple de la classe intellectuelle française.
Pendant ce temps-là, les éditeurs mettent sur le marché des livres mal imprimés, mal typographiés, mal mis en pages, massicotés de travers, sans index ni tables des matières, avec parfois des pages à l'envers, qui tombent en morceaux au bout de six mois; mais c'est pas grave, hein, c'est pour le peuple. C'est des abrutis, y s'en foutent.
L'important, c'est qu'on puisse causer entre nous, au Flore, de cette formidâââble édition de Montaigne qu'on vient de publier, et que mille Français à peine sont capables de lire.
@rob marchenoir
RépondreSupprimerIllisible l'édition de Pinganaud chez Arléa ? On parle bien du même bouquin ? certes tout n'est pas traduit en français du moment mais tout de même, rien de comparable avec les éditions originales en françois de l'époque .....
Bien sûr une traduction plus "moderne" serait possible mais au prix d'une banalisation des pensées.
En tout cas, je trouve Montaigne plus compréhensible que Sartre !!!
On peut aussi le lire comme ça :
RépondreSupprimerhttp://books.google.fr/books?id=T9CEAAAAIAAJ
Pas très pratique j'en conviens, mais quel plaisir !
"Bien sûr une traduction plus 'moderne' serait possible mais au prix d'une banalisation des pensées."
RépondreSupprimerDonc, vous estimez que le vrai christianisme vous est inaccessible à jamais parce que vous ne lisez pas l'araméen.
Vous ne comprendrez jamais l'islam parce que vous ne lisez pas l'arabe.
La philosophie grecque vous sera toujours étrangère puisque vous ne lisez pas le grec ancien.
Dostoievski vous est inaccessible parce que vous ne lisez pas le russe.
D'ailleurs vous ne comprendrez jamais vraiment la culture française, puisque vous ne parlez ni le breton, ni le basque, ni l'occitan, ni l'alsacien, ni le nissart, ni le corse.
Allons, allons, ce n'est pas sérieux.
Le français moderne (correctement maîtrisé, bien sûr) possède tout ce qu'il faut pour rendre toutes les nuances du monde.
Encore faut-il que le "traducteur" ait du talent, bien entendu.
Maintenant, si vous êtes capable de lire Montaigne dans Arléa, bravo, je suis content pour vous.
Mais ne dégoûtez pas les autres d'un texte normal. Ce n'est pas une position spécialement libérale, je trouve.
@robert
RépondreSupprimerJe définie le libéralisme comme étant nuances et sens de la mesure. C'est pour ça que je trouve qu'une traduction pas totalement modernisée ni totalement originale me semble la plus adaptée. Et puis, il y a une part de mystère à garder dans ces grands textes. Une sorte d'initiation, d'énigme à percer...
En gros, je résume : Pas d'effort, pas de travail, pas de valeur ajoutée. C'est un bon vieux principe Marxiste !!! :-)
Au risque de paraitre d'une inculture crasse, je n'ai jamais lu Montaigne. Je n'en connais que ce qu'en disent Lagarde & Michard. Et encore...
RépondreSupprimerMais à force de voir M. Boizard le citer si régulièrement, je décide de m'y plonger. Or voici que je trouve sur internet, à cette adresse : http://homepage.mac.com/guyjacqu/pernon-editions/montaigne/livre1.html
la 'traduction' en français moderne du Livre I.
quelques remarques :
La pensée est très accessible, mais la langue du XVIe siècle ne me permet ni de gouter toute la subtilité du texte, ni d'être sur de mon interprétation.
L'effort que me demande cette lecture ne m'aide pas à me focaliser sur la pensée : j'ai trop de neurones affectés à la forme et pas assez au fond.
La 'traduction' fait par M. de Pernon est assez agréable à lire. Les notes se suivent facilement (même sur le pdf) et on retrouve les références.
Cela me permet de me familiariser avec la pensée de Montaigne.
Aussi, je pense que cette 'traduction' me permet une première approche de la pensée de Montaigne sans les obstacles que mon intelligence moyenne rencontre avec la langue du XVIe.
Je suis bien entendu très motivé à l'idée de me mettre à lire Montaigne en 'V.O' pour le gouter plus en profondaeur et sans peur des mauvaises interprétations.
Je lis Montaigne dans l'édtion faite par Viley chez PUF (repris dans la collection Quadrige).
RépondreSupprimerC'est curieux cette soudaine passion de l'amicale libérale pour un humaniste dont les idées me semblent aux antipodes des leurs ("le plus heureux état d'une police serait où, toutes autres choses étant égales, la préséance se mesurerait à la vertu, et le rebut au vice", homme qui voulait "engendrer aux hommes le mépris de l'or et de la soie, comme de choses vaines et inutiles").
RépondreSupprimerPassons maintenant à : "Dans quelle édition lire Freud ?"
@Canut : des libéraux humanistes ? Vous avez du mal digérer votre Marx.
RépondreSupprimerMa foi, la version proposée par Pyhteas (cf http://homepage.mac.com/guyjacqu/pernon-editions/montaigne/livre1.html) me semble pas mal du tout. Je vais la commander, ca fera une version de plus de ce cher bordelais.
RépondreSupprimer@canut : plutôt que Freund avez vous essayer Eric Berne ?
Je viens de recevoir l'édition d'Arléa, achetée suite à la recommandation de Franck Boizard.
RépondreSupprimerA priori c'est très lisible. A confirmer après la lecture d'environ 800 pages .. De plus belle édition (format maniable, typographie lisible, ...).