En 2005, Jean Raspail retrouve les carnets de son expédition Marquette de 1949, alors qu'il avait vingt-cinq ans.
L'idée était simple : deux canots, deux jeunes Français par canot, de Trois-Rivières au Golfe du Mexique, refont le parcours sur 2 837 miles des brigades qui créèrent la France américaine avant l'infamant abandon de 1763.
C'est du Jean Raspail : vivant, droit, sans compromis, et il n'envoie pas dire ce qu'il a à dire.
Il fait revivre cette France américaine qu'on s'est empressé d'oublier (Cavelier de la Salle et Marquette n'ont pas une rue dans Paris) comme un mauvais remords.
C'est aussi un hommage à une certaine Amérique aujourd'hui disparue.
Lisez ce livre, je vous le recommande chaudement.
Tous les pays comptent dans leur histoire des décisions désastreuses, mais la constance avec laquelle la monarchie puis l'empire se sont retrouvés pour abandonner le Canada («quelques arpents de neige») puis la Louisiane fait douter de l'intelligence des Français.
Comprenons bien : aujourd'hui, l'Amérique pourrait être de langue et de culture françaises. C'était le cours de l'histoire. Seules de mauvaises décisions françaises l'ont détourné.
Jean Dutourd s'est amusé avec d'autres à fantasmer sur ce qui se serait passé si Napoléon avait consacré seulement la moitié de ce qu'ont couté ses guerres à coloniser la Liousiane.
On estime à quatre mille au grand maximum les Français, auxquels il faut ajouter leurs alliés indiens, qui s'installèrent dans cette France nouvelle qui représentait un tiers de l'Amérique du nord actuelle.
Il y a deux types de colons : les pionniers et les ratés de la métropole. Par la force des choses, les colons français d'Amérique étaient de la première race, ils étaient seuls, en pointe. (Les colons d'Algérie, ayant été précédés par l'armée et par l'administration, étaient plutôt de la deuxième race).
Que n'auraient pu faire quarante ou cinquante mille de ces Français qui avaient un demi-siècle d'avance sur les Anglais ?
Facilité de l'anachronisme ? Sagesse rétrospective de ma part ? Sans doute. Et pourtant, à l'époque, certains ont compris l'erreur de ces décisions. On peut regretter qu'une si belle occasion fût perdue.
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Vous avez tout dit, Franck : le nombre fut insuffisant. Lors de la Guerre de Sept Ans (quand il était trop tard), il y avait un million et demi de colons britanniques en Amérique du Nord, contre 60 000 Français, situés majoritairement dans l'actuel Québec. Il eût fallu planter du colon dès le XVIIe siècle, mais les candidats furent peu nombreux. Paradoxalement, les troubles qu'a vécus l'Angleterre à cette époque lui ont permis d'expédier des puritains et des catholiques en masse, tandis que la France du siècle de Louis XIV, relativement stable, ne faisait pas fuir ses populations. Et préférait guerroyer sur le Vieux Continent...
RépondreSupprimerPas grave. Il reste encore Saint Pierre et Miquelon.
RépondreSupprimerD'un autre côté, une France peuplée de Français, ça suffit bien.
RépondreSupprimerImaginez les Etats-Unis avec 300 millions de Français, 25 % de fonctionnaires français, 299 millions de socialistes français...
Non, finalement, c'est mieux comme ça.